Résumé: Sin City est une ville infestée de criminels, de flics ripoux et de femmes fatales. Hartigan s'est juré de protéger Nancy, une strip-teaseuse qui l'a fait craquer. Marv, un marginal brutal mais philosophe, part en mission pour venger la mort de son unique véritable amour, Goldie. Dwight est l'amant secret de Shellie. Il passe ses nuits à protéger Gail et les filles des bas quartiers de Jackie Boy, un flic pourri, violent et incontrôlable. Certains ont soif de vengeance, d'autres recherchent leur salut. Bienvenue à Sin City, la ville du vice et du péché. (source)
CASTING
Mickey Rourke ............................................. Marv
Bruce Willis .................................................. Hartigan
Clive Owen .................................................. Dwight
Benicio Del Toro .......................................... Jackie
Jessica Alba .................................................. Nancy Callahan
Devon Aoki .................................................. Miho
Alexis Bledel ................................................ Becky
Alexis Bledel ................................................ Becky
Powers Boothe ............................................. Senateur Roark
Rosario Dawson ........................................... Gail
Carla Gugino ................................................ Lucille
Josh Harnett .................................................. L'homme
Rutger Hauer ................................................ Cardinal Roark
Jaime King .................................................... Goldie / Wendy
Michael Madsen ........................................... Bob
Frank Miller .................................................. le prêtre
Brittany Murphy ........................................... Shellie
Nick Stahl ..................................................... Roark Jr.
Elijah Wood .................................................. Kevin
Je sais, je sais... depuis un moment je ne vous parle que de "vieux" films (oui quand ils commencent à approcher la décennie c'est qu'ils ne sont pas de toute première jeunesse). Il se trouve que je n'ai pas foutu les pieds au cinéma depuis un moment par: 1) manque flagrant d'intérêt pour les films qui sont sortis ces derniers temps, 2) manque de temps (j'arrive déjà à peine à me concentrer sur un livre alors un film...) et 3) il se trouve que je suis dans Battlestar Galactica et une rétrospective Doctor Who. Yes indeed, plutôt busy Persie.
Ce n'est pas pour autant que je vous oublie et il se trouve que l'autre jour, j'étais assise dernière mon écran d'ordinateur, les doigts prêts sur le clavier à vous concocter une nouvelle histoire des aventures de mon incorrigible greffier, quand je me suis dis que j'allais me regarder un film en même temps (contradiction évidente avec ce que je viens d'écrire au-dessus mais oh! je fais ce que je veux, c'est mon blog). Du coup je suis partie dans Sin city et j'ai eu du mal à décrocher.
Sin city est une série de 7 comics de Frank Miller en noir et blanc reprenant tout en les détournant, les codes des polars noirs des années 50. Placée dans une ville tentaculaire corrompue et violente, l'action des comics suit différents destins. La ville de Sin city, à mi-chemin entre Las Vegas et Gottham city, ancre le récit dans une atmosphère particulière où sortir de chez soit équivaut à perdre un bras. Génialissime pour les uns, voyeur et inutilement violent pour les autres, ces comics ne finissent pas de faire parler d'eux.
Pour être parfaitement honnête je n'ai jamais lu un Sin City, je n'en connais que quelques planches qui ont circulé en comparaison avec le film. Si certains d'entre vous s'y connaissent, qu'ils n'hésitent pas à nous parler de l'adaptation, notamment au niveau scénario.
Je dois admettre que sur papier, adapter un comics en noir et blanc et über violent ce n'est pas le plus simple, beaucoup de contraintes pour un rendu incertain. Cependant, avoir l'auteur du comics dans l'équipe de réalisation ça peut aider (encore que...). Rajoutez là-dessus Robert Rodriguez et saupoudrez de Quentin Tarantino et voilà Sin City.
