vendredi 11 octobre 2013

Pef et Le Prince de Motordu



Je vous en parlais l'année dernière en décembre lors du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, j'avais rencontré PEF une idole de ma jeunesse. Il avait gentiment dédicacé le pop-up de La belle lisse poire du prince de Motordu pour ma maman (une traitresse des écoles) et le petit livre pour moi.

Oui, PEF est mon idole parce que La Belle lisse poire du Prince de Motordu est sans aucun doute le livre que j'ai le plus lu depuis le CP. Je devais l'emprunter toutes les deux semaines à la bibliothèque à tel point que les bibliothécaires le mettaient de côté pour moi. Je me demande si d'autres enfants ont pu y avoir accès durant cette période. J'étais complètement toquée de cette histoire à tel point que mes parents m'ont offert Le dictionnaire de motordu que j'ai fini par connaitre plus ou moins par coeur également. 

Alors voila, je suis carrément retombée en enfance lorsque j'ai eu la chance de le rencontrer l'année dernière. Un père Noël avant l'heure avec ses cheveux neiges hirsutes et sa grosse barbe blanche. PEF est auteur-illustrateur d'album pour enfant mais il a aussi fait des dessins humoristiques pour la presse. Un auteur à l'écoute des enfants, qui s'intéresse à ce qu'ils sont et qui se bat contre l'illettrisme. 

C'est pourquoi aujourd'hui j'ai envie de consacrer cette mini-thématique à ce personnage attachant qu'est le prince de Motordu, ami des enfants qui apprennent à lire.

Mais qui est-il ce prince de Motordu? 

Le prince est quelqu'un qui se trompe. Il se trompe sur les mots. Il n'est pas vraiment doué, ce n'est vraiment pas son truc. Comme les enfants, il les écorche, les déforme, leur donne un tout autre sens. PEF les illustre au pied de la lettre ce qui donne des planches comiques mais aussi poétiques à voir et à interpréter. 

Pour vous donner une idée, voici le début de La belle lisse poire.





"A n'en pas douter, le Prince de Motordu menait la belle vie. Il habitait un chapeau magnifique au-dessus duquel, le dimanche, flottaient des crapauds bleu blanc rouge qu'on pouvait voir de loin."






Toutes ses histoires sont sur le même modèle. Des mots déformés, illustrés tel quel pour un résultat hilarant et très bon pour les enfants. Aux parents qui craindraient de leur donner de mauvaises habitudes en mélangeant les mots: détrompez-vous. Le Prince au contraire, par les dessins premiers degrés de PEF, pointe les absurdités et incohérences des mots détournés. Je pense aussi que ce sont des livres à lire avec son enfant pour le faire réfléchir et lui demander de corriger les erreurs du prince. Cela leur apprend du vocabulaire et des jeux de langage parfaits pour mieux appréhender notre difficile mais belle langue française.
La popularité du Prince de Motordu n'est plus à démontrer. Si le premier album est sorti chez Gallimard en 1980 (confidences: je n'étais même pas née!), Pef a continué à publier les histoires de son prince rigolo jusqu'en 2007! 19 albums publiés sans compter les éditions spéciales, pop-up, livre avec CD audio et tout ce qui tourne autour du prince.

J'irais bien refaire un tour du côté de chez Motordu [tout rapport avec une chanson des années 70 est....absolument voulue j'en ai peur].

Pour prolonger notre thématique, je vous propose un petit tour du côté des 19 albums de Motordu!

La belle lisse poire du Prince de Motordu


Il s'agit de la première histoire mais aussi la plus connue. Celle où l'on rencontre Motordu et la Princesse Dézécolle.

Résumé: Le jeune prince de Motordu habite un magnifique chapeau. Avec ses coussins, il y joue aux tartes dans la grande salle à danger. Un jour, une jeune institutrice, la princesse Dézécolle, l'invite dans sa classe pour remettre le langage à l'endroit...



Le Dictionnaire de Motordu

Pour tout savoir sur le mot qu'emploie Motordu des petites billes aux grands Harengs, ce dictionnaire est un condensé de drôlerie sur l'univers du prince. Un abécédaire farfelu et attachant!

Résumé: Dans le pays de Motordu un prince vivait de tous les mots. Heureusement, il s'était fait de nombreux amis parmi les petits glaçons et les petites billes qui, à leur tour, s'étaient mis à tordre les mots. Le dictionnaire est vraiment celui des amis du prince de Motordu. On y parle de tout. Du maillot de porc à la traîtresse d'école, en passant par le patin à poulettes…

Les belles lisses poires de France

L'Histoire revisitée par Motordu. Prenez garde où vous risquez de vous retrouver avec le cerveau à l'envers!

Résumé: Un prince se penche sur son passé. Pour la princesse Dézécolle, Motordu accepte de feuilleter le livre des belles lisses poires de France. On frémit au récit des combats opposant Jules Lézard au vert singe Étorix. Notre pays s'appelait alors la Gaule. Ses habitants avaient appris à cultiver, à tisser, à fabriquer des armes… Les Gros-doigts étaient donc à la fois costauds et habiles…


Le livre de nattes

Apprendre à compter avec Motordu? C'est à vos risques et péril mes amis!

Résumé: «Pour pratiquer le calcul, il est indispensable de bien connaître les gifles. Les gifles sont aussi appelées numéros. Les numéros pairs sont les 2-4-6-8 puis le 10, formé d'un 1 et d'un zéro en forme d'O, c'est-à-dire en forme d'eau. Les numéros pairs prennent donc l'eau !» À ne pas confondre avec les numéros imperméables !



L'ivre de français


Quand le Prince de Motordu décide d'aider sa femme à faire apprendre aux élèves leur grammaire et leurs conjugaisons, cela donne des résultats pour le moins étonnant!

Résumé: «Abbé, cédez œufs et feu j'ai agi car elle aime l'énorme pré cuit hier et resté duvet doux, bleu, vert, glisse dix grecs zèbres.» Ou les méthodes particulières d'un célèbre professeur de français… Ce soir-là, la princesse Dézécolle rentra fatiguée de sa fournée de travail. Le prince de Motordu, son époux, décida de l'aider et prit en charge l'apprentissage du français. Ainsi naquit, entre autres, un nouveau type de conjugaison : «Je sonne, tu sonnes, il sonne, nous sonnons, vous êtes sourds ? Ils ne sont pas là.» Les vingt-six élèves ne tardèrent pas à devenir les vingt-six maîtres de l'alphabet !

Leçons de géoravie

Motordu emmène ses élèves en voyage! Petit tour de France pour cette leçon particulière

Résumé: La Chance est un pays aux reliefs avariés. Et le prince de Motordu a décidé de donner un cours de géoravie aux élèves de la princesse Dézécolle. À bord de l'autoplus scolaire, ils font un saut dans les monts d'âne, au bord de la mère et dans les grands pagnes. Les élèves ont, bien sûr, une foule de questions à poser à leur professeur.


Motordu est le frère Noël

Quand Motordu essaye d'aider le Frère Noël...

Résumé: Marie-Parlotte et Nid-de-Koala, les enfants Motordu, ont déposé leurs pantoufles au pied du lapin. Ce soir-là, à leur grande surprise, le père Noël ne passe pas par la cheminée mais frappe à la porte du chapeau.«Mon traîneau est en panne. Quel malheur ! C’est la première fois que ma tournée est compromise !» avoue le Père Noël à la princesse Dézécolle qui vient de lui ouvrir la porte. Toujours prêt à rendre ses vis aux gens, le prince de Motordu propose au vieil homme de l’aider, devenant ainsi frère Noël le temps d’une nuit. Quand il rentrera, dans sa robe de cendres rouges, ses enfants découvriront la vérité sur le Père Noël…

Motordu et son père Hoquet

La famille Motordu au zoo!

Résumé: Le prince de Motordu qui adore les amis mots reçoit en gâteau d'anniversaire un père hoquet. L'oiseau fait tellement de bêtes hips qu'on doit le mettre en cage. Un soir, le père hoquet s’échappe. La princesse Dézécolle, le prince et leurs enfants, le petit Nid-de-Koala et Marie-Parlotte, partent à sa recherche et arrivent au zoo. Ils découvrent l'hydroprogramme, l'ailé flanc d'Afrique, les linges étendus sur les fils et le bigre qui se plaint de tourner en rond… Mais une surprise attend le prince à la sortie !


