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mardi 28 janvier 2014

Les secrets du IIIe Reich - François Kersaudy


Présentation de l'éditeur: Le but de cet ouvrage n'est pas de faire table rase de tout ce qui s'est écrit jusqu'à présent, ou d'apporter au lecteur des révélations aussi sensationnelles qu'invérifiables. Il est plutôt de revisiter certains épisodes mystérieux du IIIe Reich, en faisant à l'occasion de chaque récit la part de ce qui s'est avéré, de ce qui est douteux et de ce qui est purement fictif. 
Pourquoi Hitler a-t-il multiplié les efforts -et les cadavres- pour dissimuler ses origines? Quel est le secret de l'envoûtement exercé sur les foules par cet artiste peintre au physique ingrat et au discours haineux? Comment le régime national-socialiste a-t-il pu survivre pendant douze ans, alors que ces dirigeants ne cessaient de se combattre? Que s'est-il vraiment produit pendant la Nuit des longs couteaux? Quelle est la vérité sur l'affaire Rudolf Hess, qui a donné lieu à tant de publications fantaisistes? Quelle était la nature exacte des relations d'Hitler avec femmes? L'amiral Canaris était-il un traître ou un héros? Qu'y a-t-il de vrai dans les informations contradictoires publiées sur la santé d'Hitler, au vu des notes prises par ses médecins? 
Le pari fait par l'auteur est que, sur tous ces sujets, les lecteurs trouveront la réalité plus passionnante que n'importe quelle fiction. 

Changement de décors aujourd'hui puisque je vous emmène à la découverte d'un ouvrage d'Histoire sur le gouvernement du IIIe Reich et les hommes qui l'ont composé. 

Ne vous fiez pas à la couverture ni au titre tapageur. Les secrets du IIIe Reich n'est pas, comme on pourrait le penser à tord, un énième livre à succès pour voguer sur une vague qui a certes la cote mais qui se révèle indigeste à maints égards. François Kersaudy est un historien spécialiste de la période, ancien professeur à la Sorbonne et à Oxford et le détenteur de onze prix littéraires français et britanniques. Grand spécialiste de Churchill, il est le seul à avoir publié un ouvrage sur les relations entre de Gaulle et Churchill et a aussi écrit des biographies de Goering et Lord Mountbatten. Oui ça envoie plutôt du lourd.

Autant commencer par ce qui fâche, je trouve que la couverture et le titre ne vont pas du tout avec le contenu du livre. Si je n'avais pas su que l'auteur était François Kersaudy, j'aurai certainement passé mon chemin. Je préfère également mettre en garde le lecteur. Il ne s'agit pas ici de se pencher sur la seconde guère mondiale, mais bien sur le IIIe Reich, l'institution politique et ses membres. Kersaudy n'aborde donc jamais la question de la Shoah puisque ce n'est pas là son propos. Sur une critique publiée sur le net, l'auteure regrettait justement que la question de l'holocauste juif ne soit pas abordée et que Kersaudy s'intéresse beaucoup plus à la question militaire et politique or Kersaudy EST un spécialiste d'histoire militaire et politique. Ne soyez donc pas surpris. Si vous cherchez un livre sur la Shoah, il en existe plein d'autres faits par d'excellents spécialistes de la question. 
Il n'y a rien de sensationnel dans ce livre. Comme l'explique François Kersaudy dans sa préface - dont je conseille vivement la lecture - il n'est pas question d'assommer le lecteur avec des révélations sur les crimes de guerre des nazis ni sur la face cachée - si tant est qu'il existe une face cachée - des dirigeants du Reich. Ce qui m'a plu dans la démarche de l'historien c'est avant tout d'admettre que son livre n'est pas exhaustif, qu'il n'est pas non plus péremptoire - notamment dans le cas de l'affaire Hess puisque certaines archives sont tenues secrètes par les Archives nationales britanniques jusqu'en 2017 - mais qu'il est en fait, le fruit des recherches passées. Faire le point en 2013 sur nos connaissances sur les différentes questions dont il traite est ce qui intéresse le plus l'auteur. 

Le présent ouvrage aborde donc huit questions d'importance mais parfois méconnues sur le IIIe Reich. Sur Hitler, Kersaudy se penche sur le mystère de ses origines, son talent d'orateur, son rapport avec les femmes et sa santé. Il examine également les relations qu'entretenaient les membres du gouvernement et se penche plus avant sur le cas de Rudolf Hess et de l'Amiral Canaris. Enfin, Kersaudy aborde en détail les évènements qui ont conduit à la Nuit des longs couteaux et son déroulement. 

Si certains sujets abordés par Kersaudy sont connus, comme la Nuit des longs couteaux, d'autres au contraire font encore partis des mystères qui entourent le gouvernement Hitlerien. J'ai été particulièrement passionnée par le chapitre sur "Le panier de crabe" dans lequel on apprend que les dirigeants nazis ne pouvaient pas se supporter. Chacun avait des dossiers compromettants sur ses ennemis et même sur le führer, histoire de se prémunir des coups bas des autres ministres du Reich. Il est proprement hallucinant de voir que chacun avait des prérogatives, ministérielles ou de directions, qui recoupaient en fait celles de quelqu'un d'autre, de sorte qu'il y avait constamment une guerre entre services, au profit d'Hitler lui-même. On prend alors la mesure de l'horreur: alors que les dirigeants du IIIe Reich nous apparaissent comme puérils à franchement stupides en passant par cupides ou complètement névrosés - pédophiles, violeurs, escrocs etc la brochette est "belle" - ils ont réussi malgré tout à dominer l'Europe pendant quelques années et à orchestrer le plus grand génocide de l'Histoire. On se prend alors des sueurs froides à la pensée de ce qu'aurait pu être la Seconde Guerre mondiale s'ils avaient été de véritables stratèges....
Les relations d'Hitler avec les femmes est également un chapitre intéressant qui permet de mieux "comprendre" ce personnage tordu. 

