mercredi 31 octobre 2012

Quand le Cheshire s'enfuit les amies prennent le relais


Ces derniers temps n'ont pas été tous roses pour moi. Avec Cheshire qui vit ses aventures sans moi, je me sens plutôt seule et même mes précieux livres n'ont pas réussi à me remonter le moral.

L'automne arrive, il fait froid et j'ai cassé Sweetie. Pour ceux qui ne feraient que passer il s'agit de ma liseuse adorée. Je l'ai cassé en pleine lecture de Blameless de Gail Carriger, double tragédie!!! Je n'étais que désespoir hier.

J'avoue je n'avais vraiment pas la barraca...

Ce matin alors que je travaillais sagement (oui ça m'arrive), le courrier arrive et mon nom est sur le paquet. Surprise, je ne me fais rien livrer au bureau, mais qu'est-ce donc?

C'est là qu'on se rend compte que l'on a vraiment les meilleures ami(e)s du monde, que la romance prévaut et qu'elles ne vous laissent pas tomber. EVER.
Dans le colis, Heartless et Timeless de Gail Carriger avec un petit mot très touchant pour Cheer me up comme on dit: "Emergency care Package" qu'elles appellent ça. Lord Maccon pour me consoler c'est parfait non?



Merci Chi-Chi (une vraie Princesse), Sandy (à la bonne humeur contagieuse) et Marine (une princesse en devenir j'en suis sûre) pour ce joli cadeau.
Merci aussi à mon ancêtre qui sait si bien me divertir et à ma soeur Frans pour être toujours là.

Les filles, vous êtes les meilleures. Cheshire n'a qu'à bien se tenir, la relève est là.
J'arrive très vite avec les critiques de Changeless et Blameless en attendant que je me plonge dans ces deux là!

lundi 29 octobre 2012

Cheshire et Persie réunis sur le papier!

TADAM!!!! 

Grâce à Tam-Tam du gang des Princesses, Cheshire et moi avons désormais un joli dessin de blog rien qu'à nous! En attendant de savoir comment je vais l'utiliser, je vous propose de le découvrir étape par étape et de participer au petit jeu :

"Spot the references!" Tam-Tam a glissé plein de références dans ce dessin. Saurez-vous les retrouver?

Dessin préliminaire

Avec du feutre

Avec du feutre 2

Elle a vaillamment sacrifié une gomme pour moi!

l'installation de professionnelle! 

Couleurs 1

Couleurs 2

Tadam!

Sur l'ordi!

TADAM!!!! REGARDEZ COMME C'EST BEAU!

Alors, avez-vous trouvé les références de Tam-Tam?

mercredi 17 octobre 2012

Och Lads and Lassies! - Brave - Pixar 2012



COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

ATTENTION: BILLET PUREMENT ÉCOSSAIS (l'auteur de cet article décline toute responsabilité pour les cas de contagion à l'accent écossais, à l'envie d'écouter de la musique écossaise ou de soulever des kilt pour voir ce qu'il y a dessous...bande de petits chenapans.)

Résumé: Depuis la nuit des temps, au cœur des terres sauvages et mystérieuses des Highlands d’Ecosse, récits de batailles épiques et légendes mythiques se transmettent de génération en génération. Merida, l’impétueuse fille du roi Fergus et de la reine Elinor, a un problème… Elle est la seule fille au monde à ne pas vouloir devenir princesse ! Maniant l’arc comme personne, Merida refuse de se plier aux règles de la cour et défie une tradition millénaire sacrée aux yeux de tous et particulièrement de sa mère. Dans sa quête de liberté, Merida va involontairement voir se réaliser un vœu bien malheureux et précipiter le royaume dans le chaos. Sa détermination va lui être cruciale pour déjouer cette terrible malédiction.

CASTING (VO)

Kelly MacDonald ................................................................... Merida
Emma Thompson ................................................................... Elinor
Billy Connolly ........................................................................ Fergus
Julie Walters ........................................................................... La Sorcière
Robbie Coltrane ..................................................................... Seigneur Dingwall
Kevin McKidd ....................................................................... Seigneur MacGuffin
Craig Ferguson ....................................................................... Seigneur Macintosh
Sally Kinghorn ....................................................................... Maude
Peigi Barker ............................................................................ Merida Jeune
Steven Cree ............................................................................ Fils Macintosh
Steve Purcell ........................................................................... Le Corbeau
Callum O'Neill......................................................................... Le petit Dingwall
Patrick Doyle .......................................................................... Martin
John Ratzenberger .................................................................. Gordon

Comment vous dire que Pixar + Ecosse = Le bien absolu? Non sans blague....il faut voir Brave, parce que Brave, c'est le bien. Voila tout est dit. A partir de maintenant, cet article est une longue digression sur mon amour pour Pixar et l'Ecosse, on ne pourra pas dire que vous n'êtes pas prévenu. 

Ce dessin animé met l'Ecosse à l'honneur et ce n'est pas rien de le dire! Les décors sont sublimes, sauvages, de superbes photos graphiques des paysages écossais. Ce dessin animé respire l'Ecosse et ses légendes et le casting choisi pour la version originale va clairement dans ce sens. Mérida est interprétée par Kelly MacDonald qui ne force pas du tout sur son accent naturel! Rien que pour l'accent écossais je vous recommande la version originale! C'est un petit bonheur: Billy Connolly, Robbie Coltrane, Kevin McKidd donne un cachet d'authenticité à ce dessin animé. 
Je ne résiste pas à vous donner la chanson "Song of Mor'du" et "Noble Fair Maiden" en gaélique.



Emma Thompson, bien qu'anglaise (il faut bien une exception) tient parfaitement bien la place de la mère de Mérida. 

