jeudi 29 mai 2014

Le duel - Arnaldur Indridason


Présentation de l'éditeur: Pendant l’été 1972, Reykjavík est envahi par les touristes venus assister au championnat du monde d’échecs qui oppose l’Américain Fischer et le Russe Spassky. L’Américain se conduit comme un enfant capricieux et a de multiples exigences, le Russe est accueilli en triomphe par le parti communiste islandais, le tout sur fond de guerre froide.
Au même moment un jeune homme sans histoire est poignardé dans une salle de cinéma, le magnétophone dont il ne se séparait jamais a disparu. L’atmosphère de la ville est tendue, électrique. Le commissaire Marion Briem est chargé de l’enquête au cours de laquelle certains éléments vont faire ressurgir son enfance marquée par la tuberculose, les séjours en sanatorium et la violence de certains traitements de cette maladie, endémique à l’époque dans tout le pays. L’affaire tourne au roman d’espionnage et Marion, personnage complexe et ambigu, futur mentor d’Erlendur, est bien décidé à trouver le sens du duel entre la vie et la mort qui se joue là.

Je n'avais jamais lu de roman d'Arnaldur Indridason et je ne connaissais que de nom sa série d'enquête d'Erlendur. Les noms suffisamment exotiques pour me croire dans une histoire de viking -THOR, MARTEAU...hum désolée, encore traumatisée par Thor 2 ou blondinet a encore oublié son cerveau - conjugué au fait que le livre abordait la guerre froide à travers le prisme de la partie d'échec entre Spassky et Fisher m'ont convaincue de le lire. Et puis ce n'est pas comme si je n'aimais pas les polars nordiques et que Le duel est un prequel à la série des Erlendur....Comment ça des excuses?

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman policier. Je lui ai trouvé de très nombreuses qualités, tant sur le plan narratif que stylistique. Le duel est aussi un roman sur la guerre froide et toutes les petites manigances qu'il pouvait y avoir de la part d'un camp comme de l'autre dans un pays neutre comme l'Islande.

L'ensemble est extrêmement bien dosé entre politique et crime. J'ai vraiment apprécié que l'intrigue policière ne soit pas reléguée au second rang et que finalement, la partie d'échecs, politique, souligne le récit comme un fil rouge. À travers les journaux, la radio, les informations qui circulent, le lecteur est presque dans la salle du match, sans pour autant quitter la scène de crime ou l'audition des témoins. C'est ce mélange subtile qui fait du Duel, un roman policier politique sans toutefois écœurer le lecteur. 
On en apprend aussi plus sur l'Histoire de ce pays assez mal connu - de moi en tout cas - et notamment ses liens avec le Danemark et les épidémies de tuberculose dans les années 40-50 qui conduisirent beaucoup de jeunes islandais dans les sanatorium danois. 

Ces très bonnes choses mises à part, je suis restée assez impressionnée par le personnage principal, Marion Briem. Il se trouve que pour nous les français, Marion est un prénom plus que courant et immédiatement définissable comme féminin...ce qui n'est pas le cas en islande ou Marion a l'air d'être plutôt rare. Je m'en suis rendue compte pendant ma lecture, lorsque par plusieurs fois, certains personnages ont fait référence à ce prénom de Marion comme étrange, ce à quoi Briem répond toujours que c'est le nom que sa mère lui a donné. 
De fait, du début à la fin du roman, on ne sait pas si Marion Briem est un homme ou une femme. Je tire mon chapeau à Indridason et à son•a traducteur•trice parce que jamais ceux-ci n'emploi d'adjectifs accordables en genre. À aucun moment, Marion Briem parle de lui/elle dans des termes qui nous laisseraient deviner qui il/elle est. C'est très étrange de se retrouver face à un personnage dont on ne sait où le placer sur un échiquier sexué. Ce n'est pas grave à bien des égards, c'est l'enquête qui importe après tout, mais il est du coup assez difficile de se représenter physiquement un personnage. Indridason compense ce "manque" par une bonne description psychologique de Marion. Je l'ai beaucoup apprécié•e et trouvé•e très touchant•e notamment dans sa relation avec son amie d'enfance. Ce côté là de l'intrigue a du coup éveillé ma curiosité puisqu'on ne sait pas vraiment si leur relation risque de choquer - je rappelle que nous sommes en 1972 - ou si elle risque d'être perturbante du fait de leur passé commun. 