Le petit Motordu





SCOOP! Motordu n'a pas toujours parlé tordu! Le petit motordu parlait détendu!

Résumé: Au début de sa longue vie, le tout jeune prince de Motordu appelle un chapeau un chapeau, au grand désespoir de ses parents, car dans la famille Motordu on doit parler en mots tordus. Ainsi, on ne dit pas «papa» à son père, mais «tata», et un château est toujours nommé chapeau... C'est le début d'un apprentissage éprouvant !



Motordu as à la télé

Motordu va recevoir un prix. L'occasion pour la famille de découvrir les plateaux de télé.

Résumé: Le prince de Motordu a gagné le grand cri de l’Académique grande chaise et pour cela il va passer à la télévision ! À peine arrivé dans les studieux avec toute sa famille, le prince de Motordu fait le pitre à l’antenne. Les camélias vont tour à tour le surprendre, commentant la météo grâce à une photo prise par un chat d'élite ou faire le tube d'un produit qui élimine les taches de gars. Ses deux enfants, Marie-Parlotte et le petit Nid-de-Koala, sont très fiers du succès de leur père : Motordu fait exploser l'eau des tomates !

Motordu et les petits hommes vers

Les extra-terrestres revus et corrigés par Motordu

Résumé: «On veut boire papa goutte que goutte !» Marie-Parlotte et son frère, le petit Nid-de-Koala, réclament leur père absent : le prince de Motordu va être le premier Terrien à explorer le système scolaire ! Après un entraînement intensif, il embarque enfin dans son engin spatial. Au cours d'un inoubliable voyage, il frôle des gommettes, la Dune et Jules Peter. Il atterrit sur Mars et découvre que la planète est pleine de trous…


Motordu au pas, au trot, au gras dos


Quand Marie-Parlotte se met à l'équitation c'est toute la famille qui s'y met!

Résumé: La sœur du petit Nid-de-Koala, Marie-Parlotte, est amoureuse des chevaux. Ses parents, le Prince de Motordu et la Princesse Dézécolle, après avoir hésité, acceptent de lui en offrir un. Ce sera une jument, naturellement, puisqu'elle a une queue de cheval. On l'appelle Belle-Chic. Il faut la dresser, lui apprendre à aller au pas, au trot, au gras dos. Et, comme elle aime courir, le Prince décide de l'engager sur un hippodrame. Vont-ils gagner la bourse ?

Motordu a pâle au ventre

Pour les enfants malades ou qui vont être opérés: Motordu y est passé aussi!

Résumé: Le prince de Motordu a pâle au ventre. Le docteur diagnostique : lapin dix huîtres ! Car le prince a mangé trop de civet et de coquillages. Pas de doute, il faut l'opérer. «Plein pot… Plein pot !» L'ambulance donne de l'avertisseur pour emmener le prince de Motordu à l'hôpital. Tout se passe bien et la princesse Dézécolle, accompagnée de ses deux enfants, retrouve son mari dans la chambre douce. «La vie est pelle, déclare le prince, mais je dois encore me recauser.»

Motordu et le fantôme du chapeau


Pour les enfants qui n'ont pas peur ou qui veulent se faire peur?

Résumé: Une nuit, la Princesse Dézécolle entend des poux dans le mur. Ne cherchez pas la petite bête : il s'agit d'un fantôme de famille dont le Prince de Motordu retrouvera l'origine dans son arbre génialogique. Les deux enfants du couple princier vont même devenir les amis du fantôme. Hélas ! au premier chant du coq, l'apparition devra rejoindre le grenier du chapeau…


Motordu sur la Botte d'Azur



Les Motordu en vacances!

Résumé: Les colles terminées, la famille Motordu décide de partir en balance. Mer ou montagne ? Les enfants ne sont pas d'accord. Leur père décide alors qu'ils partiront à la devanture ! Après un voyage mouvementée, finalement les Motordu vont goûter aux charmes de la Botte d'Azur. Vite, de la crème polaire pour éviter les fous de soleil !



Motordu champignon olympique

Motordu champion? Qui l'eut cru?

Résumé: Saut en moteur, seau en largeur, lancer de manteau, du poêle, mare à thons, le choix est grand pour le prince de Motordu décidé à entrer dans la légende des champignons olympiques. Évidemment ses deux enfants, Marie-Parlotte et Nid-de-Koala, viennent le soutenir et notent ses résultats aux différentes épreuves. Ils pensent que leur père va devenir un grand champignon. Mais la lutte est rude et le prince va souffrir ! Repartira-t-il avec une médaille ?

Motordu papa


Motordu est drôlement inquiet. Comment va se passer l'arrivée du bébé?

Résumé: La princesse Dézécolle attend la venue au monde de son dédé. Le prince de Motordu s'inquiète déjà : «Sera-t-il poulanger, spécialiste en chirurscie esthétique ou bien mécanichien ?».





L'ami vert cerf du Prince de Motordu


Motordu a un an de plus, ça se fête

Résumé: Aujourd'hui, le prince de Motordu a un an de plus. Ses enfants l'entraînent par une petite année dans la forêt de chaînes dont les planches abritent quantité d'oiseaux. Au cœur de la forêt l'attend une belle surprise : son ami vert cerf en personne est là pour fêter l'événement, avec toute la famille Motordu et leurs amis…


Au loup tordu


Résumé: Le jeune prince de Motordu garde son troupeau de boutons. Survient un loup venu de l'étranger. Ce loup désire manger quelque chose de bon dont il ne sait plus le nom : - Mais je sais que cette chose, dit le loup, fait des bêêê, des bêêê...- Des bêtises, l'aide le prince, des bégonias, des bérets... ?





Pour finir, je voudrais juste vous parler du pop-up de la Belle lisse poire que j'ai offert à ma maman. Le livre est juste magnifique. Un superbe pop-up pour toute la famille!

(source)
 Voila, il y en a pour tous les goûts et les couleurs: envie de rire? L'ami vert cerf ou le dictionnaire conviendront parfaitement. Pour soigner les angoisses des plus jeunes lecteurs: motordu a pâle au ventre ou les livres ciblés écoles (nattes, ivre de fançais, géoravie etc) pour les réconcilier avec la matière et dédramatiser l'affaire!

mercredi 9 octobre 2013

Astérix chez les bretons - 1986



Résumé: Jules César lance une expédition pour conquérir la Bretagne. Il profite de la pause de cinq heures où les bretons boivent la "chaude eau"pour soumettre le pays. Un village d'irréductible breton résiste encore et toujours à l'envahisseur, mais plus pour longtemps. Son chef, Zebigboss, envoie Jolitorax en Gaule voir son cousin Astérix dont il connait les exploits. Obélix en manque de romains puisque ces derniers sont tous en Bretagne, saute sur l'occasion d'aider Jolitorax. 

VOXOGRAPHIE

Roger Carel .................................................. Astérix / Idéfix
Pierre Tornade .............................................. Obélix
Graham Bushnell .......................................... Jolitorax
Pierre Mondy ................................................ Cétinlapsus
Maurice Risch ............................................... Chateaupetrus
Roger Lumont .............................................. Stratocumulus
Henri Labussière ........................................... Panoramix
Nicolas Silberg .............................................. Motus
Serge Sauvion ............................................... Jules César
Michel Gatineau ............................................ Cétotaumatix / Chef des pirates

Pour les fans de le culture britannique, je n'aurais pas mieux pu vous présenter de dessin animé que celui-là.
Pour ceux qui n'auraient pas compris, Astérix chez les bretons ne se passe pas en Bretagne actuelle, dans cette région de France où l'on danse gaillardement dans des fest-noz et où l'océan est magnifique (oui j'aime la Bretagne) mais bien dans cette Grande-Bretagne où il pleut souvent, où le fog tombe sur vous comme la misère sur le pauvre monde et où bien évidemment le Tea-time de cinq heures est sacré. (Oui j'aime la Grande-Bretagne). 

