mercredi 28 février 2018

My once and future Duke - The wagers of sins #1 - Caroline Linden

C

Ce qui arrive au très connu Vega Club...

Sophie Campbell est déterminée à être la maîtresse de son propre destin. Survivant grâce à son talent pour les cartes, elle ne risque jamais ce qu'elle n'a pas les moyens de perdre. Pourtant, lorsque le duc de Ware lui propose un scandaleux pari bien trop extravagant pour être refusé, elle ne parvient pas à résister. Si elle gagne, elle empochera cinq mille livres, assez pour assurer pour toujours son indépendance.

Reste au Vega Club...
Jack Lindeville, duc de Ware, se dit que s'il est présent au Vega club c'est simplement pour sauver son imprudent frère de la ruine mais il sait que c'est un mensonge. Il ne peut détourner le regard de Sophie et pour l'avoir il rompt sa sacro-sainte règle contre les jeux d'argent. S'il gagne, il la veut...pour une semaine.

Jusqu'à présent.Une semaine avec Jack peut ruiner ce qu'il reste de la réputation de Sophie. Cela pourra même lui coûter son coeur. Quand il s'agit d'amour, tous les paris sont permis.


J'adore les romances qui se passent dans les cercles de jeux. Sans se mentir, je dirai que tout ça c'est la faute de Derek (si vous n'avez pas lu Dreaming of you de Lisa Kleypas, lâchez tout et courrez vous le procurer, c'est un bijou) et je garde une tendresse particulière pour ces ambiances un peu dangereuses et illicites. On me promettait aussi une héroïne douée pour le jeu, donc intelligente et non traditionnelle. C'est l'un de mes catnip et je sentais que j'allais beaucoup aimer Sophie.
Je n'avais jamais lu de Caroline Linden mais le résumé était très alléchant: un pari un peu scandaleux, une héroïne atypique et un duc qui brise les conventions par amour, il ne m'en fallait pas plus.

Comme prévu j'ai adoré Sophie! Le personnage est bien écrit et cohérent de bout en bout du récit. Orpheline, elle est recueillie par son grand-père paternel, un comte, avec qui on père avait rompu les liens. En effet, ce dernier a épousé une chanteuse d'opéra française ce qui a causé une dispute familiale. Après la mort de ses parents, Sophie rejoint donc ce grand-père qui ne veut rien avoir à faire avec elle et la place dans un pensionnat. La jeune femme comprend assez vite qu'elle ne peut compter que sur elle pour survivre et qu'elle devra quitter la pension sitôt ses dix-huit ans. Sophie se montre rapidement lucide et intelligente et on s'attache au personnage dès le prologue. J'ai trouvé ce dernier très bien écrit d'ailleurs avec une mise en contexte du personnage féminin principal rapide et efficace. Il en va de même pour ses deux amies d'ailleurs, que je soupçonne fortement d'être les héroïnes des tomes suivants puisqu'il s'agit d'une série.

Tout au long du roman, Sophie garde la même ligne de conduite, elle réfléchi à son avenir, patiemment, elle a une attitude mesurée et jamais irrationnelle. C'est un élément du récit qui m'a vraiment plu, le fait qu'elle sache exactement ce qu'elle veut. De plus, Sophie est très bonne en mathématiques. Elle calcule les probabilités lorsqu'elle joue et j'adore les héroïnes douées en mathématiques ainsi que celle qui s'en sortent par leur propre intelligence. Encore une fois le prologue est excellent pour expliquer la passion de Sophie pour les mathématiques et pourquoi, une fois adulte, elle choisi de gagner sa vie au Vega club, jour après jour.
Sincèrement, Sophie est une héroïne parfaite, dont j'ai pris plaisir à lire l'histoire.

En revanche, c'est loin mais très loin, d'être le cas pour Jack. J'ai autant aimé l'héroïne que détesté le héros. Il y a tellement de problèmes avec Lindeville, que je ne sais pas par où commencer.

Si le prologue est excellent, les chapitres suivants sont quant à eux catastrophiques. On nous dresse un portrait de Jack assez flatteur, c'est un homme droit, honnête, qui n'est pas gouverné par ses pulsions. Il a horreur du jeu, il fait très attention à sa réputation et tente coûte que coûte de protéger son frère malgré son insupportable mère. On se dit donc dans les premières pages qu'il va être intéressant de voir son interaction avec Sophie. Sauf que...tout s'enchaîne en deux chapitres et là c'est la débandade. Je vous résume: Jack Lindeville, la rigueur incarnée, voit Sophie, la veut, joue au jeu, perd une sacré somme, lance un pari ultra osé - tellement osé que le propriétaire du club est à deux doigts d'intervenir - gagne et enlève Sophie, littéralement. Temps réel: deux heures à tout casser. En un coup d'œil, le personnage perd complètement pied. J'ai détesté cette mise en scène, non seulement parce que cela va à l'encontre de la personnalité du héros telle qu'on nous le montre au départ mais aussi parce que c'est ultra malsain. On parle d'un duc qui fait sortir une femme contre son gré pour l'emmener chez lui sans prendre un instant en compte la réputation de la jeune femme. Un homme tel que Lindeville ne peut manquer de savoir ce que cela peut faire à Sophie mais c'est plus fort que lui.

