vendredi 30 novembre 2018

Scarlet - The Lunar Chronicles #2 - Marissa Meyer

A-

ATTENTION: SPOILERS SUR LE TOME 1: CINDER


Présentation de l'éditeur: Depuis les lointaines étoiles jusqu’aux recoins d’une sombre forêt, les destins de Scarlet et de Cinder semblent liés.

Alors que l’une cherche sa grand-mère mystérieusement disparue et que l’autre poursuit la quête de ses origines, la menace lunaire qui pèse sur l’humanité se renforce.
Cinder et Scarlet parviendront-elles à lui résister ?

Nous avons laissé Cinder en très mauvaise posture, en proie à pas mal de tourments. Elle vient de découvrir qu'elle était une lunaire et que la reine Levana projette d'assassiner Kaito après leur mariage pour prendre le contrôle de la Terre.
Très loin de la Communauté orientale, dans un petit village près de Toulouse, Scarlet Benoît cherche sa grand-mère disparue et va s'octroyer l'aide d'un personnage très énigmatique qui se fait appeler Wolf/Loup.

On reprend l'intrigue exactement là où on l'avait laissé et les deux tomes se lisent donc dans la foulée. C'est assez agréable car il n'y a pas de blanc entre les deux tomes et on peut vraiment lire la série d'une traite sans sentir d'ellipse. De plus, cela fait rentrer directement dans le vif du sujet, rien de mieux pour se remettre dans le bain si comme moi on a fait une pause entre Cinder et Scarlet. 
Scarlet est pour moi un tome de transition entre Cinder et les deux derniers volumes de la saga. On suit deux intrigues en parallèle, l'évasion de Cinder accompagnée d'un repris de justice américain Carswell Thorne d'un côté et Scarlet et Loup de l'autre à la recherche de Michèle Benoît. Vous vous en doutez, les deux histoires se rejoignent à un moment car elles sont indubitablement liées, ce qui permet à la fin de Scarlet de repartir sur une intrigue plus resserrée qui reprend dans Cress. 

Dans Scarlet, Marissa Meyer continue d'exploiter son univers. Ce n'est pas forcément l'action qui compte ici mais plus d'avancer dans l'intrigue autour du statut de Cinder et de sa propre histoire, ce qui croise celle de Scarlet. Je ne peux malheureusement pas en parler dans dévoiler des pans de l'intrigue, mais l'ensemble s'emboîte bien avec ce qu'on apprend à la fin du tome 1. Je trouve qu'on sent bien que Marissa Meyer a pensé son intrigue et son monde sur le long terme et pas simplement tome à tome puisqu'on parle déjà dans Cinder de personnages essentiels des tomes 2 à 4.
Même si l'intrigue est centrée sur Cinder et Scarlet, on n'abandonne pas pour autant Kai et Levana. Dans le cas de l'Empereur on suit ses doutes et ses interrogations sur Cinder et dans l'autre, les exaspérations de la reine qui elle sait qui est Cinder et ce qu'elle pourrait remettre en cause.

Parmi les nouveaux personnages, j'ai beaucoup aimé Scarlet. Non seulement elle est française (et de Toulouse, je ne dirais jamais assez à quel point j'aime quand l'action ne se passe pas à Paris/Londres/New York) mais en plus elle n'a pas sa langue dans sa poche. C'est une jeune femme affirmée qui sait défendre ses idées et surtout qui se bat pour ceux qu'elle aime. Elle forme un couple très intéressant avec Loup, personnage au combien mystérieux.
Evidemment vous aurez reconnu en Scarlet et Loup le petit chaperon rouge et le grand méchant loup. Comme dans Cinder j'ai aimé que l'auteure s'inspire d'un conte classique mais qu'elle n'alourdisse pas le récit en cherchant à coller à ses éléments. Cela donne des clins d’œil inspirés sans jamais empêtrer sa propre histoire de science-fiction.

J'adore Thorne. J'ai eu du mal à deviner à quel personnage de conte il se rapportait mais lorsque j'ai compris j'étais ravie! Il est très drôle, canaille, cunning comme diraient nos amis britanniques et il apporte un peu de légèreté à un tome assez noir.

Je ferais remarquer que les couvertures sont MAGNIFIQUES! Elles rendent justice au côté contes de fée de la série et permettent de l'identifier très vite.
Si j'ai un tout petit peu moins aimé que le tome précédent, il manque forcément l'élément de surprise et la nouveauté, il n'en reste pas moins que Scarlet était très plaisant à lire et que j'ai enchaîné immédiatement sur le suivant Cress qui s'est révélé aussi très bon mais ça je vous en reparle une prochaine fois!

Bonne lecture!

mercredi 28 novembre 2018

Duchess by design - The gilded age girls club #1 - Maya Rodale

A

Résumé: Durant l'Age d'or américain à Manhattan, tout peut arriver...
A la recherche d'une riche américaine à marier qui pourrait sauver son domaine familial, Brandon Fiennes, duc de Kingston est déterminé à faire ce qu'il faut. Cependant, sa recherche d'une héritière américaine est compromise lorsqu'une ravissante couturière croise sa route. 

...et l'amour véritable est toujours à la mode.
Miss Adeline Black aspire à être une couturière de renom - pas une duchesse - et même un duc très séduisant ne peut la distraire de son but. Kingston lui fait une offre qu'elle ne peut malgré tout refuser: l'accompagner à des événements mondains pour mettre en avant ses propres créations et le conseiller sur les héritières qui auraient les qualités requises pour faire une bonne duchesse. Le plan est parfait...aussi longtemps qu'ils résistent à la tentation, évitent le scandale et ne perdent pas leur cœur dans la foulée. 

La nouvelle série de Maya Rodale démarre sous les meilleurs hospices. Clairement centré sur des femmes fortes américaines, j'ai trouvé ce premier tome tout à fait rafraîchissant et qui aborde plein de thématiques intéressantes. 
Il s'agit de façon évidente du trope du prince et de la bergère. Si vous êtes allergiques à cette différence de classe, passez votre chemin, c'est clairement la trame principale. Kingston est un duc britannique et comme pas mal de duc britannique de la fin du XIXe siècle, l'argent vient à manquer. Il fait donc ce que bon nombre de ses compatriotes vont faire, traverser l'Atlantique pour se trouver une héritière tentée par un titre de duchesse en échange de quelques liquidités. De son côté, Adeline rêve d'ouvrir sa propre boutique de conception de robes. Elle est douée et inventive, elle veut embellir les femmes tout en leur donnant les armes pour être plus fortes et indépendantes comme...des poches! Oui des poches dans les robes, idée révolutionnaire mais Ô combien importante. A la suite d'une rencontre fortuite dans un ascenseur et un bon qui pro quo, Kingston est sûr qu'Adeline est non seulement la femme de sa vie mais aussi celle qui va pouvoir le sortir de ses ennuis. Oups. 

Je sais que Duchess by design a reçu un très bon accueil public et critique mais j'ai tout de même lu quelques commentaires sur la masculinité toxique et les privilèges des hommes blancs auquel correspond Kingston. 
Alors oui, sans suspense aucun, Kingston est riche, blanc, privilégié et n'en a aucune idée mais j'ai envie de dire...normal. On est en 1893 et c'est un duc. S'il avait conscience de tout ça, il serait plus en avance sur son temps que la plupart de nos contemporains. Donc oui, il commet plein de bourdes, il ne comprend pas comment fonctionne les USA et les convenances sont légèrement différentes de l'Angleterre MAIS, il n'est jamais cruel ni absurdement fermé. Il réalise vite qu'il est à l'origine de problèmes pour Adeline et fait tout son possible pour se racheter. Il est en conflit avec elle, souvent, sur des idées qui bousculent son confort mais grâce à Adeline il grandit. 
Ce roman est féministe il n'y a pas à chercher pour moi. Alors oui, Adeline fait de la pédagogie avec Kingston, alors qu'elle n'y est pas forcé. Oui, ils se disputent sur des concepts qui lui sont étrangers mais à force de réflexion, Kingston change vraiment et prend conscience de sa propre place dans la société et ça fait du bien de voir un héros capable d'évoluer. De plus, si Kingston change c'est grâce à Adeline mais la réciproque n'est pas vraie. Adeline n'a pas besoin de Kingston. Elle accepte son aide certes, mais son vrai salut viendra d'une société féministe passionnante. Il y a beaucoup de femmes dans cette romance et beaucoup d'entraide, c'est aussi ce qui m'a séduite dans Duchess by design

Pour moi, la relation Kingston-Adeline fonctionne très bien d'autant plus que j'ai eu énormément d'empathie pour Adeline. Elle est vive, joyeuse, déterminée, intelligente et elle a de la repartie. Bref, gros coup de cœur pour ce couple. J'ai aimé les thématiques d'émancipation que développe Maya Rodale à travers son héroïne: l'importance de la réputation, l'inventivité de l'héroïne et sa volonté d'indépendance qui passe par un détail aussi anodin que les poches dans les robes. 