Je pense que je ne m'avance pas des masses en affirmant que le travail sur l'esthétique du film est franchement sublime. Non seulement le rendu est proche des dessins d'origine mais le travail que Miller avait entrepris sur la lumière est tout simplement retranscrit à l'écran par un jeu d'ombre et de brillance du blanc. Le blanc et le noir n'ont jamais été aussi nuancé. Un peu comme ce que fait parfois Tarantino, Miller et Rodriguez jouent, comme dans les comics, avec les couleurs pour souligner un fait ou caractériser un personnage. Ainsi, le Yellow Bastard est bien jaune pétant au milieu du noir et blanc, comme pour accentuer le côté dégueulasse (je n'ai pas d'autre mot, excuse my French) du type. Goldie quant à elle évolue dans un décor rouge, celui des draps et ses cheveux deviennent or, ce qui permet de la même façon de la différencier de sa soeur Wendy qui bien que jumelle de Goldie ne possède pas le petit truc qui a fait craquer Marv.
Des giclées de sang rouge, un éclat bleu ou encore une aura dorée pour renforcer le côté sexy du personnage, je pense notamment à Nancy dans sa danse sur le bar, renforce la narration d'une façon souvent plus subtile qu'un dialogue bien lourd ou qu'une surenchère absurde d'images qui forcent la caractérisation. Cela n'empêche pas d'ailleurs le noir et blanc d'être gerbant (si vous me pardonnez une fois de plus l'expression) et parfois plus choc et violent que la couleur. De ce point de vue là, pas de toute on est sans problème dans l'ambiance comics glauque, polars noir année 50 qui capitalisent sur le sexy des héroïnes et l'environnement urbain hostile.
Cet effet comics est à mon sens renforcé par l'utilisation massive de la voix-off. Souvent celle ci est employée quand on ne sait pas trop comment montrer un bout de scénario et plutôt que de laisser parler les images, on se croit obligé de rajouter une voix (cf. Oblivion qui dans les premières minutes du film nous expose, par le biais de la voix de Tom Cruise, la journée type du personnage pour finalement la remontrer en image juste après. Vous avez dit gâchis de pellicule?). Sauf qu'ici, la voix sert complètement le propos. Toujours dans le comics, la voix off sert de remplacement aux bulles, permettant ainsi aux personnages d'exprimer leur pensée. Ca peut paraître redondant parfois mais j'ai purement adoré être dans la tête des personnages. Combinée à l'image, cette utilisation quasi constante de la voix-off, permet de planter le décor. Toi spectateur, tu es bien dans un comics, dans un univers différent du notre. Etre dans la tête des personnages est aussi une façon de le comprendre et de partager son sort, point de vue intéressant puisqu'au premier abord, ce n'est pas le plus simple. Marv et sa gueule cassée, arrive à nous émouvoir parce qu'on comprend bien pourquoi il est en rogne contre la moitié de la ville tout en ayant un comportement quasi-suicidaire. Dwight reste finalement assez mystérieux sans doute parce qu'il parle finalement plus des autres que de lui-même. Hartigan est le personnage dont on peut être le plus proche, puisqu'il agit dès le début comme un chevalier servant au service de Nancy. Autre fait intéressant de la voix off c'est qu'elle ne fonctionne que pour les hommes. Jamais le spectateur ne rentrera dans la tête des héroïnes "sidekick. C'est un point que j'aborderai plus tard.
Ce qui fait aussi la qualité de la voix-off et même de la narration dans son ensemble, tient incontestablement dans le langage utilisé tout au long du film. Même en français il y a un choix certain sur le ton employé et le vocabulaire. Marv et Hartigan partage se parler cru des banlieues basses de la ville, type titi parisien années 50: "faudrait qu'j't'avoine le museau", "j'ai le palpitant qui déconne" etc. Un style particulier qui aide aussi à donner une personnalité forte ainsi qu'un véritable ton au film. Dwight donne quant à lui dans des tonalités plus lyriques, plus proches des autres personnages de Sin City moins introspective également. Quant à Jackie Boy, il est sans cesse entre deux milieux, comme son personnage.
