Présentation de l'éditeur: En quoi le meurtre d’une certaine Pauline de Chalin concerne-t-il Sherlock Holmes ? Certes, il n’est pas banal qu’une femme de conseiller d’ambassade français soit égorgée dans un confessionnal, de surcroît dans une église si loin de chez elle. Mais l’affaire ne suscite que peu l’intérêt du grand détective... Jusqu’à ce qu’une lettre renverse la situation : l’assassin défie personnellement Sherlock Holmes de le trouver avant la prochaine victime.
Vous le savez je suis une grande fan de Sherlock Holmes. Le monsieur a même sa propre étagère dans notre bibliothèque. De ce fait, je suis assez critique sur toutes les adaptations, fan fiction, prequel, sequel qui sont publiés sur ce fameux détective. Souvenez-vous, cet été je vous parlais de La maison de Soie, d'Anthony Horowitz qui est un petit bijou de roman. Ici, nous retrouvons à nouveau notre détective dans une nouvelle enquête qui m'a beaucoup moins convaincue.
Je n'ai rien à redire sur style. Le roman est bien écrit même si le style est moins recherché que dans La maison de soie, en tout cas il se lit bien.
Mon vrai problème problème tient dans l'intrigue principale. Si le crime en lui-même pourrait bien être du Sherlock Holmes, je pense que l'auteure est passée à côté des personnages. En ce qui concerne le Docteur Watson, je dirais que ça peut encore aller. Ce n'est certes pas le personnage le plus difficile à écrire, il est assez simple, sympathique et surtout émerveillé par Sherlock, le faire-valoir parfait en somme. La vraie difficulté tient évidemment dans la personnalité de Sherlock. J'admets qu'il est vraiment très difficile d'écrire Sherlock Holmes. L'auteur(e) doit jongler entre un personnage brillant mais irritant, jamais vraiment méchant (contrairement au Sherlock de la BBC) mais constamment en dehors des vraies conventions sociales, un homme entièrement cérébral qui ne s'intéresse à rien d'autre qu'aux énigmes qu'il résout. Je dois l'admettre je n'ai pas reconnu mon Sherlock ici. Du coup j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire.
J'ai été achevée par la résolution finale de l'énigme...ça n'avait plus rien de Sherlock Holmes là. J'ai hurlé, ragé et le livre a plané jusqu'à Cheshire qui l'a reposé avec dédain sur la table. Le problème ici, est un peu le complexe Irène Adler...non Sherlock n'est pas amoureux d'Irène, non Sherlock ne tombe pas amoureux, alors pourquoi les adaptations font toujours des histoires d'amour entre Holmes et Adler? Je vous le demande, mais que fait le comité de protection des Sherlock Holmes? Je ne vous spoilerai pas sur le pourquoi du comment de ce roman mais sachez que mon énervement est de cet acabit (comment ça puriste? Je vous entends dans le fond).
Après vous me direz que je suis tatillonne. Oui c'est vrai. C'est vrai qu'après avoir lu toutes les nouvelles et romans de Conan Doyle, il est difficile de s'éloigner de cette représentation mentale. Vous l'aurez compris, si vous êtes comme moi très connaisseurs et amateurs des récits holmnésiens, passez votre chemin. Cela dit, ce roman est une enquête policière qui tient la route et qui plaira sans doute aux moins avertis.
6 commentaires:
Tu penses vraiment que Sherlock n'éprouve rien rien pour Irene Adler ? Même pas en tant qu'alter ego de sa propre intelligence? Hum, hum, je n'en suis pas si convaincu.
N'oublie pas que les récits sont écrits par Watson... qui, par conséquent, ne voit ni ne décrypte pas tout. Mais... entre les lignes...
(je précise que je suis également un grand holmesien).
Nigel Bruce.
