mercredi 5 février 2014

Jake Djones Gardien du temps - #1 Mission Venise - Damian Dibben


Présentation de l'éditeur: Tandis qu'il rentre du collège en un jour londonien pluvieux, Jake Djones, 14 ans, est enlevé par des ravisseurs peu communs. Ils prétendent agir pour sa propre sécurité et l'emmènent au quartier général de leur organisation, en Normandie au XIXe siècle! Ils connaissent bien les parents de Jake, et veulent comme lui les retrouver. Mais ça ne va pas être facile : ces derniers sont perdus... quelque part dans le passé.

Je n'avais jamais entendu parler de Jake Djones, ni sur les blogs que je lis fréquemment, ni dans la presse, ni sur le net. J'étais passée complètement à côté de cette parution, jusqu'à ce que ma collègue, la Capitaine jeunesse - tenez-vous bien - me montre les deux premiers tomes de cette série. Le résumé avalé, je me dis que je DOIS découvrir Jake Djones, vous pensez: voyages dans le temps, c'est carrément ma branche.  

Le roman m'a tenue en gros deux soirées, autant dire que je l'ai littéralement englouti. C'est donc d'une bonne surprise dont je vais vous parler aujourd'hui.  

Ce que j'aime bien dans ce genre de romans où l'on suit plusieurs héros, c'est que souvent il y en a pour tous les goûts. C'est bien le cas ici, à n'en pas douter, chacun peut tenter de se retrouver ou d'éprouver plus de sympathie pour l'un ou l'autre des personnages. Dans ce premier tome nous suivons donc un petit groupe de quatre adolescents, trois garçons, une fille, dont deux sont anglais, un est américain et la dernière est françaises, tous nés à des époques différentes. Ils ont entre 14 et 16 ans et sont véritablement différents les uns des autres ce qui forme une bande hétéroclite dont on veut connaitre les aventures.
Je dois admettre que Damian Dibben sait bien croquer ses personnages. Qu'il s'agisse des adultes de l'organisation ou des enfants chargés de sauver le monde, ils ont chacun leur place et leur personnalité propre. C'est vraiment très agréable en vérité, d'autant plus que dans ce premier tome, se noue une sous-intrigue chez les adultes dont je veux connaitre la suite. Pour les "grands" lecteurs comme moi, c'est particulièrement appréciable d'avoir une histoire parallèle dans laquelle je peux me retrouver. Les personnages se répondent bien également, leurs relations bien esquissées et rapidement mises en place avec un léger suspense qui nous fait dire qu'on en voudrait bien encore un peu.

Damian Dibben fait le choix, classique somme toute, de faire débuter son intrigue par un mystère pour le héros: pourquoi ses parents ont disparu et qui vient de l'enlever sans ménagement? Outre que ces deux questions trouvent très rapidement des réponses - il n'est pas question de faire languir inutilement le lecteur - nous sommes embarqués aux côtés de Jake. Je disais que c'était une technique classique, faire entrer le lecteur ou le spectateur dans un univers en même temps qu'un novice, c'est effectivement une ficelle largement utilisée. Cependant, je pense qu'elle est souvent un excellent point de départ à une intrigue et à un univers nouveau et plus facile à maîtriser. Ici les explications semblent logiques, sans être répétitives et ne sont pas juste "exposées" entre deux paragraphes. Peu d'auteur•e•s peuvent se permettre de présenter un monde/une organisation comme le font Georges R.R. Martin et Robin Hobbs. Du coup, je trouve l'emploi de ce procédé plutôt bien mené. 

Nous faisons donc la connaissance de Jake et des autres personnages en même temps que ce dernier. J'ai beaucoup aimé le voir évoluer. Un peu effrayé au départ, l'adolescent prend vite de l'assurance - retrouver ses parents et éblouir Topaze Sainte Honoré sont deux bonnes motivations - et c'est très agréable de le voir se comporter presque en véritable agent à la fin du tome 1. Même si ses initiatives ne sont pas toujours heureuses, on sent un garçon compétent. J'ai beaucoup apprécié Charlie et Mlle de Saint Honoré aussi. Charlie et son goût pour la cuisine, ce qui est assez rare je dois avouer en littérature jeunesse, et Topaze est une bonne héroïne, efficace et sûre d'elle sans être jamais arrogante. Ce qui n'est pas le cas de Nathan...qui m'a fait beaucoup penser à Nathan Fillion. Il est horripilant au possible mais parfois terriblement attachant. Une ambivalence intrigante et bienvenue.

En ce qui concerne le voyage dans le temps, je trouve que l'auteur s'en sort très bien. Damian Dibben parvient à éviter les écueils du genres notamment parce qu'il a l'intelligence de situer son intrigue hors des grands évènements historiques. Si le lecteur se promène dans l'Italie du début du XVIe siècle, puis en Allemagne à la même époque, à aucun moment nous ne croisons de personnages historiques, ni ne nous retrouvons en plein milieu d'un évènement marquant. En plaçant ses intrigues dans un décor, plus que dans un espace temps, Dibben reste maître de sa narration et peut, de la sorte, faire vivre de véritable intrigues et aventures à ses personnages tout en utilisant un contexte particulier. C'est une donnée qui m'a séduite, à aucun moment je n'ai souffert des anachronismes ou clichés inévitables dans ce genre de romans. C'est reposant!

J'ai adoré son concept de société secrète basée sur le Mont St Michel au XIXe siècle avec des agents de toutes les époques se retrouvant là dans un pot-pourri de costumes et de coutumes. L'idée également que certaines personnes puissent voyager dans le temps, grâce à des capacités particulières est aussi sympathique. Pas de machine mais une potion qui active un don présent en ceux qui voyagent et entraînent avec eux, passagers et matériels. Un brin de science, de l'imagination...tout ce que j'aime.

Un récit aux personnages bien croqués, qui rentre rapidement dans le vif du sujet et prend le lecteur par la main jusqu'à la dernière page.

Bon, on lit la suite non? Je te confirme Cheshire, on lit la suite!

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