Uploaded with ImageShack.us Sin city c'est aussi trois histoires (dans la version cinéma, on me souffle dans l'oreillette qu'il y a deux histoires supplémentaires dans les bonus du DVD avec The man) imbriquées les unes dans les autres. La une et la trois notamment se répondent par un jeu de personnages et de criminels. Dans les deux cas, Marv et Hartigan doivent combattre la famille Roark. Si le premier affronte le frère évêque, le second se bat contre le frère sénateur et le fils de ce dernier. Si Nancy sert de lien entre la première histoire et la dernière elle marque aussi un lien avec la seconde, celle de Dwight, grâce à Shelly, la serveuse du bar où Nancy travaille. Cette seconde histoire justement sert finalement de pause dans un récit complexe de jeux de pouvoir à Sin City. Situé dans la vieille ville, l'action change alors de terrain et n'est plus sous la coupe de la police ou de la famille Roark, bien que les prostituées soient impliquées dans l'affaire Goldie/Marv. Histoire exutoire, prétexte à une débauche de violence et de giclée de sang, elle marque à mon sens le problème majeur de ce film (et des comics).
Si j'aime Sin city le film pour ses partis-pris esthétique et d'adaptation, son choix des acteurs et l'écriture du texte, si la violence débridée et le message pro-arme à feu et pro-républicain ne me gêne pas dans la mesure où je prends le parti de mettre tout ça de côté, j'ai un peu plus de mal à passer sous silence le rôle des femmes dans ce film.
Parce que oui, il y a une volonté flagrante chez Miller de retrouver une ambiance années 50 et films noirs. Suffit de regarder le personnage de Goldie pour s'en convaincre...A mon avis, plus proche de l'image de la pin-up vous avez Jessica Rabbit.
Parce que Sin city insiste sur les femmes, bien souvent fatales, il les place au premier plan. Elles sont toujours présentes à chaque histoire et forme un diptyque avec le héros dont elle est toujours le moteur. Marv se met en rogne à la mort de Goldie, dézingue un mec pour Lucille et finit le sale boulot pour Wendy. Dwight donne une bonne leçon à Jackie Boy à cause de Shelly puis pour Gail et ses filles de la vieille ville. Enfin Hartigan ne vit que pour Nancy dont il assure d'une façon où d'une autre la protection. Ce sont elles qui non seulement enclenchent l'action mais la font progresser. Elles servent de liens entre les histoires également et permettent qu'elles se recoupent.
Du coup vous avez envie de me dire: Si elles sont au centre de l'action, Persie pourquoi tu râles?
Je râle parce que tout ça c'est du trompe l'oeil. Oui les nana ont des flingues et sont un des éléments narratifs les plus importants du scénario mais justement elles ne sont que ça: un élément narratif, une jolie façade pour attirer le chaland. Les voix-off sont réservées aux protagonistes masculins. On s'en fout de savoir ce que pense Nancy alors qu'elle fait sa danse du ventre sur le bar, pourtant je suis sûre qu'elle aurait des choses à dire. On s'en fout aussi de savoir ce qu'attend Goldie ou Wendy de Marv à part les mêmes phrases répétées en boucle. Seuls les héros masculins ont le droit de s'entendre parler.
Si elles font bouger le héros, elles n'en restent pas moins finalement que des demoiselles en détresse - armées - attendant que le prince charmant viennent les sauver. Si c'est compréhensible pour Nancy (du moins au début de son histoire), ça l'est beaucoup moins pour Gail. Elle est quand même la chef des prostituées de la vieille ville qui tiennent en respect la police par l'emploi des armes. Mew est une arme sacrément mortelle mais elles ont quand même besoin de Dwight pour régler le problème que représente Jackie Boy. Si nous revenons sur Nancy, certes lorsqu'elle a 11 ans, Hartigan est un véritable héros qui s'explique sans sexisme apparent. Cependant, son comportement dans son histoire (la troisième) nous laisse le personnage, qu'on soupçonnait pourtant fort et affirmé dans les deux premières parties du film, coincé dans son rôle de fillette apeurée ayant besoin de l'Homme Hartigan pour la sauver du méchant Yellow Bastard. Relation d'ailleurs hyper malsaine entre les deux puisque la gamine de onze ans fini par tomber amoureuse de son sauveur, alors même que celui là la voit comme une fille avant de se rendre compte qu'elle a dix neuf ans et des pensées largement moins pures qu'une gamine de onze ans.
