mercredi 31 octobre 2018

Sara - The Governess Club #3 - Ellie MacDonald


C


Présentation de l'éditeur: Quatre gouvernantes font un pacte pour gagner leur indépendance, avant que l’amour ne s’en mêle… 

Dans la communauté de Taft, la rumeur s’est répandue en quelques jours : le vaste domaine de Winden Hall accueille un nouveau propriétaire. Un homme riche, séduisant et – surtout – célibataire, venu fuir l’agitation citadine. Seule Sara, qui n’a d’yeux que pour le pasteur du village, se moque de cette nouvelle. En digne fille de pasteur, elle s’imaginait reproduire à l’identique la vie raisonnable et pieuse qu’elle a toujours connue. Mais lorsqu’elle rencontre ce nouveau voisin, un aristocrate odieux dont le seul regard suffit à la troubler, son existence bien réglée commence peu à peu à basculer… 



Je ne fais décidément rien comme il faut. J'ai pris cette série en marche et j'ai lu le tome 3, Sara et le tome 4 Louisa, dont je vous parlerai très bientôt. 

Tout d'abord, je vous conseillerai fortement de NE PAS faire comme moi. Je râlais dernièrement sur les séries qui sont "faussement" des séries (oui c'est toi que je regarde If I ever should love you), ici ce n'est pas le cas. Les tomes sont liés, les histoires également et c'est quand même bien mieux pour profiter pleinement d'un volume d'avoir lu la série dans le bon ordre. 

Cependant, même si je pense qu'il m'a manqué certains éléments pour mieux apprécier le décor global de la série, je n'ai pas été convaincue par Sara. 
Reprenons: A l'initiative de Claire, quatre jeunes femmes organisent un club de gouvernante afin de conquérir leur indépendance. Tour à tour, chacune d'entre elle va devoir affronter son propre chemin. Lorsque l'on commence Sara, Claire et Bonnie sont toutes les deux établies mais continuent leur mission auprès des enfants avec l'aide de Sara et Louisa. 

D'emblée...je n'ai pas accrochée avec Sara. J'aime bien les héroïnes mimi, un peu souris mais ici ça n'a pas pris. Le principe d'une héroïne timide, on le sent venir ici, c'est qu'au contact du héros, elle va s'affirmer et prendre sa vie en main. Cela demande une mise en place subtile et assez lente pour que le changement soit compréhensible et se fasse en douceur. Sauf que Sara n'est pas juste timide, elle est compulsivement timide. Lorsqu'on lui parle, elle est incapable de répondre et est souvent prise de panique au point de s'étouffer. Ses amies la pensent même faible et incapable de donner un avis ou de prendre une décision. Cela est appuyé aussi par la voix de sa mère décédée qu'elle entend dans sa tête, femme autoritaire et puritaine qui a élevé Sara dans un protestantisme rigide. 
Pour vous donner un exemple concret de la timidité de l'héroïne, à un moment, Louisa lui demande de dire du mal d'un mannequin qui représente une horrible paroissienne. Sara est incapable de dire du mal de ce mannequin...un mannequin en chiffon!!!
Du coup, quand elle rencontre le héros Nathan Grant, qui est plutôt du côté viril et effrayant de la force, pas vraiment du même gabarit que le pasteur, elle est incapable de lui répondre. Dans les cent vingt premières pages, on tourne un peu en rond, c'est assez frustrant même si Nathan Grant a beaucoup d'humour et compense à lui tout seul les moments carpes de Sara.

J'ai bien aimé Nathan même s'il n'est pas assez développé à mon goût. J'ai finalement eu l'impression de très peu le connaitre. C'est un ancien politicien qui s'est retiré dans un petit village car il est écœuré de la corruption et des mensonges. Il est blessé à la jambe et marche avec une canne. J'ai eu un peu peur de l'effet Dr. House car il a un côté misanthrope et cynique mais au final, Ellie MacDonald se montre plus fine que ça. Le fait qu'il soit blessé fait juste parti du personnage, ce n'est qu'un trait pour le décrire parmi d'autres et on évite l’écueil du héros tourmenté qui nous tire des larmes par son handicap.
Si on récapitule, on a: un héros assez cynique et impressionnant qui n'est pas dépourvu d'humour et qui se sent attiré par cette petite souris grise qui de son côté est maladivement timide et qui en pince pour le pasteur parce que c'est la vie calme à laquelle elle aspire.

Et donc...en l'espace de quelques pages qui représentent deux semaines de récit à peu près, Sara passe d'une admiration chaste - très chaste - pour le jeune vicaire de la paroisse à un désir débridé - très débridé - pour Nathan Grant. Elle voit le héros deux fois et il se montre bourru, à la troisième il est saoul et l'embrasse ce qui déclenche quelque chose en elle et ensuite, une fois qu'il lui a dit qu'il veut plus que l'embrasser, elle décide de jeter aux orties son éducation, ses principes moraux et religieux pour vivre une "aventure", aventure qui signifie s'enfermer avec le héros dans son domaine familial pendant une semaine pour s'envoyer en l'air. NO WAY!

Malgré tout, passé ce début chaotique, la seconde moitié du roman est plus subtile. L'auteure prend d'avantage son temps pour construire un lien entre Nathan et Sara. Si cette exécution n'est pas parfaite, elle reste néanmoins agréable et se lit bien. 
La fin est un peu abrupte car le roman se termine sur un cliffhanger qui interroge beaucoup sur le tome suivant Louisa. 

En conclusion, Sara n'est pas un mauvais roman, il est juste profondément déséquilibré et il faut attendre la moitié pour enfin se prendre au jeu. Je n'ai pas particulièrement aimé l'héroïne et le héros n'était pas assez développé...dommage.

A très vite pour la suite!

dimanche 28 octobre 2018

Dividing Eden - Eden #1 - Joelle Charbonneau


A

Présentation de l'éditeur: Lorsque leur père le roi et leur frère aîné meurent, les jumeaux Carys et Andreus doivent s’affronter dans une série d’épreuves pour déterminer lequel des deux régnera sur le royaume d’Eden.
Eux qui n’ont jamais pensé à accéder au pouvoir et qui ont passé toute leur vie à se protéger mutuellement se retrouvent en concurrence pour la première fois. Andreus bénéficie du soutien du Conseil, Carys de celui du peuple. Impossible a priori de les départager, mais, dans l’ombre, chacun intrigue pour voir son favori monter sur le trône.
Malgré leur attachement, s’engage une bataille sans merci entre le frère et la sœur. Jusqu’où sont-ils capables d’aller pour obtenir la couronne ? Peuvent-ils continuer à se faire confiance ? Doivent-ils écouter les conseils de ceux qui, prétendument pour leur bien, les éloignent l’un de l’autre ?

Cela faisait plusieurs mois que je n'avais pas lu un roman purement de Fantasy, sans dystopie ou lien avec notre univers. Je crois que mes dernières expériences remontent au désastreux Belles de Dhonielle Clayton et au sublime Strange the dreamer de Laini Taylor c'est à dire des lectures de janvier 2018. J'ai été intriguée par cette histoire de lutte fratricide et je voulais voir ce que ça donnait. Je n'ai pas été déçue.

Dans l'univers de Dividing Eden, le royaume est gouverné par le père des jumeaux, un homme qui a des idées bien arrêtées sur la masculinité et le moins que l'on puisse dire, Andreus avec son amour de la science, n'est pas dans les petits papiers de son père. Leur frère aîné, Micah, est fiancé à Imogen, une sorte de prêtresse dans le culte du royaume. Quant à leur mère la reine...on ne peut pas dire que je la porte dans mon cœur. Lorsqu'elle devrait être présente pour ses enfants, elle est complètement démissionnaire et lorsqu'il faudrait qu'elle ferme sa grande bouche, elle ne peut pas s'empêcher de l'ouvrir. Reine inutile!
Le moins que l'on puisse dire c'est que la famille des jumeaux n'est pas une famille parfaite, Carys et Andreus semblent être des exceptions.

Andreus est un jeune homme un peu faible qui fait souvent des crises assez mystérieuses. Il prend des potions pour les empêcher mais quand il est trop tard, c'est toujours sa sœur qui détourne l'attention pour éviter que l'on découvre le problème de son frère. Il est passionné par la météo et la technique, c'est un scientifique dans l'âme.
Carys quant à elle est absolument désintéressée. Elle n'a qu'une chose en tête, protéger son frère à tout prix. Le protéger de son père, de leur frère, des conseillers, d'Imogen en qui elle n'a pas confiance. C'est une jeune femme très solitaire et renfermée, qui cache ses nombreux talents pour se passer inaperçue dans les dédales de la cour.
On éprouve très vite de l'empathie pour les jumeaux car on se rend très vite compte que la cour n'est pas un endroit très sain dans lequel grandir. Les alliances, les inimitiés sont légions et il faut un mental d'acier pour se frayer un chemin et survivre.

Là où cela va se corser pour eux, c'est quand ils se retrouvent par un hasard de circonstance (si peu...) à être les deux héritiers du trône. Mais comment départager des jumeaux? C'est là qu'on rentre dans le vif du sujet et que la bataille commence. J'ai vraiment aimé toute cette partie du roman, les différentes épreuves et comment, petit à petit, la méfiance va s'installer dans leur relation.
On apprend également la teneur d'une prophétie les concernant, prophétie qui peut avoir pour l'un d'eux, de très lourdes répercutions et qui je pense, sera au cœur du second tome.

