Présentation de l'éditeur: La jeune Catherine Charing est dans une situation embarrassante : pour hériter de la fortune de son grand-oncle fourbe et acariâtre, elle doit épouser l’un de ses cousins. Entre Hugh le pasteur moralisateur, Dolphinton, le comte débile et Jack le joueur et coureur de jupon invétéré, Kit se sent moyennement emballée. En désespoir de cause, elle retrouve l'indolent Freddy, un autre de ses cousins et lui propose un marché audacieux: de fausses fiançailles. Ainsi en voyage à Londres sous une couverture respectable, Kitty pourra peut-être trouver une bonne situation qui la mette à l'abri d'un mariage forcé.
Grâce à mon ancêtre, j'avais découvert et dévoré avec un plaisir que je ne peux pas nier, Un mariage de convenance et j'en étais ressortie enchantée. Ayant découvert que sur mon marché, le bouquiniste vend de la romance - pensez à mon ébahissement: il vend des Aventures et Passions vintage, ô joie - je me suis laissée tentée par Cotillon, récemment retraduit chez Milady romance.
J'aime les histoires de fausses fiançailles. D'abord parce que j'aime le concept et ensuite parce que cela peut induire des quiproquo maîtrisés par l'auteur et donc drôles au contraire des quiproquo gonflants, ceux où il suffirait juste aux héros de se parler pour dissiper tout malaise...Les fausses fiançailles ça peut donner du très bon: The Duke and I et dans le cas présent...du moins bon.
Disons le tout de suite, Cotillon ne restera pas longtemps dans mon esprit. Loin d'être un affreux roman, pas de Pet-peeves rédhibitoires en vue, il souffre néanmoins d'un mal assez terrible pour un roman: l'ennui. Je pense en toute sincérité que Cotillon est trop long. Il y a trop de développements inutiles, de pseudo-rebondissements et d'intrigues parallèles pour que le lecteur puisse véritablement suivre l'histoire de Kit et Freddy. Le roman aurait eu tout intérêt à bénéficier d'une intrigue resserrée, plus concentrée sur elle-même et le couple principal que sur tous les autres protagonistes.
Conséquence directe de ce foisonnement d'intrigues secondaires et de personnages en tout genre, c'est que nos deux héros se noient complètement dans la masse. Pire encore, le couple est tout simplement inexistant.
Il ne faut pas être Einstein pour se douter que les fausses fiançailles se termineront en vraies fiançailles mais ici, je suis désolée de le souligner, le roman aurait pu finir comme il avait commencé qu'on n'aurait pas vu la différence.
Je pensais que Freddy était un personnage qui tirait sa filiation d'un Edward Ferrars - avec Henry Tilney, l'un de mes héros austeniens préférés - mais en réalité, Freddy reste un dandy inconsistant. Lors de son apparition dans les premières pages du roman, il ne fait pas l'effet d'un héros de romance. Dandy, maniéré, tatillon sur son apparence et celle des autres et pas vraiment vif d'esprit, je me suis dit qu'il pourrait se révéler attachant et évoluer un peu au contact d'une héroïne plus vive et surtout moins au fait de la vie londonienne que lui. Si effectivement, Freddy est un gentil personnage (cela dit les autres personnages masculins du roman sont tous plus ou moins détestables), il n'évolue pas vraiment. Il devient un peu plus vif d'esprit et par moment on sent un petit quelque chose remonter à la surface mais cela ne va jamais beaucoup plus loin et c'est frustrant. Frederick Standen avait un fort potentiel de héros qui n'est jamais véritablement exploité au contraire de Lord Rule qui dans Un mariage de convenance se révélait peu à peu. Il est peut être l'un des personnages de romance préféré de Sarah Wendell (l'une des deux Smart Bitches, Trashy Books) mais il ne me convainc pas autant qu'elle.