La vieille ville est vraiment synonyme pour moi de l'hypocrisie de ce traitement. On nous signale qu'il s'agit du domaine des femmes, que ce sont elles qui font la loi dans ces bas-fonds, droits qu'elles ont gagné de haute lutte contre la police et la mafia. Sur papier c'est nickel, en plus elles sont armées, elles assurent leur sécurité donc elles sont indépendantes. Or, nous parlons quand même de prostituées qui gagnent leur vie en vendant leur corps aux hommes. Je n'appelle pas vraiment ça de l'émancipation. Encore moins quand Dwight est émerveillé (émoustillé) de voir Gail fusiller à tour de bras de façon quasi-orgasmique: "ma Walkyrie". Entre la possession et le fantasme masculin qu'elle engendre, paye ton cliché Mr Miller. Si dans le texte, ces femmes là sont indépendantes et fortes, la relation qu'elles entretiennent à leur corps et que les personnages masculins ressentent est totalement biaisée.
C'est bien ça ce qui m'embête dans ce film, le corps féminin est avant tout un objet de fantasme pour le spectateur masculin, une jolie vitrine. La nudité féminine ne me gêne pas si elle est bien employée. Ainsi les scènes de Goldie me dérangent beaucoup moins que le commentaire sur Lucille "elle est gouine, avec un corps pareil elle pourrait se taper qui elle veut, va comprendre". Paye ta lesbophobie. *facepalm* Quant à Nancy, vous ne me direz pas que ce n'est pas pour se rincer l'oeil sur Jessica Alba (tapez Sin city gif sur google...éloquent, 70% des images sont celles des danses de Nancy).
J'en entends certains me dire Ouais bon d'accord, Nancy et Lucille on veut bien admettre c'est gonflé, mais les prostituées de la vieille ville ça se justifie non?
Mouaif...vous sentez le ton convaincu? Je persiste à penser que le choix des costumes est dans la lignée des "babes" dénudées de l'univers Miller (entendons nous bien, il s'agit toujours de l'adaptation des comics, donc le film n'est pas responsable à 100%). Wendy et Goldie sont en robe longue à plusieurs reprise, Becky est en pantalon et Mew est complètement couverte. Pas trop de poitrines, de fesses ou de cuisses pour celles-là. Pourquoi se rattraper en mettant toutes les autres à poil? On se le demande...presque.
J'aime beaucoup ce film malgré ce gros défaut que j'impute quand même plus volontiers à l'univers de Miller qu'à la réalisation de Rodriguez en elle-même. Il s'agit d'une adaptation de comics dans ses bons et mauvais côtés je suppose. Sauf si vous êtes allergiques à la violence débridée type Tarantino (qui réalise d'ailleurs la scène de voiture - normal - dans l'histoire de Dwight), je vous le recommande rien que pour l'esthétique globale du film et sa réflexion sur le milieu urbain. Oui Sin city c'est un film mais aussi un personnage à part entière finalement puisqu'elle définit nos héros et leur vision du monde.
Bon film!
Ce n'est pas pour autant que je vous oublie et il se trouve que l'autre jour, j'étais assise dernière mon écran d'ordinateur, les doigts prêts sur le clavier à vous concocter une nouvelle histoire des aventures de mon incorrigible greffier, quand je me suis dis que j'allais me regarder un film en même temps (contradiction évidente avec ce que je viens d'écrire au-dessus mais oh! je fais ce que je veux, c'est mon blog). Du coup je suis partie dans Sin city et j'ai eu du mal à décrocher.
Pour être parfaitement honnête je n'ai jamais lu un Sin City, je n'en connais que quelques planches qui ont circulé en comparaison avec le film. Si certains d'entre vous s'y connaissent, qu'ils n'hésitent pas à nous parler de l'adaptation, notamment au niveau scénario.
