Hommage à un livre sur les livres, les histoires et la vérité
Vida Winter, auteur de Best-seller vivant à l'écart du monde, s'est inventée plusieurs vies à travers des histoires toutes plus étranges les unes que les autres et toutes sorties de son imagination. Aujourd'hui âgée et malade, elle souhaite enfin lever le voile sur l'extraordinaire existence qui fut la sienne. Sa lettre à sa biographe Margaret Lea est une injonction : elle l'invite à un voyage dans son passé, à la découverte de ses secrets. Margaret succombe à la séduction de Vida mais, en tant que biographe, elle doit traiter des faits, non de l'imaginaire ; et elle ne croit pas au récit de Vida.
Les deux femmes confrontent les fantômes qui participent de leur histoire et qui vont les aider à cerner leur propre vérité. (résumé de l'édition française aux éditions de Noyelle)
Comment exprimer les sensations qui m'ont envahi à la lecture de ce roman? Ceux et celles d'entre vous qui ont lu Rebecca de Daphnée du Maurier pourront peut-être comprendre lorsque je dis que Le Treizième conte est un roman d'ambiance.
C'est comme un filet d'eau glacé qui vous coule lentement entre les omoplates et vous fait frissonner de la tête au pied, jusqu'à ce qu'enfin, quelqu'un règle le mélangeur et que l'eau glacée se transforme en eau chaude.
Vida Winter est une femme qui cachent de lourds, de très lourds secrets. C'est une sorte de Manderley à elle seule. Elle a la dignité d'une grande reine et un calme trompeur. L'histoire de sa vie est marquée dans sa main mutilée.
Margaret elle, garde ses fantômes pour sa fenêtre et prétend être sans histoire.
Les histoires...voila bien le thème véritable du Treizième conte. Selon Vida Winter, rien n'est plus révélateur qu'une histoire. D'une histoire de fantômes, de maison hantée, de famille étrange et de jumelles, la vérité peut apparaître.
Pourtant, cette vérité n'est jamais là où on peut l'attendre, toujours mystérieuse, toujours cachée il faut de la patience, de le tenacité et surtout un bon talent d'observateur pour la débusquer.
C'est aussi une histoire d'amour, d'amour filiale et d'amour de soi. Une acceptation de ses secrets et par la même de ce qui nous compose.
C'est la voie où nous entraîne Vida et Margaret; leur peur, leur espoir, leur mystère.
Il ne faudrait pas oublier que les histoires sont faites pour être racontées et pour être lues. Le Treizième conte, est aussi un roman sur le roman. Ceux de Vida, ceux de Margaret et ceux de la grande littérature anglaise. Jane Eyre revient comme un lietmotiv pour marquer l'histoire de Vida. Sherlock Holmes lui aussi parcoure le livre comme un fil conducteur, c'est le détective dont on a besoin pour démêler cette intrigue complexe.
Diane Setterfield a une écriture étonnament puissante mais douce à la foi. Margaret n'est que fragilité lorsque Vida est forte. Il y a un jeu d'équilibre entre ces deux personnages, une balance qui donne au récit une consistance et un goût de "vrai".
Les autres personnages sont bien campés et réel, dans leur névrose comme dans leur passion.
Un roman digne de figurer dans la longue liste des classiques de la littérature anglosaxonne dans la veine de Daphnée du Maurier.
Citations:
"Tous les enfants construisent un mythe autour de leur naissance. C'est là un trait universel. vous voulez comprendre quelqu'un? Son coeur, son esprit, son âme? Demandez-lui de vous parler de sa naissance. Ce que vous obtiendrez ne sera pas la vérité, mais une histoire. Et rien n'est plus révélateur qu'une histoire."
"J'étais une jumelle, ma jumelle était morte. Alors qu'étais-je maintenant?"
"Il existe des cultures dans lesquelles on croit qu'un nom renferme tout le pouvoir occulte d'une personne. Qu'un nom ne devrait être connu que de Dieu, de celui qui le porte et d'un petit nombre de privilégiés".
"On finit si bien par s'habituer à ses propres horreurs qu'on oublie la manière dont les autres les percoivent"
"Quand on est rien on invente. Pour combler le vide."
"Il ne peut y avoir de secrets dans une maison où il y a des enfants"
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