samedi 22 septembre 2018

The Lady travelers guide to scoundrels and other gentlemen - The Lady travelers society #1 - Victoria Alexander

C-

Résumé: Afin de pouvoir hériter de son aristocrate d'oncle, Derek Saunders doit faire preuve de bonne volonté de s'occuper de la Lady Travelers Society de sa tante préférée. Cependant, quand India Prendergast se présente à la society et demande des nouvelles de sa cousine partie en voyage grâce à la compagnie, Derek comprend vite que les ennuis sont à sa porte. Avec une voyageuse disparue et India Prendergast qui hurle à la fraude, le jeune homme n'a d'autre choix que d'accompagner Miss Prendergast à Paris afin de retrouver sa cousine. Pour India, un homme à la réputation sulfureuse de Derek ne peut pas être de confiance, pas plus que son sourire à tomber et l'ambiance diablement romantique de Paris. Alors qu'elle se trouve dans la capitale française pour retrouver sa cousine, India Prendergast aura toutes les peines du monde à ne pas tomber sous le charme de Derek.


Il n'y a rien de pire que d'être déçu·e par un roman. Lorsque l'on n'a pas d'attente, à la limite, on ne peut qu'être surpris en bien mais dès lors que l'on a des attentes c'est foutu. C'est exactement ce qui m'est arrivé avec ce premier tome de la Lady Travelers society. La couverture canon, le titre à rallonge mais qui sentait bon, le résumé qui me promettait presque une nouvelle Alexia Tarabotti - Amelia Peabody en guise d'héroïne, bref, le nirvana de la romance envolée, drôle et piquante. 
Le postulat de base est, j'avoue, très tentant. Une cousine disparue, un mystère à résoudre, des grands-mères filoutes qui organisent une gentille petite fraude, un neveu dans l'embarras et une jeune femme indépendante qui n'a pas l'intention de se laisser tourner la tête, bref, de l'herbe à chat pour la lectrice que je suis. Sauf que...

Non. 


Il n'y a pas grand chose qui fonctionne dans ce roman et c'est fort dommage. Tout d'abord le roman est looooooooooooonngggg mais long...Il fait 480 pages environs, ce qui est déjà plutôt dense en soit. Le problème c'est qu'il faut passer les 350 premières pages pour que l'intrigue décolle, que ce soit l'intrigue amoureuse ou policière. L'intrigue est molle alors qu'il y avait de la matière à en faire quelque chose de bien. Les personnages se retrouvent à Paris pendant l'exposition universelle de 1889, un décor idyllique pour une romance. Les passages dans Paris sont d'ailleurs assez agréables à lire mais ils gardent un goût de trop peu comme on dit dans ma famille. On sent que le côté policier devait être relégué au second plan pour laisser plus de place à l'intrigue amoureuse sauf que ça ne prend pas et on s'ennuie en attendant qu'il se passe quelque chose. 

La lenteur du roman et le problème de rythme ne sont malheureusement pas compensés par le style ou la qualité des dialogues. J'avais lu un peu partout que Victoria Alexander écrivait très bien et qu'elle avait une capacité à écrire des dialogues drôles, enlevés, irrésistibles. Je me figurais déjà une Eloisa James ou une Gail Carriger. Je ne sais pas si ce roman reflète le reste de ce qu'elle écrit mais clairement la comparaison avec ces deux autrices n'a pas sa place. Le style n'a rien de remarquable et les dialogues souffrent de deux problèmes: ils sont lourds et redondants. Lourds parce qu'on sent qu'ils veulent être drôles et faire mouche mais ça tombe très souvent à plat et redondants car ils ne sont pas structurés. Dans la vraie vie, lorsque vous discutez avec quelqu'un il arrive très fréquemment qu'on ouvre des parenthèses parce qu'on pense soudainement à quelque chose puis que l'on retourne sur le sujet de conversation, qu'on abandonne ce qu'on était en train de dire etc. C'est certes naturel et on s'y retrouve parce que nous sommes des acteur·trice·s direct·e·s de la conversation or dans un roman ça ne peut pas fonctionner comme ça. Pour que le·a lecteur·trice puisse se repérer et suivre ce qu'il se dit, le dialogue doit être un minimum structuré avec des idées directrices. Les dialogues entre India et Derek sont pour le coup très brouillons. Ils reviennent sans cesse sur des sujets déjà abordés, commencent une discussion, la laisse en suspens, y revienne...bref...c'est assez fastidieux à suivre. 

