vendredi 31 octobre 2014

Vous parler de ça - Laurie Halse Anderson


ROMAN COUP DE POING!!!

Présentation de l'éditeur: Melinda Sordino ne trouve plus les mots. Ou plus exactement, ils s'étranglent avant d'atteindre ses lèvres. Sa gorge se visse dans l'étau d'un secret et il ne lui reste que ces pages pour vous parler de ça. Se coupant du monde, elle se voit repoussé progressivement par les élèves, les professeurs, ses amis et même ses parents. Elle fait l'expérience intime de la plus grande des injustices: devenir un paria parce que ceux dont elle aurait trop besoin pensent que le mal-être, c'est trop compliqué, contagieux, pas fun. Melinda va livrer une longue et courageuse bataille, contre la peur, le rejet, contre elle-même et le monstre qui rôde dans les couloirs du lycée. 

Premièrement, ne cherchez pas à en savoir plus sur l'intrigue de ce livre. Même si on devine assez rapidement le problème dont souffre Melinda et l'expérience traumatisante qu'elle a vécu, le savoir avant que les mots lui viennent, est un peu comme lui manquer de respect. Il faut laisser au roman le soin de se dérouler, de se dévoiler lentement, de la même façon que Melinda nous dévoile peu à peu son mal-être et les angoisses qui la ronge. 

Le roman de Laurie Halse Anderson, qui n'est pas une nouveauté il est sorti aux États-Unis il y a un moment maintenant, est la troisième publication des éditions de La belle colère et je dois admettre que cette maison d'édition a des bollocks grosses comme ça! (si si). Après Dieu me déteste sur des adolescents en phase terminale de cancer (qui n'a rien à voir avec Nos étoiles contraires) et le plus léger La ballade d'Hester Day sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte, ce troisième opus est un coup de boule in da face!

Non parce que tout de même, s'enquiller dans la même année, les adolescents mourants et le traumatisme de Melinda, c'est un défi qui n'était pas le plus simple à relever. Dans sa forme, comme pour les romans précédents, ce livre penche nettement du côté adolescent de la littérature: une narration à la première personne agrémentée parfois de formes orales, une héroïne de 16 ans et un cadre lycéen très fort. Cependant, ce serait une erreur de le cantonner uniquement aux adolescents et jeunes adultes car il traite d'un problème autrement plus grave qui mérite d'être abordé par tous. Rien à voir ici avec un "simple" mal-être adolescent mais d'un problème hautement plus grave qui mérite l'attention de tous. [Je mets "simple" entre guillemets, vous comprendrez bien que je différencie ce qui peut être lié à l'adolescence comme l'éveil de la sexualité par exemple de ce qui n'est pas lié, comme ce qui est arrivé à Melinda]. D'ailleurs, la somatisation de l'évènement par la perte progressive de la parole est à la fois très symptomatique du problème de Melinda qui n'arrive pas à dire, à extérioriser ce qu'elle a vécu mais également une excellente trouvaille littéraire car l'écrit redonne sa voix à Melinda. 

Sans jamais être pathétique ni caricatural - et je remercie infiniment La belle colère pour le choix toujours aussi judicieux de ses textes - nous assistons à la descente aux Enfers de cette adolescente, mise au banc de la société qu'elle fréquente, jusqu'à ses propres parents. Personne ne semble comprendre sa soudaine prise de poids, son mutisme ni le décrochage scolaire dont elle souffre...jusqu'à ce que...quelques mains se tendent et que la parole enfin se libère. 

Vous parler de ça est non seulement un récit sur un crime qu'il faut réussir à bannir et à condamner mais aussi un sublime parcours initiatique qui redonne la voix à celles et ceux qui l'on perdu. J'ai compris dès les premières pages ce qui était arrivé à Melinda mais ça ne m'a pas empêchée d'être à la fois horrifiée par la situation et sincèrement émue par le dénouement - de la parole et de l'intrigue. 

On ne peut pas ne pas être du côté de Melinda car elle nous apparait dans toute sa vérité. C'est l'indéniable avantage du lecteur sur le reste des protagonistes de cette intrigue: nous savons, nous ne pouvons remettre le malaise et les terreurs de cette jeune fille en doute et nous ne pouvons pas nous taire. Laurie Halse Anderson nous offre un roman poignant et d'une force énorme sous des apparences très modeste. Même si vous sortez secoués de cette lecture, vous vous apercevrez qu'on en retire beaucoup. 

