dimanche 30 septembre 2018

If I ever should love you - The spinster heiresses #1 - Cathy Maxwell


C-

TW/CW: mention de violences sexuelles et d'alcoolisme.

Résumé: Il était une fois trois jeunes femmes qui, malgré leur fortune, étaient sur le marché du mariage depuis trop longtemps. On les appelait "Les vieilles héritières". 

S'il a hérité d'un titre, ce dernier vient seul, sans fortune. Le comte de Rochdale sait qu'il doit trouver une femme, si possible assez jolie et avec un bon caractère mais surtout dotée d'une belle fortune et qui voudrait bien l'échanger contre un titre de noblesse. 
Son choix se porte sur Leonie Charnock, l'une des "Vieille héritière" de la saison. Des années auparavant, le comte a sauvé la réputation de cette beauté aux yeux noirs et elle reste toujours belle à couper le souffle, laissant espérer à Rochdale un mariage pas uniquement basé sur l'argent. 
Cependant Leonie n'a pas l'intention d'épouser qui que ce soit. Presque brisée par les secrets de son passé, Leonie accepte d'épouser Rochdale a une seule condition: l'épouser oui, partager son lit non. Seulement c'est une condition que la nouvelle comtesse de Rochdale n'est même pas sûre de tenir.

Ça me rend toujours triste de découvrir un·e nouveau·lle auteur·trice par un roman que vraiment je n'ai pas aimé parce que ça me rend frileuse ensuite. J'ai plus de mal à me dire: "je vais en lire un autre ça va être chouette". If I should ever love you promettait pourtant une très bonne lecture mais s'est révélé décevant et sur tellement de points que je n'ai pas envie de découvrir les deux romans suivants de la série (le tome 2 est sorti en avril, le tome 3 devrait sortir très prochainement).
Notez que je vais devoir spoiler un peu pour que vous compreniez bien pourquoi je n'ai pas aimé et gardez à l'esprit le TW/CW inscrit en haut de la chronique. 

If I ever should love you est typiquement le genre de roman ou l'auteur·trice veut en faire trop sans pour autant maîtriser les sujets dont il·elle parle. L'idée de base était pourtant tentante mais le traitement n'est pas à la hauteur.

Je ne sais pas vous mais lorsqu'on me vend une série, j'aime bien que celle-ci soit logiquement liée. Je suis paradoxalement moins frustrée lorsque les tomes sont vraiment déconnectés mais partage un trait en commun: des soldats, des highlanders etc. Ici, on découvre trois amies Leonie Cassandra et Willa. Bien que charmantes et fortunées, elles sont toutes les trois on the shelf. J'ai déjà un peu de mal à comprendre en quoi elles ne peuvent pas trouver chaussures à leurs pieds. Leonie a la meilleure excuse, elle ne veut pas se marier. En revanche Cassandra et Willa, elles ont hâte. Ce qu'on sait d'elles? Leonie est sublime, Cassandra est très grande, Willa très petite. Pour Cassandra et Willa, ne cherchez pas vous n'en saurez pas plus, hormis que Leonie regarde ses deux comparses avec un œil un peu condescendant. Cela promet une fausse série, ce genre de série où finalement on pourrait avoir trois stand-alone que ça ne changerait pas grand chose parce qu'à mon avis, des héroïnes spinster, elle a dû en écrire plus de trois...Si on compare avec les Wallflowers (La ronde des saisons) de Lisa Kleypas on sent tout de suite la différence. 

J'aurai pu m'accommoder de ce défaut on est d'accord, je ne suis pas tatillonne à ce point. En revanche, je peux difficilement passer outre l'histoire de Leonie et de Roman. 
Roman Gilchrist, comte de Rochdale, a hérité d'un titre prestigieux mais d'aucune liquidité. Comme tous les aristocrates en manque d'argent, le moyen le plus rapide et le plus sûr de s'en procurer est encore d'épouser une jeune femme bien dotée. Il se trouve que Leonie Charnock a ruiné la carrière de Roman des années auparavant et qu'il se dit qu'à présent elle lui doit bien une dot.
SPOILER ALERT: Non! Non seulement elle ne lui "doit" rien mais en plus, elle n'a pas vraiment ruiné sa réputation. On apprend dans le roman que Leonie a été violée aux Indes par un autre soldat et qu'en état de légitime défense, elle l'a tué. Roman a décidé de prendre la mort de l'homme à son compte en prétextant une histoire de jalousie entre lui et l'autre soldat. Bien que ce soit extrêmement touchant de voir ce qu'il a fait pour elle, l'homme est vexé qu'elle ne s'occupe pas plus de lui. Elle a été violée...elle ne s'est pas tordu la cheville et tu l'as sauvé, elle a été violée et elle a tué son agresseur. Leonie avait d'autres priorités que de te congratuler non?
Le comportement de Roman est déjà un problème pour moi. Certes c'était généreux de l'aider mais ça ne lui donne pas le droit d'exiger quoi que ce soit d'elle, sinon ça s'appelle du chantage.

Le personnage de Leonie se construit sur ce traumatisme et on comprend qu'elle ne veuille pas épouser Roman ou du moins pas partager son lit. Bien que courageux de la part de l'auteure de lever un tel sujet, on sent que le traitement est bancal. Leonie se montre plutôt froide ce qui est cohérent avec ce qu'elle a vécu cependant par moment on sent que Cathy Maxwell se rappelle être dans une romance et doit créer une attirance entre les héros. La sensualité est complètement absente, c'est froid mais ça cherche à faire monter une tension qui ne prend pas.
On aurait pu s'attendre à un traitement intéressant de leur découverte mutuelle, comme l'a super bien fait Courtney Milan dans A governess affair ou Patricia Briggs dans les Mercy Thompson (je vous les recommande chaudement) mais ce n'est pas de ce niveau. Le sexe avec Roman agit comme un pansement magique et Leonie oublie tout en dix secondes et on n'en reparlera plus jamais ensuite...Quand on bâti un personnage entier sur ce thème, on est en droit d'attendre une résolution plus subtile. Le héros a un pénis magique que voulez-vous...#Facepalm

Une fois cette trame évacuée - allez hop du balais circulez y'a rien à voir - on passe sur un autre problème puisqu'il faut bien assurer la seconde moitié du roman et trouver des obstacles à l'amour entre nos deux héros. Je vous le donne en mille, l'alcoolisme de Leonie. Elle boit depuis son viol pour surmonter les bals et autres moments en public. Là encore ça aurait pu être bon mais tout n'est que prétexte à des disputes entre les héros, Roman n'est pas un vrai soutien, il se contente de lui faire la morale ce que là encore j'ai trouvé déplacé.

En fait ce qui ressort c'est que Leonie elle-même est l'obstacle à la romance et voir toute la négativité incomber à la seule héroïne pour quelque chose dont elle n'est pas responsable à la base, c'est très très dérangeant. Si on récapitule: à la suite de son agression Roman perd son poste dans l'armée, elle ne veut plus être touchée donc Roman galère à la séduire et comme elle boit pour se donner du courage, c'est franchement honteux comme peut-il accepter ça? Vous sentez que tout tourne autour de lui alors que c'est elle la victime?
Vraiment je me répète mais A governess affair est un modèle du genre à mille parsec de ce que Cathy Maxwell nous offre là.