Ce que j'ai vraiment beaucoup aimé dans ce dessin animé, hormis son humour, c'est le sujet abordé. Pour une fois, il ne s'agit pas d'une histoire d'amour. L'héroïne ne trouve pas sa liberté par l'amour ou le mariage. C'est avant tout une histoire mère-fille, sur l'adolescence et l'émancipation thème quasiment absent chez disney d'ailleurs. C'est vrai que la plupart du temps les parents sont morts ou absents et que la crise d'adolescence des princesses se passe comme sur des roulettes. Vous imaginez Aurore faire une poussée d'acnée subite? Blanche-neige glandouiller toute la journée ou Cendrillon refuser de rencontrer le prince charmant? (Mais lâche mon pied sale pervers!)
Jasmine fait un peu rebelle de pacotille à côté de Mérida et seule Mulan peut lui tenir tête (je ne compte pas Esméralda, elle fait plus âgée dans le dessin animé). 
Je me suis très vite attachée et à Mérida et à Elinor parce qu'il est assez facile de comprendre les deux femmes. Mérida est une adolescente rebelle qui met sa liberté et son indépendance au-dessus de tout, Elinor est la reine du royaume et attend de sa fille qu'elle remplisse un pouvoir politique fort comme elle-même l'a fait. Les deux héroïnes sont touchantes parce qu'elles s'affrontent comme toutes les mères et leurs filles à l'adolescence, que ce soit pour le maquillage, les garçons, l'école, ici le thème principal est remplacé par la politique et le devoir envers le royaume. Les colères de Mérida vont remettre en question tout son univers et vont aider mère et fille à se comprendre.

A côté de ces deux personnages attachants on retrouve une famille complètement délirante! Le roi est particulièrement insouciant et les triplés sont adorables! Je suis tombée en pâmoison devant ces trois têtes rousses (oui nous sommes en Ecosse, ils sont tous roux!) Ils sont tellement drôles! Les autres rois et leurs fils ne sont pas piqués des vers non plus d'ailleurs.


Enfin le dessin est absolument merveilleux. Il n'y a qu'à voir les cheveux de Merida pour comprendre le travail fait. Presque Cheveux par cheveux on a l'impression de pouvoir toucher sa crinière rousse. Pixar est vraiment un excellent studio d'animation et j'espère bien qu'à l'avenir nous aurons d'autre dessins animés de ce genre. La musique colle parfaitement au thème, tout à fait écossaise avec la chanson "Song of Mor'du" dans un bel accent écossais et Noble fair Maiden en gaélique.

Voici deux Trailer pour vous donner une idée du style! Enjoy.







Je ne peux pas finir sans une petite galerie de portrait!








dimanche 14 octobre 2012

Un, deux...Troie

Résumé de l'épisode précédent: Après avoir été nounou aux côtés de Mary Poppins dans la famille Banks, Cheshire décide de prendre de petites vacances, en Grèce. 

CE N'EST PAS MA FAUTE! 

Je vous vois venir mais je vous jure que je ne suis pour rien dans tout ça...enfin presque...
J'étais parti prendre quelques petites vacances vous voyez et je me suis dit que je ferai bien un arrêt à Sparte chez Ménélas et Hélène. Il est un peu rustre et ennuyeux, je vous l'accorde, mais le climat à Sparte est sympa en cette période de l'année et Hélène est une véritable déesse dès qu'il s'agit de me gratouiller derrière les oreilles.
J'aurai dû voir venir la chose quand ce jeune troyen, Pâris, m'a demandé un service. Vous me connaissez, je suis un chat serviable et très conciliant, dans ma grande mansuétude j'ai accepté. Je n'aurai peut-être pas dû lui dire que lorsqu'on veut vraiment quelque chose il fallait tout faire pour l'obtenir...Cette andouille a enlevé Hélène et m'a embarqué avec eux à Troie!
Tu parles de vacances...assiégés par une coalition grecque, comme ambiance j'ai connu mieux.
J'admire tout de même le sang froid des troyens. Hector est un type qui fait fasse à l'adversité, le vieux roi Priam a de la prestance. Moi je suis plutôt du genre à disparaitre en cas de coup dur. Comme j'avais du temps à perdre de toute façon, je suis resté un peu pour voir comment les choses allaient tourner. Avouez, faire la guerre à cause d'un gamin et d'une femme volage, je trouve ça limite mais comme ce n'est pas moi qui décide. Ils font ce qu'ils veulent me direz-vous, après tout c'est eux qui s'entretuent.

J'étais sur les remparts de la ville lorsque Ménélas défia Pâris en duel. Pour être tout à fait franc je me moquais complètement du combat qui avait lieu en contrebas car j'étais lové dans les bras d'Hélène à me faire papouiller les oreilles. J'étais bien, il faisait chaud - j'adore me faire roussir le poil au soleil - Hélène sentait bon et je commençais doucement à m'assoupir lorsqu'elle poussa un cri et porta les mains à son visage oubliant au passage que j'étais dans ses bras. Pris de panique parce que je me sentais tomber - oui je sais d'habitude je flotte dans les airs mais admettez tout de même que sans être prévenu cela a de quoi surprendre - je tentais, toutes griffes dehors, de me rattraper à quelque chose. N'a-t-on pas idée de faire des péplos retenus simplement par des fibules? Mes pattes s'accrochèrent au péplos d'Hélène et je retrouvais en train de pendouiller le long des remparts. Bien que terriblement gênant, ce fut apparemment une des meilleures décisions politiques de Troie en dix ans. Je peux au moins me flatter de ça.