Si Le duel ne parle pas d'échec au sens propre, il n'en reste pas moins qu'il retrace avec brio le fameux combat entre Fisher et Spassky et la personnalité des deux joueurs. Cette intrigue policière, sur fond de guerre froide et cet•te inspecteur•trice ambigu•e mais profond•e m'a beaucoup plu. À découvrir même si vous ne connaissez pas l'auteur! 

mardi 27 mai 2014

Le secret d'Edwin Strafford - Robert Goddard


Présentation de l'éditeur: 1977 : Martin Radford, jeune historien londonien dont la carrière universitaire a été brisée par un scandale, arrive sur l’île de Madère. Il y rencontre Leo Sellick, un millionnaire sud-américain, qui habite une superbe villa, naguère propriété du mystérieux Edwin Strafford, mort en 1951. Homme politique de premier ordre, promis à un brillant avenir, Edwin Strafford a été en 1908, à l’âge de 32 ans, ministre de l’intérieur du cabinet Asquith, aux côtés de Lloyd George et de Churchill, avant de démissionner brutalement en 1910 et de quitter la vie politique sans explication aucune pour disparaître dans l’anonymat. Les raisons de cette rupture inexplicable sont elles dans le manuscrit de ses mémoires, retrouvé dans la villa ? La lecture passionnée qu’en fait Martin pose beaucoup plus de questions qu’elle ne donne de réponses. En particulier sur le rôle d’Elizabeth, une jeune suffragette - ces militantes activistes qui revendiquaient le droit de vote pour les femmes dans un Royaume-Uni très conservateur - avec qui Strafford a vécu une histoire d’amour passionnée. Fasciné par les énigmes qui jalonnent le destin de Srafford, Leo Sellick propose à Martin de le rémunérer pour éclaircir cette étrange affaire. Mais alors que son enquête progresse, Martin va vite comprendre que cette histoire est loin d’être finie, et que, dans l’ombre, beaucoup ont encore intérêt à ce que le voile ne se lève jamais sur le secret d’Edwin Strafford.

Je sais que ce livre à beaucoup plu. J'en ai lu beaucoup de bien, mes collègues ont aimé et tout me portait à lire ce roman entre polar et fausse biographie. Aussi, je n'ai pas hésité bien longtemps lorsque je l'ai vu en poche et c'est toute guillerette que je me suis apprêtée à le lire. Grand mal m'en a pris, j'ai eu envie de balancer ce roman contre les murs une bonne douzaine de fois pour finir par violemment l'abandonner tant les personnages me rendaient folle. 

Du point de vue purement narratif, avant d'aborder la question qui fâche des personnages insupportables, j'ai trouvé assez débile la façon de systématiquement court-circuiter le suspense alors que nous sommes dans un roman policier. D'entrée de jeu, le lecteur est mis au courant des infortunes d'Edwin Strafford, de son renvoi du parti et de la rupture de ses fiançailles. Dès lors, je ne suis pas du tout arrivée à m'attacher ni à m'intéresser au journal personnel d'Edwin, qui raconte, en plus développé je l'admets, ce qui lui est arrivé. Etant donné que le pauvre bougre ne sait pas qui lui en veut au point de détruire sa carrière et de lui voler la femme de sa vie, j'ai trouvé ça chiant au possible. Le suspense véritable qui consiste à savoir qui et pourquoi m'a laissée complètement de marbre.
Si encore cela ne se produisait qu'une fois - sur une bonne centaine de pages quand même - j'aurai peut-être pu passer mais j'ai constamment eu l'impression de relire une histoire déjà connue. Un peu comme quand on vous spoile Game of Thrones ou la fin d'un Hercule Poirot...il n'y a plus vraiment d'intérêt au bazar. 

Quant aux personnages...Non franchement rien à faire. Je n'ai pas réussi à éprouver la moindre empathie pour Edwin Strafford qui manque quand même singulièrement de charisme. Il est en colère mais se laisse ronger plus facilement qu'il ne devrait. Je sais que tous les héros et héroïnes ne doivent pas être des sur-hommes ou des sur-femmes, mais les gens qui acceptent gentiment ce qu'on leur balance dans la tête...en littérature...non merci. Martin Radford ne m'a pas non plus emballée, les deux personnages sont assez mous et j'aurai pu apprécier Leo Sellick s'il n'avait pas écrit "Fourbe" en gros sur son front. J'ai trouvé que les personnages manquaient cruellement de subtilité, ils sont là où on les attend ou alors ils déçoivent.

Le pire de tout étant la fiancée d'Edwin que j'ai eu envie de gifler. J'ai lu plusieurs fois qu'elle était admirable et courageuse...alors peut-être aurais-je dû lire le roman jusqu'au bout - si quelqu'un veut bien me raconter comment tout ça fini et les liens fumeux entre Radford et Strafford, je suis preneuse - et découvrir qu'elle subissait des pressions odieuses, mais je n'ai pas réussi à la prendre en pitié une seule minute. Déjà je n'ai pas cru à leur histoire d'amour, entre la féministe et le politicien, quelque chose sonne faux pour moi. Ensuite, je me dis que si on venait me raconter des choses horribles sur l'homme que je vais épouser, au lieu de couper directement les ponts comme ça sans plus jamais lui adresser la parole, j'aurai essayé au moins de comprendre. Je ne dois pas être normale...Je peux comprendre qu'elle émette des doutes, mais il a bien démissionné pour l'épouser, comme prévu, du coup, ce n'était pas possible un bon petit dialogue? 
On ne va pas parler de Gerald, ça va me foutre en rogne.

