jeudi 30 avril 2009

Le Huit - Katherine Neville

COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

New York, 1972. Alors qu'elle s'apprête à gagner le Maghreb, Catherine Velis apprend d'un mystérieux antiquaire qu'elle court un grand danger : dans la désolation du Sahara, l'attendrait depuis toujours un fabuleux jeu d'échecs d'origine mauresque. Un jeu qui, en 782, envoûta Charlemagne avant d'exiter onze siècles durant la convoitise de Richelieu, Robespierre, Catherine de Russie et Napoléon. Tous voulurent mettre au service de leurs funestes desseins car, selon la légende, il ferait de son détenteur l'égal de Dieu...
En Afrique du Nord, la jeune femme, plongée dans un quête où se joue l'avenir même de l'humanité, découvrira qu'elle n'est pas la seule à vouloir percer le secret du jeu maudit. (résumé d'après l'édition Pocket).

Si a première vue, ce livre ressemble à la cohorte de romans historico-mystique, comme le Da Vinci Code, il n'en est rien.
Tout d'abord, celui-ci est bien écrit et parfaitement maîtrisé, et ne prétend pas être autre chose qu'un excellent roman. L'imagination de Katherine Neville est débordante mais non débridée.
Le huit nous fait suivre deux histoires en parallèle, deux vies enchaînées au Grand Jeu d'Echecs : Mireille, novice du couvent de Montglane dans le pays Basque pendant la révolution française et Cat Velis, New Yorkaise spécialiste du nuclaire pendant la Guerre Froide. L'une et l'autre, sont entraînées dans un jeu qui les dépasse, une quête pour un savoir si grand que certaines personnes n'hésitent pas à tuer pour récupérer les pièces de l'échiquier de Montglane.
Katherine Neville travaille son histoire avec une précision de maestro. Elle réécrit l'Histoire en la respectant mais en laissant son imagination dévier un peu. Sa maîtrise de l'histoire et de l'Histoire est époustouflante. Katherine Velis vous prend par la main et ne vous lâche qu'à la toute dernière page.
Le huit est un livre pour tous ceux qui aiment l'histoire, l'aventure, les codes secrets, et surtout les échecs...
Le huit est partie d'échec. Chaque avancée dans l'histoire est un coup joué sur un échiquier géant.
Les personnages sont tour à tour mystérieux, attachants, effrayants ou drôles. Les jeux d'écritures de Katherine Neville (tantôt à la première personne, tantôt à la troisième) nous permettent de nous attacher au personnage principal en nous offrant des moments de pause dans le récit, en sortant de la tête de Catherine Velis.
Je ne peux m'empêcher de signaler que Alexander Solarin, Ladislav Nim sont des personnages que j'adore (et ils sont Russes...oui j'ai un penchant pour la Sainte Russie).

Pour terminer, je pourrais vous dire simplement que c'est un des livres que j'emmènerai si je devais aller vivre sur une ville déserte...

vendredi 3 avril 2009

Arthur et Georges - Julian Barnes

Ce quelque chose qu'Arthur a vu en George va être d'une importance capitale dans l'histoire de Goerge, une histoire bien réelle qui s'est passée en Angleterre à la fin du XIXe siècle. Arthur et George n'auraient jamais dû se recontrer: origines très différentes, milieux très éloignés, études et caractères à des années-lumière les uns des autres. Et pourtant...

Victime d'une terrible erreur judiciaire, emprisonné plusieurs années, relâché sans explication et sans avoir été innocenté, George, fragile, effacé, maladroit - la victime idéale - va faire appel à Arthur, alors un des hommes les plus célèbres de l'Angleterre : c'est en effet le créateur de Sherlock Holmes. A partir de là... (édition Mercvre de France)

Ce roman-réalité est assez surprenant. D'abord par sa façon d'être organisé. Le lecteur suit la vie d'Arthur Conan Doyle et de George de façon séparée, en alternant les personnages. Leur vie ne joignent pas avant le milieu du roman.
Si par ce procédé, l'histoire promise se trouve de ce fait réduite, cela permet néanmoins de connaître ces deux parcours différents, ces deux personnalités opposées.