Les héros passent leur temps à se disputer, l'ensemble est froid et malaisant. Les thèmes choisis par l'auteure sont lourds et auraient mérité un traitement beaucoup plus subtil avec notamment un héros plus compréhensif et investi dans le bien-être de l'héroïne.
Leonie et Roman n'ont pas fonctionné pour moi, j'avais hâte d'en finir!

Du coup, je ne sais pas si je tenterai Cathy Maxwell par la suite. Est-ce qu'elle est adepte des héros un peu douchbag ou est-ce une exception? Si jamais vous en avez lu n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, en tout cas je vais attendre un peu pour retenter l'expérience!

vendredi 28 septembre 2018

Rebecca Kean tome 3 à 6 - Cassandra O'Donnell

B-

Il y a quelques temps je vous parlais de la série Rebecca Kean de Cassandra O'Donnell. Je vous disais que malgré des défauts parfois horripilants, je m'étais à mes dépends prise au jeu et que j'avais boulotté les deux premiers tomes comme autant de sucreries un·e gamin·e un soir d'Halloween. Encouragée par mon amie Clotilde qui me promettait quatre autres tomes aussi addictifs, j'ai englouti la série complète et j'attends maintenant la suite. 
Je ne trouvais pas pertinent de faire une chronique par tome, aussi je vous propose les tomes 3 à 6 d'un coup, avec un petit commentaire sur chacun et un avis sur l'ensemble de la série: ce que j'ai aimé, ce que je n'aime toujours pas et ce que j'attends pour la suite. 
Je ne vous spolierai pas les intrigues des tomes 3 à 6 si vous ne les avez pas lu, je donne simplement un avis sur la qualité de l'intrigue et les personnages que l'on suit dans ces opus. Toutefois, si vous craignez vraiment de lire quelque chose que vous n'auriez pas dû, je vous conseille de passer directement à mon commentaire global que vous trouverez plus bas. 

Tome 3: Potions macabres 
Résumé de l'éditeur: Avoir une fille en pleine crise d’ado quand on a 27 ans, ce n’est déjà pas de la tarte, mais quand votre adorable progéniture est une jeune vampire en pleine poussée hormonale, ça devient carrément insurmontable. Comme si je n’avais pas assez à faire avec une bande de potioneuses complètement disjonctées qui sèment la pagaille dans toute la région, et la nouvelle guerre qui se profile lentement mais sûrement à l’horizon…

Ce tome trois était vraiment sympa car on approfondit les relations avec le clan des potioneuses. On découvre aussi un peu plus Maurane et c'était assez sympa de voir des liens d'amitiés se créer entre Rebecca et elle, cela fait un personnage féminin de plus que Beth dans un autre clan. 
On tente aussi une incursion chez les démons avec Mark mais j'en reparlerai plus en détail un peu plus tard. 

Tome 4: Ancestral
Résumé de l'éditeur: Histoire de bien commencer la saison, le Mortefilis a décidé d’envahir la Nouvelle-Angleterre. Ça tombe bien, avec la disparition de Raphael, repousser une armée de redoutables vampires était tout ce dont j’avais besoin… Malgré mon inquiétude et une situation plus que critique, je me dois d’organiser la défense de notre territoire. Et croyez-moi, il va falloir la jouer serré !

Je dois dire que cette ouverture de roman était très réussie. C'est le gros point fort de cette série, fédérer les clans autour de Rebecca pour les voir tous en action même si le fait que Raphaël lui ait confié le clan des vampires ne soit sans doute pas l'idée du siècle quand on sait la neutralité que doit afficher l'Assayim. Après cette ouverture en fanfare, Cassandra O'Donnell nous plonge dans l'univers des muteurs. Si dans les premiers opus nous avons découvert les loups-garous, les vampires et les potioneuses, c'est ce quatrième clan et notamment leur chef Aligarh qui est au centre de l'intrigue. Ali est une grande réussite. C'est un personnage complexe et intéressant qu'elle sait bien mettre en scène. Une fois de plus on découvre avec ce clan d'autres règles, d'autres modes de pensée et ce n'est jamais simple dans un univers d'urban fantasy où l'on doit construire une mythologie cohérente. Cassandra O'Donnell s'en sort moins bien que Patricia Brigg et Ilona Andrews mais c'est réussi malgré tout. A partir de ce tome, pas mal d'éléments importants de l'intrigue globale de la série se mettent en place. Plusieurs personnages commencent à prendre une place plus importante, quelques pistes commencent à se former. 

Tome 5: L'Armée des âmes
Résumé de l'éditeur: Ah, les joies de la famille… Les flambées de vampires, les batailles sanglantes, les coups de fouet, les séances de torture ludiques, les joyeux exorcismes… Tous ces petits bonheurs simples me reviennent à l’esprit depuis que Grand-mère et les Vikaris m’ont retrouvée et ont débarqué en ville dans l’intention évidente de me liquider ! Nostalgie, quand tu nous tiens...

Là on rentre dans le vif du sujet. Si les relations entre Rebecca et Raphaël, Bruce et Ali s'épaississent, ce sont à la fois les origines Vikaris de Rebecca mais aussi le clan des chamans qui se retrouvent cette fois dans la ligne de mire de l'auteure.
Elle poursuit sur sa lancée classique: un tome par clan, mais développe parallèlement la trame globale à travers le passé de Rebecca. Si on connaissait les raisons qui l'ont poussée à quitter la France et son clan, on comprend à présent d'où vient Rebecca, comment elle a été élevée et surtout par qui. Les Vikaris, à commencer par la grand-mère de Rebecca, sont très bien campées. On dirait de vieilles mamies mais façon arsenic et vieilles dentelles. Je ne recommande pas de s'approcher de trop près de ces sorcières là. 
Parallèlement on est rencontre les chamans grâce à Léo qui est dans un beau pétrin. Une fois de plus, il est évident que Cassandra O'Donnell a pris du temps pour penser ces chamans qui sont plutôt absents en règle générale de l'urban fantasy. J'ai bien aimé cet univers, très secret et pas du tout commun. A la fin de ce tome on a passé du temps dans tous les clans et on commence à avoir une bonne idée de ce qu'est Rebecca pour les Vikaris. Cela devient évident que le tome 5 est le dernier des tomes "classiques" de la série et qu'à partir de maintenant, l'intrigue va se resserrer. 

Tome 6: Origines
Résumé de l'éditeur: Un coup de fil en pleine nuit augure rarement d’une bonne nouvelle. Quand c’est pour apprendre qu’un petit rigolo a décidé de faire mumuse avec un sort interdit depuis des lustres, je commence à perdre mon sens de l’humour. Et si, en plus, cette démonstration vise à éliminer un à un les chefs de clan officiant sur mon territoire, autant vous dire que je vois carrément rouge !
Avec tout cela, on voudrait que j’exerce avec un peu plus de sérieux mon rôle de reine des Vikaris. Pas de doutes, les congés payés, c’est pas pour demain…

Fini la découverte des clans, on commence enfin à aborder l'histoire de Rebecca, ses origines comme le dit le titre et les conséquences sur le Vermont de la bonne entente qu'a créé Rebecca entre les clans ennemis. Autant j'ai aimé le propos de ce tome, les problèmes de Léo qui commencent à apparaître pour dévier sur un spin-off qui j'espère sortira bientôt, les relations de Rebecca avec Baetan et ce que ça veut dire pour la suite, autant je l'ai trouvé trop court, beaucoup trop court. Ce tome 6 c'est un tome charnière et j'ai eu l'impression de survoler des éléments importants. Il y a beaucoup de personnages dans la série et j'aurai aimé qu'ils trouvent tous une place plus naturelle dans ce tome 6. J'attendais beaucoup et je suis au final un peu déçue de tout ce qui reste en suspens, surtout ne sachant pas quand sortira le prochain tome. 

