samedi 22 janvier 2011

Jesse Kellerman - Les visages


Lorsque Ethan Muller met la main sur une série de dessins d’une qualité exceptionnelle, il sait qu’il va enfin pouvoir se faire un nom dans l’univers impitoyable des marchands d’art. Leur mystérieux auteur, Victor Crack, a disparu corps et âme, après avoir vécu reclus près de quarante ans dans une maison délabrée. Dès que les dessins sont rendus publics, la critique est unanime : c’est le travail d’un génie. Mais les ennuis commencent lorsqu’un flic à la retraite reconnaît sur certains portraits les visages d’enfants victimes des années plus tôt d’un mystérieux tueur en série. Ethan va alors se lancer dans une enquête qui va bien vite virer à l’obsession.C’est le début d’une spirale infernale à l’intensité dramatique et au coup de théâtre final dignes des plus grands thrillers.

Je trouve la dernière phrase de ce résumé de quatrième de couverture légèrement optimiste. Il n'y a pas de coup de théâtre final, c'est même complètement l'inverse puisque le dénouement se déroule comme un long fil sur plus de cent pages.
Je préviens donc l'éventuel lectorat de ce roman qu'il ne doit pas s'attendre à un dénouement digne des Dix petits nègres.

Si le roman de Jesse Kellerman possède une qualité littéraire indéniable, son parti pris de faire parler son héros à la première personne est une bonne idée, l'intrigue est longue à démarrer et plutôt molle.
Cela étant dit, les personnages sont bien campés, avec un réel charisme qui donne du poids à l'écriture. Les interludes que l'auteur dissémine dans son roman sont très bien utilisés et intelligents, c'est je crois, la véritable force du récit de Jesse Kellerman. Ces interludes sur la famille Muller sont bien plus intéressantes que l'intrigue elle-même.

On s'attend à un thriller haletant et on se retrouve avec une intrigue beaucoup plus centrée sur le cheminement intérieur du héros Ethan Muller.

Un livre agréable mais un thriller décevant. (mon avis est corroboré par le site Ladiesroom, et le blog Lectures d'une dévoreuse de livres.)

mercredi 8 décembre 2010

Femmes remarquables du XIXe siècle - Liesel Schiffer


Remarquables, ces cinq héroïnes du XIXe siècle le sont chacune à sa manière : Joséphine de Beauharnais, la frivole aristocrate créole, jetée malgré elle dans la tourmente de la Révolution puis les ors de l'Empire ; Germaine de Staël, amoureuse passionnée des hommes autant que des idées ; Charlotte Brontë, petit bas-bleu du Yorkshire transfiguré par les succès littéraires ; Victoria d'Angleterre, qui transcende ses responsabilités de souveraine à travers un amour conjugal dévorant et Caroline Otero, misérable danseuse espagnole partie trouver gloire et fortune auprès des grands du monde venus faire la fête à Paris. Cinq destinées aussi différentes qu'étonnantes dans un siècle régi par le code Napoléon qui affirme que la femme doit obéissance à son mari. Cette moitié de l'humanité privée des droits élémentaires commence à peine à songer à la liberté que réclament, en son nom, les suffragettes. Cinq histoires au fil de la grande Histoire...

BBiographie de l'auteur

Après des études d'histoire à la Sorbonne, Liesel Schiffer rédige le catalogue de l'exposition Van Cleef et Arpels pour le musée Galliéra. Editrice pour les guides Gallimard Jeunesse puis journaliste pour les magazines 20 ans et Biba, elle se consacre parallèlement à l'histoire du génocide des Tutsis du Rwanda de 1994. Après une enquête sur place et en Afrique du Sud auprès de la diaspora rwandaise, Liesel Schiffer publie Le Piège ethnique aux éditions Dagorno avec Benjamin Sehene. Elle écrit avec Dimitri Casali Ces immigrés qui ont fait la France, paru en 2007 chez Aubanel et prépare, chez le même éditeur, un ouvrage sur les deux cents ans du baccalauréat.