Le personnage est complètement en dent de scie, lorsqu'ils sont seuls il se comporte bien et est même agréable mais dans le Vega club, une espèce d'instinct mâle alpha reprend le dessus et là c'est festival. On n'a pas vraiment l'impression qu'il prenne conscience de ce que tout ça va entraîner pour Sophie une fois la semaine écoulée, pas plus qu'il ne s'interroge vraiment sur toutes les irrégularités dans l'histoire de Sophie. C'est un comportement assez égoïste quand on y réfléchi bien. Lindeville a fait ce qu'il a voulu et c'est justifié finalement par le happy end...ce qui est en soi une mauvaise justification.

Il ne fallait pas grand chose pour l'intrigue soit posée de façon beaucoup plus cohérente. A mon avis, reculer le pari de quelques chapitres aurait permis de mieux expliquer l'attirance du héros pour Sophie autre qu'une bouffée de désir irrationnelle et soudaine. Honnêtement, les faire se rencontrer plusieurs fois, tenter le héros au jeu, cela aurait donné un peu d'ampleur à la rencontre ainsi qu'une plus grande tension entre les héros. La relation de départ entre Sophie et Jack aurait été bien plus saine et plus crédible. J'ai un peu de mal à comprendre comment Caroline Linden a pu écrire un prologue aussi bon et ne pas voir les énormes problèmes dans ses deux chapitres suivants surtout lorsqu'il était facile d'y remédier.

Il y a également quelque chose d'autre qui m'a profondément agacée, c'est la rivalité entre les deux frères qui se cristallise autour de Sophie. C'est assez désagréable à lire et je n'aime pas du tout les intrigues où le personnage féminin sert de prix à une rivalité masculine. Cela ne servait à rien, cela ne renforce pas l'amour entre les héros cela fait juste passer Lindeville et son frère pour pathétiques.

Ces défauts de structure sont vraiment dommages parce que tout le roman n'est pas à jeter. Il y a plusieurs passages très mignons ou bien écrits malgré une fin que j'ai trouvé très artificielle et convenue.

My once and future Duke n'est pas pour moi, une bonne romance. Le comportement du héros est très problématique et les premiers chapitres vraiment catastrophiques. J'ai cependant beaucoup aimé Sophie et le cliffhanger final qui ouvre sur le tome deux est assez alléchants.

Je donnerai définitivement une autre chance à Caroline Linden parce que je suis sûre qu'elle est tout à fait capable d'écrire une romance à la hauteur d'un personnage comme Sophie et j'attends sagement la suite de la série The wagers of sins.

lundi 19 février 2018

Strange the dreamer - Laini Taylor

A

Résumé (traduction): Le rêve choisi le rêveur et non l'inverse et le jeune Lazlo Strange, orphelin de guerre, a l'impression que ses rêves n'ont pas choisi bien haut. Depuis ses cinq ans, il est obsédé par Weep la mystérieuse citée disparue mais il faudrait quelqu'un de plus courageux que lui pour traverser la moitié du monde à sa recherche. Lorsqu'une sensationnelle opportunité se présente en la personne d'un héros appelé le Godslayer et d'un groupe de guerriers légendaires, Lazslo va devoir saisir sa chance ou risquer de voir son rêve disparaître à jamais. 

Qu'est-il arrivé à Weep il y a deux cent ans pour qu'elle soit complètement coupée du reste du monde? Qu'a massacré le Godslayer qui portait le nom de Dieu? Et qu'est ce mystérieux problème qui a besoin d'être résolu? 

Les réponses attendent à Weep...

Je suis ravie de vous retrouver pour parler d'un roman qui m'a fait tomber sous son charme par son originalité et son univers dépaysant. 
Sans grande surprise j'ai tout d'abord était attirée par la magnifique couverture! Sans mentir, elle est vraiment très belle et donne tout de suite le ton du roman avec ce fond azuré et ce papillon doré posé par dessus. On est tout à fait dans une ambiance onirique propre à l'univers du nouveau roman de Laini Taylor où le bleu tient une importance capitale. 

Dès le prologue, j'ai été happée par l'atmosphère du roman, par l'ambiance qui se dégage des pages et j'aimerai m'attarder un instant sur ce prologue qui est une très grande réussite. Souvent on comprend très tôt ce qu'un prologue veut montrer mais ici ce n'est pas le cas, il est absolument mystérieux et même nébuleux. Il faut attendre la seconde partie du livre pour commencer à deviner le lien que peut avoir le prologue avec l'histoire de Lazlo. Le grand intérêt aussi de ce prologue est que même si on fini par se douter de ce qu'il raconte, il n'en reste pas moins très angoissant...Il reste en arrière plan de votre esprit et augmente considérablement la tension. Vraiment, cette ouverture est une grande réussite et présageait une très bonne suite.