Et César pose un pied en Angleterre
Vous comprenez mieux pourquoi je suis particulièrement enthousiaste devant ce dessin animé? 
Astérix chez les bretons est le huitième album produit de la collaboration entre René Goscinny au scénario et Albert Uderzo au dessin. Il fut publié en album en août 1966. 

L'adaptation est sortie en 1986 et j'avoue qu'il est dur d'en parler sans mentionner l'album original. Il s'agit d'une excellente adaptation car même si elle modifie quelques éléments de la bande dessinée (par exemple le personnage de Gaulix, un marseillais qui tient La Gauloise amphore à Londinium dans le dessin animé est en fait Relax dans la BD), l'humour et les caractéristiques britanniques sont bel et bien là. 

On retrouve par exemple les anachronismes chers à Uderzo et Goscinny avec une parodie des beatles notamment mais c'est surtout, toute la culture anglaise qui se trouve en condensé dans ce dessin animé à côté d'une sympathique parodie de la syntaxe anglaise. 

Commençons par les personnages. Comme d'habitude ils ont tous des noms rigolos. Si les espagnols termnent en -on, les romains en -us, les bretons eux ont des noms en ax. Nous avons donc Jolithorax le cousin d'Asterix (on remarquera la parenté entre -ix et -ax), O'Torinolaringologix (la caution irlandaise sans doute) et Ipipourax. Seul se distingue le chef Zebigboss (j'adore cet humour) mais après tout c'est le chef. 

Les références à notre monde moderne ne sont jamais bien loin même si parfois elles sont involontaires. Dans le dessin animé alors que le général romain s'adresse à César: "Tu vas la soumettre cette petite Bretagne" et César de répondre comme de bien entendu: "Non cette Grande Bretagne". Et plus loin, Obélix de préciser que la traversée n'est pas pratique et qu'il faudrait un tunnel sous la Manche. Il sera entendu puisque la construction débutera un an après la sortie du film. 

Les amoureux de la culture britannique ne finiront pas de s'extasier devant toutes les références disséminées un peu partout dans le dessin animé. Je ne voudrais pas toutes les pointer ce serait spoiler mais elles sont quasiment toutes dans l'article de Wikipédia sur la Bande-dessinée. Je vous laisse vous y reporter si vous connaissez déjà la série! 
Rien que pour le plaisir en voici quelques uns. 

Une de celles que j'aime le plus, c'est l'anecdote sur le gazon anglais, coupé au millimètre près et la phrase qui va avec: "Mon jardin est plus petit que Rome mais mon pilum est plus solide que votre sternum". Les références à la pluie et au mauvais temps sont nombreuses entre le fog et les parapluies et j'aime beaucoup toutes les références au thé enfin à l'eau chaude bue à cinq heures. Ayant vécu en Angleterre je peux certifier que l'amour des anglais pour le thé n'est pas qu'une légende. 

Ce qui m'a en fait le plus amusée dans le dessin animé, ce sont les déformations du langage de Jolithorax que Goscinny traduit de façon littérale: les shocking deviennent choquant!, les I say deviennent Je dis (cette phrase revient tout le temps) et une que j'adore: Let's shake hands devient littéralement Secouons-nous les mains. Je vous laisse imaginer ce qui arrive à Jolithorax lorsqu'il propose de se secouer les mains avec Obélix: 

Bad idea Jolithorax! 
Mais le plus drôle ce n'est pas tant la traduction littérale que l'utilisation de la synthaxe. Je suis complètement fan des n'est-il pas censés remplacer les question tags à l'anglaise. Quant à l'inversion de l'adjectif et du nom cela donne des choses vraiment amusantes: la romaine patrouille, la magique potion, la chaude eau ou la gauloise amphore, le tout , parlé avec un délicieux accent britannique. 

Que ce soit la BD ou le dessin animé je ne peux que les conseiller à tous les amoureux d'Astérix d'abord et de l'Angleterre ensuite. Il n'y a pas de moquerie dans le propos, c'est très tendre et renforcé par le fait que Jolithorax et Astérix sont cousins mais aussi parce qu'ils se battent contre le même ennemi, le seul à être véritablement idiot: Rome. 

lundi 7 octobre 2013

Le jeu d'échecs dans la littérature



L'histoire des échecs est riche et complexe. Je vais tenter de vous en faire un résumé correct mais succinct. Sinon je vous renvoie sur ce site et sur la page Wikipédia sur l'Histoire des échecs pour en savoir plus sur le jeu et son histoire et au livre de H.R.J Murray A history of chess qui semble être une bible en la matière. 



Le jeu d'échec est l'un des plus vieux jeu du monde. Il existe des variantes dans quasiment toutes les civilisations. On trouve des jeux d'échecs persans, indiens, arabes, mongols, européens, birmans, thaïs, malais, chinois, coréens, japonais etc. Si la naissance du jeu d'échecs fait encore débat avec une multitude de théories et de légendes à son sujet, on sait cependant comment les échecs sont parvenus jusqu'à l'Europe. 

Lorsque les Arabes envahissent la Perse, ils adoptent le jeu d'échecs que l'on retrouve très tôt chez les Perses. C'est à partir de là que le jeu connait un développement fulgurant. Dès le IXe et Xe siècle, apparaissent des champions et des traités sur le jeu. Les pièces prennent alors une forme qui se rapproche de notre jeu actuel avec des mouvements proches des mouvements de nos pièces. Les échecs arrivent sans doute en Europe en passant par l'Espagne arabe ou la Sicile à partir du XIe siècle. 
Une légende a longtemps attribué un jeu d'échecs à Charlemagne qui l'aurait reçu du calife Haroun al-Rachid, légende dont on reparlera. 
Le poème latin Versus de scachis qui date du Xe siècle contient les premières règles écrites en Europe. Le jeu est condamné une première fois au Concile de Paris en 1212 puis par Saint Louis dans sa Grande Ordonnance de 1254 (à cause du fait que les joueurs finissaient par s'écraser le plateau du jeu en pierre sur la tronche...ça fait évidemment désordre, pensez. Et puis c'est dur à nettoyer la cervelle vous n'imaginez même pas). L'interdiction est peu appliquée car le jeu d'échec est particulièrement populaire. Il connait son apogée entre le XIIe et le XVe siècle où le jeu devient une partie intégrante de l'éducation des chevaliers et qu'il se répand dans la bourgeoisie au XIVe siècle. En 1475 à Valence en Espagne les règles que nous connaissons actuellement sont presque fixées. Elles le seront complètement vers 1650. 

Si les premiers traités sont arabes, l'établissement des règles des échecs au XVIIe siècle, donne lieu à une littérature théorique très riche avec la création des premiers systèmes d'ouverture. L'analyze des Echecs publié en 1749 par François-André Danican Philidor est l'un des premiers traités en langue française.  

Les Russes puis les Soviétiques s'emparent du jeu dès le début du XXe siècle et s'en servent comme terrain de combat durant la guerre froide où s'affrontent les meilleurs joueurs soviétiques et américains. 

Pour ceux qui n'ont jamais joué aux échecs voici rapidement un récapitulatif des règles. 

Le jeu d'échecs oppose l'équipe des blancs contre celle des noirs sur un plateau de 64 cases alternant les cases noires et blanches. Les blancs commencent, le but étant de mettre le roi en échec et mat c'est-à-dire dans l'impossibilité de jouer. Chaque pièce se déplace de façon spécifique et on ne peut pas déplacer un de ses pions sur une case déjà occupée par un pion de son propre camp. On peut prendre des pièces de son adversaire et les sortir de l'échiquier. 
- Les pions se déplacent d'une case à la fois, sauf dans le double déplacement initial et prenne les autres pièces par la diagonale.
- Le fou et la tour sont des pièces de longue portée. Le fou se déplace sur ses diagonales et la tour de façon verticale ou horizontale (sur sa ligne et colonne). 
- La reine est la pièce la plus puissante des échecs. Elle combine les déplacements du fou et de la tour, de longue ou de courte portée. En pratique, elle peut jouer comme toutes les autres pièces à l'exception du cavalier. 
- Le cavalier saute jusqu'à sa case d'arrivée. Il se déplace de deux cases en ligne puis d'une case sur le côté. 
- Le roi peut se déplacer dans toutes les directions mais d'une seule case, sauf lorsqu'il roque avec la tour. 