Le roman est très bien rythmé, il y a beaucoup de rebondissements, retournement de situation et Maya Rodale utilise très bien les différences culturelles entre les Etats-unis et l'Angleterre. Le décalage est parfois drôle à suivre, les américains étant bien moins impressionnés par les titres que les anglais qui baignent dans cette hiérarchisation depuis l'enfance. Kingston va vite déchanter. 
Il ne faut pas paniquer sur le qui pro quo, Maya Rodale ne l'étire pas outre mesure et sait exactement quand le démonter pour mieux rebondir. 
De plus, il y a plusieurs explications historiques à la fin de l'ouvrage pour montrer exactement d'où lui viennent les idées du roman. C'était passionnant parce qu'elle remet ainsi sa romance dans un contexte plus large et très appréciable. 

Je suis rentrée très vite dans le roman, son humour, ses thèmes, ses personnages et je l'ai boulotté comme une sucrerie. C'était mon premier Maya Rodale bien que j'ai lu son essai sur la romance (essai que je vous recommande chaudement, elle analyse de façon très pertinente pourquoi la romance est mal vue en tant que genre littéraire). J'ai peu lu de romances qui se passent aux Etats-unis, je préfère malgré tout l'Angleterre mais je vais sans doute lire la suite de la série, en espérant qu'elle soit à la hauteur de Duchess by design
Bonne lecture!

dimanche 25 novembre 2018

Magic bites - Kate Daniels #1 - Ilona Andrews

A-

Présentation de l'éditeurÀ Atlanta deux réalités s’opposent : celle de la technologie et celle de la magie. Pendant une vague magique, les mages sauvages lancent leurs sorts et des monstres apparaissent, les armes à feu refusent de fonctionner et les voitures ne démarrent plus. Puis la vague se retire aussi vite qu’elle est venue en laissant derrière elle toutes sortes de problèmes paranormaux. Nous vivons une époque dangereuse. Mais dans le cas contraire, je serais au chômage. Quand les gens ont des ennuis qui relèvent de l’occulte et que la police ne veut ou ne peut pas régler, on fait appel aux mercenaires de la magie comme moi. Mais quand un nécromancien anéantit la seule famille qui me reste, je n’attends plus les ordres et je dégaine mon sabre.


Je sais, je suis MEGA à la bourre, genre tout le monde connait cette série depuis des plombes et moi j'arrive (comme d'habitude) après la bataille. Mieux vaut tard que jamais cela dit, ça me permet de moins attendre entre chaque volume parce que comme le laisse supposer cette introduction, je suis tombée tête la première dans cette série sans aucun regret!

J'adore l'Urban fantasy. C'est un sous-genre de la fantasy qui me plaît beaucoup parce que c'est facile de s'imaginer vivre des aventures de ce type dans notre univers, de penser qu'il y a une ruche de vampires dans un coin de ta ville ou que cette grande maison là-bas abrite une meute de loups-garous. En plus, les auteurices sont assez libres de définir leurs propres univers avec des points communs mais aussi des différences. C'est pour ça que j'ai Mercy Thompson, Alex Verus, Rebecca Kean, les Ben Aaronovitch et autre Charley Davidson. Je suis d'ailleurs ouverte à vos suggestions en la matière, je suis toujours à l’affût de nouvelles séries!

Donc, après avoir été relancée, encore et encore, pendant des années, par mon amie Cathy, je me suis enfin lancée dans cette série Kate Daniels. J'ai immédiatement accroché, je ne vais pas mentir, j'ai boulotté les trois premiers tomes ainsi qu'une novella vachement vite et je me retiens de ne pas sauter sur le tome 4 (celles et ceux qui ont déjà lu Kate Daniels savent comment finit le tome 3 et surtout comment commence le tome 4....).

Tout d'abord, j'ai beaucoup aimé l'univers qu'installe Ilona Andrews (il s'agit au passage d'un couple d'americano-russe). La série se passe dans une Atlanta transformée suite à l'apparition de la magie et comme vous le savez, j'ai une sensibilité particulière pour ce genre de série qui ne se passe pas dans des grandes villes bien connues comme c'est le cas pour Mercy Thompson, Rebecca Kean et Charley Davidson. Personnellement, ça me fait encore plus croire à la possibilité d'un tel univers. Je ne connais pas Atlanta donc je ne sais pas du tout si celles et ceux qui connaissent, reconnaissent un peu la ville mais j'aime l'ambiance qu'Ilona Andrews installe. Dans Kate Daniels, la magie et la technologie se disputent la place prédominante. On apprend que la magie a dominé la Terre pendant longtemps avant de disparaître complètement et de laisser la place à la technologie. Cependant, depuis plusieurs années des vagues de magie refont surface et avec elles, des créatures oubliées comme des muteurs, les vampires et autres sorciers à la magie de sang. Je trouve son concept très intéressant avec ces vagues de technologie et de magie qui se succèdent et dont les effets sont différents. J'ai beaucoup aimé que pendant la magie, les voitures et téléphones ne fonctionnent pas et qu'inversement en temps de vague tech ce soit les objets magiques qui soient diminués. Les personnages doivent composer avec ces facteurs et ça rend le récit vraiment intéressant. Il n'y a pas de "solution miracle" où Kate est à son avantage tout le temps.

Parmi le bestiaire, on rencontre dans ce premier tome essentiellement des muteurs et des vampires qui sont je dois le dire très inventifs. Le système du vampire est assez unique en son genre et personnellement j'ai bien accroché alors que d'habitude je déteste les vampires (sachez que je suis TOUJOURS pour les muteurs). Les vampires ne sont ni plus ni moins que des cadavres manipulés à distance par des nécromanciens. The People comme s'appellent ces nécromanciens ont leur base dans un Casino. La ville est bien divisée en quartier dans lesquels il n'est pas facile d'entrer.
En ce qui concerne les muteurs, ils se regroupent en meute en fonction de leur espèce, chacune dirigée par un alpha et au-dessus d'eux, le Beast Lord, le roi des muteurs. Alors si vous connaissez Kate Daniels, vous connaissez déjà Curran...
Curran...J'aime énormément le personnage notamment parce qu'il se dévoile petit à petit. C'est un peu difficile de donner mon avis sur lui après avoir lu les trois premiers volumes parce que mon opinion s'est modifiée mais je vais tenter de vous dire ce que j'ai éprouvé pour le personnage au premier tome. Je l'ai trouvé un peu horripilant mais aussi fascinant parce qu'il est dangereux et que ses réactions ne sont pas toujours prédictibles. C'est vraiment un personnage qui évolue beaucoup.

Quant à Kate, je l'adore. C'est une héroïne très secrète et très réservée ce qui est assez étonnant car le récit est à la première personne du singulier, ce qui rend l'écriture d'autant plus intéressante. Elle ne manque pas d'humour, à l'image de sa première rencontre - mémorable - avec Curran, ni d'acharnement. J'aime aussi beaucoup sa personnalité et son pouvoir très particulier qui recèle de nombreuses énigmes. Dans ce premier tome, elle va chercher à retrouver le meurtrier de son tuteur par n'importe quel moyen, même si cela doit la mettre en danger, bien plus qu'on ne l'imagine. Autre détail mais qui a de l'importance pour moi, Kate n'est pas une super bombe qui fait tomber tous les hommes. Elle est très jolie et athlétique certes, vu son parcours et sa vie mais elle n'est pas reversante. C'est sa personnalité qui la rend attirante et j'aime beaucoup. Je trouve toujours plus facile de s'identifier à un personnage s'il n'est pas parfait, super beau, super fort, sans faiblesse etc. Kate est super équilibrée de ce point de vue et j'adore.

