lundi 23 mai 2011

Miss Charity - Marie-Aude Murail



COUP DE CŒUR DE PERSÉPHONE
Une petite fille.
Elle est comme tous les enfants débordante de curiosité, assoiffée de contacts humains, de paroles et d'échanges, impatiente de créer et de participer à la vie du monde.
Mais voilà, une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880, ça doit se taire et ne pas trop se montrer, sauf à l'église, à la rigueur. Les adultes qui l'entourent ne font pas attention à elle, ses petites soeurs sont mortes. Alors Charity se réfugie au troisième étage de sa maison en compagnie de Tabitha, sa bonne. Pour ne pas devenir folle d'ennui, ou folle tout court, elle élève des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope, apprend Shakespeare par cœur et dessine inlassablement des corbeaux par temps de neige, avec l'espoir qu'un jour quelque chose va lui arriver.
Miss Charity est encore un MERVEILLEUX roman que j'ai découvert grâce au challenge jeunesse Whoospy daisy. Pour l'instant mes deux premières lectures sont des coups de cœur, ça en valait donc la peine.
On aurait pu être rebuté par les 500 pages du roman, d'autant qu'il est lourd et difficile à tenir mais au final, les pages glissent et on se retrouve à la fin sans savoir comment on en est arrivé là!
Miss Charity raconte l'histoire (enfin l'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte) de Charity Tiddler qui n'est pas sans avoir quelques traits communs avec une certaine Beatrix Potter. Son lapin fétiche s'appelle lui aussi Peter et Charity comme Beatrix dessine, fait des aquarelles d'éléments de la nature et d'animaux. Mais voila, Charity est une originale et il n'est pas vraiment bon d'être une originale au XIXe siècle (rappelez vous d'Esme Lennox...). Or donc, nous sommes dans un roman jeunesse, chez "presque" Beatrix Potter et tout se passe bien ou presque car l'écriture de Marie-Aude Murail est loin d'être infantilisante et des choses terribles se passent dans la vie de Charity.
Comment être élevée entre un père qui ne parle que par monosyllabes et une mère qui la déteste (lui répétant à l'envie, qu'elle est laide, qu'elle ne trouvera pas de mari etc etc) et qui en même temps est jalouse lorsque sa fille s'éloigne d'elle? Comme vivre avec une nurse folle, Tabitha lui répétant qu'elle est mauvaise? Comme vivre entouré de ses cousines dédaigneuses que son Ann et Lydia?
Heureusement dans le monde de Charity il y a aussi Mademoiselle et Herr Schmal (le professeur allemand de son cousin Philip), les King et Mr Kenneth Ashley. Et puis les animaux, Peter, Miss Désirée, Darling number two, Petruchio et les autres qui comble le vide de l'existence de Charity.
L'écriture de Marie-Aude Murail est espiègle, très drôle mais aussi sombre sur des aspects tristes de la vie. J'avais un peu peur au départ de cette forme en dialogue dans le récit mais au final ce fut une excellente idée. La lecture tombe à moitié dans le théâtre et reste à moitié dans le genre romanesque ce qui lui donne une grande fluidité de lecture en même temps que quelques clins d'oeil.
J'ai beaucoup aimé les lettres que Charity s'écrit à elle-même, sorte de projection jamais réalisées ou encore les référence à Wilde et Bernard Shaw. J'aime aussi le fait que pour ne pas devenir folle Charity récite Shakespeare avant de s'endormir et qu'elle connaisse la quasi totalité de l'œuvre par cœur.
Les illustrations de Philippe Dumas sont sublimes et elles reprennent souvent celles de Beatrix Potter que j'ai adoré retrouver. On se laisse délicieusement emporter par l'histoire et par cette follette de Charity qui ne veut rien d'autre que vivre sa vie. C'est un livre pour la jeunesse certes mais qui peut se lire à tout âge car il fait l'apologie de l'indépendance et de la soif de savoir.
Lu dans le cadre du Challenge Jeunesse Whoospy Daisy

5 commentaires:

Allie a dit…

J'étais certaine que ça te plairait! J'Adore ce roman! ♥ Il existe si peu de choses en français sur ou s'inspirant de Beatrix Potter!

Perséphone a dit…

Oui c'est vrai, mais tu sais Beatrix Potter les français ne connaissent pas du tout. Ca ne fait pas parti des livres d'enfances. La plupart du temps, les français font comme moi ils la découvrent à l'âge adulte!
En tout cas je n'ai pas regretté de découvrir Miss Charity!

Cécile a dit…

je l'ai commencé et mis de côté ! Il faut que je le reprenne mais pour ça faut un weekend tranquille car bon c'est un pavé !
En tous cas j'adore MAM et je suis sûre que je vais aimer ce livre !

Perséphone a dit…

Oui c'est superbe et l'humour est tellement délicieux.

melainebooks a dit…

Ton billet est superbe et va peut-être enfin me décider à surpasser ma peur de ce livre (le poids y est pour beaucoup).

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