Sur les huit chapitres présentés par Kersaudy, deux font encore débats notamment parmi les historiens. Il s'agit du chapitre sur Rudolf Hess et l'organisation de son voyage secret en Angleterre en 1941 et celui sur l'Amiral Canaris présenté tour à tour comme un grand héros ou un traitre. Sur l'affaire Hess, Kersaudy lui-même nuance son propos, sachant que certains documents sont encore inaccessibles à ce jour. En ce qui concerne l'Amiral Canaris, c'est un chapitre qui m'a beaucoup plu, justement parce qu'il est tout en nuances. Il ne s'agit pas de faire l'hagiographie de l'Amiral directeur de l'Abwehr - les services secrets de la Wehrmacht - mais bien de montrer qui était cet homme, avec ses forces mais aussi ses faiblesses. 

J'ai lu sur le net une chronique affirmant que le style de Kersaudy est académique et pesant, personnellement j'ai trouvé l'ensemble fluide et souvent très drôle car il n'hésite pas à alléger son discours, lorsque c'est possible, par quelques remarques amusantes. C'est vrai qu'il cite souvent beaucoup de monde et qu'il n'y a pas de notice biographique sur chacun. C'est pourquoi je pense que si Les secrets du IIIe Reich est un livre grand public, il ne peut pas être abordé par des néophytes complets. Il faut connaitre un minimum les dirigeants nazis de l'époque.  Le livre est complété par de nombreuses notes de bas de pages, de notes en fin d'ouvrage ainsi que d'une bibliographie sélective très intéressante. Pas de sources primaires mais des ouvrages écrits à la portée du public. 

Pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur l'organisation politique du IIIe Reich ainsi que sur le personnage d'Hitler, je recommande absolument ce livre. Bonne lecture.

jeudi 5 juillet 2012

Les enfants du Titanic - Elisabeth Navratil


Présentation de l'éditeur: Le 10 avril 1912, Michel Navratil et ses deux fils embarquent sur le Titanic. Tous trois partent vers l'Amérique à bord du plus beau paquebot du monde surnommé « L'Insubmersible ». Mais le 14 avril, à 23 h 40, le Titanic heurte un iceberg. La tragédie commence pour tous les passagers et Michel n?a alors plus qu?une idée en tête : sauver ses enfants. Lolo a quatre ans, Monmon en a deux : pour l'Histoire ils seront désormais « les Enfants du Titanic ».

Réédité et corrigé plusieurs fois, ce "docu-fiction" sur papier retrace le voyage de deux enfants et de leur père sur le célèbre navire.
Elisabeth Navratil est la fille de Michel dit Lolo, quatre ans à l'époque. Le Titanic, elle l'a dans le sang et depuis des années elle s'efforce de retracer cette histoire familiale qui se mêle si étroitement à l'Histoire.

Il s'agit là d'un "docu-fiction" car même si la trame de fond est bien réelle - son père, son oncle et son grand père étaient bien à bord du Titanic - Elisabeth Navratil est obligée de retracer les pensées et les actes de son grand-père. Si par recoupement des témoignages une grande part de l'histoire se révèle "véridique", certains passages en revanche sont inventés pour combler les lacunes de l'histoire des Navratil.

On sent que l'auteur a passé énormément de temps sur son roman. Le travail est là c'est certain. Les détails sur le Titanic, les recherches approfondis marque chaque page du roman sans pour autant que cela alourdisse le style d'Elisabeth Navratil. Nous ne sommes pas dans un livre d'histoire, ici c'est l'Histoire qui sert le roman et non l'inverse.
De la même façon, on sent qu'elle aime sa famille et que pour elle le Titanic est loin d'être une anecdote. Elle porte beaucoup d'attention à ce grand-père et tente de comprendre ses actes.

Michel Navratil est un personnage intéressant, d'autant plus intéressant qu'il n'a pas forcément un beau rôle. Non seulement il vient d'enlever ses enfants mais de plus la mère des petits ne sait pas qu'ils partent aux Etats-unis. Il a des idées bien arrêtées sur le travail et l'avenir de ses enfants et trouve sa femme irresponsable d'encourager l'aîné, Michel, a devenir enseignant. Même si l'auteur tente d'entrer dans la tête de son grand-père, nous faire comprendre la peur qui le tenaille et ce geste fou, elle n'en fait pas un héros en manteau blanc. J'ai beaucoup aimé cette nuance de gris dans ce "personnage". Cela le rend finalement très réel et très humain.
Le petit Lolo est très attachant. C'est un gamin vif et éveillé. Parcourir le bateau à ses côtés est très agréable! Quant à Monmon, il est encore trop petit pour que l'on dise quoique se soit.

Le volume est enrichie de photo de la famille, de certains passager et du bateau. Cela donne une touche de réalité à tout ce récit que j'ai beaucoup apprécié. Photos d'un autre temps, elles nous plongent délicieusement dans l'ambiance.

Les Enfants du Titanic est un témoignage rare de ce qu'il s'est passé cette nuit là. Toute cette histoire est follement romanesque et elle serait dure à croire si elle n'avait pas vraiment existé! Car oui les rebondissements les plus incroyables ont bien existé!
Si vous voulez en savoir plus sur cette tragédie, sans tomber dans les histoires d'amour, je vous conseille Les enfants du Titanic. Poignant mais sobre dans l'écriture, il peut se lire en famille sans aucun problème.

J'ai eu la chance de rencontrer Elisabeth Navratil lors de la sortie de son livre durant une conférence chez Hachette. La dame est passionnante et passionnée!
Les détails de l'aventure arrive très vite.

Merci encore à Elisabeth Navratil et à Cécile des éditions Hachette.

dimanche 27 novembre 2011

Exposition - Musée Maillol - Pompéi



Présentation de l'exposition, site du Musée Maillol:

Si les monuments publics de l’Empire romain, théâtres, amphithéâtres, thermes, temples, sont nombreux et souvent en bon état de conservation, les résidences privées, en dehors de celles retrouvées ensevelies par le Vésuve en l’an 79 en Campanie sont très rares, et jamais retrouvées ailleurs dans leur intégrité. Ces maisons et villas continuent à nous émerveiller par leur état de conservation. Leurs infrastructures, l’eau courante, la distribution de la chaleur, le tout-à l’égout, l’intégration des espaces verts jusqu’aux formes des objets quotidiens, sont d’une modernité spectaculaire.

L’exposition invitera le visiteur à circuler dans cette maison comme si elle était sienne, créant pour un instant l’illusion, malgré les 2000 ans qui nous séparent, d’être les invités des maîtres de maison.