On sent bien que ce premier tome est une introduction à l'univers de Kate Daniels avec plein de pistes ouvertes même si l'intrigue est close. Les personnages principaux restent très mystérieux et ça donne envie de lire la suite pour mieux les connaître. C'est bien écrit, très pertinent dans les choix de narration et l'univers est original tout en conservant plusieurs bases bien connues.
Après avoir lu ce tome 1, j'ai rapidement plongé dans la suite mais je vous garde ça pour une autre chronique.
En attendant, si vous ne connaissez pas Kate Daniels, FONCEZ!!!
Bonne lecture. 

vendredi 23 novembre 2018

Wicked and the Wallflower - Bareknuckle Bastards #1 - Sarah MacLean

A+

Je suis accro à Sarah MacLean. Elle a produit ma romance préférée Nine rules to break when romancing a rake et depuis je la suis avec attention. En plus, Sarah est une personnalité super cool que je vous conseille de suivre sur Instagram et Facebook. Quand j'ai vu l'année dernière qu'elle allait sortir une nouvelle série, j'étais dans les starting block. Quand j'ai eu accès au résumé, j'étais littéralement impatiente. Je n'ai pas été déçue.

The Barenuckle bastards est le nom que se donnent deux frères, Devil et Beast qui font la loi dans les quartiers pauvres de Londres. A la force de leurs poings et de leur détermination, ils ont réussi à conquérir leur propre espace et à monter leur entreprise. Tous deux fils bâtards du même duc, ils ont scellé un pacte des années plus tôt. Or il se trouve que leur frère, lui aussi bâtard de ce même duc mais reconnu comme héritier par ce dernier, est de retour à Londres avec la ferme intention de se trouver une épouse. Devil et Beast voient rouge, le duc contrevint explicitement à leur accord et Devil est prêt à tout pour empêcher son frère d'arriver à ses fins. 

Felicity Faircloth est la risée de Londres depuis qu'elle a été surprise dans les appartements privés d'un aristocrate alors qu'elle cherchait simplement un endroit au calme. Poussée par une famille aux aboies, la jeune femme rêve malgré tout d'une histoire d'amour. Surprise par Devil dans le jardin du duc, ce dernier voit en la jeune femme le moyen d'empêcher son frère de prendre femme. C'était sans compter sur la personnalité déterminée de Felicity et les faiblesses de Devil.

Je vous vois venir, il y a quelques semaines je râlais sévère après Lorraine Heath pour un revenge plan dans son nouveau Beyond scandal and desire. Alors oui, on ne va pas se mentir, Wicked and the Wallflower part effectivement du même postulat, MAIS, le traitement du héros et la personnalité de l'héroïne font que le roman ne tourne pas du tout de la même manière. Déjà, Devil tombe amoureux de Felicity très vite et pas du genre, pants feelings, il est vraiment attiré par la personnalité de Felicity et très vite il se rend compte que l'utiliser est cruel et qu'il n'a pas envie de mettre son plan à exécution même s'il se retrouve coincé. C'est un détail auquel j'apporte beaucoup d'importance parce que je trouve lassant que les héros masculins tombent amoureux de l'héroïne juste parce que ça bouge dans leur pantalon. Devon/Devil est fascinée par la personnalité de Felicity et ça fait du bien à lire. 
C'est renforcé par Beast et leur sœur qui lui disent plusieurs fois qu'il fait fausse route, ce qu'il admet très volontiers. Pour moi c'était un exercice ultra périlleux de rendre Devil sympathique malgré son plan mais il a de vrais sentiments, il n'est pas du tout aussi froid que le héros de Beyond scandal and desire

Certains et certaines d'entre vous ne seront peut-être pas d'accord avec moi mais j'ai trouvé l'ensemble bien mieux amené que chez Lorraine Heath. Ce qui joue aussi c'est que Devil n'a pas l'intention de grimper dans les échelons de la société, être un homme de l'ombre lui va bien. Il ne jalouse pas la position de son frère, il a de la haine pour leur père décédé et veut surtout protéger sa sœur, véritable héritière du titre ducal (oui ils ont une histoire familiale compliquée). Il est de fait, bien plus attachant. 

D'autre part, j'ai ADORE Felicity. Elle est vive, intelligente, drôle et déterminée. Elle crochète des portes, c'est certes un détail mais ça la rend différente. Elle non plus n'a pas une famille facile et elle va découvrir des choses sur eux au fur et à mesure que le roman avance, ce qui va mettre Devil assez en colère! L'alchimie entre eux fonctionnent extrêmement bien et Felicity n'est pas du tout effrayée par l'univers de Devil, elle est même très curieuse car comme lui, elle est à la marge de son propre monde. Cette rencontre va aussi lui permettre de s'émanciper, de sortir de sa coquille et de faire la différence entre ce qu'elle veut vraiment et ce qu'elle croyait vouloir. On sent bien avec Felicity le poids de la société victorienne. Les rumeurs, les scandales, les petites jalousies, tout ce qui peut affecter la vie d'une personne pour pas grand chose, sont bien mis en scène par Sarah MacLean. 

J'ai donc beaucoup aimé le couple principal mais aussi l'histoire, son déroulement, les rebondissements et les personnages secondaires. L'écriture de Sarah est toujours maîtrisée et très drôle. 



Bref, je l'ai boulotté hyper vite et j'ai pris énormément de plaisir à lire cette romance, c'est même la meilleure que j'ai pu lire cette année et j'attends impatiemment la suite de la série. 

mercredi 21 novembre 2018

Girls of Paper and Fire - Natasha NGan

B+

TW: Ce roman contient des scènes de violences et de violences sexuelles envers les femmes. 

J'ai reçu Girls of paper and fire dans la box Fairyloot d'octobre sur le thème des Beautiful deceptions. La box en soit valait le coup et quand j'ai découvert le livre j'étais plus que contente. En effet, Girls of paper and fire promettait un roman inspiré de la mythologie asiatique car l'auteure, Natasha Ngan a grandi en Malaisie avant de vivre en Angleterre et d'être installée à Paris maintenant. Moi qui était à la recherche de diversité en littérature Fantasy j'étais ravie d'être plongée dans un univers asiatique que je connais très mal. J'ai donc plongé dans le roman tête baissée. 

Girls of paper and fire nous raconte donc l'histoire de Lei, jeune fille de la caste de Papier - la caste des humains - qui travaille dans l'herboristerie de son père avec Tien, une membre de la caste d'Argent - mi démon mi humain. Dix ans auparavant la mère de Lei a été emmenée avec d'autres femmes du village par la garde royale et la jeune fille n'a jamais eu de nouvelles de sa mère. Le Royaume est gouverné par la caste de la Lune, une caste de démons avec à sa tête le Roi Taureau. Chaque année, huit jeunes filles de papier sont choisies pour être les concubines du roi avant d'être remplacées l'année suivante par de nouvelles jeunes filles. A cause d'un général qui veut se racheter aux yeux de l'Empereur, Lei est arrachée à sa famille et conduite au Palais Dissimulé pour devenir la neuvième concubine du roi. Commence pour Lei une lutte acharnée pour sa survie dans un environnement violent et sans pitié. 

Avant de parler plus avant du récit, de sa structure narrative, de ce que j'ai aimé ou non, je voudrais faire un point sur ce qu'on trouve en début d'ouvrage. L'auteure Natasha Ngan, précise bien qu'il y a dans ce roman de la violence sexuelle envers des femmes. C'est très rare de voir ce genre d'avertissement mais je trouve ça extrêmement utile. En lisant le résumé, on se doute que devenir la concubine du roi sans l'avoir choisi, correspond à une violence sexuelle indéniable mais marquer clairement en début d'ouvrage "Attention", je pense que cela permettra à plusieurs lecteurs et lectrices d'éviter de se retrouver face à une lecture angoissante. Plus intéressant encore, Natasha Ngan prend la peine d'écrire une note pour expliquer pourquoi elle a choisi ce thème délicat et pourquoi il est important d'en parler. Elle donne enfin la liste des organismes anglais - mon édition est l'édition britannique - qui peuvent aider toutes les victimes de violences. J'ai pris la page en photo si jamais vous voulez voir. 
Parmi les critiques que j'ai lu sur goodreads, certaines fustigent le texte en disant qu'à chaque page il y a des menaces de viols ou de scènes de viols. C'est faux. Le roman est évidemment emprunt d'une très grande tension et l'ambiance n'est pas saine du tout mais l'auteure ne tombe jamais dans le voyeurisme ou la violence gratuite. Je tiens à préciser aussi qu'on assiste à aucune scène de viols. On assiste à l'avant, à l'après mais jamais pendant et Natasha Ngan parvient à nous faire tout comprendre malgré ça. Le roman est violent et libre à vous de le lire ou pas, on ne pourrait pas vous juger pour ça. 

