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Il y a quelques temps je vous parlais de la série Rebecca Kean de Cassandra O'Donnell. Je vous disais que malgré des défauts parfois horripilants, je m'étais à mes dépends prise au jeu et que j'avais boulotté les deux premiers tomes comme autant de sucreries un·e gamin·e un soir d'Halloween. Encouragée par mon amie Clotilde qui me promettait quatre autres tomes aussi addictifs, j'ai englouti la série complète et j'attends maintenant la suite.
Je ne trouvais pas pertinent de faire une chronique par tome, aussi je vous propose les tomes 3 à 6 d'un coup, avec un petit commentaire sur chacun et un avis sur l'ensemble de la série: ce que j'ai aimé, ce que je n'aime toujours pas et ce que j'attends pour la suite.
Je ne vous spolierai pas les intrigues des tomes 3 à 6 si vous ne les avez pas lu, je donne simplement un avis sur la qualité de l'intrigue et les personnages que l'on suit dans ces opus. Toutefois, si vous craignez vraiment de lire quelque chose que vous n'auriez pas dû, je vous conseille de passer directement à mon commentaire global que vous trouverez plus bas.
Tome 3: Potions macabres
Résumé de l'éditeur: Avoir une fille en pleine crise d’ado quand on a 27 ans, ce n’est déjà pas de la tarte, mais quand votre adorable progéniture est une jeune vampire en pleine poussée hormonale, ça devient carrément insurmontable. Comme si je n’avais pas assez à faire avec une bande de potioneuses complètement disjonctées qui sèment la pagaille dans toute la région, et la nouvelle guerre qui se profile lentement mais sûrement à l’horizon…
Ce tome trois était vraiment sympa car on approfondit les relations avec le clan des potioneuses. On découvre aussi un peu plus Maurane et c'était assez sympa de voir des liens d'amitiés se créer entre Rebecca et elle, cela fait un personnage féminin de plus que Beth dans un autre clan.
On tente aussi une incursion chez les démons avec Mark mais j'en reparlerai plus en détail un peu plus tard.
Tome 4: Ancestral
Résumé de l'éditeur: Histoire de bien commencer la saison, le Mortefilis a décidé d’envahir la Nouvelle-Angleterre. Ça tombe bien, avec la disparition de Raphael, repousser une armée de redoutables vampires était tout ce dont j’avais besoin… Malgré mon inquiétude et une situation plus que critique, je me dois d’organiser la défense de notre territoire. Et croyez-moi, il va falloir la jouer serré !
Je dois dire que cette ouverture de roman était très réussie. C'est le gros point fort de cette série, fédérer les clans autour de Rebecca pour les voir tous en action même si le fait que Raphaël lui ait confié le clan des vampires ne soit sans doute pas l'idée du siècle quand on sait la neutralité que doit afficher l'Assayim. Après cette ouverture en fanfare, Cassandra O'Donnell nous plonge dans l'univers des muteurs. Si dans les premiers opus nous avons découvert les loups-garous, les vampires et les potioneuses, c'est ce quatrième clan et notamment leur chef Aligarh qui est au centre de l'intrigue. Ali est une grande réussite. C'est un personnage complexe et intéressant qu'elle sait bien mettre en scène. Une fois de plus on découvre avec ce clan d'autres règles, d'autres modes de pensée et ce n'est jamais simple dans un univers d'urban fantasy où l'on doit construire une mythologie cohérente. Cassandra O'Donnell s'en sort moins bien que Patricia Brigg et Ilona Andrews mais c'est réussi malgré tout. A partir de ce tome, pas mal d'éléments importants de l'intrigue globale de la série se mettent en place. Plusieurs personnages commencent à prendre une place plus importante, quelques pistes commencent à se former.
Tome 5: L'Armée des âmes
Résumé de l'éditeur: Ah, les joies de la famille… Les flambées de vampires, les batailles sanglantes, les coups de fouet, les séances de torture ludiques, les joyeux exorcismes… Tous ces petits bonheurs simples me reviennent à l’esprit depuis que Grand-mère et les Vikaris m’ont retrouvée et ont débarqué en ville dans l’intention évidente de me liquider ! Nostalgie, quand tu nous tiens...
Là on rentre dans le vif du sujet. Si les relations entre Rebecca et Raphaël, Bruce et Ali s'épaississent, ce sont à la fois les origines Vikaris de Rebecca mais aussi le clan des chamans qui se retrouvent cette fois dans la ligne de mire de l'auteure.