Comme les Troyens commençaient à me courir sur le haricot, je décidais d'aller faire un petit tour du côté des achéens. Evidemment je suis arrivé en plein pendant la colère d'Achille. Vous auriez dû le voir hurler à Agamemnon qu'il n'était qu'un "sac à vin" et qu'il ne combattrait plus, c'était épique. Tout ça pour une histoire de -éis...Chryséis, Briséis...toutes les mêmes non?
Vu qu'Achille boudait comme le gamin qu'il est dans sa tente, j'ai passé pas mal de temps avec Patrocle un petit gars sympa, un peu moins stupide que Pâris et Achille - oui ce n'est pas difficile vous me direz -   avec qui j'ai pu discuter tranquillement. Bon, il ne comprend pas l'absurde mais c'est normal avec les antiques, à part Ulysse, se sont quand même 1) des brutes 2) des mecs sérieux. Pas tout à fait mon rayon habituel en somme.
Je n'aurai peut-être pas dû lui conseiller d'emprunter l'armure d'Achille mais la sienne était abîmée et comme Achille ne faisait rien de la sienne - puisque môssieur boudait toujours - je me suis dis que ça ne portait pas à conséquence. Quand l'armure (et Patrocle) sont revenus dans un état au-delà du réparable, il est entré dans une colère folle. Au moins ça l'a sorti de sa bouderie et il est retourné se battre comme un grand garçon. Dommage que ce brave Hector ait dû en faire les frais.

Achille est quand même une sacré tête de mule. Non content d'avoir fait rendre gorge (et les dents...et les bras...et le reste en fait) à Hector, il ne voulait pas rendre le corps à Priam. J'ai pris le bonhomme entre "quatre zyeux" et je lui ai dit:
"Ecoute Chichille, va falloir que tu rendes le corps parce que là ça ne va pas être possible. Tu as peut-être un problème de respiration mon pote, et ça te regarde, mais les gars et moi on va finir par perdre l'odorat avec tes âneries. Je ne sais pas si tu as jeté un oeil sur Hector mais il commence à prendre de sacrées couleurs. J'aime bien l'arc en ciel mais seulement quand il y a un lutin au bout." Il a tout de même fini par m'écouter et on a pu enterrer Hector. Je suis obligé d'admettre que j'ai versé ma larmichette, ne serait-ce que par sympathie envers Perséphone car je sais qu'elle l'aimait beaucoup (en même temps, Persie est une femme faible....)

Comme je commençais un peu à m'ennuyer, j'ai demandé à Pâris à m'apprendre à tirer à l'arc. Les fils ne se touchent peut-être pas tout à fait là-haut mais au moins c'est un bon archer. Nous étions sur les remparts, histoire d'être sûrs de ne blesser personne. C'est vraiment plus complexe qu'on ne le croit le tir à l'arc, j'avais à peine lâché la corde que la flèche est partie comme une fusée. J'ai entendu un "aïe", j'espère que ce n'est pas trop grave mais je crois qu'on m'aurait prévenu si quelqu'un était mort non?
Cette endive d'Achille a tout de même réussi à mourir pendant que je m'entraînais au tir - une histoire de talon à ce qu'il paraît. Ce type est une poulette mouillée. C'était la panique chez les grecs.
Alors que je ronronnais à côté d'Ulysse (juste pour rendre Persie jalouse, il SAIT gratter derrière les oreilles si vous voyez ce que je veux dire), il me racontait qu'il ne savait pas comment se sortir de cette galère. Pour le divertir je lui ai raconté les histoires farfelus qui se disaient sur la fuite de Louis XVII du Temple (oui je sais bien qu'il ne sait pas qui est Louis XVII mais le résultat est le même, divertir mes amis, divertir). Je lui dit:
"Si ça avait été moi, bien que je puisse disparaitre, là n'est pas la question, je me serais caché dans un cheval de bois. Un jouet d'enfant c'est tout à fait innocent tu ne crois pas?"
Ulysse arrêta ses caresses, se leva d'un coup et disparu dans la tente d'Agamemnon. La politesse se n'est vraiment plus ce que c'était.

Vraiment lassé par leurs querelles ridicules - ça dure depuis dix ans leurs bêtises - je décidais qu'il était temps pour moi de changer d'air.
Vous voyez, je n'y suis vraiment pour rien pour une fois!

Lorsque Perséphone arriva, Troie était en feu. Elle soupira et soupçonna quelques actions maladroites de son chat. Ulysse arriva vers elle en courant, la jupette au vent, vision qui n'était pas tout à fait pour lui déplaire. Il lui tendit un tesson de poterie d'un air entendu et s'éloigna vers la bataille. Cheshire avait gribouillé rapidement son état d'esprit, de sa griffe caractéristique: "Last night I dreamt I went to England again"...elle savait où le trouver! 

samedi 13 octobre 2012

Rimes Féminines - Juliette Noureddine

J'ai découvert cette chanson il y a peu et je suis tombée sous le charme. Il s'agit de Rimes Féminines de Juliette Noureddine dans laquelle est rend hommage à de nombreuses femmes. Même s'il manque Ninon de Lenclos (entre autre), cette chanson est formidable. Je vous en fait profiter! 
Petit quizz: les connaissez-vous toutes? Qui vous manque dans cette liste? 

Dans un corps vide entrer mon âme,
Tout à coup être une autre femme
Et que Juliette Noureddine
En l'une ou l'autre s'enracine.
Élire parmi les éminentes
Celle qui me ferait frissonnante,
Parmi toutes celles qui surent s'ébattre,
Qui surent aimer qui surent se battre,
Mes soeurs innées mes philippines,
Mes savantes et mes Bécassines.

Julie Juliette ou bien Justine,
Toutes mes rimes féminines:
Clara Zetkin,
Anaïs Nin
Ou Garbo dans La Reine Christine.

Sur le céleste carrousel,
Choisir entre ces demoiselles:
Camille Claudel,
Mamzelle Chanel
Ou l'enragée Louise Michel.

Vivre encore colombe ou rapace,
Écrire chanter ou faire des passes:
Margot Duras,
Maria Callas
Ou bien Kiki de Montparnasse.

Naître demain renaître hier
En marche avant en marche arrière,
M'incarner dans ces divergences
Ces beautés ces intelligences

Et jouir du bienheureux trépas
Pour dans leurs pas mettre mes pas:
Musidora,
La Pavlova
Ou mon aïeule la grande gueule Thérésa.

