Cheshire: du moment qu'elle ne se met pas à chanter...nous sommes saufs.
Ahem...je disais donc théâtre et opéra parce que j'ai la chance d'être dans le sud de la France l'été et dans une région fort riche en festival de tout poil, j'ai nommé le Vaucluse.
Comme chaque été depuis maintenant soixante sept ans, se déroule le Festival d'Avignon, un festival de théâtre séparé en In ("l'officiel" organisé dans la cour d'honneur du Palais des Papes) et en Off ("l'officieux" festival hautement bordélique, parfois amateur qui investit littéralement la ville). Je suis une grande adepte du Festival Off où j'essaye d'aller tous les ans au moins une fois et j'ai pu y voir déjà de superbes producteurs, certaines par des troupes professionnelles, d'autres amateurs. Bon le off c'est aussi le pire comme le meilleur et surtout près de 1200 spectacles cette année de théâtre, d'humour ou de danse. La ville devient folle en juillet, on croise des artistes à chaque coin de rue, des spectacles sauvages ou autres démonstrations d'extraits de spectacle à aller voir. J'adore Avignon pendant le festival. Ca grouille de monde, il y a une ferveur et une agitation que l'on ne voit nulle part ailleurs et la ville disparait, littéralement engloutie sous les affiches! Si vous avez l'occasion d'y aller une fois dans votre vie, n'hésitez pas. Il y en a pour tous les goûts du très classique à l'ultra contemporain, des anonymes, amateurs, professionnels ou bien encore acteurs connus. Bien sûr il y a aussi le In qui a une programmation internationale et plus pointue qui ravira sûrement les aficionados du théâtre contemporain et d'avant-garde. A tester là aussi au moins une fois, ne serait-ce que pour le cadre, la cour d'honneur du Palais des Papes, merveille du XIIIe-XIVe siècle.
Une rue d'Avignon pendant le festival. Il y a quelques affiches non? |
Le Théâtre du Kronope est une compagnie professionnelle créée en 1983 qui utilise "le masque de théâtre permet de mettre en résonance le mot et le corps de l’acteur" (source).
Résumé: Pontagnac, coureur invétéré de jupons, suit Lucienne jusque chez elle où il lui fait des avances. Soudain surgit le mari, qui n'est qu'autre que Vatelin, un de ses amis. L'affaire s'arrange entre les protagonistes, Vatelin connaissant Pontagnac lui pardonne. Redill on et Pontagnac essayent de faire pencher Lucienne en faveur de l'adultère. Celle-ci dit qu'elle ne trompera son mari que le jour où lui-même la trompera. Un évènement imprévu va alors semer la zizanie : Maggy, une ancienne maîtresse de Vatelin, débarque chez lui…
Une mise en scène de Guy Simon avec Martine Baudry, Loïc Beauché, Anaïs Richetta, Guy Simon, Jérôme Simon.
"Au coeur d'un labyrinthe rendu drôle et inquiétant, 5 comédiens se partagent une vingtaine de rôles. Des personnages masqués se suivent, se croisent et s'emmêlent dans une mécanique diabolique. Leurs comportements absurdes participent d'un imaginaire où des situations banales se transforment en véritable folie rocambolesques."
De gauche à droite: Redillon, Pontagnac et Vatelin |
Il n'y avait pas de décors, seulement 4 boîtes en métal toutes simples, qui s'ouvre des deux côtés, montées sur roulettes. En les déplaçant partout sur la scène ils créent des ambiances, des scènes différentes: ici le salon des Vatelin, là l'hôtel. Les 5 premières minutes étaient assez pertubantes, on ne comprenait pas trop le but ni le côté exagéré du jeu des comédiens mais la surprise passée, on rentre très bien dans l'intrigue.
Je me suis vraiment beaucoup amusée, j'ai trouvé la mise en scène originale et efficace, les masques une excellente idée et vraiment la performance des acteurs très bien. On sent un réel investissement. Le théâtre de Kronope est une troupe que je vais suivre si je peux revenir l'année prochaine!