Cette histoire m'a donné l'impression de lire une mauvaise romance où les personnages ne sont pas capables de dialoguer correctement et mettre les choses bien à plat histoire de supprimer les quiproquo ridicules. Après tout, si elle n'était pas capable de se rendre compte de qui était réellement Edwin et Gerald - et réciproquement - Edwin n'a rien manqué! 

Je suis sans doute passée à côté d'un super récit, j'en conviens. Seulement, à partir du moment où dans les premiers chapitres ont m'explique la vie d'Edwin Strafford et que rapidement, je me rends compte qu'effectivement sa vie s'est déroulée de la sorte, qu'il n'y a aucun espoir ni pour sa carrière politique, ni pour son amour...et bien je perds complètement l'intérêt du roman. Savoir qui l'a fait plonger et pourquoi ne me motive plus du tout. C'est juste une grosse bouillie de destins gâchés et niveau polar, je préfère encore qu'on me tienne en haleine.

Un roman que je n'ai donc pas du tout aimé mais il semblerait que je sois la seule!

vendredi 23 mai 2014

Et si on se mettait à la BD? Episode 8: Billy Brouillard



Bien le bonjour! Bienvenu dans ce 8ème épisode de "Et si on se mettait à la BD?" consacré cette fois-ci à Billy Brouillard. Vous ne connaissez pas Billy Brouillard? Ce chercheur de fantômes et autres choses terrifiantes. Notre jeune ami est sorti de la plume de Guillaume Bianco. 
Billy a déjà 3 albums pour lui plus deux Hors-séries, dont tous reproduisent un même univers un peu glauque mais drôle, à la Tim Burton.

Le don de double-vue

Présentation de l'éditeur: Billy, sans ses lunettes, ne voit pas très bien ce que les autres, parents et petite sœur, voient. En revanche, sans ses lunettes, il voit ce qu’eux ne voient pas : des créatures fantastiques et horribles, le monde des ténèbres et ses dangers permanents. Et ça, il adore. Ceci dit, depuis que son chat Tarzan est mort, la Mort, qui le fascinait auparavant, n’exerce plus le même pouvoir de séduction. Mais il aimerait comprendre. Quitte à se faire aider par un vieil homme de légende, qu’on ne voit jamais et qui visite les maisons en fin d’année…

C'est dans ce premier opus que nous rencontrons ce cher Billy, petit garçon fasciné par l'étrange, le mystère et la mélancolie. Parce que son chat Tarzan est mort, Billy s'intéresse de près à la mort. c'est le prétexte que prend Guillaume Bianco pour nous raconter plusieurs histoires à se faire dresser les cheveux sur le crâne.
Le petit garçon qui ne croyait plus au Père Noël

Présentation de l'éditeur: Tiraillé entre le Père Noël et le Croquemitaine, Billy Brouillard préservera-t-il son âme d’enfant ?

Le chat de Billy Brouillard est mort. Et même le Père Noël semble incapable de le ramener à la vie. Comment alors avoir foi en lui... surtout lorsque le jeune garçon découvre un jour, un faux costume de Père Noël, caché dans la chambre de ses parents ? « Le Père Noël » : ne serait-il qu’un subterfuge des adultes afin de discipliner les enfants crédules ? Faut-il malgré tout y croire, afin de ne pas réveiller le mystérieux et terrifiant Croquemitaine ? Vous l’apprendrez en dévorant ce 3e opus, métissage narratif entre bande dessinée, textes illustrés et bestiaire.

Notre petit ami Billy ne supporte pas le fait que Tarzan soit mort, alors lorsqu'on essaye de se payer sa tête, notre aventurier se met en tête de trouver le Père Noël et de lui dire sa façon de penser. Accompagné de Léa, il s'embarque dans une drôle d'aventure.

 Le chant des sirènes

Présentation de l'éditeur: Billy Brouillard est de retour, non pas pour se venger, mais plus simplement de ses vacances à la mer. Si les revenants ou autres brucolaques le laissent maintenant (un peu) tranquille, de nouvelles espèces de créatures sont désormais au centre de ses tourments : les nymphes et, plus largement, tout ce qui vit sous l'eau...

