Après avoir choqué tout le monde par ses boutades lors de la première triomphale de l'Evantail de Lady Windermere, le voici qui propose à ses amis une curieuse activité pour les distraire: le jeu de la mort. Chacun inscrit sur une feuille de papier le nom de la victime de son choix et aux participants de deviner qui veut tuer qui. Mais quand la mort commence à frapper les victimes potentielles dans l'ordre exact dans lequel elles ont été tirés, le drame succède à la comédie. Flanqué de son fidèle ami Robert Sherard et assisté par Arthur Conan Doyle, Bram Stocker et le peintre Walter Sickert, Wilde mène une enquête avec plus de zèle que jamais...Car son nom et surtout celui de Constance, sa femme, figurent sur la liste funèbre.
Avec le Jeu de la mort, Gyles Brandreth récidive pour une nouvelle intrigue Wildienne qui pourrait aisément concurrencer un très bon Sherlock Holmes. Ce second opus surpasse aisément le premier par une intrigue beaucoup plus prenante et de nouveaux personnages hauts en couleur.
Parmi ces derniers, nous retrouvons bien sûr Robert Sherard et Conan Doyle et nous faisons la connaissance de Bram Stocker, papa de Dracula, le peintre Walter Sickert mais aussi les frères Douglas dont le fameux et tristement célèbre Alfred "bosie" Douglas, fils de Lord Queensberry. Cercle d'amis fidèle et admiratif de Wilde, nous découvrons avec plaisir plusieurs anecdotes joyeuses, tant sur le dandy que sur ses amis, comme le fait que Bram Stocker ait épousé le premier amour d'Oscar et que celui-ci considérait Dracula comme le plus beau roman du siècle.
La chère Constance Wilde prend également une place nouvelle, courtisée par plusieurs amis de Wilde, elle est la cible de toutes les attentions et de toutes les protections car elle aussi est menacée.
Nous retrouvons également le Londres des années 1880-1890 dans sa splendeur et ses horreurs. L'intrigue est particulièrement prenante, rappelant un peu les Dix petits nègres d'Agatha Christie. De meutres en disparitions nous nous demandons qui peut bien avoir l'audace d'exécuter ce tour macabre. Et qui a désigné Oscar? Qui a désigné Constance? Autant de questions qui nous tiennent en haleine jusqu'à la dernière page.
Hommage délicieux au grand homme, cette saga nous offre un portrait en profondeur de la personnalité du plus célèbre des dandy, ses qualités d'observations et son sens aigu de la répartie. Le trio qu'il forme avec Robert Sherard et Conan Doyle est attachant, et subtile.
Un beau roman offert à Oscar Wilde, l'un des hommes les plus brillants de son siècle.
Critique de Gabriel sur le blog Children of the Night