Figure de la sagesse et de la culture persanne, Hadji Baba est un très vieil homme afghan. Reclus dans sa ville à Kaboul, il passe les dernières années de sa vie à enseigner son précieux savoir au petit orphelin qu'il a recueilli, Djon Ali. A sa mort le jeune homme quitte le pays pour l'Occident, désireux de s'instruire davantage mais aussi dans l'espoir de trouver une vie plus facile. Un long périple inititique commence alors pour Djon Ali, de Paris où il devient photographe à succès et rencontre l'amour, à l'Angleterre, la Suisse et les Etats-Unis. Guidé par des rencontres riches et complexes, il évolue entre ses souvenirs et la découverte du monde occidental, avec en filigrane les déchirures d'un pays somptueux: guerre civile, occupation russe, 11 septembre, extrémistes religieux...Fabuleuse fresque où se croise une multitude de personnage. Le jardin d'Hadji Baba évoque autant le passé culturel de l'Afghanistan que ses maux présents. Entre mémoire et renaissance, deuil et dispora, l'initiation de Djon Ali dépeint un pays magnifique, trop souvent réduit à son actualité violente et tragique.
Qui peut se targuer de connaître réellement l'Afghanistan? Avant la guerre russe? Avant le 11 septembre? Qui peut se targuer de connaître réellement la culture patchoune?
Isabelle Delloye a été professeur de français à Kaboul pendant plusieurs années et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle connait l'Afghanistan et qu'elle aime ce pays. Le jardin d'Hadji Baba est une ode à l'Afghanistan, à sa beauté, à ses parfums, à sa culture trop souvent bafouée par l'Histoire et les préjugés.
Le jardin du vieil Hadji Baba fleure bon le jasmin et la tranquillité. Parmi les fleurs multicolores le lecteur se laisse envahir par la magie de l'Afghanistan et de ses poètes, contés par la voix apaisante d'Hadji Baba. A mi-chemin entre le génie des contes des milles et une nuits et la figure sage du grand-père, Hadji Baba est de ces gens qu'on aime écouter (lire) avec délectation.
Le roman pourrait être découpé en deux parties. La première, concentrée sur la figure d'Hadji Baba nous permet de découvrir qui se cache sous ce vénérable masque. Son enfance, sa rencontre avec sa femme bien-aimée, ses enfants et sa vie pas toujours rose : tous ces éléments offrent un portrait complet du vieil homme. La seconde se concentre sur le parcours du jeune Djon Ali, son départ pour Bâmiyân puis pour l'Europe, bien loin de son Afghanistan natale et de Hadji Baba.
Ce roman initiatique est plein de sagesse et de poésie. Le lecteur est vite envouté par l'Afghanistan, pays méconnu, et se laisse bercer par les odeurs de jasmin. Les émotions nous emportent de la première à la dernière page.
Isabelle Delloye a aussi pensé à tout. Au début du roman, nous retrouvons la dramatis personnae, utile pour se repérer dans ce monde inconnu avec en plus un petit guide de prononciation des noms et une explication des "surnoms" des personnages. Un petit outil qui facilite grandement la lecture.
Merci à blog-o-book et aux éditions Héloïse d'Ormesson pour ce partenariat.
2 commentaires:
Je viens de le terminer. Je l'avais choisi parce que j'aime découvrir par la lecture d'autres cultures. Ici, on découvre un peu d'histoire, beaucoup de sagesse mais je n'ai pas été envoûtée. Je pense que le style littéraire est trop neutre et ne laisse pas place à l'émotion.
C'est vrai que le style est assez neutre. En même temps, je crois que l'auteure voulait éviter le pathos ou l'over-occidentalisme. Car je crois que c'est difficile d'écrire "juste" sur l'Afghanistan lorsque l'on est une européenne.
J'avoue que je m'attendais à un coup de coeur et que j'ai été déçue, cependant c'est un joli livre plein de poésie afghane.
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