UN MUST READ.

mercredi 29 octobre 2014

Le prodigieux destin de Peter - Maëlle Fierpied


COUP DE CŒUR DE PERSEPHONE

Présentation de l'éditeur: Mesdames et messieurs, laissez-moi vous conter l’histoire de Peter, l’ange du cirque des Merveilles. Est-il homme ou oiseau ? Nul ne le sait. Toujours est-il qu’il vit aujourd’hui parmi nous, le garçon aux ailes de plumes et aux rêves d’altitude. Laissez-vous envoûter par la magie de son ballet aérien, envolez-vous à ses côtés le temps d’une représentation…
Lorsque Peter Petons prend son envol sous le chapiteau du cirque des Merveilles, nul ne peut imaginer que le garçon aux longues ailes déployées a longtemps été un vilain petit canard.
Bébé, il est né fragile, jugé simplet par les médecins. Plus âgé, quand son dos s’est déformé, quand deux moignons d’ailes ont poussé, on l’a surnommé Peter Poulet !
Que s’était-il passé ? La chose est difficile à raconter. Tout a commencé par l’explosion d’une chaudière dans une usine de fabrication de pantoufles, lorsque Peter a été recouvert de pâte polyductimère…

Quand on s'appelle Fierpied, que son héros s'appelle Petons et qu'il vit dans l'usine à pantoufle, ce n'est plus de la coïncidence, c'est la destinée! 
C'est avec beaucoup de poésie et une grande tendresse que Maëlle Fierpied nous raconte l'histoire de Peter un petit garçon très simple qui à la suite d'un incident spectaculaire va devenir un être exceptionnel. 
Dans ce texte on retrouve tout ce qui fait la douceur des romans médium de l'école des loisirs: une histoire choupinoupinette remplie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, tous plus loufoques les uns que les autres également, un récit haut en couleur qui nous emporte véritablement dans un monde coloré et imaginaire. 

La réussite du texte de Maëlle Fierpied tient tout d'abord à sa très jolie écriture. Dès les premières pages elle arrive sans aucune difficulté à créer une ambiance propre à son récit et qui ne nous lâchera pas de toute la lecture. On sent immédiatement que nous sommes dans un livre doudou, propre à devenir ce genre de récit qu'on ne veut plus quitter parce qu'il nous fait du bien et qu'il nous raconte de jolies choses impossibles. Je suis souvent la première à dire que je m'attache moins au style qu'à l'intrigue - et d'une manière générale c'est vrai, sauf lorsque l'ensemble est écrit à la truelle, know your limits - ceci dit, il est très important que l'écriture dégage un petit plus, nécessaire à nous immerger dans le roman de façon rapide et agréable. Pari réussi pour Maëlle Fierpied qui y parvient sans peine. Ce fut un vrai bonheur de lire ses lignes et de se laisser porter au gré des mots.

Comme je le disais, les personnages sont très attachants et un peu loufoques et c'est une excellente chose. Bien que sur un modèle semblable - on sent une grande cohérence entre les personnages du roman - ils n'en restent pas moins uniques, bien distincts les uns des autres avec leurs petites particularités. Les époux Pantoufles sont adorables et gentiment allumés, comme le docteur qui s'occupe de notre ami Peter. Les gens du cirques et notamment les personnages d'enfants sont écrits de façon très juste. Peter Petons est d'ailleurs très intéressant car on ne commence à s'intéresser véritablement à lui et à le comprendre qu'à partir du moment où il se transforme. C'est une transition très bien menée, tout en douceur à l'image de son personnage. Peter est un petit garçon avec des rêves plein la tête, des envies de voler fascinantes et beaucoup d'imagination. C'est un régal de suivre son parcours. 

D'ailleurs en parlant de son parcours, cette transition assez inattendue vers le cirque était une excellente idée! Il y a dans ce cirque une ambiance années 20 tout à fait charmante, un peu surannée qui fait encore rêver les petits et les grands. Pour être honnête, j'adore j'adore j'adore le cirque. Voir les animaux, les voltigeurs, les jongleurs, les acrobates et les clowns ça me fascine, j'adore ça! Je ne pouvais qu'être ravie de constater que la seconde partie de l'intrigue se déplaçait vers un univers que j'affectionne tout particulièrement. J'ai littéralement fondu pour l'ambiance du cirque et ses habitants! Voila pourquoi je pense que Le prodigieux destin de Peter est un livre absolument doudou qui vous met des étoiles plein les yeux. Cette partie est clairement ma préférée et jétais ravie de ce que l'auteure en a fait! 