Le roman bénéficie d'une vraie ambiance asiatique. The hidden palace fait bien entendu penser à la cité interdite chinoise, les vêtements en soie - sari ou kimono - nous mettent dans un contexte oriental ainsi que les prénoms des personnages. C'était vraiment super de lire un roman qui ne se passe pas en occident et qui ne prend pas les mêmes référents culturels. J'aimerai lire tellement plus de romans comme ça à l'image de Qui a peur de la mort? de Nnedi Okorafor ou Children of blood and bone de Tomi Adeyemi. 
Le côté vase clos du harem royal est aussi très bien rendu avec toute la préparation que ce rôle impose que ce soit des cours de maintient, d'histoire ou de méditation. 

Il s'agit aussi d'un roman très majoritairement féminin avec, je dois l'avouer, une très grande maîtrise des personnages. Les femmes représentées sont très variées et pas du tout manichéennes. Elles sont complexes, parfois paradoxales comme peuvent l'être les êtres humains en général. Il n'y a ni personnages franchement mauvais ni entièrement bons. Toutes ont quelque chose à se reprocher en vérité. Blue par exemple apparaît comme détestable mais elle prend de la profondeur lorsque l'on comprend son histoire personnelle ou lorsqu'on juge ses actions à travers le prisme de son amitié avec Mariko, qui elle-même est plus intéressante qu'on ne le pense. Aoki, la plus jeune des concubines, partagée entre son amitié pour Lei et son amour (syndrome de Stockholm on devrait dire) pour le roi...Toutes ces femmes que l'on rencontre sont diverses et très bien campées par l'auteure. De ce point de vue là, le roman est une vraie réussite.
Lei en particulier est intéressante. La narration se déroule de son point de vue à la première personne et il est extrêmement facile de deviner tous les tourments qu'elle éprouve. Que ce soit son dégoût d'être au palais dans cette vie qu'elle n'a pas choisie, son inquiétude pour son père et Tien ou encore son désarrois face à son manque de courage pour agir parfois, la rende très attachante parce que complexe. 
Bonus s'il en est, il y a dans Girls of paper and fire une très jolie histoire d'amour lesbienne. Encore une fois, l'auteure fait preuve de beaucoup de subtilité. La romance est belle, touchante, émouvante et la sensualité est très bien rendue. Je ne m'y attendais pas du tout mais c'était une excellente surprise. En effet, j'avais un peu peur du côté Stockholm avec une héroïne qui tomberait amoureuse de quelqu'un d'assez douteux mais l'auteure ne choisit pas cette voie et c'est tant mieux. 

Le roi est quelqu'un de particulièrement détestable, que Natasha Ngan maintient dans cet état jusqu'au bout du roman. Elle n'en fait pas quelqu'un de touchant malgré les insécurités du monarque qui transparaissent de temps à autre. Ses fragilités ne rachètent pas un comportement violent et abusif et c'est assez libérateur à lire. Du coup, l'ambiance du roman est très bien rendue avec une lourdeur et une dangerosité que l'on devine très bien derrière le faste de la cour. Le moindre faux pas peut être le dernier et on est tendu à la lecture, qui se fait d'ailleurs très rapidement!

Malgré tout ça, il y a quelques raisons qui font que Girls of paper and fire ne fut pas un coup de cœur. Tout d'abord, bien que l'ambiance asiatique soit extrêmement bien rendue, je m'attendais à plus de Fantasy. En fait, hormis le fait que certaines personnes soient des démons à l'apparence d'animaux anthropomorphes, je ne vois pas trop de différences avec simplement une hiérarchie sociale forte. Il m'a manqué un brin de magie, de pouvoir que l'on a dans les shamans qui sont à la cours mais qu'on ne voit jamais. On n'en connait aucun et finalement ils restent très abstraits.
On nous parle tout le temps des yeux de l'héroïne qui ont une couleur particulière, dorée plus proche de ce qu'on trouve chez les Moon cast que chez les Paper. Au final, cet élément reste inexploité. On ne sait pas si c'est dû à un hasard génétique ou autre mais j'ai eu l'impression que c'était là simplement pour justifier le fait qu'elle soit emmenée à la cour.
Un autre personnage n'est pas du tout exploité et je le regrette vraiment, il s'agit de Naja, la renarde blanche qui fait partie de la garde rapprochée de l'Empereur. C'est un personnage qui a l'air extrêmement complexe et profond et on ne fait que le survoler. J'aurai aimé que l'auteure lui applique le même traitement soigné qu'aux autres personnages féminins du roman.
J'aurais aussi aimé que l'univers autour soit plus développé, j'ai eu l'impression de passer à côté de quelque chose car pendant les deux premiers tiers du roman on reste finalement très en vase clos avec une héroïne qui vient d'un village si éloigné qu'elle ne connait quasiment rien à l'organisation politique de son royaume.


Et puis, le roman se présente comme un stand-alone, qui peut se lire seul avec un début, un milieu et une fin. Or...non. Clairement non, vu les deux dernières pages, le roman ne peut pas s'arrêter là ou alors il n'est pas fini et c'est frustrant. Je m'attendais vraiment à un ouvrage unique et constater qu'il s'agit d'une nouvelle série, à la fin, ça m'a déplu. D'autant que, contrairement à The traitor's kiss qui pouvait très bien se finir là, ce n'est vraiment pas le cas de Girls of paper and fire. Je reste donc sur ma faim et c'est dommage.


Girls of paper and fire est un très bon roman qui m'a dans l'ensemble bien plu. Même s'il ne s'agit pas d'un coup de cœur, il est quand même très intéressant à lire, ne serait-ce que pour ces personnages féminins finement dépeint, toutes en nuance. Il est sorti en octobre 2018 en Angleterre, je ne sais pas s'il sera traduit bientôt mais si vous avez l'info, n'hésitez pas à la mettre dans les commentaires. J'attends avec impatience le nouveau roman de ma box Fairyloot, le mois de novembre 2018 sera sous le signe de la SF!
Bonne lecture. 

dimanche 18 novembre 2018

The Nightingale sisters (Les soeurs du Nightingale) - Nightingales #2 - Donna Douglas

A

ATTENTION POSSIBLES SPOILERS SUR LE TOME 1 DE LA SÉRIE

Présentation de l'éditeur:  Londres, 1936
Pour les élèves infirmières à l'hôpital Nightingale, les sœurs des services sont sans coeur. Pourtant, malgré ce que pensent les étudiantes, même elles ont leurs propres angoisses… Violet est la nouvelle sœur de nuit. Volontairement distante, elle semble dissimuler un sombre secret. Alors que le mystère s'épaissit, sœur Wren est déterminée à découvrir la vérité. Dora respire un peu mieux depuis le départ d'Alf, son beau-père. Mais son attirance pour Nick, son voisin qui l'a repoussée, la bouleverse énormément. Une nouvelle rencontre fait naître la possibilité de lui redonner le sourire. Peut-elle se remettre si aisément de son amour perdu ? Millie est aussi déchirée entre les deux hommes de sa vie. Mais une amitié inattendue avec une patiente âgée lui fait prendre conscience qu'entre son cœur et son devoir, il faudra peut-être choisir. Alors que la nation est en deuil du roi George V, il semble que jamais plus rien ne sera comme avant pour les femmes du Nightingale…

Nous voila de retour pour la suite des aventures des apprenties infirmière du Nightingale. Si vous n'avez pas lu la chronique du tome 1, je vous conseille de le faire avant.