Guillaume Bianco explore dans ce troisième volume des aventures de Billy Brouillard, un nouveau pan de la littérature de l'horreur: les monstres marins! Et c'est encore moins marrant que ce qu'il y a sous terre, foi de Billy Brouillard!


Les comptines malfaisantes I

Présentation de l'éditeur: "Les comptines malfaisantes , sont au nombre de treize.
Leurs origines sont diverses et variées , souvent mystérieuses.
Certains prétendent qu'elles auraient été écrites par le diable en personne, afin de punir les enfants dissipés.
Quatre d'entre elles ont été retranscrites à ce jour, elles vous sont ici livrées..."

Changement de décors avec cet Hors-série de Billy. Point d'album mais 3 livres de contes, les propres livres de chevet de Billy. Illustrés comme il se doit par le pinceau de Guillaume Bianco, se sont trois horribles histoires qu'il nous propose. 

Retrouvez l'histoire de l'hôte funeste, la complainte de la fille de l'eau, de la Petite princesse qui faisait du mal aux gens et d'Imothep.
De quoi terrifier vos enfants s'ils ne sont pas sages. 

Les comptines malfaisantes II (comptines noires):

Présentation de l'éditeur: Fantaisistes et angoissantes, quatre nouvelles “comptines malfaisantes” aujourd’hui dévoilées dans ce second coffret !

Rangées sur l’étagère de Billy Brouillard, les comptines malfaisantes sont au nombre de treize. Leurs origines demeurent mystérieuses, mais certains prétendent qu’elles auraient été écrites par le Diable lui-même afin de punir les enfants dissipés.

Quatre d’entre elles ont déjà été retranscrites, quatre nouvelles le sont aujourd’hui :
– Vous brûlerez d’épouvante en découvrant Ézilda, le lézard géant qui suit les enfants comme leur ombre sans raison apparente...
– Plus jamais vous ne vous endormirez dans le noir après avoir lu la sinistre histoire du Nez qui dépasse...
– Si vous survivez à la lecture d’Angoisses nocturnes, vos cauchemars auront une saveur âpre...
– Et enfin, vous en saurez un peu plus sur le terrifiant Monsieur du Sac qui effraie tant Billy...

Prenez gare... Comme certains contes populaires, la morale de ces comptines peut s’avérer dure, ironique, souvent cruelle... mais toujours surprenante.

L'encyclopédie curieuse et bizarre vol. 1: Les Fantômes

Présentation de l'éditeur: Le premier volume de L’Encyclopédie curieuse et bizarre par Billy Brouillard est destiné à révéler les secrets des fantômes ! Ils vivent parmi nous, nous en croisons tous les jours... Pourtant, il n’est pas aisé de les identifier ! Certains sont inoffensifs, loufoques, alors que d’autres ne reculeraient devant rien pour s’emparer de vos âmes.
Il est donc plus que nécessaire de connaître leurs mœurs et leurs coutumes afin de les apprivoiser et d’apprendre... à ne plus en avoir peur ! Savoirs spectraux, conseils avisés, histoires tantôt insolites, tantôt burlesques et jeux fantomatiques... tout les moyens sont bons pour tout apprendre des fantômes.

Histoire de bien finir cette chronique, nous allons parler plus en détail du dernier né de la série, L'encyclopédie curieuse et bizarre, sortie en avril. 
Il s'agit d'un superbe album, plus grand qu'une BD normale, richement illustrée. Destinée avant tout aux ados et aux adultes - c'est assez effrayant parfois, je ne suis pas sûre qu'elle convienne aux moins de 10 ans - L'encyclopédie curieuse et bizarre vous plonge dans les recherches de Billy sur les fantômes. 


J'ai carrément adoré l'ambiance et les dessins. Ça fait gentiment flipper, on sent un côté Burtonien qui me plaît beaucoup et on est super facilement plongé dedans. La première partie de l'album concerne les "vrais" fantômes, du moins les plus connus d'entre eux avec des pages de faux journaux sur le sujet et les conseils de Billy sur comment voir les fantômes et s'en protéger. 

Viennent ensuite des histoires de Billy Brouillard comme la jeune fille au couteau, le fantôme du placard ou encore le fils de la mort. Je ne suis pas facilement flippée mais j'avoue que certaines histoires filent la chair de poule. Et c'est super!!!  
Les illustrations sont tout simplement superbes, tantôt épurées, tantôt chargées de détails comme la planche sur Jack'o'Lantern toute en ombre. 

Guillaume Bianco conjugue l'histoire à un dessin glaçant pour mieux nous faire plonger dans l'univers de Billy. Ce nouvel opus, qui regroupe donc les carnets de Billy - dont le lecteur a déjà pu avoir des aperçus dans les tomes précédents - est un petit régal!

