dimanche 2 décembre 2012

"Last night I dreamt I went to Cheshireland again"

Résumé de l'épisode précédent: Après avoir mis la ville Troie à feu et à sang (à son corps défendant, entendons-nous bien), Cheshire a trouvé refuge auprès d'une jeunette épouse de l'imposant Mr de Winter. 

J'étais tombé sur cette jeune fille à Monte Carlo alors que j'avais décidé de reprendre quelques couleurs. Non vraiment, ce n'est pas que je n'aime pas l'Angleterre voyez-vous, mais ma chère patrie n'est pas réputée pour son climat et après mon passage en Grèce, je n'avais pas envie de retrouver la grisaille londonienne. Il faudra d'ailleurs que je vous parle d'Anna Karenine et de la Russie mais cela nous entrainerait trop loin. Revenons à nos moutons, vous me faites digresser. Je vous disais donc que j'ai rencontré cette jeune fille à Monte Carlo où je prenais le soleil. Ce pauvre petit coucou me faisait peine pour être honnête. Fluette et très discrète (oserai-je dire, le contraire d'une certaine P. ?), elle travaillait pour une horrible bonne femme, une vieille bique, une Mrs Van machin. 
Vous me connaissez, je suis positivement incapable de résister à une jeune fille en détresse (à une jeune fille tout court me direz-vous), c'est mon côté chevalier servant....à moins que ce ne soit l'éducation de Persie, elle tente de faire de moi un chafouin bien élevé....dans le doute, nous dirons que je suis un gentleman. Du coup, j'ai tenté de divertir le pauvre petit moineau : je l'ai laissé me tirer le portrait au bord de la mer, je lui ai raconté mes voyages, mes batailles avec Cyrano de Bergerac, ma victoire contre une Blanche-neige malveillante et mon exploration de l'Egypte (climat beaucoup trop sec si vous voulez mon avis). Vraiment, nous étions bien ensemble. Gratouilles gratuites et petits biscuits en douce, que demander de plus? 

Enfin, ça c'était avant que Maximilien de Winter n'arrive. Mesdames, pas la peine de tomber en pâmoison! Je sais que cet homme est beau comme un Clark Gable. Que peut faire un pauvre matou comme moi pour lutter contre lui? Pas grand chose me direz-vous et c'est la plus exacte vérité mais j'ai plus d'une corde à mon arc. Il n'y a pas de quoi se laisser abattre et j'étais bien décidé à ne pas me faire planter là.
J'ai commencé par faire les yeux doux, je me suis frotté contre quelques jambes puis je me suis roulé par terre et pour finir j'ai pleuré mais, victoire, ils m'ont emmené avec eux! Enfin...je me suis caché dans leurs bagages mais c'est juste une différence de sémantique non? Vous êtes sûrs? Oh et puis flûte, je n'éprouve ni regret ni remord. Je n'ai pas été écrit comme ça de toute façon, pour toutes réclamations, contactez l'auteur. Je vous souhaite bonne chance!

Je ne vous raconte pas la tête de la bonne lorsqu'elle m'a retrouvé dans les bagages de sa maîtresse. J'en grimaçais de plaisir! Je me délectais de ce petit tour lorsque la gouvernante est entrée dans la chambre de Mrs de Winter. Une apparition. Elle m'a regardé d'un air dégoûté, de la même façon qu'elle l'aurait fait avec de la vermine ou un vulgaire chat de gouttière qu'elle aurait surpris en train de se rouler dans des draps tout propre. Ô joie. C'était proprement humiliant. Quelle femme! Autant vous dire que je garde un chien de ma chienne à Mrs Danvers. J'étais émerveillé par tant de froideur. La seule qui ait le droit de me regarder avec ces yeux là, porte un nom de déesse grecque et vit dans une librairie londonienne! et elle me gratouille derrière les oreilles lorsque je suis sage. Qui a dit "ça n'arrive pas souvent"? Dénoncez-vous! Ô extase!