Vf publiée chez Milan
On suit beaucoup plus Carys qu'Andreus sur l'ensemble du roman et comme beaucoup de lecteurs/trices, c'est le personnage que j'ai préféré. Même lorsqu'elle est mise dans des difficultés extrêmes, elle reste bienveillante envers son frère et fait tout pour éviter un bain de sang. Andreus est plus complexe. Je ne pense pas qu'il soit mauvais, je pense que contrairement à sa sœur, c'est un faible de caractère et qu'il n'a pas un sens politique aussi exacerbé qu'elle. Il est donc, beaucoup plus influençable et manipulable et sa faiblesse fait qu'il est beaucoup moins sympathique. Je sais que pas mal de lecteur/trices ont détesté le personnage - je peux parfaitement comprendre - mais ce n'est pas mon cas. Je ne l'aime pas mais pas au point de laisser tomber le roman d'exaspération comme j'ai pu lire dans certaines chroniques (encore une fois, je comprends...).

Sachez aussi que le romance est limitée au strict minimum. Ce n'est absolument pas le centre du roman donc si vous hésitez à lire de la YA à cause de ça, je vous promets qu'ici c'est extrêmement léger.

Le roman se lit très vite, il est assez court mais paradoxalement ça ne m'a pas gênée. Dividing Eden est une duologie, ça vous changera des séries de Fantasy qui dure sur 6 ou 12 tomes. Pour certain/es d'entre vous, je pense que le contexte et le décors du royaume paraîtra trop survolé mais selon moi, ce qui importe ici, ce n'est pas l'univers dans lequel se place le récit mais bien les jumeaux et leur personnalité. C'est ça le plus intéressant, le reste n'est finalement que broderie et je trouve reposant que pour une fois, on ne se perde pas dans beaucoup de sous-intrigues et personnages secondaires.
Ne vous méprenez pas, j'aime les séries longues, avec beaucoup de rebondissements, un univers fouillé, différents lieux mais parfois, lire quelque chose de ramassé et tendu, cela fait du bien. J'ai dévoré Dividing Eden et je compte bien lire les deux petites novella qui vont avec ainsi que le tome 2 qui promet une conclusion satisfaisante à cette histoire.

Joelle Charbonneau (qui est américaine contrairement à ce que son nom laisse croire), nous offre un diptyque de Fantasy intense avec une EXCELLENTE héroïne. Si vous aimez Feyre, si vous aimez Katniss, je pense que vous aimerez Carys car elle possède certains traits de caractère en commun avec ces deux héroïnes.
J'espère vous donner rendez-vous très bientôt pour le tome 2. En attendant je vous conseille le tome 1 et n'hésitez pas à m'en parler!
Bonne lecture. 

vendredi 26 octobre 2018

Any groom will do - The Brides of Belgravia #1 - Charis Michaels

C

CW: mention récurrente de stérilité féminine


Résumé (traduit de la VO): 
LA RÊVEUSE
Lady Wilhelmina "Willow" Hunnicut a toujours rêvé de quitter la campagne tranquille du Surrey pour la vue et le bruit constant de Londres. Douée pour l'aménagement d'intérieur, elle aspire à décorer les plus grandes demeures londoniennes. Cependant, une héritière non mariée ne peut pas s'installer seule dans la capitale et ses parents lui ont interdit de déménager. Une femme mariée en revanche peut aller et venir à sa guise sans risquer le scandale. Avec cette idée en tête, Lady Willow publie une petite annonce qui offre sa dot à de potentiels époux en échange de sa liberté. Elle est déterminée à épouser le premier homme venu prêt à prendre lui donner son nom en échange de sa dot avant de partir à pieds, à cheval ou par bateau.

LE DÉSESPÉRÉ
Lord Brent Caulder, comte de Cassin possède l'un des derniers chateaux du Yorkshire mais celui-ci est en mauvais état. Les gens sur le domaine ont de moins en moins de quoi survivre et la mère et les soeurs de Brent ne sont pas mieux loties. Cet état est malheureusement le fait de Cassin qui a vendu les mines qui avaient apporté la prospérité au domaine pendant des générations, car elles étaient devenues dangereuses. A présent, il doit trouver une alternative saine pour empêcher ses gens de mourir de faim.

LE MARCHÉ
La solution vient sous la forme d'une petite annonce d'un investisseur de Londres. Quand "l'investisseur" se révèle être une jeune femme et l'argent de sa dot, Cassin doit décider s'il est suffisamment désespéré pour épouser une étrangère. Le marché tient sur un seul point: les mariés devront prendre des voies séparées et ne pas regarder en arrière.

LA DECOUVERTE
Quand une crise familiale force le jeune couple à rentrer dans le Yorkshire, Cassin cherche de l'aide et du réconfort auprès de sa jeune épouse qu'il connaît à peine. Lady Willow embrasse l'attraction naissante entre eux tandis que Cassin prend de temps de la voir moins comme un investisseur que comme sa femme légitime.

C'est l'intrigue la plus ridicule que je n'ai jamais lu. Le plan de base est tout simplement du grand n'importe quoi. J'aurai aimé que vous puissiez voir ma tête quand j'étais en train de lire Any groom will do. Je suis passée de l'incrédulité à l'exaspération.

Reprenons depuis le début: Lady Willow Hunnicut a souffert d'une péritonite étant petite ce qui l'a laissée stérile. Jusque là, soit. C'est un sujet difficile qui mérite aussi sa place dans la romance et qui, à mon sens, peut-être - quand c'est bien fait - très cathartique. Jusque là, pas de difficulté. Là où ça se corse, c'est que pour une raison mystérieuse, la mère de Willow est persuadée que sa fille n'est pas du tout stérile. Alors certes tu peux jouer les autruches mais dans ces cas là, pourquoi cloîtrer Willow dans le Surrey? Parce que c'est ce qu'il se passe. La pauvre Willow vit enfermée dans le Surrey au prétexte que comme elle est stérile, elle ne pourra jamais trouver de maris. WHAT? Comment créer chez Willow un sentiment de culpabilité et d'inutilité...D'autant plus que si tu ne fais pas faire de saisons à ta fille, c'est sûr qu'elle ne risque pas de trouver de mari et que PERSONNE n'est au courant. Ce n'est pas marqué sur son front si? 
Bref, déjà ça partait mal. Si on rajoute à ça qu'ils refusent qu'elle aient des relations avec sa tante qui a épousé quelqu'un en dessous de sa position, on comprend très qu'elle veuille partir loin de ses parents, moi aussi j'étoufferai à sa place.

Elle décide de mettre au point un plan pour pouvoir vivre libre comme elle le souhaite. Sauf que...non...clairement non. Je comprends l'idée de base, épouser quelqu'un pour gagner la liberté que peut éprouver une femme mariée, mais pourquoi diantre passer une petite annonce? Alors certes, l'annonce est tournée d'une façon que les postulants éventuels ne savent pas qu'il s'agit d'un mariage et d'une dot mais ça sent quand même grave le plan pourri. Il faut ajouter à ça, qu'elle n'est pas seule dans le plan, elle y inclut aussi deux amies qui ont des raisons encore plus fortes que Willow de vouloir s'en aller. Arrivée là, j'avais déjà beaucoup de mal à croire que le plan puisse marcher mais quand on apprend peu après que celui qui va répondre n'est autre qu'un comte - comme c'est pratique - qui a absolument besoin d'argent - tellement pratique -, j'ai commencé à soupirer très fort. Et puis on apprend qu'il est en affaire avec deux amis qui sont évidemment beaux et intelligents et qui ont aussi besoin d'argent. MAIS BIEN SÛR!


Non mais sérieux? Je veux bien croire à une certaine dose de coïncidence mais là c'était clairement trop pour moi. La ficelle est trop grosse je ne marche pas.
Any groom will do enfile les paradoxes comme des perles. La vicomtesse pense que ça fille n'a pas de problème de fertilité mais en même temps elle la cloitre chez elle où elle ne peut pas trouver de mari. Brent et Willow discutent pendant des plombes sur "est-ce une bonne idée de se marier, oui, non, zbradarldjian" et il leur suffit de se voir deux fois pour manquer de s'envoyer en l'air derrière les rideaux du petit salon.

La conclusion du marché prend une ÉTERNITÉ. Willow et Brent n'en finissent pas de discuter et de tergiverser sur les termes de l'accord alors que dans le même temps, à leur deuxième rencontre, ils sont littéralement à deux doigts de se sauter dessus quasiment sous le nez de la vicomtesse. Du coup on ne comprend pas trop ce qui les retient autant et ça sent juste les rebondissements forcés pour accroître le nombre de pages et la difficulté de la romance. Oui parce qu'à partir du moment où on se lèche la glotte avant d'être mariés, c'est plus compliqué de justifier un mariage de convenance et une intrigue à base de "je découvre mon mari/ma femme alors que je pensais prendre juste le pognon/le nom". Mon petit doigts me dit qu'ils se sont bien découverts...

C'est franchement dommage parce que la seconde moitié du roman, dès lors que l'intrigue se déplace dans le Yorkshire dans la famille de Brent, est vraiment très sympa et met au jour la personnalité très agréable du héros. Il est rapidement clair qu'il veut agir par devoir, non seulement envers sa famille mais aussi vis-à-vis des gens qui vivent sur ses terres. Il est très drôle et a beaucoup de charme. Willow n'est pas mal non plus, on sent qu'elle veut gagner son indépendance et se révéler à elle-même en dehors de ce que la société attend d'elle. Autant vous prévenir d'emblée, il n'y a pas de bébé miracle, Willow est vraiment stérile ce qui - à mon sens - est tout à l'honneur de Charis Michaels et est un point réussi du roman.

J'aurai vraiment aimé une autre mise en place de l'intrigue globale et un rythme mieux maîtrisé car la première partie est vraiment pas terrible alors que la seconde est très bien. Any groom will do sent trop la superficialité et du coup ça ne me donne pas envie de lire les deux autres volumes de la série alors que les ami·e·s de Willow et de Brent sont plutôt intéressants.