Que j'en aie l'esprit ou l'aspect
Ou bien même les deux s'il vous plaît:
Juliette Drouet
La Signoret
Ou la grande Billie Holiday.

Tous voiles dehors ou en chantant,
Avec l'une d'elles me révoltant:
Flora Tristan
Yvonne Printemps
Ou la farouche Isadora Duncan.

Pour toute arme ayant leur fierté
Et pour amante la liberté:
Les soeurs Brontë,
Loyse Labé
Ou Lou-Andréas Salomé.

Même s'il faut en payer le prix,
Être la fleur être le fruit:
Être Alice Guy,
Être Arletty,
Marie Dubas, Marie Curie.

Mais s'il vous plaît point de naissance,
De jeunesse ni d'adolescence.
Épargnez-moi la chambre rose.
Soyez bonne ô métempsycose.

Permettez à votre Juliette
De ne point mûrir en minette
Mais en Colette,
En Mistinguett...
Ou pourquoi pas madame de Lafayette.

Mettez-moi, je vous le demande
Instamment, dans la cour des grandes:
Judy Garland,
Barbara Streisand
Ou cette bonne dame de George Sand.

Placez-moi du côté du coeur,
Côté talent côté bonheur:
Loïe Fuller,
Dottie Parker
Ou Sainte Joséphine Baker.

Oui tout de suite les feux de la gloire,
Les feux de la rampe et de l'Histoire:
La Yourcenar,
Sarah Bernhardt
Ou la très sage Simone de Beauvoir.

Une voix d'argent au fond d'un port,
Une plume d'acier ou un coeur d'or:
La Solidor,
Christiane Rochefort
Ou Marceline Desbordes-Valmore.

Les belles sans peur et sans marmaille
Toutes nues au fort de la mitraille:
Sylvia Bataille
Anna de Noailles
Camarade Alexandra Kollontaï

Et les agitatrices de bouges
Brandissant l'espoir et la gouge:
Olympe de Gouges,
Rosa-la-Rouge
Et la vieille Germaine de Montrouge.

La lignée des dominatrices
Ladies, madames, donas ou misses
Comme Cariathys
Ou Leda Gys,
Angela et Bette Davis.

Le train du diable et ses diablesses,
Les vénéneuses et les tigresses:
Lola Montès,
Gina Manès
Et l'empoisonneuse Borgia Lucrèce.

Enfin j'ai pour être sincère
Du goût pour les belles harengères:
Yvette Guilbert,
Claire Brétécher...
J'irais même jusqu'à Anne Sinclair.

Mais si tant de souhaits vous chagrinent,
S'il est contraire à la doctrine
De viser haut dans les karma,
Alors faites dans l'anonymat.
En attendant que tout bascule,
Que Satan ne me congratule
Ou que les anges me fassent la fête,
Permettez une ultime requête:
Faites-la renaître votre frangine
En n'importe qui, en fille d'usine,
En fille de rien ou de cuisine,
En croate ou en maghrébine,
En Éponine,
En Clémentine,
En Malka Malika ou Marilyn...
Et si votre astrale cuisine
Par hasard ne le détermine
J'accepterais par discipline
De revenir en cabotine,
En libertine,
En gourgandine...
Tiens: en Juliette Noureddine.

Voici la vidéo live que je trouve absolument géniale de puissance et de beauté! 


Cardington Crescent - Charlotte et Thomas Pitt - Anne Perry

Résumé: Par un beau matin d'été, les restes d'une jeune femme sont retrouvés dans le cimetière d'une église. La malheureuse, non-identifiable, a été découpée en morceaux et enroulée dans du papier de cuisine mal ficelé. C'est Thomas Pitt qui doit se charger de la tâche impossible de retrouver l'identité de la victime et son assassin dans le quartier de Bloomsbury. Alors qu'il fait promettre à Charlotte de ne pas s'emmêler, celle-ci reçoit une lettre de sa soeur Emily. Résidant à Cardington Crescent dans la famille de son mari, celui-ci semble la tromper avec la magnifique Sybilla, épouse du cousin de George.  

Je suis la première à dire que tous les Anne Perry ne se valent pas. Certains ont des intrigues moins intéressantes que d'autres tandis que certains semblent être un peu répétitifs. Pourtant, j'ai trouvé Cardington Crescent particulièrement intéressant! Peut-être est-ce dû au fait que l'histoire a un caractère beaucoup plus intime que les autres? J'ai particulièrement aimé voir Emily dans un rôle différent. Elle qui semble si forte, plus froide que Charlotte, est éprouvée par les événements.

Dans la maison de Cardington Crescent, l'ambiance n'est pas au beau fixe. Entre une arrière grand mère, l'odieuse Mrs March, acariâtre, un chef de famille horripilant et les yeux doux que se lancent George et Sybilla par dessus la table, Emily se sent oppressée. Heureusement, Lady Cumming-Gould, tante Vespasia, est là pour veiller au grain.
Pour une fois, Charlotte va prendre les choses en main mais pas pour de faux prétextes. Le drame qui se joue dans ce quartier huppé concerne directement sa soeur et elle est bien décidée à résoudre cette énigme. De ce fait, Thomas est beaucoup moins présent. Bien que marié à Charlotte, il n'est pas le bienvenu à Cardington Crescent, il n'est après tout qu'un petit policier.

Cela m'a étonnée de ne pas trouver de thème particulier dans ce roman car d'habitude, Anne Perry excelle à ce genre d'exercice. Cela dit, je n'ai pas trouvé cette absence désagréable, au contraire cela nous laisse voguer dans l'incertain. Pourquoi ce crime? Qu'avait la victime de menaçant pour son agresseur? Qui aurait eu suffisamment de motivations pour en arriver là?

J'avoue qu'on envisage tous les suspects possibles pour tous les mobiles possibles et même si la fin me semble un peu tirée par les cheveux, il y a un peu trop de hasard et pas assez de logique selon moi, elle est plutôt bien amenée.