DEBUT DE LA CHRONIQUE GLOBALE

Pour celles et ceux qui ont lu jusqu'ici, merci beaucoup et pour les autres welcome back!
Maintenant que j'ai lu toute la série je suis plus à même de savoir ce qui m'a plu ou non et si Rebecca Kean vaut le coup. 

J'avais déjà pointé les faiblesses de l'écriture - une critique qui revient souvent apparemment pour cette auteure - et il faut avouer qu'à partir du tome 3 elle s'améliore. Je ne sais pas si c'est dû à une meilleure qualité d'édition ou si l'auteure elle-même a mieux travaillé son texte, toujours est-il que les quatre derniers tomes sont beaucoup plus fluides que les deux premiers. 

J'avais également mentionnée que je trouvais pénible que tous les mâles alpha - à l'exception de Gordon -  de la série veulent se faire Rebecca comme si c'était une biche en période de rut...Autant vous prévenir, ça ne s'arrête pas. Tous ou presque créent des liens "particuliers" avec Rebecca et même si on échappe - ou pas ça dépend du point de vue - à des scènes de sexes débridées, Cassandra O'Donnell est plutôt mesurée en vérité, ça devient lassant. Pour avoir lu beaucoup d'urban fantasy, je confirme mon point de vue: une héroïne parfaite dont tout le monde tombe amoureux, c'est un repoussoir. Je ne suis pas une bombasse incroyablement parfaite et me sentir rabaissée par l'héroïne ce n'est pas le meilleur des arguments de lecture. Rebecca est une sorcière d'un clan spécial, elle est extrêmement puissante, elle est belle, elle a un corps de rêve, n'a pas l'air de vieillir et à vingt-sept ans elle a déjà une gamine ado...à quel moment je suis sensée m'identifier? Qui peut s'identifier et cocher toutes ces belles cases de la femme surpuissante, belle et en plus mère jeune et cool? 
Et puis Rebecca n'est pas vraiment modeste. Elle mentionne à plusieurs reprise son "physique de rêve". L'entendre de la bouche des personnages secondaires c'est déjà un peu pénible mais quand elle s'y met ça devient insupportable. Rebecca n'a pas le second degré d'une Charley Davidson qui rend ces affirmations drôles et c'est dommage. 
Alors, on pourrait argumenter aussi que l'auteure a quelque chose en tête avec cette trame de mâles de différents clans qui nouent des liens impossibles avec une sorcière de guerre. Certes. Seulement je persiste à penser que l'auteure aurait pu lui faire créer des liens sans que tout tourne autour de son pouvoir de séduction parce que les liens créés, ce ne sont pas des liens de clans mais des liens de mâles alpha à femelles Alpha. On peut dire ce qu'on veut, de ce point de vue là, Rebecca Kean manque de la finesse d'une Mercy Thompson ou d'une Kate Daniels. 

Pour rester dans le domaine du mâle, quoi de mieux qu'un petit tour d'horizon de ces derniers. Alors, soyons franc·che: je déteste Raphaël. J'ai une aversion générale pour les vampires mais ici ça dépasse même mon dégoût pour Edward Cullen - sans offense pour celles et ceux qui aiment évidemment c'est très personnel. J'aime le mythe ancien du vampire, Dracula, Nosferatu, ceux de Kate Daniels qui ne sont pas beaux, pas gentils, pas sexy. C'est un mythe que je trouve vraiment passionnant à plein de niveaux et j'ai beaucoup de mal avec les détournements actuels, à l'exception des vampires de Gail Carriger - Lord Akeldama est génial - et Stephen de Mercy Thompson. J'aime quand le vampire est un être vraiment effrayant caché éventuellement par un masque de beauté avec tout ce que ça comporte de réflexion sur notre sexualité etc. 
Raphaël, c'est le type de vampire qui se veut magnétique et sexy en mode: Je suis l'ange de la mort bébé agrémenté d'un complexe de supériorité assez énorme. Si vous savez, ce mâle alpha relou: "je suis irresistible chérie, je sais mieux que toi ce qu'il te faut et même que quand tu dis non en fait tu veux dire oui prend-moi sauvagement sur le lave-vaisselle"....Yerk. Un vrai tue-l'amour. Je n'arrive pas à voir la manipulation et le machisme comme sexy. Physiquement non plus Raphaël ce n'est pas ma tasse de thé: un grand tout sec avec des longs cheveux blonds jusque dans le dos et qui trouve être le comble du chic de se présenter en kimono d'apparat alors qu'il n'est même pas japonais. Je ne me lancerai pas sur l'appropriation culturelle et en quoi c'est extrêmement malaisant de voir la culture japonaise pillée par un vampire européen parce que ça serait trop long mais bref: après 6 volumes Raphaël est toujours un énorme NON pour moi et je regrette qu'il soit toujours le love interest de Rebecca. 

Parmi les autres mâles qui gravitent autour de Rebecca on retrouve Bruce, le loup-garou des steppes au lourd passé. J'adore Bruce, c'est typiquement le genre de personnage que j'aime - c'est un muteur pas de surprise là dessus - il est sexy en diable et pour le coup sans jouer la carte du "tu m'appartiens, si tu me quittes j'éventre ta fille et je la pends par les tripes façon Hannibal Lecter. Tu m'aimes hein?". Bruce c'est le loup-garou protecteur, celui qui devient tout mou et vulnérable dans son petit coeur malgré ses muscles et ses crocs. Je suis assez frustrée du développement qu'elle donne au personnage qui passe quand même pas mal de temps absent des intrigues principales. La preuve selon moi qu'il y a trop de mâles amoureux dans l'entourage de Rebecca et que Cassandra O'Donnell ne sait pas trop quoi en faire. C'est vraiment une déception parce qu'on sent qu'elle a une idée sur le personnage de Bruce mais ce n'est pas abouti. 
Parmi les autres muteurs on découvre Aligarh dit Ali, le chef des muteurs du Vermont. J'ai eu l'impression qu'il remplaçait Bruce par moment à la façon dont ils sont interchangeables. J'aime bien Ali, il est aussi alpha mais sans les défauts de Raphaël. Il est solide et secret, n'hésite pas à taquiner Rebecca mais assure toujours ses arrières comme Gordon, le chef des loups-garous. 
Je suis assez frustrée par Ali et Bruce parce que je les préfère largement à Raphaël et j'aurai préféré que Rebecca choisisse l'un deux plutôt que le vampire. J'espère que pour la suite les relations entre ces personnages va évoluer. 

Pour conclure la série sur les mâles, il faut parler de Mark. Mark est un vrai gâchis. Il était très intéressant dans le tome un, charismatique, mystérieux et à partir du tome deux, le personnage part en sucette. Pour moi ça a toujours à voir avec le trop grand nombre de personnages masculins à gérer: Mark, Bruce, Ali et Raphaël. Si Bruce passe une grande partie de la série absent, ça lui laisse encore trop d'hommes dans les pattes de Rebecca. La seule chose qui distingue Mark des autres c'est qu'elle en fait un méchant - impossible d'éprouver la moindre sympathie pour le personnage - alors que les liens qui l'unissent à Rebecca sont exactement les mêmes que les autres mâles. Je suis très insatisfaite de son traitement, j'ai vraiment eu l'impression que c'était bâclé pour pouvoir s'en débarrasser le plus vite possible parce qu'il encombrait. J'aurai aimé plus de subtilité dans son traitement sans doute. 
J'ai l'air de beaucoup râler mais c'est simplement parce qu'aurait voulu voir plus Ali et Bruce. On ne voit jamais assez les personnages que l'on préfère n'est-ce pas?  

