Présentation de l'éditeur: "Séparées, elles n'étaient que de jolis objets d'art. Ensemble leur
prix serait inestimable. Certains disaient même qu'ensemble leur pouvoir
serait inestimable. Le pouvoir d'apporter la fortune à celui qui les
posséderait la maîtrise de sa propre destinée, jusqu'à l'immortalité."
En 1915, Le Lusitania sombre. Une statuette d'argent est alors sauvée
c'est l'une des Parques, l'une des trois soeurs de la mythologie grecque
qui filent, mesurent et coupent le fil de la vie. Près d'un siècle plus
tard, la famille Sullivan se lance à la recherche des deux statuettes
manquantes. De Prague à Helsinki, des Etats-Unis à l'Irlande, cette
aventure entraîne les personnages dans le tourbillon de l'Histoire. De
coups de théâtre en rebondissements, sur fond de chasse au trésor, les
Sullivan s'attendent à tout, sauf à rencontrer l'amour...
Tout commença en janvier. A cette époque je faisais mes grands débuts dans le monde de la romance et devant mon absence de réaction face au prénom Derek, Tam-Tam, horrifiée, décida de m'envoyer illico presto Dreaming of you (la loterie de l'amour). Dans le paquet, en plus de Dreaming of you, cette chère Princesse avait rajouté La Fortune des Sullivan en me précisant "il y a un Gideon dedans". Alors voila, je l'ai lu et même plus, lu en lecture commentée avec Pimpi qui a ponctué mes mails de petits cris d'excitations (je sais je l'ai entendu depuis le Québec! Carrément?! me dit ébloui, le mangeur de muffin tandis que je rédige cet article).
Je sais que La fortune des Sullivan est, sinon le préféré, au moins l'un des Nora Roberts chouchou de plusieurs copines. Pour être parfaitement honnête je ne suis pas vraiment aussi enthousiaste qu'elles et si je n'ai pas détesté ma lecture, il m'a fallu attendre la moitié du roman pour véritablement m'intéresser à l'intrigue et aux personnages.
Ce qui fait la force de La fortune des Sullivan est incontestablement la multiplication des héros - 3 garçons, 3 filles, plus une matriarche - et l'intrigue de base, sorte de course-poursuite pour récupérer trois statuettes de grande valeur. Cependant, l'un comme l'autre des points forts n'est jamais complètement exploité par l'auteure et je suis, personnellement, restée sur ma faim.
Mais reprenons les choses dans l'ordre. Les personnages. Parce qu'ils sont nombreux. Évidemment, lorsque l'on prend pour héros, une fratie de trois - Malachi, Gideon et Rebecca (oui la maman a un penchant pour les prénoms bibliques) - et que chacun d'entre eux à le droit à sa romance - Tia, Cleo(patra) et Jack - ça fait vite beaucoup de personnages à gérer. Sans compter Maman Sullivan et Anita Gaye (la méchante très méchante). Je dois dire que Nora Roberts s'en sort finalement étonnamment bien avec cette multitude de personnages et ce n'était pas du tout gagné d'avance. Je trouve vraiment difficile pour un-e auteur-e de gérer plus de trois personnages principaux or nous parlons bien ici de six personnages principaux, plus l'ennemie. Il faut pouvoir les gérer de façon séparée et en groupe de sorte à ce qu'on sente la cohésion et en même temps une individualité propre. Nora Roberts y arrive très bien. Son écriture donne à chacun à sa voix propre que l'on repère facilement, de même que des caractères très tranchés - trop? - qui évitent les confusions. Impossible en effet de confondre Mal et Gideon alors même que les deux frères possèdent des traits de caractère en commun. Il est encore plus impossible de confondre les filles tant elles représentent trois archétypes féminins bien différenciés. Les personnages évoluent les uns à côté des autres sans jamais former une globalité.
C'est presque là que le bât blesse malheureusement. Si les personnages masculins sont bien dissociables et si je les ai trouvé très bien croqués, avec une préférence pour Jack - un type intelligent et posé, calme mais capable d'être retors - les personnages féminins sont beaucoup moins subtils et je vous promets que mon cœur saigne. Quand je dis "beaucoup moins subtils", je pense "largement écrits à la truelle".