Dans ce second tome, nous suivons toujours nos trois héroïnes rencontrées dans le tome précédent mais nous découvrons également une nouvelle jeune femme Violet, qui n'est pas une apprentie mais bien une infirmière confirmée. Comme dans le premier opus, Donna Douglas, explore à la fois les personnalités et histoires de chacune de ses femmes sans perdre de vue l'ambiance globale du Londres de la fin des années trente. 

Avec Violet c'est encore un autre aspect de la société qui nous est dévoilé. Je ne vais pas vous dire quoi exactement car cela reviendrait à vous divulguer l'histoire de Violet mais je l'ai trouvé très intéressante et finement traité. On éprouve beaucoup d'empathie pour le personnage.  
Dora est toujours mon personnage préféré et son histoire s'approfondie de même que tout ce qui l'entoure. Les relations se font plus complexes plus difficiles mais sont tout aussi passionnante. C'est vraiment un personnage que j'ai trouvé très fin, très bien maîtrisé pour lequel l'empathie est très facile.
Millie prend aussi un peu plus d'ampleur. Sa fragilité laisse place à différentes résolutions - je ne suis pas toujours d'accord avec les choix de Millie mais cela va être intéressant de voir comment elle va gérer ça par la suite. Quant à Helen, elle poursuit son chemin. C'est assez agréable de les voir grandir à tous points de vues, non seulement dans leur vie personnelle mais aussi au sein même de l’hôpital. Ce ne sont plus des novices, elles ont plusieurs mois de pratique et on les sent plus affirmé.

On pourrait croire que le personnel prend le pas sur le professionnel mais non, Donna Douglas maintient très bien les deux. Nous rencontrons de nouveaux patients et de nouvelles patientes ce qui complète l'univers du Nightingale. On explore également d'autres membres de l’hôpital, des gens qu'on apprécie et d'autres qu'on déteste!

The Nightingale sisters parvient à conserver ce côté intimiste de destins de femmes, leur place dans la société et à l'hôpital tout en explorant un peu plus le quotidien pré Seconde Guerre Mondiale. George V meurt, le nouvel an arrive et avec l'année 1937, on s'approche un peu plus des années les plus sombres du XXe siècle.

La série est loin d'être finie, elle compte 9 volumes centrés sur le Nightingale durant les années 1936-1945 (ainsi que plusieurs novellas). Un tome 10 vient d'être publié (octobre 2018) qui se passe cette fois en 1914, peut-être le début d'une nouvelle série? Côté VF, Charleston a sorti les deux premiers tomes mais pour l'instant pas d'annonce pour le tome 3, en espérant qu'il arrive pour 2019! 

vendredi 16 novembre 2018

Uprooted (Déracinée) - Noami Novik

A+


Présentation de l'éditeur: Depuis toujours, le village de Dvernik est protégé des assauts du Bois – une forêt maléfique douée d’une volonté propre – par le «Dragon», un puissant magicien. Celui-ci, en échange de ses services, prélève un lourd tribut : à chaque génération, la plus jolie jeune femme de la communauté disparaît dans sa tour. Cette année, c’est Kasia qui sera choisie. Forcément, c’est la plus belle, la plus populaire. Personne n’en doute, et encore moins Agnieszka, qui n’a jamais voulu de cet honneur. Mais les choses ne vont pourtant pas se passer comme prévu, et Agnieszka va découvrir un monde au-delà de l’entendement...

Uprooted fait parti de ces romans qui vont soit beaucoup plaire, soit ne pas plaire du tout. Ce n'est pas un roman facile d'accès: ni la narration, ni les personnages ne vous aideront à vous sentir dans un cocon mais c'est fait exprès. A l'instar de son héroïne, le lecteur, la lectrice, est déraciné-e, mis hors de sa zone de confort et perdu-e dans un univers qu'il-elle ne connait pas. Je mets donc en garde. Si j'ai vraiment BEAUCOUP aimé le roman, je ne suis pas sûre qu'il convienne ni qu'il soit apprécié par tout le monde. Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenu. 

L'histoire commence dans le petit village de Dvernik à l'orée du Bois dans lequel personne ne s'aventure jamais. Tous les dix ans le "Dragon", un sorcier, vient choisir une jeune fille qu'il emmène dans sa tour avant de la relâcher. Bien que les filles assurent que le Dragon ne les touche pas ni ne leur fait du mal, personne au village ne le croit vraiment et elles finissent toutes par partir à la ville, loin du village où se sont des étrangères. 

Agnieszka et son amie Kasia font partie de la génération qui doit être sélectionnée même si tout le monde sait que c'est Kasia qui sera choisi. C'est la plus belle, la plus douée et sa mère l'a entraînée depuis son jeune âge pour être une aide pour le Dragon. Je vous laisse imaginer la stupéfaction du village, d'Agnieszka et du Dragon lui-même lorsqu'il comprend que l'élue dont il a besoin n'est pas la belle Kasia mais la brouillonne Agnieszka. A peine le temps de dire au revoir qu'elle disparaît avec le Dragon dans sa tour loin du village pour dix ans.

A partir de là, attendez-vous à tâtonner comme Agnieszka parce que le Dragon n'est pas vraiment un personnage facile qui met à l'aise. Pendant un long moment on est perdu dans ce qui se passe, pourquoi le Dragon emmène des jeunes filles, pourquoi vit-il reclus dans cette Tour alors qu'il est visiblement le plus grand des magiciens du royaume... 
Je sais que ce choix peut sembler brouillon et peut dérouter mais personnellement, j'ai trouvé ce choix de narration extrêmement pertinent car il colle en tout point à l'expérience de l'héroïne et on n'a aucun mal à imaginer ce qu'Agnieszka est en train de vivre, ce tourbillon d'émotion pas très clair. 


Cependant à mesure que le roman avance et qu'Agnieszka acquiert des connaissances, nous aussi et plus la jeune femme est à l'aise avec l'univers autour, plus nous le sommes. C'est véritablement en ça que j'ai trouvé le roman brillant. D'abord perdus, nous devenons ensuite extrêmement à l'aise dans notre compréhension de l'univers et de ses enjeux. 

Agnieszka est très attachante. C'est une jeune fille maladroite qui ne ressemble pas à sa parfaite Kasia. Elle se trompe, se salit, déchire ses vêtements et ne semble pas douée pour la magie que veut lui imposer le Dragon parce qu'elle a la sienne, une magie bien plus primitive et profonde, faite de la terre et du Bois maudit. Ce que j'ai aussi aimé avec ce personnage c'est qu'elle évolue très subtilement. La Agnieszka de la fin n'a rien à voir avec celle du début du roman mais vous ne vous en rendez pas vraiment compte à la lecture, ça glisse tout seul. 
Il y a autour d'Agnieszka et de Kasia une très belle histoire d'amitié faite d'entraide et de confiance mutuelle. J'aime beaucoup ce qu'elle a fait de leur relation qu'elle aurait très bien pu transformer en rivalité à un certain point mais non. Naomi Novik nous offre une très jolie amitié féminine, débarrassée de cette jalousie et rivalité que l'on retrouve trop souvent dans les romans.
Le Dragon quant à lui n'est pas facile d'accès comme je le disais mais si on va jusqu'au bout du roman on apprend à décoder sa personnalité, à voir derrière le masque qu'il s'est imposé. C'est un vieux magicien dans le corps d'un très jeune homme et son passé l'a rendu amer et fermé, concentré sur la malédiction du bois. Il me fait au 11ème Doctor joué par Matt Smith dans Doctor Who. C'est air juvénile qui renferme un très vieil esprit. 


Si on occulte tout ça, il reste un élément que j'ai VRAIMENT beaucoup aimé avec Uprooted c'est qu'il s'agit d'un conte. Un vrai conte à l'ancienne, ces contes noirs et légèrement cruels que les Grimm ont mis sur papier il y a plusieurs siècles. Naomi Novik réussit à créer un conte comme on en lit peu et tout tient dans ce Bois maléfique. Respirer l'air du Bois suffit à vous transformer et ce dernier avance, manipulant les gens et les royaumes pour s'étendre au delà des limites que lui a conféré l'être humain. La deuxième moitié du roman est tout simplement géniale jusqu'au dénouement final digne d'un conte de Grimm ou de Perrault. Cela faisait très très très longtemps que je n'avais pas lu ce genre de roman comme si j'avais à nouveau six ans et que je pouvais croire que des hommes fait de bois pouvaient sortir de la forêt pour kidnapper des gens. L'histoire du Bois couplé à la magie d'Agnieszka rendent le roman excellent. 