Lorsque le roi est menacé on dit qu'il est en échec. Si la menace est imparable, qu'il ne peut plus jouer sans se faire prendre, on dit alors qu'il est en échec et mat. 
Si le jeu se retrouve dans une impasse, il s'agit d'une position de pat. La partie est nulle et sans vainqueur. 
Les règles sont en soi peu complexes mais demandent une capacité d'analyse, d'anticipation et de stratégie qui en font l'un des jeux les plus exigeants au monde. 

Il est temps à présent de s'intéresser aux échecs dans la littérature.

Templiers jouant aux échecs - 1283
NOTE: Afin d'être plus pertinente sur le sujet, je ne parlerai ici que de romans dont les échecs sont soit un élément narratif majeur, soit une composante essentielle de l'intrigue. Il ne s'agira pas de faire un catalogue de tous les romans où l'on mentionne les échecs ou où une partie est jouée car on ne peut pas considérer, de fait, que ces romans parlent des échecs. Harry Potter and the Philosopher's stone ne fera pas parti de la liste mais vous pouvez toujours crier votre amour pour la saga, ça ne me dérange pas. 

C'est en lisant Le tableau du maître flamand d'Arturo Pérez-Reverte (dont je vous reparlerai bientôt) que m'est venue l'idée de cette mini-thématique littéraire. Je ne suis pas une joueuse d'échec. J'ai bien essayé étant enfant de faire quelques parties avec mon père, sous le regard méprisant de Cheshire, chat à échec comme de bien entendu mais dans l'ensemble mes tentatives pour comprendre ce jeu sont restées plutôt vaines. A côté de ça, je me faisais régulièrement écraser aux dames par mon grand-père ce qui ne m'a pas poussée à persévérer dans la version 2.0 du jeu. Cependant, je connais les règles, les déplacements des pions et même l'importance des ouvertures et autres jeux "à la ..." (à compléter). Plus encore, J'ADORE ça. Si si, vraiment, j'adore les échecs. Je ne suis pas à un paradoxe près. 
En fait, ce jeu est si complexe, si stratégique, qu'il me fait penser aux stratégies militaires et autres politiques de cour. En bonne historienne c'est une dimension qui me fascine (et qui explique sans doute pourquoi j'aime Game of Thrones mais je m'égare).

Ma première remarque est que les romans qui ont les échecs pour thème, je veux dire pour thème majeur, sont assez rares. Je pense que cela tient au fait qu'il s'agit d'un jeu difficile et exigeant et qui demande une très grande précision de la part de l'auteur. Lorsque l'on enlève les romans où les échecs sont simplement mentionnés, sans autres dessein particulier, on s'en rend compte qu'il ne reste plus grand chose.

Ensuite, petit éclaircissement. Lorsque je parle du jeu d'échec comme élément narratif, cela veut dire que le roman même, sa structure ainsi que ses personnages, sont conçus comme une partie d'échecs. Les personnages et leurs actions sont donc définis comme un ensemble logique et tactique de coup permettant à mettre le roi ou l'ennemi en échec et mat. Lorsque je parle du jeu d'échec comme élément de l'intrigue, cela signifie que d'une façon ou d'une autre, le jeu physique et/ou ses règles composent le récit. Souvent si le jeu d'échec est utilisé comme élément narratif la composante de l'intrigue suit. Les personnages sont à la fois les pions d'une partie qui se joue à leur dépend et eux-mêmes se retrouvent joueurs. En revanche, les échecs peuvent être une composante de l'intrigue sans que l'oeuvre en elle-même ne soit écrite comme une partie d'échec. (j'ai mal au crâne d'un coup...).

Enfin, on trouvera plusieurs romans où le jeux d'échecs agit comme une métaphore de la vie et où les humains se retrouvent être des pions ce qui menace directement leur vie. Une dimension et une réflexion finalement peu éloignée de L'Iliade et de L'Odyssée d'Homère non?

 Alors, quels sont ces livres?

De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll

Résumé: Dans la maison du Miroir, tout est inversé. Alice, fascinée, s'empresse de passer de l'autre côté. S'ouvre alors à elle un monde merveilleux où les fleurs parlent, où un oeuf érudit marche sur un mur, et où, aux côtés de la Reine Blanche et de la Reine Rouge, elle devra prendre part à une partie d'échecs grandeur nature.

Ecrit en 1871, il fait suite aux aventures d'Alice au pays des merveilles. De l'autre côté du miroir est un roman "chess-themed" comme disent les anglo-saxons. Le jeu d'échec est un élément de la narration à part entière c'est-à-dire que le roman est construit comme une partie d'échecs et les personnages sont eux-mêmes des pions. Alice en particulier est un pion. Elle devra d'ailleurs jouer une partie d'échecs entre la reine blanche et la reine rouge (que l'on confond souvent avec la reine de coeur d'Alice au pays des merveilles). C'est assez peu surprenant de la part de Lewis Carroll qui aimait beaucoup les jeux mathématiques et les échecs.

La défense Loujine de Vladimir Nabokov


Résumé:  «De tous mes livres russes, La défense Loujine est celui qui contient et dégage la plus grande "chaleur" - ce qui peut paraître curieux, sachant à quel suprême degré d'abstraction les échecs sont supposés se situer. En fait, Loujine a paru sympathique même aux gens qui ne comprennent rien aux échecs et/ou détestent tous mes autres livres. Il est fruste, sale, laid - mais comme ma jeune fille de bonne famille (charmante demoiselle elle-même) le remarque si vite, il y a quelque chose en lui qui transcende aussi bien la rudesse de sa peau grise que la stérilité de son génie abscons.»Vladimir Nabokov.

La défense Loujine écrit en 1930 est un "roman russe" de Vladimir Nabokov et en bon roman russe du XXe siècle, il aborde la question des échecs. Son personnage est tellement obnubilé par le jeu qu'il finira par avoir des problèmes mentaux.

Le joueur d'échecs de Stephan Zweig

Résumé: Sur un paquebot s’opposent deux champions d’échecs que tout sépare : le champion du monde en titre, d’une origine modeste mais tacticien redoutable, et un aristocrate qui n’a pu pratiquer que mentalement, isolé dans une geôle privée pendant l'occupation de l'Autriche par les nazis.

Publiée en 1943 à titre posthume cette nouvelle de Zweig fut écrite durant les quatre derniers mois de la vie de l'auteur avant son suicide le 22 février 1942. Ici le jeu d'échec tient la place prédominante de l'histoire et permet de concilier autour de lui un récit en abîme. Qu'il s'agisse du narrateur, de Czentovic ou de Mr B., le récit nous embarque dans un monde au-delà des échecs en croisant plusieurs histoires.

All the King's horses de Kurt Vonnegut (uniquement en VO)

Résumé: Durant la guerre froide, le colonel américain Bryan Kelly et son avion s'écrase en terre asiatique. Avec lui se trouve ses deux fils, sa femme, le pilote, le co-pilote et dix hommes de cabines. Les seize membres d'équipage sont capturés par le chef de la guérilla communiste Pi Ying qui propose de jouer une partie d'échec avec Kelly à une condition: lui et les quinze autres américains seront les vraies pièces blanches. Chaque pièces prises donnera lieu à l'exécution immédiate de l'américain correspondant. Si Kelly gagne, lui et les survivants seront libérés. Une partie d'échecs diabolique débute. 

All the King's horses dont le titre s'inspire de la comptine de Humpty-Dumpty (sans doute une référence à Alice) est une nouvelle du recueil Welcome to the Monkey House écrit en 1951. La partie d'échecs est ici un élément narratif et de l'intrigue puisque de l'issue de la partie dépend la vie des otages et que ceux-ci se retrouvent être des pièces du jeu. Dommage que cette nouvelle ne soit pas traduite, elle semble passionnante.

Forbidden planet de Lionel Fanthorpe

Résumé: Jeu d'échecs inter-stellaire joué par des entités super-humaine et où les humains sont utilisés comme des pions. 