Vous dire que Manderley était magnifique ce n'était pas un mensonge. Vous dire que la maison était accueillante, ça en revanche ce serait mentir et vous me connaissez, je ne mens jamais (bon d'accord, presque jamais). Mon pauvre petit moineau était particulièrement maltraité par cette harpie de Mrs Danvers. Ô lumière de mes jours! J'ai essayé de la mettre en garde pour le déguisement du bal costumé mais elle n'a rien voulu savoir, elle était persuadée que Mrs Danvers était Char-mante! Déesse éblouissante. Charmante en effet si on la compare à une mamba noire et encore, je me demande laquelle des deux est la moins venimeuse. Il faut vous dire que cette Mrs Danvers est un adversaire de taille. J'ai tenté de lui faire un croche-pied dans les escaliers, elle l'a esquivé. Une araignée dans la soupe, elle s'est débrouillée pour refiler son bol au valet de pied. Un cobra dans les draps et c'est moi qui me suis fait piquer. Avouez c'est vexant, je perds la main je me fais trop vieux. Cependant une femme comme ça aurait eu de quoi me satisfaire! Pensez! Un maître plus retors que moi, la mesquinerie à l'état brut, un diamant de malhonnêteté, une perle de folie furieuse, le paradis en somme.

Lecteur, j'aurai pu l'aimer. 

Certes. Alors que je m'avouais cette révélation à moi-même, je sentis la tape énergique de Perséphone à l'arrière de mon crâne comme si elle était là. "Non mais ça ne va pas?" disait la voix de ma maîtresse dans ma tête. Rassuré sur mon état de santé, j'étais fou merci bien, je me suis ressaisi. Parce que pendant que je faisais le pitre pour épater une gouvernante décrépie, mon petit moineau souffrait, lui.

Il fallait que cela cesse. Entre les brimades pour les repas de midi et les remarques plus que désobligeantes je me suis sentie dans l'obligation d'intervenir. Un matin je me suis rendu dans sa chambre avant que sa petite bonne ne vienne. Je l'ai écouté me raconter ses misères et une fois qu'elle eu fini de parler je lui ai dis tout à trac:
"Ecoute mon chou, tu ne peux pas te laisser maltraiter comme ça. Maxim serait fou d'aimer une petite dinde et nous sommes d'accord, tu n'es pas une petite dinde. Alors tu vas suivre mon conseil. Tu ancres les pieds dans le sol, tu respires à fond et tu balances à la tête de la vieille bique "C'est moi la nouvelle Mrs de Winter maintenant", fais-moi confiance ça libère. C'est une technique que j'ai souvent pratiqué sur Perséphone, c'est très efficace".

Sur ce, je la plantais là. Non parce qu'il faut parfois grandir et se débrouiller seul. Elle a beaucoup être aussi douce qu'un chou à la crème je ne peux pas être son garde du corps personnel.

Hum...oui Maxim m'a mis dehors mais ce n'est qu'un détail non?

Au fait, vous savez qui est cette Rebecca vous? Je n'arrête pas d'entendre son nom mais je ne sais pas de qui il peut s'agir...une ancienne bonne peut-être?

Perséphone était affairée à ses livres de comptes, une calculatrice dans la main gauche, un guide de survie dans la main droite lorsqu'elle entendit le clapet de la boîte aux lettres se rabattre brusquement. "Du courrier? A cette heure?" se demanda-t-elle. Elle n'eut pas besoin de s'interroger longtemps. L'écriture chaotique en pattes de chat la renseigna immédiatement sur l'expéditeur de la missive. A l'intérieur un simple mot: "N'écoutant que son courage le chat se planta devant les cuisinières, ancra ses pieds dans le sol, prit une profonde inspiration et dit: "J'en voudrais encore"". Perséphone sourit. Dans quel guêpier son chafouin était encore allé se fourrer?!

4 commentaires:

Unknown a dit…

Contente de retrouver Cheshire! (D'ailleurs j'ai pensé à toi car dans le T2 des aventures de Thursday que je lis, je l'ai croisé!)

Perséphone a dit…

Oh merci!!! (ah oui ce cher Cheshire veille ^^)

melainebooks a dit…

Question bête monsieur chafouin mais avez vous des archives de vos précédentes aventures histoire que je ne perde pas le fil de vos vénérables aventures ?

Perséphone a dit…

Oui madame Melaine! C'est tout en haut dans la section "Cheshire around the bookworld" :D

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