Une domus pompeiana, une maison pompéienne, est évoquée dans ses pièces les plus célèbres et traditionnelles: l’atrium, le triclinium et la culina, le péristyle autour du jardin, le balneum, le venereum. Deux cents œuvres venant de Pompéi et d’autres sites vésuviens seront ainsi présentées.

Samedi, j'ai emmené ma mamie au musée (oui ça nous prend de temps en temps). A la maison on aime bien les romains et l'exposition sur Pompéi était une bonne occasion de faire découvrir cette civilisation à ma grand-mère qui aime l'Histoire sans vraiment connaître beaucoup de chose.
Pompéi (comme Herculanum) est une vieille ville romaine d'origine étrusque, ensevelie sous la lave et les cendres le 26 août 79 après JC par l'éruption du Vésuve (la date de 26 août étant encore débattue par les historiens, je me contenterai de prendre la version officielle n'ayant pas de connaissance plus pointue en la matière).

Non, je ne vous parlerai pas de Doctor Who et du fait que l'éruption du Vésuve, en fait c'est lui, promis je reste collée aux faits vérifiables.

Cette exposition était sublime. Ce qu'il y a d'intéressant avec Pompéi c'est que ce ne se sont pas simplement des vestiges romains supplémentaires. Il s'agit là d'un instantané d'une époque voire même d'une année précise. La ville de Pompéi s'est retrouvée pétrifiée à jamais dans les cendres du Vésuve et nous donne un aperçu unique de ce qu'étaient les romains de Campanie.

L'exposition se déroule sur 2 niveaux, chaque salle présentant une particularité bien propre: une pièce de la Domus, la villa romaine qui à Pompéi s'étendait de 300 à 3000 mètres carrés. A l'entrée de l'exposition une maquette d'une luxueuse villa nous aide à voir comment étaient construites ces habitations hors normes.
Les objets exposés étaient très bien choisis et représentatifs de la pièce à laquelle ils appartenaient. Certains objets étaient assez classiques (statues, amphores) d'autres beaucoup moins (coffre en bronze, trépier, cuillère, baignoire ou encore fontaine en mosaïque). Plusieurs objets étaient d'une finesse et d'une richesse incomparables. Bien avant notre moyen-âge ils savaient déjà maîtriser certains arts qu'il nous a fallu attendre longtemps avant de connaître. J'ai eu un coup de coeur pour un porte lampe en forme d'arbre. (cf. ci-dessous)
J'ai beaucoup aimé les couleurs utilisées pour l'exposition. Chaque pièce à une couleur différente qui rappelle celles des murs des villas romaines. A noter la reproduction de 3 murs peints d'une villa tout à fait impressionnants!

De même, les corps des deux jeunes filles et du chien, pétrifiés dans la cendre montre que Pompéi n'est pas que des ruines, c'est aussi le lieux de sépulture de près de 20000 de ses habitants.

Malgré tout, l'exposition a tout de même quelques défauts. Tout d'abord le musée est cher car il s'agit d'un musée privé et les réductions (notamment pour les étudiants) restent peu élevées. De plus l'audioguide coûte lui aussi cher et est à rajouter. Cela aurait pu aller si il y avait eu des explications suffisantes durant l'exposition mais j'ai trouvé qu'il manquait cruellement de cartels (panneaux d'explications). 1 cartel par pièce (et encore) et aucune indication à côté des objets ce qui fait que l'audioguide semble indispensable si vous voulez vraiment en savoir plus. Je trouve cela vraiment dommage car l'exposition n'étant pas à la portée de toutes les bourses un effort aurait pu être fait, j'ai vu certaines expositions beaucoup plus didactiques de ce point de vue là.

Le deuxième point noir tient en la muséographie et particulièrement dans l'organisation de l'espace de la pièce principale. Cette salle est immense et pourtant l'espace au centre n'est pas du tout utilisé. Tout est collé contre les murs. Les gens ne circulent pas et il faut jouer du coude ou être grand pour voir. Mettre quelques objets/vitrines/statues au milieu de la pièce aurait certainement aéré les couloirs de circulation. Quant aux autres pièces certaines étaient trop petites pour le volume de visiteurs mais ça on ne peut le reprocher au musée, tout comme on ne peut leur reprocher le comportement de certains visiteurs qui restent littéralement plantés devant les vitrines pendant plus de 5 minutes lorsqu'ils ont leur audioguide afin d'écouter le commentaire. Avec 3 à 6 commentaires par pièce, certaines étaient impraticables.

En revanche j'ai bien aimé l'agencement du niveau 1, beaucoup mieux organisé, on circulait plus facilement et la deuxième partie de la visite était plus appréciable.

En bref: une exposition remarquable qu'il convient d'aborder avec audioguide et patience (je vous conseille d'y aller dès l'ouverture, il y a vraiment BEAUCOUP de monde alors que le musée Maillol est assez petit).

Pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur cette ville, voici le podcast de l'émission de Franck Ferrand sur le sujet dans "Au coeur de l'Histoire"

Toutes les photos sont tirées de la galerie photo du site du musée Maillol et ont été prises par Antoine Manichon. Merci de respecter son copyright.

lundi 10 octobre 2011

Victoria and Albert (2001) - Téléfilm


Victoria and Albert, téléfilm en deux parties, raconte l'histoire d'amour qui a uni cette reine exceptionnelle à son Prince pendant 2 décennies.
De la vie de jeune fille de Victoria, difficile entre sa mère et son conseiller abusif John Conroy, à son accession au trône, nous découvrons une Victoria pressée de tout côté. De sa rencontre avec Albert, à la mort de celui-ci, ce téléfilm nous offre un portrait touchant d'une famille du XIXe siècle.

CASTING

Victoria Hamilton ....................................................... Victoria
Jonathan Firth ............................................................. Prince Albert
Diana Rigg ................................................................. Baroness Lehzen
Patrick Malahide ........................................................ Sir John Conroy
Penelope Wilton ......................................................... Duchesse de Kent
Peter Ustinov ............................................................... King William IV
John Wood .................................................................. Duc de Wellington
Nigel Hawthorne ......................................................... Vicomte Melbourne
David Suchet ............................................................... Stokey

Le téléfilm est en deux partie. La première partie s'étale de l'adolescence de Victoria aux premières années de mariage avec Albert. Ce sont des années mouvementées dans lesquelles chacun cherche sa place. Victoria tente de s'imposer en tant que reine et ne comprend pas toujours les besoins de son mari, relégué au rang d'invité dans la maison de sa femme. Albert de son côté aimerait aider Victoria, participer pleinement à sa vie.
La seconde partie parle de leur vie de couple, une fois les tensions apaisés et le départ de Lehzen. De la naissance de la princesse Victoria à la mort d'Albert, on se rend compte à quel point leur relation était forte.

