mercredi 15 septembre 2010

Girl with a pearl earring (2003)



COUP DE COEUR DE PERSEPHONE


Delft, au XVIIe siècle l'âge d'or de la peinture hollandaise. Pour aider ses parents dans la misère, la jeune et ravissante Griet se fait engager comme servante dans la maison du peintre Johannes Vermeer. Elle s'y occupe du ménage et des six enfants du maître. La famille Vermeer vit des difficultés économiques mais ne veut pas que cela se sache. Peu à peu, la maîtresse de maison développe envers Griet une terrible jalousie. Et Cornélia, une des filles, qui déteste Griet, tente de pousser la jeune servante à bout. Griet doit donc se faire discrète et très obéissante. Les choses se compliquent quand le peintre la remarque et découvre sa sensibilité, sa douceur. Il l'introduit peu à peu dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville.

CASTING

Scarlett Johansson: Griet
Colin Firth: Johannes Vermeer

Tom Wilkinson: Pieter van Ruijven
Cilliam Murphy: Pieter
Alakina Mann: Cornelia
Judy Parfitt: Maria Thins
Essie Davis: Catharina
Joanna Scanlan: Tanneke
Chris McHallem: le père de Griet
Gabrielle Reidy: la mère de Griet
Geoff Bell: Paul le boucher
Anaïs Nepper: Lisbeth
Mélanie Meyfroid: Aleydis
Anna Popplewell: Maertge
Lola et Charlotte Carpentier : Franciscus

Merveille du 7ème Art, Girl with a Pearl Earring, roman de Tracy Chevalier inspiré du tableau éponyme de Johannes Vermeer est un film magnifiquement orchestré. Servi par un casting magistral (Colin Firth, Tom Wilkinson, Cillian Murphy et Scarlett Johansson), Girl with a pearl earring évoque avec une pudeur mêlée d'érotisme chaste la relation particulière qui unit un peintre - Johannes Vermeer - à sa servante Griet.
Avec une volonté affichée d'économiser les mots, Peter Webber fait entrer ses personnages dans une dynamique complexe ou tout message passe par la gestuelle et les regards.

Le choix de Colin Firth pour interpréter Johannes Vermeer était plus que judicieux. Le charme et le charisme naturel de cet acteur, absolutely british, et son jeu tout en expressions corporelles et faciales - on se souvient de son incroyable prestation dans Pride and Prejudice de 1995- donne une profondeur intense à l'artiste peintre. Artiste complexe, il balance sans cesse entre le monde réel, ses obligations familiales et financières, et son monde artistique rempli de camera obscura et de bleu de prusse.

Scarlett Johansson, elle aussi économe en parole, montre par ses regards plus d'intelligence 
et de bon sens que sa condition le laisse supposer. Et c'est justement parce que la trop ravissante Griet, comprend son mari que Catharina Vermeer la hait avec autant de force. Si Vermeer n'entame jamais de liaison avec Griet, leur entente mutuel sur la peinture les rapproches plus que des relations de couple et 6 enfants non pu le faire avec sa femme. Le portrait de Griet que Catharina qualifie d'obscène montre bien toute sa prise de conscience, cette intimité qu'elle ne partagera jamais avec son mari.

Profond sur les sentiments humains, c'est aussi une fresque sur les pays-bas du XVIIe siècle, le monde cruel de la peinture et du mécénat. Vermeer obligé de peindre pour Pieter Van Ruijven, obliger de supporter sa concupiscence - je parle ici du personnage du film - et les sujets qui lui plaisent, n'a finalement qu'une marge très étroite pour exprimer sa création. C'est justement cela qu'il trouve en Griet, une muse. C'est à travers elle qu'il s'exprime enfin librement.

Erotique aussi, car l'amour est palpable entre Griet et Vermeer, même si c'est un amour jamais exprimé, trop unique pour être dit. Cillian Murphy - Pieter - sert malgré tout de dérivatif, si Griet aime Vermeer c'est vers Pieter qu'elle se tourne, choix plus en adéquation avec son monde et ses attentes. Vermeer reste dans le domaine de l'intouchable et de l'interdit.

La tension érotique atteint sublimement et subtilement son paroxysme dans la scène du percement de l'oreille de Griet. La tendresse de Vermeer, sa façon de pencher la tête vers Griet comme pour la consoler - cf. affiche - souligne le lien quasi charnel qui les unit.


La musique d'Alexandre Desplats toute en finesse souligne les différentes phases du film, de l'ambiance tendre et intime, à celle plus sombre des mauvais jours.

10 commentaires:

Bettina a dit…

Très belle critique pour un très beau film!
Cependant, comme nous en parlions, je serais plus mesurée sur l'amour que lui porterait éventuellement Vermeer... Le film reste extrêmement réservé sur cette question et je pense que Vermeer utilise plus Griet qu'il ne lui prouve son amour, car après tout, le film ne se passe que du point de vue de Griet, donc d'un regard amoureux et peut-être abusé...
Bisous!

Emilie a dit…

Ce film est vraiment très marquant, particuliers, j'ai lu le livre après et je n'ai pas du tout été déçue!

Perséphone a dit…

Emilie, merci pour ce petit commentaire.

Bettina, tu as sans doute raison, cependant je persiste à penser que Veermer est attiré par Griet. Après tout il est très doux avec elle alors qu'il est presque associal avec le reste de sa famille et de ses relations.

Bien à vous

Bettina Antéspektrale a dit…

Il est amoureux de son art...

Perséphone a dit…

Je n'ai pas dit qu'il était amoureux d'elle là...mais qu'il était attiré par Griet. Reconnait au moins qu'il lui montre beaucoup de tendresse!!!

Bettina a dit…

Il lui montre de la tendresse, oui peut-être... Reste qu'elle perd sa place à cause de lui! Elle est clairement sacrifiée au profit d'un tableau!

Perséphone a dit…

Oui mais quel tableau....

Marie P a dit…

Le film est splendide, tout comme le roman d'ailleurs (mais qui en douterait, Tracy Chevallier est un maître...).
Ce qui m'a particulièrement touché, outre l'histoire, c'est la manière dont chaque scène est filmé. Je pense qu'avant d'être une histoire d'amour, ce film est une histoire de peinture. Et à ce titre, l'image, elle même devient une oeuvre d'art. Chaque scène, par l'agencement du décors, les couleurs, le jeu des lumières, les clairs-obscures, devient alors un tableau. L'absence même de dialogue dans la plupart de ces scènes renforce le poids de l'image par rapport à l'intrigue.
Un très beau film. Scarlett Johansson est splendide dans ses silences

Mascha a dit…

J'ai déjà vu ce film, mais une journée où, hélas, j'étais fatiguée. Je n'ai pas pu me concentrer dessus comme je le voulais.
Je pense vraiment qu'il faudrait que je le revois un jour, cette fois-ci à pleine capacité de concentration. ;)

Le Chat du Cheshire a dit…

Un film magnifique, très bien interprété et filmé ! L'un de mes films cultes, l'une des rares adaptations que j'estime parfaite, ou pas loin ;). Mais évidemment, le livre restera toujours ce que je préfère :) !

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