Si je devais formuler une critique c'est que l'ensemble manque un peu d'enjeu, un méchant apparaît brièvement dans le dernier tiers du roman mais il n'a pas le temps de s'installer comme véritable menace. Du coup, certains pourraient trouver que l'intrigue est finalement simpliste mais personnellement, ça ne m'a pas dérangée. J'ai aimé lire pour une fois une histoire simple mais bien écrite, avec une ambiance câline et des personnages que j'aimerai retrouver par la suite.

En bref, Le prodigieux destin de Peter, est un roman doudou qu'il faut découvrir! Si vous aimez les romans de Malika Ferdjoukh et ceux de Marie-Aude Murail, je pense que vous ne pourrez pas passer à côté de la poésie de Maëlle Fierpied et de Peter Petons!

Le Club de la pluie brave les tempêtes - Malika Ferdjoukh


Présentation de l'éditeur: C’est la fin des vacances d’hiver à Saint-Malo, et voilà un moment que le Club de la Pluie n’a pas eu une énigme à se mettre sous la dent. Mais lorsque Jeanne Eyrmont, la filleule de la directrice, débarque à l’internat des Pierres-Noires, elle semble apeurée, comme si elle avait vu des fantômes. Des fantômes, vraiment ? Ambroise, Rose, Nadget et Milo sont bien décidés à tirer cette affaire au clair.
Ce livre réunit deux nouvelles enquêtes du Club de la Pluie, Le fantôme des Pierres-Noires et Le mystère des chaussons rouges.

On les attendait, les voici! La suite des aventures de nos petits pensionnaires bretons est enfin là! Après Le club de la pluie au pensionnat des mystères, nous retrouvons Nadget, Rose, Ambroise et Milo pour deux nouvelles aventures, cette fois-ci racontées par les garçons.

J'adore toujours le changement de point de vue d'une nouvelle à l'autre, cela permet de comprendre les enfants, de leur donner de la profondeur et du relief. Après avoir rencontré les filles, Malika Ferdjoukh se penche maintenant sur les garçons des Pierres noires. Milo revient de voyage et la petite bande est de nouveau réunie. 

Ces deux nouvelles intrigues sont aussi bien que les précédentes. La première s'intéresse à un fantôme, une jeune fille hantée par un spectre dans les couloirs du pensionnat mais ce n'est pas pour décourager notre petit club, bien au contraire. Quant à la seconde intrigue, il faudra toute la sagacité de nos héros pour empêcher une injustice de se produire. 
Les quatre enfants résolvent les énigmes au nez et à la barbe des adultes. 

Comme toujours, les romans de Malika font preuve de finesse, dénonçant les injustices et les faux semblant dans un langage qui, loin de prendre les enfants pour des idiots, leur donne au contraire des armes. Les références à la littérature et au cinéma sont toujours là, qui font de ce nouveau roman une petite pépite pour les plus jeunes.

Allez on ne tergiverse plus et on va jeter un œil du côté d'un pensionnat battu par les pluies de Saint-Malo! À partir de 8 ans.

lundi 27 octobre 2014

L'escalier Hurleur - Agence Lockwood #1 - Jonathan Stroud


COUP DE CŒUR DE PERSÉPHONE

Résumé: Un terrible fardeau s’abat sur Londres : des fantômes envahissent les rues de la ville, s’introduisent dans les maisons et terrorisent leurs occupants… La jeune et talentueuse Lucy Carlyle, promise à une grande carrière de chasseuse de spectres, vient d’intégrer la modeste agence du déjanté Anthony Lockwood. Mais leurs affaires vont mal. Les agences d’extermination de fantômes fleurissent et la concurrence est rude. Impossible de refuser le moindre contrat, même si la mission s’avère des plus dangereuses… C’est ainsi que Lockwood et Lucy se retrouvent en pleine nuit dans la terrifiante demeure de la famille Hope, à traquer le fantôme du sanguinaire duc rouge. Un escalier hurlant, une chambre de torture, des squelettes derrière toutes les portes… un seul mot d’ordre : ressortir vivants !

 Après la terrific série Bartimeus (#2) j'étais ravie d'apprendre que Jonathan Stroud revenait sur le devant de la scène ado avec une nouvelle série qui penche cette fois un peu plus vers l'Urban Fantasy et l'Horreur. Ce nouveau roman nous entraîne dans un Londres hanté! Attachez vos ceintures, l'Agence Lockwood and Co vous emmène dans les tréfonds de l'angoisse. 

Je me suis amusée comme une petite folle dans ce premier tome. Jonathan Stroud y a mis tous les ingrédients qui nous faisaient plaisir dans Bartimeus: un intrigue pleine de rebondissements, de l'humour et un flegme tout britannique. 