Le casting était très bien choisi. Victoria Hamilton est plus crédible en Victoria qu'Emily Blunt (beaucoup trop belle et mince pour le rôle). Ici Victoria n'hésite pas à porter des robes bouffantes et des rembourrages pour paraître plus ronde. Jonathan Firth est le digne frère de Colin. Non seulement il est beau (si si on swoon grave devant le prince Albert) mais en plus il arrive à retranscrire la timidité et la rigueur de ce prince méconnu. Penelope Wilton est toujours sublime, David Suchet excellent en conseiller du Prince et Diana Rigg méconnaissable en Lehzen jalouse de son pouvoir et influence sur la reine.


J'ai beaucoup apprécié la seconde partie (la première ressemble trop au film Young Victoria pour que ça ne me donne pas une impression de déjà vu, injuste pour le téléfilm antérieur, mais déjà vu tout de même). La vie de couple et de famille de Victoria et Albert étaient très bien mis en scène. On comprend très bien l'amour qu'il y a entre eux et cet équilibre entre pouvoir et vie de famille qu'ils ont réussi à trouver. Victoria, autoritaire dans les premières années de son mariage a vite délégué son pouvoir à Albert, très investi dans certains projets comme l'exposition universelle.

J'ai moins apprécié la première partie notamment parce qu'elle montre un Albert réticent au mariage. Comme il le dit à Stokey, il aime bien Victoria mais n'en est pas amoureux "marry first and fall in love later". Cela m'a un peu choqué car d'après les sources il semble bien au contraire que le couple était très épris au moment de leur mariage. Heureusement le téléfilm nous offre une sublime deuxième partie!

Un très beau téléfilm sur la famille royale.

samedi 21 mai 2011

Six Wives: The queens of Henry VIII


Présentation de l'éditeur: "No one in history had a more eventful career in matrimony than Henry VIII. His marriages were daring and tumultuous, and made instant legends of six very different women. In this remarkable study, David Starkey argues that the king was not a depraved philanderer but someone seeking happiness -- and a son. Knowingly or not, he elevateda group of women to extraordinary heights and changed the way a nation was governed.

Six Wives is a masterful work of history that intimately examines the rituals of diplomacy, marriage, pregnancy, and religion that were part of daily life for women at the Tudor Court. Weaving new facts and fresh interpretations into a spellbinding account of the emotional drama surrounding Henry's six marriages, David Starkey reveals the central role that the queens played in determining policy. With an equally keen eye for romantic and political intrigue, he brilliantly recaptures the story of Henry's wives and the England they ruled."

Autant le dire tout de suite, ce livre là est un vrai pavé. 880 pages consacrées à ces six inoubliables reines d'Angleterre. Je suis une grande admiratrice de David Starkey, historien brillant qui a passé quelques temps à créer des séries télé sur le thème des Tudor, car en dépit de sa misogynie, Starkey connait les Tudor et leur rend hommage. Ce n'est pas facile -croyez moi bien, je sais de quoi je parle - de traiter de façon intéressante et sans pathos ces six reines d'exception. Ce n'est pas simple de traiter objectivement ces reines car nous avons tous nos préjugés: "Anne Boleyn, coupable ou non coupable", "Katherine Howard, une idiote" etc.

Ce que réussi à faire Starkey, c'est par l'étude des sources, remonter leur histoire à la surface. Il est un des rares historiens à avoir écrit (le livre date des années 80) l'histoire de Katherine Howard après avoir lu les compte-rendu de son procès (ce qui est tout de même plus pratique lorsque l'on veut parler de sa fin).

Près de la moitié du livre est consacré au duo de choc du XVIe siècle: Catherine d'Aragon et Anne Boleyn. Elles sont traités avec objectivité (parfois un sentiment de misogynie pointe le bout de son nez, mais il faut passer outre). Les écrits sur les autres reines sont tout aussi intéressants, notamment ceux sur Katherine Howard et Anne de Clèves.

L'anglais de Starkey est académique, donc simple à lire (beaucoup plus simple que l'anglais de Charlotte Brontë!) et le livre a une petite dose d'humour rafraîchissante. Ce que j'aime c'est qu'il est a la fois instructif (dans le bon sens du terme parce que véritablement académique) et en même temps divertissant.

Je le conseille donc à tous ceux qui veulent en savoir plus sur les reines Tudor sans avoir l'impression d'être en cours d'histoire.