Elle poursuit sur sa lancée classique: un tome par clan, mais développe parallèlement la trame globale à travers le passé de Rebecca. Si on connaissait les raisons qui l'ont poussée à quitter la France et son clan, on comprend à présent d'où vient Rebecca, comment elle a été élevée et surtout par qui. Les Vikaris, à commencer par la grand-mère de Rebecca, sont très bien campées. On dirait de vieilles mamies mais façon arsenic et vieilles dentelles. Je ne recommande pas de s'approcher de trop près de ces sorcières là.
Parallèlement on est rencontre les chamans grâce à Léo qui est dans un beau pétrin. Une fois de plus, il est évident que Cassandra O'Donnell a pris du temps pour penser ces chamans qui sont plutôt absents en règle générale de l'urban fantasy. J'ai bien aimé cet univers, très secret et pas du tout commun. A la fin de ce tome on a passé du temps dans tous les clans et on commence à avoir une bonne idée de ce qu'est Rebecca pour les Vikaris. Cela devient évident que le tome 5 est le dernier des tomes "classiques" de la série et qu'à partir de maintenant, l'intrigue va se resserrer.
Tome 6: Origines
Résumé de l'éditeur: Un coup de fil en pleine nuit augure rarement d’une bonne nouvelle. Quand c’est pour apprendre qu’un petit rigolo a décidé de faire mumuse avec un sort interdit depuis des lustres, je commence à perdre mon sens de l’humour. Et si, en plus, cette démonstration vise à éliminer un à un les chefs de clan officiant sur mon territoire, autant vous dire que je vois carrément rouge !
Avec tout cela, on voudrait que j’exerce avec un peu plus de sérieux mon rôle de reine des Vikaris. Pas de doutes, les congés payés, c’est pas pour demain…
Fini la découverte des clans, on commence enfin à aborder l'histoire de Rebecca, ses origines comme le dit le titre et les conséquences sur le Vermont de la bonne entente qu'a créé Rebecca entre les clans ennemis. Autant j'ai aimé le propos de ce tome, les problèmes de Léo qui commencent à apparaître pour dévier sur un spin-off qui j'espère sortira bientôt, les relations de Rebecca avec Baetan et ce que ça veut dire pour la suite, autant je l'ai trouvé trop court, beaucoup trop court. Ce tome 6 c'est un tome charnière et j'ai eu l'impression de survoler des éléments importants. Il y a beaucoup de personnages dans la série et j'aurai aimé qu'ils trouvent tous une place plus naturelle dans ce tome 6. J'attendais beaucoup et je suis au final un peu déçue de tout ce qui reste en suspens, surtout ne sachant pas quand sortira le prochain tome.
DEBUT DE LA CHRONIQUE GLOBALE
Pour celles et ceux qui ont lu jusqu'ici, merci beaucoup et pour les autres welcome back!
Maintenant que j'ai lu toute la série je suis plus à même de savoir ce qui m'a plu ou non et si Rebecca Kean vaut le coup.
J'avais déjà pointé les faiblesses de l'écriture - une critique qui revient souvent apparemment pour cette auteure - et il faut avouer qu'à partir du tome 3 elle s'améliore. Je ne sais pas si c'est dû à une meilleure qualité d'édition ou si l'auteure elle-même a mieux travaillé son texte, toujours est-il que les quatre derniers tomes sont beaucoup plus fluides que les deux premiers.
J'avais également mentionnée que je trouvais pénible que tous les mâles alpha - à l'exception de Gordon - de la série veulent se faire Rebecca comme si c'était une biche en période de rut...Autant vous prévenir, ça ne s'arrête pas. Tous ou presque créent des liens "particuliers" avec Rebecca et même si on échappe - ou pas ça dépend du point de vue - à des scènes de sexes débridées, Cassandra O'Donnell est plutôt mesurée en vérité, ça devient lassant. Pour avoir lu beaucoup d'urban fantasy, je confirme mon point de vue: une héroïne parfaite dont tout le monde tombe amoureux, c'est un repoussoir. Je ne suis pas une bombasse incroyablement parfaite et me sentir rabaissée par l'héroïne ce n'est pas le meilleur des arguments de lecture. Rebecca est une sorcière d'un clan spécial, elle est extrêmement puissante, elle est belle, elle a un corps de rêve, n'a pas l'air de vieillir et à vingt-sept ans elle a déjà une gamine ado...à quel moment je suis sensée m'identifier? Qui peut s'identifier et cocher toutes ces belles cases de la femme surpuissante, belle et en plus mère jeune et cool?