L'histoire est racontée à la première personne par Lucy Carlyle, une jeune fille énergique et brillante. C'est un personnage avec lequel nous sommes immédiatement en confiance. Elle n'a pas les deux pieds dans le même sabot et sait ce qu'elle fait. À côté de Lucy nous retrouvons Anthony Lockwood, le directeur de l'agence (à peine plus âgée que notre héroïne) qui fait preuve d'un flegme britannique dans absolument toutes les situations! Pour compléter ce trio, George fait figure de rat de bibliothèque débraillé mais compétent. Trois personnages très différents, suffisamment différents pour que les lecteurs puissent s'identifier à l'un ou à l'autre et ça, c'est une caractéristique qui m'a beaucoup plu.

Depuis que je suis librairie, j'ai pris d'avantage conscience des problèmes d'identifications dans les romans, à savoir: l'héroïne est une fille donc c'est pour les filles, le héros est un garçon = c'est pour les garçon. Premièrement, c'est une idée qui m'insupporte au plus au point. En quoi cela est-il pertinent? En tant que femme, je lis des romans dont les héros sont des hommes et je n'ai pas de problème à apprécier ma lecture. En quoi de petites filles seraient incapables de faire pareil? Pareillement, pourquoi un petit garçon ne pourrait pas lire de romans dont l'héroïne serait une fille? C'est tout de même se priver de nombreux très bons romans pour des raisons fumeuses. Le rapport avec L'agence Lockwood me direz-vous? Le fait est qu'ici, Jonathan Stroud choisi trois héros et leur donne une certaine neutralité, ce qui permet d'être un excellent livre pour TOUS les enfants. Et ça me repose!

L'intrigue en elle-même reprend à la fois les codes du roman d'horreur, avec les apparitions de fantômes, les cadavres planqués un peu partout, mais aussi les codes du roman policier car nos trois agents recherchent activement le meurtrier d'une jeune fille. Comme d'habitude avec Stroud, l'intrigue est bien maîtrisée, gérée comme il faut du début à la fin avec ce qu'il faut de fausse piste pour donner de bons retournements de situation. Même si j'avais compris assez vite qui était l'assassin, l'intrigue était très agréable à suivre et les personnages prennent de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure que le roman avance. Jonathan Stroud joue de la peur des fantômes mais le roman n'est pas non plus effrayant. Il fait peur, un peu, mais pas trop.

L'agence Lockwood, tome 1, est encore une fois un très bon cru de l'auteur qui sait se renouveler après Bartimeus. Ce sont deux séries très différentes même si elles partagent des caractéristiques communes intéressantes. C'est un roman que je recommande chaudement, un très bon moment de lecture. Quant à moi, j'ai déjà récupéré la suite (disponible en anglais). Je vous en reparle plus tard! 

lundi 22 septembre 2014

Le ciel nous appartient - Katherine Rundell


COUP DE CŒUR DE PERSÉPHONE

Résumé: Tout le monde pense de Sophie qu’elle est une orpheline. Nulle femme n’a en effet survécu au naufrage qui la laissa, à l’âge d’un an, flottant dans un étui à violoncelle au beau milieu de la Manche. La fillette demeure cependant intimement persuadée que sa mère n’a pas sombré avec le navire. Alors, lorsque les services d’Aide à l’enfance anglais menacent Charles Maxim, son tuteur, érudit généreux aussi courtois que maladroit, aux méthodes d’éducation  fantasques, de lui reprendre la garde de Sophie, celle-ci, suivant l’enseignement de ce doux rêveur, décide de ne négliger aucune possibilité, et part pour Paris en sa compagnie sur les traces de sa mère… Une cavale menée sous le signe de l’espoir, qui conduira la fillette aux cheveux couleur des éclairs sur les toits de la ville-lumière. Elle y fera la connaissance de Matteo et de sa bande de danseurs du ciel. Froussards et phobiques des hauteurs s’abstenir : mieux vaut avoir le cœur bien accroché pour pouvoir suivre ces gamins-là !

Je suis tombée dans l'univers des Grandes Personnes depuis que je suis libraire et c'est une plongée que je ne peux regretter. Entre les livres de Mary Hooper (je conseille le génial Velvet), le drôlissime et noir Les 9 vies de Philibert Salmek, et le GENIALISSIME Mademoiselle Scaramouche de Jean-Michel Payet (dont je vous dois une critique, I know), Les Grandes personnes est une maison d'édition de qualité et qui propose aux adolescents de bons romans atypiques. Il y a une vraie ligne éditoriale et cela mérite d'être dit et répété. Je suis d'ailleurs pleine de tristesse car j'ai appris que faute de succès, ils arrêtent de publier des romans pour le moment.
Après vous avoir parlé de Le ciel nous appartient (Rooftoppers) de Katherine Rundell, vous comprendrez sûrement pourquoi je suis plus que peinée de voir une maison d'édition de qualité cesser sa production.