En parallèle nous avons une héroïne qui, si elle prend peu à peu la défense de son cousin Freddy face à des gens comme Jack, on ne sent chez elle aucun intérêt amoureux. Elle est là surtout pour s'amuser et s'occuper des affaires des autres que ce soit Dolphinton son malheureux cousin ou Miss Broughty son amie et Camille son cousin français.
Au passage, les Français se tiennent véritablement une sale réputation du début jusqu'à la fin et ça m'énerve toujours parce que moi, Perséphone, je suis britanophile, écossophile et irlandophile. Ca me gonfle du coup d'entendre toujours parler des femmes françaises comme des femmes légères et des hommes français comme d'incorrigibles bavards. Je leur présenterai bien Edmond Dantès pour voir.
Il résulte de tout ça que nous suivons plus les débordements de Kit et les histoires amoureuses des autres que de Kit et Freddy et ça c'est plutôt mauvais. Il n'y a aucune possibilité de couinage, aucun moment où l'on se sent attendrie. Jamais Freddy n'essaye de séduire sa cousine même de façon maladroite qui amuserait le lecteur, jamais on ne sent chez Kit le véritable désir de changer ses fausses fiançailles en vraies. La résolution de l'intrigue - qui finalement n'est absolument pas un problème, le principe de base étant bien maigre et moins bien posé que dans The Duke and I - arrive dans les deux dernières pages comme un cheveu sur la soupe. Un résolution bien plate pour un roman dans la même veine.
Cela dit parfois le couple de base n'est pas le meilleur du monde et le récit peut être enlevé par des personnages secondaires de bonnes factures...encore raté. Miss Broughty aurait pu être agréable si l'auteure, et à travers elle les autres personnages, ne cessait de répéter qu'elle est idiote et/ou encline à devenir une cocotte. C'est très irritant parce que le personnage est attendrissant, prisonnière d'une mère sans scrupule qui la vendrait au plus offrant, mais l'effet est anéanti par ce rabâchage. Camille...personnage lui aussi intéressant mais qui souffre également du rabâchage que c'est un français et donc qu'il n'est pas net/théâtral/bavard (pas de mention inutile malheureusement). Je crois que finalement je suis plus attendrie par l'histoire Camille/Olivia que par Kit et Freddy... Dolph est sans intérêt aucun, les parents de Freddy auraient pu être intéressants à condition de les voir plus d'une demie-page et Meg leur fille est horripilante et idiote.
Seul Jack finalement est parfaitement réussi. Je dois dire que Georgette Heyer fait preuve d'une très grande finesse dans le portrait qu'elle fait de cet homme débauché et minable moralement, capable d'être odieux envers sa propre famille mais sans jamais se départir de son sourire. J'ai eu envie de le crépifier évidemment mais il est exactement ce qu'il est censé être. Je lui tire mon chapeau, c'est rare d'avoir des empêcheur de tourner en rond crédible sans être ridicule.
Il y a aussi dans Cotillon un problème dû aux circonstances d'écritures de l'époque. J'aime le style de Georgette Heyer, il passe toujours bien à l'heure actuel et sait se montrer efficace dans son propos sans être redondant ni désuet. Seulement, si elle essaye parfois de faire du Jane Austen (à mon avis cela se sent plus dans Un mariage de convenance), elle écrit avec 100 ans de recul (au minimum). Du coup, et cela est très fort dans Cotillon, elle se croit obligée de rappeler de façon quasi continue les convenances, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. C'est horriblement gênant à la lecture parce que cela ne fait que marteler les mêmes remarques encore et encore. Ce que j'aime chez Jane Austen c'est que justement, toutes ces règles de conduite sont implicites, gravées dans le comportement des gens qui baignent dans cette société. Il suffit de lire quelques pages de Pride and Prejudice pour comprendre que Mrs Bennett et Lydia ne sont pas des modèles à suivre et l'auteure exploite en finesse leurs écarts de conduite. Cotillon en ce sens manque cruellement de finesse.
Une lecture décevante pour le coup parce que je suis certaine que Georgette Heyer a écrit de meilleure histoire et que j'attendais d'elle qu'elle me divertisse avec légèreté.