mardi 17 mai 2011

Histoire d'Os et autres illustres abattis - Clementine Portier-Kaltenbach

Même morts nos grands hommes ne sont pas tranquilles ! A peine refroidis, leurs cheveux, leurs dents, le moindre de leurs os font l'objet d'un commerce insolite, d'une spéculation effrénée. Clémentine Portier-Kaltenbach, en véritable détective, en historienne légiste, a mené une enquête passionnante sur le destin de ces reliques dont la possession suscite tant de convoitise. Quel chemin mystérieux le corps de Descartes a-t-il suivi avant de trouver la paix dans l'église Saint-Germain-des-Prés ? En quoi la barbiche de Richelieu prouve-t-elle l'authenticité de son crâne ? Qu'en est-il des vestiges des héros entrés par la grande porte du Panthéon - Mirabeau, Marat... - et sortis en toute discrétion par la petite ? Qu'a-t-on découvert en ouvrant les cercueils de Voltaire et Rousseau ? Et Napoléon, y a t-il un mystère des Invalides ? Sans oublier les énigmes qui entourent la côte de Jeanne d'Arc, la jambe de Catherine de Médicis, les dents de Louis XIV, le cœur de Louis XVII... et surtout le fabuleux reliquaire de Vivant Denon dont le contenu défie l'imagination ! Ce sont ainsi des épisodes - des morceaux - de l'histoire de France, inconnus, saugrenus, surprenants qui surgissent du passé non pas comme des fantômes mais comme la preuve que les destins exceptionnels continuent à vivre dans notre présent.
Voici un livre que ma maman m'a offert à Noël dernier. Quel cadeau étrange me direz-vous, un livre sur les restes humains décomposés des hommes illustres! Rassurez-vous, c'est moi qui lui avait demandé!
Pourquoi ça? Tout d'abord parce que l'Histoire coule dans mes veines et qu'on ne se refait jamais (cf. grands films Hollywoodiens), ensuite parce que j'adore Clémentine Portier-Kaltenbach. J'adore cette journaliste pétulante que j'ai découvert dans les émissions de Stéphane Bern Secrets d'Histoire (oui parce que j'aime aussi la bonne vulgarisation, l'Histoire appartient à tout le monde et pas seulement aux universitaires). Donc récapitulons: j'aime l'Histoire, j'aime la vulgarisation et Clémentine Portier-Kaltenbach, donc pourquoi pas?
Histoire d'os et autres illustres abattis est une lecture véritablement plaisante. Le style de la journaliste est clair et drôle et elle nous communique rapidement son goût pour la vérité. Mais qu'a-t-on fait du coeur de Louis XVII? Le livre se compose de plusieurs parties: morceaux nobles, morceaux moins nobles et restent plus ou moins identifiables.
Les recherches ont été menées avec minutie et le livre s'émaille d'anecdote croustillante qui enlève encore la lecture. Les chapitres sont relativement courts pour ne pas saturer le lecteur et je pense que ce détail est appréciable lorsque l'on est pas un passionné d'histoire. En tout cas, je le recommande parce que s'il on connait souvent la vie d'Henri IV et de Richelieu, généralement on sait peu de chose sur leur vie dans l'au-delà.
Entre découvertes au muséum d'histoire naturelle ou dans le grenier d'un collectionneur, Histoire d'os et autres illustres abattis vous en apprendra plus sur l'histoire des grands de France et ceux d'une manière tout à fait peu conventionnelle!

mercredi 30 mars 2011

Les entretiens de Nuremberg - Leon Goldensohn


Nuremberg, janvier 1946. Alors que le monde entier a les yeux rivés sur cette ville symbole du IIIe Reich, où les procès des grands criminels de guerre nazis viennent de commencer, un psychiatre américain de trente-quatre ans, Leon Goldensohn, entreprend de consigner les entretiens qu'il mène, jour après jour, avec Hermann Göring, Hans Frank, Karl Dönitz, Alfred Rosenberg, Rudolf Höss et une vingtaine d'autres, accusés ou témoins aux procès. Antécédents familiaux, vie sexuelle, carrière dans le parti, relations avec Hitler et les dignitaires du régime, participation à l'extermination des Juifs : Goldensohn note méthodiquement ses questions et les réponses qui lui sont faites. Il y a l'aristocratique Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich, qui dit sa fascination pour Hitler dans une cellule jonchée de détritus ; il y a Göring, qui accable les autres accusés de son mépris - des " lampistes " -, joue au mécène et au chef de guerre, détaillant son " code chevaleresque " ; il y a Julius Streicher, l'un des seuls dont l'intelligence soit jugée inférieure à la moyenne par les médecins, et ses délires. antisémites, teintés de pornographie ; il y a Höss, commandant d'Auschwitz entre 1941 et 1943, qui décrit froidement le mécanisme d'extermination, précisions à l'appui - il livre ainsi sans détour le chiffre de 2,5 millions de Juifs ayant péri dans ce seul camp... Jamais publié jusque-là, ce document constitue un témoignage extraordinaire sur la psychologie des nazis, et une pièce unique à verser aux archives du IIIe Reich.

Les récits de Goldensohn sont assez révélateurs de l'organisation nazie et de la personnalité de ces hommes. Le docteur Goldensohn est un psychiatre américain affecté au procès de Nuremberg et chargé d'interroger les accusés et les témoins. Avec l'aide d'un traducteur, il rendait visite tous les jours aux prisonniers et assistait aux audiences. Il ne s'agit pas ici des transcriptions des entretiens bruts, mais des notes (sûrement des extraits) du docteur dans lequel il retrace leur entretien et ajoute ses commentaires. Ainsi les interview sont épurées des détails inutiles et se concentrent sur les éléments véritablement révélateurs. L'exemple le plus frappant est sans nul doute celui de Göring qui tergiverse pendant de longues minutes. Il raconte son enfance, sa carrière de militaire mais n'aborde qu'avec réticence les sujets "déplaisants".

ACCUSES au procès de Nuremberg (interrogé par Goldensohn) et extrait des entretiens de Léon Goldensohn:

- Hermann Göring (1893-1946): Plus haut dignitaire nazi encore vivant après la mort d'Hitler, d'Himmler et de Goebbels. Dauphin du Führer jusqu'à ce qu'il soit désavoué, Göring était commandant en chef de l'armée de l'air (Luftwaffe), président du Reichstag, ministre du plan quadriennal et Premier ministre de Prusse. Reconnu coupable de conspiration criminelle, de crimes contre la paix, de crimes de guerre et de crimes contre l'Humanité, il fut reconnu coupable et condamné à mort. Avec plusieurs prisonniers, il protesta sur le fait d'être pendu. Deux heures avant son exécution, le 15 octobre 1946 il se suicida dans sa cellule.
L'entretien de Göring est particulièrement long. Léon Goldensohn a passé plusieurs journées avec Göring, il souffrait de rhumatisme à la jambe (tantôt réels, tantôt exagéré, Göring ne voulait pas entendre le témoignage de Baldur von Schirach). Göring est peu à l'aise avec les questions très personnelles (enfance, sexualité), il en parle peu et lorsqu'il en parle c'est avec une sorte de désintéressement. Si Göring ne dit jamais du mal d'Hitler,en revanche il accuse Himmler et Goebbels d'avoir tout manigancé: les camps, l'extermination des juifs etc. Lui n'était au courant de rien. Göring tenait auprès des autres accusés un discours d'unité ce que contredit Baldur von Schirach. Personnellement, je n'arrive pas à déterminer si Göring fait preuve d'une indéniable mauvaise foi ou s'il est intimement persuadé qu'il n'était au courant de rien?