Mais revenons à nos grenouilles, j'ai découvert Le ciel nous appartient au début de l'été car il fait partie de la rentrée littéraire et ce fut pour moi un IMMENSE COUP DE CŒUR! Je dirais même que des 33 romans que j'ai lu pour cette rentrée littéraire, celui-ci est sans aucun doute celui que j'ai préféré, tout genre confondu.

Dans ce roman qui sent bon le mélange franco-britannique, nous retrouvons Sophie, une petite fille indépendante et débrouillarde, sauvée de la noyade dans son étui à violoncelle par Charles Maxim, un anglais excentrique comme on les aime. La première moitié du roman est vraiment marquée par l'excentricité britannique, ce petit grain de folie qui nous fait nous sentir comme à la maison. L'éducation donnée par Charles Maxim à la jeune Sophie est atypique, charmante et les efforts de cette dernière pour comprendre ce que les services de l'orphelinat attendent d'elle sont touchants. La relation père-fille que les deux protagonistes entretiennent est également l'un des facteurs doudou de l'intrigue. Même si Charles ne s'improvise pas père du jour au lendemain, l'amour qu'il porte à sa pupille est palpable et réciproque. C'est une très jolie relation que l'auteure nous propose, pleine de tact et de douceur et beaucoup de beaux sentiments sont pudiquement montrés.

La seconde moitié nous transporte à Paris dans une ambiance différente, beaucoup plus aventureuse. Charles et Sophie sont sur la piste de la maman de la jeune fille. La rencontre de celle-ci avec des enfants des rues change la donne. J'ai adoré cette seconde moitié autant que la première. Bien que différente, la transition se fait en douceur. Découvrir Paris par les toits et le jeune Matteo permet de replacer Sophie dans un environnement plus enfantin tout en développant son côté casse-cou. C'est une petite fille intelligente, débrouillarde et attachante. Les autres enfants forment une super bande, hétérogène et drôle mais qui sait aussi être grave lorsqu'il le faut.

L'histoire serait seulement sympathique si elle n'était pas soutenue par une magnifique écriture, pleine d'émotion. Lire Le ciel nous appartient, c'est comme se laisser porter par un morceau de violoncelle qui nous guiderait jusqu'à la maman de Sophie. Définitivement, ce roman est un morceau de poésie et de musique, les dernières pages sont comme une frénésie de musique qui transporte le lecteur. Katherine Rundell nous offre un roman poétique, magnifique, musical, un vrai morceau de langue.

Un roman superbement écrit aux personnages émouvants et à la beauté évidente. Un vrai coup de cœur qu'il faut faire lire à tout le monde.
À partir de 11 ans pour les bons lecteurs. 

mercredi 30 juillet 2014

Rentrée Littéraire 2014: Petit point lectures avant la rédaction des articles.



Bonjour tout le monde!
Je sais, je sais ce que vous allez me dire: "Mais très chère Persie, nous te pensions perdue dans le Void. Plus de nouvelles de toi depuis plus d'un mois. Ce très aimable Cheshire serait-il responsable de ta disparition?" (La politesse, comme dirait le Fossoyeur de films).
Que nenni, vous répondrais-je. Je n'ai pas disparu à cause (ou grâce à, tout dépend) de mon honorable chafouin mais surtout à cause du travail. Être libraire, ça signifie surtout arrêtez de lire toute affaire cessante depuis juin jusqu'à septembre pour se consacrer uniquement à la rentrée littéraire. Près de 600 livres cette années. Autant dire que je ne vais pas tout lire! Cela dit: j'en ai déjà lu 21 et il m'en reste encore pas mal dans ma pal (je me garde notamment le Bordage, le Gaiman et le nouveau de la Belle colère pour mes vacances, décontraction totale!). 

Je n'ai pas encore le droit de faire d'article détaillé sur ce que j'ai lu puisque ce n'est pas encore sorti, cependant je vous présente un petit récapitulatif de ce que j'ai lu et en gros si j'ai aimé ou non, en vous disant: rendez-vous fin août! En rouge vous trouverez mes super coups de cœur, ce qui ne veut pas dire que les autres ne m'ont pas plu attention. Vous vous direz peut-être que j'aime plus que je ne déteste, mais il faut bien penser aussi que j'ai choisi en amont ma sélection. Il y a donc plein de livres où je refuse de mettre le bout de mon museau!