Qu'il éprouve du respect pour elle et une sorte d'admiration pour son intelligence, oui sans aucun doute. De l'amour? Non. Pour la bonne raison qu'Holmes dit plus tard dans ses aventures qu'il n'a jamais aimé et que le sentiment le plus proche qu'il éprouve c'est l'amitié qu'il voue à Watson. C'est pour ça que j'aime bien la version BBC. On sent un respect et une attirance mais purement intellectuelle. Et puis si Irène avait été un amour de Sherlock je pense que Conan Doyle aurait peut-être exploité plus le personnage or là on la voit sur 15 pages. Je pense qu'on a tendance à voir une histoire d'amour parce qu'on veut en voir une et que ça nous dérange de voir un personnage mondialement reconnu et admiré, un héros de la littérature qui ne vive pas une histoire d'amour. Personnellement ça ne me dérange pas. Et toi?
J'aime penser qu'en amour on n'est pas maître de tout, et certainement pas du décryptage ou de l'analyse de ses propres sentiments.
Rien ne me dérange dans le fait que Sherlock tombe ou ne tombe pas amoureux. Ce qui me plaît c'est de penser qu'un si grand décortiqueur et si grand flegmatique soit malgré tout un peu dépassé par quelque chose qui lui échapperait et qui n'est ni calculable ni quantifiable ni raisonnable.
Cela le rend beaucoup plus humain. Et puis, quelle tristesse s'il n'était amoureux que de son violon et de sa solution à 7% !
Non?
Il aime d'amitié le moyen Watson qui le renvoie à sa propre intelligence. Et, pour les mêmes raisons, mais dans un reflet de symétrie et d'égalité-rivalité, cette fois, il aimerait d'amour Adler. Moi je trouve que ça se tient.
Nigel Bruce.
@Nigel Bruce: Je le trouve trop froid et trop cérébral pour éprouver ce genre de sentiment. Je ne vois pas en quoi ce serait triste qu'il n'aime que son violon et ses énigmes, je ne crois pas que cela l'améliore d'être "plus humain". J'aime justement ce côté décalé et incomparable.
Finalement ce ne sont que des interprétations et puisque que Conan Doyle est mort on ne pourra jamais lui demander ce qu'il avait en tête, malheureusement.
Pour moi il y a du respect mais pas d'amour et c'est pour cette raison que j'ai été déçue par ce roman mais si je suis la seule que cela gêne tant mieux! :D
Je n'ai pas lu ce roman précis. Je songeais en réalité à toutes ces variations autour de Sherlock/Adler. Notamment à ce film très réussi "La Vie privée de Sherlock Holmes" que je trouve magnifiquement drôle et tendre (et que, je suppose donc, tu ne dois pas trop apprécier ?) car il nous montre un Sherlock pris d'amour par surprise. J'aime l'idée du grain de sable dans l'ordinateur.
J'imagine que l'on a tous son propre Sherlock en soi. C'est ce qui fait l'éternelle beauté des héros universels, n'est-ce pas. Conan Doyle l'avait fort bien compris, puisqu'il n'a pas désiré nous en apprendre davantage sur le sujet.
Je pense, toutefois, qu'il avait aussi une raison très pragmatique à la non-vie sentimentale de Sherlock. Cela permettait à Doyle que ses récits soient lus par tous, grands, petits, garçons, filles. Une romance en aurait plus ou moins interdit la lecture aux uns par rapport aux autres. Conan Doyle avait une conscience aiguë de son lectorat.
Ravi d'avoir échangé avec toi. Merci beaucoup pour tes réponses.
Nigel Bruce.
Je ne connais pas "la Vie privée de Sherlock Holmes", tu piques ma curiosité. Je ne suis pas obtuse et je refuse de mourir idiote je vais tenter de me le procurer! J'espère en reparler rapidement ici.
Oui les héros universels appartiennent à tous et personne c'est ce qui fait leur charme. Tu crois qu'une vraie romance aurait interdit la lecture à certains? Parce que dans notre cas c'est moi la fille qui ne veut pas d'histoire d'amour et toi qui en voit une. L'ironie de la chose non? ;)
En tout cas ravie d'avoir échangé avec toi Nigel. N'hésite pas à revenir, ce genre de petit débat est trop rare à mon goût!
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