- Rudolf Hess (1894-1987): Chef adjoint du parti nazi, numéro deux du régime et successeur désigné d'Hitler et membre du Conseil de la défense du Reich. Prisonnier en Angleterre depuis le 10 mai 1941, sa santé mentale a posé problème lors du procès, en effet il semble que Rudolf Hess soit devenu amnésique ou du moins qu'il n'avait plus toute sa tête. Reconnu coupable de conjuration criminelle et de crimes contre la paix, il fut condamné à la perpétuité. Malgré des appels à sa libération pour des raisons humanitaires, il demeura en prison jusqu'à sa mort par pendaison (suicide, meurtre?) dans sa cellule en 1987 à l'âge de 92 ans.
L'entretien de Rudolf Hess est réellement très court. D'après le contenu de l'entretien il semble raisonnable de penser qu'il n'était plus tout à fait lui même.

- Joachim von Ribbentrop (1893-1946): Ministre des affaires étrangères de 1938 à 1945. Reconnu coupable de complot criminel, de crimes contre la paix, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Il fut pendu le 16 octobre 1946.
Tout comme Göring, sa défense est basée sur le fait que "le tour prit par les évènements le stupéfiait". Il ne savait rien de ce qu'il se passait. Himmler et Goebbels devaient être les principaux instigateurs des crimes.

- Julius Streicher (1885-1946): (image de gauche) Fondateur et rédacteur en chef des journaux antisémites Der Stürmer et Gauleiter de Franconie. Il a organisé le boycott des commerçants juifs en 1933. Il ne participe plus au gouvernement nazi depuis 1939. Reconnu coupable de crimes contre l'humanité il fut pendu le 16 octobre 1946.
Julius Streicher est l'un des plus tordus que l'on puisse lire dans le livre de Léon Goldensohn. Si Göring et consorts sont écoeurants par leur pragmatisme, Julius Streicher est purement ignoble. Antisémite aux derniers degrés, ses assertions morbides et sexuelles dégoûtent le lecteur. Lui non plus ne semble pas avoir toute sa tête.

- Ernst Kaltenbrunner (1903- 1946): Officier de police autrichien, soutien actif du parti nazi et de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en 1938. En 1943 il devient le chef de l'Office central de la Sécurité du Reich. Reconnu coupable il fut pendu le 16 octobre 1946.

- Alfred Rosenberg (1893-1946): Fidèle d'Hitler depuis la première heure, il fut le théoricien du nazisme et de la solution finale, rédacteur en chef du Völkisher Beobachter puis ministre des territoires occupés en 1941. Reconnu coupable il fut pendu le 16 octobre 1946.

- Hans Frank (1900-1946): Avocat personnel d'Hitler, il fut le gouverneur de la Pologne "le boucher de la Pologne". Reconnu coupable il fut pendu le 16 octobre 1946.

- Wilhelm Frick (1877-1946): Ministre de l'intérieur de 1933 à 1943 et dirigeant du protectorat de Bohème-Moravie. Auteur des lois antisémites de Nuremberg de 1935.

- Hjalmar Schachtt (1877-1970): PRésident de la Reichsbank jusqu'en 1939, ministre sans portefeuille jusqu'en 1943. Il fut reconnu non coupable à Nuremberg.

- Karl Dönitz (1891-1980): Commandant en chef de la Marine à partir de 1943. Successeur désigné par Hitler dans son testament. Il fut condamné à 10 ans de prison. A sa libération il se retira dans un petit village où il écrivit ses mémoires.
Karl Dönitz est assez peu différent des autres. Il plaide la non connaissance des actes de Himmler et de Goebbels, ce qui peut être vrai étant donné ses fonctions. Son discours est avant tout celui d'un militaire. Oui il a exécuté les ordres qu'on lui a donné mais non il n'a jamais laissé mourir des marins ennemis lors d'un naufrage.

- Walther Funk (1890-1960): Ministre de l'économie de 1937 à 1945. Il fut condamné à la prison à vie. Il fut libéré en 1957 pour raisons de santé.

- Albert Speer (1905-1981): Architecte de Hitler à partir de 1937, ministre des armements et de la Production de guerre de 1942 à 1945. Il fut reconnu coupable et condamné à 20 ans de prison. Il fut libéré en 1966.
entretien très court.

- Baldur Von Schirach (1907-1974): Chef des jeunesses hitlériennes, gouverneur de Vienne en 1940. Condamné à 20 ans de prison il fut libéré en 1966. Il s'installa dans le Sud-Ouest de l'Allemagne.

- Fritz Sauckel (1894-1946): Ministre plénipotentiaire pour la mobilisation de la main-d'oeuvre de 1942 à 1945. Reconnu coupable il fut pendu le 16 octobre 1946.

- Alfred Jodl (1890-1946): Chef d'Etat major des opérations du commandement suprême des Forces armés (OKW) de 1939 à 1945. Condamné à mort et pendu en 194§ il fut innocenté en 1953 à titre posthume.

- Franz von Papen (1879-1969): Chancelier en 1932, vice-chancelier en 1933-34, ambassadeur d'Autriche en 1936. Reconnu non coupable. Le tribunal de dénazification le reconnu coupable mais fut libéré en 1949.

- Constantin von Neurath (1873-1956): Ministre des affaires étrangères de 1932 à 1938. Il fut condamné à 15 ans de prison. Il fut libéré pour raisons de santé.

- Hans Fritzsche (1900-1953): Haut fonctionnaire au ministrèe de la propagande de Goebbels et chef de la division radio à partir de 1942. Acquitté à Nuremberg, il fut condamné par un tribunal de dénazification et libéré en 1950.

Léon Goldensohn a aussi interrogé les témoins du procès, relayé dans une seconde partie du livre. Un ouvrage fort et étonnant. A lire pour tous ceux que la seconde guerre mondiale intéresse.

mercredi 8 décembre 2010

Femmes remarquables du XIXe siècle - Liesel Schiffer


Remarquables, ces cinq héroïnes du XIXe siècle le sont chacune à sa manière : Joséphine de Beauharnais, la frivole aristocrate créole, jetée malgré elle dans la tourmente de la Révolution puis les ors de l'Empire ; Germaine de Staël, amoureuse passionnée des hommes autant que des idées ; Charlotte Brontë, petit bas-bleu du Yorkshire transfiguré par les succès littéraires ; Victoria d'Angleterre, qui transcende ses responsabilités de souveraine à travers un amour conjugal dévorant et Caroline Otero, misérable danseuse espagnole partie trouver gloire et fortune auprès des grands du monde venus faire la fête à Paris. Cinq destinées aussi différentes qu'étonnantes dans un siècle régi par le code Napoléon qui affirme que la femme doit obéissance à son mari. Cette moitié de l'humanité privée des droits élémentaires commence à peine à songer à la liberté que réclament, en son nom, les suffragettes. Cinq histoires au fil de la grande Histoire...

