A
Présentation de l'éditeur: Londres, 1936
Trois jeunes femmes complètement différentes deviennent apprenties infirmières dans un grand hôpital.
Dora a décidé de quitter sa misérable maison bondée de la classe ouvrière pour une meilleure vie, mais également pour échapper à son détestable beau-père. Possède-t-elle ce qu’il faut pour suivre les autres filles mieux éduquées ?
Helen est la plus calme des trois, une jeune femme qui évite toute sorte d’amusement. Dans l’ombre de sa toute puissante mère, administratrice de l’hôpital et de la vie de sa fille, arrivera-t-elle à trouver sa propre voie ?
Millie, Lady Camilla, est une aristocrate rebelle, dont l’attitude insouciante lui vaudra de se heurter encore et
encore à l’infirmière en chef, la terrifiante Sister Hyde. Retournera-t-elle à la vie luxueuse pour laquelle elle est
née ou gardera-t-elle courage pour continuer sa carrière?
En tant que libraire, nous sommes souvent confronté-e-s aux préjugés des lecteurs, des lectrices mais aussi des collègues. Comme vous vous en doutez, la romance publiée en français par J'ai lu, Harlequin, Milady, est quasiment bannie des rayonnages des librairies indépendantes, vue comme une sous-littérature indigne de côtoyer Camus ou même Simenon. Cependant, un autre genre littéraire souffre aussi de préjugés tenaces, le roman dit "féminin". Alors je ne vais pas passer trente ans sur l'absurdité d'une telle dénomination qui non seulement induit l'idée que hommes et femmes ne peuvent pas lire la même chose - sexisme youpi - mais qui aussi hiérarchise la littérature de façon insidieuse.
Ce que je peux vous dire en revanche, c'est qu'au quotidien, il faut souvent se battre pour imposer la littérature féminine vue comme nunuche et sans profondeur.
The Nightingale girls ou Les Filles du Nightingale traduit en France par Charleston, fait parti des romans que l'on doit défendre vraiment auprès des client-e-s. Beaucoup pensent que le roman féminin ne sait pas être profond, qu'il est obligatoirement frivole. Or, la série du Nightingale n'est pas du tout frivole. Elle expose avec beaucoup de finesse et de subtilité, des destins de femmes prises dans la tourmente d'une société et d'une époque bien définies.
Dans ce premier tome nous rencontrons trois jeunes femmes qui n'ont apparemment rien en commun. Dora, la jeune fille travailleuse mais qui vient de la classe ouvrière, Helen, la fille de bonne famille qui subit une pression maternelle intense et Millie, l'aristocrate désinvolte qui cherche le sens de sa vie. A priori, rien ne les prédestinait à se rencontrer ni à devenir amies, sauf leur engament au Nightingale, un hôpital londonien.
J'ai beaucoup aimé le travail de l'auteure sur le décor et le contexte historique qui permet de comprendre les personnages et de les situer dans leur époque. On comprend bien l'importance de la classe sociale, du rang et de la légitimité des unes et des autres à être là. Le monde médical des infirmières de l'époque est surtout composé de filles de la classe moyenne qui voient là un bon moyen d'épouser un médecin et donc de s'élever socialement. Les trois filles auxquelles le roman s'intéresse sont toutes les trois à la marge de cette représentation sociale du Nightingale. Dora vient d'un milieu très modeste, n'a pas l'argent pour s'offrir les manuels et se montre très fière de se débrouiller seule. Millie au contraire est une aristocrate, donc les autres filles ne comprennent pas pourquoi elle vient apprendre le métier d'infirmière alors qu'elle pourrait faire un beau mariage sans se fatiguer. Quant à Helen, la position de sa mère au sein du comité de l'hôpital lui donne une position très jalousée auprès des autres élèves. Chacune va rencontrer des difficultés à s'intégrer au Nightingale, que ce soit à cause de leur personnalité, leurs compétences ou bien des préjugés dont on les affuble.
Chacune de ces filles possède une vraie profondeur, une vraie personnalité. J'ai beaucoup aimé Dora, c'est une fille d'un courage inouï qui se bat pour bien plus que de se faire une place dans la société. Elle cache un très lourd secret et ce qui se passe dans son quartier est proprement passionnant. Entourée de sa famille, de son horrible beau-père, de son meilleur ami et de son amie Ruby, c'est une jeune femme à laquelle je me suis vraiment beaucoup attachée.
Je suis moins attachée à Millie et Helen parce que je me retrouve sans doute moins en elle, malgré tout Millie est très intéressante. Loin d'être une petite fille pourrie gâtée, elle essaye désespérément de se sortir du carcan dans lequel l'a mise sa naissance. Elle a l'air frivole et désinvolte, je l'ai trouvé vulnérable et fragile. Quant à Helen, j'ai beaucoup aimé la voir sortir de sa coquille, tenir tête à sa mère et s'imposer. Si vous avez déjà vu le film de danse Center Stage (que je vous recommande fort fort fort), elle me fait penser au personnage de Maureen qui va devoir s'affirmer contre sa mère qui a décidé à l'avance de la carrière de sa fille. En plus, elle vit une histoire d'amour extrêmement chou!
