lundi 5 mars 2012

Le cadavre de Bluegates Fields - Anne Perry

Résumé (trouvé chez Lilly et ses livres) : Londres, 1886. Le corps d'un jeune aristocrate est retiré des bas-fonds de Bluegate Fields. L'autopsie révèle qu'Arthur Waybourne, seize ans et déjà syphilitique, a été violé puis noyé dans un bain. Malgré les récriminations du père, un lord soucieux de sauvegarder les apparences, tout indique que le crime a été commis par un familier. Entravé par un supérieur soucieux de ménager la haute société, contrarié par un second qui singe les manières de l'aristocratie, l'inspecteur Thomas Pitt n'aura pas trop de toute sa conscience professionnelle pour ne pas se contenter du coupable idéal. Voulant sauver un innocent, l'inspecteur continue, au risque de sa carrière, à rechercher le vrai criminel. Dans l'ombre, son épouse, Charlotte et sa belle-soeur, Emily Asworth, ne restent pas inactives.

Il est de ces romans qui vous met en boule, qui vous chiffonne et vous énerve mais dans le bons sens s'il vous plait. Cette histoire est assez bouleversante, en effet comment ne pas être touché tout d'abord par la mort d'un jeune homme de 16 ans manifestement agressé sauvagement avant de mourir.

Anne Perry aime choisir un thème sur la société victorienne et se servir d'un meurtre pour l'explorer. Cependant, si le roman est censé aborder l'homosexualité masculine, je trouve que finalement ça n'est pas du tout le sujet principal. Tout d'abord, il serait plus juste de parler de pédophilie que d'homosexualité étant donné l'âge de la victime (ce qui a l'air d'être plus ou moins confondu dans la tête des gens de l'époque d'ailleurs, c'est très subtile comme détail mais Anne Perry s'en sort très bien).
Et puis pour être honnête je crois que le livre parle plus de la peur du scandale qu'autre chose. En effet, comme dans son troisième roman Le Crime de Paragon Walk on se rend bien vite compte que tout ce qui touche à la sexualité (adultère, homosexualité, viol) est considéré comme scandaleux. Au lieux de s'apitoyer sur le sort d'une jeune fille ou d'un jeune homme agressé, sa famille considère tout cela comme dégradant et honteux. Nous sommes bien loin de nos préoccupations actuelles ce qui a pour effet de remuer le lecteur.

En plus de cette bonne morale victorienne, Anne Perry aborde parfaitement bien les problèmes que rencontre Thomas face à sa hiérarchie pour faire triompher la justice. Ce que j'ai beaucoup aimé c'est qu'ici on a aussi affaire à une injustice comme il en arrive(ait) souvent: un homme qui a l'air d'être le coupable idéal et qui ne s'aide pas à cause de son attitude hautaine (dans un sens ça me fait penser à Dreyfus). Thomas hésite, cet homme à l'air coupable mais pourtant quelque chose le tiraille. Heureusement que Charlotte est toujours là, prête à lui remettre en question ses idées. Thomas s'acharne donc à trouver la vérité alors qu'il a affaire au silence buté, borné et même carrément hostile de la famille, à des mensonges pour mieux coller avec la vérité, à un directeur assez lâche face à l'aristocratie et à un second obséquieux au possible.
J'ai eu envie de gifler Gallivray à chaque page! Cette espèce de fouine, sûr de sa morale bien pensante et véritable cafteur, il est tout bonnement insupportable. J'ai vraiment aimé qu'il soit très différent de Pitt, il a de bonnes manières, il est bien habillé et ne choque pas l'aristocratie. On sent bien du coup que Thomas doit être très dérangeant, en même temps il essaye de ne pas juger par le milieux ou la condition sociale de son interlocuteur.

Enfin, du côté de Charlotte j'ai aimé qu'elle s'oppose à son mari qui essaye maladroitement de la protéger et qu'elle affronte un aspect qui lui fait horreur: la prostitution enfantine masculine. La façon qu'elle et sa soeur ont de passer de salon en salon pour alerter les femmes de la bonne société était bien vu. Car même si elle s'engage aux côtés de tante Vespasia (toujours aussi sublime) et d'Emily, elle le fait tout en douceur et en subtilité.
J'avoue que j'aime énormément que Charlotte ne soit pas un bas bleu au sens strict du terme. Oui elle veut une égalité et les femmes qui minaudent et s'évanouissent pour rien l'agace parce qu'après tout les femmes de cette époque en savent beaucoup même si elles en disent peu, mais en même temps elle n'est pas enragée et engagée dans une lutte. Elle fait les choses avec coeur, a parfois des réactions très ancrées dans son siècle et j'aime ça. Je trouve qu'il est plus difficile pour un auteur de décrire une héroïne inscrite dans son siècle qu'une jeune femme qui aurait des idées modernes avec lequel le lecteur puisse facilement s'identifier ou sympathiser.

En conclusion j'ai beaucoup aimé ce tome, qui fait réfléchir en plus d'offrir une trame intéressante. Beaucoup de thèmes différents abordés, un tome tout à fait réussi!

L'anecdote du jour: J'étais en train de lire ce roman à la fac quand une dame a monté les escaliers sur lesquelles j'étais assise. Elle est revenue sur ses pas pour regarder ce que je lisais et lorsqu'elle a vu qu'il s'agissait d'Anne Perry elle m'a dit toute joyeuse qu'elle n'en loupait pas un seul! Puis elle est partie et revenue pour me dire qu'on les trouvait d'occasion à Gibert Joseph. Ca m'a mise de bonne humeur, ce genre de rencontre est tout à fait agréable. Alors merci madame ^^

2 commentaires:

Anou a dit…

J'aime bien lire tes avis sur cette série d'Anne Perry, d'autant plus que je pense qu'on ne les voit pas assez souvent sur les blogs.. En plus, nous sommes arrivées au même point : "Bluegate Fields" est également le dernier que j'ai lu..
Parfois quand je vois le nombre de tomes qu'il me reste à acheter, je me demande si je ne ferais pas mieux d'arrêter car c'est un peu sans fin ses séries, mais en même temps, à chaque fois que je replonge dans une enquête de ces superbes personnages, je ne regrette plus !!
As-tu d'autres séries d'Anne Perry ? J'ai le premier de la série des Reavley ("Avant la tourmente") qui m'attend dans ma PAL, j'espère que ce sera aussi passionnant. Et ensuite ce sera la série des William Monk. Ah la la Anne Perry va me ruiner !!
Ah oui et sinon, je viens de me rendre compte que tu avais mis un lien sur ton blog vers le mien, je tenais à te remercier, ça me touche beaucoup.. J'avais aussi mis une liste de blogs sur le mien, mais je constate qu'elle n'est plus vraiment à jour puisque le tien n'y figure pas !
Allez bonne fin de journée et bonne lecture et désolé pour ce long message..

Perséphone a dit…

Mais j'aime beaucoup les longs messages! Non je n'ai pas lu d'autres séries d'Anne Perry sauf un roman de Noël que j'ai lu mais c'est un dérivé de Charlotte et Thomas Pitt.
De rien pour le lien, je lis ton blog donc je partage :D

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