D'une certaine façon, Uprooted me fait très fortement penser à The Book of lost things (Le livre des choses perdues) de Connolly. Déjà si vous ne l'avez pas lu, il le FAUT, c'est un INCONTOURNABLE de la littérature de l'imaginaire. Il est extrêmement bien écrit et comme Uprooted il s'agit d'un conte mais un conte TRÈS noir et très cruel. On retrouve cette même atmosphère pesante, ces mêmes personnages horribles, monstres comme humains, et un personnage principal perdu dans ses émotions et dans ce qu'il est. Si vous avez aimé The book of lost things je pense que Uprooted vous plaira également. 

C'est difficile de parler de ce roman sans dévoiler des moments clefs de l'intrigue qui m'ont réellement captivée mais même si je reconnais que le début est un peu laborieux, il vaut largement la peine de s'accrocher car il gagne en fluidité et ce révèle être un vrai coup de cœur pour moi. J'ai très envie de lire d'autres romans de cette auteure maintenant, voir si celui-ci était une première dans son écriture où s'il s'agit d'un style propre à Naomi Novik. Je ne suis pas étonnée qu'elle ait remporté un très grand prix littéraire pour Uprooted, selon moi c'était largement mérité. 

Et vous, l'avez-vous lu? La connaissez-vous? Qu'en avez-vous pensé? 
Bonne lecture!

mercredi 14 novembre 2018

The Nightingale girls (Les filles du Nightingale) - Nightingale #1 - Donna Douglas

A


Trois jeunes femmes complètement différentes deviennent apprenties infirmières dans un grand hôpital.
Dora a décidé de quitter sa misérable maison bondée de la classe ouvrière pour une meilleure vie, mais également pour échapper à son détestable beau-père. Possède-t-elle ce qu’il faut pour suivre les autres filles mieux éduquées ?
Helen est la plus calme des trois, une jeune femme qui évite toute sorte d’amusement. Dans l’ombre de sa toute puissante mère, administratrice de l’hôpital et de la vie de sa fille, arrivera-t-elle à trouver sa propre voie ?
Millie, Lady Camilla, est une aristocrate rebelle, dont l’attitude insouciante lui vaudra de se heurter encore et
encore à l’infirmière en chef, la terrifiante Sister Hyde. Retournera-t-elle à la vie luxueuse pour laquelle elle est
née ou gardera-t-elle courage pour continuer sa carrière?

En tant que libraire, nous sommes souvent confronté-e-s aux préjugés des lecteurs, des lectrices mais aussi des collègues. Comme vous vous en doutez, la romance publiée en français par J'ai lu, Harlequin, Milady, est quasiment bannie des rayonnages des librairies indépendantes, vue comme une sous-littérature indigne de côtoyer Camus ou même Simenon. Cependant, un autre genre littéraire souffre aussi de préjugés tenaces, le roman dit "féminin". Alors je ne vais pas passer trente ans sur l'absurdité d'une telle dénomination qui non seulement induit l'idée que hommes et femmes ne peuvent pas lire la même chose - sexisme youpi - mais qui aussi hiérarchise la littérature de façon insidieuse. 
Ce que je peux vous dire en revanche, c'est qu'au quotidien, il faut souvent se battre pour imposer la littérature féminine vue comme nunuche et sans profondeur. 

The Nightingale girls ou Les Filles du Nightingale traduit en France par Charleston, fait parti des romans que l'on doit défendre vraiment auprès des client-e-s. Beaucoup pensent que le roman féminin ne sait pas être profond, qu'il est obligatoirement frivole. Or, la série du Nightingale n'est pas du tout frivole. Elle expose avec beaucoup de finesse et de subtilité, des destins de femmes prises dans la tourmente d'une société et d'une époque bien définies.

Dans ce premier tome nous rencontrons trois jeunes femmes qui n'ont apparemment rien en commun. Dora, la jeune fille travailleuse mais qui vient de la classe ouvrière, Helen, la fille de bonne famille qui subit une pression maternelle intense et Millie, l'aristocrate désinvolte qui cherche le sens de sa vie. A priori, rien ne les prédestinait à se rencontrer ni à devenir amies, sauf leur engament au Nightingale, un hôpital londonien. 

J'ai beaucoup aimé le travail de l'auteure sur le décor et le contexte historique qui permet de comprendre les personnages et de les situer dans leur époque. On comprend bien l'importance de la classe sociale, du rang et de la légitimité des unes et des autres à être là. Le monde médical des infirmières de l'époque est surtout composé de filles de la classe moyenne qui voient là un bon moyen d'épouser un médecin et donc de s'élever socialement. Les trois filles auxquelles le roman s'intéresse sont toutes les trois à la marge de cette représentation sociale du Nightingale. Dora vient d'un milieu très modeste, n'a pas l'argent pour s'offrir les manuels et se montre très fière de se débrouiller seule. Millie au contraire est une aristocrate, donc les autres filles ne comprennent pas pourquoi elle vient apprendre le métier d'infirmière alors qu'elle pourrait faire un beau mariage sans se fatiguer. Quant à Helen, la position de sa mère au sein du comité de l'hôpital lui donne une position très jalousée auprès des autres élèves. Chacune va rencontrer des difficultés à s'intégrer au Nightingale, que ce soit à cause de leur personnalité, leurs compétences ou bien des préjugés dont on les affuble. 

Chacune de ces filles possède une vraie profondeur, une vraie personnalité. J'ai beaucoup aimé Dora, c'est une fille d'un courage inouï qui se bat pour bien plus que de se faire une place dans la société. Elle cache un très lourd secret et ce qui se passe dans son quartier est proprement passionnant. Entourée de sa famille, de son horrible beau-père, de son meilleur ami et de son amie Ruby, c'est une jeune femme à laquelle je me suis vraiment beaucoup attachée. 
Je suis moins attachée à Millie et Helen parce que je me retrouve sans doute moins en elle, malgré tout Millie est très intéressante. Loin d'être une petite fille pourrie gâtée, elle essaye désespérément de se sortir du carcan dans lequel l'a mise sa naissance. Elle a l'air frivole et désinvolte, je l'ai trouvé vulnérable et fragile. Quant à Helen, j'ai beaucoup aimé la voir sortir de sa coquille, tenir tête à sa mère et s'imposer. Si vous avez déjà vu le film de danse Center Stage (que je vous recommande fort fort fort), elle me fait penser au personnage de Maureen qui va devoir s'affirmer contre sa mère qui a décidé à l'avance de la carrière de sa fille. En plus, elle vit une histoire d'amour extrêmement chou! 

A côté de ces jeunes femmes que l'on suit pendant un an, durant lequel elles vont grandir et s'affirmer, on est plongé dans le Londres de 1936, où la montée de l'extrême droite est palpable. Dans le quartier de Dora, c'est avec son beau-frère, engagé dans les blackshirts - groupuscule inspiré des chemises brunes allemandes et des chemises noires de Mussolini - que l'on se rend compte de ce qui se passe à cette époque où la guerre n'est plus très loin. Ça se sent aussi dans le milieu aristocratique de Millie qui est - je le rappelle - très majoritairement favorable à Hitler. 

Oui, The Nightingale girls est un roman sur trois femmes qui vont grandir, apprendre, vivre mais ce n'est pas tout rose et paillette. Elles sont chacune confrontés à leurs démons mais aussi à la société qui les entoure et qui est loin, très loin, d'être généreuse avec elles. Elles sont attachantes chacune à leur façon et font preuve de courage lorsqu'il le faut. Loin d'être "nunuche", ce premier tome passionnera celles et ceux qui s'intéresse à ces années pré Seconde Guerre mondiale. Bien entendu, si vous aimez Call the Midwife vous serez sans aucun doute séduit-e-s par cette série. Le tome 2 est déjà publié en français, je vous retrouve donc dimanche pour sa chronique. 
A très vite et bonne lecture. 

dimanche 11 novembre 2018

Cinder - The Lunar Chronicles #1 - Marissa Meyer

A

Présentation de l'éditeur: Humains et androïdes cohabitent tant bien que mal dans la ville de Néo-Beijing.