En conclusion...

mercredi 24 octobre 2018

Ink (Marqué) - Skin Books #1 - Alice Broadway


ABANDON

Présentation de l'éditeur: Quand toute votre vie est inscrite sur votre peau…
À la mort de son père qu’elle a tant admiré, Leora souhaite honorer sa mémoire. Et dans les hautes castes, il est d’usage de relire au cours d’une cérémonie les événements qui ont marqué la vie d’un personnage important. Mais à mesure qu’elle parcourt le livre de son père, la jeune fille découvre avec stupeur que certains passages ont été réécrits ou qu’ils ont complètement disparu… Pire, un mystérieux tatouage désigne son père comme coupable d’un crime ! La jeune femme devra remettre en cause toute son existence pour comprendre d’où elle vient et sur quels mensonges est construite la société où elle vit…

J'aurai dû aimer Ink...vraiment j'aurai dû. Ce roman avait tout pour me plaire mais curieusement ça n'a pas pris du tout. Le thème est super original et apporte une grande réflexion sur le corps et la société mais non, rien à faire...je ne l'ai même pas fini...

Dans l'univers de Ink, tous les nouveau-nés sont tatoués et au fur et à mesure que les enfants grandissent, ils gagnent de nouveaux tatouages chaque année pour marquer le passage du temps. A la fin de leurs études, en fonction de la voie choisie, un nouveau tatouage sera appliqué pour signifier dans quel domaine la personne s'est engagée. Au cours de leur vie, chaque personne pourra rajouter des tatouages pour marquer le temps qui passe et les événements significatifs de leur vie. Ainsi, chaque personne est un véritable livre ouvert, sa personnalité étant gravée à l'encre sur sa peau. Une fois mort, la peau du défunt est récupérée, tannée et reliée lors d'une cérémonie où les livres de peau sont honorés par la famille. C'est un rituel extrêmement important, les livres de peau sont ensuite stockés dans la grande bibliothèque où la famille peut venir les consulter par la suite. 
C'est une société très originale et bien structurée qui n'est pas sans ses parts d'ombre. Contrairement aux gens tatoués, il y a des Immaculés, des gens sans aucun tatouage qui sont mis au banc de la société, sur lesquels circulent des tonnes de rumeur. Ceux qui ont aidé les Immaculés se voient affublés d'un tatouage de corbeau, preuve d'une infamie et la reliure de leur peau leur est interdite. 

On découvre cet univers à travers les yeux de Leora, une adolescente qui vient de perdre son père. Elle veut devenir tatoueuse alors que sa meilleure amie veut rentrer dans l'administration. Par chance, elle est acceptée comme apprentie chez un tatoueur très réputé mais mystérieux. Sa rencontre avec le tatoueur coïncide avec les problèmes que Leora rencontre lorsqu'elle veut organiser la cérémonie pour son père. Elle découvre alors un homme très différent de ce qu'elle imaginait, avec une peau trafiquée et des mensonges en forme de tatouage. 

Comme je le disais, Ink avait tout pour me plaire. Une société originale et complexe, une interrogation pertinente sur la peau et notre rapport au corps - que ce soit dans notre société ou ce qui se fait ailleurs - et une intrigue intéressante.

Mais en fait non...pour être parfaitement honnête, je ne l'ai même pas fini. J'ai dû abandonner à la moitié par pur manque d'intérêt. 
Ce qui est étrange c'est que j'ai trouvé le livre à la fois trop lent et trop rapide. Il s'agit clairement d'un tome d'exposition mais ici j'ai eu l'impression que tout était enchaîné beaucoup trop vite. Il se passe beaucoup d'événements différents en peu de temps et j'ai eu du mal à entrer pleinement dans l'histoire à cause de cette vitesse d'exposition.
Paradoxalement, c'est long...long à vraiment démarrer. A la moitié du livre, on n'est toujours pas dans le vif de l'action. 
Oui j'ai bien dit paradoxalement car ce n'est pas évident de concevoir qu'un roman puisse être à la fois trop lent et trop rapide mais c'est bien le cas. En fait, on se prend beaucoup d'informations dans la face dès les premières pages pour qu'en suite l'intrigue retombe comme un soufflé. On se retrouve du coup avec beaucoup de questions mais peu de réponses. 

Hormis Obel, le tatoueur, qui m'a assez intriguée, je n'ai pas ressenti grand chose pour les autres personnages, l'héroïne comprise. Je l'ai trouvé assez lente à comprendre ce qu'il se passe autour d'elle, elle a l'air si ignorante que c'est à se demander si elle a une vraie curiosité sur ce qui l'entoure. On a l'impression que tout le monde autour d'elle connait des choses mais pas Leora. Je sais que c'est parce que le lecteur voit à travers ses yeux mais tout de même...elle n'a pas besoin de ne rien savoir pour nous garder une part de suspense. 
De plus, je n'ai pas été séduite par le rapport de Leora à son corps. Elle est très critique par rapport à ce dernier et je n'ai pas l'impression que le personnage aille plus loin que cette constatation. Cela dit, je n'ai pas fini le roman, il faut espérer que cette vision très négative de son corps va être remis en question durant la deuxième moitié de ce volume et lors du roman suivant. 

Je suis malheureusement passée à côté de Ink, il n'a pas réussi à me captiver ni à me séduire et je l'ai laissé tomber.
Dommage, c'était pourtant prometteur et la couverture était très belle. Ce sera pour une autre fois!

dimanche 21 octobre 2018

Devil in tartan (L'audacieuse des Highlands) - Highland grooms #4 - Julia London


C

Présentation de l'éditeur: Sur le bateau qui l’éloigne des Highlands, Lottie Livingstone prend conscience à quel point son clan risque de tout perdre – sa réputation, ses revenus, sa liberté – si elle ne parvient pas à vendre au Danemark la cargaison de whisky qui lui a été confiée. Alors quand son convoi, attaqué, se retrouve en perdition, elle est prête à tout pour ne pas voir sa mission échouer. Déterminée, elle décide d’organiser le siège d’un navire rival croisé sur sa route. À cet instant, elle est encore loin de se douter à quel point sa rencontre avec le capitaine Aulay Mackenzie, un Écossais aussi séduisant que redoutable, risque de bouleverser ses plans… 

Dans Devil in tartan on retrouve notre famille MacKenzie de Balhaire. Après l'histoire de Rabbie Mackenzie et de Bernadette, on se consacre à Aulay, le dernier fils de la fratrie encore célibataire.
On avait déjà vu Aulay dans Hard-hearted Highlander, où la jeune fiancée de Rabbie, Lady Avaline tentait, très maladroitement, de le séduire.
Aulay, c'est le marin de la famille, celui qui a fait une croix sur une vie sentimentale pour assurer le commerce des MacKenzie. C'est un vrai marin, incapable de rester sur la terre ferme mais qui reste malheureux de ne pas connaitre le même bonheur que ses frères et sœurs.
De l'autre côté, on a Lottie Livingstone, une magnifique jeune femme - tous les hommes sont fascinés par Lottie - qui doit assurer la survie de son clan. Elle doit absolument vendre au Danemark une cargaison de whisky afin de sauver les siens et payer Laird Campbell. Désespérée, elle organise l'attaque du bateau d'Aulay et le force à changer de destination.

Dans l'ensemble j'ai bien aimé cette romance mais en toute honnêteté, elle possède malgré tout des défauts que je n'ai pas su ignorer.

Peut-être plus encore que dans Hard-hearted Highlander, on sent le contexte écossais très présent. Devil in tartan se passe après la bataille de Culloden où les écossais en révolte contre les anglais, ont été massacrés, ce qui a anéanti leur chance de victoire. Une grosse partie des clans écossais ont été décimés à Culloden. Cependant parmi tous ces clans, certains sont restés neutres et d'autres ont pris parti pour les anglais. Ici, vous avez trois clans et trois positions politiques dans l'échiquier de la seconde révolte Jacobite. Les livingstone sont dans une position extrêmement précaire face au très puissant clan Campbell - l'un des plus puissants clans d'Ecosse et partisan du clan Hanovre - et les MacKenzie, bien que neutres, sont aussi dans une position délicate et doivent entretenir leur richesse familiale par le commerce avec la Scandinavie. J'ai beaucoup aimé qu'on sente le poids de l'après révolte et que les personnages soient tous un peu coincés par leurs obligations familiales. Ce n'est pas parce que la guerre est finie que tout est de nouveau rose et ce contexte fouillé permet à Julia London de créer un vrai contexte crédible à sa romance.

Si vous lisez le roman en anglais, vous verrez aussi que l'auteure a travaillé son texte pour que l'ambiance écossaise ressorte également dans la langue. Quelques mots en gaélique, quelques tournures de phrases bien écossaises, cela donne tout de suite le ton. Je ne sais pas comment cela peut rendre à la traduction, il faut sans doute s'attendre à ce que ça soit lissé mais dans tous les cas, en anglais cela renforce le côté Highlands.

Devil in tartan a tout du roman d'aventure. On est embarqué dans une histoire de piraterie, pas forcément attendue, vu que c'est le magnifique marin qui se fait prendre en otage par la frêle héroïne, mais une histoire de piraterie néanmoins. On se déplace de l'Ecosse au Danemark avant de revenir dans les Highlands. Si j'ai beaucoup aimé la seconde moitié du roman, j'ai trouvé la première très longue à se mettre en place.
C'est vraiment le plus gros reproche que je ferai au roman, c'est ce déséquilibre dans le rythme. La première partie est très longue alors que je l'aurai personnellement préférée plus resserrée. A l'inverse, la dernière partie à Balhaire en compagnie de la famille MacKenzie a presque un goût de trop peu. C'est une famille très agréable les MacKenzie et j'aurai aimé les voir plus, surtout Catriona qui est très vive et adorable.