Mais je ne me suis pas arrêtée là. J'ai eu la chance d'assister aux deux représentations des opéras des Chorégies d'Orange: Le vaisseau fantôme de Wagner et Le Bal Masqué de Verdi.
source |
Les Chorégies sont un festival d'art lyrique qui a investi le théâtre antique (le théâtre le mieux conservé d'Europe avec un mur de scène intact) depuis 1869. En 1971 sous le nom de "Nouvelles Chorégies", le festival prend sa forme actuelle. Les Chorégies viennent du grec chorèges qui marquait l'obligation pour les citoyens grecs aisés soit d'armer une trière (bateau de combat) soit de se faire mécène d'une saison théâtrale, d'être un chorège.
Der Fliegende Holländer (Le Vaisseau Fantôme) est un opéra en trois actes de Richard Wagner composé en 1843. Les Chorégies d'Orange ont décidé de donner du Wagner pour la première fois depuis 1987 dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Wagner.
Crédit photos: Sébastien Sallé |
PRODUCTION
Direction musicale: Mikko Franck
Mise en scène: Charles Roubaud
Scénographie: Emmanuelle Favre
Costumes: Katia Duflot
Eclairages: Jacques Rouveyrollis
Vidéo: Marie-Jeanne Gauthé
CHANTEURS
Ann Petersen.................................Senta
Marie-Ange Todorovitch ..............Mary
Egils Silins ....................................Der Holländer
Stephen Milling.............................Daland
Endrick Wottrich...........................Erik
Steve Davislim..............................Der Steuermann
Orchestre Philharmonique de Radio France et Chœurs des Opéras de Région.
Crédit photos: Sébastien Sallé |
Crédit photos: Sébastien Sallé |
J'ai véritablement adoré le premier acte qui se compose de plusieurs scènes de groupe où les marins (choeurs) rentrent au port. Stephen Milling (Daland) est un incroyable géant! Près de deux mètres. Vous allez me demander comment je le sais? Tout simplement parce que mon petit frère qui fait son 1m90 était figurant dans le spectacle (il était beau en matelot, si si je vous jure) et que j'ai une photo qui prouve que mon frère est minuscule à côté de ce chanteur!! J'ai aimé sa prestance scénique et ces tableaux de groupe. Egils Silins qui joue le rôle du Hollandais avait un charisme fou sur scène et il fait un excellent matelot maudit. Je n'ai rien de particulier à dire sur l'interprétation des chanteurs autre que j'ai aimé leur prestation.
L'acte deux en revanche a été une torture. Je l'avoue j'ai trouvé ce deuxième acte horriblement long! Ce ne sont que des duos qui n'en finissent pas et la musique a beau être belle j'ai trouvé l'ensemble interminable à l'exception de l'ouverture de l'acte II, qui se trouve être un choeur de femme que là j'ai trouvé superbe.
L'acte III est à contrario beaucoup plus court et passe très bien, il passe d'autant plus que les personnages ne mettent pas cinquante ans à mourir comme dans certains opéras italiens.
De l'ensemble musical je garde un souvenir mitigé donc, un acte I et III vraiment marquant, un début d'acte II que je réentendrai avec plaisir mais une langueur interminable pendant une partie de l'opéra. Comme je ne parle ni l'allemand, ni l'italien j'ai l'habitude de ne pas comprendre ce qu'ils chantent et ça en revanche ça ne me dérange pas. J'aurai apprécié un entracte même si je comprends que couper l'opéra aurait été très compliqué.
Crédit photos: Sébastien Sallé |
Petit documentaire sur l'opéra, filmé pendant la colonel, répétition en costumes partiels (à ne pas manquer!)
Je suis un peu déçue que Wagner ne soit pas plus populaire en France, qu'il souffre d'une mauvaise image de lourdeur quand ce n'est pas un stupide point godwin...J'étais heureuse de découvrir mon premier opéra wagnérien aux Chorégies, dans un décors somptueux.
Un Ballo in Maschera (Un Bal Masqué) est un opéra en trois actes de Verdi produit par les Chorégies dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Verdi . C'est la première fois qu'Un Bal Masqué se produit à Orange. Les noms du livret on été censuré dans leur version original, il s'agit ici des seconds, choisis après la censure.
Crédit photos: Sébastien Sallé |
Arrivés au bal les conjurés cherchent à savoir comment est déguisé le roi. Ils demandent alors à Oscar qui refuse avant d'accepter. Amelia tente une dernière fois de convaincre Riccardo de partir mais celui-ci reste et est abattu par Renato. Riccardo, avant de mourir, pardonne à son ami et lui assure de la fidélité de sa femme.
