Emprisonné à l'asile de Charenton, dirigé par l'Abbé du Coulmier, le marquis de Sade parvient à faire passer nombre de ses écrits via une jeune lingère travaillant au couvent, Madeleine, fascinée par l'homme, tout en étant attirée par l'Abbé, qui lui refuse son amour.
Mais l'administration estime que les méthodes de l'abbé sont trop « libérales », et le docteur Royer-Collard est envoyé à l'asile pour tenter de « soigner » le marquis, en le privant petit à petit de ses moyens d'expression.
Casting
Geoffrey Rush : le Marquis de Sade
Kate Winslet : Madeleine 'Maddy' LeClerc
Joaquin Phoenix : L'Abbé du Coulmier
Michael Caine : Dr. Royer-Collard
Billie Whitelaw : Madame LeClerc
Patrick Malahide : Delbené
Amelia Warner : Simone
Jane Menelaus : Renee Pelagie
Stephen Moyer : Prouix, l'architecte
Tony Pritchard : Valcour
Michael Jenn : Cleante
Danny Babington : Pitou
George Yiasoumi : Dauphin
Stephen Marcus : Bouchon
Elizabeth Berrington : Charlotte
Comment définir Quills? Est-ce un film érotique sur Sade? Un brûlot? Un film de moeurs? Je pense que Quills ne peut rentrer dans aucune case.
Tout d'abord, ce n'est pas un film érotique. Phillip Kauffman a su déjouer les pièges qu'un personnage comme Sade impose parfois. Si l'érotisme a été évité c'est pour mieux se concentrer sur le personnage de Sade et ses idées. Je ne prétendrais pas que l'érotisme est totalement évacué du film mais à mon sens, il est employé à très bon essient. L'amour le vice et la folie, un trio gagnant n'est-ce pas?
Qu'est-ce que le sadisme? Pourquoi alors que peut à peu il perd tout Sade continue à écrire des pamphlets érotiques comme Justine et les malheurs de la vertu, Les crimes de l'amour et les autres.
Je dirais que Quills est avant tout ce que Sade pouvait être, un dénonciateur de l'attrait humain pour la cruauté, l'hypocrisie et la pudibondrie. Car évidemment, on peut penser que Sade aimait être ce qu'il était et ce qu'il écrivait, il ne faut pas défendre certains de ces actes mais d'un autre côté, ne faut-il pas se poser la question: tant que les ouvrages de Sade sont lus, n'a-t-il pas raison d'écrire? Là est la véritable hypocrisie.
Quills nous donne à penser que ce ne sont pas toujours ceux qui se disent vertueux qui le sont.
Le docteur en est le meilleur exemple. Ses manières sont des plus cruelles et brutales envers les "fous", et son amour démeusuré pour une très jeune fille qu'il a sortit du couvent donne à voir au spectateur toute l'étendue de sa perversion. Est-il meilleur que Sade? Il est parier qu'ils sont égaux, peut-être même Sade est le plus vertueux des deux.
Mais Quills est aussi une réflexion sur notre propre perception de nous même. Sommes nous mauvais si nous aimons les récits sordides de Sade? La lecture n'était-elle pas aussi un exutoire à nos frustrations, nos envies, nos désirs, à tout ce que nous n'osons pas faire dans la réalité?
Le personnage de Maddie est assez intéressant de ce point de vue là. Amoureuse de l'abbée qui ne lui donne évidemment rien en retour, éprouve une fascination pour Sade qu'elle explique fort bien, il lui permet d'être quelqu'un d'autre. Toutefois elle se montre parfaitement lucide:
"Some things belong on paper, others in life. It's a blessed fool who can't tell the difference." (Certaines choses appartiennent au papier, d'autres à la vie réelle. C'est un fou béni, celui qui ne peut voir la différence)
La lecture comme exutoire, Madelaine aime un homme qui par le choix qu'il a fait lui est accessible. Lorsque l'abbée lui demande pourquoi elle est tant fascinée par la lecture des oeuvres de Sade, elle lui répond: " If I wasn't such a bad woman on the page, I couldn't be such a good woman in life."
Quills est pour moi, un film sur l'hypocrisie qui règne sur cette terre, cette fausse pudibonderie que les gens affectent, alors qu'au fond ils ne valent pas mieux que ce qu'ils vilipendent.
L'ambiance de ce film est dérangeante, la folie plane et rien de peut en sortir de bon. Il n'y a pas ou peu de violence si ce n'est en mots mais l'asile de Charenton est malsain et le malaise s'inflitre jusque dans les os du spectateur.
La réalité historique n'est pas toujours respectée, certaines critiques vont dans ce sens. C'est vrai qu'un peu plus d'exactitude n'aurait pas été si mal mais peut-être metait-elle moins en valeur le propos que voulait véhiculer Phillip Kaufmann.
La prestation des acteurs est impeccable. Kate Winsley est admirable de malice et de délicatesse, de désir et de frustration. Joaquin Pheonix nous fait partager sa naïveté, son altruisme et sa grande fragilité. Geoffrey Rush est incroyable comme toujours et Michael Caine lui donne parfaitement la réplique, un combat de deux perversités.
Un film à voir absolument.
Vous pourrez trouver des citations du film ici et la bande annonce ici