Aulay est un très bon héros. Il est alpha comme il faut mais pas machiste. On sent qu'il a du faire des choix difficiles qu'il n'assume pas vraiment totalement. C'est un personnage passionné par la mer mais qui rêve d'une vie de famille comme ce que connaissent déjà ses parents et la plupart de ses frères et sœurs. Je trouve qu'on éprouve rapidement beaucoup d'empathie pour Aulay par rapport à sa situation et il est assez chevaleresque car il aide Lottie alors même qu'il aurait toutes les raisons de ne pas le faire.
J'ai eu en revanche beaucoup plus de mal avec Lottie. Elle a beau être désespérée et sincère malgré tout dans ce qu'elle fait, son plan est vraiment foireux et elle va détruire pas mal de chose pour Aulay. Elle oscille souvent entre remords et "après tout je m'en fous c'est mon clan d'abord", ce qui fait que j'ai eu du mal à l'aimer pendant un long moment. J'ai souvent eu envie de la secouer et de lui foutre des baffes. Cependant, elle est foncièrement honnête et finit par s'en vouloir beaucoup d'imposer tout ça à Aulay, ce qui la sauve en fin de compte.
Même si je n'ai pas apprécié l'héroïne autant que le héros, l'alchimie entre les deux est très bien rendue et leur attraction vous donnera sans difficulté des papillons dans le ventre.

Pourquoi C alors? Et bien, parce qu'entre le rythme déséquilibré et Lottie que je n'ai pas franchement aimé, cette romance a été une lecture en demi-teinte. Certes, certains aspects m'ont beaucoup plu et j'ai dévoré certaines parties du roman très vite mais d'autres m'ont beaucoup agacée ou ont lassé mon intérêt. Je ne trouve pas Devil in tartan aussi bien que Hard-Hearted Highlander qui me semblait plus fin dans la construction des personnages.

En attendant, si vous voulez le lire, sachez qu'il sort en français très bientôt dans la collection Victoria chez Harlequin sous le titre L'audacieuse des Highlands.

J'espère pouvoir lire Tempting the Laird bientôt et vous reparler de Catriona et ensuite du dernier volume de la série Seduced by a Scot

vendredi 19 octobre 2018

Gilded cage (Les puissants) - Dark gifts #1 - Vic James


B+


Ignorance bred fear, as Father was fond of saying, and fear bred obedience.

TW: Ce roman parle d'esclavage et de maltraitance même si la violence du récit est modérée et peu graphique. 

Présentation de l'éditeur: Dans le jeu du pouvoir, chacun risque sa vie.
Dans une Angleterre alternative, chacun doit donner 10 ans de sa vie en esclavage.
Seuls quelques privilégiés, les Égaux, riches aristocrates aux pouvoirs surnaturels, restent libres et gouvernent le pays.
Abi, 18 ans, et son frère Luke, 16 ans, voient leur destin bouleversé quand leurs parents décident de partir tous ensemble accomplir leurs jours d’esclavage. Abi devient domestique au service de la puissante famille Jardine. Le somptueux décor dans lequel elle évolue dissimule en réalité de terribles dangers, car chez les Égaux, les luttes de pouvoir sont sans pitié. Et lorsqu’elle tombe amoureuse d’un de ses maîtres, c’est sa vie même qui est en péril…Luke, quant à lui, a été exilé dans la ville industrielle de Millmoor. Dans un environnement brutal et pollué, il s’épuise à la tâche. Cependant, d’autres, comme lui, partagent ses idéaux de liberté. Il découvre alors qu’il existe un pouvoir bien plus grand que la magie : la rébellion.

J'ai chopé ce tome 1 sur les étagères de la librairie. Ma collègue Anna en avait fait rentrer un exemplaire et j'ai été attrapée par la couverture. Après avoir lu le prologue, qui m'a happée immédiatement, j'ai eu envie de lire la suite et je n'ai pas regretté. 

Gilded Cage n'est pas une dystopie ordinaire. On est sans aucun doute dans une dystopie car l'histoire se passe dans une Angleterre alternative où les gens - c'est à dire le commun des mortels qui n'appartient pas à la classe dirigeante et riche - doivent donner dix ans de leur vie en esclavage. Cependant, bien que les thèmes abordés soient propres à la dystopie - esclavage, différences sociales, injustice et rébellion - on trouve également de la magie que semble ne posséder que les puissants, incarné ici à merveille par le plus jeune fille des Jardine, Silyen. Et par ailleurs, on dirait aussi de l'historical fantasy, une ambiance très upstairs dowstairs mélangé à cette bonne vieille ségrégation américaine. 
Le tout mélangé, je comprends que le roman déboussole parfois un peu car il ne penche franchement vers aucun genre et pourtant c'est ce qui m'a plu.

Dans Gilded cage, le monde est donc divisé entre les Equals qui possèdent de la magie (ils sont aussi les Skilled) et les autres. En Angleterre, les Equals sont membres de l'aristocratie et gouvernent le pays. En échange, ils demandent aux gens normaux dix ans de leur vie à travailler gratuitement pour la communauté. On apprend que cette organisation sociétale n'est pas la même dans tous les pays. En France par exemple, les gens normaux se sont rebellés contre les aristocrates doués de magie et les ont massacré dans les rues de Paris (cocorico la Révolution c'est nous). En Chine, les Skilled se sont retirés dans les montagnes et aux Etats-Unis, les états du Nord fonctionnent comme la France, tandis que les états du Sud vivent comme les Anglais. Le fond historique de Gilded cage est vraiment creusé pour coller au maximum à notre propre histoire et donner une version alternative de faits. On apprend que les journées d'esclavage ont commencé en Angleterre en 1642, ce qui correspond au début de la guerre civile. Cela donne vraiment du poids et du corps au récit et j'ai personnellement trouvé tout ce travail de fond très appréciable. Le texte pourrait aussi appartenir à la catégorie assez rare de l'Uchronie de fantasy (pour les amateur·trice·s). 

L'organisation de la société est pensée en profondeur, on sent que l'auteure a réfléchi à son univers et n'a pas jeté de l'esclavage dans l'intrigue juste pour la rendre plus noire. On peut faire ses journées d'esclavage quand on veut de 18 à 55 ans, sachant que plus vous les faites tard, moins de chance vous avez de finir votre vie libre mais que vous aurez passé votre vie comme vous le vouliez ou presque. En revanche, les faire tôt vous accorde des droits et des avantages comme posséder une maison, voyager en dehors de l'Angleterre ou accéder à certaines professions fermées autrement. Le choix de faire ses jours d'esclavage a une vraie importance dans le récit et on comprend que les parents de Luke, Daisy et Abi y aient beaucoup réfléchi. Leur stratégie est loin d'être sans intérêt et couplé avec l'intelligence d'Abi, le plan semblait parfait. En effet, Abi a obtenu pour toutes la famille des places dans la maisonnée des Jardine, les membres les plus puissants des Equals. Ainsi, pendant les dix prochaines années, bien qu'en esclavage, la famille ne sera pas séparée et sera dans un cadre plus "facile" que l'usine ou les champs etc. Parce que oui...qui dit esclavage dit aussi être séparé de ses proches. Imaginez-vous parents d'enfants de 10 à 18 ans l'angoisse que cela peut-être. Malheureusement pour eux, Luke, leur fils de 16 ans est envoyé - contre les règles normalement en vigueur - à Millmoor la cité ouvrière, l'une des plus dures d'Angleterre et ses dix ans risquent de peser bien plus dans la balance.

A partir de là, nous suivons Luke d'un côté qui découvre l'horreur de l'usine et de l'esclavage et Abi de l'autre, dans le monde brillant mais non dénué de danger des Jardine. 

Luke découvre vite l'univers de Millmoor et comme c'est un garçon intelligent, il s'associe rapidement avec les bonnes personnes et notamment un groupe de rebelles dirigés par le Dr. Johnson qui veut ramener la justice en Angleterre et abolir les dix ans d'esclavage. Luke est un personnage très attachant, on a vite beaucoup d'empathie pour lui car séparé de sa famille à tout juste 16 ans et enfermé dans un endroit comme Millmoor, on imagine vite les difficultés que cela engendre. Même si l'univers est difficile, la partie de Luke n'est pas absolument noire et angoissante, elle est même extrêmement dynamique et riche. Les personnages que l'on croise sont attachants et on a envie de savoir si leur plan va fonctionner et comment il va pouvoir échapper à Millmoor. 
La description de l'esclavage est intéressante sans aucun doute. Les esclaves ne sont pas considérés comme des êtres humains et cela entraîne une aspect assez pernicieux, c'est que même les roturiers qui vont un jour faire leur esclavage ou qui l'ont déjà fait, traitent mal les esclaves. Ce n'est pas un univers manichéen, ce ne sont pas les Skilled qui gèrent une usine comme Millmoor mais bien les humains normaux qui aident de ce fait à perpétrer un système violent et inégalitaire. En ça, Gilded cage est tout à fait une dystopie car il interroge notre rapport à notre propre société. 


De l'autre côté, dans le monde des Equals, on suit Abi et l'histoire qu'elle entretient avec Jenner, le second fils des Jardine qui est - pour une raison encore inexpliquée - complètement dépourvu de magie. La romance n'est pas ce qui m'a le plus passionnée. Jenner a certes l'air d'être un gentil garçon mais j'ai peur que la suite du roman n'en fasse quelqu'un d'un peu mou. C'est un entre-deux coincé entre deux personnalités assez fortes que sont Gavar et Silyen. Au final, cette partie de l'intrigue est la moins intéressante et l'auteure aurait pu l'enlever que cela ne m'aurait pas dérangé. 