Crédit photos: Sébastien Sallé |
Direction musicale: Alain Altinoglu
Mise en scène: Jean-Claude Auvray
Scénographie: Rudy Sabounghi
Costumes: Katia Duflot
Éclairages: Laurent Castaingt
Chorégraphie: Béatrice Massin
CHANTEURS
Kristin Lewis.......................................Amelia
Sylvie Brunet-Grupposo......................Ulrica
Anne-Catherine Gillet .........................Oscar
Ramón Vargas.....................................Riccardo (Gustave roi de Suède)
Lucio Gallo..........................................Renato
Nicolas Courjal....................................Samuel
Jean Teitgen.........................................Tom
Paul Kong ............................................Silvano
Orchestre National Bordeaux-Aquitaine , Chœurs des Opéras de Région et Compagnie Fêtes Galantes.
Crédit photos: Sébastien Sallé |
J'ai adoré l'acte I et le dernier tableau de l'acte III que j'écoute en boucle depuis jeudi dernier! Vraiment rien à voir avec Nabucco ou Aïda que je déteste! Plus jamais je ne vais les voir ces deux opéras là, j'en aurai pleuré d'ennuie. Ici, la musique passe toute seule. Kristin Lewis est une très belle femme et ça m'a plu de voir une cantatrice noire américaine choisie pour le rôle principal, on n'en voit trop peu en Europe. Sylvie Brunet-Grupposo était très bien en Ulrica avec une très belle voix profonde qui rend bien le personnage un peu spécial de la diseuse de bonne aventure. Si j'ai trouvé le ténor principal Ramon Vargos tout à fait juste dans le rôle, je n'ai pas du tout aimé la prestation de Lucio Gallo qui avait un jeu de scène affreux! Il était tout droit et rigide, prenant sa respiration de façon ostensible et moche avant une poussée de voix. Ce n'est franchement pas le meilleur jeu que j'ai eu l'occasion de voir.
Crédit photos: Sébastien Sallé |
Autre coup de coeur: Nicolas Courjal, jeune baryton français que j'ADORE! Il est fou, barré, il cabotine sur scène et j'adore ça. Un extrait? Voici l'Italienne à Alger "Che muso, Che figuro", ça vous donnera une idée du personnage. Bonus, j'adore sa voix....bien évidemment.
Comme toujours chez Verdi l'acte II était un peu plus long mais l'ensemble était vraiment très plaisant et je n'ai pas vu passer ces presque 3h de spectacle.
Alors voila, c'est trop tard pour le Dindon et Wagner, mais vous pourrez voir Un Bal Masqué mardi soir en direct depuis les chorégies, alors n'hésitez pas! Regardez. Moi je vous laisse avec un peu de musique et le morceau de l'Acte I, le rôle d'Oscar bien évidemment!
Et VIVA L'OPERA!
2 commentaires:
"Wagner a de beaux moments, mais d'affreux quarts d'heure." Rossini
Tu vois, tu n'es pas la seule. Quant à moi, j'ai toujours trouvé que la musique de Wagner avait quelque chose de magnétique qui nous emporte bien malgré nous. Cela dit, pour être tout à fait honnête, un opéra de Wagner je l'écoute entièrement une fois, pas deux... après je me concentre sur les "beaux moments". Je ne trouve pas que sa musique soit sous-représentée en France. C'est sûrement le cas dans un festival comme celui d'Orange, mais pas spécialement dans les saisons des théâtres ou des opéras. Je le plains beaucoup moins que d'autres compositeurs dont j'aimerais entendre la musique en France, comme Vaughan Williams ou Albéric Magnard. Mais là je crois que je peux rêver.
P.S. : et Cheshire, il s'est endormi ?
Au Tintinophile: non je ne suis pas la seule je sais bien. Je trouve aussi qu'il y a de superbes morceaux chez Wagner mais qu'un opéra entier c'est un peu lourd. Il n'est peut-être pas sous-représenté (à Orange si clairement) mais je trouve qu'il a mauvaise réputation le pauvre. Quant à vaughan Williams...je suis véritablement d'accord :p
Quant à Cheshire...je crois bien que le chafouin a misérablement piqué du nez à l'acte II de Wagner...Bad Bad Cat!
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