Détail réjouissant de la série, c'est l'ampleur que prend Léonora la fille de Rebecca qui a l'air de suivre le même chemin que sa mère. Non seulement elle est atypique mais en plus elle promet niveau magie et histoire de coeur. Je ne suis pas étonnée qu'on parle d'une rumeur d'un spin-off la concernant, cela pourrait être passionnant. 

Si le premier tome est un tome de présentation de l'univers, les tomes 2 à 5 se concentrent chacun sur un clan précis: vampires, potioneuses, muteurs et chamanes, les loups-garous parcourant tous les tomes. C'est une bonne idée car cela permet de rencontrer les clans au fur et à mesure et d'absorber les règles qui les régissent. Malgré tout, ce schéma narratif comporte une faiblesse: la trame globale qui les relie est un peu maigre et c'est sans doute pourquoi le tome six est un peu décevant. On attend beaucoup de ce tome et il est trop rapide pour être satisfaisant et comme il mêle tous les clans, on ne s'attarde vraiment sur rien. 

Je trouve à cette série beaucoup de défaut: une écriture qui manque de raffinement, des personnages pas toujours bien exploités et une héroïne certes sympathique mais beaucoup trop parfaite. Malgré tout, j'ai tout de même lu les six tomes de façon compulsive parce que l'ambiance m'a plu. J'ai aimé l'univers de la série, le Vermont et ses grands espaces, l'humour qui fait mouche aussi et les personnages attachants: Bruce, Ali, Beth, Gordon, Maurane, Léo. Les intrigues sont prenantes, mêlant fantastique et policier et une fois ouvert, ça se boulote facilement.  

En conclusion, Rebecca Kean est une chouette série d'urban fantasy à la française avec un univers relativement original et surtout cohérent, une héroïne que j'aime bien malgré son côté superwoman canon en permanence même quand elle a du sang partout dans les cheveux et une floppée de personnages secondaires vraiment sympa. Cette série c'est un B- pour moi parce que je ne peux m'empêcher de la bouloter comme des pastilles vichy un jour de soupe à l'oignon, et qu'il serait dès lors un peu mesquin de bouder son plaisir, mais qui possède quand même pas mal de défauts qui agaceront sans doute plus d'un·e lecteur·trice. Je n'ai pas lu Anita Blake mais il paraît que Rebecca Kean en a les mêmes atouts et les mêmes défauts. 
Alors si vous avez déjà fait le tour de toutes les bonnes séries d'urban fantasy avec une héroïne, Rebecca Kean devrait être la petite piqure de rappel sympathique à condition de ne pas s'attarder sur certains aspects moins agréables. 

mercredi 26 septembre 2018

Gentlemen prefere heiresses - Scandalous gentleman of St. James #4.5 - Lorraine Heath

B+

Résumé: Lord Andrew Mabry, second fils du duc de Greystone, n'a aucune envie de se marier. En tant qu'héritier en second, il n'a pas l'obligation de produire un héritier et il préfère plutôt passer ses journées et ses nuits à profiter des plaisirs qu'offre le demi-monde. Mais depuis quelques temps, il a pris conscience qu'il est de plus en plus attiré par l'héritière américaine Gina Hammersley et la tentation de jouer à un jeu dangereux avec elle.
Après le mariage de sa scandaleuse soeur aînée avec un marquis, Gina Hammersley devient subitement la petite fille chérie de Londres, envahie par les demandes de visites de prétendants qui lui envoient des fleurs et remplissent sa carte de bal. Malheureusement, le seul qu'elle désire vraiment est justement celui qui refuse de tomber dans les pièges du mariage: Lors Andrew Mabry.
Lorsqu'ils sont découverts dans une situation compromettante, le couple improbable aura le choix entre affronter le scandale ou découvrir si la passion qu'ils ont toujours ressentie est suffisamment forte pour les conduire sur le chemin de l'amour. 

Gentlemen prefer heiresses, est une petite novella qui arrive juste après le tome 4 de la série des Scandalous Gentlemen of St. James, An affair with a notorious heiress. Cette novella conclue apparemment la série puisque Lorraine Heath a débuté une autre série Sin for all seasons dont nous reparlerons prochainement ici. Je n'ai pas lu Scandalous Gentleman of St. James, j'ai commencé par la fin et je dois dire que j'aurai peut-être encore plus apprécié ce tome si j'avais lu celui d'avant car Gentlemen prefer heiresses découle directement de An affair with a notorious heiress
Cela dit je ne regrette pas cette lecture parce qu'elle m'a divertie et fait rire ce qui est toujours une bonne chose à prendre et qu'elle m'a donné envie de lire les autres tomes de la série. 

Ce que je retiendrais de ce petit opus c'est beaucoup d'humour et une sensualité assez débridée. Si vous êtes un·e fan de Lorraine Heath vous devez déjà connaître sa capacité à vous mettre des papillons dans le ventre. Ici elle s'en donne à coeur joie et profite du format court pour nous en mettre plein la vue. Si vous n'aimez pas particulièrement les ambiances presque érotiques, je vous conseillerais plutôt de passer votre chemin car Gentlemen prefer heiresses est quand même du côté sexy de la force. 
Je ne veux pas vous spoiler les rebondissements qui sont - à défaut d'être historiquement crédibles - particulièrement savoureux mais je peux vous garantir que je riais toute seule. Il y a quelques situations vraiment très très drôles, ce qui donne une atmosphère à la fois légère et sensuelle à la novella. Si vous être adepte d'Eloisa James par exemple, je pense que vous aimerez retrouver cet humour et ces situations croquignolesques qui vous font glousser dans le métro/train/canapé/lit/toilettes (éventuellement, ne soyons pas sectaire). 

Le couple principal est délicieux. Ils ont de la répartie, sont attachants et pas compliqués. C'est aussi l'avantage de la novella, le côté court rendant l'intrigue beaucoup plus franche et directe là où un roman prend plus de temps pour poser une intrigue complexe. Comme les héros se connaissent déjà grâce au tome précédent, Lorraine Heath n'a pas vraiment besoin de les introduire en détail, que ce soit eux ou leurs relations préalables. Elle se contente d'entrer directement dans le vif du sujet et le rythme est soutenu. On ne s'ennuie pas un seul instant et les pages se tournent à une vitesse incroyable.
C'est aussi sans doute le seul défaut que je lui trouverai pour le coup. Le couple est tellement mignon et la situation globale tellement fun que j'en aurai voulu plus...Cela dit ce serait malvenu de râler, 160 pages je savais que ce serait trop peu pour moi! 