Publiée en 1961 sous le pseudonyme de John E. Muller il s'agit d'un roman de Science-fiction toujours pas traduit en français.

Là encore nous retrouvons l'idée de parties jouées avec de vrais humains à la place des pions.




La ville est un échiquier de John Brunner

Résumé: Ciudad de Vados est l'orgueil de la république d'Aguazul. Cette mégalopole futuriste, surgie du néant au beau milieu d'un pays imaginaire d'Amérique Centrale, est l'œuvre d'un groupe de promoteurs, d'architectes et d'urbanistes venus de tous pays. Grâce à elle, le président Vados espère passer à la postérité. Pourquoi fait-il encore appel à un expert international en matière de trafic urbain ? Boyd Hakluyt est-il vraiment chargé de résoudre un problème de circulation ? Et s'il s'agissait plutôt d'éliminer le bidonville qui, en plein cœur de la cité, rappelle de façon gênante la misère du peuple d'Aguazul et ternit les rêves de grandeur du dictateur ? Peu à peu, Boyd découvre qu'il est manipulé comme une simple pièce dans un jeu dont la signification lui échappe. Quel est l'enjeu de cette partie impitoyable où tous les coups sont mortels ?

Roman de science-fiction écrit en 1965, La ville est un échiquier est encore une fois un roman dont la narration est construite comme une partie d'échec. Le roman est d'ailleurs célèbre pour la mise en scène de la 16e partie du match du Championnat du monde d'échecs de1892 opposant Steinitz à Tchigorine.

Szachista (le joueur d'échecs) de Waldemar Lysiak

Roman polonais écrit en 1980 et centré autour de la partie d'échec jouée entre Napoleon Bonaparte et le Grand Turc.

The Queen's Gambit de Walter Tevis

Résumé: The Queen's Gambit nous fait suivre l'histoire de Beth Harmon depuis son enfance dans un orphelinat, sa lutte contre les tranquillisants et l'alcool jusqu'à son ascension triomphale au rang de Grand maître des échecs.

The Queen's Gambit désigne une ouverture célèbre des échecs. Depuis sa découverte du jeu, jusqu'à sa consécration, toute la vie de Beth Harmon est structurée par le jeu.



Le Huit et Le Feu sacré de Katherine Neville

Résumé: New York, 1972. Alors qu'elle s'apprête à gagner le Maghreb, Catherine Velis apprend d'un mystérieux antiquaire qu'elle court un grand danger : dans la désolation du Sahara, l'attendrait depuis toujours un fabuleux jeu d'échecs d'origine mauresque. Un jeu qui, en 782, envoûta Charlemagne avant d'exciter onze siècles durant la convoitise de Richelieu, Robespierre, Catherine de Russie et Napoléon. Tous voulurent mettre au service de leurs funestes desseins car, selon la légende, il ferait de son détenteur l'égal de Dieu...
En Afrique du Nord, la jeune femme, plongée dans un quête où se joue l'avenir même de l'humanité, découvrira qu'elle n'est pas la seule à vouloir percer le secret du jeu maudit. 

Incontestablement l'un de mes livres préférés. Je vous en parlais un peu ici  et de la suite là. Le Huit est un livre à l'image des échecs. Complexe et envoûtant à condition d'aimer ce jeu et l'Histoire. Se servant de la légende d'un jeu d'échecs offert par une délégation maure à Charlemagne, nous suivons les intrigues qui entourent le jeu de Montglane.

Le brio du roman tient en plusieurs points: tout d'abord, le jeu d'échecs est ici à la fois un élément narratif important puisque les personnages sont eux-mêmes les pièces d'un immense échiquier où il faut se méfier de sa propre famille et de ses amis. En plus d'être construit comme une partie d'échecs géantes, Le Huit place aussi le jeu, physique aussi bien que théorique, au centre de l'intrigue. Enfin, Katherine Neville mêle avec intelligence et finesse l'histoire de la Révolution française et de l'Empire à sa fiction. Le feu sacré en est la suite. Deux livres à lire absolument!

Le tableau du maître flamand d'Arturo Pérez-Reverte

Résumé: Julia, restauratrice d'oeuvres d'art à Madrid, travaille sur un tableau du XVe siècle représentant deux chevaliers jouant aux échecs. Une expertise révèle, sous la peinture, une phrase en latin pouvant se traduire par "qui a tué le chevalier". Avec l'aide d'un antiquaire, d'un joueur d'échecs et d'un historien, son ancien amant, Julia tente de déchiffrer l'énigme du tableau. Pure devinette de spécialistes ? Non, car un mystérieux inconnu reprend la partie d'échecs du tableau de façon bien macabre...

Ecrit en 1990, ce roman est sans aucun doute dans la même veine que Le huit.
Le tableau La partie d'échecs d'un peintre imaginaire flamand Van Huys met en scène Ferdinand de Ostenbourg, sa femme Béatrice et le chevalier Robert d'Arras. L'inscription "Quis Necavit Equidem" autrement dit: qui a tué le chevalier, pousse Julia a en savoir plus. En reconstituant à l'envers la partie que les deux hommes ont joué, elle résout une énigme et un meurtre vieux de 500 ans, mais la partie continue.

Bien évidemment le jeu d'échecs est au centre de l'intrigue, c'est en recomposant la partie que Julia pourra deviner qui a tué le chevalier mais quelqu'un semble décidé à poursuivre la partie. Cette partie qui se joue à présent dans et hors de l'échiquier. Ici encore le jeu est à la fois un élément narratif et une constituante de l'intrigue. Pour les passionnés, le lecteur joue lui aussi une vraie partie.

L'échiquier du mal de Dan Simmonds

Résumé: Ils ont le Talent. Ils ont la capacité de pénétrer dans notre esprit pour nous transformer en marionnettes au service de leurs perversions et de leur appétit de pouvoir. Ils tirent les ficelles de l'histoire. Sans eux le nazisme n'aurait peut-être jamais existé et nombre de flambées de violence, tueries, accidents inexpliqués n'auraient peut-être pas ensanglanté notre époque. Car ils se livrent aussi entre eux à une guerre sans merci, selon les règles empruntées à celles des échecs. À qui appartiendra l'omnipotence ? À celui qui saura maîtriser pleinement son Talent. Ce sont des vampires psychiques...

Le jeu y est à la fois présent au travers de parties, comme ultime raffinement pour les principaux protagonistes, et dans la structure même de l'intrigue. (Merci à La Dame pour son commentaire).

Un anonyme m'a proposé "Le Gambit Albanais" d'Arnaud Borowski (disponible uniquement en format numérique) sur la vie assez sordide d'un génie des échecs. 

***

Voila pour ce rapide petit tour dans le monde des échecs. Si je devais vous en conseiller personnellement quelques uns, il s'agirait sans doute De l'autre côté du miroir, du joueur d'échecs, du Huit et Du Tableau du maître flamand. J'en ai sûrement oublié, des romans francophones au anglophones pas traduits alors comme d'habitude, n'hésitez pas!

J'espère que ce petit tour vous a plu. Quant à moi je vous laisse, j'ai mon chafouin qui me fait signe, il a préparé les pions...il semblerait que je joue les noirs.

vendredi 4 octobre 2013

Et si on se mettait à la BD? Episode 2: Le Scorpion


Nous continuons notre exploration du monde de la BD avec une autre série culte de Dargaud: Le Scorpion  (je vous conseille le site de Dargaud, il est extrêmement bien fait pour chacune de ses séries: extraits de BD, interview, fonds d'écran etc.)

Présentation de l'éditeur: tome 1: Pour les habitants de la basse ville, il est le Scorpion. Les hommes l'évitent, redoutant son épée plus virevoltante que la nuée de moustiques d'une chaude nuit d'été. Les femmes le cherchent, fascinées par la prestance de ce beau brun qui sait les aimer comme personne.

Pour les habitants de la haute ville, il est Armando Catalano, l'homme à la perruque poudrée qui sait dénicher aux fins fonds des catacombes romaines les reliques des saints de l'antiquité et du Moyen âge que princes et évêques s'arrachent à prix d'or.