Je me laisserai bien tenter quand même par Adorable Sophy dans la même collection chez Milady Romance parce qu'après tout, avec les auteures prolifiques, il est évident qu'il y a du bon et du moins bon.
Et vous, avez-vous lu du Georgette Heyer? Que me conseillez-vous?
Grâce à mon ancêtre, j'avais découvert et dévoré avec un plaisir que je ne peux pas nier, Un mariage de convenance et j'en étais ressortie enchantée. Ayant découvert que sur mon marché, le bouquiniste vend de la romance - pensez à mon ébahissement: il vend des Aventures et Passions vintage, ô joie - je me suis laissée tentée par Cotillon, récemment retraduit chez Milady romance.
J'aime les histoires de fausses fiançailles. D'abord parce que j'aime le concept et ensuite parce que cela peut induire des quiproquo maîtrisés par l'auteur et donc drôles au contraire des quiproquo gonflants, ceux où il suffirait juste aux héros de se parler pour dissiper tout malaise...Les fausses fiançailles ça peut donner du très bon: The Duke and I et dans le cas présent...du moins bon.
Disons le tout de suite, Cotillon ne restera pas longtemps dans mon esprit. Loin d'être un affreux roman, pas de Pet-peeves rédhibitoires en vue, il souffre néanmoins d'un mal assez terrible pour un roman: l'ennui. Je pense en toute sincérité que Cotillon est trop long. Il y a trop de développements inutiles, de pseudo-rebondissements et d'intrigues parallèles pour que le lecteur puisse véritablement suivre l'histoire de Kit et Freddy. Le roman aurait eu tout intérêt à bénéficier d'une intrigue resserrée, plus concentrée sur elle-même et le couple principal que sur tous les autres protagonistes.
Conséquence directe de ce foisonnement d'intrigues secondaires et de personnages en tout genre, c'est que nos deux héros se noient complètement dans la masse. Pire encore, le couple est tout simplement inexistant.
Il ne faut pas être Einstein pour se douter que les fausses fiançailles se termineront en vraies fiançailles mais ici, je suis désolée de le souligner, le roman aurait pu finir comme il avait commencé qu'on n'aurait pas vu la différence.
Je pensais que Freddy était un personnage qui tirait sa filiation d'un Edward Ferrars - avec Henry Tilney, l'un de mes héros austeniens préférés - mais en réalité, Freddy reste un dandy inconsistant. Lors de son apparition dans les premières pages du roman, il ne fait pas l'effet d'un héros de romance. Dandy, maniéré, tatillon sur son apparence et celle des autres et pas vraiment vif d'esprit, je me suis dit qu'il pourrait se révéler attachant et évoluer un peu au contact d'une héroïne plus vive et surtout moins au fait de la vie londonienne que lui. Si effectivement, Freddy est un gentil personnage (cela dit les autres personnages masculins du roman sont tous plus ou moins détestables), il n'évolue pas vraiment. Il devient un peu plus vif d'esprit et par moment on sent un petit quelque chose remonter à la surface mais cela ne va jamais beaucoup plus loin et c'est frustrant. Frederick Standen avait un fort potentiel de héros qui n'est jamais véritablement exploité au contraire de Lord Rule qui dans Un mariage de convenance se révélait peu à peu. Il est peut être l'un des personnages de romance préféré de Sarah Wendell (l'une des deux Smart Bitches, Trashy Books) mais il ne me convainc pas autant qu'elle.
En parallèle nous avons une héroïne qui, si elle prend peu à peu la défense de son cousin Freddy face à des gens comme Jack, on ne sent chez elle aucun intérêt amoureux. Elle est là surtout pour s'amuser et s'occuper des affaires des autres que ce soit Dolphinton son malheureux cousin ou Miss Broughty son amie et Camille son cousin français.
