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Avant de vous parler du livre de Dorothy Whipple, j'aimerais vous parler de la maison d'édition Persephone Books que j'aime beaucoup (et pas seulement parce que nous avons un nom en commun). Cette maison d'édition qui est aussi une librairie, coincée entre deux immeubles dans le quartier de Bloomsbury à Londres, ouverte depuis plus de dix ans, est spécialisée dans la republication d'ouvrages oubliés, la plupart du temps écrits par des femmes, pour les femmes ou qui ont les femmes pour sujet. Persephone Books publie à la fois des romans, des nouvelles, des récits de voyages ou des livres de cuisine. S'ils font revivre des auteures oubliées comme Dorothy Whipple, ils s'attachent aussi à remettre au goût du jour des récits délaissés d'auteures connues. On leur doit notamment la republication de Miss Pettigrew Lives for a day de Winnifred Watson (qui a connu un joli succès au cinéma) ou encore les oeuvres de Frances Hodgson Burnett: La petite princesse, le Petit Lord Fauntleroy, Le jardin secret. Stockés dans leur librairie, leurs romans ont toujours cette couverture élégante et classique grise et un intérieur coloré imitant du tissu, le tout complété par un marque page assorti. Je ne peux que vous inviter à découvrir leurs collections de plus en plus connues (on les retrouve dans les grandes librairies londoniennes).
Aujourd'hui je vais donc vous parler de The Closed Door and other Stories de Dorothy Whipple. Les dix nouvelles contenues dans ce recueil sont une sélection faite par Persephone Books a partir de trois recueils de nouvelles de Dorothy Whipple publiés de son vivant: On Approval (1935), After tea and other stories (1941) et Wednesday and Other Stories (1961). Cinq d'entres elles ont été lues sur BBC 4: The Handbag, Family Crisis, Wednesday, Summer Holiday et Cover.
J'aurais du mal a résumer les différentes nouvelles du volume. Je vous renvoie donc sur ce site pour le résumé des cinq premières nouvelles et là pour le résumé des cinq dernières. Les résumés sont en anglais, ils ne spoilent pas l'intrigue, je vous invite donc à les lire pour vous faire une idée de la teneur des récits.
Même si j'ai personnellement du mal à résumer ces dix nouvelles, elles ont néanmoins en commun un thème centré sur les relations familiales plus ou moins tordues. Les relations parents-enfants sont l'un des thèmes majeures des nouvelles souvent glaçantes de The Closed door. Dorothy Whipple parle avant tout de cette middle-class anglaise, où les femmes sont bien souvent étouffées dans un carcan bien rigide que leur impose à la fois leur famille et la société. Dorothy Whipple écrit avant tout des histoires sur la nature humaine, comment il peut y avoir du bon et du moins bon en chacun de nous.
La première nouvelle est particulièrement effrayante de ce point de vue où une mère prive son enfant de tout sentiment maternel et de sécurité, car elle ne supporte pas que sa grossesse l'ait détournée de son mari auquel elle voue toute son existence. D'une certaine façon le personnage fait parfois penser à un des aspects de la vie de la reine Victoria, qui préférait le rôle d'épouse au rôle de mère. Cela dit, cela n'a pas empêché la reine d'aimer ses enfants comme le fait Alice. La femme décrite par Dorothy Whipple, étouffe complètement sa fille afin de rester dans une dynamique de couple où l'enfant n'a pas sa place. Dans cette angoisse permanente se trouve une lueur, une amie qui n'hésitera pas à se souvenir d'une promesse d'adolescente.
Certaines nouvelles sont plus marquantes que d'autres, certaines sont douces-amères comme The Closed Door, d'autres plus choquantes.
Je retiens surtout de ce recueil, une écriture claire, sans fioriture, parfois extrêmement laconique mais qui s'adapte toujours à l'ambiance qu'elle décrit ou aux personnages qu'elle met en scène. C'est une lecture viscérale, dérangeante mais qui reflète bien quelque chose de notre société et de l'histoire des femmes. Pour terminer je vous mets un extrait de The Closed door (vous l'aurez compris, ces nouvelles ne sont pour l'heure pas traduites en français).
"There was a dead silence. Even Ernest, so ready with words, was bereft of them. He gaped, with Alice, at Stella, as if she had suddenly gone mad. “Going out with a man!” Alice got it out at last. She leaned forward and thrust her face at her daughter, the better to realise the astounding creature. “You! With a man!” she repeated. Stella smiled radiantly. “Yes, Mother.” “When we thought you were with Beryl Payne, do you mean?” asked Alice. ‘Yes, but it doesn’t matter now, does it?”’Persephone Books a republier d'autres romans de Dorothy Whipple que je vous invite à découvrir!
2 commentaires:
Je ne suis pas une lectrice assidue en anglais, penses-tu que ce recueil soit difficile ? En tout cas, ce sont de très beaux objets.
@Titine: j'ai souvent du mal à évaluer le niveau pour les autres mais je te dirais que chez Dorothy Whipple ce n'est peut-être pas tant la langue qui va te poser problème mais la compréhension globale. Je ne suis pas sûre que tu ne te lasses pas en fait si tu n'es pas une grande lectrice en VO. Cela dit c'est beaucoup moins dure que des auteurs du XIXe ^^
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