Tombée par hasard sur ce livre à la bibliothèque, je fus captivée dès les premières lignes sur l'histoire de Charlotte Brontë. Synthétique mais néanmoins bien faite, cette biographie était tout aussi passionnante que son sujet.
Le récit de Victoria aussi fut très instructif, un peu loin de l'image donnée par le film - néanmoins superbe - Young Victoria avec Emilie Blount.
On y découvre des femmes passionnées mais aussi torturées. Qui aurait pu croire que la rigide Charlotte Brontë cachait en réalité une personnalité exaltée qui attendait impatiemment son Rochester à elle? La dureté de leur vie, les pertes qu'elles ont subis sont racontées de façon poignante mais simple par l'auteur.
Un livre aussi bien fait pour la détente que pour l'envie de se cultiver sur ces personnages hors-normes du XIXe siècle.

samedi 13 novembre 2010

Jane Eyre 2011


Voici les premières images du nouveau Jane Eyre. Casting alléchant et esthétique sombre, cette nouvelle adaptation n'a pour l'instant rien à envier à ses grandes soeurs. Espérons donc une bonne surprise pour 2011.



Et voici le trailer!


mercredi 10 novembre 2010

La dame aux Camélias - Alexandre Dumas fils

La société bourgeoise du XIXe siècle tolérait qu'un homme puisse entretenir une liaison, aussi ruineuse fût-elle, avec une courtisane, mais en aucun cas il ne devait s'éprendre d'une de ces demi-mondaines. C'est pourtant ce qui arrive à Armand Duval, qui aime dès le premier regard la plus luxueuse d'entre toutes, la séduisante et capricieuse Marguerite Gautier. Il confie à un inconnu compatissant cette passion tragique, à l'occasion de la mise en vente des biens de la jeune femme, emportée par la tuberculose : après les premières rebuffades, la belle croqueuse de fortunes l'élit comme amant de coeur, sensible à la sincérité de son amour, si différent en cela des amitiés intéressées qui l'entourent. Suivront les intermittences de la douleur, les rares moments de bonheur, la fulgurance de la souffrance puis la vengeance destructrice. À travers ce récit se dessine progressivement le portrait d'une femme ambivalente, qui mêle gaieté et tristesse, candeur et prostitution, et qui, dans sa bruyante solitude, saura finalement se montrer d'une grandeur pathétique, illustrant ainsi le thème cher au romantisme de la prostituée réhabilitée par l'amour et la mort.

Alexandre Dumas fils signe là un beau roman, touchant, un brin moralisateur mais surtout très éloigné des oeuvres de son père.

Si Alexandre Dumas produisit une oeuvre romanesque pleine d'aventure et d'action, Alexandre Dumas fils reste ancré dans son époque. Oeuvre résolument tourné vers les canons de son époque, La Dame aux Camélia est proche d'un Flaubert ou d'un Balzac.

Le narrateur, qui n'est pas l'amant de la dame aux Camélia, nous raconte cette tragique histoire d'amour à la première personne du singulier, tel un observateur curieux. Retraçant l'histoire de cette femme qu'il croise parfois, il écoute le récit de son amant. Le monde des demi-mondaines, c'est ainsi que l'on appelait les coquettes ou femmes entretenues au XIXe siècle, est dépeint avec sobriété et réalité, teintée d'une dose de cynisme propre à Dumas fils. La femme est ici manipulatrice et se sert de l'homme comme garantie de vie.
Pourtant, l'amour et plus encore la mort de cette femme, prise dans la fleur de l'âge, la réhabilite aux yeux du monde.

Plus qu'un roman, La dame aux Camélias est une tranche de société, une incursion dans le monde de la prostitution de luxe du XIXe siècle et la condition de la femme. Dans cette société, la femme est morale et respectée - c'est à dire mariée - oui immorale mais attirante - une demi-mondaine. Il semble alors que seule la mort rétablisse l'équilibre des choses. Un roman intéressant pour tous les passionnées d'histoire contemporaine française.

La dame aux Camélia a inspiré l'opéra La Traviata de Verdi.

vendredi 8 octobre 2010

I capture the Castle - Dodie Smith



COUP DE COEUR DE PERSEPHONE


Cassandra vit dans un château mal entretenu au fin fond de l'Angleterre avec sa famille pour le moins excentrique. Au fil de trois cahiers, elle relate les évènements qui jalonnent leur existence de mars d'une année à octobre de l'année suivante : une vie monotone jusqu'à ce que surgissent deux beaux et riches amér
icains venus s'installer dans le manoir voisin. La vie au château en sera bouleversée !


Il est assez difficile de décrire l'ambiance qui se dégage de I capture the Castle (Le château de Cassandra en français). Tantôt mélancolique, en demi-teinte, tantôt rayonnant, l'atmosphère de ce roman est unique en son genre.
J'ai pu lire au détour de mes lectures hasardeuses sur les blogs littéraires de la toile que le roman de Dodie Smith avait vieilli. Je ne suis pas d'accord. Croisement entre un Jane Auste
n et un Charlotte Brontë, l'histoire de Rose et Cassandra nous embarque pour un périple mouvementé.