Littérature française

- Constellation d'Adrien Bosc chez Stock: Adrien Bosc nous raconte les derniers moments et l'après du crash de l'avion qui contenant à son bord Ginette Neveu et Marcel Cerdan. Très intéressant et pas si mal fichu que ça pour un premier roman, même si l'appellation roman reste à mon sens un peu galvaudée. Sortie le 20 août. 

- Ce sont des choses qui arrivent de Pauline Dreyfus chez Grasset: L'histoire d'une princesse prise dans les tourments de la Seconde guerre mondiale, la descente aux Enfers d'une femme qui s'humanise. J'étais dubitative au départ mais plus j'avançais dans le roman et plus j'étais convaincue. Un beau portrait de femme de plus en plus torturée. Sortie le 20 août. 

- La femme qui dit non de Gilles Martin-Chauffier chez Grasset: La Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale vue par Marg, une anglaise qui a épousé un breton de l'île aux moines. Vocabulaire acide, langue acérée, morale douteuse, Marg a tout pour plaire. Un récit drôle et sans trop de complaisance pour la Bretagne et les bretons. Sortie le 27 août.

- Les orphelins de Dieu de Marc Biancarelli chez Actes Sud: Corse, milieu du XIXe siècle. La jeune Vénérande va trouver le redoutable Infernu, tueur à gage et ancien rebelle pour se venger des trois brigands qui ont mutilé son frère. Un récit épique, des personnages troublants. Un True Gritt corse que j'ai A-DO-RE. Sortie le 20 août. 
- La tristesse de la terre (Une histoire de Buffalo Bill Cody) d'Eric Vuillard chez Actes Sud: Un essai sur le Wild West Show et son créateur Buffalo Bill. Un récit prenant sur l'invention du mythe américain de la conquête de l'Ouest. Très bonne découverte. Sortie le 20 août. 

- En face de Pierre Demarty chez Flammarion: Un homme terne décide de s'installer dans un appartement en face de chez lui. Ce que je croyais être un roman drôle et déconstruit à la J.M. Erre est en fait un récit brouillon et assez vide où les effets de styles n'ont pas d'autres buts que de faire "stylés". Déçue. Sortie le 20 août. 
- On ne voyait que le bonheur de Grégoire Delacourt chez JC Lattès: un assureur s'intéresse au coût d'une vie humaine et se penche sur sa propre existence. Veni, vidi, vici...je n'ai pas accroché du tout, mes collègues ont adoré. Un ovni je suis? Sortie le 20 août. 

- Un secret du docteur Freud d’Éliette Abecassis chez Flammarion: Freud, bien que menacé par les nazis, se refusent de quitter son domicile viennois et de laissez derrière lui toute son existence. Attaché à des lettres qu'on ne veut pas lui rendre, il faudra tout le charme de Marie Bonaparte pour convaincre le vieil homme. Un roman qui revient sur la personnalité et les travaux de Freud tout en recréant l'ambiance des premiers pogroms en Autriche. Sortie le 27 août. 

- Le testament de Descartes de Christian Carisey au Cherche-midi: Descartes à la fin de sa vie, revient sur son histoire pour en livrer sa version personnelle. Un roman qui n'a rien de mauvais en soi mais qui est, je pense, réservé aux passionnés de philosophie et de Descartes. Sortie le 21 août. 

- Le dernier gardien d'Ellis Island de Gaëlle Josse chez Noir sur blanc: 1954. Peu avant de quitter Ellis Island, sa demeure, son lieu de travail aussi bien que sa prison mentale, John Mitchell décide de raconter les éléments marquant de sa vie dans cette île où transitaient les rêves et les espoirs de milliers d'individus qui rêvaient d'Amérique. Un coup de coeur pour le roman de Gaëlle Josse qui raconte aussi bien Ellis island que le destin d'un homme piégé par sa conscience dans un univers clos. Sublime. Sortie le 4 septembre.

- À l'origine notre père obscur de Kaoutar Harchi: Dans "la maison des femmes" vivent recluses celles dont les maris, pères ou frères pensent qu'elles ont pu déshonorer le nom de la famille. À travers les yeux d'une adolescente née entre ces murs, c'est tout l'absurdité du patriarcat et le cercle vicieux que celui met en place contre et avec les femmes, qui est mis au jour. Magnifique, génial, philosophique et puissant, un vrai coup de cœur. Sortie le 20 août.