Gentlemen prefer heiresses est pour moi une vraie réussite. 160 pages d'un petit bonbon acidulé au coeur tout chaud qui vous évadera sans problème le temps que durera la lecture. 
J'ai très envie de découvrir les autres volumes de la série dont il est issu. Si jamais vous les avez lu, n'hésitez pas à me donner votre avis! 

lundi 24 septembre 2018

Fated (Destinée) - Alex Verus #1 - Benedict Jacka

A

Résumé (présentation de l'éditrice française): Alex Verus vit à Londres et il est devin. Il peut voir le futur comme un faisceau de probabilités. Pour le commun des mortels, c’est un don impressionnant, mais pour les autres mages, c’est le bas de l’échelle des arts occultes. De toute façon, Alex a tourné le dos à cette confrérie. Trop de rivalités, de secrets, de complots, trop de morts… Sa seule ambition est de mener une existence sans histoires, caché dans sa petite boutique d’accessoires pour magiciens amateurs. Dans l’arrière-salle, il continue à faire un peu de marché noir, c’est risqué mais le commerce des vrais objets magiques lui permet de payer le loyer.
Quand une relique puissante échoue entre ses mains, il se retrouve la proie des forces auxquelles il avait essayé d’échapper, forcé de choisir un camp dans une bataille qui le dépasse.
Voir le futur n’est pas toujours drôle, surtout quand le sien semble à ce point compromis.

Je débarque un peu tard avec mon Alex Verus car celles et ceux qui aiment l'urban fantasy doivent déjà avoir entendu parler ou même lu cette série britannique. Sortie en 2012, elle compte neuf tomes, le dernier est sorti en juillet 2018 et le dixième est prévu pour juin de l'année prochaine. Anne Carrière a décidé de les traduire en français et c'est - à mon humble avis - une excellente initiative. 

Alex Verus c'est le genre de personnage qu'on apprécie dès la première ligne. Déjà, parce qu'il est systématiquement dans les emmerdes et parce qu'on sent que c'est un gentil, qui aimerait bien rester dans son coin tranquille mais que malheureusement le destin en a décidé autrement. C'est un peu comme Dresden de Jim Butcher où de façon constante la situation se retourne contre lui. 
L'histoire prend place à Londres et si vous connaissez un peu la ville, c'est agréable de se promener dans ces rues. Londres est moins présente que dans les Ben Aaronovitch mais c'est malgré tout un décor bien planté. 

L'univers n'est pas le plus original que j'ai pu lire en urban fantasy malgré tout cela n'est pas du tout un aspect négatif parce que Benedict Jacka arrive à donner une vraie patte à l'environnement qu'il décrit, ce qui compense l'originalité qui serait obligatoire. La magie n'est pas révolutionnaire, les créatures non plus - on reste dans un folklore latin-grec dans ce premier tome - mais sa façon de concevoir la magie, elle, est assez intéressante. Vous avez d'un côté les mages de Lumière et de l'autre les mages de L'ombre mais il ne faudrait pas croire qu'il s'agit d'une opposition manichéenne gentils-méchants. Il apparait très vite qu'il y a des pourris des deux côtés de la ligne. C'est plutôt la conception de la magie qu'ont ses deux clans qui les rend passionnants. 
On apprend assez vite d'ailleurs qu'Alex a été formé par un mage de L'ombre et que cette formation ne s'est pas très bien déroulée. Le lourd passé d'Alex est une curiosité que j'ai hâte de démêler. 

Autre point extrêmement plaisant: les pouvoirs d'Alex. Dans cet univers, les dons d'Alex sont considérés par les autres membres de la communauté magique comme le bas de l'échelle. J'aime bien cette idée d'avoir un héros qui ne soit pas surpuissant, ça le rend plus attachant, un peu comme Peter Grant des Ben Aaronovitch qui n'est pas particulièrement doué en magie. Ça donne un petit côté maladroit adorable au personnage. Cependant, à force d'être sous-estimé, Alex y a vu un avantage et s'en sert allègrement. Le futur comme faisceau de probabilité c'est une excellente idée qui fonctionne vraiment très bien dans le roman. 

Autre trait commun à de la bonne urban fantasy, l'humour dans le style. Raconté à la première personne, Alex Verus ne manque pas d'autodérision et le roman sait parfaitement articuler humour et temps plus dramatique.  

Destinée est un excellent premier tome de série. Il met bien l'univers en place, en laissant entrevoir d'autres trames narratives intéressantes - le passé d'Alex, la guerre des mages -  nous introduit des personnages qu'on a envie de revoir - Alex, Arachnée, la petite fée qui n'a pas de mémoire etc. Il possède une histoire complète qui s'ouvre sur d'autres perspectives, de l'humour, des instants plus dramatiques, une belle démonstration de pouvoir. Bref, un premier tome qui se dévore et qui donne envie de poursuivre. Quoi demander d'autre? 

samedi 22 septembre 2018

The Lady travelers guide to scoundrels and other gentlemen - The Lady travelers society #1 - Victoria Alexander

C-

Résumé: Afin de pouvoir hériter de son aristocrate d'oncle, Derek Saunders doit faire preuve de bonne volonté de s'occuper de la Lady Travelers Society de sa tante préférée. Cependant, quand India Prendergast se présente à la society et demande des nouvelles de sa cousine partie en voyage grâce à la compagnie, Derek comprend vite que les ennuis sont à sa porte. Avec une voyageuse disparue et India Prendergast qui hurle à la fraude, le jeune homme n'a d'autre choix que d'accompagner Miss Prendergast à Paris afin de retrouver sa cousine. Pour India, un homme à la réputation sulfureuse de Derek ne peut pas être de confiance, pas plus que son sourire à tomber et l'ambiance diablement romantique de Paris. Alors qu'elle se trouve dans la capitale française pour retrouver sa cousine, India Prendergast aura toutes les peines du monde à ne pas tomber sous le charme de Derek.


Il n'y a rien de pire que d'être déçu·e par un roman. Lorsque l'on n'a pas d'attente, à la limite, on ne peut qu'être surpris en bien mais dès lors que l'on a des attentes c'est foutu. C'est exactement ce qui m'est arrivé avec ce premier tome de la Lady Travelers society. La couverture canon, le titre à rallonge mais qui sentait bon, le résumé qui me promettait presque une nouvelle Alexia Tarabotti - Amelia Peabody en guise d'héroïne, bref, le nirvana de la romance envolée, drôle et piquante. 
Le postulat de base est, j'avoue, très tentant. Une cousine disparue, un mystère à résoudre, des grands-mères filoutes qui organisent une gentille petite fraude, un neveu dans l'embarras et une jeune femme indépendante qui n'a pas l'intention de se laisser tourner la tête, bref, de l'herbe à chat pour la lectrice que je suis. Sauf que...

Non. 


Il n'y a pas grand chose qui fonctionne dans ce roman et c'est fort dommage. Tout d'abord le roman est looooooooooooonngggg mais long...Il fait 480 pages environs, ce qui est déjà plutôt dense en soit. Le problème c'est qu'il faut passer les 350 premières pages pour que l'intrigue décolle, que ce soit l'intrigue amoureuse ou policière. L'intrigue est molle alors qu'il y avait de la matière à en faire quelque chose de bien. Les personnages se retrouvent à Paris pendant l'exposition universelle de 1889, un décor idyllique pour une romance. Les passages dans Paris sont d'ailleurs assez agréables à lire mais ils gardent un goût de trop peu comme on dit dans ma famille. On sent que le côté policier devait être relégué au second plan pour laisser plus de place à l'intrigue amoureuse sauf que ça ne prend pas et on s'ennuie en attendant qu'il se passe quelque chose. 