Je ne veux pas en dire plus pour ne pas gâcher le suspens mais j'ai vraiment aimé voir le personnage d'Emily sous un nouveau jour et j'aimerai bien revoir l'un des personnages rencontré dans ce tome parce qu'il a un très fort potentiel! Une chose est sûre cependant, je suis complètement admirative de Tante Vespasia! C'est Charlotte en plus âgée, je trouve ses façons formidables. Absolument sans gêne, elle ose dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas et cela ne la gêne pas le moins du monde! Elle reste malgré tout un peu en retrait dans ce tome et j'aurai peut-être aimé la voir plus en action au même titre que Charlotte. Cependant le roman vaut le coup d'oeil juste pour les confrontations Mrs March-Tante Vespasia!

La suite au prochain tome. 

mardi 9 octobre 2012

Chantons sous la suie

Résumé de l'épisode précédent: Cheshire étant un peu en avance à son rendez-vous, il décide de faire un tour chez Perséphone et surprend son amie dans de tristes dispositions. Un muffin, des livres et c'est reparti pour un vagabondage dans les rues londoniennes pleines de nannies. Tient, il parait que la famille Banks cherche quelqu'un...

Lorsque j'arrive au rendez-vous, la file est interminable! Des dizaines et des dizaines de nannies toutes plus snob et austères les unes que les autres patientent sagement devant la belle maison des Banks. J'ai déjà la tête ailleurs (au sens propre comme au figuré). Jamais je ne vais pouvoir faire l'affaire...ranger des livres dans la librairie d'un tyran ne compte pas comme qualifications professionnelles, je suis désolé de l'admettre! Enfin, je suis prêt à tourner les pattes lorsqu'une bourrasque se met à souffler dans la rue. Pas le petit vent hein, le bon mistral provençal à faire voler toutes les nounous cul par dessus tête au dessus des maisons cossues.

Comme vous imaginez j'ai vraiment compatis à leur malheur...non je déconne j'étais mort de rire! Evidemment comme je ne suis pas vraiment quelqu'un de terre à terre, il faut un peu plus qu'un coup de vent pour me déloger (qui a dit Persie? Je vous ai entendu là-bas dans le fond!). Alors qu'il pleut des nounous à Londres, que vois-je? Une fée! Une merveille! Une femme accrochée à un parapluie, un gros sac en toile au bout du bras, qui descend élégamment des airs. Vous connaissez mon goût pour l'absurde, je suis conquis! 
Je m'approche délicatement de la belle et lui susurre: " je suis doué pour les glissades sur les rampes d'escaliers, ça vous dit?"
Pas effarouchée pour deux sous à la vue d'un chat qui cause, la nounou volante m'adopte aussitôt.

Il n'a pas l'air bien commode le Papa Bank avec son air coincé et sa morale rigide mais ô extase en moins de deux minutes, montre à gousset en patte, Mary Poppins - car c'est ainsi qu'elle s'appelle - le retourne comme une chaussette. Il ne sait plus quoi dire et reste les bras ballants et la bouche ouverte. J'en pleurerais d'émotion si je savais faire le premier et connaissais le second. J'ose sortir une moustache  du sac dans lequel je suis caché et j'aperçois deux petites têtes blondes à l'air aussi émerveillé que moi. Ceux-là sont conquis à n'en pas douter.

***  

Le vent souffle à l'Ouest, c'est l'heure pour Mary Poppins de partir...Le temps a passé si vite! Je ne sais pas si c'est parce que j'ai quitté Persie dans de meilleures conditions ou quoi mais je n'ai pas le coeur à râler....non vraiment je me suis bien amusé.... bon allez, si vous insistez vraiment je veux bien râler un peu mais c'est bien pour vous faire plaisir!

J'ai fait la connaissance d'un ami de Mary, le charmant Bert, qui dessine sur le pavé londonien. Nous avons passé une après midi formidable sur des chevaux de bois qui je dois le dire ont été plutôt désagréables! Ca n'a aucun savoir vivre ces animaux là. Ils ont refusé de me prendre sur leur dos. Je m'en fiche, de toute façon les chevaux bleu, rose et jaune c'est proprement ridicule! Je ne suis pas un personnage de romans à quatre sous moi, excusez-moi du peu.

Un après-midi, l'oncle de Mary Poppins, les enfants, Bert et moi avons tellement ri que nous avons fini au plafond. Jusqu'à ce que Mary décide de faire la rabas-joie et nous fasse redescendre aussi sec....les femmes j'vous jure! On en peut pas vivre sans mais quand même...on aimerait bien tient!

Après une fuite de la banque de Papa Banks (le jeu de mot est involontaire je suis désolé de l'admettre) (j'ai fait un croque en jambe au directeur, il était proprement sain d'esprit celui-là!) nous avons erré les enfants et moi dans les rues de Londres. C'est Bert qui nous a retrouvé. Converti en ramoneur il nous a fait danser sous la suie! C'était très bien mais pardonnez-moi, la suie ça tâche! Mon pelage est tout ruiné. Je ne suis peut-être pas über mais certainement bien mis de ma personne et ces vilaines tâches noires sont insupportables!

Mary m'a proposé de l'accompagner dans sa prochaine mission mais je refuse de vivre au crochet d'une femme, j'ai ma dignité tout de même (qui a dit Persie? Ca commence à bien faire!). Non vraiment. Cela aura été une passion brève mais intense entre nous....et puis je vais vous dire: cette manie de vous filer des cuillerées de sirop à tout bout de champ c'est lassant à la fin!

Après toutes ses émotions je crois que j'ai besoin d'un peu de repos. Je crois que je vais aller paresser au soleil. C'est mon talon d'Achille...

samedi 6 octobre 2012

Murder at the Devil's Acre - Charlotte et Thomas Pitt - Anne Perry


Résumé: Le quartier de Devil's acre est l'un de plus mal famé de Londres. Bordé de maisons de plaisir et de coupe-gorges, il ne fait pas bon s'attarder dans les rues désertes de ce quartier. Aussi, lorsque un honorable mèdecin est retrouvé mort, poignardé et émasculé, l'opinion publique est bousculée. C'est à l'inspecteur Pitt qu'est confiée la lourde tâche de résoudre cette macabre énigme. 