Au passage, les Français se tiennent véritablement une sale réputation du début jusqu'à la fin et ça m'énerve toujours parce que moi, Perséphone, je suis britanophile, écossophile et irlandophile. Ca me gonfle du coup d'entendre toujours parler des femmes françaises comme des femmes légères et des hommes français comme d'incorrigibles bavards. Je leur présenterai bien Edmond Dantès pour voir.
Il résulte de tout ça que nous suivons plus les débordements de Kit et les histoires amoureuses des autres que de Kit et Freddy et ça c'est plutôt mauvais. Il n'y a aucune possibilité de couinage, aucun moment où l'on se sent attendrie. Jamais Freddy n'essaye de séduire sa cousine même de façon maladroite qui amuserait le lecteur, jamais on ne sent chez Kit le véritable désir de changer ses fausses fiançailles en vraies. La résolution de l'intrigue - qui finalement n'est absolument pas un problème, le principe de base étant bien maigre et moins bien posé que dans The Duke and I - arrive dans les deux dernières pages comme un cheveu sur la soupe. Un résolution bien plate pour un roman dans la même veine.
Cela dit parfois le couple de base n'est pas le meilleur du monde et le récit peut être enlevé par des personnages secondaires de bonnes factures...encore raté. Miss Broughty aurait pu être agréable si l'auteure, et à travers elle les autres personnages, ne cessait de répéter qu'elle est idiote et/ou encline à devenir une cocotte. C'est très irritant parce que le personnage est attendrissant, prisonnière d'une mère sans scrupule qui la vendrait au plus offrant, mais l'effet est anéanti par ce rabâchage. Camille...personnage lui aussi intéressant mais qui souffre également du rabâchage que c'est un français et donc qu'il n'est pas net/théâtral/bavard (pas de mention inutile malheureusement). Je crois que finalement je suis plus attendrie par l'histoire Camille/Olivia que par Kit et Freddy... Dolph est sans intérêt aucun, les parents de Freddy auraient pu être intéressants à condition de les voir plus d'une demie-page et Meg leur fille est horripilante et idiote.
Seul Jack finalement est parfaitement réussi. Je dois dire que Georgette Heyer fait preuve d'une très grande finesse dans le portrait qu'elle fait de cet homme débauché et minable moralement, capable d'être odieux envers sa propre famille mais sans jamais se départir de son sourire. J'ai eu envie de le crépifier évidemment mais il est exactement ce qu'il est censé être. Je lui tire mon chapeau, c'est rare d'avoir des empêcheur de tourner en rond crédible sans être ridicule.
Il y a aussi dans Cotillon un problème dû aux circonstances d'écritures de l'époque. J'aime le style de Georgette Heyer, il passe toujours bien à l'heure actuel et sait se montrer efficace dans son propos sans être redondant ni désuet. Seulement, si elle essaye parfois de faire du Jane Austen (à mon avis cela se sent plus dans Un mariage de convenance), elle écrit avec 100 ans de recul (au minimum). Du coup, et cela est très fort dans Cotillon, elle se croit obligée de rappeler de façon quasi continue les convenances, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. C'est horriblement gênant à la lecture parce que cela ne fait que marteler les mêmes remarques encore et encore. Ce que j'aime chez Jane Austen c'est que justement, toutes ces règles de conduite sont implicites, gravées dans le comportement des gens qui baignent dans cette société. Il suffit de lire quelques pages de Pride and Prejudice pour comprendre que Mrs Bennett et Lydia ne sont pas des modèles à suivre et l'auteure exploite en finesse leurs écarts de conduite. Cotillon en ce sens manque cruellement de finesse.
Une lecture décevante pour le coup parce que je suis certaine que Georgette Heyer a écrit de meilleure histoire et que j'attendais d'elle qu'elle me divertisse avec légèreté.
Je me laisserai bien tenter quand même par Adorable Sophy dans la même collection chez Milady Romance parce qu'après tout, avec les auteures prolifiques, il est évident qu'il y a du bon et du moins bon.
Et vous, avez-vous lu du Georgette Heyer? Que me conseillez-vous?