Ce qui est le plus intéressant dans cette partie, c'est évidemment les Equals eux-même et l'univers de requin dans lequel ils baignent. On suit plusieurs personnages, plusieurs voix et cela donne du corps à cet univers. Il y a Gavar par exemple, le fils aîné de la fratrie, une espèce de grosse brute, débauché, assassin quand il faut mais qui est vraiment attaché à sa fille. Il a l'air assez caricatural au départ mais je soupçonne que le personnage à beaucoup plus de profondeur qu'il n'y parait. J'ai hâte de voir quel chemin il va prendre dans les deux prochains tomes. On suit le père Jardine, un être assez abject, le premier ministre, amoureux depuis toujours d'une femme dans le coma qui n'est pas sans noblesse, une jeune femme de la bonne société, Bouda, ambitieuse, manipulatrice et assez odieuse mais très bien campée néanmoins et bien sûr Silyen, 

Silyen est le plus jeune fils des Jardine et c'est un jeune homme extrêmement intelligent. Particulièrement doué en magie, il m'a fasciné car il a un vrai plan qui je pense va prendre son sens dans les tomes suivants. Silyen est ce genre de personnage dont vous ne savez pas immédiatement s'il est l'antagoniste principal ou un héros. Sincèrement, ses intentions ne sont pas toujours claires dans ce premier tome mais je ne pourrai pas dire avec certitude dans quel camp il va pencher. C'est l'un des aspects du roman qui m'a beaucoup plus, ces personnages un peu flous comme Gavar et Silyen, qui ne sont pas des saints mais qui ont l'air suffisamment profonds pour nous surprendre dans les tomes à venir. On ne sait littéralement pas dans quel camps ils vont finir par pencher. 

Enfin, il faut parler de la petite Daisy, dix ans, benjamine de la fratrie Hadley qui a pour tâche - étonnante - de s'occuper de la fille de Gavar. Daisy, va prendre un poids extrêmement important au fur et à mesure que l'intrigue avance et j'ai été proprement horrifiée par le personnage. Elle est très très dérangeante et je trouve que l'auteure a su très bien exploiter un personnage aussi jeune.

Le roman est assez noir je ne vous le cache pas, sans être illisible non plus par des âmes un peu sensibles. La fin est assez magistrale comme l'était le prologue et le suspense qu'elle crée donne immédiatement envie de plonger dans la suite. 
Je ne l'ai malheureusement pas encore sous la main mais j'espère pouvoir lire le tome 2 et 3 rapidement. 

Si vous avez envie de quelque chose d'un peu différent qui risque de vous sortir de votre zone de confort, alors n'hésitez pas et plongez dans Gilded cage, traduit en français chez Nathan sous le titre Les puissants.

Bonne lecture!

mercredi 17 octobre 2018

When a Duke loves a woman - Sins for all seasons #2 - Lorraine Heath



B

Si vous vous souvenez, je n'avais pas du tout aimé le premier tome de cette nouvelle série, Beyond scandal and desire. J'avais franchement détesté le héros et son plan pour se venger de son père qui comporte entre-autre de ruiner la vie d'une jeune femme innocente. Si l'ambiance assez pesante du roman m'avait plu, je n'avais pas du tout trouver crédible la fin de l'intrigue, tirée par les cheveux et sans aucune cohérence qui gâchait à mon sens, toute la lourdeur mise en place par le poids des conventions sociales. 
Malgré tout, je n'abandonne pas aussi facilement, surtout une auteure comme Lorraine Heath qui a tant à offrir. J'ai donc fait une deuxième tentative avec la suite, When a Duke loves a woman qui s'intéresse cette fois à Gillie, la petite soeur de Mick Trewlove. Je ne partais pas hyper convaincue car encore une fois il s'agit d'une histoire de différence de classe et j'avoue que j'ai eu un rictus dédaigneux quand j'ai lu "bâtarde" et "duc" dans le résumé. Le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai bien fait car j'ai passé un très bon moment en compagnie de Gillie et Thorne même si mes inquiétudes sur les différences sociales étaient fondées.
Une précaution cependant, pour apprécier ce roman, il va falloir avoir conscience que l'intrigue n'est pas plausible du tout ni historique le moins du monde. 

Gillie Trewlove a comme tous les enfants Trewlove, été abandonnée à la naissance par ses parents, comme un paquet de linge sale encombrant. Recueillie par Ettie Trewlove, elle a grandi avec Mick et ses autres frères et soeurs. Ettie ayant une très bonne idée de ce qui peut attendre une jeune femme dans les mauvais quartiers de Whitechapel, Gillie a passé la majeur partie de sa jeunesse, habillée en garçon et a développé un fort caractère. Propriétaire du pub The mermaid and the unicorn, elle vient en aide aux gens du quartier et est appréciée de tous. C'est dans la ruelle derrière son établissement, qu'elle met en fuite deux voleurs en train de sévèrement battre un homme au sol. Gillie n'est pas du genre à laisser quelqu'un dans le besoin. Elle ramène l'homme chez elle et le fait soigner par le médecin. L'homme en question n'est autre que le duc de Thornley, Thorne pour les intimes, qui vient de passer une très sale journée. Non seulement sa fiancée Lavinia l'a abandonné à l'autel le jour de leur mariage, humiliation suprême, mais en plus il vient de se faire battre dans une ruelle de Whitechapel et dépouillé d'une montre de famille à laquelle il tenait. 
Alors que Gillie se trouve une faiblesse devant cet homme vulnérable et magnifiquement beau, Thorne n'a pas envie de quitter trop vite sa bienfaitrice. Grâce à Gillie, il explore les bas-fond de Whitechapel à la recherche de Lavinia et découvre un nouveau monde inconnu. 

Soyons clair, cette romance c'est le prince et la bergère. Un duc et une bâtarde qui possède une taverne dans Whitechapel, il n'y a aucun moyen que ça soit crédible, peu importe comment vous le tournez. Donc, si vraiment vous ne pouvez pas passer un pacte de la suspension de la crédibilité avec vous-même, laissez tomber When a Duke loves a woman. Si comme moi, vous décidez de voir les bons côtés du roman en oubliant cette énorme incohérence alors je pense que vous y trouverez votre compte.

Gillie est une excellente héroïne. Je l'ai vraiment ADORÉE! Elle est forte, indépendante avec du caractère sans jamais être agaçante. Elle a un coeur d'or et a envie d'être utile à la communauté qui l'a recueillie. Malgré tout, elle ne se fait pas d'illusion sur le monde dans lequel elle vit et ne voulant pas connaitre le même sort que sa mère ou que ses parents biologiques, elle a longtemps fermé son coeur à tout homme. Il est hors de question pour elle d'avoir un bâtard et de l'exposer à ce qu'elle et ses frères ont vécu. 
On passe pas mal de temps dans la taverne de Gillie et l'ambiance y est chaleureuse. On croise aussi ses autres frères qui ont une importance dans le récit. Ils sont adorables à leur façon de vouloir la protéger alors qu'ils n'en ont pas besoin. Je ne peux pas vous dire quoi exactement mais ils vont tous faire un geste vraiment très généreux lorsque Gillie aura besoin d'aide. C'était légèrement ridicule mais très très mignon. Contrairement à Mick, j'ai très envie de découvrir l'histoire des autres frères qui j'espère vont plus se concentrer sur Whitechapel que sur le monde aristocratique. 

Thorne est aussi un très bon personnage. Humilié par sa fiancée, il veut la retrouver pour comprendre pourquoi elle est partie. Il veut aussi s'assurer qu'elle est en bonne santé et qu'elle a de quoi survivre. C'est plutôt noble de sa part sachant qu'elle la mis dans une mauvaise posture, cela dit Thorne n'est pas amoureux de Lavinia. Contrairement à Mick, Thorne n'est pas plein de rancoeur ni de haine et l'intrigue laisse plus de place à la romance, ce qui est tout à fait agréable. On découvre en même temps que Thorne le quartier de Whitechapel et il réalise à quel point la vie est différente de celle qu'il a toujours mené. C'est le choc des deux mondes. Le prince et la bergère on vous dit!

L'interaction entre les personnages est vraiment bien rendue et je trouve qu'on retrouve la sensualité des romans de Lorraine Heath qui faisait défaut dans Beyond scandal and desire. La tension monte progressivement et c'est très efficace. C'est du Lorraine Heath donc si vous n'aimez pas les romances un peu sexy, passez votre chemin. Cependant soyez rassuré, ce n'est jamais vulgaire. 

J'avais détesté l'ambiance lourde de Beyond scandal and desire car ce n'était pas maitrisé jusqu'au bout avec un happy end complètement sorti de nulle part. Dans When a Duke loves a woman, l'ambiance est beaucoup plus légère. Comme je le disais, Gillie et Thorne n'ont pas de haine, ni de ressenti. Il n'y a pas de projet de vengeance, le seul point noir au tableau ce sont les barrières sociales qui séparent Gillie et Thorne. Du coup, comme le roman n'est pas lourd et plombant, l'inconvénient des barrières sociales qui semblaient insurmontables entre Mick et Aslyn, n'ont ici pas la même gravité. Le rebondissement final et le HEA ne sont pas si invraisemblables - même si en vrai on est d'accord, ça ne se ferait pas. 

Si vous êtes prêt e à laisser de côté la véracité historique, si vous voulez une jolie histoire entre un prince et une bergère avec des personnages principaux tous mignons et des personnages secondaires tout aussi craquants, je pense que vous aimerez When a Duke loves a woman. 
En tout cas, l'aperçu du tome trois que l'on a dans celui-ci me donne très très envie de découvrir la prochaine histoire! Cela risque d'être particulièrement intéressant avec un ancien amour et une nouvelle chance. Vivement sa sortie. 
En attendant, bonne lecture. 

dimanche 14 octobre 2018

Thunderhead - Arc of a Scythe #2 - Neal Shusterman



A+

ATTENTION, spoilers si vous n'avez pas lu le tome 1, Scythe (La Faucheuse)



Présentation de l'éditeur: « Les humains apprennent de leurs erreurs. Moi pas. Je ne commets jamais d’erreur. »
Le Thunderhead, l’intelligence artificielle qui gouverne le monde, a interdiction de se mêler des affaires de la communauté des faucheurs.
Il ne peut qu’observer… et il n’aime pas ce qu’il voit.