Comme à chaque tome des aventures de Charlotte et Thomas Pitt, Anne Perry aborde un sujet différent. Dans Mort à Devil's Acre, il s'agit encore une fois de prostitution (et oui la cybercriminalité n'existe pas encore et le vol d'oeuvre d'art c'est carrément moins sexy) mais elle donne un tour résolument original à l'intrigue.

En effet, après le meurtre d'un proxénète c'est au tour d'un médecin bien établi et même d'un membre de l'aristocratie, de trouver la mort dans les bas-fond londonien. J'avoue que je suis toujours un peu sceptique avec ce genre de sujet car on risque vite de tomber dans la platitude et le déjà-vu. Cependant, Anne Perry introduit une donnée fort nouvelle et choquante dans son intrigue, qui permet de captiver le lecteur.
Même si finalement, ce petit plus de l'intrigue est vite laissé de côté - ce que j'ai trouvé un peu dommage - le suspens reste bien présent d'autant plus que Charlotte et Emily ont décidé de s'emmêler!
C'est un vrai plaisir que de les suivre toutes les deux dans leur histoire mondaine. J'aime l'impertinence de Charlotte qui n'est jamais exagérée.
J'aime énormément cette mesure dans l'écriture d'Anne Perry, certes Charlotte est très attachante parce que maladroite et passionnée mais elle n'est jamais ridicule. Emily quant à elle, si elle se montre plus froide et raisonnée, joue tout de même énormément avec les mots et les convenances ce qui ne manque pas de sel.

On retrouve d'anciens personnages à commencer par le Major Balantyne que j'avais beaucoup apprécié dans un précédent tome. Je ne sais pas pourquoi mais avant je le voyais comme un vieux monsieur respectable, un peu guindée, cheveux blanc et moustache imposante. Ce tome là le rajeuni à mes yeux - il a une cinquantaine d'années en vrai - et je l'imaginais plus en Sean Bean (oui la vision est agréable je sais). Balantyne a une grande importance dans ce roman, peut-être même plus que Pitt lui-même et j'ai personnellement trouvé l'idée intéressante. Voir Charlotte séduire, sans le faire exprès, quelqu'un d'autre que Thomas donne un relief intéressant à leur histoire, un accent plus vrai.

On retrouve l'écriture nette et efficace d'Anne Perry que j'apprécie beaucoup même si j'ai été un peu perturbée par l'emploi des tournures "one...oneself" en anglais. J'ai trouvé l'utilisation de ces tournures impersonnelles un peu déstabilisante. Je sais qu'en français nous avons le "on" mais l'emploi de cette forme me semble tellement peu naturel et très différent de l'anglais que j'entends tous les jours que cela m'a perturbée.

Le seul reproche que je ferai à ce tome finalement, c'est la fin qui m'a semblé un peu bâclée, vite expédiée. J'aurai aimé un peu plus de détail peut-être quelque chose d'un peu plus délié.

Cela dit, je viens d'entamer le tome suivant Cardington Crescent et je peux d'ores et déjà vous dire que j'aime beaucoup! (Tante Vespasia est dans la place mes enfants!). A très vite pour la suite! 

jeudi 4 octobre 2012

Lorsque le besoin se fait sentir ...

Résumé de l'épisode précédent: Après la chute de la maison Usher, Cheshire décide de se rendre à Londres où une place de nounou reste à pourvoir chez la famille Banks. En chemin il décide de faire une halte dans un endroit qui semble lui avoir manqué. 

Il faisait gris à Londres et un peu froid. L'hiver pointait le bout de son nez et notre chafouin était en avance à son rendez-vous. S'il y a bien une chose que déteste Cheshire c'est le froid. Cela ruine son pelage comprenez-vous? Ayant quelques heures à tuer - et de préférence au chaud - Cheshire décida de faire une petite halte dans la librairie de Perséphone toute proche. Sachant se montrer fort discret lorsque la situation l'exige, Cheshire se faufila dans la boutique et trouva la place qui était toujours la sienne, la tête coincée entre l'Illiade et l'Odyssée et les fesses calées entre Les trois mousquetaires et Le Comte de Monte-Cristo.  Les moustaches à l'affut de la moindre odeur de muffins framboise chocolat blanc, le chat-foin veillait au grain. 

Est-ce que ce fut l'odeur prononcée de chocolat ou bien la discrétion de Perséphone qui l'alerta? En tout cas il y avait quelque chose de pourri dans la librairie. L'exemplaire de Jane Eyre n'était pas à sa place habituelle, le chocolat avait envahi tous les gâteaux et la musique se faisait mélancolique dans la boutique. Le chafoin plissa les yeux et ravala sa grimace pour observer plus attentivement la libraire qui s'affairait derrière ses cartons. Oh Cheshire la connaissait bien! Depuis longtemps il l'accompagnait dans ses journées, se contentant de regarder tandis qu'elle s'activait mais tout de même...ça comptait un peu! Il connaissait chacun de ses sourires, chacune des ses humeurs, de ses joies et de ses coups de sang. Plus encore, il savait quand elle jouait la comédie et il pouvait jurer qu'en cet instant même Persie était la plus grosse menteuse du monde. 
"On peut bien sourire et sourire et être un scélérat" disait Shakespeare (Perséphone et lui l'avait rencontré une fois ou deux, un type passionnant qui ne payait pas de mine aux premiers abords) et bien la jeune femme avait bien compris la technique. Derrière ses sourires, le chat pouvait sentir toute la tristesse de son amie. Décidément quelque chose ne tournait pas rond depuis qu'il était parti! 
Les heures passaient et notre chat restait sagement à observer le manège de la libraire. Il manquait cet entrain, une gaité non forcée et un petit je-ne-sais-quoi d'enfantin dans son rire pour que tout ça lui convienne. Pour un chat fou il aimait étonnamment que son petit monde soit ordonné...