Littérature étrangère

- Le Violoniste de Mechtild Borrmann au Masque: 1948. À la fin d'un concert, le violoniste de génie Ilja Grenko est emmené par le KGB à la Loubianka. Contraint de signer des aveux falsifiés, il est condamné au goulag pour 20 ans tandis que sa femme et leurs deux enfants sont exilés dans l'enfer du Kazakhstan. De nos jours, leur petit-fils Sasha part sur les traces de sa famille et tente de retrouver le Stradivarius perdu. Un roman humain et bouleversant sur une famille russe brisée par un régime corrompu. Je l'ai dévoré d'une traite. Une merveille. Sortie le 20 août.

- Wash de Margaret Wrinkle chez Belfond: Le récit de la vie de Washington, esclave étalon dans les plantations de coton. J'ai trouvé ce premier roman brouillon. Trop de voix, trop d'histoire, trop d'aller-retour dans le temps et des personnages un peu trop simples parfois, pour une intrigue qui perd au final son fil rouge: l'eugénisme dans les plantations. Sortie le 19 septembre. 

- L'homme de la montagne de Joyce Maynard chez Philippe Rey: Été 1979, Rachel 13 ans et Patty 11 ans passent leurs vacances à gambader dans la montagne. Lorsqu'un tueur en série décide de prendre cette dernière comme terrain de jeu, les deux jeunes filles décident d'aider leur père agent de police dans la capture de l'assassin. Un roman sur l'amour entre soeur, les rapports père-filles complexes et le passage de l'enfance à l'adolescence. Une plume percutante, il se lit d'une traite. Sortie le 21 août. 

- La couleur du lait de Nell Leyshon chez Phébus: Angleterre 1830, Mary une jeune paysanne connait la rudesse de la vie de fille de ferme. Elle n'a pas sa langue dans sa poche, veille sur son grand-père et ne prétend pas à grand chose dans la vie jusqu'à ce qu'elle soit envoyé chez le Pasteur Graham pour veiller sur sa femme. Écrit avec les propres mots de la jeune fille, la syntaxe défaillante mais le verbe haut, on ne peut manquer d'être touché par le destin tragique d'une attachante paysanne. Original dans la forme, le roman finit par nous happer jusqu'à nous recracher meurtri. Sortie le 28 août.

Oui plus de littérature française qu'étrangère pour l'instant, étonnant! Je compte bien me rattraper, je viens d'entamer le gentil pavé qu'est "Nous sommes l'eau" de Wally Lamb. 

Littérature jeunesse:

Des coups de cœur ici aussi et aucune déception pour le moment, un bon cru pour la rentrée jeunesse 2014.

- Le ciel nous appartient de Katherine Rundell aux Grandes Personnes: Lors d'un naufrage d'un paquebot, une petite fille est retrouvé dans un étui à violoncelle. Charles Maxim, excentrique célibataire décide de recueillir la petite fille et de la choyée. Les services sociaux voient, quant à eux, d'un mauvais oeil l'éducation prodigué par Charles et décide de lui retirer Sophie. Plus qu'une solution pour la jeune fille, s'enfuir avec Charles pour la France sur les traces de la maman de Sophie, son précieux étui à violoncelle sous le bras. COUP DE COEUR absolu pour ce roman excentrique, anglais, drôle et terriblement touchant et poétique. Un vrai rayon de lumière, une beauté. Sortie le 13 septembre. 

- Le crime de l’Encelade - les bosquets de Versailles tome 1 d'Annie Piétri chez Bayard: Lors d'un bal à Versailles, une jeune fille est retrouvée poignardée dans le bosquet de l'Encelade, les doigts coupés pour lui voler ses bagues. Louis XIV charge alors Louis Bontemps de retrouver les coupables. Aidé de la meilleure amie de la victime, il part dans le Paris du XVIIe siècle à la recherche de receleurs. Annie Piétri revient avec un roman policier à partir de 12 ans dans le Versailles et le Paris de Louis XIV. Premier tome d'une série, c'est un roman sympathique dont j'attends la suite. Sortie en septembre. 

- Eleanor de Holly Black chez Bayard: Zack, Alice et Poppy bien qu'âgés de 12 ans, jouent encore avec des poupées. En effet, ils sont construits un univers peuplé de féroces pirates, d'intrépides aventurières, de sorcières cruelles et autres montres, qui prennent tous vies grâces aux figurines et décors en carton. Pour régner sur ce petit monde, "La Reine de tous les Royaumes", une poupée de porcelaine qui trône derrière sa vitrine en verre dans le salon de Poppy. Nos trois amis ne sont pas au bout de leurs surprises lorsqu'un jour la poupée se réveille. Roman qui fait un peu peur, histoire d'amitié et sur le passage de l'enfance, un très bon cru. Sortie le 9 octobre. 