Et puis Rebecca n'est pas vraiment modeste. Elle mentionne à plusieurs reprise son "physique de rêve". L'entendre de la bouche des personnages secondaires c'est déjà un peu pénible mais quand elle s'y met ça devient insupportable. Rebecca n'a pas le second degré d'une Charley Davidson qui rend ces affirmations drôles et c'est dommage.
Alors, on pourrait argumenter aussi que l'auteure a quelque chose en tête avec cette trame de mâles de différents clans qui nouent des liens impossibles avec une sorcière de guerre. Certes. Seulement je persiste à penser que l'auteure aurait pu lui faire créer des liens sans que tout tourne autour de son pouvoir de séduction parce que les liens créés, ce ne sont pas des liens de clans mais des liens de mâles alpha à femelles Alpha. On peut dire ce qu'on veut, de ce point de vue là, Rebecca Kean manque de la finesse d'une Mercy Thompson ou d'une Kate Daniels.
Pour rester dans le domaine du mâle, quoi de mieux qu'un petit tour d'horizon de ces derniers. Alors, soyons franc·che: je déteste Raphaël. J'ai une aversion générale pour les vampires mais ici ça dépasse même mon dégoût pour Edward Cullen - sans offense pour celles et ceux qui aiment évidemment c'est très personnel. J'aime le mythe ancien du vampire, Dracula, Nosferatu, ceux de Kate Daniels qui ne sont pas beaux, pas gentils, pas sexy. C'est un mythe que je trouve vraiment passionnant à plein de niveaux et j'ai beaucoup de mal avec les détournements actuels, à l'exception des vampires de Gail Carriger - Lord Akeldama est génial - et Stephen de Mercy Thompson. J'aime quand le vampire est un être vraiment effrayant caché éventuellement par un masque de beauté avec tout ce que ça comporte de réflexion sur notre sexualité etc.
Raphaël, c'est le type de vampire qui se veut magnétique et sexy en mode: Je suis l'ange de la mort bébé agrémenté d'un complexe de supériorité assez énorme. Si vous savez, ce mâle alpha relou: "je suis irresistible chérie, je sais mieux que toi ce qu'il te faut et même que quand tu dis non en fait tu veux dire oui prend-moi sauvagement sur le lave-vaisselle"....Yerk. Un vrai tue-l'amour. Je n'arrive pas à voir la manipulation et le machisme comme sexy. Physiquement non plus Raphaël ce n'est pas ma tasse de thé: un grand tout sec avec des longs cheveux blonds jusque dans le dos et qui trouve être le comble du chic de se présenter en kimono d'apparat alors qu'il n'est même pas japonais. Je ne me lancerai pas sur l'appropriation culturelle et en quoi c'est extrêmement malaisant de voir la culture japonaise pillée par un vampire européen parce que ça serait trop long mais bref: après 6 volumes Raphaël est toujours un énorme NON pour moi et je regrette qu'il soit toujours le love interest de Rebecca.
Parmi les autres mâles qui gravitent autour de Rebecca on retrouve Bruce, le loup-garou des steppes au lourd passé. J'adore Bruce, c'est typiquement le genre de personnage que j'aime - c'est un muteur pas de surprise là dessus - il est sexy en diable et pour le coup sans jouer la carte du "tu m'appartiens, si tu me quittes j'éventre ta fille et je la pends par les tripes façon Hannibal Lecter. Tu m'aimes hein?". Bruce c'est le loup-garou protecteur, celui qui devient tout mou et vulnérable dans son petit coeur malgré ses muscles et ses crocs. Je suis assez frustrée du développement qu'elle donne au personnage qui passe quand même pas mal de temps absent des intrigues principales. La preuve selon moi qu'il y a trop de mâles amoureux dans l'entourage de Rebecca et que Cassandra O'Donnell ne sait pas trop quoi en faire. C'est vraiment une déception parce qu'on sent qu'elle a une idée sur le personnage de Bruce mais ce n'est pas abouti.