Lorsque Perséphone ferma la boutique ce jour là, elle se retrouva seule au milieu de ses livres et ne savait que faire. C'est vrai qu'ils avaient toujours été sa première source de joie, le pansement sur toutes ses blessures mais cette fois-ci, la jeune femme les trouvaient oppressants, encombrants. Elle rangea sa boutique, fit un peu de ménage et prépara quelques gâteaux qu'elle ne mangerait pas...elle ne les mangeait jamais de toute façon. Elle regrettait de s'être disputée avec son chat pour de simples muffins. Il aurait pu être là, la tête posée sur le frigo tandis que son arrière train aurait pris, comme d'habitude, possession du canapé. Au lieu de ça, elle se retrouvait seule dans une boutique pleine de mots et de souvenirs. Hors de question de lire un roman d'amour, se dit-elle, se serait comme mettre du gros sel sur une plaie ouverte. Un roman d'aventure? A quoi bon rêver de s'évader lorsqu'elle était coincée? Elle se décida finalement pour un roman policier et monta directement se coucher. Enfouie sous ses draps, le livre à peine entamé échoué sur sa table de nuit, Perséphone pleurait. 

Cheshire avait assisté à cette soirée désolante de plus en plus navré. Il ne permettrait pas que l'on fasse du mal à son amie, foi de Cheshire. Il irait friser les moustaches à qui de droit mais en attendant il fallait s'occuper de Perséphone. Tout doucement, le chat grimpa sur l'oreiller et se roula en boule dans le cou de la jeune femme. Plus doucement encore, il lui chuchota toute la nuit des histoires merveilleuses, des rêves magiques comme on en trouve seulement dans les livres qui finissent bien. Il lui raconta des histoires loufoques sans queue ni tête, des histoires drôles et profondément stupides. Il sécha ses larmes, la berça tendrement et lorsqu'au petit matin Perséphone ouvrit les yeux, un muffin framboise chocolat blanc, à peine grignoté, l'attendait sagement sur la table de nuit. 

Lorsqu'elle descendit ouvrir la librairie à l'heure dite, Jane Eyre avait réintégré sa place près de sa caisse enregistreuse. Une petite note était épinglée dessus: "Lorsque le besoin se fait sentir, deux doses de romanesque matin, midi et soir. Voir le médecin dans deux jours. Cheshiredoc."
Perséphone respira un grand coup et mis un CD de Jazz dans le lecteur. Cela finira par s'arranger...

mercredi 3 octobre 2012

Victor de la brigade mondaine - Arsène Lupin - Maurice Leblanc

Présentation de l'éditeur: Avant le vol des bons de la Défense nationale et les assassinats qui suivirent, la renommée de Victor, de la Brigade mondaine, n'excédait pas le cercle restreint de ses chefs et de ses collègues. Il fallut, pour le mettre en évidence, qu'apparût brusquement en face de lui cet extraordinaire, ce formidable personnage d'Arsène Lupin, qui allait donner à cette ténébreuse affaire sa signification et son intérêt spécial. Les qualités déjà remarquables du vieil inspecteur furent portées à leur paroxysme par le prodigieux adversaire que lui opposaient les circonstances. C'est leur lutte sournoise, ardente, implacable, poursuivie dans l'ombre d'abord, puis en pleine clarté, que nous raconte Victor, de la Brigade mondaine.

J'ai renoué avec plaisir avec les aventures d'Arsène Lupin, notre (oserai-je dire "mon") gentleman cambrioleur. J'ai choisi ce roman au hasard dans le train parce que je ne l'avais pas lu et parce que pour passer le temps quand vous avez 10h de route, Arsène est le compagnon idéal: il ne déçoit jamais. 
Malgré tout c'est un roman un peu déstabilisant car l'on suit Victor Hautin de la brigade mondaine dans son combat contre Arsène Lupin au lieu de Lupin lui-même.  On rencontre d'ailleurs le cambrioleur assez tard ce qui est plutôt rare mais Leblanc est excellent pour ménager le suspense. Cependant, le personnage de Victor ne manque pas de piquant et l'on est vite entraîné dans le ministère des Bons de la Défense nationale. 

J'aime le côté Sherlock Holmes des aventures d'Arsène Lupin, avec cette déduction toujours surprenante et le côté aventureux de chaque histoire. Victor se débrouille bien. Indépendant, il traite les affaires comme cela lui plait, quand cela lui plait. Volontiers bougon, râleur, il ne reste pas moins un policier efficace et dévoué à son métier. Il m'a beaucoup plu. C'est un personnage intriguant et assez différents des policiers de chez Leblanc pour qu'on s'y attache. L'humour est toujours très présent ce qui ne nuit pas! Les petites phrases qui piquent, les détournements et renversements de situation rendent le roman proprement délicieux. 


Victor ne connait pas le Lupin (c'est un tord) mais il n'hésite pas à se lancer dans la bataille pour les beaux yeux d'une princesse russe. Il faut toujours qu'il y ait une femme chez Leblanc. C'est d'ailleurs le seul reproche que je lui ferai: j'ai trouvé la princesse bien en-deça de nombreux personnages féminins que l'on croise ailleurs dans les aventures d'Arsène. Elle est plutôt du genre éthérée prête à être secourue qui m'indiffère. En revanche j'ai beaucoup aimé les différentes histoires qui s'imbriquaient les unes dans les autres et comment Victor démêle les écheveaux un à un. Les vols des Bons de la défense, le meurtre du père Lescot et ceux qui suivent...sans parler du Lupin et de son coup des "10 millions" jusqu'au dénouement final. 
Les rebondissements se succèdent et lorsque l'on croit avoir avancé, Victor nous démontre par A+B que nous sommes finalement en retard et qu'il a déjà résolu l'énigme. Même si j'avais depuis longtemps résolue l'énigme principale j'ai pris beaucoup de plaisir à voir Victor résoudre les autres. 