Pour être parfaitement honnête je n'ai pas été emballée par ce roman Arthur et George. S'il a le mérite de nous faire découvrir l'intimité de Sir Arthur Conan Doyle (de nous apprendre que ce dernier regretta toujours d'avoir écrit Sherlock Holmes), il souffre de nombreux passages à vide et contrairement à ce que prétend les résumés que l'on peut trouve, ce n'est pas un thriller haletant.
Arthur et George est un bon roman, une histoire vraie qui fait (re)découvrir une affaire Dreyfus à l'anglaise.
Je le conseil aux fans d'Arthur Conan doyle qui seront heureux de le retrouver ici dans son intimité et loin de Sherlock.

jeudi 2 avril 2009

Le Treizième Conte - Diane Setterfield

COUP DE COEUR DE PERSEPHONE


Hommage à un livre sur les livres, les histoires et la vérité

Vida Winter, auteur de Best-seller vivant à l'écart du monde, s'est inventée plusieurs vies à travers des histoires toutes plus étranges les unes que les autres et toutes sorties de son imagination. Aujourd'hui âgée et malade, elle souhaite enfin lever le voile sur l'extraordinaire existence qui fut la sienne. Sa lettre à sa biographe Margaret Lea est une injonction : elle l'invite à un voyage dans son passé, à la découverte de ses secrets. Margaret succombe à la séduction de Vida mais, en tant que biographe, elle doit traiter des faits, non de l'imaginaire ; et elle ne croit pas au récit de Vida.
Les deux femmes confrontent les fantômes qui participent de leur histoire et qui vont les aider à cerner leur propre vérité. (résumé de l'édition française aux éditions de Noyelle)

Comment exprimer les sensations qui m'ont envahi à la lecture de ce roman? Ceux et celles d'entre vous qui ont lu Rebecca de Daphnée du Maurier pourront peut-être comprendre lorsque je dis que Le Treizième conte est un roman d'ambiance.
C'est comme un filet d'eau glacé qui vous coule lentement entre les omoplates et vous fait frissonner de la tête au pied, jusqu'à ce qu'enfin, quelqu'un règle le mélangeur et que l'eau glacée se transforme en eau chaude.
Vida Winter est une femme qui cachent de lourds, de très lourds secrets. C'est une sorte de Manderley à elle seule. Elle a la dignité d'une grande reine et un calme trompeur. L'histoire de sa vie est marquée dans sa main mutilée.
Margaret elle, garde ses fantômes pour sa fenêtre et prétend être sans histoire.

Les histoires...voila bien le thème véritable du Treizième conte. Selon Vida Winter, rien n'est plus révélateur qu'une histoire. D'une histoire de fantômes, de maison hantée, de famille étrange et de jumelles, la vérité peut apparaître.
Pourtant, cette vérité n'est jamais là où on peut l'attendre, toujours mystérieuse, toujours cachée il faut de la patience, de le tenacité et surtout un bon talent d'observateur pour la débusquer.
C'est aussi une histoire d'amour, d'amour filiale et d'amour de soi. Une acceptation de ses secrets et par la même de ce qui nous compose.
C'est la voie où nous entraîne Vida et Margaret; leur peur, leur espoir, leur mystère.

Il ne faudrait pas oublier que les histoires sont faites pour être racontées et pour être lues. Le Treizième conte, est aussi un roman sur le roman. Ceux de Vida, ceux de Margaret et ceux de la grande littérature anglaise. Jane Eyre revient comme un lietmotiv pour marquer l'histoire de Vida. Sherlock Holmes lui aussi parcoure le livre comme un fil conducteur, c'est le détective dont on a besoin pour démêler cette intrigue complexe.

Diane Setterfield a une écriture étonnament puissante mais douce à la foi. Margaret n'est que fragilité lorsque Vida est forte. Il y a un jeu d'équilibre entre ces deux personnages, une balance qui donne au récit une consistance et un goût de "vrai".
Les autres personnages sont bien campés et réel, dans leur névrose comme dans leur passion.

Un roman digne de figurer dans la longue liste des classiques de la littérature anglosaxonne dans la veine de Daphnée du Maurier.

Citations:
"Tous les enfants construisent un mythe autour de leur naissance. C'est là un trait universel. vous voulez comprendre quelqu'un? Son coeur, son esprit, son âme? Demandez-lui de vous parler de sa naissance. Ce que vous obtiendrez ne sera pas la vérité, mais une histoire. Et rien n'est plus révélateur qu'une histoire."

"J'étais une jumelle, ma jumelle était morte. Alors qu'étais-je maintenant?"

"Il existe des cultures dans lesquelles on croit qu'un nom renferme tout le pouvoir occulte d'une personne. Qu'un nom ne devrait être connu que de Dieu, de celui qui le porte et d'un petit nombre de privilégiés".

"On finit si bien par s'habituer à ses propres horreurs qu'on oublie la manière dont les autres les percoivent"

"Quand on est rien on invente. Pour combler le vide."

"Il ne peut y avoir de secrets dans une maison où il y a des enfants"