BBiographie de l'auteur

Après des études d'histoire à la Sorbonne, Liesel Schiffer rédige le catalogue de l'exposition Van Cleef et Arpels pour le musée Galliéra. Editrice pour les guides Gallimard Jeunesse puis journaliste pour les magazines 20 ans et Biba, elle se consacre parallèlement à l'histoire du génocide des Tutsis du Rwanda de 1994. Après une enquête sur place et en Afrique du Sud auprès de la diaspora rwandaise, Liesel Schiffer publie Le Piège ethnique aux éditions Dagorno avec Benjamin Sehene. Elle écrit avec Dimitri Casali Ces immigrés qui ont fait la France, paru en 2007 chez Aubanel et prépare, chez le même éditeur, un ouvrage sur les deux cents ans du baccalauréat.

Tombée par hasard sur ce livre à la bibliothèque, je fus captivée dès les premières lignes sur l'histoire de Charlotte Brontë. Synthétique mais néanmoins bien faite, cette biographie était tout aussi passionnante que son sujet.
Le récit de Victoria aussi fut très instructif, un peu loin de l'image donnée par le film - néanmoins superbe - Young Victoria avec Emilie Blount.
On y découvre des femmes passionnées mais aussi torturées. Qui aurait pu croire que la rigide Charlotte Brontë cachait en réalité une personnalité exaltée qui attendait impatiemment son Rochester à elle? La dureté de leur vie, les pertes qu'elles ont subis sont racontées de façon poignante mais simple par l'auteur.
Un livre aussi bien fait pour la détente que pour l'envie de se cultiver sur ces personnages hors-normes du XIXe siècle.

samedi 31 juillet 2010

Histoires d'amour de l'Histoire de France - Guy Breton


Ce livre en deux tomes de Guy Breton, détaille les aventures sensuelles de nos monarques depuis Clovis jusqu'à Napoléon. Le tome I parcoure l'ancien régime depuis le Moyen-âge jusqu'à la Révolution française.

En tant qu'historienne, je dois reconnaître que je suis très partagée devant cet ouvrage, au demeurant sympathique.

Si le premier livre consacré au Moyen-âge est très agréable, le second consacré à la Renaissance et particulièrement aux règnes de François Ier et d'Henri II est bourré d'erreurs et d'imprécisions historiques qui m'ont gâché la lecture.
Anne Boleyn en particulier fait l'objet d'un traitement plus que bâclé. J'en parle avec conviction car il s'agit justement de ma spécialité et je dois reconnaître que je ne m'attendais pas à de telles erreurs de la part de Guy Breton. Dans son cas, il confond les dates, les évènements et les personnages.
Il prétend que l'on appelait Anne Boleyn "la haquenée de France" référence peu flatteuse à sa liaison avec François Ier. Or il confond là Anne Boleyn et sa soeur Mary Boleyn qui fut effectivement la maîtresse du souverain français. De la même façon, il mélange les dates en attribuant un mot à Anne Boleyn qu'elle n'a pas pu dire: il s'agit d'une conversation qu'elle aurait eu avec le roi dans laquelle elle aurait dit qu'Henry VIII n'avait qu'à "tester" sa soeur avant de la choisir elle. Or la liaison d'Henry VIII et de Mary Boleyn est bien antérieure à celle d'Anne et d'Henry VIII.

Catherine de Médicis est aussi maltraitée. Guy Breton lui prête le coeur le plus noir de l'Histoire de France. À sa décharge il faut admettre que les travaux historiques de réhabilitation de Catherine de Médicis sont postérieurs à la rédaction de l'ouvrage de Guy Breton.

L'ensemble est malgré tout agréable, bien écrit, souvent très drôle, mordant, parfois cynique. Le problème du livre tient en deux points précis: tout d'abord la trop grande étendue chronologique qui empêche un historien spécialiste d'une certaine période de bien connaître les autres. D'autre part, il y a ici un mélange de réalité historique et de folklore populaire qui est difficile à déméler lorsque l'on n'est pas nous même historien.

Pour résumer: Histoires d'amour de l'Histoire de France est divertissant mais à ne surtout pas prendre au pied de la lettre. Parfais pour les vacances, frais et drôle!

samedi 17 juillet 2010

Le livre rouge de Jack l'Eventreur - Stéphane Bourgoin

Du 31 août au 9 novembre 1888, à Londres, cinq prostituées sont épouvantablement massacrées. Ces cinq misérables victimes et dix semaines de terreur sont à l'origine d'une énigme et d'un mythe qui durent depuis plus d'un siècle.
Jack l'Eventreur était-il de sang royal? Etait-il médecin ou franc-maçon? A-t-il écrit un journal intime relatant ses méfaits?

Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série, nous offre un excellent essai sur Jack l'Eventreur. Sans spéculation ni grand déballage de contre-vérité, il nous emmène dans le Londres misérable du Est-end, et nous fait découvrir un à un les protagoniste de l'affaire. Dès le début du livre, Stéphane Bourgoin nous met en garde: il ne s'agit en aucun cas de porter un jugement définitif sur l'affaire Jack the Ripper mais seulement de reprendre une à une les pièces du dossier de Scotland Yard et à la lumière des sciences modernes de donner un portrait psychologique du tueur. De la même façon, Stéphane Bourgoin donne son avis sur la probabilité ou non pour qu'une victime soit belle et bien une victime de Jack l'Eventreur.

