jeudi 3 avril 2014

Les suprêmes - Edward Kelsey Moore


POUR CELLES ET CEUX QUI ONT AIMÉ "LA COULEUR DES SENTIMENTS" ET "LES BEIGNETS DE TOMATES VERTES"

Présentation de l'éditeur: Elles se sont rencontrées à la fin des années 1960 et ne se sont plus quittées depuis : tout le monde les appelle “les Suprêmes”, en référence au célèbre groupe de chanteuses des seventies. Complices dans le bonheur comme dans l’adversité, ces trois irrésistibles quinquas afro-américaines aussi puissantes que fragiles ont, depuis leur adolescence, fait de l’un des restaurants de leur petite ville de l’Indiana longtemps marquée par la ségrégation leur quartier général où, tous les dimanches, entre commérages et confidences, rire et larmes, elles se gavent de nourritures diététiquement incorrectes tout en élaborant leurs stratégies de survie.

Vous vous imaginez bien qu'avec un résumé pareil et une couverture qui sent bon les années 60', j'étais O-BLI-GÉE de le lire. Comment ça, je suis d'une mauvaise foi éhontée? Oui bon, peut-être. J'adore les récits qui se passent dans le sud des Etats-Unis au sein des communautés afro-américaines. Je ne sais pas pourquoi, mais la chaleur du Sud, la bonne odeur du poulet frit et le parler un peu trainant des gens du coin m'ont toujours séduite. Cette vision idyllique doit évidemment être nuancée par la ségrégation raciale, il suffit de lire La couleur des sentiments pour s'en convaincre, mais j'aime toujours autant le Sud des États-Unis, bien plus que New York. C'est donc avec un avant-goût de bonheur que j'ai ouvert Les suprêmes d'Edward Kelsey Moore. 

Odette, Clarice et Barbara Jean, c'est un peu les filles de Skeeter, Minnie Jackson et Abileen. Nées dans les années 50, elles se sont rencontrées alors qu'elles étaient encore gamines et ont grandi ensemble depuis, main dans la main à travers toutes les épreuves de la vie. Si la ségrégation raciale se dilue durant leur enfance, certaines auront tout de même à en souffrir. 
Nous retrouvons donc nos Suprêmes en 2005, chez Big Earl, le dimanche après la messe - chacune dans une paroisse différente - pour le traditionnel repas dominical. Les Supêmes sont entourées de leurs maris, amis eux-aussi depuis près de quarante ans. Edward Kelsey Moore passe du passé au présent pour recomposer le parcours et la personnalité de ses trois femmes que l'on rêverait de rencontrer. 

Il y dans ce roman, une sorte de discours à trois voix comme dans la Couleur des sentiments, Odette est la seule qui bénéficie d'un récit à la première personne du singulier tandis que Clarice et Barbara Jean ont le droit à la troisième du singulier. J'ai bien aimé cette différence de traitement entre les trois personnages, il n'y a finalement rien de déséquilibré et ça semble naturel. Cela donne un peu plus de poids à Odette sans vraiment affaiblir Clarice ou Barbara Jean. Edward Kesley Moore parvient sans peine à donner une vraie vie et un poids particulier à chacune de ses trois héroïnes.

J'ai adoré le personnage d'Odette, sans doute parce que c'est elle dont on connait le mieux la voix, mais aussi parce que c'est personnage incroyablement fort et attachant. Un croisement entre Abileen - qui devine toujours tout - et Minnie - avec sa grande gu***** - Odette est le pivot central de l'amitié des Suprêmes. Avec son mari James, elle forme le couple le plus équilibré de la bande....mais c'est sans compter sur le fait qu'Odette voit des fantômes. Comme sa mère. Tare familiale qu'elle tente de cacher aux autres, c'est une femme forte, une amie réelle sur laquelle les autres peuvent s'appuyer à tout moment. 
Clarice, c'est une snob. Un petit bout de bonne femme qui fait attention à sa ligne, sait impeccablement tenir une maison et gère sa vie à la baguette. Sauf lorsqu'il s'agit de son crétin de mari, Richmond qui la trompe avec le moindre derrière remuant venu. Volontiers mesquine, parfois méchante, elle sait reconnaître ses tords et n'hésite pas à aller de l'avant, à s'épanouir pour ressembler plus à son amie Odette qu'elle aime plus que tout. Même si c'est celle avec laquelle j'ai eu le moins d'affinité, Clarice est touchante parce qu'elle exorcise son mal-être dans la pratique du piano et que mine de rien elle évolue.
Barbara Jean enfin - ah que j'aime les Jean et Mae annonciatrices du Sud - malmenée par la vie est sans conteste la plus bouleversante des trois. Entre son mari Lester, de vingt ans son aîné, son passé douloureux, et son amitié indéfectible des suprêmes, Barbara Jean ne pouvait être qu'une femme touchante qu'on aurait envie de réconforte un peu comme la patronne de Minnie Jackson.

L'auteur aime énormément ses héroïnes et nous dépeint leur vie à travers leurs manies, leurs forces et leurs faiblesses. On pleure un peu, on rit beaucoup mais toujours dans la nuance. J'aime assez que le récit soit ramassé, sans trop de fioritures ni de détails inutiles. Pas besoin de tout expliquer au lecteur, on comprend bien où il veut en venir.

Allez, je me tais sinon je risque de trop en dire et ça serait dommage. Si vous aimez les ambiances du Sud des USA, si vous aimez Fannie Flagg et La couleur des sentiments, alors n'hésitez pas. Les suprêmes est un roman adorable, plein de tendresse et d'émotion, plein de rire et de larmes pour passer un très bon moment auprès de ces trois femmes attachantes.

8 commentaires:

summerday a dit…

Celui-ci je pense le lire aussi prochainement ! Là je suis dans un roman israélien, "Amour sur le rivage" de Michael Govrin qui m'embarque bien. Je l'ai débuté à 23h en pensant lire 10 pages maximum et j'en ai avalé plus de 150 !

Karine:) a dit…

Voyons... on dirait que ça ne fonctionne pas! Si tu as ce commentaire en quadruple, efface!

Je disais donc que je venais de cliquer! Je te remercie pour le tuyau!

Perséphone a dit…

@Summerday: je ne connais pas celui dont tu parles mais je pense que tu apprécieras Les suprêmes!
@Karine: message validé une fois. Tu es une championne. Tiens moi au courant. ;-)

Anonyme a dit…

je note ! ça a l'air très intéressant ! Ça me fait que je n'ai pas lu la couleur des sentiments non plus !

Perséphone a dit…

Il faut lire la couleur des sentiments c'est un roman doudou!

isa a dit…

excelletncommentaire! tout ce que vous dites , c’est ce que je ressens aussi... bien vu , bien dit! moi aussi j’adore les romans américains et surtout du Sud! merci d’avoir partagé vos impressions sur ce magnifique livre!

Perséphone a dit…

@Isa: ravie que nous soyons d'accord!!!

Anonyme a dit…

Je suis en train de le lire ! Et je me régale !

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