La lenteur du roman et le problème de rythme ne sont malheureusement pas compensés par le style ou la qualité des dialogues. J'avais lu un peu partout que Victoria Alexander écrivait très bien et qu'elle avait une capacité à écrire des dialogues drôles, enlevés, irrésistibles. Je me figurais déjà une Eloisa James ou une Gail Carriger. Je ne sais pas si ce roman reflète le reste de ce qu'elle écrit mais clairement la comparaison avec ces deux autrices n'a pas sa place. Le style n'a rien de remarquable et les dialogues souffrent de deux problèmes: ils sont lourds et redondants. Lourds parce qu'on sent qu'ils veulent être drôles et faire mouche mais ça tombe très souvent à plat et redondants car ils ne sont pas structurés. Dans la vraie vie, lorsque vous discutez avec quelqu'un il arrive très fréquemment qu'on ouvre des parenthèses parce qu'on pense soudainement à quelque chose puis que l'on retourne sur le sujet de conversation, qu'on abandonne ce qu'on était en train de dire etc. C'est certes naturel et on s'y retrouve parce que nous sommes des acteur·trice·s direct·e·s de la conversation or dans un roman ça ne peut pas fonctionner comme ça. Pour que le·a lecteur·trice puisse se repérer et suivre ce qu'il se dit, le dialogue doit être un minimum structuré avec des idées directrices. Les dialogues entre India et Derek sont pour le coup très brouillons. Ils reviennent sans cesse sur des sujets déjà abordés, commencent une discussion, la laisse en suspens, y revienne...bref...c'est assez fastidieux à suivre. 

J'ai bien aimé le côté policier du roman en revanche. On sent vite qu'India panique pour rien et que la solution du mystère n'est pas du tout que la cousine Héloïse a été égorgée au fond d'une ruelle parisienne. Cela donne un côté léger au roman - ce qui aurait en théorie donné plus de place à la romance. Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de penser que la résolution du mystère dénote quelque chose de triste qui en dit long sur les personnages. 


Car c'est bien ça qui pèche dans The Lady travelers guide to scoundrel and other gentlemen, les personnages. India Prendergast est détestable au possible. Je pensais qu'elle serait une Alexia Tarabotti ou une Peabody, avec de l'humour et on se retrouve avec l'anthropologue de la série Bones. Si c'est votre truc allez-y vous allez aimer mais ce n'est pas du tout ma came. Les personnages caricaturaux et froids ne m'emballent pas une seule seconde. India Prendergast n'est pas une femme au fort caractère et indépendante, elle est rigide. Elle voit le monde à travers son regard et tout ce qui ne rentre pas dans ses petites cases de pensées est méprisable. 

En fait le personnage est misogyne. Elle classe les femmes dans deux catégories: les idiotes futiles et elle. Je ne vois pas en quoi elle vaut mieux que les autres du coup avec sa condescendance insupportable. Elle voit la frivolité, la joie de vivre comme étant aliénant. Elle décide de ce que doit être le bon comportement d'une femme et malheur à celles qui ne s'y conforment pas. De la même façon, elle reste persuadée quasiment jusqu'à la fin du roman que Derek est l'escroc dans l'affaire de la Lady Travelers society. Elle n'envisage pas un seul instant que ce soit les trois vieilles dames qui en soit à l'origine et que Derek les couvre par amour pour sa tante. Pour elle, seul un homme peut être capable de ce genre de chose. Un manque flagrant d'ouverture d'esprit: si tu es une vieille femme, forcément tu n'es pas assez intelligente pour conduire une escroquerie...  
Ce n'est pas parce qu'elle pense que les femmes doivent être indépendantes que je vais l'aimer. Il m'en faut un peu plus que ça. A l'image du rythme du roman, India met du teeeeeeeemmmmppssss à évoluer et encore, quand elle commence à changer un peu d'opinion on a dépassé les deux tiers du livre. Un peu tard pour commencer à apprécier un personnage. 


Derek en revanche n'est pas mal. Il reste difficile de le trouver excellent car sa moitié est horripilante à souhait mais lui est plutôt sympathique. On comprend bien ses difficultés personnelles, pourquoi il agit comme ça avec sa tante et sa famille en général. Il a de la profondeur et de la complexité. En revanche, je ne comprends pas comme il peut tomber amoureux d'India. MAIS QU'EST-CE QU'IL SE PASSE DANS TA TETE DEREK? Elle passe son temps à te critiquer, te prend pour un escroc qui au mieux vole les économies de femmes seules au pire, s'arrange pour qu'elle meure dans des contrées sauvages comme la France, et toi en réponse, tu tombes amoureux??? Sérieux???
Impossible d'y croire une seule seconde, il n'y aucune alchimie entre les héros, aucune sensualité, tout se résout dans les dernières cinquante pages. C'est dommage parce que dans ce genre de romance où les héros se détestent au début, il faut vraiment être subtile dans la construction de la relation des personnages. Malheureusement pour elle, Victoria Alexander échoue en beauté. 

Si on récapitule on a un roman mal rythmé, des dialogues lourds qui tombent à plat - lorsqu'ils ne sont pas difficiles à suivre - une héroïne odieuse et franchement pas aimable, un couple qui ne fonctionne pas...bref, ce n'est pas folichon. 


Comme on doit toujours rendre à César ce qui appartient à César, il faut admettre que les deux personnages secondaires, la mère de Derek - qui est aussi l'héroïne de la première novella de la série - et le demi frère de ce dernier, Perceval, sont eux très bien écrits. J'ai bien aimé l'intrigue policière sous-jacente et le décor parisien de l'exposition universelle de 1889. 

Bilan: je suis déçue par ce roman qui m'a vidée de mon énergie, m'a mise en colère avec son héroïne ratée et m'a fait perdre mon temps. 
Je pensais que le tome 2 serait sur Perceval, il semble que non. Comme je ne suis pas rancunière je lirai peut-être les suites, le tome 3 qui va sortir se passe en Egypte, autre herbe à chat pour la Persie que suit. Affaire à suivre donc.


Si jamais vous avez déjà lu du Victoria Alexander et que vous aimez, dites-moi en quoi et surtout si celui-ci est dans la même veine que les autres que je ne me fasse pas avoir deux fois!

jeudi 20 septembre 2018

The Belles (Les belles) - Dhonielle Clayton

F

TW: ce livre contient une tentative d'agression sexuelle, des propos grossophobes, transphobes et lesbophobes. 

Attention je spoile méchamment et j'ai même pas honte. 