Le livre se compose de trois parties. Dans la première, il expose clairement les faits, donne des extraits de rapports de police, de témoignages, d'autopsies et livrent les conclusions de l'époque, ainsi que ses propres remarques sans toutefois trancher la question. Il passe en revu les grandes caractéristiques de l'époque (la prostitution, la presse, la police etc.), les victimes (leur histoire, leur dernier jour et les rapports d'autopsie complet) et les différents suspects de la police et de la presse.
Il explique notamment que la thèse du Duc de Clarence n'est pas fondé, tout comme celle d'un médecin (l'assassinat de Mary Jane Kelly montre plus une folie meurtrière qu'une chirurgie maîtrisée) ou d'un franc-maçon (il n'y avait pas de message ésotérique près des corps, c'est une invention de la presse) ne tient pas une seconde face au dossier de l'affaire. L'antisémitisme généralisé et la passion des anglais pour l'ésotérisme expliquent en parti le déchaînement de la presse et leur inexactitude. De même il étudie les lettres "envoyées" par Jack l'Eventreur à la police. Les lettres "Cher Boss" sont en fait l'oeuvre d'un brillant journaliste. En revanche celle marquée "From Hell" et le rein envoyé avec laisse encore des doutes dans les esprits. Il décrit enfin les suspects potentiels et les suspects historiques que les protagonistes de l'affaire avait désigné (les inspecteurs chargés de l'enquête). Tout au long de cette première partie, Stéphane Bourgoin tente aussi de montrer les défauts de la fiction, il explique notamment que le personnage de Frederick Abberline, popularisé par la série sur l'Eventreur (rôle joué par Michael Caine) et le film From Hell (rôle joué par Johnny Depp) sont très éloignés de la réalité. Frederick Abberline s'occupait du côté bureaucratique de l'affaire et n'avait jamais lu un seul rapport d'autopsie.

Dans la seconde partie de son ouvrage, Stéphane Bourgoin propose 9 récits ayant pour personnage principal Jack. Récits distrayants laissant libre cours à l'imagination ils offrent un éclairage plus populaire et mythologique du tueur de la nuit (en réalité l'un des meurtres de Jack l'Eventreur fut commis en plein jour).
Enfin, la troisième partie du livre est consacré à une grande bibliographie et filmographie sur le sujet.

Ouvrage clair et bien construit il donne une très bonne approche de ce "premier" tueur en série de l'histoire et une plongée passionnante dans ce mythe finalement si peu connu.

Quelques pistes sur l'affaire Jack l'Eventreur:

Victimes:

— Emma Smith (victime supposée): veuve et prostituée, attaquée par 3 jeunes gens le 3 avril 1888, décède le 5 avril 1888. Incluse dans le dossier de Jack l'Eventreur bien qu'il soit évident qu'il ne s'agisse pas d'un de ses crimes.
— Martha Tabram: prostituée de 39 ans. Retrouvée poignardée de 39 coups de couteau dans George Yard Building à 3h du matin le 7 août 1888. Probablement la première victime de l'éventreur même s'il y a encore des interrogations à ce sujet.

— Mary Ann Nicholls (première victime sûre de Jack l'Eventreur): dite Polly, âgée de 43 ans. Mariée en 1864 à William Nicholls, 5 enfants mais ils vivaient séparés. Prostituée occasionnelle. Assassinée dans la nuit du 30 au 31 août 1888. Vue pour la dernière fois à 2h30 du matin par Ellen Holland. Découverte dans Buck's row, elle a probablement été assassinée sur place. Deux entailles très profondes à la gorge laissant voir la colonne vertébrale.

— Annie Chapman: vrai nom Eliza Smith, 47 ans. Mariée à John Chapman décédé en 1886, 3 enfants. Taille, 1m52. Vue pour la dernière fois à 5h30 du matin par Elizabeth Darrell le 8 septembre 1888. Retrouvée assassinée au 29 Hanbury Street. Visage contusionné, l'estomac a été placé sur son épaule gauche, la gorge est tranchée en deux endroits comme pour Mary Ann Nicholls, l'utérus et le vagin on été enlevés et n'ont pas été retrouvés.

— Elizabeth Stride (Stéphane Bourgoin avance l'hypothèse qu'il ne s'agisse pas d'un meutre de l'enventreur, car le meurtrier agit devant témoin, il est ivre et insulte un passant, ce qui ne colle pas avec les précédents meurtres.) dite "Long Liz" née à Gustafsdotter en Suède, âgée de 45 ans. Découverte le 30 septembre dans Dutfield's Yard la gorge tranchée (elle est véritablement morte de cette blessure tandis que les autres victimes de l'Eventreur ont d'abord été étranglées avant d'avoir la gorge tranchée).

—Catherine Eddowes: assassinée la même nuit (30 septembre) 45 min après Elizabeth Stride. 46 ans, est assassinée à 1h45 du matin. La gorge est tranchée, l'estomac est posé sur l'épaule droite, l'utérus est enlevé et pas retrouvé, les yeux sont tranchés ainsi qu'une partie de la joue.

—Mary Jane Kelly: dite "Ginger" ou "Black Mary", la plus jeune, 25 ans et la plus jolie. Prostituée. Assassinée dans sa chambre le 9 novembre 1888. Le corps est massacré, les membres et les organes coupés sont disposés sous sa tête, sur la table de nuit ou de part et d'autre du corps. Le visage est méconnaissable et le coeur a disparu, il n'est pas retrouvé.

Fausses victimes: Annie Farmer, Rose Mylett, Alice Mckenzie, le cadavre de Pinchin Street et Frances Cole.

Trois suspects "historiques" (c'est à dire désignés par les autorités de l'époque):
— Aaron Kosminski: suspecté par Macnaghten, Swandson et Anderson. Coiffeur juif polonais il arrive à Londres en 1882. Interné en 1890 il est déclaré fou depuis 1888 (ce qui collerait à la théorie que Jack aurait arrêté ses meurtres car il serait mort ou interné). Fou à tendance perverse il aurait menacé sa soeur avec un couteau. S'il y a quelques incohérences, notamment sur le laps de temps très long qui sépare le meurtre de Mary Kelly à son internement en 1891, il est le seul suspect qui ait été soupçonné par trois des plus importants chefs de la police.

—Montague John Druitt: soupçonné par Melvill Macnaghten. Il se suicide le 31 decembre 1888 ce qui est pour Macnaghaten une preuve de sa culpabilité. Malgré tout les preuves de sa culpabilité manquent cruellement, certaines furent détruites par Macnaghaten lui-même.

—Michael Ostrog: criminel endurci, doté de tendance suicidaires, condamné à de nombreuses reprises. Escroquerie, vagabonderie, vols...

De tous les profils présentés, Aaron Kosminski présente la plus grande ressemblance avec l'Eventreur mais des recherches plus poussées s'imposeraient car dans l'état actuel des choses, cette solution est peu concluante.