Je n'ai donc pas été surprise de la qualité du roman. Je ne veux pas tellement vous parler de l'histoire plus que ne le fait le résumé, elle mérite amplement votre temps mais sachez que j'ai adoré l'univers crée par Laini Taylor. Si le monde de Lazlo est assez classique quoique intéressant, Weep et son histoire m'ont totalement dépaysée. Ce n'est jamais évident je trouve de donner de la profondeur à un nouvel univers, à tel point que ses coutumes, ses légendes et son histoire nous semblent tangibles et non pas artificielles ni là uniquement pour décorer. Tolkien et J.K Rowling sont passés maîtres dans cet exercice et j'ai retrouvé ça aussi avec les romans de Sarah J. Maas et de Christel Dabos dans lesquels je me glisse comme dans une couverture chaude avec une odeur reconnaissable entre toute. Laini Taylor réussit pour moi ce tour de force de nous offrir une mythologie, une histoire, une culture unique et magique. On a, nous aussi comme Lazlo, envie de mieux connaitre Weep et ses habitants. 
Je préfère prévenir cependant, le roman n'est pas exempt de violences, notamment de violences sexuelles. Ce n'est jamais gratuit ni graphique, ce n'est pas Game of  Throne, mais c'est néanmoins présent et ça m'a un peu tordu l'estomac à l'évocation de certains faits horribles. 

Lazlo est un très bon personnage. J'aime sa détermination, sa passion des contes lorsque tout le monde autour de lui trouve ça puéril et le fait que son rêve le porte jour après jour. C'est un personnage très ouvert et profondément bon auquel on ne peut manquer de s'attacher. Un autre détail aussi a su me captiver: Lazlo n'est pas beau. C'est presque une anomalie dans la Fantasy Young adult où tout le monde a un physique de mannequin Abercrombie mais cela reste un fait, Lazlo n'est pas beau. Il a le nez tordu, les traits à la serpe - mais pas à la serpe façon Spike de Buffy on est d'accord - il n'a rien d'une gravure de mode. Cependant, c'est un facteur qui m'a fait m'attacher encore plus au personnage et dont l'évolution est fascinante à suivre. Avec le temps et les voyages, son corps se modifie et son visage se marque, preuve de ce qu'il vit. 
Si vous me lisez un peu vous savez à quel point j'aime la diversité de représentation des héros et héroïnes et l'importance que j'attache aux personnages principaux qui n'ont pas un physique conventionnel. Je suis comme tout le monde et je ne rechigne pas devant un héros sublime (celles qui auraient l'idée de mentionner un certain High Lord sont priées de se taire...thanks) et ce serait d'autant plus hypocrite de ma part de le nier vu ma passion - c'est le cas de le dire - pour la romance. Cela dit, je suis ABSOLUMENT pour cette diversité et il y a une scène en particulier qui m'a interpellée. Un personnage (ne cherchez pas à savoir je ne vous dirais rien), découvre Lazlo et les autres étrangers qui arrivent à Weep et ce personnage remarque d'abord un jeune homme très très beau, absolument parfait. Sauf qu'un peu plus tard on apprend que si au premier abord, le beau jeune homme lui avait plus, il avait quelque chose de repoussant au contraire de Lazlo, pas très attirant au premier regard mais définitivement plus charismatique et lumineux. On sous-estime trop souvent le charisme dans un bon personnage et Lazlo n'en manque pas. 

J'aimerais bien vous parler des autres personnages mais comme iels interviennent tard dans l'intrigue, je préfère vous laisser la surprise! Les découvrir au fur et à mesure a été un grand plaisir que je m'en voudrais de ruiner. 

Cependant, pour continuer de vous faire comprendre pourquoi Strange the dreamer fut un vrai coup de cœur pour moi, je me dois de parler encore un peu de la construction des personnages. Il y a toujours dans un roman des protagonistes qu'on aime et d'autres qu'on déteste mais il est vraiment rare de comprendre les motivations des personnages dans toute leur complexité et leur variété. Laini Taylor est très douée car elle arrive à expliquer les motivations derrière les actions de chacun de ses personnages, de comprendre pourquoi iels agissent ainsi.
Un des personnages que l'on rencontre tardivement dans le récit est pour moi un monstre, cruel·le qui est particulièrement glaçant·e. Pourtant, une scène nous fait comprendre très précisément pourquoi ce personnage agit ainsi. Cela ne l'excuse en aucun cas, je n'ai pas changé d'avis après cette scène mais cela lui offre une profondeur et une complexité incroyable et tous les personnages du roman sont sur ce même modèle. Toutes les actions trouvent une explication sans forcément être une justification. A vous de vous laissez attendrir ou de compatir ou non avec eux. 

C'est assez frustrant de ne pas pouvoir vous parler de tout mais sachez-le, Strange the dreamer est un excellent livre de Fantasy, avec une vraie mythologie, un monde unique qui n'est pas sans violence, et de très bons personnages. J'ai absolument hâte de lire la suite et il ferait sans aucun doute parti de mes favoris sur mon étagère. Je vous recommande chaudement ce premier tome!