Présentation de l'éditeur français: Dans le monde opulent d’Orléans, les gens naissent gris, ils naissent condamnés, et seules les Belles peuvent, grâce à leur talent, les transformer et les rendre beaux. En tant que Belle, Camélia Beauregard est presque une déesse dans cet univers où triomphe le culte des apparences.
Or Camélia ne veut pas se contenter d’être une Belle. Elle rêve de devenir la favorite choisie par la reine d’Orléans pour s’occuper de la famille royale et d’être reconnue comme la plus douée du pays. Mais une fois Camélia et ses soeurs Belles arrivées à la cour, il s’avère que la position de favorite tient davantage du cauchemar. Derrière les ors du palais, les noirs secrets pullulent…

Avant toute chose, je voudrais parler de l'autrice Dhonielle Clayton, de son parcours et de ses inspirations pour l'écriture de The Belles. Dhonielle Clayton est une autrice afro-américaine, ancienne bibliothécaire et surtout COO (chief operating officer) de l'association à buts non-lucratif We need diverse books (Nous avons besoin de diversité en littérature). Elle est donc clairement engagée dans la promotion de la diversité dans la littérature et The Belles est sans aucune discussion possible un produit de cette réflexion et de ses engagements. Quant à ce qui l'a inspiré à écrire ce texte, voici ce qu'elle en dit sur son site:
Dhonielle écrit à propos de ce qui la perturbe et depuis l'adolescence, elle est agacée par la "marchandisation" du corps féminin. Les magazines, les films et la culture populaire ont eu une profonde influence sur Dhonielle à l'adolescence et elle a toujours voulu changer le regard qu'elle porte sur son propre corps. Après avoir lu la série Uglies de Scott Westerfield, elle a voulu répondre à une question similaire sur l'apparence physique, la perfection, le pouvoir et leur importance dans la société afin de démarrer une discussion sur l'impact des médias sur les femmes et leurs corps. 
Si on rajoute à ça que l'héroïne est noire et que l'homosexualité (notamment féminine) est parfaitement intégrée à la société, deux facteurs qui manquent cruellement à la Fantasy, on a tout ce qu'il faut pour faire de The Belles un de mes livres chouchou...sauf que. 
Sauf que non, pas du tout. The Belles est un livre absolument inachevé qui ne va jamais au bout de ses idées et qui souvent piétine allègrement ce qu'il prétend défendre. Pourtant croyez moi le postulat de départ me plaisait énormément

Dans cet univers, la beauté est contrôlée par les Belles et les gens, pour peu qu'ils aient de l'argent -mais on y reviendra - peuvent changer leur apparence aux grées des modes et de leur envie. Couleur de peau, texture et couleur des cheveux, formes du nez ou du visage, épaisseur de la taille, des cuisses etc, tout y passe. Pour cela on se rend dans les salons (de Feu, du Chrysanthème etc) éparpillé dans le royaume d'Orléans et en échange de jetons de beauté on peut se faire corriger par des Belles. Parmi ces jeunes filles, l'une d'entre elle va devenir la Favorite de la cour et se tenir au plus près du pouvoir et donc de la gloire. Nous nous tenons donc dans cette cour d'Orléans, un très bon mélange entre le bayou américain et la cour de Versailles. Il y a de multiples références à l'ancien régime français entre Du Barry, Pompadour et le ministre de la mode qui a un petit côté Rose Bertin et on sent très bien les influences de Dhonielle Clayton.
Le travail qu'effectuent les Belles sur les gens se fait grâce aux arcanes, une sorte de pouvoir magique contrôlé par le sang, qu'elles doivent régulièrement recharger au moyen de sangsue - là encore très ancien régime - qui évacuent les toxines de leurs corps. Le travail qu'elles pratiquent sur les gens est douloureux et cela est montré à plusieurs reprises. J'ai trouvé cette idée très bien articulée dans le récit comme un rappel cynique à l'adage "Il faut souffrir pour être belle". Le prix a payer pour la beauté passe déjà par une souffrance physique et ne dure pas. Au bout d'un moment le gris revient, les modifications corporelles s'estompent et les gens redeviennent gris et leur corps reprend leur forme originelle. Cela induit quand même l'idée pernicieuse qu'il faut sans cesse payer, sans cesse souffrir pour atteindre la Beauté. C'était une idée intéressante mais malheureusement, elle n'est pas plus exploitée que ça et reste à ce stade de constatation.

Une fois à la cour nous rencontrons la famille royale, la reine, une femme très froide, le roi complètement effacé et la princesse Sophia, une jeune femme dont on comprend très vite qu'elle va être l'antagoniste principale. Il faudrait aussi parler de la princesse Charlotte, la sœur aînée de Sophia, tombée dans un coma depuis quatre ans dont personne n'a réussi à la tirer. Il apparaît très vite que l'univers de la cour est impitoyable et que la position de Favorite n'est pas du tout une position privilégiée. De fait, on remarque rapidement que les Belles jouissent d'une position tout à fait paradoxale. Vénérées comme des déesses, elles n'en sont pas moins utilisées jusqu'à l'épuisement par tous ces riches et ces nobles qui veulent atteindre la beauté. Ce sont des jouets aux mains des puissants et là encore, on devra se contenter de cette constatation en demi-teinte.

L'ambition de ces belles, sauf Edel, est de devenir la Favorite et d'accéder au pouvoir suprême des Belles. J'ai vraiment été déçue par cet aspect là du roman. Que ce soit l'objet de convoitise de départ, certes mais cet objectif reste celui de l'héroïne tout du long. Jamais elle ne réalise vraiment l'horreur de sa position et l'absurdité d'un tel désir. Il faut que l'intrigue prenne un tour plus extrême pour que ça la secoue. Je suis vraiment déçue parce que l'objectif de l'héroïne n'est rien que de très classique. Elle a beau dire qu'elle veut apporter la Beauté au monde, elle oublie de préciser qu'elle veut apporter la Beauté au monde riche, puissant et aristocratique uniquement.
C'est d'autant plus dommage que les Belles, et l'héroïne en particulier puisque c'est elle que l'on suit à la première personne, n'ont aucune curiosité pour leur propre monde et pire pour leur propre histoire. Que l'on soit dans une intrigue de dystopie où une jeune femme découvre "The Terrible Truth" comme disent les américains, sur la société qu'elle pensait parfaite, d'accord. J'ai cependant beaucoup plus de mal à croire qu'elles soient innocentes à ce point. Elles ne se posent jamais aucune question de pourquoi elles ne doivent pas approcher des hommes, pourquoi leurs mères meurent toutes en même temps et encore pire pourquoi leurs mères ne leur ressemble pas physiquement alors que les Belles sont les seules qui ne naissent pas grises et qui ne peuvent changer physiquement grâce aux arcanes. On comprend au fur et à mesure de quoi il retourne mais l'ignorance à ce point de Camélia n'est pas crédible.

L'arc narratif est de ce fait très insatisfaisant. Il est prévisible et malgré quelques retournements de situations un peu artificiels, on comprend très rapidement qui va être la méchante du livre, comment cela va évoluer et même les rebondissements finaux. Il y a notamment quelques rebondissements qui crèvent les yeux et j'ai eu du mal à comprendre comment l'héroïne a pu passer à côté.
Le coma de la princesse Charlotte est dû à un empoisonnement dont est responsable la princesse Sophia. Vu le caractère de cette dernière et considérant que c'est elle qui hérite durant le coma de sa sœur, ce n'était pas tellement la peine d'être Sherlock Holmes pour comprendre qu'il y avait baleine sous gravillon...