Je ne peux pas dire plus sur l'histoire où les personnages car je prendrais le risque de vous en dévoiler trop et après tout, un roman policier ça se savoure! 
Sinon on retrouve l'atmosphère parisienne début de siècle propre à Lupin, le phrasé délicieux de Maurice Leblanc et bien sûr un Lupin magistral comme toujours! 

Un excellent moment en compagnie de Victor de la brigade mondaine (d'ailleurs très mal à propos ce titre de brigade mondaine...les crimes exposés dans le roman ne la concerne pas....une erreur de l'auteur? Je serai curieuse de le savoir) et de mon (aller j'ose) Arsène Lupin. 

mardi 2 octobre 2012

Ces extravagantes soeurs Mitford - Annick Le Floc'hmoan

Présentation de l'éditeur: Au début du XXe siècle, dans la noblesse anglaise encore flamboyante, naissent les célèbres soeurs Mitford. Leur destin sera hors du commun. Nancy, amoureuse de la France et de Gaston Palewski, gaulliste historique, devient une romancière célèbre. Diana brûle pour le fascisme anglais naissant et se compromet auprès de son chef de file ; Unity devient une proche amie de Hitler ; tandis que Jessica, l'avant-dernière de la fratrie, s'engage auprès des jeunes républicains espagnols avant de rejoindre le parti communiste. Seules Pamela et Déborah suivent la voie rêvée par leurs parents, et se marient dans le luxe et le conservatisme. A travers le portrait étonnant de ces femmes passionnées, prises dans les tourments de la crise économique et des deux guerres mondiales, ce document présente une vibrante traversée du siècle.

Il est des familles particulières et la famille Mitford en fait décidément partie. Vous connaissez peut-être Nancy Mitford, l'aînée, romancière et amoureuse de la France à qui l'on doit La poursuite de l'Amour. Mais c'est sans compter sur Pamela, Diana, Unity, Jessica et Deborah, sans parler de leur frère fasciste notoire. Annick Le Floc'hmoan retrace pour nous l'itinéraire de ces femmes hors du commun dans tous les sens du terme! 

Grâce aux lettres de Nancy, à ses romans, à l'autobiographie de Jessica Mitford Hons and Rebels (que je meurs d'envie de lire maintenant) et à celle de Diana Mitford, A life of contrast (qui me tente beaucoup moins), Annick Le Floc'hmoan recompose les vies de ses femmes si particulières, engagées toujours à l'extrême pour l'une ou l'autre cause.
En lisant cette biographie multiple, on ne peut que penser à Brideshead revisited, roman d'Evelyn Waugh qui évoque cette aristocratie anglaise prise dans la tourmente. Evelyn Waugh était d'ailleurs un ami proche de Diana puis de Nancy, ils s'écrivent jusqu'à la mort d'Evelyn plusieurs lettres par semaine.  L'aristocratie anglaise et sa décadence tiennent une place à part dans le livre d'Annick Le Floc'hmoan. C'est un personnage à part entière que l'on effleure à travers les amis de Nancy Mitford.  

C'est évidemment Nancy que l'on suit le plus car c'est l'aînée de la fratrie et l'une des plus connue. Malgré tout, les destins s'entrecroisent et composent une famille déchirée par les différents politiques et l'évolution de l'aristocratie. 

J'ai eu un véritable coup de coeur pour Jessica Mitford! Jeune fille volontaire, passionnée qui n'hésite pas à rompre avec sa famille pour aller jusqu'au bout de ses idées. Communiste, elle s'engage aux côtés de son jeune mari dans la guerre civile espagnole. J'ai été bouleversée par son destin, ses tragédies et j'ai vraiment appris à l'apprécier. C'est une femme au destin incroyable que j'ai très envie de découvrir d'avantage grâce à son autobiographie. Comment penser que cette communiste qui a passé toute sa vie à combattre des injustices de toute sorte était tellement proche de sa soeur Unity? 
Nancy également m'a passionnée même si j'éprouve des sentiments différents. Nancy est très particulière à la fois adorable et profondément blessante. J'ai ressenti de la pitié pour elle, ces déboires sentimentaux et ses échecs personnels m'ont vraiment bouleversée. En même temps elle peut être odieuse et proprement insupportable! En politique, si elle n'a jamais soutenue les idées extrémistes d'une grande partie de sa famille, elle est une conservatrice convaincue. C'est peut-être le seul personnage de la famille qui soit réellement en nuance, changeant tandis que les autres soeurs ont des caractères et des opinions bien tranchés. 

Diana et Unity sont très différentes! Anti-conformistes à leur façon, se sont des profondes adeptes du nazisme. Unity Walkyrie Mitford était particulièrement fanatique, proche du Führer, elle se dévoue au nazisme avec une rage hallucinante. Quant à Diana Mitford, elle quitte tout pour le chef du parti fasciste  britannique. Elles sont elles-aussi faites d'un bloc uniforme. S'en est même profondément gênant tant on ne sent pas de recul de leur part dans leurs idées et leurs actes...


Dans cet entrelacs de destin hors norme, se joue le passage d'une époque, celle des années 20 insouciantes, puis celle de la guerre désespérante et le monde changeant des années 50, 60, celles où Nancy ne se reconnait plus. C'est un monde entier que l'on découvre à travers les vies des soeurs Mitford, dignes des plus grands romans du XXe siècle.


Annick Le Floc'hmoan fait renaître leurs histoires aussi bien que si elle avait inventé ces personnages et plonge le lecteur dans une période fascinante du XXe siècle. On sent tout le travail de l'auteur pour recomposer la vie des soeurs Mitford ainsi qu'un soucis d'objectivité. Elle nous présente ses femmes entières sous tous leurs aspects, leurs contradictions. Une lecture que je recommande donc!