mercredi 27 mars 2013

Que ma joie demeure - Alexandre Astier


Pour le mangeur de muffins qui me manque un peu plus chaque jour. 

COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Résumé: Noir sur scène, en voix off le spectateur entend le Cantor Johannes Sebastian Bach lire sa lettre au Prince électeur lui expliquant que d'un il n'a pas envie d'assurer la leçon de musique de la journée porte ouverte de l'université Saint Thomas, de deux, qu'il doit aussi assurer la vérification d'un orgue et qu'enfin, il rappèle que les journées portes ouvertes sont le temple de la chourre. Réponse du Prince électeur: Merci beaucoup Cantor Bach mais les journées portes ouvertes sont une tradition donc que vous le vouliez ou non vous la ferez, sinon ce sera trois jours de cachot et si des objets de valeurs disparaissent de l'université Saint Thomas, leur prix sera retenu sur le salaire du cantor. Johannes Sebastian arrive alors sur scène, froisse la lettre du prince et pousse un grand "Chiotte" qui ouvre la pièce. 

Johannes Sebastian Bach: Alexandre Astier

Une pièce de: Alexandre Astier
Mise en scène: Jean-Christophe Hembert
Musique: Jean Sebastien Bach




Je ne pourrais jamais cesser de dire à quel point j'aime Alexandre Astier. Fan absolue de Kaamelott que je connais par coeur, je suis admirative devant ce personnage hors-norme. Je n'avais pas pu voir la pièce à Paris avant mon départ pour Cambridge car elle était complète mais heureusement on a eu l'excellente idée de m'offrir le DVD de la pièce pour mon anniversaire! (ce n'est pas Cheshire qui y aurait pensé d'ailleurs...) Je me suis donc installée, mon quart de siècle en poche, devant ma télé et roule ma poule, j'ai assisté à une master class du cantor Bach.

On n'oublie souvent qu'Alexandre Astier, avant d'être comédien, auteur et metteur en scène, a fait le conservatoire et qu'il est aussi et surtout un musicien accompli et un passionné de musique et de Bach en particulier. A l'origine de Que ma joie demeure, on retrouve un sketch de onze minutes au festival de Montreux où le spectateur assiste déjà à un cours de contrepoint du Cantor. Le sketch reprend des thèmes chers à Astier que l'on retrouve dans Que ma joie demeure. Il arrive à créer par un langage décalé et l'utilisation d'un téléphone en 1730, des effets comiques tout en ménageant des accents extrêmement tragiques, la mort de 10 des 20 enfants de Bach.  


On avait donc déjà pu apprécier le talent musical, comique et tragique d'Astier dans ce sketch, Que ma joie demeure le met en scène pendant 2h à notre plus grande joie. 

Que ma joie demeure est un enchaînement de master class avec des morceaux choisis de la vie de Bach ou des petits moments sur sa personnalité au delà de la musique. Le décor est coupé en deux, un côté salle de classe très bien éclairée qui donne un côté chaleureux au cours et la seconde partie de la scène, plongée dans le noir et faiblement éclairée quand Astier s'y déplace. Cette alternance de lumière est vraiment un choix de mise en scène très pertinent car cela permet de faire comprendre au spectateur que l'on passe de la salle de classe à d'autres moments de la vie de Bach, d'autres lieux ou à des interludes. J'ai vraiment aimé cette mise en scène car elle évite beaucoup d'explications lourdes et laisse le spectateur faire son chemin tout seul. Alexandre Astier et Jean-Christophe Hembert ne nous prennent jamais pour des imbéciles à qui on doit fournir des explications. 

Si la partie se déroulant dans la salle de classe est très drôle, elle permet aussi d'en apprendre énormément sur la musique. Le clavecin au centre de la scène n'est pas juste là pour décorer: Astier s'en sert très souvent. De façon toujours très drôle, il nous offre un vrai cours de musique et on sent que sous couvert de rire, le monsieur est en réalité très bon. Il nous explique ce qu'est la musique baroque, le contrepoint, le rythme, les notes, le tout de façon très légère et détendue. Je suis particulièrement admirative devant l'épisode des miettes de pain. Alexandre Astier arrive à nous montrer comment, grâce à quelques miettes de pain, un compositeur de la trempe de Bach arrive à écrire de sublimes mélodies. 

A côté de ces moments en salle de classe, on assiste à une vérification d'un orgue, un épisode à mourir de rire, à de petits passages où Bach nous parle de sa maladie ou de son enfance, à une répétition mais le passage que je retiendrais est surtout celui qui se passe dans l'église. La scène (fractionnée en plusieurs interludes) se passe environs deux ans avant la master class et met en scène un Bach moralement brisé par la mort de son nouveau-né. On aborde là un des thèmes majeurs de la pièce et qui montre comment Alexandre Astier peut mêler avec brio le comique et le tragique. Le thème des enfants, qu'on retrouve dans la saison 5 de Kaamelott, y est ici particulièrement développé. On sent que c'est un thème qui touche particulièrement Astier, lui-même papa de quatre enfants (si je ne me trompe pas). Ici, tout est particulièrement bien montré, le décalage entre la peine que ressent Bach et les statistiques de son époque, son attachement à ses enfants et à sa famille en général. Ces scènes alternes entre rires francs et grande tristesse. Cela nous rapproche du génie qu'est Bach, nous montre les côtés humains d'un homme qui semble hors de portée, un peu comme le comédien lui-même d'ailleurs. C'est une mise en abime que j'ai apprécié. Le choix du sujet n'est pas anodin je pense. 