Parmi les autres muteurs on découvre Aligarh dit Ali, le chef des muteurs du Vermont. J'ai eu l'impression qu'il remplaçait Bruce par moment à la façon dont ils sont interchangeables. J'aime bien Ali, il est aussi alpha mais sans les défauts de Raphaël. Il est solide et secret, n'hésite pas à taquiner Rebecca mais assure toujours ses arrières comme Gordon, le chef des loups-garous.
Je suis assez frustrée par Ali et Bruce parce que je les préfère largement à Raphaël et j'aurai préféré que Rebecca choisisse l'un deux plutôt que le vampire. J'espère que pour la suite les relations entre ces personnages va évoluer.
Pour conclure la série sur les mâles, il faut parler de Mark. Mark est un vrai gâchis. Il était très intéressant dans le tome un, charismatique, mystérieux et à partir du tome deux, le personnage part en sucette. Pour moi ça a toujours à voir avec le trop grand nombre de personnages masculins à gérer: Mark, Bruce, Ali et Raphaël. Si Bruce passe une grande partie de la série absent, ça lui laisse encore trop d'hommes dans les pattes de Rebecca. La seule chose qui distingue Mark des autres c'est qu'elle en fait un méchant - impossible d'éprouver la moindre sympathie pour le personnage - alors que les liens qui l'unissent à Rebecca sont exactement les mêmes que les autres mâles. Je suis très insatisfaite de son traitement, j'ai vraiment eu l'impression que c'était bâclé pour pouvoir s'en débarrasser le plus vite possible parce qu'il encombrait. J'aurai aimé plus de subtilité dans son traitement sans doute.
J'ai l'air de beaucoup râler mais c'est simplement parce qu'aurait voulu voir plus Ali et Bruce. On ne voit jamais assez les personnages que l'on préfère n'est-ce pas?
Détail réjouissant de la série, c'est l'ampleur que prend Léonora la fille de Rebecca qui a l'air de suivre le même chemin que sa mère. Non seulement elle est atypique mais en plus elle promet niveau magie et histoire de coeur. Je ne suis pas étonnée qu'on parle d'une rumeur d'un spin-off la concernant, cela pourrait être passionnant.
Si le premier tome est un tome de présentation de l'univers, les tomes 2 à 5 se concentrent chacun sur un clan précis: vampires, potioneuses, muteurs et chamanes, les loups-garous parcourant tous les tomes. C'est une bonne idée car cela permet de rencontrer les clans au fur et à mesure et d'absorber les règles qui les régissent. Malgré tout, ce schéma narratif comporte une faiblesse: la trame globale qui les relie est un peu maigre et c'est sans doute pourquoi le tome six est un peu décevant. On attend beaucoup de ce tome et il est trop rapide pour être satisfaisant et comme il mêle tous les clans, on ne s'attarde vraiment sur rien.
Je trouve à cette série beaucoup de défaut: une écriture qui manque de raffinement, des personnages pas toujours bien exploités et une héroïne certes sympathique mais beaucoup trop parfaite. Malgré tout, j'ai tout de même lu les six tomes de façon compulsive parce que l'ambiance m'a plu. J'ai aimé l'univers de la série, le Vermont et ses grands espaces, l'humour qui fait mouche aussi et les personnages attachants: Bruce, Ali, Beth, Gordon, Maurane, Léo. Les intrigues sont prenantes, mêlant fantastique et policier et une fois ouvert, ça se boulote facilement.
En conclusion, Rebecca Kean est une chouette série d'urban fantasy à la française avec un univers relativement original et surtout cohérent, une héroïne que j'aime bien malgré son côté superwoman canon en permanence même quand elle a du sang partout dans les cheveux et une floppée de personnages secondaires vraiment sympa. Cette série c'est un B- pour moi parce que je ne peux m'empêcher de la bouloter comme des pastilles vichy un jour de soupe à l'oignon, et qu'il serait dès lors un peu mesquin de bouder son plaisir, mais qui possède quand même pas mal de défauts qui agaceront sans doute plus d'un·e lecteur·trice. Je n'ai pas lu Anita Blake mais il paraît que Rebecca Kean en a les mêmes atouts et les mêmes défauts.
Alors si vous avez déjà fait le tour de toutes les bonnes séries d'urban fantasy avec une héroïne, Rebecca Kean devrait être la petite piqure de rappel sympathique à condition de ne pas s'attarder sur certains aspects moins agréables.
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