vendredi 18 octobre 2013

La Bobine d'Alfred - Malika Ferdjoukh


COUP DE COEUR DE PERSEPHONE
SORTIE PREVUE LE 24 OCTOBRE 2013

Présentation de l'éditeur: Harry Bonnet, 16 ans, fils d'un cuistot montmartrois, est fou de cinéma. Comment s'est-il retrouvé à Hollywood ? C'est simple. Il lui aura suffi d'une gifle, d'une caille rôtie et d'une assiette de pommes de terre pour traverser l'Atlantique et atterrir sur la colline mythique. L'Amérique ! Des stars à tous les coins de rue ! Une nuit, il suit son père à la cantine, s'introduit en catimini sur le plateau n° 17, remplace au pied levé un second rôle souffrant et... tombe nez à nez avec Alfred Hitchcock. Le metteur en scène le plus célèbre du monde commence le tournage dont il rêve depuis quarante ans : l'adaptation d'une pièce de J. M. Barrie, l'auteur de Peter Pan. C'est un secret absolu. Le film porte un faux titre et Hitchcock lui-même a pris un nom de code. Mais pourquoi diable Harry a-t-il voulu voir les premières minutes du film fantôme ? Pourquoi a-t-il désobéi au maître du suspense ?

Comment vous rendre l'état d'excitation qui s'est emparé de moi lorsque j'ai reçu La bobine d'Alfred? En fait, je l'attends depuis que je sais que Malika était en train de l'écrire et comble de malchance, mon facteur a perdu mon premier exemplaire: j'ai dû attendre! Ouverture du colis, horreur: le roman ne fait que 174 pages....c'est comme si on vous montrait un potentiel d'1kg de pâte d'amande pour ne vous en donner que 100gr. Une vraie torture. J'ai donc englouti La bobine d'Alfred dans la soirée, comme il se doit...

Malika Ferdjoukh est une amoureuse d'Alfred Hitchcock et plus encore du cinéma américain de l'âge d'or. Elle est incollable! Je vous l'assure puisque j'ai eu la chance de la rencontrer et de parler cinéma avec elle. Plus encore, elle est capable de chanter tous les airs des comédies musicales de ces années là, celles que j'adore avec Fred Astaire, Ginger Rogers, Gene Kelly, Jean Hagen etc. et bon sang qu'est-ce que cela se sent!

La bobine d'Alfred, au-delà d'être une histoire sur un adolescent découvrant un univers qu'il adore mais ne connait que de loin, est une ode au cinéma et aux cinéphiles. De la première à la dernière page, le roman est truffé de références plus ou moins fines, plus ou moins évidentes au cinéma et bien sûr à Hitchock.

Le personnage principal, Harry Bonnet, est un cinéphile. Il tient cette passion de son père, Gustave Bonnet, cuisinier montmartrois et grand amateur de cinéma qui voulait au départ baptiser son fils Cary. Comme pour Cary Grant. Nous sommes dans les premières lignes du roman et déjà ça fleure bon les années 60.
Le côté cinéphile de Gus et Harry n'est jamais un prétexte au développement narratif, il y a bien derrière une vraie passion pour le cinéma partagée par Malika Ferdjoukh. Pour ceux qui connaissent le cinéma de cette époque, c'est un véritable délice de chercher les références disséminées un peu partout dans le roman. Allez, je suis gentille je vous en donne un, qui m'a faite sautiller comme une folle: "Me voila débarrassé d'un poisson nommé Vandamm."

Si Malika Ferdjoukh aime le cinéma en général, La Bobine d'Alfred nous permet aussi de mesurer son amour pour les comédies musicales "à l'ancienne". J'ai littéralement hurlé (de joie, d'excitation, je précise) en découvrant l'un des personnages: Lina Lamont. Pour ceux à qui vraiment Lina Lamont et Don Lockwood ne disent rien, je vous conseille urgemment voir Chantons sous la pluie (Singin' in the rain) avec Gene Kelly, Donald O'Connor, Debbie Reynolds et Jean Hagen. Outre le fait qu'il s'agisse de ma comédie musicale préférée, c'est aussi l'une des plus célèbres. Pour vous rappeler un peu de quoi il s'agit: Don Lockwood et Lina Lamont sont deux stars du cinéma muet or voici que sort "The jazz singer" (Le chanteur de jazz), premier film parlant. La transition pourrait se faire en douceur si seulement Lina Lamont n'avait pas la voix la plus affreuse de la planète. Pour la doubler, ils engagent alors une jeune comédienne à la voix délicieuse Kathy, dont Don Lockwood tombe bientôt amoureux.
Malika Ferdjoukh décide ici de faire de Don et Lina des personnages réels du cinéma muet et non de simples personnages (bien que l'on ne voit jamais Don). Derrière ce choix sympathique d'inclure Singin' in the rain dans l'intrigue, il s'agit sans doute, pour Malika Ferdjoukh, de rendre hommage à Jean Hagen, actrice un peu oubliée par rapport aux grandes vedettes de l'époque mais qui n'en reste pas moins une grande artiste. Lina Lamont a vraiment le mauvais rôle dans Singin' in the rain et peu de gens savent qu'en réalité Jean Hagen avait une très jolie voix et qu'elle chante elle-même la chanson "would you" du film. D'ailleurs ici, Lina et son fils imaginaire Grant, sont tous deux de très bons personnages, gentils et accueillants envers Harry et Gus. Un hommage discret mais vibrant qui a su me toucher.
Mis à part Singin' in the rain et Jean Hagen, il nous arrivera de croiser un certain gentlemen, sautillant, en jaquette rayée, passionné de courses hippiques, un sourire éclatant sur le visage. Je vous laisse l'apercevoir, j'en étais ravie!