Pour le cardinal Trebaldi, l'impitoyable maître des moines-guerriers, l'homme qui n'hésite pas à faire empaler dans son confessionnal un prêtre trop bavard, il est le témoin d'une époque maudite qui doit disparaître. 

Pour cela, Trebaldi demandera à une gitane égyptienne experte en poisons de lui apporter la peau de l'homme qui porte sur l'épaule droite un tatouage en forme de scorpion. Tatouage infamant rappelant à tous que la mère du héros a péri brûlée vive sur le bûcher réservé aux sorcières.

Mais la gitane manquera son coup, déchaînant la colère du Scorpion. Les murs du Vatican en tremblent encore.

Le Prince pas si Charmant de Tam-Tam m'avait conseillé Le Scorpion la dernière fois que j'étais passée en Tam-Tam Land et vu que mon marin mangeur de muffins m'a assuré que c'était une excellente série, j'ai craqué pour les deux premiers tomes du Scorpion que j'ai dévoré en quelques heures.

Après leur collaboration pour L'étoile du désertune bande dessinée en deux tomes se déroulant à Washington en 1870, Stephen Desberg (scénario) et Enrico Marini (dessin) ont décidé de se lancer dans une série de cape et d'épée. Si au départ ils comptaient adapter Les trois mousquetaires, ils finissent par se décider pour une histoire originale qui a donné naissance au Scorpion.

L'histoire se passe au XVIIIe siècle dans une Rome dominée en secret par les neuf familles, descendantes directes d'une secte romaine qui présidait déjà à la destiné de la cité. Au milieu de ces complots, Armando Catalano, dit le Scorpion est un pilleur de tombe et receleur de reliques que le cardinal Trebaldi veut voir mort.

C'est fou mais je n'ai lu que deux tomes et j'ai déjà énormément de choses à dire alors même que je n'en suis qu'au début. Oui c'est bon signe!

Il est bien évident que les auteurs sont des fous de cape et d'épée, on sent les amateurs du genre dans chacune des planches de la série. Le héros tient de Scaramouche et de d'Artagnan avec humour et légèreté, les passes d'armes sont nombreuses et élégantes (conseillées par deux maîtres d'armes, c'est toujours appréciable) et le côté pilleur de reliques qui les revend ensuite à l'aristocratie romaine est assez drôle. On est bien dans ce monde fait de duels, de complots, de course-poursuites sur les toits (le côté hussard étant d'ailleurs souligné par le surnom de l'ami du héros, Hussard...). Les amoureux de capes et d'épées se sentent immédiatement à l'aise dans cet univers tout en reconnaissant une individualité propre à la série. Je n'ai pas eu l'impression d'être dans quelque chose de déjà-vu, juste reconnaissable.

Si Le Scorpion est une BD de cape et d'épée à forte inspiration historique, on sent également chez les auteurs la volonté de ne pas faire seulement une BD d'Histoire. Si le Scorpion n'a pas la prétention de Murena de ce point de vue là, il n'en reste pas moins que la série est très agréable sans anachronisme horrible qui vous attendrait, tapi derrière une ruine pour vous sauter au visage.

Même si l'intrigue se passe dans une Rome du XVIIIe et non dans le quasi sacro-saint Paris du XVIIe (pour le cape et d'épée j'entends), c'est pour mieux servir le propos. Quoi de mieux que Rome en effet, centre de la papauté, pour établir un questionnement sur la naissance des religions? A travers les neuf familles, se pose la question de savoir si le bien et le mal n'ont pas été créés dans un but purement politique afin de contrôler la ville et à plus vaste échelle, le monde. Je n'en suis qu'au tout début de la série et donc je ne sais pas encore où ils veulent aller mais je subodore une réflexion intéressante sur la question. Les neuf familles et surtout les Trebaldi sont diablement fascinants et je suppose que les tomes suivants nous en apprendrons plus sur eux, leur histoire, leur fonctionnement et leur inimitié sous-entendue.
Parallèlement à cette intrigue politique, qui transcende les époques, il y a l'intrigue du Scorpion. Qui est-il? Sa mère est morte sur le bûcher des sorcières mais pourquoi? Qui est son père? Pourquoi porte-il sur l'épaule, cette tâche de naissance en forme de scorpion, signe du Malin?
Et question subsidiaire: si Trebaldi est un homme qui, bien que cardinal ne croit pas en Dieu, pourquoi cherche-il à se débarrasser du Scorpion?
Je trouve l'idée de mêler les deux intrigues vraiment intéressante, cela permet de les faire se répondre l'une l'autre et de ne jamais laisser le lecteur souffler. Lorsqu'on ne cherche pas les origines du Scorpion c'est sur les neuf familles que l'on se casse la tête. J'ai vraiment hâte d'en savoir plus sur les origines du Scorpion.

En parlant de lui, je trouve que le personnage est fascinant. Un vrai héros de cape et d'épée comme on les aime. Il est drôle, léger mais sait être grave lorsque les circonstances l'exigent, il est habile au maniement des armes, séducteur ... un héros parfait en somme. A côté, nous avons Le Hussard son fidèle compagnon qui nous offre un sidekick efficace. Mejaï l'égyptienne est une femme mystérieuse que j'aimerai voir évoluer. Les évènements du tome deux me font dire que tout espoir n'est pas perdu pour elle. Ses talents d'empoisonneuses pourraient bien servir à Armando. La représentante des Latal est flippante, avec sa peau pâle, elle me fait penser aux monstres horlogers de "The girl in the fireplace" (pour ceux qui connaissent Doctor Who). Quant à Trebaldi....he gives me the creeps.

J'ai également tout de suite accroché aux dessins. Je les trouve très réalistes et je dois admettre que Armando est magnifique. Il me fait penser à Sheemar Moore par les traits (un peu comme Matt Montgomery de leur première série me fait penser à Sean Connery). Les personnages sont bien dissemblables les uns des autres, j'aime notamment le Pape, dont la bonté se reflète bien sur son visage.

Une série que j'ai donc hâte de poursuivre. Il existe à leur actuelle 10 tomes et 1 hors-série:

1. La marque du diable
2. Le secret du pape
3. La croix de Pierre
4. Le Démon au Vatican
5. La vallée sacrée
6. Le trésor du temple
7. Au nom du père
8. L'ombre de l'ange
9. Le masque de la vérité
10. Au nom du fils
Hors-série: Le Procès de Scorpion

jeudi 3 octobre 2013

Battlestar Galactica - Saison 1



Résumé: (Sans Spoiler sur les évènements du pilot): Après l'attaque des cylons, quelques vaisseaux humains parviennent à se sauver. La flotte se recompose lentement autour de la présidente Roslin et du Commandant Adama. Quatre des douze cylons se sont révélés (dont trois à la flotte seulement) et il s'agit maintenant pour les humains de retrouver la treizième colonies: la Terre. C'est sans compter sur les problèmes techniques, éthiques et politiques que pose la survie dans l'espace. 


CASTING

Edward James Olmos ..................................................... Commandant Adama
Mary McDonnell ............................................................ Laura Roslin
Katee Sackhoff ............................................................... Kara "Starbuck" Thrace
Jamie Bamber ................................................................. Lee "Apollo" Adama
James Callis .................................................................... Gaius Baltar
Tricia Helfer .................................................................... Numéro Six
Callum Keith Rennie ....................................................... Leoben Conoy
Grace Park ...................................................................... Lt. Sharon "Boomer" Valerii
Michael Hogan ................................................................ Colonel Saul Tigh
Matthew Bennett ............................................................. Doral
Paul Campbell ................................................................. Billy Keikeya
Aaron Douglas ................................................................ Chef Galen Tyrol
Nicky Clyne .................................................................... Spécialiste Cally
Tahmoh Penikett ........................................................ Lieutenant Karl "Helo" Agathon
Kandyse McClure ............................................... Sous-Officier Anastasia "Dee" Dualla
Alessandro Juliani ........................................................... Lieutenant Felix Gaeta

Je sens que je vais galérer pour cette chronique. Oui parce que parler de Battlestar Galactica en soi c'est complexe mais parler de la série sans spoiler c'est encore plus dur. Une gageure diraient certains. Du coup je vais faire cette chronique en deux temps: constatations générales d'abord sur la série, garanties sans spoiler et une seconde partie où je pourrais parler un peu plus des personnages et des épisodes, avec spoilers of course.