Après la victoire de Citra, désormais Scythe Anastasia, le calme semble être revenu dans la communauté des faucheurs, du moins en apparence. Quelqu'un semble vouloir s'en prendre à Scythe Curie et à Citra qui a obtenu le respect de sa Communauté. Parallèlement, un Faucheur solitaire connu sous le nom de Scythe Lucifer, fait régner la terreur parmi les anciens membres de la nouvelle garde ralliés à feu Scythe Goddard et à tous les faucheurs qu'il ne juge pas digne de leur tâche. 

De son côté, le Thunderhead fait le lien entre plusieurs évènements qui ne lui plaisent pas du tout, tout comme la direction que prend l'humanité pour le moins insatisfaisante. Comment peut-il changer ce qu'il voit du futur sans interférer avec la Communauté? C'est toute la question qui va se poser pour l'IA ainsi que pour Citra et Rowan plus en danger que jamais. 

J'ai adoré cette suite. Elle est à la fois dans la pure continuité de Scythe tout en ayant véritablement sa propre identité. Le monde n'est plus nouveau pour le lecteur et les enjeux ne sont clairement plus les mêmes que dans la première histoire tout en étant parfaitement dans la continuité de ce qu'il s'est passé auparavant.

Au niveau de l'implication émotionnelle, je dirai que ce tome est encore plus fort que le précédent, il faut avoir le cœur bien accroché parce que nos héros vont encore souffrir. Rowan est particulièrement abimé après ce qu'il lui ait arrivé à la fin de Scythe et le personnage prend un tour logiquement plus sombre même si c'est toujours la même idée qui le guide. Citra est pleine de doutes et doit assumer sa tâche avec impartialité ce qui n'est pas aisé dans ce panier de crabe qu'est la Communauté déchirée par les idées de Goddard. 

L'intrigue ne manque ni de souffle ni de dynamisme et Thunderhead se lirait même presque plus vite que le premier tome. Il faut dire que j'ai lu quasiment les deux tomes à la suite et que j'étais encore bien prise par ce qu'il s'était passé dans le tome un. Je trouve que Scythe et Thunderhead forme un vrai diptyque qui mérite d'être lu ensemble. Clairement le tome trois sera un peu à part vu la fin - et quelle fin!
Demandez à Glow, on ne s'en est toujours pas remise tellement elle est forte et bien et forte - je l'ai déjà dit non?. Elle vous attrape à la gorge avec une efficacité redoutable. 

Ce que j'ai préféré dans ce second volume c'est l'importance que Neal Shusterman donne à l'IA et la vision qu'il nous propose, loin de ce qu'on peut lire dans de la dystopie "classique".
De façon logique et intelligente, on poursuit le contrepied au genre entamé dans le tome un. Dans la plupart des romans de SF mettant en scène une IA surpuissante, celle-ci fini par se retourner contre son créateur. Elle est très souvent perçue comme une menace ce qui semble légitime dans la mesure où on se demande si l'IA ne nous trouverait pas à la longue, plutôt obsolète. 
Or le Thunderhead n'est jamais une menace, au contraire, il est parfait et fait preuve souvent d'une meilleure compréhension de l'être humain et de plus d'empathie que les humains eux-même. La technologie n'est pas un frein ici, seule la nature de l'Humain peut l'être. 
Les actions du Thunderhead sont réellement très intéressantes et donne matière à réfléchir notamment à travers un nouveau personnage dont je ne dévoilerai rien ici. 

C'est difficile de parler plus en détail de ce second volume sans trop vous en dire mais si vous avez aimé le tome un, vous aimerez celui-ci et normalement vous serez comme Glow et moi, impatientes de lire la suite et de voir ce qu'il advient de la Terre. Il se passe tellement de choses dans ce tome que ce n'est pas un vain mot que de dire que Thunderhead est un vrai page-turner. 

Neal Shusterman est définitivement un excellent auteur de sciences-fiction pour young et moins young adult. Il aborde des thématiques complexes et denses, et sait mêler celles-ci à une trame narrative pleine d'action et de rebondissements. 
Glow nous recommande chaudement son autre série, Les Fragmentés qui explore là encore la mort, la moralité, l'humanité dans tout ce qu'elle a de complexe. 

Je vous laisse avec l'interview de l'auteur que nous avions réalisée avec Glow pour le journal Actu SF il y a quelques mois. Si le thème de la surpopulation en SF vous intéresse, je vous recommande également les deux vidéos faites par DirtyBiology et Nexus VI sur youtube qui vous parle de tout ça.
Bonne lecture et vivement le tome trois.

vendredi 12 octobre 2018

Hard-Hearted Highlander (Le fiancé des Highlands) - The Highland grooms #3 - Julia London



B

Présentation de l'éditeur: Après une fugue amoureuse qui a mal tourné, Bénédicte a tout perdu : son amant, sa réputation, mais aussi l’espoir de fonder une famille un jour. Quand on n’a plus rien à perdre, on n’a plus rien à craindre ! Et certainement pas le sale caractère de Rabbie Mackenzie, le fiancé de sa jeune et fragile maîtresse, Lady Avaline. Bénédicte a beau n’être qu’une dame de compagnie, elle n’hésite pas à tenir tête au fougueux Écossais. C’est donc tout naturellement qu’elle devient l’intermédiaire entre les deux fiancés, qui n’ont décidément rien en commun – tout en tâchant d’ignorer l’attirance coupable qu’elle ressent pour l’ombrageux Écossais…

Dans la série des Highlands grooms, j'ai fait un peu tout en dépit du bon sens. Sur les six volumes que comporte la nouvelle série de Julia London, j'en ai lu trois et pas les trois à la suite. Ne bougez pas je vous explique tout!


Dans The Highlands grooms nous suivons la famille Mackenzie of Balhaire. Après l'histoire des parents, on suit les enfants Mackenzie, à l'exception de Vivienne la première fille, dans un ordre chronologique mais qui n'est pas lié au place des membres dans la fratrie et le dernier tome prend comme personnage principal un homme proche du héros de Tempting the Laird.

De tout ça j'ai lu le tome 3, Hard-Hearted Highlander, le tome 4 Devil in Tartan et j'ai eu la chance de lire le petit dernier en avance Seduced by a Scot.  Ce que je peux vous dire, c'est que si l'histoire des parents n'est pas forcément à lire en premier, puisqu'il y a un vrai bond en avant dans le temps entre ce tome là et Sinful Scottish Laird, le tome 2, les autres se suivent et c'est plus agréable pour comprendre tous les liens entre les personnages. Moi qui n'ait pas encore lu le tome 5 - ça va venir - j'ai trouvé qu'il me manquait des éléments pour apprécier à fond le tome 6.
Si j'ai donc un conseil, c'est de lire les tomes 2 à 6 dans l'ordre. Après, pas de panique, on comprend les histoires malgré tout!

Dans Hard-Hearted Highlander, l'histoire commence en 1750 à Balhaire dans les Highlands. Bien que la famille Mackenzie soit restée neutre pendant la révolte jacobite qui oppose une partie des Highlands à la couronne britannique, Rabbie Mackenzie a beaucoup souffert et perdu pendant la guerre qui s'est soldée par la bataille de Culloden.
L'amour de jeunesse de Rabbie, Seona MacBee a été massacrée avec tout son village par des soldats anglais et l'écossais n'arrive pas à faire son deuil. C'est encore plus difficile lorsque par devoir familial il doit épouser la très jeune et frêle Lady Avaline Kent pour qui il n'éprouve aucune inclination. Épouser une anglaise passe mal d'autant plus que Lady Avaline semble terrifiée par cet homme imposant, peu amène et plus âgé qu'elle. Les sombres pensées de Rabbie sont néanmoins mises à mal par la vivacité d'esprit de Bernadette Holly - ne me demandez pas pourquoi la version française dit Bénédicte - la dame de compagnie de Lady Avaline qui semble avoir tout le caractère qui manque à sa protégée.
De son côté Bernadette cache elle aussi un sombre passé qui a ruiné toute chance d'un futur heureux. Bien décidée à faire en sorte qu'Avaline soit heureuse, elle met en place un plan: faire en sorte que Rabbie donne à Avaline les raisons suffisantes pour interrompre les fiançailles sans ruiner sa réputation. Mais le plan s'avère plus compliqué à mettre en place à mesure que Rabbie Mackenzie devient de plus en plus attirant et est attiré par Bernadette.

J'ai beaucoup aimé le côté sombre de cette romance. Les deux héros, Rabbie et Bernadette, sont deux êtres particulièrement éprouvés par la vie, marqués par des évènements traumatisants. Si Rabbie est perclus de culpabilité - Seona est morte tandis qu'il était en Norvège - il est aussi partagé par la responsabilité envers sa famille. C'est un personnage rude mais que j'ai beaucoup apprécié. Rabbie a beaucoup de profondeur et même s'il a l'air très sombre, il aboie plus qu'il ne mord.
De son côté Bernadette est très très attachante! Son histoire est sans doute encore plus sombre que celle de Rabbie mais contrairement à lui, elle a un certain rebond. C'est quelqu'un de très vif et intelligent qui n'est pas dénuée d'humour.

Le personnage de Bernadette est également mis en valeur quand on compare avec Lady Avaline. Elle n'est pas méchante, juste jeune et pas très futée. On comprend qu'elle soit intimidée par Rabbie mais la terreur qu'il lui fait ressentir est largement exagérée, Rabbie n'est pas un monstre. Ce qui est très drôle c'est qu'elle va s'éprendre d'Aulay, le frère aîné de Rabbie qui a tout du beau pirate - il est vrai qu'Aulay est apparemment le plus beau de la fratrie. C'était très marrant de voir Avaline tout faire pour se faire remarquer par Aulay alors que lui n'y voit rien du tout!