A côté de ces jeunes femmes que l'on suit pendant un an, durant lequel elles vont grandir et s'affirmer, on est plongé dans le Londres de 1936, où la montée de l'extrême droite est palpable. Dans le quartier de Dora, c'est avec son beau-frère, engagé dans les blackshirts - groupuscule inspiré des chemises brunes allemandes et des chemises noires de Mussolini - que l'on se rend compte de ce qui se passe à cette époque où la guerre n'est plus très loin. Ça se sent aussi dans le milieu aristocratique de Millie qui est - je le rappelle - très majoritairement favorable à Hitler.
Oui, The Nightingale girls est un roman sur trois femmes qui vont grandir, apprendre, vivre mais ce n'est pas tout rose et paillette. Elles sont chacune confrontés à leurs démons mais aussi à la société qui les entoure et qui est loin, très loin, d'être généreuse avec elles. Elles sont attachantes chacune à leur façon et font preuve de courage lorsqu'il le faut. Loin d'être "nunuche", ce premier tome passionnera celles et ceux qui s'intéresse à ces années pré Seconde Guerre mondiale. Bien entendu, si vous aimez Call the Midwife vous serez sans aucun doute séduit-e-s par cette série. Le tome 2 est déjà publié en français, je vous retrouve donc dimanche pour sa chronique.
A très vite et bonne lecture.
J'ai beaucoup aimé le travail de l'auteure sur le décor et le contexte historique qui permet de comprendre les personnages et de les situer dans leur époque. On comprend bien l'importance de la classe sociale, du rang et de la légitimité des unes et des autres à être là. Le monde médical des infirmières de l'époque est surtout composé de filles de la classe moyenne qui voient là un bon moyen d'épouser un médecin et donc de s'élever socialement. Les trois filles auxquelles le roman s'intéresse sont toutes les trois à la marge de cette représentation sociale du Nightingale. Dora vient d'un milieu très modeste, n'a pas l'argent pour s'offrir les manuels et se montre très fière de se débrouiller seule. Millie au contraire est une aristocrate, donc les autres filles ne comprennent pas pourquoi elle vient apprendre le métier d'infirmière alors qu'elle pourrait faire un beau mariage sans se fatiguer. Quant à Helen, la position de sa mère au sein du comité de l'hôpital lui donne une position très jalousée auprès des autres élèves. Chacune va rencontrer des difficultés à s'intégrer au Nightingale, que ce soit à cause de leur personnalité, leurs compétences ou bien des préjugés dont on les affuble.
Chacune de ces filles possède une vraie profondeur, une vraie personnalité. J'ai beaucoup aimé Dora, c'est une fille d'un courage inouï qui se bat pour bien plus que de se faire une place dans la société. Elle cache un très lourd secret et ce qui se passe dans son quartier est proprement passionnant. Entourée de sa famille, de son horrible beau-père, de son meilleur ami et de son amie Ruby, c'est une jeune femme à laquelle je me suis vraiment beaucoup attachée.
Je suis moins attachée à Millie et Helen parce que je me retrouve sans doute moins en elle, malgré tout Millie est très intéressante. Loin d'être une petite fille pourrie gâtée, elle essaye désespérément de se sortir du carcan dans lequel l'a mise sa naissance. Elle a l'air frivole et désinvolte, je l'ai trouvé vulnérable et fragile. Quant à Helen, j'ai beaucoup aimé la voir sortir de sa coquille, tenir tête à sa mère et s'imposer. Si vous avez déjà vu le film de danse Center Stage (que je vous recommande fort fort fort), elle me fait penser au personnage de Maureen qui va devoir s'affirmer contre sa mère qui a décidé à l'avance de la carrière de sa fille. En plus, elle vit une histoire d'amour extrêmement chou!
A côté de ces jeunes femmes que l'on suit pendant un an, durant lequel elles vont grandir et s'affirmer, on est plongé dans le Londres de 1936, où la montée de l'extrême droite est palpable. Dans le quartier de Dora, c'est avec son beau-frère, engagé dans les blackshirts - groupuscule inspiré des chemises brunes allemandes et des chemises noires de Mussolini - que l'on se rend compte de ce qui se passe à cette époque où la guerre n'est plus très loin. Ça se sent aussi dans le milieu aristocratique de Millie qui est - je le rappelle - très majoritairement favorable à Hitler.
Oui, The Nightingale girls est un roman sur trois femmes qui vont grandir, apprendre, vivre mais ce n'est pas tout rose et paillette. Elles sont chacune confrontés à leurs démons mais aussi à la société qui les entoure et qui est loin, très loin, d'être généreuse avec elles. Elles sont attachantes chacune à leur façon et font preuve de courage lorsqu'il le faut. Loin d'être "nunuche", ce premier tome passionnera celles et ceux qui s'intéresse à ces années pré Seconde Guerre mondiale. Bien entendu, si vous aimez Call the Midwife vous serez sans aucun doute séduit-e-s par cette série. Le tome 2 est déjà publié en français, je vous retrouve donc dimanche pour sa chronique.
A très vite et bonne lecture.
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