Allez, il nous vous reste plus qu'à rencontrer Billy! Bonne lecture et bon frisson.

jeudi 22 mai 2014

Quand j'étais Jane Eyre - Sheila Kohler


Présentation de l'éditeur: Dans le calme et la pénombre, au chevet de son père qui vient de se faire opérer des yeux, Charlotte Brontë écrit, se remémore sa vie, la transfigure. Elle devient Jane Eyre dans la rage et la fièvre, et prend toutes les revanches : sur ce père, pasteur rigide, désormais à sa merci, sur les souffrances de son enfance marquée par la mort de sa mère et de deux sœurs aînées, sur sa passion malheureuse pour un professeur de français à Bruxelles, sur son désespoir face à son frère rongé par l'alcool et la drogue, sur le refus des éditeurs qui retournent systématiquement aux trois sœurs Brontë leurs premiers romans, envoyés sous pseudonyme. Sheila Kohler se glisse dans la tête de Charlotte Brontë et de son entourage afin de décrire les méandres de la création. Sans se départir du style cristallin de ses précédents ouvrages, elles restitue avec finesse le climat qui a donné naissance aux œuvres des sœurs Brontë : Jane Eyre, bien sûr, mais aussi Les Hauts de Hurlevent et Agnes Grey, trois joyaux de la littérature anglaise. 

 On avait beaucoup parlé de ce livre sur Whoopsy Daisy lors de sa sortie mais je n'avais pas pu me le procurer à ce moment là. Par hasard, je suis tombée sur la version poche il y a deux mois et j'en ai profité pour me lancer dedans. Étant une fan de Jane Eyre et des sœurs Brontë en général, je me suis dis qu'il serait sympathique de découvrir un peu de la vie de ces trois sœurs au parcours étonnant. 

À l'été 2012 - je vivais alors en Angleterre - j'ai eu la chance de visiter la région de Manchester - ville géniale d'ailleurs, j'y ai passé un super long week-end, je vous la recommande - et notamment le Yorkshire dont je suis tombée amoureuse. Tout ça pour vous dire que dans le Yorkshire se trouve Haworth, la ville de sœur Brontë. Dans les ami•e•s qui m'accompagnaient, il y avait une fan des Hauts de Hurlevent, nous ne pouvions donc pas passer à côté de la maison des Brontë. 

Je ne suis pas sûre que l'on puisse comprendre les écrits de Charlotte - Currer - Emily - Ellis - et Anne - Acton Brontë/Bell sans être aller à Haworth. La littérature qu'elles en ont tiré provient de cet endroit, du Yorkshire du milieu du XIXe siècle. Il suffit d'être dans le village, de voir la maison des filles et la vue qu'elle avait de façon quasi permanente sur le cimetière pour se rendre compte de la dureté de la vie là bas. La mortalité était de 70% car l'eau arrivant au village passait directement sous le cimetière. Imaginez un peu l'hygiène et pourquoi 7 enfants sur 10 ne passaient pas la puberté! Lorsque l'on prend conscience de tout ça, on peut sans doute, appréhender le travail de ces trois formidables écrivaines dans sa globalité.
Depuis les fenêtres du salon et des chambres...le cimetière d'Haworth
C'est aussi ce que Sheila Kohler fait dans Quand j'étais Jane Eyre. Il s'agit moins finalement de parler du roman Jane Eyre et de sa genèse que d'aborder la vie de Charlotte et de ses sœurs. L'auteure arrive irrémédiablement bien à nous plonger dans cette ambiance un peu glauque et résolument sombre. À la croisée de la biographie et du roman, elle nous plonge dans le destin de Charlotte, d'Emily et d'Anne. 

Même si cela peut rebuter, j'ai apprécié le style assez détaché de l'auteure, un peu froid mais élégant. Nous ne sommes clairement pas dans une hagiographie de Charlotte Brontë, elle est montrée au lecteur dans toutes ses failles, ses doutes mais aussi ses qualités. C'est le personnage en entier qu'elle tente de reconstituer, avec la distance qui fait parfois défaut à mon amie Elizabeth Gaskell - même si je l'adore. C'est une partie du récit que j'ai vraiment apprécié, le côté rude et pas toujours aimable de Charlotte. 