Ma plus grande déception vient de Rebecca Sullivan qui aurait pu être un personnage intéressant - c'est une petit génie de l'informatique et quelqu'un de pragmatique qui a le sens des affaires - si l'auteure ne la montrait pas dès le départ comme une horripilante ch****. Il faut attendre presque la moitié du roman pour véritablement faire sa connaissance mais avant ça, Nora Roberts la fait intervenir deux fois et par deux fois on a terriblement envie de lui faire embrasser le crépi (question subsidiaire: y a-t-il du crépi en Irlande ou est-ce une spécificité française?). Du coup je n'ai absolument pas pu m'attacher à elle par la suite. Je me suis complètement désintéressée du personnage qui est sans aucun doute le moins développé. Vient ensuite Cleopatra (Really??) dite Cleo. Elle aurait dû me toucher non seulement parce qu'elle est rentre dedans, badass et avec du bagout mais là encore elle se montre tellement TSTL (too stupid to live) que j'ai eu envie de l'envoyer jouer à Colin-Maillard au bord de la falaise. Alors certes, elle s'améliore grandement par la suite mais j'ai envie de dire ENCORE HEUREUX! Parce que si elle avait soutenu le rythme des bourdes notre Cleo c'est carrément Gideon qui l'envoyait Ad patres! Enfin il y a Tia...je crois honnêtement que c'est la pire et bizarrement ma préférée (oui je n'ai pas dit que j'étais logique non plus). Tia est complètement névrosée mais quand je dis complètement, c'est complètement: de la qualité de l'air, du bruit, de l'eau en passant par la nourriture et tout ce qui nous fait vivre en fait, Tia vit dans une très jolie bulle new-yorkaise mais une bulle qui ne concerne normalement que les malheureux atteints de maladies auto-immunes. J'espère sincèrement que personne n'atteint le niveau de névrose de Tia (du moins pas des pauvres, ils n'ont pas les moyens de se le permettre de toute façon...) parce que c'est invivable, pour elle comme pour les autres. On éprouve finalement plus de pitié que d'empathie au départ tant ses problèmes sont hors normes. Lorsqu'on découvre sa mère on comprend mieux pourquoi elle en est arrivée là la pauvrette. C'est à se tirer une balle quelque part, sérieux! Cependant...Tia je l'aime bien. Pourquoi? Et bien parce que c'est tout simplement celle qui va parcourir le plus de chemin qui va faire le plus d'efforts et qui va vraiment changer en profondeur petit peu par petit peu. Plus encore: Tia ne change pas grâce et uniquement grâce à l'amour et au regard de Malachi. Non. Tia va bénéficier du contact de tout le monde: de sa meilleure amie, de Cleo qui la bouscule (avec une super réplique d'ailleurs au sujet de pizzas), de Jack, de Gideon et même d'Anita Gaye. Comme Pimpi c'est une composante du caractère de Tia que j'ai beaucoup apprécié cette évolution. C'est finalement celle qui a réussi à le plus m'émouvoir alors qu'au départ je n'aurai pas misé du tout sur elle.
La conséquence directe de tout ça c'est que je ne crois pas cinq minutes aux trois histoires d'amour que Nora Roberts crée. Entre Jack qui tombe amoureux de Rebecca en 5 minutes et qui veut l'épouser là tout de suite alors qu'ils se connaissent depuis une semaine (et c'est pareil pour les deux autres Sullivan d'ailleurs), Cleo et Gideon qui ne m'émeuvent pas et une fin de romance over too much pour moi, je ne peux pas dire que j'ai été très emballée même si je trouve le couple Malachi Tia assez mignon dans leur genre. Autre problème, la mise en place de ces histoires d'amour domine la première moitié du roman au détriment de l'intrigue générale ce qui pour moi plombe le rythme. Comme en plus je n'ai pas vraiment aimé ces romances, je vous assure que les 200 premières pages ont été longues.
Anita Gaye est plutôt bien croquée dans le genre vraie garce et ange aux yeux du beau monde mais elle ne m'a pas vraiment fait peur. A partir du moment où Jack met les pieds dans le plat on sent qu'il gère la situation et la menace Anita Gaye fait un joli flop. Elle finit par être complètement ridicule dans ses dernières scènes mais comme elle a le mérite de nous montrer une Tia complètement inattendue je ne vais pas râler trop fort.
Et Maman Sullivan dans tout ça? La matriarche est sans aucun doute possible le personnage que j'ai le plus aimé. Si Nora Roberts manque de subtilité dans le traitement des autres personnages féminins, elle arrive à bien doser le caractère d'Eileen. Matriarche? Oui mais dans le bon sens du terme. Elle sert de lien entre ses enfants sans toutefois étouffer leur personnalité. On sent qu'elle les aime et qu'elle les protège, surtout Becca mais elle leur fait confiance pour mener leur vie et gérer les affaires familiales. Elle agit comme un vrai ciment, est la dose de sagesse nécessaire qui manque parfois aux Sullivan tout en montrant une vraie poigne ferme qui les soude. Eileen est le genre de personnage que j'adore et offre un contrepoids bienvenu aux autres personnages du roman.
Quant à l'intrigue "policière" (je n'ai pas d'autres mots sous la main...) et bien elle met du temps à rebondir. Étant donné que les romances prennent les deux cent premières pages, cette dernière a dû mal à s'épanouir. Cependant, à partir de l'arrivée de Jack et jusqu'à la fin, les rebondissements s'enchaînent et La fortune des Sullivan trouve (enfin) son souffle. Le lecteur est finalement embarqué les deux pieds dedans, dans le plan des Sullivan pour souffler les statuettes à Anita Gaye. La deuxième partie du roman est passée toute seule (sous les applaudissements électroniques de Pimpi) et c'était même agréable de voir ce que notre petit groupe met en œuvre pour damner le pion à Anita.