Je dois admettre que sur papier, adapter un comics en noir et blanc et über violent ce n'est pas le plus simple, beaucoup de contraintes pour un rendu incertain. Cependant, avoir l'auteur du comics dans l'équipe de réalisation ça peut aider (encore que...). Rajoutez là-dessus Robert Rodriguez et saupoudrez de Quentin Tarantino et voilà Sin City.
Je pense que je ne m'avance pas des masses en affirmant que le travail sur l'esthétique du film est franchement sublime. Non seulement le rendu est proche des dessins d'origine mais le travail que Miller avait entrepris sur la lumière est tout simplement retranscrit à l'écran par un jeu d'ombre et de brillance du blanc. Le blanc et le noir n'ont jamais été aussi nuancé. Un peu comme ce que fait parfois Tarantino, Miller et Rodriguez jouent, comme dans les comics, avec les couleurs pour souligner un fait ou caractériser un personnage. Ainsi, le Yellow Bastard est bien jaune pétant au milieu du noir et blanc, comme pour accentuer le côté dégueulasse (je n'ai pas d'autre mot, excuse my French) du type. Goldie quant à elle évolue dans un décor rouge, celui des draps et ses cheveux deviennent or, ce qui permet de la même façon de la différencier de sa soeur Wendy qui bien que jumelle de Goldie ne possède pas le petit truc qui a fait craquer Marv.
Des giclées de sang rouge, un éclat bleu ou encore une aura dorée pour renforcer le côté sexy du personnage, je pense notamment à Nancy dans sa danse sur le bar, renforce la narration d'une façon souvent plus subtile qu'un dialogue bien lourd ou qu'une surenchère absurde d'images qui forcent la caractérisation. Cela n'empêche pas d'ailleurs le noir et blanc d'être gerbant (si vous me pardonnez une fois de plus l'expression) et parfois plus choc et violent que la couleur. De ce point de vue là, pas de toute on est sans problème dans l'ambiance comics glauque, polars noir année 50 qui capitalisent sur le sexy des héroïnes et l'environnement urbain hostile.
Cet effet comics est à mon sens renforcé par l'utilisation massive de la voix-off. Souvent celle ci est employée quand on ne sait pas trop comment montrer un bout de scénario et plutôt que de laisser parler les images, on se croit obligé de rajouter une voix (cf. Oblivion qui dans les premières minutes du film nous expose, par le biais de la voix de Tom Cruise, la journée type du personnage pour finalement la remontrer en image juste après. Vous avez dit gâchis de pellicule?). Sauf qu'ici, la voix sert complètement le propos. Toujours dans le comics, la voix off sert de remplacement aux bulles, permettant ainsi aux personnages d'exprimer leur pensée. Ca peut paraître redondant parfois mais j'ai purement adoré être dans la tête des personnages. Combinée à l'image, cette utilisation quasi constante de la voix-off, permet de planter le décor. Toi spectateur, tu es bien dans un comics, dans un univers différent du notre. Etre dans la tête des personnages est aussi une façon de le comprendre et de partager son sort, point de vue intéressant puisqu'au premier abord, ce n'est pas le plus simple. Marv et sa gueule cassée, arrive à nous émouvoir parce qu'on comprend bien pourquoi il est en rogne contre la moitié de la ville tout en ayant un comportement quasi-suicidaire. Dwight reste finalement assez mystérieux sans doute parce qu'il parle finalement plus des autres que de lui-même. Hartigan est le personnage dont on peut être le plus proche, puisqu'il agit dès le début comme un chevalier servant au service de Nancy. Autre fait intéressant de la voix off c'est qu'elle ne fonctionne que pour les hommes. Jamais le spectateur ne rentrera dans la tête des héroïnes "sidekick. C'est un point que j'aborderai plus tard.