L'attirance entre eux est très bien rendue et les dialogues sont vifs et pertinents. Sans rien révéler de l'histoire de Bernadette, on comprend vite que Rabbie n'est pas son premier amour. C'est sans doute lié à mon âge mais j'aime de plus en plus les héroïnes qui ont passé un certain âge et qui ont de l'expérience, soit parce qu'elles ont eu des amants, soit parce qu'elles sont veuves. C'est admis qu'un héros ait déjà eu des femmes dans sa vie mais plus rarement une héroïne. J'ai, j'imagine, plus de mal à m'identifier à une jeune femme de 16 ou 18 ans.
VF publiée dans la collection Victoria

De plus, Hard-hearted highlander évoque pas mal de sujets difficiles que je trouve à la fois audacieux et intéressants à aborder. Je préfère prévenir, si vous êtes sensibles au sujet des enfants, de l'adoption et/ou des questions de fertilité, ce sont ces sujets qu'abordent le roman. Je sais que pour certain·e·s d'entre vous ça peut être un sujet sensible, donc je ne voudrais pas que ce Highlander soit une cause de détresse.
En tout cas, le sujet est abordé avec plein de tact et de sensibilité et j'aime beaucoup la façon que Julia London a eu de résoudre l'intrigue de ce point de vue là. C'est optimiste sans être béa.

Ce roman est mon premier Mackenzie donc c'est là que j'ai rencontré les personnages. Les parents sont un peu effacés mais on sent encore l'amour entre eux, même après autant d'années. Je n'ai pas gardé beaucoup de souvenirs des frères et sœurs aîné·e·s d'Aulay et de Rabbie, il faut dire qu'ils ne sont pas très présents dans ce roman. Aulay lui a déjà pas mal de profondeur et c'est exploité davantage dans le tome suivant dont on va reparler bientôt. Celle que j'ai adoré en revanche c'est la petite sœur Catriona. J'adore sa franchise, sa vitalité et sa joie de vivre. J'ai hâte de lire son histoire dans Tempting the Laird.

Hard-Hearted Highlander était une très bonne première incursion dans l'univers des Mackenzie et de Julia London. Il ne fera pas parti de ma keeper shelf mais il était très sympa à lire.
Rendez-vous dans quelques jours pour la chronique sur Devil in Tartan, l'histoire de Aulay et de Lottie Livingstone. 

mercredi 10 octobre 2018

Scythe (La Faucheuse) - Arc of a Scythe #1 - Neal Shusterman


A+

Présentation de l'éditeur: Les commandements du Faucheur :
Tu tueras.
Tu tueras sans aucun parti pris, sans sectarisme et sans préméditation.
Tu accorderas une année d’immunité à la famille de ceux qui ont accepté ta venue.
Tu tueras la famille de ceux qui t’ont résisté.
MidAmérique, milieu du 3e millénaire. Dans un monde où la maladie a été éradiquée, on ne peut plus guère mourir qu’en étant tué aléatoirement (« glané ») par un faucheur professionnel. Citra et Rowan sont deux adolescents qui ont été sélectionnés pour devenir apprentis-Faucheurs ; et bien qu’ils aient cette vocation en horreur, ils vont devoir apprendre l’art de tuer et comprendre en quoi cette mission est bel et bien une nécessité.

Il est très difficile de résister à l'enthousiasme d'une Glow lorsqu'elle volète autour de vous en répétant: "c'est trop bien c'est trop bien c'est trop bien". Forcément, on est intrigué et on fini par demander un peu d'explications et on se retrouve à bouloter deux volumes d'une série et à attendre le troisième avec fébrilité. Thank you very much...

Scythe (La Faucheuse) de Neal Shusterman explore à fond le rapport des humains à la mort et leur propre humanité.
Grâce au Thunderhead, un super ordinateur, la Terre a trouvé un équilibre. Il gère la production, l'alimentation, le climat et fait de la Terre une planète prospère et surtout, le Thunderhead a dompté la mort et la maladie. Plus de vieillissement naturel, plus de maladie mortelle et plus de meurtres ni de suicides. En conséquence, la population s'est accrue mais puisque la mort n'est plus un soucis, l'Humain s'est vu dans l'obligation de trouver une alternative au problème de surpopulation.
Il est donc créé la Communauté des faucheurs: une communauté humaine chargée de s'occuper de réguler la population par le respect d'un cota de glanage - de morts - à accomplir par an. Contrairement au reste de la population, en contact permanent avec le Thunderhead, les faucheurs et l'IA n'ont pas le droit de communiquer et le Thunderhead n'a pas le droit d'interférer avec la Communauté sous quelque forme que ce soit.
Nous découvrons la Communauté et cette nouvelle Terre à travers les yeux de Citra, jeune fille brillante et déterminée et de Rowan, enfant délaissé d'une famille trop nombreuse qui s'ennuie un peu dans une existence sans goût. Ils sont pris en apprentissage par Scythe Faraday, un homme de l'ancienne école qui choisi ses glanages par rapport aux statistiques du monde d'avant.
Scythe Faraday est un homme droit, qui prend son travail très au sérieux et qui s'est fixé une ligne directrice dont il ne veut pas déroger. L'apprentissage est dur mais sage et Scythe Faraday est un personnage vraiment très intéressant, complexe et profond, bien que froid.
Les Scythes, une fois qu'ils sont intronisés se choisissent un nom ainsi qu'une couleur de robe particulière ce qui efface leur ancienne identité. Parfois le choix du nom est très significatif, d'autres fois non. Faraday est un homme rationnel ce qui lui convient bien.
On fait également la connaissance de Scythe Curie, une autre membre de la vieille garde, une faucheuse très célèbre pour avoir glané les dirigeants de l'ancien monde. Sa méthode à elle est très différente, moins scientifique que celle de Faraday, Curie glane grâce à sa profonde compréhension de l'âme humaine en repérant les âmes fatiguées de vivre. Cela m'a fait penser dans une certaine mesure aux réflexions du héros de Altered Carbon qui nous dit que souvent au bout d'une régénération les gens préfèrent se stocker car deux vies vécues sont finalement assez éprouvantes. Scythe Curie repère ces gens et les glane.
Un point sur la traduction française: en anglais Neal Shusterman utilise l'épithète Scythe que ce soit pour un homme ou une femme. En français, Scythe Faraday devient Maitre Faraday et Scythe Curie, Dame Curie. Je trouve ça dommage d'avoir genré l'épithète car ça diminue l'impact des faucheuses femmes. Quitte à genrer pourquoi ne pas avoir mis Maitre et Maîtresse qui restaient semblables. Personnellement j'aurai opté pour Faucheur Faraday et Faucheuse Curie qui restait au final plus proche de la version et de l'idée d'origine.
Si Scythe Faraday et Scythe Curie sont des personnages complexes il n'en reste pas moins attachants et intéressants car on partage des valeurs communes avec eux. Ce n'est pas le cas de tous les faucheurs et on découvre vite Scythe Goddard et sa bande, les membres de la nouvelle garde qui eux revendiquent leur toute puissance par rapport au commun des mortels, l'envie de tuer et de le faire violemment ou en masse si besoin et l'abolition des quotas.
Car oui, les Scythes doivent rendre des comptes. Ils sont censés remplacer la mort et donc se montrer impartiaux comme cette dernière et tuer sans préjugé. Un faucheur qui tuerait trop dans la même communauté ou dans la même classe sociale pourra être sanctionné. De même s'il glane trop ou pas assez.
Le monde des Scythes est, au moment de notre histoire, en pleine mutation et Citra et Rowan vont devoir se faire une place parfois par la force. C'est ce point de bascule que Neal Shusterman veut nous montrer, celui où la nature humaine capable de belles choses peut aussi être responsable du pire.
L'univers de Neal Shusterman est passionnant. Il est à la fois simple et complexe, innovant en matière de gestion de la surpopulation et de la mort, du transhumanisme aussi et explore à fond notre rapport à la morale.
Nous sommes ici purement dans un roman d'anticipation et de dystopie dans la lignée des Hunger Games ou Divergent qui s'interrogent sur notre société, ses dérives, sa réorganisation etc. Pourtant, Scythe prend absolument tout le temps le contrepied des codes du genre.
Dans la dystopie classique, les héros sont toujours des rebelles qui se mobilisent contre l'ordre établi pour faire changer la société et l'améliorer, la rendre plus juste ou moins violente. Or ici, c'est absolument le contraire. Citra et Rowan et dans une moindre mesure Faraday et Curie, sont du côté de l'ordre et entendent bien ne pas le laisser sombrer dans le chaos par des gens assoiffés de sang et de pouvoir comme Goddard.
La question de la morale et de la justice sont elles aussi primordiale. Comment gérer la mort? Comment se substituer à elle de façon juste et équitable pour tous? Parce que finalement, dans cet univers il n'est question que d'une illusion d'immortalité. Pour maintenir la planète en bon état, il faut un quota de morts par an. Si statistiquement, vous avez moins de chance de mourir que maintenant, vous n'êtes pas vraiment immortel. Vous ne l'êtes que dans la mesure où un faucheur ne vous glane pas. Alors certains auront quatre-vingt ans et l'aspect d'un trentenaire, d'autre plus de cent et d'autres que seize sauf qu'au lieu d'une mort "naturelle", ce sera le Scythe le responsable.
Cette question de laisser la mort à l'Humain est assez fascinante car c'est l'abolition de la dernière égalité. Si on omet volontairement les cas où les humains s'entre-tuent, la mort "naturelle" ne fait pas de différence entre religion, couleur de peau, âge ou moralité de l'être en question. Jeune ou vieux, riche ou pauvre, elle peut survenir n'importe quand.
L'auteur est aussi très fort dans sa description de cette MidAmérique dans laquelle se passe l'action. Le patrimoine génétique des humains est plus riche qu'il ne l'a jamais été et il parvient à placer son action dans un monde "non uniformément blanc" et dans une zone géographique peu exploitée en SF en général.
Au-delà d'être un excellent roman de SF, Scythe, à l'instar de Altered Carbon, pose de nombreuses questions philosophiques sur notre vie, notre rapport au corps et à notre propre mortalité que je ne peux pas vous détailler ici. Il vous faudra faire votre propre lecture sur cette oeuvre si riche.
Soutenu par une narration excellente et endiablée, on plonge dans ce premier tome pour en ressortir tout étourdi, la tête plus pleine de questions que de réponses.
Je vous laisse avec l'interview de l'auteur que nous avions réalisée avec Glow pour le journal Actu SF il y a quelques mois et je vous dis à dimanche pour la chronique sur le tome 2: Thunderhead. Et si le thème de la surpopulation en SF vous intéresse, je vous recommande également les deux vidéos faites par DirtyBiology et Nexus VI sur youtube qui vous parle de tout ça.
Bonne lecture!

lundi 8 octobre 2018

Beyond scandal and desire - Sins for all seasons #1 - Lorraine Heath



D

Résumé: A la naissance, Mick Trewlove, le fils illégitime du duc Hedley, est laissé sur le pas d'une porte. Malgré son enfance dans les bas-fonds de Londres, Mick est parvenu à devenir un homme d'affaire à succès mais sa richesse n'a pas suffit à éteindre son besoin de vengeance contre l'homme qui l'a abandonné. Que peut faire Mick hormis détruire le fils légitime de son père et séduire sa fiancé afin de l'humilier complètement?