Cassandra, jeune fille de 17 ans est rêveuse mais lucide. Elle aime son château en ruine et leur vie de bohème. A mi chemin entre une Elizabeth Bennet, intuitive et observatrice, et une Jane Eyre, jeune fille quelconque qui rêve d'amour malgré elle, Cassandra est un personnage touchant et fort. Intègre et lucide sur le monde qui l'entoure, elle porte un regard fort sur les gens de sa famille et de son entourage. Mais Cassandra n'est pas parfaite, elle se trompe, se ment, et fait preuve de mauvaise fois parfois.
Son récit n'a rien d'existant, peu de rebondissements, ce n'est pas Pride et Prejudice et néanmoins, observer le monde à travers les yeux de Cassandra est existant.

Rose sa soeur aînée est son exacte opposée. Ambitieuse, elle ne supporte pas la pauvreté, se perd dans ces romans du XIXe siècle et rêve d'un beau mariage d'argent. La voila comblée lorsque débarque les deux américains Neil et Simon. C'est pour elle la promesse d'un avenir meilleur à n'importe quel prix. Supercielle et proprement agaçante, on la tolère grâce à l'amour que lui porte Cassandra.

Mortmain le père de la famille, écrivain célébre 15 ans auparavant, il n'a plus rien écrit depuis la publication de son livre fard. Au mépris de sa famille, il passe ses journées à lire de vieux romans. Sorte de Mr Bennet en beaucoup plus égoiste, Mortmain se moque bien de sa famille et de ce qui peut lui arrive. Homme excentrique et marginal, il gâche son talent sans que personne ne comprenne pourquoi.

Thomas petit frère de la famille prend de l'importance au file du récit. Âgé de 15 ans il vit sa vie, témoin silencieux des bouleversements qui surviennent dans sa famille.

Topaz, mannequin excentrique, amoureuse des séances de naturisme à la pleine lune, elle est la seconde femme de Mortmain. Cassandra l'adore car sous sa personnalité excentrique se cache une femme pragmatique et dévouée à la famille Mortmain et surtout dévouée à son mari.

Stephen est un de mes personnages préférés avec Cassandra. Fils de la bonne des M
ortmain, il a été élevé avec Rose Cassandra et Thomas depuis la mort de sa mère. Amoureux fou de la cadette Mortmain, il est pret à tout pour la satisfaire, pour lui assurer un bien être absolu. Il est prêt à sacrifier son temps et son argent pour assurer à Cassandra un avenir décent. L'écriture de Dodie Smith en fait un personnage complet, profondément honnête, intègre et bon mais sans jamais, jamais, tomber dans la caricature de l'amour transit. Stephen est un personnage sympathique car complètement dépourvu d'égoïsme contrairement à tous les autres personnages de l'oeuvre (même Cassandra a ses petits moments de faiblesse). Il est touchant car sa dévotion pour Cassandra est sincère et remue véritablement le lecteur.

Sans vous dévoiler l'histoire, sachez seulement que les péripéties de la famille Mortmain et des hauts et des bas du coeur de Cassandra vous mèneront dans une histoire douce amer et crédible.




Dodie Smith est née le 3 mai 1896 à Withefield, dans le Lancashire. Elle a fait des études d'art dramatique à la Royal Academy of Dramatic Art et tout au long de sa vie elle gardera une passion pour le théâtre, comme comédienne, metteur en scène et auteur dramatique.

Si c'est son oeuvre littéraire pour la jeunesse qui l'a rendue célèbre, elle a aussi écrit de nombreux romans pour adultes et quelques ouvrages autobiographiques.

C'est en 1912 qu'à été publié pour la première fois les 101 Dalmatiens dont les illustrations ont été réalisées par Janet et Anne Grahame-Johnstone, deux soeurs amis de Dodie Smith.

I capture the Castle est publié en 1948 en Angleterre.