Les morceaux de musique, au clavecin et à la viole de gambe sont vraiment sublimes et la pièce est truffée d'extraits d'oeuvres de Bach, connues ou moins d'ailleurs. La pièce se termine sur une note assez fantastique, Bach avec ses enfants, la famille et la musique en un seul univers. 

Pour les amoureux de Kaamelott, on reconnait l'écriture d'Astier dans le ton très naturel utilisé. Comme dans le sketch de Montreux, il utilise un langage contemporain, souvent populaire, en décalé par rapport à l'époque. L'écriture est toujours aussi excellente et le spectateur est embarqué dès le début dans le tourbillon de la musique et des mots. 

Vous l'aurez compris, Que ma joie demeure est un petit bijoux de théâtre qu'il ne faut pas louper que vous aimiez ou non Kaamelott, elle est à voir.

16 commentaires:

Anonyme a dit…

Vu et apprécié! J'ai adoré les décalages de niveaux de langue et le côté triste / drôle mélangé. Après, j'ai trouvé que ça manquait de qqch, peut-être de densité ou d'un fil directeur plus fort? On sent un peu trop le côté sketch je trouve.

Julitte a dit…

C'est une découverte pour moi : c'est génial !
Rien que le sketch de 10 min, ça donne envie de voir la pièce.
Merci pour ce billet :)

trillian a dit…

j'adore Alexandre Astier aussi, et j'ai pas pu voir cette pièce qui était archi complète! je me rabattrais bien sur le dvd...

Clelie a dit…

Hello Perséphone !
Je suis passée une dizaine de fois devant le dvd, en hésitant à l'acheter. Tu viens de me convaincre complètement ! Ce spectacle m'a l'air d'être un véritable bijou ! Merci pour cet article !

Chi-Chi a dit…

Ca a l'air super sympa, au regard de la petite vidéo en tout cas!
(et je revois Kaamelot depuis un mois, je suis loin de connaitre par coeur encore mais bon...)

Perséphone a dit…

@Frans: ah bon? Je trouve au contraire qu'il s'en sort bien à ménager à la fois la trame principale et les trames secondaires.

@Julitte: Le sketch donne un bon indice de ce qu'est la pièce je trouve

@Trillian: moi aussi je n'ai pas pu la voir au théâtre du rond point...mais tu as vu qu'il y a de nouvelles dates?

@Clelie: Ravie de t'avoir convaincue!

@Chi-Chi: Si Tam-Tam et toi avaient pu me convaincre du bien fondé de la romcom, Tam-Tam et moi devrions bien pouvoir te convaincre du bien que représente Kaamelot ;) T'inquiète, ce n'est pas un sale coup ^^

cocolasticot a dit…

pour ceux qui cherchent la musique des miettes de pain, je l'ai enfin trouver !!!
"J.S. Bach - Partita No. 1 in B flat major BWV 825"

http://www.youtube.com/watch?v=sGMbBZky-gA
vers 10min40 :)

trillian a dit…

ah non javais pas vu tiens!

Perséphone a dit…

@Trillian: en septembre à Paris il me semble!

@Merci pour la musique

Chi-Chi a dit…

Ah mais j'ai toujours aimé Kaamelot, juste pas au point de connaitre par coeur! ^^
Un peu de chou?

Anonyme a dit…

Bonsoir
Je cherche la référence de la petite séquence, à la fin, je crois, de la musique avec laquelle il endort son bébé...
Vous pouvez m'aider ?
Merci !

Perséphone a dit…

Bonjour cher(e) anonyme ^^. Il s'agit de la Courante de la Partita No. 6 en mi mineur, BWV 830 (info certifiée par le mangeur de muffin en personne). Voici une interprétation: https://www.youtube.com/watch?v=v4OITBAHMaI
J'espère que cela vous aidera!

Anonyme a dit…

Bonjour!
Quel plaisir de découvrir votre blog !
Vous avez parfaitement restitué ce que j'avais ressenti en voyant ce spectacle.
Si j'avais apprécié les talents de comédiens et d'écriture d'Astier dans Kaamelot, là, j'ai été subjuguée par les mêmes qualités auxquelles s'est ajoutée mon admiration pour le musicien!
Comme je ne sais comment faire pour me connecter à quoi que ce soit et que cela me dépasse , je suis en anonyme ;
et j'avais une question à vous poser : je n'arrive pas à trouver dans les Cantates ( mais peut être n('en est-ce pas une ) , le Choral que l'on entend lors de la scène à l'église évoquant la mort de ses enfants. j'avais noté Uner Domen Schielder, mais je ne trouve rien avec ce titre!
Vous pourriez m'aider ?
Je vous remercie d'avance!

Perséphone a dit…

Bonjour, il s'agit de la cantate BWV 79 Gott der herr ist sonn und schild
http://youtu.be/JdTa7VRKlZM

Poucasse a dit…

Biou l'avait DL mais ça ne me disait rien... Puis j'ai lu ta chronique ça m'a motivé !
A ne pas regarder trop fatigué car du coup, l'alternance rires / larmes casse un peu la chose (même si c'est très bien fait).
Le spectacle est génial (Eh mamie, oh !), comme K le discours est très abordable et les musiques sont à DL car superbes.
Et Alexandre.... Un dieu vivant ! Ce mec sait tout faire c'est phénoménal
(Un bisou au mangeur de muffins avec sa viole de gambe)

Perséphone a dit…

Ravie que cela t'ait plu. C'est un spectacle que j'adore!

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