- Half Bad de Sally Green chez Milan: J'en ai déjà parlé ici, je confirme c'est une tuerie. Excellent roman de la rentrée jeunesse, un Harry Potter trash qui fait réfléchir sur la morale et la cruauté humaine. À partir de 15 ans. Sortie le 24 septembre.

- Endgame: l'Appel de James Frey et Nils Johnson Shelton chez Gallimard jeunesse: 12 lignées, 12 joueurs prêts à s'affronter pour Endgame. Il ne doit en rester qu'un, celui qui pourra sauver les siens. Je sens que ce livre va faire parler de lui, que beaucoup vont le détester parce que le résumé ressemble à Hunger Games...moi-même dubitative, je dois admettre que j'ai eu une très bonne surprise. Je suis tombée sur un premier tome qui s'éloigne vraiment d'Hunger Games et dont le ligne narrative qui s'annonce pour les prochains tomes me semble assez fine. Ce n'est pas peut-être pas le roman le plus original qui soit, mais il est bien écrit et somme toute bien mené avec des personnages complexes et parfois attachants. Sortie le 9 octobre. 

- Le club de la pluie brave les tempêtes de Malika Ferdjoukh chez École des loisirs: Nadget, Rose, Ambroise et Milo sont de retour pour deux nouvelles énigmes. Bon voila...c'est Malika, j'adore. Tout simplement et en plus c'est illustré par Cati Baur donc plus aucune raison de ne pas aimer. Sortie le 27 août.

Voila. 16 romans, 6 romans jeunesse. Je me garde le reste de la jeunesse (plein de super nouveautés qui vont arriver) et la littérature de genre pour les vacances. Je vais essayer de revenir très vite avec quelques films, séries et des Agatha Christie. En attendant, bonnes vacances à tous et toutes!

mardi 1 juillet 2014

À ne pas louper à la rentrée: Half-bad de Sally Green (teaser)



Half Bad c'est la bombe que décide de sortir Milan pour la rentrée de Septembre. Le roman de Sally Green fait déjà un carton en Angleterre et aux Etats-Unis et ne manquera pas de faire couler beaucoup d'encre en France. 

Half Bad est le premier volume de la trilogie Half Life. On parle déjà de Sally Green comme de la nouvelle J.K. Rowling etune adaptation cinéma serait déjà prévue!

Présentation de l'éditeur:  
Tu ne sais ni lire ni écrire,
mais tu guéris vite,
pour un sorcier.

Tu ne supportes pas
de rester enfermé une fois 
la nuit tombée.

Tu détestes les sorciers 
blancs, mais tu aimes
Annalise.

Tu es enfermé dans une cage 
depuis tes quatorze ans.

Maintenant tu n'as pas
le choix: tu dois fuir
et retrouver Mercury,
la sorcière noire qui dévore
les petits garçons.

Et tout ça avant ton
dix-septième anniversaire.

Facile....

Pour vous en dire un peu plus: nous sommes dans un univers de Low fantasy où les sorciers, blancs ou noirs, se mêlent à la population des béjaunes - c'est à dire des humains. 

Résumé Milan: Dans l’Angleterre d’aujourd’hui, deux clans de sorciers vivent en secret au côté des humains : les adeptes de la magie blanche et les sorciers noirs. Mais la naissance de Nathan vient bousculer l’équilibre des forces car il est à la fois un sorcier blanc et un sorcier noir. Son père est un des plus puissants et cruels sorciers du monde. Sa mère, adepte de la magie blanche, est morte. A 16 ans, Nathan va recevoir ses pouvoirs comme tous les sorciers. Mais il n’est pas comme tous les sorciers… Son clan va décider de l’enfermer : Nathan est piégé dans une cage, battu et menotté. Les frontières entre le bien et le mal n’ont jamais été aussi floues et menacées.

Si vous pensez assister à une resucée d'Harry Potter, ce serait lourdement se tromper. Certes, l'univers de Half-Bad n'est pas sans rappeler celui bien connu de Hogwards mais ici pas question d'elfes de maison mignon, de bonbons rigolo ou de trains rouge qui emmène les enfants dans un magnifique château perdu près d'un lac. L'univers de Half bad est terriblement sombre mais génialissime avec une réflexion sur le déterminisme et la bonté des uns et des autres.

Vous l'aurez compris, je suis en train de le finir et je suis plus qu'emballée par la noirceur et la lumière qui se dégage de ce roman! Nous avons reçu le livre ficelé! Une présentation géniale qui donnait encore plus envie de le découvrir!
Avant de pouvoir vous en parler plus à fond, on se donne rendez-vous en septembre chez vos libraires et d'ici là....surveillez les cages!