Une terrible épidémie ravage la population. Dans l’Espace, un peuple sans pitié attend son heure…
Personne n’imagine que le salut de la planète Terre repose sur Cinder, brimée par son horrible belle-mère. Car la jeune fille, simple mécanicienne à demi humaine, détient sans le savoir un secret incroyable, un secret pour lequel certains seraient prêts à tuer…

Je sais, je sais, je suis à la bourre. Qui ne connait pas encore The Lunar Chronicles de Marissa Meyer hormis moi? Vraiment on se le demande. En vrai, vous vous en doutez peut-être mais avec le travail de libraire, le temps de lecture est compté. On ne passe pas sa journée à lire (malheureusement) et le rythme des publications s'enchaîne tellement vite qu'on a parfois à peine de temps de se retourner. Comme ça m'est arrivé avec pas mal d'autres romans très connus, j'ai tout simplement loupé cette série à la sortie. J'ai aussi beaucoup hésité avant d'acheter le tome 1, je n'étais pas sûre que ça me plaise même si j'ai toujours trouvé la couverture très attirante et intrigante.

Je me suis enfin penchée sur le roman lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la diversité des représentations dans la littérature Young adult de Fantasy et SF. Parmi les ouvrages proposés, Cinder revenait régulièrement et pour cause...l'histoire se passe dans un futur lointain, à New Beijing. Une dystopie avec un ancrage asiatique? Voila de quoi attirer mon attention. Plus encore, on parle d'une jeune femme cyborg et le tout emballé dans une belle réécriture de Cendrillon. Mon hésitation vaincue, je me procurais le roman. Je remercie au passage Glow de me l'avoir fait dédicacer par l'auteure lors de son passage à Paris. Thanks sweetie. 

Sans vraiment aucune surprise j'ai adoré Cinder. Le roman a absolument tout ce qu'il me fallait et je l'ai boulotté comme Cheshire les souris en chocolat que je lui offre à Noël. Il faut dire que c'est un roman qui sait parfaitement allier l'original au connu. Oui il s'agit d'une réécriture de Cendrillon avec une jeune orpheline maltraitée par sa belle-mère qui va rencontrer le prince du royaume. Malgré tout cette réécriture n'est pas du tout lourde et se fond très bien dans l'histoire que tisse Marissa Meyer et j'ai adoré l'idée d'une réécriture SF, tout simplement. Si vous cherchiez une réécriture pure de Cendrillon, passez donc votre chemin. De même ici, bien que nous soyons - à mon sens - dans la science-fantasy (science-fiction dans un univers médiéval ou fantasy dans un monde technologique), la SF tient une bonne place, aussi peut-être que le mélange Lunars/Cyborgs n'est pas pour vous. Pour moi, tout a très bien fonctionné.

Nous rencontrons donc Cinder, une jeune cyborg orpheline. De sa petite enfance en Europe et de ses parents elle n'a gardé aucun souvenir et ne sait de cette vie d'avant que ce que son père adoptif lui en a dit. Malheureusement, ce dernier est mort la laissant aux bons (non) soins de son épouse qui déteste Cinder. Il faut préciser que dans cette société de New Beijing, même si les cyborg vivent parmi la population, ils forment une caste à part qui n'est pas du tout apprécié. Ce sont des parias. Cinder est forcée par sa belle-mère de travailler sur le marché de New Beijing car la jeune femme est très douée en mécanique et notamment dans la réparation des androïdes. J'ai beaucoup, beaucoup aimé cet aspect de la personnalité de Cinder. Marissa Meyer arrive très bien à ne pas tomber dans la caricature du garçon manqué. Cinder est douée mais cet aspect de sa personnalité ne limite en rien le reste de sa personne. Elle est accompagnée d'une androïde "défectueuse" très drôle et attachante. 
Notre Cinder va rencontrer le Prince Kai et travailler pour lui. Malheureusement, l'épidémie qui ravage le pays va s'abattre sur la famille de Cinder, entraînant pour elle de lourdes conséquences (que je ne vous spoile pas par respect...mais sachez que j'en ai très envie!). 

Kai est aussi un super personnage. Jeune prince beau gosse qui a l'air assez léger, on se rend compte très rapidement qu'il est plus profond qu'il n'en a l'air. Son père est en train de mourir et la situation diplomatique avec les Lunars est de plus en plus tendue. Je l'ai trouvé très responsable et pas du tout en mode bad boy comme on trouve parfois dans la dystopie Young adult et de ce fait, il répond très bien au personnage de Cinder. La romance est là mais assez légère, elle ne parasite pas l'intrigue mais permet à Cinder d'explorer son rapport à son corps de cyborg, notamment le fait qu'elle soit BEAUCOUP cyborg, elle n'a pas juste un bras ou un pied synthétique, elle a de nombreux organes internes robot. 

J'ai trouvé très intelligent de mélanger la technologie et les Lunars qui apportent une touche de fantasy dans cette dystopie. Les Lunars sont un peuple qui vit sur la lune. Ils sont physiquement un peu différents des êtres humains mais ils possèdent aussi quelques capacités spéciales. On comprend que leur reine Levana n'est pas forcément quelqu'un de bien sympathique vu le massacre opéré au sein de la famille royale. Leur introduction dans le récit est assez fine par le biais de rumeurs, d'histoires, puis par le biais diplomatique qui permet de voir comment se comporte le reste de la planète Terre face à cette menace voilée qu'ils représentent. 
Je fus séduite aussi par le fait que l'intrigue se passe à New Beijing et que Kai soit chinois. Ça m'a plu de délocaliser l'intrigue en Asie et d'avoir un héros intéressant qui ne soit pas blanc. Par ailleurs, Marissa Meyer ne tombe dans aucun cliché sur l'Asie ou la Chine, c'est Cinder la pro en technologie or elle n'est pas chinoise. Les descriptions de la ville et de ses coutumes m'ont beaucoup plu. 

Le roman est très dynamique, il n'y a pas de temps mort et l'introduction a l'univers, son histoire, son fonctionnement, est très bien rendu. On n'est jamais perdu, on recolle vite les morceaux et comme on éprouve énormément d'empathie pour Cinder - qui n'est jamais une grande naïve sans être une surfemme - on accroche très vite. Les personnages secondaires sont très bien campés qu'il s'agisse de personnages que l'on aime ou que l'on déteste. Seuls les Lunars restent encore très mystérieux. 

Cinder n'est que le début d'une série en quatre tomes sur l'affrontement entre terriens et lunars. Si l'auteure maintient en filigrane l'histoire de Cendrillon, elle ne perd pas de vue son objectif final et le roman se termine dans un fracas de révélations et de cliffhanger bien agréable. J'ai eu l'impression en lisant ce premier tome que l'auteure avait déjà placé les bases et les personnages du reste de la série, clin d’œil passionnant qui permet à la série d'être relue avec un autre point de vue une fois finie. J'ai aussi l'impression - au vu des titres - qu'elle maintient ces réécritures de contes tout en maintenant une trame dystopique forte. J'ai hâte de poursuivre et de voir où elle va nous emmener et quel sera le propos final du roman. Il faut savoir qu'il y a aussi deux novellas/compilations parallèles à la série pour approfondir l'univers et qu'évidemment je les lirai sans doute aussi.  

Bref. Je suis à la bourre certes mais j'ai passé un excellent moment avec ce premier tome. J'ai déjà les trois autres en ma possession et je les entame dès que j'ai fini Girls of Paper and Fire de Ngan. J'espère avoir le temps de vous chroniquer cette suite et qu'elle me plaira autant que Cinder.

