lundi 12 mai 2014

Le diable à Westease - Vita Sackville-West


Présentation de l'éditeur: «Pourquoi avoir choisi Mr Gatacre comme victime ? Je suppose que vous n'avez rien à lui reprocher ? - En partie parce qu'il était petit, frêle, facile à endormir... Et je ne tenais pas à ce qu'il souffre.»
Westease, adorable village de la campagne anglaise, préservé des horreurs d'une guerre encore toute fraîche, est bien tranquille... trop, peut-être ?
Lorsque Roger Liddiard, jeune et brillant romancier, s'y arrête au volant de sa Jaguar, il en tombe amoureux et décide de s'y établir, non loin du Professeur, vieux gentleman solitaire, du peintre Wyldbore Ryan, et de Mary Gatacre, la fille du révérend.
Voici que Mr Gatacre est assassiné, sans raison ni indice évidents... Liddiard brûle de résoudre l'énigme. Sans savoir à quel point sa propre responsabilité pourrait être engagée.

Publié en 1947 et traduit - ENFIN - en français, Le Diable à Westease est un petit bijoux de roman policier. 

J'adore Vita Sackville-West. J'aime le personnage d'abord, un brin excentrique, membre du groupe de Bloomsbury, intime de Virginia Woolf - promis je m'attaquerai un jour à leur correspondance - et le regard qu'elle porte sur sa propre société. J'étais assez impatiente de découvrir ce que son écriture mordante pouvait donner dans une intrigue à la Dame Agatha.

Il faut bien l'admettre, Le diable à Westease, c'est un Agatha Christie déguisé! Il lui manque un Hercule Poirot ou une Miss Marple mais les amateurs du genre se sentiront immédiatement dans leurs charentaises préférées. L'intrigue se déroule intégralement dans un petit village anglais perdu dans une campagne idyllique où il ne semble jamais pleuvoir. Hormis le pasteur, sa femme et sa fille, notre héros, un écrivain, rencontre un vieux Professeur dans son manoir ainsi qu'un peintre célèbre établi dans la région pour le calme et les paysages. Se mêlent alors une intrigue policière à une histoire d'amour entre le héros et la fille du pasteur. 

Ce qui m'a le plus séduite dans ce court roman est incontestablement le style de Vita Sackville-West. Elle a le chic pour les descriptions, les dialogues sont piquants et le roman est traversé de cet humour bien particulier qui caractérise l'auteure. L'humour noir n'est jamais loin et dans un polar de ce style c'est presque inattendu. Agatha Christie sait elle-aussi être très drôle mais lorsqu'elle utilise plutôt le grotesque pour se moquer de ses personnages - Poirot le premier - Vita Sackville-West se fait beaucoup plus incisive. 
Les personnages sont intéressants aussi et bien tranchés. Le récit se faisant à la première personne, c'est évidemment Roger dont nous sommes les plus proches mais cela n'empêche pas d'apprécier - ou de détester - les autres. Le professeur était intéressant avec ses longs monologues, ses explications un peu alambiquées mais celui que j'ai préféré est de loin le peintre. Roger le déteste presque instinctivement, du coup nous sommes toujours partagés entre ce sentiment et son exact opposé. Il est à la fois terriblement attirant et complètement repoussant, c'est assez étrange comme impression. Le lecteur est donc perdu entre faire confiance à l'instinct de Roger et l'importance de ne pas se fier au apparences. 

En plus du style j'ai littéralement adoré la résolution du mystère. Le lecteur va de rebondissements en rebondissements et c'est une excellente idée. La fin, telle qu'elle est conçue, permet au roman d'être véritablement original, Vita Sackville-West noie le poisson avec brio.

Je regrette simplement une petite chose: chez Dame Agatha, lorsque l'action se passe dans un village, vous pouvez être sûr•e qu'à la fin du roman, vous pouvez vous le représenter dans ses moindres détails: rues comme habitants. Malheureusement ici, le récit est assez pauvre en "vie de village". Les personnages principaux sont assez concentrés, il n'y a pas vraiment d'intrigue secondaire puisque tout est resserré autour du meurtre du pasteur. Certes, elle évite les écueils des récits alambiqués mais on perd quand même un peu de ce qui fait le charme de ces petits "whodunnit" à l'anglaise. Cependant, il s'agit là d'une critique de chipoteuse, je l'ai englouti avec une rapidité qui m'étonne moi-même.

Si vous êtes à la recherche d'une lecture divertissante, légère mais qui sait piquer votre curiosité et ne jamais vous lâcher, pas de doute, Le diable à Westease est fait pour vous. Comme en plus il est traduit en français...il n'y a plus d'excuses à avoir. Allez, taisez-vous, je ne veux rien savoir!

4 commentaires:

Karine:) a dit…

Je pense qu'un jour, je la lirai... faut juste que je trouve LE roman pour commencer! Mais un whodunnit... pourquoi pas!

Perséphone a dit…

@Karine: Je trouve que c''est une bonne idée pour commencer. Plus léger et moins période Bloomsbury. Je pense que tu vas accrocher :-)

dasola a dit…

Rebonsoir Perséphone, je suis sûre que c'est bien mais n'ayant pas été emballée par Paola et Toute passion abolie, je passe mon tour. Bonne soirée.

Perséphone a dit…

@Dasola: Bonsoir. Je pense qu'il est assez différent de ceux-là. Elle l'a vraiment calquée sur un roman d'Agatha Christie mais bon je comprends si tu as été déçue par d'autres de la même auteure.

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