Comme Dhonielle Clayton le dit sur son site, les média et leur traitement de la beauté féminine ont été une source sur l'élaboration de ce livre. Effectivement, plusieurs fois dans le roman apparaissent des gros-titres de journaux, certains parlant de la mode à suivre ou tout simplement, colportant des rumeurs. Là encore, je vois bien ce qu'elle a voulu faire, questionner le rôle des médias notamment à travers ces fameux "Feuilles de beauté" où sont affichés les plus belles femmes du moment et donc les modes à suivre. Malheureusement, cela reste une fois de plus superficiel, tant dans le traitement que dans l'impact réel de ces derniers sur l'intrigue. A aucun moment nous ne croisons de journalistes, leur présence étant seulement soulignée par de petits ballons postes noirs, ces curieux qui enregistrent des conversations. C'est une présence en arrière plan qui n'a jamais d'ampleur et qui n'est jamais remise en question par les personnages du roman.
Cela va de pair avec l'absence de remise en question de l'univers dans lequel s'inscrit l'histoire. Certes, il s'agit d'un tome 1 donc on peut légitimement supposer que cela viendra par la suite. Malheureusement, je trouve ça dommage de louper des thématiques pareilles. Si elles ne sont pas posées d'emblée j'ai dû mal à croire qu'elles pourraient survenir par la suite. De plus, on ne voit jamais de gris, l'héroïne ne s'interroge pas sur leur vie à eux et ce que cela veut dire d'être gris et donc pauvre puisque les deux sont liés. La beauté et la richesse sont des synonymes. Si Camélia veut se battre contre la princesse ce n'est pas pour empêcher un règne tyrannique pour tous mais seulement pour les aristocrates fortunés de la cour. Le roman semble au final complètement dépolitisé alors qu'il avait tout pour aborder des sujets de société importants.

Bien que le livre parle de beauté, de mode et de souffrance pour l'atteindre - le corps est parfois torturé, les os brisés pour être remodelés, sachant que l'ensemble n'est pas définitif - les canons de beauté restent malgré tout très classiques. Les traits restent fins et pas très éloignés de ce qu'on voit déjà partout dans les magazines. D'ailleurs les modifications plus exotiques sont proscrites par décrets. On peut donc changer la couleur de sa peau et avoir les cheveux roses, le modèle reste quand même jeunesse minceur et finesse des traits et pas trop particuliers si possible. Pas d'androgyne, pas de personnes très grandes ou très petites, l'ensemble reste formel et calibré. Pour une autrice qui cherche la diversité, la couleur de la peau des personnages n'a finalement pas de signification et n'est pas synonyme de diversité, c'est une utilisation esthétique qui n'a aucune portée symbolique. Dommage lorsque pour une fois l'héroïne d'un roman young adult est noire.

Enfin au niveau du style, l'autrice ne peut pas s'empêcher de toute comparer à de la nourriture: la couleur de la peau, des cheveux, les textures. C'est franchement lassant.

En soit, toutes ces remarques ne méritent pas un F, un C à la rigueur. Si encore The Belles n'allaient pas au bout de ses idées, ça serait excusable. Non, ce qui m'a fait hurler de rage c'est que le livre est grossophobe, transphobe et homophobe. Purement et simplement. J'enrage d'autant plus à cause de la démarche initiale de l'autrice qui promettait tellement...
Commençons par la grossophobie. La représentation des personnes grosses est désastreuse. Non seulement iels sont quasiment inexistants, on ne trouve que 2 personnages pour tout le roman, mais en plus ils sont systématiquement décrits à travers le prisme de clichés bien violents. On a d'un côté une jeune femme qui doit se faire réduire régulièrement la taille parce qu'elle mange trop - comme c'est original...vous me dites si l'ironie n'est pas assez palpable - et de l'autre, un aristocrate qui tente de violer l'héroïne - achevez-moi! Il n'y a pas de diversité à reproduire encore et toujours les mêmes clichés, les mêmes représentations stigmatisantes. Ce n'est pas parce qu'il y a des personnes grosses dans le roman que celui-ci est inclusif et bienveillant. La façon dont on représente les gens et à fortiori les minorités discriminées est importante. Le roman s'adresse à des adolescents. Que peuvent-ils penser quand dans un roman on leur dépeint des personnages au mieux faibles au pire écœurants dont le seul point commun se trouve être le poids? C'est gravissime parce que cela entérine des idées dévastatrices qui ont des répercussions dans la vie de tous les jours des personnes stigmatisées par notre société.
Le roman est aussi transphobe avec une super mention d'un personnage transgenre qui est tout simplement mégenré dans une page de journal. Pour l'univers inclusif on repassera, c'est exactement le contraire de ce qu'il faut faire qui est fait (je précise que ce n'est pas une question de traduction, c'est dans le texte original).

Et pour finir, que ne serait pas The Belles sans une petite homophobie bien sournoise. Sournoise parce que si vous ne faites pas attention, si vous n'êtes pas déconstruit-e-s sur le sujet ou si vous ne vous vous êtes jamais posés la question, vous pouvez très bien ne pas remarquer le problème alors qu'il fait la taille de la Tour Eiffel.
Dans l'univers des Belles, l'homosexualité, notamment féminine, semble être tout à fait accepté par la société. Il est fait mention dans une page de journal d'un mariage entre deux femmes, la reine a une maîtresse et une amie de la princesse, Claudine - celle qui mange trop souvenons-nous - aime sa domestique. Jusque là tout va bien me direz-vous. Sauf que non. Sur l'ensemble de ces personnages, deux seulement on le droit a une vraie présence et du texte. Les autres? Elles n'existent pratiquement pas, elles n'ont pas de textes et parfois même pas de noms ni de représentation physique.
Il y a aussi ce que les américain-e-s appellent le "Bury your gay" trope. Un trope c'est un cliché narratif qui peut être utilisé à bon ou mauvais escient. "Bury your gay", signifie "enterrez vos gay", cela désigne l'habitude scénaristique de faire mourir les personnages homosexuel-le-s dans une fiction, soit parce qu'iels se sacrifient pour que le héros ou l'héroïne hétérosexuel-le survive, soit parce que leur fin est tragique. Cela veut dire, qu'un personnage homosexuel ne peut pas avoir de happy end.
Je vous le donne en mille, c'est exactement ce qu'il se passe ici. Les deux femmes homosexuelles du roman qui avaient un tant soit peu d'épaisseur meurent. Claudine cumule: non seulement elle ne peut pas épouser sa domestique à cause de la différence sociale, la Princesse lui impose d'épouser un homme - qui se trouve être l'aristocrate violeur, histoire de stigmatiser en même temps les lesbiennes et les personnes grosses: combo fatal - et elle meure torturée devant tout le monde par deux Belles juste pour montrer à quel point la princesse est vraiment très méchante. Rien ne viendra sauver ce texte. Vraiment rien. Le roman a beau être féminin, diverse dans ses représentations, il prend l'exact contrepied de ce qu'il prétend faire en renforçant les clichés dans sa représentation des minorités discriminées.  
Les femmes de ce roman sont cruelles et courent après le pouvoir et la beauté. Rien de glorieux, rien de galvanisant, rien qui mérite d'être admiré.

Je suis déçue parce que j'y croyais, je pensais vraiment que tout était réuni pour faire un grand livre de Fantasy young adult inclusif et bienveillant qui fait réfléchir sur notre société, la représentation des personnes stigmatisées, sur le féminisme mais au final, j'ai juste ressenti un profond dégoût.

Alors pour contrebalancer tout ça, j'ai décidé de faire une page sur ce blog dédiée à la représentation de la diversité en romance et dans la littérature de l'imaginaire. Que ce soit pour contrer le racisme, l'homophobie, la transphobie, la grossophobie, le validisme, le capacitisme, le classisme et toutes ces choses qui gangrènent notre société, je vais répertorier des romans où la diversité est vraiment à l'honneur et ou les représentations ne sont pas stigmatisantes et ne reprennent pas des schémas de pensée obsolètes et dégradants. Alors si vous voulez participer à ce projet, n'hésitez pas, vous êtes tout-e-s les bienvenu-e-s: une seule condition, avoir lu les livres que vous proposez et être sûrs qu'ils correspondent bien au projet.

A très vite!