Et vous? Êtes-vous moins en retard que moi? N'hésitez pas à me donner votre avis sur Cinder et les autres tomes surtout! 

vendredi 9 novembre 2018

The Dangerous Lord (A la merci du vicomte) - The Lord trilogy #3- Sabrina Jeffries

D

Présentation de l'éditeur: Lorsqu’elle a accepté d’aider Katherine Hasting, Felicity n’imaginait pas que les choses tourneraient aussi mal. En effet, si elle a publié sous pseudonyme des propos diffamants au sujet de Ian Lennard dans l’Evening Gazette, c’était uniquement afin d’offrir à son amie un prétexte pour rompre des fiançailles qu’elle ne désirait plus. Mais voilà que le séduisant vicomte l’a démasquée, et il n’apprécie pas du tout d’être la cible de rumeurs qui risquent de le ruiner. Car Ian a besoin d'une épouse au plus vite pour conserver son héritage et, Felicity le comprend avec effroi, il entend bien lui faire jouer ce rôle pour lui faire payer son impertinence… 

OH MON DIEU!!! J'ai tellement mais tellement pas aimé cette romance...Il s'agit du tome 3 de la Lord Trilogy mais on peut le lire indépendamment sans aucun problème, les tomes n'ont pas l'air d'être liés. Cela dit, comme vous l'aurez compris, je vous en déconseille très fortement la lecture.

The Dangerous Lord fut une lecture horriblement frustrante. J'avais envie de hurler car à chaque fois qu'un élément narratif s'améliorait un autre partait systématiquement en sucette. Alors je préviens, je vais méchamment spoiler pour vous expliquer pourquoi je trouve que cette romance est une honte. 

Ian Lennard, récemment rentré en Angleterre a besoin de se marier rapidement afin de sécuriser son héritage (comme beaucoup de héros de romance vous en conviendrez). De son séjour en Inde, il ramène une réputation assez noire car comme de bien entendu, le ton trouve le moyen de propager des rumeurs sans bien fondé. Personnage assez sombre et réservé, marqué par son passé, ce n'est pas un homme facile d'accès. Sa personnalité, associée aux rumeurs qui parcourent le ton, font que trouver une femme n'est pas une chose aisée pour le Lord. Il finit par jeter son dévolu sur la jeune Katherine Hastings. Ce n'est clairement pas un mariage d'amour, Katherine est jeune et assez fade mais elle est gentille et Ian pense qu'elle tiendra bien son rôle et qu'ils s'entendront bien, raison ma foi suffisante pour un mariage aristocratique au XIXe siècle. Sauf que...il découvre dans l'Evening gazette, qu'un de ses secrets vient d'être révélé et de façon complètement fausse aussi, mettant de fait en péril ses fiançailles avec Katherine Hastings. On l'accuse d'entretenir une maîtresse, ce qui n'est pas très engageant on admet. Ian Lennard entre dans une rage folle car non seulement l'information est fausse mais en plus, elle menace la réputation d'une femme qu'il essaye de protéger. 
Comme notre Lord n'est pas le dernier des idiots, il découvre assez rapidement qui se cache derrière cet article, à savoir Félicity, une jeune femme qui déguise son identité pour publier des chroniques mondaines dans l'Evening Gazette

Parlons un peu de Felicity. Sur le papier, j'ai tout pour aimer le personnage: elle déguise son identité, s'infiltre dans plein de soirée mondaine pour en tirer des potins, à la façon de Lady Truelove de Laura Lee Ghurke (promis on en reparle vite!) ou de la chroniqueuse mondaine des Bridgerton de Julia Quinn. Les petits potins mondains, tant qu'ils ne détruisent la vie de personne, ça me va. De plus, Felicity a l'air assez futé pour dénicher des infos et en soit c'est quelque chose qui me plait...sauf que...je n'aime pas du tout le personnage.
Le gros problème de Felicity pour moi, ce sont ses motivations. 
Bien que ses méthodes d'investigation laissent un peu à désirer (elle voit quelque chose, en déduit une autre et écrit sans rien vérifier), elle fait ça pour empêcher son amie Katherine d'épouser un homme qu'elle n'aime pas et dont elle a peur. Ça pourrait partir d'un bon sentiment sauf qu'un peu plus tard dans le récit, on apprend que Katherine s'enfuit avec un autre homme, qu'elle aime lui, mais qui n'est pas du tout de sa classe sociale et ça met Felicity en rage. En rage, parce qu'elle estime que son amie Katherine devait épouser quelqu'un de son rang social. 
DONC...pour moi c'est horripilant. J'aurais pu comprendre qu'elle fasse ça par pure amitié mais en vrai non, elle agit pour son amie dans ce qu'elle estime ELLE être bon pour Katherine. C'est non seulement très hypocrite mais en plus elle n'hésite pas à salir un homme qui ne lui a rien fait pour arriver à ses fins.

Cela aussi ça m'a agacée, l'innocence de Ian (non pas que je cherche un héros coupable). En tant que lecteur on sait que la rumeur sur Ian est fausse, bien sûr Felicity ne le sait pas et se fie aux apparences mais j'ai eu la désagréable impression d'être du mauvais côté de la barrière, d'être pour Ian alors qu'à ce stade du récit j'aurai dû être du côté de Felicity. Ce déséquilibre m'a beaucoup dérangée. 

Il se trouve ensuite que Felicity et Ian, après une première rencontre houleuse, se retrouve à un week-end mondain chez des amis de Ian et là...chose magnifique...les ami-e-s de Ian au grand complet sont persuadés que ce dernier a mal agit envers Felicity. Alors certes, elle leur ment à moitié en leur faisant croire que Ian serait responsable de quelque chose d'impropre envers elle mais les ami-e-s de Ian gobent le tout sans discuter alors même qu'iels connaissent Ian depuis des années et Felicity depuis 30 minutes environs. Là aussi ça m'a mise en colère. En tant que féministe convaincue qui vous rabâche à longueur de post de romances l'importance de ces sujets dans ce genre littéraire (qu'on veut des héros non sexiste, qu'on doit soutenir les femmes qui déclarent avoir été victime etc), ça me fait mal d'être du côté de Ian et de voir que Felicity ment. Ce n'est pas un sujet sur lequel on doit mentir, cela fait trop de tord aux victimes et Felicity n'est pas une victime et je n'ai pas envie d'être du côté de celles et ceux qui disent: "oui mais on ne sait jamais, peut-être qu'elle ment". [Cri de rage qui réveille Cheshire]. 

Vous comprenez qu'à ce stade j'étais bien en colère...une impression de malaise, une héroïne que je détestais...jusqu'à ce qu'au milieu du roman, je commence à apercevoir une lumière. Félicity se rend compte que ce qu'elle est en train de faire à Ian est cruel et qu'il ne le mérite pas. OUI, OUI! Tu ne détruis pas la réputation d'un homme qui ne t'a rien fait en détruisant ses fiançailles et en incitant ses ami-e-s à le croire coupable d'un truc horrible. 

L'espoir quelque peu restauré, j'ai poursuivi ma lecture pour mieux tomber. Certes pas de très haut parce que je n'attendais quand même pas un miracle, faut pas abuser, mais tomber malgré tout parce qu'au moment où Felicity devient responsable et mature, c'est Ian qui déconne. Il se met littéralement à la menacer pour qu'elle l'épouse. Du chantage au mariage qui va durer quasiment jusqu'à la dernière page...l'angoisse absolue! Comment croire une seule seconde à leur histoire sans avoir envie de gerber? Sérieusement? Une héroïne égoïste, moralisatrice, menteuse et manipulatrice et un héros...égoïste, moralisateur, menteur et manipulateur.

Clairement ce roman ne fonctionne pas DU TOUT pour moi. Je suis ressortie de ma lecture extrêmement mal à l'aise et ce n'est pas ce que j'attends d'une romance.
Je vous parlais de Lady Truelove un peu plus haut. Le tome 2 de cette série est basée sur à peu près la même idée, sauf que Laura Lee Ghurke en a tiré une romance EXTREMEMENT choupichou, au point qu'elle est passé dans mon top 10. En comparant les deux, je me suis rendue compte de tout ce que Sabrina Jeffries aurait pu modifier dans son texte pour qu'il soit aussi bon que le Ghurke, surtout que je les ai quasiment lus à la suite donc les détails étaient encore bien frais dans ma mémoire.

Bref...en attendant ma chronique du Ghurke, je vous conseille plutôt de vous pencher sur un bon vieux Bridgerton, ça sera plus sain pour vos nerfs!