mercredi 8 février 2012

Hate List - Jennifer Brown



Présentation de l'éditeur: Lorsque Valérie franchit le seuil du lycée, elle sait que rien ne sera plus jamais pareil. Cinq mois plus tôt, Nick, son petit ami, a ouvert le feu dans la cafétéria de l’école, tuant une dizaine d’élèves avant de se suicider. Des élèves agaçants, pénibles et arrogants qui figuraient sur la liste que Valérie et Nick ont tenue pour se défouler. Pourquoi ce qui n’était qu’un jeu est devenu un drame ? Comment va-t-on accueillir son retour au lycée ? Est-elle aussi coupable que Nick ?

Il est assez difficile de parler de ce livre notamment parce qu'il est très fort en émotion et qu'habituellement ce n'est pas vraiment le genre de roman que je lirais. Valérie est complètement détruite après la tuerie du 2 mai. Notamment parce qu'elle n'a rien vu venir: comme tous les adolescents, parler de la mort semble presque banal, "à la mode". Elle est détruite aussi parce que la liste qui a servie à tuer les gens, c'est elle qui l'a écrite, depuis la 3eme, depuis que tous les jours des collégiens et des lycéens se moquent d'elle, que ses parents se disputent sans arrêt. Valérie est aussi détruite parce que celui qui a appuyé sur la gâchette est son petit ami, peut-être la seule personne en qui elle avait confiance.

Je dois dire que ce livre est particulièrement émouvant et d'une façon terriblement vraie aussi. C'est le genre de tragédie qui peut arriver n'importe où et n'importe quand, surtout aux Etats-Unis (nationalité de l'auteur) et on sent que ce sujet est assez "touchy" d'ailleurs. Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce roman c'est à la fois le côté terriblement vrai mais aussi la nuance que l'auteur a mis dans la construction de l'histoire et de chaque personnage.

Car malgré tout, ils sont tous un peu coupables, un peu victimes, le personnage de Ginny (terrible d'ailleursà et sa réflexion montre bien la complexité de l'acte de Nick Levill. Personne n'a rien fait pour aider Nick Levill, pour faire cesser les brutalités et vexations quotidiennes, en même temps il a tué des gens. La place de Valérie dans tout ceci est très délicate, elle est à la fois coupable d'avoir écrit cette liste (ce qui en même temps n'était pour elle qu'un délire d'ado - sur la liste vous trouvez à la fois des noms et des choses comme "l'algèbre" - un moyen justement de canaliser sa colère, ce que Nick lui a pris au pied de la lettre), mais elle s'est aussi pris une balle, ce qui en fait une victime et a empêché la mort d'autres élèves, ce qui fait d'elle une héroïne. Trois facettes d'un même personnage qu'elle n'arrive pas à faire coïncider. Il faut dire que ce n'est facile pour personne, entre ceux qui veulent la voir comme un monstre à l'instar de son propre père complètement démissionnaire, de ceux qui l'a voit comme une héroïne et ceux qui ont du mal à lui trouver une place entre les deux, reflet de leur propre culpabilité.

L'histoire s'articule de façon particulièrement intelligente entre présent: Valérie qui doit retourner au lycée et passé: l'avant tuerie, le pendant et l'après. Le récit est assez violent, coup de poing mais efficace et bien écrit. Je trouve que Jennifer Brown a réussit à rendre dans son récit toute la complexité de ce genre de cas où il n'y a pas que des victimes d'un côté et des coupables de l'autre. Le récit vous noue la gorge ou au contraire est particulièrement plaisant mais en tout cas, toujours juste.

J'ai adoré le personnage de Valérie, paumée mais à juste titre. Je n'ai pas trouvé qu'il y avait trop de pathos ou d'apitoiement inutile, vu les circonstances j'admets que ce n'est toujours simple de gérer sa vie...
La mère est aussi intéressante car elle balance constamment entre horreur et amour, ce qui en fait un personnage souvent énervant mais la plupart du temps touchant car humain.
Duce est aussi intéressant car dans son attitude au final on trouve sa propre culpabilité qu'il reporte sur Valérie parce que c'est plus simple d'en vouloir à quelqu'un d'autre qu'à soit même.

Enfin, deux personnages que j'ai personnellement adoré: le psy et Béa l'artiste peintre, deux personnages posés qui ne ressasse pas toujours l'horreur de la tragédie et la responsabilité de la jeune fille.

Un livre fort mais vibrant de réalisme, une tragédie vue par les yeux d'un acteur du drame. A mettre entre toutes les mains.

Merci à Anne des éditions Albin Michel Wiz pour ce roman coup de coeur!

5 commentaires:

Mascha a dit…

Wow! Je l'ajoute à ma whist-list à l'instant. Pourvu que je le trouve en français en Amérique! lol

Cess a dit…

Je sais pas si le sujet me plait... Pourtant il n'a que des critiques positives !

Perséphone a dit…

Je suis d'accord avec toi, ce n'est pas du tout le genre de livre que j'aurai lu en temps normal mais c'est super bien traité donc au final on ne ressort pas de la lecture mal à l'aise.

Karine:) a dit…

C'est malin, je veux le lire maintenant... tu es la première à me donner vraiment envie de m'y plonger!

Perséphone a dit…

Héhé je suis une vile tentatrice. Honnêtement je pensais que je n'aimerai pas et au final je trouve que le sujet est traité comme il faut, sans pathos mais avec beaucoup de questions et de remises en questions

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