Mais tout d'abord, pour celles et ceux qui ne connaitraient pas Battlestar Galactica, je vous invite à lire cette chronique-ci, qui vous présentera le pilote de la série qui dure trois heures, rien que ça. NE COMMENCEZ PAS LA SAISON 1 SANS AVOIR VU LE PILOT!

C'est bon tout le monde est prévenu? On peut y aller? Let's go!

SECTION SANS SPOILER




J'ai donc enchaîné le fameux film d'introduction avec la saison 1 et ce que je peux d'ores et déjà vous dire, c'est que la série se poursuit dans la même veine de qualité que ce qui nous était déjà offert. De multiples pistes de réflexion s'offrent à nous et je pense que je serais bien en peine de tout explorer à fond. Chaque épisode ou presque pose une question sur un aspect de notre société et de son bien fondé en période de crise. Il est évident que ces questionnements ne peuvent que résonner dans notre inconscient collectif et individuel. Que faire à la place des personnages de la série?
Que se soit le maintien des élections et d'un système politique démocratique, la question des prisonniers ou du choix militaire entre guerre et sécurité, c'est une multitude de questions qui se posent et qui peuvent également rester sans réponse. La saison 1 n'est ni plus ni moins que la continuité du pilot. Cela peut paraître finalement assez simpliste dans la forme mais il est évident avec la fin de la saison que la saison 2 sera sans doute radicalement différente. La saison permet de finir de poser les bases, de même que la mythologie de la série et il s'agit à présent d'avancer et de répondre à tout cela.

Les cylons sont des êtres passionnants. Plus on avance dans la série, plus on se rend compte finalement qu'il y a des êtres "bons" et "mauvais" dans les deux camps. Je mets des "" car il est évident que la réflexion de Battlestar va au-delà d'un manichéisme primaire. Chaque personnage est complexe, avec de bonnes idées, des traits de caractère insupportables, de moments de bravoures ou d'actions stupides. Certains évoluent vite, d'autres lentement, mais tous ont une progression logique qui nous pousse à vouloir en savoir plus. Il y a évidemment la question de savoir qui sont les huit autres cylons et surtout qui sont les final five. Je dois admettre que finalement ce n'est pas, pour le moment ce qui me tient le plus en haleine. Je suis tellement préparée à ce que tous les personnages soient des cylons que plus rien ou presque ne peut m'étonner. On me souffle dans l'oreillette que tout ça va bien se complexifier après. Réponse dans ma prochaine chronique.

La réalisation est toujours aussi impressionnante. Elle est sobre, sans fioriture inutile. Il n'y a jamais de surenchère dans les décors ou les costumes pour créer un univers différent du nôtre. L'ensemble est naturel sans être fondamentalement exotique, juste réaliste, gageure pour une série de SF. C'est une qualité que j'apprécie beaucoup car finalement, rien ne fait jamais cheap. Les batailles dans l'espace n'ont rien à envier aux plus grands films du cinéma du genre et l'organisation militaire est vraiment bien rendue.

En fait je ne pourrais mieux parler de Battlestar que de dire à tous ceux qui ne connaissent pas la série qu'elle va bien au-delà de l'image SF qu'elle peut donner. Peu importe que vous ne soyez pas fan de ce genre de littérature et de films, que le space opera ne vous branche pas, que le space military non plus. Battlestar Galactica c'est avant tout une réflexion sur l'humain et sur nos sociétés. L'action est simplement placée dans un contexte de SF - brillant il faut l'avouer aussi - mais ce qui fait le génie de la série c'est surtout les questions que les scénaristes nous pose. Je ne peux que vous conseiller de la regarder.

Quittons à présent le monde du spoiler-free pour nous plonger plus avant dans les rebondissements de cette saison 1.


Je crois qu'on ne peut pas rester de glace devant cette première saison. Je sais, je sais, elle est moins bien que la saison 2 et 3 mais je ne peux pas encore juger. Ce qui me frappe surtout c'est que l'on rentre dans le vif du sujet à bien des égards. Je fais beaucoup rire le mangeur de muffins avec mes théories à la noix. N'insistez pas je ne dirais rien! On ne peut pas ne pas cogiter en permanence sur les motivations des personnages, les actions à venir et surtout: qui sont ces foutus cylons!

Je vais tenter de parler de tous les personnages et des rebondissements des différents épisodes. Ca risque d'être un joyeux foutoir, donc pas de panique!

Tout d'abord, je reste sur mes impressions premières: le Commandant Adama et Gaius Baltar sont mes personnages préférés et pourtant ils sont bien différents!
J'aime beaucoup la dignité dont fait preuve Adama tout au long de cette saison 1. Les choix à faire sont loin d'être simples, je pense bien évidemment à l'épisode 1 mais il garde la tête froide. C'est un homme qui a bon fond et à plusieurs reprises il le démontre bien, avec Starbuck tout d'abord, puis avec Tigh lorsqu'il ramène sa femme à bord - même si à mon avis, ce choix là est super contestable vu la femme de Tigh. C'est véritablement un personnage pour lequel j'éprouve énormément d'empathie et qui sait me toucher. Je ne dis pas que je suis toujours d'accord avec lui mais dans l'ensemble, c'est l'un des rares à ne pas m'agacer prodigieusement.

Gaius Baltar...c'est tout un poème, je sais que certains le déteste, moi je l'aime. J'aime sa complexité: responsable mais pas coupable et la présence de Six dans sa tête ne fait que renforcer cette complexité.
Qui est numéro Six? Est-ce la même que celle qui était sur Caprica? Elle y ressemble puisqu'elle aime Gaius mais n'est-elle pas simplement le fruit de l'imagination de ce dernier? Si c'est le cas, comment se fait-il alors qu'elle soit au courant d'évènement à venir? Cela indiquerait-il que Gaius est lui-même un cylon? Mais si c'est un cylon, pourquoi l'avoir utilisé sur Caprica pour mener à bien l'invasion? Leur fallait-il un cylon supra intelligent capable de s'adapter à la société humaine pour en craquer les codes? Et si elle n'est pas juste le fruit de l'imagination de Gaius: mais que fout-elle dans sa tête bordel ?! Oui je sais ça fait beaucoup de questions. Cela dit, cela prouve aussi à quel point Gaius et la numéro Six dans sa tête sont passionnants. Leur duo est très drôle, surtout lorsque Six met Gaius dans des situations complètement absurdes.
Je trouve surtout Gaius intéressant dans son choix de ne pas démasquer les cylons. Bien qu'il sache la véritable nature de Boomer, il la garde secrète, même si par la suite il lui prodigue des conseils sachant bien ce qu'elle est. Idem avec la femme de Tigh lorsqu'il doit faire les tests et qu'il déclare à Six qu'il n'y aura jamais de cylons. Pourquoi agir de la sorte? Parce qu'il veut éviter que les gens se soupçonnent? Dans un élan humaniste ou pour d'obscures raisons? Personnellement je pense pour l'élan humaniste de Gaius qui colle bien avec sa conversion à la religion des cylons. L'épisode 7 est forcément un épisode que j'aime beaucoup et je trouve ça diablement et perversement intelligent de l'accuser pour mieux l'innocenter, le mettant définitivement à l'abris d'une révélation gênante.

Cet élément religieux est d'ailleurs une des questions que je préfère dans la série. S'oppose au polythéisme des humains le monothéisme des cylons. Cela n'a l'air de rien, ou bien moraliste mais la réflexion est plus fine que cela, la fin de la saison 1 nous ouvrant d'ailleurs la porte à des découvertes futures.

Numéro Six et en particulier celle dans la tête de Gaius a su me toucher. Son amour dévorant pour le scientifique - dont je doute sérieusement de l'attachement - et sa soif d'enfants ont su m'émouvoir. Pas dit que cela continue mais c'est un personnage dont je veux connaitre les développements. A noter qu'elle est toujours hypersexualisée dans la tête de Gaius, avec des vêtements courts et décolletés alors que sur Caprica, elle se montre beaucoup plus classique, signe que l'imagination de Gaius a une influence sur elle.