Une adaptation du roman est sortie en 2003 avec Romola Garai, Henry Cavill, Rose Byrne et Billy Night.

mardi 21 septembre 2010

Rebecca - Hitchcock (1940)


COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Mrs. Edythe Van Hopper, respectable veuve déjà âgée, accompagnée de sa jeune demoiselle de compagnie, est en villégiature à Monte-Carlo dans l'hôtel Côte-d'Azur, lorsque leur chemin croise celui de Maxim de Winter, riche veuf, qui n'a aucun mal à séduire la jeune fille et, dans la foulée, à l'épouser et l'emmener dans sa demeure ancestrale de Manderley, quelque part sur la côte sud-est de l'Angleterre. Les premiers contacts avec le personnel du château, régenté par la peu amène gouvernante Mrs. Danvers, sont glaciaux. Cette dernière, en effet, attachée depuis toujours au service de la précédente Mrs. de Winter, Rebecca, et lui vouant une passion sans limite, même à titre posthume, n'accepte pas l'intrusion de l'« usurpatrice ».Le souvenir de l'épouse disparue et vénérée continue de hanter le château sombre.
CASTING
Laurence Olivier: Maxim de Winter (George Fortescue Maximilien de Winter)
Joan Fontaine : la nouvelle Mrs. de Winter
Judith Anderson : Mrs. Danvers (la gouvernante)
George Sanders : Jack Favell (le cousin de Rebecca)
Nigel Bruce: le major Giles Lacy
Gladys Cooper : Beatrice Lacy
Reginald Denny: Frank Crawley
C. Aubrey Smith : Colonel Julyan
Melville Cooper: le coroner
Florence Bates : Mrs. Edythe Van Hopper
Leonard Carey : Ben
Leo G. Carroll : Dr. Baker
Edward Fielding : Frith
Lumsden Hare : Tabbs

Hitchcock était un maître. Qui mieux que lui aurait pu adapter ce merveilleux roman de Daphnée du Maurier, Rebecca? La finesse de l'interprétation, l'ambiance tendue et l'étude minutieuse de la lumière donne toute sa majesté et son atmosphère à ce chef d'oeuvre de la littérature anglo-saxonne.
Le choix de l'actrice principale Joan Fontaine, choix méticuleusement réfléchi, est une grande réussite. Sa fragilité apparente, sa douceur et sa naïveté en font une héroïne idéale. Peu sûre d'elle, se sentant en décalage par rapport à sa nouvelle position, la jeune Mrs de Winter apprend à se forger une personnalité. Ses efforts désespérants pour remplacer Rebecca dans l'esprit de Max la ronge petit à petit, jusqu'à ce fameux bal costumé. Max de Winter quand à lui est d'une incroyable sobriété, tantôt joyeux et de bonne humeur, tantôt renfermé et méprisant, il dégage une forte aura de mystère. Même si je n'imaginais pas du tout Laurence Olivier dans ce rôle, il a su le tenir et donner une belle interprétation de Max de Winter.
Judith Anderson, qui signait là une première participation au 7ème art (c'était une actrice de théâtre accomplie) offre au spectateur une Mrs Danver rigide et proprement "flippante". La scène après le fiasco du bal, dans la chambre de Rebecca et sa tentative malsaine de pousser Mrs de Winter au suicide est tout simplement magistrale. Convaincante à souhait, le spectateur parait au bord du gouffre et reste suspendu à la décision de Joan Fontaine.
Le travail de la lumière est remarquable dans cette adapatation. Toujours mise en valeur, Joan Fontaine semble rayonner de l'intérieur tandis que les personnages autour d'elle ont l'air plus fade. La blancheur de sa peau soulignée par un éclairage très pur la désigne comme l'héroïne à la seconde où elle apparait à l'écran. Ce jeu technique, renforcé à mesure que se renforce le personnage central, joue constamment entre ombre et lumière et met en valeur les nuances d'actions et de caractère.
Même si je regrette les flash-back avec Rebecca (j'ai toujours voulu voir à quoi elle pouvait ressembler) et le rythme du film trop soutenu à mon goût (ce qui est plutôt à mettre en parallèle avec l'époque et les techniques de mise en scène et de réalisation), Rebecca est une formidable introduction au monde d'Hitchcock. Réunissant tous les éléments qui en ont fait sa gloire, ce chef d'oeuvre du 7ème art rend hommage au Maître et à Lady Daphnée du Maurier. Bien que réalisé en 1940, le film ne perd rien de sa fraicheur et l'ambiance angoissante voulue par Hitchcock reste intact. Le décalage entre l'ancienne et la nouvelle vie de Mrs de Winter est le plus flagrant et le plus émouvant lorsqu'ils regardent avec Max de Winter leur vidéo de lune de miel. Le Max de l'écran (dans l'écran) amoureux et joyeux contraste de façon très nette avec celui assis à côté d'elle.
Une histoire d'amour, de jalousie, de vengeance à lire et à voir.

mercredi 15 septembre 2010

Girl with a pearl earring (2003)