J'ai bien aimé le côté policier du roman en revanche. On sent vite qu'India panique pour rien et que la solution du mystère n'est pas du tout que la cousine Héloïse a été égorgée au fond d'une ruelle parisienne. Cela donne un côté léger au roman - ce qui aurait en théorie donné plus de place à la romance. Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de penser que la résolution du mystère dénote quelque chose de triste qui en dit long sur les personnages. 


Car c'est bien ça qui pèche dans The Lady travelers guide to scoundrel and other gentlemen, les personnages. India Prendergast est détestable au possible. Je pensais qu'elle serait une Alexia Tarabotti ou une Peabody, avec de l'humour et on se retrouve avec l'anthropologue de la série Bones. Si c'est votre truc allez-y vous allez aimer mais ce n'est pas du tout ma came. Les personnages caricaturaux et froids ne m'emballent pas une seule seconde. India Prendergast n'est pas une femme au fort caractère et indépendante, elle est rigide. Elle voit le monde à travers son regard et tout ce qui ne rentre pas dans ses petites cases de pensées est méprisable. 

En fait le personnage est misogyne. Elle classe les femmes dans deux catégories: les idiotes futiles et elle. Je ne vois pas en quoi elle vaut mieux que les autres du coup avec sa condescendance insupportable. Elle voit la frivolité, la joie de vivre comme étant aliénant. Elle décide de ce que doit être le bon comportement d'une femme et malheur à celles qui ne s'y conforment pas. De la même façon, elle reste persuadée quasiment jusqu'à la fin du roman que Derek est l'escroc dans l'affaire de la Lady Travelers society. Elle n'envisage pas un seul instant que ce soit les trois vieilles dames qui en soit à l'origine et que Derek les couvre par amour pour sa tante. Pour elle, seul un homme peut être capable de ce genre de chose. Un manque flagrant d'ouverture d'esprit: si tu es une vieille femme, forcément tu n'es pas assez intelligente pour conduire une escroquerie...  
Ce n'est pas parce qu'elle pense que les femmes doivent être indépendantes que je vais l'aimer. Il m'en faut un peu plus que ça. A l'image du rythme du roman, India met du teeeeeeeemmmmppssss à évoluer et encore, quand elle commence à changer un peu d'opinion on a dépassé les deux tiers du livre. Un peu tard pour commencer à apprécier un personnage. 


Derek en revanche n'est pas mal. Il reste difficile de le trouver excellent car sa moitié est horripilante à souhait mais lui est plutôt sympathique. On comprend bien ses difficultés personnelles, pourquoi il agit comme ça avec sa tante et sa famille en général. Il a de la profondeur et de la complexité. En revanche, je ne comprends pas comme il peut tomber amoureux d'India. MAIS QU'EST-CE QU'IL SE PASSE DANS TA TETE DEREK? Elle passe son temps à te critiquer, te prend pour un escroc qui au mieux vole les économies de femmes seules au pire, s'arrange pour qu'elle meure dans des contrées sauvages comme la France, et toi en réponse, tu tombes amoureux??? Sérieux???
Impossible d'y croire une seule seconde, il n'y aucune alchimie entre les héros, aucune sensualité, tout se résout dans les dernières cinquante pages. C'est dommage parce que dans ce genre de romance où les héros se détestent au début, il faut vraiment être subtile dans la construction de la relation des personnages. Malheureusement pour elle, Victoria Alexander échoue en beauté. 

Si on récapitule on a un roman mal rythmé, des dialogues lourds qui tombent à plat - lorsqu'ils ne sont pas difficiles à suivre - une héroïne odieuse et franchement pas aimable, un couple qui ne fonctionne pas...bref, ce n'est pas folichon. 


Comme on doit toujours rendre à César ce qui appartient à César, il faut admettre que les deux personnages secondaires, la mère de Derek - qui est aussi l'héroïne de la première novella de la série - et le demi frère de ce dernier, Perceval, sont eux très bien écrits. J'ai bien aimé l'intrigue policière sous-jacente et le décor parisien de l'exposition universelle de 1889. 

Bilan: je suis déçue par ce roman qui m'a vidée de mon énergie, m'a mise en colère avec son héroïne ratée et m'a fait perdre mon temps. 
Je pensais que le tome 2 serait sur Perceval, il semble que non. Comme je ne suis pas rancunière je lirai peut-être les suites, le tome 3 qui va sortir se passe en Egypte, autre herbe à chat pour la Persie que suit. Affaire à suivre donc.


Si jamais vous avez déjà lu du Victoria Alexander et que vous aimez, dites-moi en quoi et surtout si celui-ci est dans la même veine que les autres que je ne me fasse pas avoir deux fois!

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