Ce qui fait aussi la qualité de la voix-off et même de la narration dans son ensemble, tient incontestablement dans le langage utilisé tout au long du film. Même en français il y a un choix certain sur le ton employé et le vocabulaire. Marv et Hartigan partage se parler cru des banlieues basses de la ville, type titi parisien années 50: "faudrait qu'j't'avoine le museau", "j'ai le palpitant qui déconne" etc. Un style particulier qui aide aussi à donner une personnalité forte ainsi qu'un véritable ton au film. Dwight donne quant à lui dans des tonalités plus lyriques, plus proches des autres personnages de Sin City moins introspective également. Quant à Jackie Boy, il est sans cesse entre deux milieux, comme son personnage.
Uploaded with ImageShack.us Sin city c'est aussi trois histoires (dans la version cinéma, on me souffle dans l'oreillette qu'il y a deux histoires supplémentaires dans les bonus du DVD avec The man) imbriquées les unes dans les autres. La une et la trois notamment se répondent par un jeu de personnages et de criminels. Dans les deux cas, Marv et Hartigan doivent combattre la famille Roark. Si le premier affronte le frère évêque, le second se bat contre le frère sénateur et le fils de ce dernier. Si Nancy sert de lien entre la première histoire et la dernière elle marque aussi un lien avec la seconde, celle de Dwight, grâce à Shelly, la serveuse du bar où Nancy travaille. Cette seconde histoire justement sert finalement de pause dans un récit complexe de jeux de pouvoir à Sin City. Situé dans la vieille ville, l'action change alors de terrain et n'est plus sous la coupe de la police ou de la famille Roark, bien que les prostituées soient impliquées dans l'affaire Goldie/Marv. Histoire exutoire, prétexte à une débauche de violence et de giclée de sang, elle marque à mon sens le problème majeur de ce film (et des comics).
Si j'aime Sin city le film pour ses partis-pris esthétique et d'adaptation, son choix des acteurs et l'écriture du texte, si la violence débridée et le message pro-arme à feu et pro-républicain ne me gêne pas dans la mesure où je prends le parti de mettre tout ça de côté, j'ai un peu plus de mal à passer sous silence le rôle des femmes dans ce film.
Parce que oui, il y a une volonté flagrante chez Miller de retrouver une ambiance années 50 et films noirs. Suffit de regarder le personnage de Goldie pour s'en convaincre...A mon avis, plus proche de l'image de la pin-up vous avez Jessica Rabbit.
Du coup vous avez envie de me dire: Si elles sont au centre de l'action, Persie pourquoi tu râles?
Je râle parce que tout ça c'est du trompe l'oeil. Oui les nana ont des flingues et sont un des éléments narratifs les plus importants du scénario mais justement elles ne sont que ça: un élément narratif, une jolie façade pour attirer le chaland. Les voix-off sont réservées aux protagonistes masculins. On s'en fout de savoir ce que pense Nancy alors qu'elle fait sa danse du ventre sur le bar, pourtant je suis sûre qu'elle aurait des choses à dire. On s'en fout aussi de savoir ce qu'attend Goldie ou Wendy de Marv à part les mêmes phrases répétées en boucle. Seuls les héros masculins ont le droit de s'entendre parler.
Si elles font bouger le héros, elles n'en restent pas moins finalement que des demoiselles en détresse - armées - attendant que le prince charmant viennent les sauver. Si c'est compréhensible pour Nancy (du moins au début de son histoire), ça l'est beaucoup moins pour Gail. Elle est quand même la chef des prostituées de la vieille ville qui tiennent en respect la police par l'emploi des armes. Mew est une arme sacrément mortelle mais elles ont quand même besoin de Dwight pour régler le problème que représente Jackie Boy. Si nous revenons sur Nancy, certes lorsqu'elle a 11 ans, Hartigan est un véritable héros qui s'explique sans sexisme apparent. Cependant, son comportement dans son histoire (la troisième) nous laisse le personnage, qu'on soupçonnait pourtant fort et affirmé dans les deux premières parties du film, coincé dans son rôle de fillette apeurée ayant besoin de l'Homme Hartigan pour la sauver du méchant Yellow Bastard. Relation d'ailleurs hyper malsaine entre les deux puisque la gamine de onze ans fini par tomber amoureuse de son sauveur, alors même que celui là la voit comme une fille avant de se rendre compte qu'elle a dix neuf ans et des pensées largement moins pures qu'une gamine de onze ans.