COUP DE COEUR DE PERSEPHONE


Delft, au XVIIe siècle l'âge d'or de la peinture hollandaise. Pour aider ses parents dans la misère, la jeune et ravissante Griet se fait engager comme servante dans la maison du peintre Johannes Vermeer. Elle s'y occupe du ménage et des six enfants du maître. La famille Vermeer vit des difficultés économiques mais ne veut pas que cela se sache. Peu à peu, la maîtresse de maison développe envers Griet une terrible jalousie. Et Cornélia, une des filles, qui déteste Griet, tente de pousser la jeune servante à bout. Griet doit donc se faire discrète et très obéissante. Les choses se compliquent quand le peintre la remarque et découvre sa sensibilité, sa douceur. Il l'introduit peu à peu dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville.

CASTING

Scarlett Johansson: Griet
Colin Firth: Johannes Vermeer

Tom Wilkinson: Pieter van Ruijven
Cilliam Murphy: Pieter
Alakina Mann: Cornelia
Judy Parfitt: Maria Thins
Essie Davis: Catharina
Joanna Scanlan: Tanneke
Chris McHallem: le père de Griet
Gabrielle Reidy: la mère de Griet
Geoff Bell: Paul le boucher
Anaïs Nepper: Lisbeth
Mélanie Meyfroid: Aleydis
Anna Popplewell: Maertge
Lola et Charlotte Carpentier : Franciscus

Merveille du 7ème Art, Girl with a Pearl Earring, roman de Tracy Chevalier inspiré du tableau éponyme de Johannes Vermeer est un film magnifiquement orchestré. Servi par un casting magistral (Colin Firth, Tom Wilkinson, Cillian Murphy et Scarlett Johansson), Girl with a pearl earring évoque avec une pudeur mêlée d'érotisme chaste la relation particulière qui unit un peintre - Johannes Vermeer - à sa servante Griet.
Avec une volonté affichée d'économiser les mots, Peter Webber fait entrer ses personnages dans une dynamique complexe ou tout message passe par la gestuelle et les regards.

Le choix de Colin Firth pour interpréter Johannes Vermeer était plus que judicieux. Le charme et le charisme naturel de cet acteur, absolutely british, et son jeu tout en expressions corporelles et faciales - on se souvient de son incroyable prestation dans Pride and Prejudice de 1995- donne une profondeur intense à l'artiste peintre. Artiste complexe, il balance sans cesse entre le monde réel, ses obligations familiales et financières, et son monde artistique rempli de camera obscura et de bleu de prusse.

Scarlett Johansson, elle aussi économe en parole, montre par ses regards plus d'intelligence 
et de bon sens que sa condition le laisse supposer. Et c'est justement parce que la trop ravissante Griet, comprend son mari que Catharina Vermeer la hait avec autant de force. Si Vermeer n'entame jamais de liaison avec Griet, leur entente mutuel sur la peinture les rapproches plus que des relations de couple et 6 enfants non pu le faire avec sa femme. Le portrait de Griet que Catharina qualifie d'obscène montre bien toute sa prise de conscience, cette intimité qu'elle ne partagera jamais avec son mari.

Profond sur les sentiments humains, c'est aussi une fresque sur les pays-bas du XVIIe siècle, le monde cruel de la peinture et du mécénat. Vermeer obligé de peindre pour Pieter Van Ruijven, obliger de supporter sa concupiscence - je parle ici du personnage du film - et les sujets qui lui plaisent, n'a finalement qu'une marge très étroite pour exprimer sa création. C'est justement cela qu'il trouve en Griet, une muse. C'est à travers elle qu'il s'exprime enfin librement.

Erotique aussi, car l'amour est palpable entre Griet et Vermeer, même si c'est un amour jamais exprimé, trop unique pour être dit. Cillian Murphy - Pieter - sert malgré tout de dérivatif, si Griet aime Vermeer c'est vers Pieter qu'elle se tourne, choix plus en adéquation avec son monde et ses attentes. Vermeer reste dans le domaine de l'intouchable et de l'interdit.

La tension érotique atteint sublimement et subtilement son paroxysme dans la scène du percement de l'oreille de Griet. La tendresse de Vermeer, sa façon de pencher la tête vers Griet comme pour la consoler - cf. affiche - souligne le lien quasi charnel qui les unit.


La musique d'Alexandre Desplats toute en finesse souligne les différentes phases du film, de l'ambiance tendre et intime, à celle plus sombre des mauvais jours.