Bien évidemment, on ne s'appelle pas La bobine d'Alfred avec le maître sur la couverture sans parler un peu d'Alfred Hitchcock. Les références à son travail (McGuffin, caméo) et à sa filmographie sont nombreuses. Quand ce n'est pas l'auberge écossaise dans laquelle s'arrête Harry et sa femme au début du roman, qui s'appelle Tavern of Jamaica (une référence à Jamaica's Inn, film d'Hitchcock adapté du roman de Daphné du Maurier), c'est la caissière du cinéma qui s'appelle Mme Rebecca. Chaque chapitre est une référence à un film d'Hitchcock. De la même façon, l'intrigue autour du film Mary Rose est une véritable anecdote liée à l'histoire d'Hitchcock. J'ai beaucoup aimé le fait qu'elle se serve de la personnalité du réalisateur et de ses projets pour construire son intrigue. De la sorte, l'histoire ne sort pas de nulle part, elle a une cohérence avec l'histoire personnelle du réalisateur.

Il est évident qu'il y a plusieurs niveaux de lectures dans La bobine d'Alfred. Si vous êtes vous-même un passionné de cinéma le plaisir n'en est que redoublé. Personnellement je suis un peu frustrée car je suis sûre d'avoir loupé des références. On pourrait croire en revanche que si ce monde là vous est inconnu, il vous faut passer votre chemin. Cette affirmation est on ne peut plus fausse.
Au contraire! Un peu comme dans les films Shrek ou avec 3000 façons de dire Je t'aime de Marie-Aude Murail, cette construction autour du cinéma est un écrin à l'histoire que l'on peut parfaitement apprécier sans maîtriser les références.
Car avant tout, l'histoire parle de Harry, ce jeune français cinéphile plongé d'un coup dans le monde des paillettes d'Hollywood. Il découvrira que les apparences sont souvent trompeuses et que le cinéma et ses plateaux ne rendent pas toujours heureux. C'est l'histoire d'un adolescent qui grandit, fait des erreurs qui le poursuivront longtemps et qui découvre que parfois il ne faut pas s'approcher trop près des mythes que l'on aime car en gros plan, le verni craque et le réalité n'est pas toujours belle.

Mission réussie pour Malika. On ne peut pas lire La bobine d'Alfred sans avoir envie en le refermant de prolonger l'expérience dans ce monde du cinéma américain des années 50-60. A présent, j'ai vraiment vraiment envie de découvrir Alfred Hitchcock et de revoir/découvrir des films du ciné américain du golden age.
Oui je vais sûrement commencer par du Fred Astaire. Comment avez-vous deviné?

6 commentaires:

Lyora a dit…

Alors là j'avais déjà furieusement envie de lire ce roman quand j'ai su qu'il sortait mais au vue de ta chronique, je suis encore plus impatiente qu'il sorte. Je suis une fan absolue d'Hitchcock alors imagine.... et des films américains de l'âge d'or....vivement le 24!

Vivi Potter a dit…

wahooouuuu ça donne très envie!!! je pense que je vais succomber! surtout que j'adore Hitchcock ^^ merci pour cet avis! encore une nouvelle découverte grâce à ton blog!!!

Perséphone a dit…

Ravie de vous avoir contaminées! J'espère que vous aimerez ce roman autant que moi.

La Nostalgie heureuse de Amélie Nothomb a dit…

Vivement que je l'ais entre les mains. Très hâte de le lire!

Perséphone a dit…

J'espère que tu reviendras nous dire ce que tu en as pensé!

Karine:) a dit…

Je l'attends, celui-là! J'aime cet univers du vieux Hollywood!

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