La vieille ville est vraiment synonyme pour moi de l'hypocrisie de ce traitement. On nous signale qu'il s'agit du domaine des femmes, que ce sont elles qui font la loi dans ces bas-fonds, droits qu'elles ont gagné de haute lutte contre la police et la mafia. Sur papier c'est nickel, en plus elles sont armées, elles assurent leur sécurité donc elles sont indépendantes. Or, nous parlons quand même de prostituées qui gagnent leur vie en vendant leur corps aux hommes. Je n'appelle pas vraiment ça de l'émancipation. Encore moins quand Dwight est émerveillé (émoustillé) de voir Gail fusiller à tour de bras de façon quasi-orgasmique: "ma Walkyrie". Entre la possession et le fantasme masculin qu'elle engendre, paye ton cliché Mr Miller. Si dans le texte, ces femmes là sont indépendantes et fortes, la relation qu'elles entretiennent à leur corps et que les personnages masculins ressentent est totalement biaisée.
C'est bien ça ce qui m'embête dans ce film, le corps féminin est avant tout un objet de fantasme pour le spectateur masculin, une jolie vitrine. La nudité féminine ne me gêne pas si elle est bien employée. Ainsi les scènes de Goldie me dérangent beaucoup moins que le commentaire sur Lucille "elle est gouine, avec un corps pareil elle pourrait se taper qui elle veut, va comprendre". Paye ta lesbophobie. *facepalm* Quant à Nancy, vous ne me direz pas que ce n'est pas pour se rincer l'oeil sur Jessica Alba (tapez Sin city gif sur google...éloquent, 70% des images sont celles des danses de Nancy).
You see what I mean right? |
Mouaif...vous sentez le ton convaincu? Je persiste à penser que le choix des costumes est dans la lignée des "babes" dénudées de l'univers Miller (entendons nous bien, il s'agit toujours de l'adaptation des comics, donc le film n'est pas responsable à 100%). Wendy et Goldie sont en robe longue à plusieurs reprise, Becky est en pantalon et Mew est complètement couverte. Pas trop de poitrines, de fesses ou de cuisses pour celles-là. Pourquoi se rattraper en mettant toutes les autres à poil? On se le demande...presque.
J'aime beaucoup ce film malgré ce gros défaut que j'impute quand même plus volontiers à l'univers de Miller qu'à la réalisation de Rodriguez en elle-même. Il s'agit d'une adaptation de comics dans ses bons et mauvais côtés je suppose. Sauf si vous êtes allergiques à la violence débridée type Tarantino (qui réalise d'ailleurs la scène de voiture - normal - dans l'histoire de Dwight), je vous le recommande rien que pour l'esthétique globale du film et sa réflexion sur le milieu urbain. Oui Sin city c'est un film mais aussi un personnage à part entière finalement puisqu'elle définit nos héros et leur vision du monde.
Bon film!
5 commentaires:
Franck Miller est en effet connu pour son amour des armes, de la violence et des femmes objets (remember la reine spartiate de "300" dont le seul pouvoir s'active à l'horizontale, et encore...).
Après, le film de Rodriguez me sort un peu par les yeux je dois avouer. Je le trouve, à l'image de la filmo de Rodriguez, très poseur, et si visuellement, le rendu est très souvent beau, il a aussi tendance à faire exploser le gros défaut de Rodriguez : il a un bout d'amarrage dans la main.
A part mettre en mouvement un comics en faisant bouger des acteurs comme les mecs dans les cases, il n'y a aucun projet dans "Sin City", aucune vision, rien qu'un décalque de l’œuvre d'origine. A croire que le mot "adaptation" ne lui parlait pas. A croire que les contrastes tranchés étaient une fin en soi quand ils ne sont qu'un choix de narration. Rodriguez oublie totalement de faire les siens et d'exploiter son medium.
Après, le mec est connu pour passer son temps à jouer à la console en tournage...