Et les voyages promis dans tout ca? Helsinki, l'Irlande, les Etats-Unis, Prague, quid? Quid pas grand chose en fait. Les destinations vendues servent surtout d'écrin à l'intrigue. On voyage peu, on voit peu des villes en dehors de New York, peut-être parce que l'auteure est américaine? On a une petite vue de Cobh mais personnellement on est loin de l'Irlande magique, le Lusitania prenant le pas sur tout le reste.
Pendant la redaction de cet article, Tam-Tam a soulevé un point intéressant sur notre conversation Facebook (oui je ne suis pas sérieuse je fais plusieurs trucs en même temps quand j'écris une chronique! Bouhhhh! Badly Done Persie). Est-ce que La fortune des Sullivan a mal vieilli? Chi-chi ajoutant que j'avais dû moins aimer ma lecture parce que je la découvrais seulement maintenant avec une bonne décennie de recul. Alors, vieillote La fortune des Sullivan? Je dirais que non. De façon parfaitement honnête, le fait que l'intrigue se passe en 2003 ne m'a absolument pas dérangée. J'aime bien au contraire sentir un texte inscrit dans son époque, ça nous permet aussi de voir le temps qui s'écoule et les évolutions de notre propre société. Certains comportement parfois dans de vieux romans (tout genre confondu) peuvent sembler datés mais c'est surtout parce qu'ils sont le reflet d'un passé obsolète, de mœurs ou de réflexions dépassées. On a peut-être moins de faciliter à comprendre les motivations des personnages ou leur caractère mais je pense avant tout que les comportements humains sont à peu près invariable et universel et qu'on trouvera de tout, partout, tout le temps. A mon sens, si un roman vieilli mal ce sera alors parce qu'il est un pur produit "marketing" une mode qui elle est devenu out et qu'il faut comprendre et/ou connaitre pour apprécier ce qu'elle a pu donner (sinon L'Iliade et L'Odyssée c'est vieillot, tout comme Dickens et Nancy Mitford.)
Pour conclure, un roman en demi-teinte pour moi qui comporte de très bonnes choses dans sa deuxième partie mais qui peine à trouver son souffle.
5 commentaires:
Ce que je voulais dire en parlant de livre qui a vieilli, c'est que si tu avais découvert la romance avec les catastrophes que nous connaissions à l'époque, tu aurais tout pardonné à ce livre qui, malgré ses défauts (que je ne conteste pas), était à ce moment là radicalement différent et moderne dans le traitement des histoires d'amour.
Je pense que tu aurais plus de facilité avec une des trilogies de Nora du coup, exactement le même principe mais étalé sur trois tomes... :D
Oui mais ce n'est pas traitement des histoires d'amour qui me dérange. Mise à part quelques grosses ficelles que je lui pardonne volontiers d'ailleurs, je ne lui reproche pas les histoires des personnages. Mal et Tia sont bien équilibrés et Jack fait un contrepoint sympa à Becca. Non fondamentalement à part le caractère de Cleo et Becca, je lui reproche surtout une absence de rythme. Au lieu de mélanger intrigue et romance tout le long du roman (ce qu'elle tient un peu mieux d'ailleurs pour Tia et Mal) elle balance la romance dans la première moitié du roman et l'intrigue dans la seconde et c'est ça qui me dérange. Du coup il ne me parait pas vieilli, juste mal équilibré, un défaut qui peut arriver à n'importe quel livre par ailleurs.
Je vais donc passer mon tour... il ne me tente pas vraiment, surtout si les héroïnes sont comme tu dis!
punaise... j'ai lu l'article lundi. mais sur le téléphone. Et puis du coup impossible de commenter.
et j'ai laissé ma mémoire je ne sais ou, et en rentrant je n'ai plus penser à repasser pour écrire ma bafouille... Aujourd'hui on est samedi, et bam, je réalise que j'ai laissé une semaine passer...
honte sur moi, vraiment!
mais bon, Revenons en a NR, et la fortune de ses sullivan. NR, c'est une coutumière de l'archétype en héros. C'est d'ailleurs assez confortable de connaitre un peu les ficelles, tu sais d'emblée quand tu vas swooner à mort sur un héros.
ensuite, ce n'est pas mon préféré (juste pour préciser)
enfin, rien d'autre à dire... j'ai oublié :p
@Karine: Je suis sûre que Nora Roberts en a d'autres plus sympa.
@Tam-Tam: Là je ne peux pas dire que j'ai swooné à mort sur un héros mais la faute au couple qu'il formait avec l'héroïne je suppose. (Sinon toi oublier des trucs? NON! *Leonard's sarcasm inside*)
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