Si j'aimais beaucoup la présidente lors du pilot et le début de la saison, elle part complètement en sucette à partir de l'épisode 7 et entérine mon désamour avec l'épisode suivant. Non mais sans blague, lorsqu'on suspecte l'un des hommes les plus intelligents de la flotte et surtout, le seul à pouvoir mettre au point un système de repérage des cylons, d'avoir trahi sa race que faites-vous: 1) vous attendez prudemment le résultat définitif de l'enquête et/ou du procès avant de donner votre avis, 2) vous vous mettez de son côté 3) vous allez le voir dans sa cellule, vous le regardez droit dans les yeux et vous lui balancez que vous n'avez jamais pu le blairer et que vous êtes sûre qu'il est un traitre ? Je vous laisse deviner la position de Roslin....Autant je trouve la solution 2 politiquement stupide, autant la 3 est purement suicidaire. Lorsqu'en plus il s'avèrera que les photos accusants Gaius ont été truquées, elle se retrouve bien stupide. J'ai nettement préférée la réaction d'Adama au problème de la dénonciation de Gaius, plus mesurée. Surtout que lorsqu'ils ont besoin d'un bon candidat face à Zarek, les magouilles politiques de Roslin la pousse à proposer le poste à Gaius susceptible de se faire élire - ce qui me fait penser que maintenant qu'il est vice-président et si un jour il sort de Kobol, il deviendra président et j'ai hâte de voir ça! Roslin est un personnage qui change beaucoup, passant d'une institutrice au gouvernement, naïve mais capable en une politicienne redoutable. Quant aux derniers épisodes sur sa folie de récupérer la lance d'Apollon, peut-être a-t-elle raison de poursuivre cette chimère, sa décision portera sûrement ses fruits mais je trouve complètement absurde de retourner Starbuck contre Adama et de mettre en péril la flotte entière pour une flèche. N'est-ce pas ce qu'elle reprochait à Adama dans l'épisode 5 lorsque ce dernier tente de sauver Starbuck coûte que coûte? Quant à retourner Starbuck c'est d'une imbécilité sans borne. Déjà que la pauvre Kara n'est pas toujours intelligente, si on lui bousille le reste du cerveau...
L'épisode 8 marque pour moi le vrai tournant, lorsque face à Leoben elle revient sur sa parole et l'exécute sans autre forme de procès. J'ai trouvé ça tellement indigne d'elle et de ce qu'elle était au départ. Le pouvoir l'a changée et certes elle agit toujours pour le "bien de l'humanité" mais ses incohérences politiques m'insupportent. Elle a un programme et elle le suit envers et contre tout parfois jusqu'à l'absurde. Je me demande ce que sa destitution par Adama à la fin de la série va apporter comme conséquences et si elle va retourner au pouvoir puisqu'Adama est momentanément hors-service.

L'épisode 8 est aussi un épisode fort pour moi à cause de Starbuck. Starbuck je ne l'aime pas, je ne l'ai jamais aimé. Elle peut avoir toutes les excuses du monde elle me tape constamment sur le système. Elle n'est pas badass elle est stupide. On se demande même comment elle a pu rentrer dans l'armée avec son sale caractère. Du coup lorsqu'elle est nommée pour interroger Leoben, je râle. Je râle parce que je pense sincèrement que ce n'est pas la meilleure personne pour ce genre de poste et effectivement elle se révèle plus qu'incompétente face à un Leoben spirituellement en forme. Là intervient la présidente qui se montre odieuse, faisant de fausses promesses à Leoben et l'envoyant ad patres sans sommation. C'est véritablement là que s'opère un petit miracle pour moi: Starbuck se montre humaine envers un cylon, lui tend la main alors même qu'il s'apprête à mourir. Victoire pour Leoben, quelqu'un doute déjà. Pour le reste de la saison, elle se montre fidèle à elle-même mais dans cet épisode 8 je trouve qu'elle a un beau geste.

Leoben justement est un cylon que j'aime énormément. J'ai hâte de le voir plus. Il a, à mon sens, un rôle assez proche de celui de Somni dans Cloud Atlas. C'est l'élément qui apporte le questionnement et le doute.

Lee Adama est un personnage que je trouve fade et j'attends de le voir se révéler. A cheval entre la présidente et son père, son balancement m'agace. Dans une situation pareille, avec un poste militaire aussi important que le sien, je ne pense pas que faire la girouette soit réellement stratégique. Son tête-à-tête face à Zarek dans l'épisode 3 est assez révélateur d'ailleurs du personnage. Personnellement, je sens le potentiel d'Apollo, contrairement à Starbuck et j'ai hâte de le voir s'exprimer pleinement parce que moralement, Lee est intéressant. Ses doutes dans l'épisode 1 avec l'Olympic Carrier est révélateur de sa personnalité. Il garde un côté humain même sous les ordres militaires. J'avoue cependant que son retournement dans le dernier épisode m'a donné envie de lui crépifier la tronche. A suivre donc...

Boomer/n°8 est l'un des personnages qui arrivent à me toucher le plus. Au fil des épisodes, on voit Boomer s'enfoncer de plus en plus dans ses doutes. C'est physiquement violent de la voir se demander si elle est un cylon, alors qu'elle voue sa vie tous les jours à la flotte. Sa résistance lors de l'épisode sur la recherche de l'eau force le respect. Les derniers épisodes, de sa tentative de suicide à la révélation suprême pour elle qu'elle est un modèle de cylon, sont poignants. Boomer est une femme qui perd tout: ses certitudes, son passé, l'homme qu'elle aime et jusqu'à son humanité. J'admets que je n'ai jamais vu venir la dernière minute du dernier épisode. Après qu'elle ait fait exploser le vaisseau cylon avec son modèle à bord, je pensais qu'elle ferait profil bas. Cylon activé lorsqu'elle tire sur Adama, hallucination totale de l'autre côté de l'écran. Parallèlement à la déshumanisation de Boomer, n°8 sur Caprica se prend à son propre piège. Prévue pour piéger Helo, elle finit non seulement par en tomber amoureuse mais est aussi prête à tout pour lui sauver la vie, ce que ce dernier comprend in extremis. Quant à la révélation du "Je suis enceinte" je le voyais bien venir même si cela rajoute de nombreuses questions sur la nature profonde des cylons. Finalement ils sont peut-être aussi humains que les humains. Les destinées de Boomer et n°8 sont vraiment construites en miroir ce qui est passionnant à suivre.
Comme n°8, Helo est du côté des personnages justes, qui n'hésiteront pas, je pense, à sauver des ennemis qui auraient une personnalité propre et une envie de vivre en commun. C'est un personnage que j'aime beaucoup, notamment son amour inconditionnel pour Sharon et je suis heureuse qu'il finisse par retrouver Starbuck. Sa storyline en solitaire va maintenant prendre fin et le couple qu'il forme avec Sharon et leur futur bébé va amener une dynamique nouvelle pour la saison 2 en même temps que des questions sans fin!

Je pense que je reparlerai de Zarek plus tard, je veux avoir plus de cartes en mains avant d'en donner un avis. Enfin, je pense que Gaeta a vocation a devenir un personnage de premier plan. J'ai toujours pensé qu'il était un cylon, je pensais d'ailleurs que ce serait lui le quatrième cylon dévoilé dans le pilot. Nous verrons bien si j'ai raison. Dee Dualla aussi a vocation a devenir importante je pense, tout comme la femme de Tigh que je ne supporte pas.

J'ai aimé tous les épisodes mais si je devais parler d'un seul en particulier ce serait: The hand of God, lorsqu'ils doivent récupérer du Tylium pour la flotte. Accrochée du début à la fin, j'ai trouvé les rebondissements parfaits!

Voila, je pense que je ne rends pas tout à fait justice à la série. J'espère néanmoins vous avoir donné envie de voir ou de revoir cette saison 1 de Battlestar Galactica. Soyez gentils si dans les commentaires vous laissez des spoilers, précisez-le. Cela évitera à des néophytes de se gâcher cette saison.
Chronique à suivre pour la saison 2.