Il réalise là un exercice de non-style similaire à celui de Zack Snyder dans "Watchmen", utilisant le comic comme un story board.
La faute peut-être aussi à Miller qui co-réalise et qui n'a sans doute pas laissé à Rodriguez de réelle marge de manœuvre.
Au fond, l'ensemble s'apparente plus à une campagne de promotion du comics(merci le casting, et la sélection à Cannes), quand bien même l'exercice est vain.
L'avantage d'avoir Miller comme co-réalisateur par contre, c'est qu'il ne laissera rien être édulcoré de son œuvre d'origine. Quand on voit les pudeurs de collégiennes du dernier "Kick Ass", pour ne citer que cet exemple d'adaptation de comics ultra allégée question violence, on peut s'estimer heureux.
En gros, Rodriguez laisse Miller lui fournir l'histoire, assurer toute la mise en place du film, se pointe sur le plateau pour jouer un peu à Guitar Hero et s'en va glander sur son prochain film.
Mais visuellement, ça reste un joli travail graphique. Comme le comics, quoi.
"La faute peut-être aussi à Miller qui co-réalise et qui n'a sans doute pas laissé à Rodriguez de réelle marge de manœuvre.
Au fond, l'ensemble s'apparente plus à une campagne de promotion du comics(merci le casting, et la sélection à Cannes), quand bien même l'exercice est vain.
L'avantage d'avoir Miller comme co-réalisateur par contre, c'est qu'il ne laissera rien être édulcoré de son œuvre d'origine."
C'est exactement ce que j'allais te dire! C'est l'avantage et l'inconvénient d'avoir l'auteur dans son équipe je suppose.
Perso je n'ai pas lu les comics donc j'ai du mal à juger comme toi du côté adaptation/prise de risque. Ca me choque peu du coup, mes yeux ont plus l'impression de voir quelque chose d'original. C'est sûr que si tu attends plus qu'une mise en image du comics tu peux être déçue. A ton avis, il aurait fallu quoi pour que cela dépasse cette pure intention d'adaptation?
Après l'avoir revu et "analysé" plus en profondeur que lors de mes premiers visionnages je pense que l'univers de Miller n'est pas des masses faits pour moi. Le second volet est prévu en 2014 mais c'est la même équipe au programme.
Pour dépasser l'aspect décalque, il aurait déjà fallu renoncer à rependre le style graphique de Miller, en conservant pourquoi pas certains gimmicks comme le noir et blanc. Et peut-être aussi rechercher une esthétique plus proche de l'inspiration de Miller pour les films noirs des '70.
L'histoire et les personnages de Miller sont suffisamment forts pour survivre sans problème hors de la représentation qu'il en a fait.
Le hic ici c'est que Rodriguez se concentre exclusivement sur la forme, pensant qu'elle est l'alpha et l'omega de la création artistique : monumentale erreur.
J'ai lu le premier tome de Sin City, mais je n'ai pas vu le film. Mon conjoint le possède à la maison, mais je n'ose y jeter un œil. Pourquoi? À cause que la misogynie et le racisme des oeuvre de Miller me rebute beaucoup. J'ai été dégoûter en regardant le film 300. J'ai peur de la même réaction de ma part... Dis-moi, comment fais-tu pour dissocier l'oeuvre de l'artiste? Je dois avouer que j 'ai du mal à le faire. >_<'
Dissocier l'oeuvre et l'artiste est sans doute vital même si c'est très dur. Si les auteurs devaient être irréprochables, il faudrait foutre au feu plus de 50% de la production artistique j'en ai peur. Après je suis historienne, peut-être que ma formation m'a aidée à justement faire le tri. Je n'ai pas lu Sin City j'ai découvert le film et j'avoue que j'ai beaucoup aimé l'esthétique. La violence au cinéma ne me dérange mais j'avoue que la misogynie latente (parce qu'elle n'est pas clairement exposée et c'est peut-être ce qu'on peut lui reprocher le plus) du film m'a beaucoup dérangée. Je ne te le conseille pas dans ce cas.
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