Orpheline et protégée, Lady Aslyn Hastings rêve d'un peu d'aventure. Avec son promis toujours occupé ailleurs, Aslyn se retrouve prise dans les filets d'un très bel entrepreneur qui semble comprendre parfaitement ce qu'elle ressent. Cependant, une Lady comme elle devrait sans doute éviter Mick Trewlove. Si seulement il n'était pas aussi irrésistible...

Alors que les secrets sont sur le point d'être exposés au grand jour, Mick doit décider si sa vengeance vaut le coup de risquer ce que son cœur désire vraiment.

Ma première expérience de Lorraine Heath avait été particulièrement concluante. La novella Gentlemen prefer heiresses de la série Scandalous gentlemen of Mayfair, était fraîche, drôle, sexy et vraiment fun à lire. J'étais super contente de pouvoir lire sa nouvelle série Sins for all season qui raconte l'histoire de plusieurs membres d'une même fratrie, tous des enfants illégitimes recueillis par Mrs Trewlove et élevés avec amour malgré leur filiation douteuse auprès de la bonne société londonienne.

A ce stade là, ce n'est plus de la déception que j'ai ressenti avec ce livre, c'est carrément de la rage. On ne va pas tourner autour du pot, j'ai DÉTESTÉ, Beyond scandal and desire. Ce roman a deux gros problèmes pour moi et je n'ai pas réussi à passer outre.

Le héros est un gros sac à caca. 
Voila, c'est dit. Mick Trewlove est le bâtard du duc de Hedley et a été abandonné à la naissance sur le seuil de la maison d'Ettie Trewlove, connue à l'époque pour s'occuper des rejetons illégitimes des aristocrates londoniens. Malgré ça, c'est un homme très intelligent qui a fait fortune...enfin, fortune, Crésus c'est un petit joueur à côté. Mick est en train de construire un magnifique hôtel et aimerait attirer les clients fortunés mais sa condition de fils illégitime est bien connue ce qui lui barre la route des salons influents. Contrairement à ses frères et sœurs Trewlove, qui s'en moquent de faire payer à leur géniteur leur vie dans les bas-fonds, Mick est plein de haine et entend bien se venger du duc de Hedley. Il se trouve que son demi-frère Kip a un gros problème de jeu. Joueur compulsif, il perd de grosses sommes aux tables des Hell de Londres et Mick voit là le moyen idéal de se venger, ruiner son demi-frère. Jusque là, je peux comprendre, il veut ruiner monétairement l'héritier légitime de son père.
SAUF QUE...Mick ne s'arrête pas là. Il veut une humiliation totale et donc...décide de séduire la fiancée de son frère, Lady Aslyn qui est également la pupille du duc Hedley.
POURQUOI? Pourquoi utiliser une jeune femme innocente pour se venger d'un autre homme? Beaucoup se diront que je pinaille, que c'est un trope courant dans la romance mais justement, c'est un trope que j'ai de plus en plus de mal à supporter. Au final, l'héroïne est toujours un dommage collatéral d'une histoire d'homme.

Surtout qu'il y a plusieurs problèmes au plan de Mick:
Aslyn est complètement dépendante de la famille Hedley. Elle n'a pas de famille, tout ce qu'elle possède, tout ce qu'elle est, elle le doit au duc et à la duchesse Hedley. Si sa réputation est ruinée, elle ne risque pas seulement d'être mise au ban de la société mais carrément de se retrouver à la rue.
C'est horriblement cruel de la part de Mick d'utiliser Aslyn de cette façon parce qu'il a vécu cette mise à l'écart et ce dénuement et c'est ce qu'il va imposer à Aslyn en la ruinant. Ça montre bien le caractère du personnage, il a tellement de haine en lui qu'il est prêt à faire souffrir une innocente autant que lui a souffert. J'ai du mal à le voir comme un héros potentiel à ce niveau de planification et de cruauté.
Oui parce que tout est planifié. Leur rencontre dans les jardins avec sa petite sœur et Aslyn et Kip n'est pas fortuite, elle est programmée à l'avance...

A ce point de l'intrigue, on réalise vite qu'Aslyn n'est pas une personne humaine aux yeux de Mick, elle est un moyen d'arriver à sa fin. Il ne voit pas vraiment l'enfermement dans lequel se trouve l'héroïne. Il ne réalise son humanité que lorsqu'il se rend compte qu'elle lui fait de l'effet et qu'il a envie de se la faire.
Que le héros ait d'abord une attraction physique avant des sentiments plus profonds ce n'est pas un problème. On est souvent d'abord attiré physiquement par quelqu'un avant de découvrir cette personne mais ici Mick réalise que ruiner la vie d'Aslyn serait cruel uniquement après avoir envie de se la faire. C'est parce qu'il ne peut pas la garder dans son pantalon qu'il voit Aslyn avec un autre regard. Si Aslyn ne lui avait pas fait d'effet, il n'en aurait rien eu à battre. NON, non et non!

Surtout que pour couronner le tout, à aucun moment il ne se dit qu'il est un odieux connard ou qu'elle mérite mieux. Jamais. Il va jusqu'au bout de sa vengeance et c'est une fois la vengeance accomplie qu'il se demande comment il peut arranger les choses pour Aslyn.

Rien ne vient sauver un héros pourtant prometteur et plutôt du genre que j'aime d'habitude. Pour moi, Mick Trewlove est juste un sac à caca qui décide de faire une bonne action parce que son pénis le démange. Franchement, des héros comme ça on peut très bien s'en passer.

Revenons sur ce que je disais sur Aslyn à présent. Contrairement à Mick que je trouve vraiment mauvais, Aslyn est très mignonne comme héroïne et possède même beaucoup d'humour. C'est un personnage d'autant plus attachant qu'elle est entourée de sac à caca parce que pour le dire franchement, Kip ne vaut pas mieux que Mick. Elle se retrouve donc avec un choix assez limité d'homme.
Ce qui était très intéressant ici cependant, c'est toute la construction sociale du roman. Aslyn est enfermée dans les codes moraux de la bonne société victorienne et Lorraine Heath exploite vraiment très bien cette lourdeur. On sent qu'elle s'est renseignée sur ce qu'une Lady comme Aslyn a le droit ou non de faire. Par exemple, parler dans la rue plus de cinq minutes à quelqu'un comme Trewlove peut lui causer des blâmes dans sa pristine réputation, ou encore comment une femme de la bonne société peut faire passer des messages avec son ombrelle ou son éventail.
Tout au long du roman, l'importance du rang social et de la filiation sont mis en avant. La bâtardise de Mick est sans cesse répétée, la fragile position des femmes également.

C'est ici que se trouve le second point qui m'a vraiment énervée. Avec toutes les précautions qu'a prises Lorraine Heath pour créer une ambiance pesante chargée des conventions sociales, elle finit par faire un roman absolument pas crédible! Je suis plutôt à cheval sur la réalité historique mais je suis capable de mettre ça de côté si l'histoire est bien, mignonne et/ou fun mais ici tout est lourd et imprégné des conventions. Comment croire une seule seconde que cela puisse finir aussi bien...Quand vous décidez d'écrire une romance avec un énorme écart social, encore plus si c'est la femme qui vient de la haute société, vous vous arrangez au moins pour que la romance soit légère et n'insiste pas trop sur les conventions sociales histoire qu'on puisse y croire.
Toute la fin est tellement tirée par les cheveux que s'en était ridicule. Déjà que je ne croyais pas à l'histoire d'amour mais alors la résolution de la vengeance et le happy end, j'ai roulé des yeux tellement fort que j'aurai pu voir l'arrière de ma tête. C'est comme si Lorraine Heath finissait par dire "Oh et puis merde on s'en fout on va dire que ça fonctionne".

Non je suis désolée, ça ne fonctionne pas. Y a pas grand chose qui fonctionne dans ce roman...

Vous voulez un Revenge trope beaucoup plus subtil avec un héros humain et repentant et une héroïne qui claque? Tournez-vous plutôt vers Wicked and the wallflower de Sarah MacLean, où Devil est incommensurablement meilleur que Mick Trewlove. Vous voulez une romance avec un écart social mais qui reste cute et efficace? When a Duke loves a woman de Lorraine Heath, le tome 2 de la série Sins for all season. On reparlera bien évidemment de ces deux romances.

Beyond scandal and desire m'a vraiment mise en colère et j'espère bien que ce genre de catastrophe ne va pas se reproduire. Qu'à l'avenir les auteures feront un peu plus attention avec les tropes malsains ou qu'elles seront assez intelligentes pour en tirer quelque chose de bien.
Si vous aimez Lorraine Heath, je vous conseille de passer directement au tome deux de cette nouvelle série et de laisser tomber ce premier tome.
Bonne lecture!