À côté de ça, Sheila Kohler fait très souvent des parallèles entre la vie de Charlotte Brontë et le roman Jane Eyre. En règle générale, je ne suis pas du tout fan de ces explications, comme si finalement l'auteur•e ne peut puiser son inspiration qu'uniquement dans son propre vécu ce qui va à l'encontre tout de même du concept d'imagination, vital en littérature romanesque. Je vois mal par exemple George Martin s'être inspiré directement de son vécu pour écrire Game of Thrones, tout comme - pour ne pas faire la mauvaise langue en disant que j'ai pris un auteur de fantasy exprès - je ne pense pas qu'Alexandre Dumas se soit inspiré de sa propre histoire pour écrire Les trois mousquetaires. 
Je ne nie pas une part d'utilisation de chose que l'on connait, c'est évident, mais cela est souvent inconscient. Pour faire un parallèle, le personnage de Jean Valjean - Les misérables de Victor Hugo - et la relation filiale fusionnelle qu'il entretient avec Cosette, n'est pas sans rappeler celle de Victor Hugo lui-même et de sa fille Léopoldine. Cependant, je ne suis pas du tout certaine que l'auteur y ait pensé en l'écrivant. D'une façon globale, il est vrai que Jane Eyre est très proche de certaines anecdotes vécues par Charlotte, notamment la mort de son amie au pensionnat. Alors, c'est vrai, Sheila Kohler trace beaucoup de parallèles, ce qui peut en agacer plus d'un•e. Cependant, puisqu'il s'agit d'un roman et non d'une biographie universitaire, je suis volontiers passée sur ce détail. 

Si la première partie du roman qui se déroule à Manchester est concentrée sur Charlotte, j'ai beaucoup aimé la seconde moitié du livre, où l'on rencontre Anne et Emily. J'ai trouvé intéressant cette rivalité entre sœurs, la jalousie aussi, même si on sent l'amour et la puissance des liens qui les soudent. C'est particulièrement flagrant entre Emily et Brandwell. Cela ne devait pas être facile de vivre entre Emily et Charlotte et j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour Anne que l'on connait moins bien que ses deux aînées.
J'aurai bien aimé que cette partie soit un peu plus longue, elle balaye vraiment trop vite les dernières années des sœurs, parlant même de certains épisodes de leur vie comme si nous les connaissions déjà alors qu'elle appesantie beaucoup sur d'autres détails que je trouve un peu secondaires. Malgré cette remarque, je peux ajouter qu'elle est incroyablement documentée, on sent qu'elle maîtrise son sujet et qu'elle est passionnée par ces trois jeunes femmes atypiques.

Pour moi, la vraie force du roman de Sheila Kohler est avant tout de resituer l'ambiance de la vie des soeurs Brontë. Elle nous donne envie de découvrir tous leurs romans et d'en apprendre d'avantage sur ces jeunes femmes très complexes et aux rapports familiaux parfois compliqués.

Ce roman est toutefois plutôt réservé aux connaisseurs et admirateurs de l’œuvre des Brontë ou alors aux fans de romans d'ambiance.

mardi 20 mai 2014

Le grand hôtel Babylon - Arnold Bennett


BIJOU VINTAGE

Présentation de l'éditeur: La fille du magnat américain Theodore Racksole veut un steak et une bière, mais un palace d’un si haut standing que le Grand hôtel Babylon ne saurait s’abaisser à des mets aussi vulgaires. Qu’à cela ne tienne : Racksole rachète donc l’hôtel.
Mais le milliardaire ne s’attendait pas à ce que la gestion hôtelière soit semée de tant d’embûches : la réceptionniste disparaît, le maître d’hôtel démissionne, un jeune diplomate est trouvé mort et son corps est subtilisé. Et que devient donc le prince Eugène, qui devait descendre au Grand hôtel Babylon et dont personne n’a de nouvelles ? Les énigmes s’accumulent et des machinations internationales semblent s’ourdir dans les corridors chics du palace.

Si vous ne connaissez pas Les moutons électriques - non nous ne parlons pas de ceux de Dick quoique...- je vous encourage vivement à mettre vos jolis nez dessus parce que cette maison d'édition publie des pépites. Plutôt à vocation littératures de l'imaginaire comme son nom l'indique, elle a aussi l'intelligence de ressortir des titres oubliés depuis longtemps. C'est grâce à eux que l'on doit la republication du Prisonnier de Zenda dans la collection Rayon vert - collection de classiques de la littérature populaire - ou encore Gagner la guerre de Jaworski dans la collection voltaïque que je vous recommande chaudement.

La grand hôtel Babylon d'Arnold Bennett, publié dans la collection Rayon vert, est un classique de la littérature britannique. Sorti en 1902, il s'agit sans doute du roman le plus connu de l'auteur, mort en 1931. Jamais traduit, il sort enfin en français pour notre plus grand plaisir.

Si je devais qualifier ce roman je ne pourrais faire autrement que de dire "britannique". Pour tous les amoureux de l'Angleterre, ce roman est absolument dans la veine des récits qui savent nous rappeler cette douce Albion. On y retrouve cet humour pince-sans-rire qui sait tant séduire de nombreux lecteurs allié à de nombreux rebondissements qui vous entraînent dans leurs sillages. 

