Présentation de l'éditeur: "Je pensais bien que tôt ou tard je me ferais à nouveau invoquer par un crétin à chapeau pointu, mais le même imbécile que la dernière fois, ça, j'étais loin de m'en douter !" Londres, ville des magiciens et des sorciers, au XXIe siècle. Le jeune Nathaniel connaît une ascension fulgurante au sein du gouvernement des magiciens. Sa mission la plus urgente consiste à mettre un terme aux activités de la mystérieuse Résistance, menée par Kitty et ses amis qui ne cessent de lui échapper. Alors que la pression monte, Londres se voit soudain menacée par une série d'attentats terrifiants. Est-ce la Résistance ou un danger encore plus grand ? Chargé de cette enquête périlleuse, Nathaniel est contraint de s'envoler pour Prague et d'invoquer une nouvelle fois l'énigmatique et malicieux djinn Bartiméus.
L'année dernière je vous parlais de ma rencontre avec le Djinn Bartiméus que j'avais trouvé attachant et très drôle. J'ai poursuivi ma rencontre avec l'individu en lisant le deuxième tome de la série, L'oeil du golem. L'intrigue reprend deux ans après les faits relatés dans le premier tome. Nathaniel, ado de quatorze ans, est maintenant sous secrétaire au ministère des affaires internes, responsable de la traque de la Résistance plébéienne contre les magiciens. Bartiméus est, de son côté, retourné dans l'Autre monde pour prendre un peu de repos et se refaire l'Essence. Quant à Kitty, elle est plus que jamais au coeur des évènements de la rebellion.
Cette fois-ci le lecteur alterne entre trois points de vues: celui de Nathaniel, celui de Bartiméus et celui de Kitty. L'alternance des points de vues est une excellente idée, cela permet à la fois de mieux connaître les personnages mais aussi de déplacer l'intrigue dans différents cercles. C'est un procédé difficile, mais s'il est réussi (comme dans Game of Throne par exemple), l'effet rendu est particulièrement bon. Jonathan Stroud s'en sort très bien!
Bartiméus reste incontestablement le meilleur personnage de la série avec ses notes de bas de page et son égo surdimentionné. Il se veut cynique alors qu'en fait c'est un tendre. C'est un personnage passionnant parce qu'il est un peu des deux côtés de la barrière. Il connait bien le monde des magiciens, les méprise mais en même temps il en comprend certains. Il se rend compte de ce qui ne va pas dans le monde qui l'entoure et pourtant on sent qu'il apprécie Nathaniel.
J'ai aussi beaucoup aimé les parties concernant Nathaniel, qui se fait désormais appeler John Mandrake. C'est à mon avis la partie la plus difficile à rendre. Bartiméus est très vite sympathique alors que ce n'est pas le cas de Nathaniel. Il faut arriver à faire comprendre au lecteur dans quel univers assez pourri vit le jeune magicien sans occulter la personnalité parfois peu ragoûtante du jeune garçon. Il n'a que quatorze ans et se retrouve à la tête d'un vrai ministère, alors que ses collègues sont envieux, sa patronne carrément hostile. D'un autre côté, il est vaniteux et orgueilleux. C'est intéressant de se rendre compte que le garçon balance entre quelqu'un de bien, qui accorde une très grande place à l'honnêteté et l'intégrité, et quelqu'un de beaucoup plus proche des mauvais sorciers qu'il ne veut bien l'admettre. Avec son récit on sent que Bartiméus peut avoir de l'influence et faire en sorte que Nathaniel ne bascule pas du côté obscur de la force, ce qui ne va pas être aisé. J'attends donc beaucoup de son personnage pour la suite.
Quant à Kitty, si on sent qu'elle a du potentiel, je me suis pas mal ennuyée avec son récit. Ce n'est pas elle-même que je remets en cause, je comprends bien pourquoi elle agit et pourquoi elle en veut aux magiciens - elle a d'ailleurs beaucoup de lucidité et de discernement - mais je trouve qu'il y avait moins d'actions et d'intérêt à ses développements si ce n'est que cela participe de l'intrigue générale.
Cette intrigue se déploie d'ailleurs au-delà de nos espérances puisque les évènements du tome 1 sont amplifiés de façon colossale dans ce tome. La suite des aventures va être un plaisir à découvrir je pense car nous sommes loin du compte je dirais. J'ai personnellement ma petite idée sur qui complote en sous-mains, je vous dirais si j'avais raison ou tord.
On retrouve dans L'oeil du golem ce que j'avais aimé dans le précédent volume c'est-à-dire un monde extrêmement dense et parfaitement maîtrisé, complexe, jamais ridicule où l'on retrouve à la fois de l'histoire et de la politique. Cet univers fait penser à celui de Chrestomanci de Diana Wynne Jones où la magie fait partie intégrante de la société sans besoin de passer par des sortilèges ou des tours abracadabrantesques. L'écriture quant à elle est admirable: complexe, riche, jamais facile, Jonathan Stroud écrit des romans pour enfants comme s'il parlait à des adultes. J'ai lu la traduction française et je dois admettre que le traducteur a fait un travail de folie pour retranscrire l'écriture riche de Jonathan Stroud. Les descriptions sont toujours bien illustrées, imagées comme il faut, c'est un réel plaisir.
Vous l'aurez compris à la longueur de cet article je n'ai pas été déçue une seule seconde par L'oeil du golem que j'ai d'ailleurs préféré au premier et je vous encourage vivement - si ce n'est pas déjà fait - à découvrir cette série!