Il y a tout dans ce grand hôtel Babylon, une histoire d'hôtel comme on les aime, déjà, mais aussi une romance, des princes et des Altesses royales, un meurtre, une subtilisation de cadavre, des kidnappings, des menaces au pistolet, des serveurs et des réceptionnistes indélicats et un directeur d'hôtel qui commence à tourner chèvre! Autant dire que le programme des réjouissances est plutôt sympathique. 

Ajoutez à cela un personnage principal intéressant avec qui je me suis tout de suite entendue - oui je m'entends bien avec les personnages imaginaires moi. Racksole est un milliardaire américain mais assez dénué des clichés que l'on pourrait attendre dans un roman paru en 1902. Certes, il achète l'hôtel parce que sa fille veut manger un steak et boire une bière et parce que ça le changera des chemins de fer, mais il est foncièrement bon et ne fait pas n'importe quoi avec son argent. D'un autre côté, ce n'est pas un business man de folie toujours prêt à faire d'énormes profits. Il est assez lucide sur son argent, lorsque l'on met 1 millions de dollars à la banque, ça fait vite 2 millions en intérêts divers mais on ne le sent jamais âpre au gain. il est dynamique, soucieux de la qualité de ce qui l'entreprend et il adore sa fille sans toutefois la pourrir. Il ressemble un peu au père dans Le train bleu d'Agatha Christie mais en mieux, plus moral. 
Quant à sa fille, elle a un peu le côté gâté de Ruth - toujours du train bleu - mais là aussi, en mieux. Elle est certes une américaine, habituée à obtenir ce qu'elle veut mais elle n'en fait jamais trop non plus. Elle n'est donc jamais désagréable ou pédante. Elle sait ce qu'elle veut mais dans les limites du raisonnable. Là encore, il s'en sort bien.
J'ai moins accroché avec les princes que je trouve un peu trop fades à mon goût mais il faut admettre que Racksole prend pas mal de place. Quant aux méchants, ils sont à l'ancienne: machiavéliques et classes.

Je me suis embarquée dans cette lecture avec beaucoup de plaisir. Les rebondissements entraînent le lecteur dans des péripéties sympathiques qui vous feront passer un excellent moment. Un classique à redécouvrir sans modération.

vendredi 16 mai 2014

Homesman - Glendon Swarthout


COUP DE CŒUR DE PERSÉPHONE

Présentation de l'éditeur: Au cœur des grandes plaines de l'Ouest, au milieu du XIXe siècle, Mary Bee Cuddy est une ancienne institutrice solitaire qui a appris à cultiver sa terre et à toujours laisser sa porte ouverte. Cette année-là, quatre femmes, brisées par l'hiver impitoyable et les conditions de vie extrêmes sur la Frontière, ont perdu la raison. Aux yeux de la communauté des colons, il n'y a qu'une seule solution : il faut rapatrier les démentes vers l'Est, vers leurs familles et leurs terres d'origine. Mary Bee accepte d'effectuer ce voyage de plusieurs semaines à travers le continent américain. Pour la seconder, Briggs, un bon à rien, voleur de concession voué à la pendaison, devra endosser le rôle de protecteur et l'accompagner dans son périple.

Homesman est paru pour la première fois en 1988 et fut traduit une première fois sous le titre Le charriot des damnées. Il bénéficie aujourd'hui d'une toute nouvelle traduction grâce à Gallmeister qui conserve le titre d'origine et en donne une traduction liée à l'anglais "le rapatrieur".

Je me suis embarquée dans ce roman à la manière de Mary Bee Cuddy dans le voyage à travers le Territoire de loup, sur un coup de tête, parce que le résumé me plaisait et parce qu'on commençait à parler du film de Tommy Lee Jones. J'ai dévoré le roman en deux jours et j'en suis ressortie toute bouleversée. Je ne savais clairement pas dans quoi je m'embarquais.

Homesman est un livre magnifique sur la conquête des territoires de l'ouest des États-Unis, leur hostilité et les hommes et femmes qui tentent d'y vivre. Le roman s'ouvre sur l'histoire de Theoline Belknap et comment et pourquoi elle perdit la raison. Pas de doute, d'entrée de jeu vous êtes dans le récit. Une terre gelée, balayée par le vent et les intempéries, des hommes égoïstes qui ne voient pas ce qui se passe autour d'eux et qui laissent leurs épouses plonger irrémédiablement. 

Il y a dans ce roman, de magnifiques portraits d'être humains et je n'aurais pas assez d'une chronique pour en parler à fond. On ressent immédiatement un contraste entre les hommes et les femmes dépeints par Glendon Swarthout. Les maris sont égoïstes et lâches. Ils sont tous tellement centrés sur eux-mêmes qu'ils pensent que leurs femmes leur ont fait un sale coup à eux personnellement, sans penser un seul instant à la quantité de douleur qu'il faut pour faire basculer un être humain dans la folie. À aucun moment ils ne se remettent en question ni n'essayent de comprendre leurs femmes. Hormis le hollandais, qui n'a pas grand chose à se reprocher - mis à part une pingrerie peut-être - les autres sont assez méprisables. Ils abandonnent leurs femmes sans remord simplement parce qu'elles ne peuvent plus servir. Les pires étant Vester et le Norskie qui blâment leurs épouses sans sourciller alors qu'ils ont leur part de responsabilité dans leur malheur. J'ai pu comprendre sans aucun soucis la colère que ressent Mary Bee Cuddy face à cette injustice et pourquoi elle décide de s'embarquer dans cette histoire.

Mary Bee Cuddy est un superbe personnage. Une femme d'une force incroyable. Institutrice, elle s'embarque pour l'Ouest puis fait un héritage et s'installe à Loup où elle cultive et mène seule son exploitation. Un véritable exploit lorsque l'on considère que ses voisins s'en sorte moins bien alors qu'ils sont plusieurs. C'est une femme forte mais dotée aussi d'une très grande sensibilité aux malheurs des autres. À travers Mary Bee Cuddy on ressent aussi tous le poids de la misogynie ambiante. Célibataire à 32 an, elle a, physiquement comme psychologiquement, un côté masculin prononcé et on sent bien que cela gêne les gens autour d'elle. Comment trouver un époux pour la seconder lorsque l'on est une femme de caractère dans l'Ouest des USA du XIXe siècle? J'ai été touchée par la fragilité qui se cache derrière le personnage et le fait qu'elle maintienne consciencieusement l'apparence de cette force à toute épreuve. C'est une femme au cœur d'or, mélomane, à laquelle j'ai été terriblement attachée.

A côté de Mary Bee Cuddy, nous retrouvons George Briggs, un voleur de terre qu'elle sort d'une mauvaise passe et qui se retrouve obligé d'accompagner Mary Bee dans son périple. George Briggs est un vrai loup solitaire. Il parle peu, exprime très rarement ses pensées et sentiments, il reste assez inconnu des lecteurs. Malgré cela, c'est un personnage fascinant que l'on apprend à connaître un peu malgré soi et qui prend toute sa dimension dans le dernier tiers du roman.

Si les personnages sont particulièrement forts, il faut aussi voir que la nature elle-même, les grands espaces américains, est au cœur des préoccupations. Elle est tour à tour accueillante ou hostile, belle ou terrible. Homesman est un roman d'ambiance, à n'en pas douter. Comme le disent les affiches du film, il s'agit de la face cachée du rêve américain et c'est tout à fait ça. Non seulement, on y parle des revers de fortune de ceux qui croyaient s'offrir un avenir meilleur, mais en plus, les femmes devenues folles sont cachées et soustraites au reste de la communauté. Préserver le mythe avant tout, tel est l'objectif de la ville.

Homesman a su m'émouvoir comme je le suis rarement. C'est un livre dur, bouleversant qui ne peut vous laisser indemne. Préparez-vous à embarquer pour un périple hors du commun. 

mercredi 14 mai 2014

La ballade d'Hester Day - Mercedes Helnwein


COUP DE CŒUR DE PERSÉPHONE 

EN LIBRAIRIE LE 15 MAI 



Présentation de l'éditeur: C’est l’histoire d’une fille qui ne veut pas aller au bal de promo, d’un apprenti poète qui l’a épousée pour trouver l’inspiration, et d’un petit garçon rondouillard qui, à défaut d’être cow-boy de l’espace, est ravi de tracer la route en camping-car avec eux. L’équipée sauvage d’Hester Louise Day s’annonce comme un fiasco épique. Parce que la famille, même bricolée, ce n’est jamais un long fleuve tranquille, surtout quand on est recherchés par la police et le FBI. Il faut dire que quand Jethro, son cousin de dix ans, s’est invité dans son road trip, Hester n’a pas réfléchi aux conséquences. Mais ce n’est pas trop son fort, les conséquences. Hester a pris la route parce qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Ça ne la dérange pas d’être rattrapée, mais pas tout de suite, pas trop vite. Avant cela, il y a des paysages sublimes à traverser, des rencontres inoubliables à faire, des éclats de rire et de colère, un peu d’amour ce serait bien, même si son jeune époux, Fenton Flaherty, n’est pas un grand sentimental. Un peu de rêve, un peu d’oxygène… Bref, une ballade belle et mélancolique comme celles dont on fait les grands blues. 

La Belle colère revient en trombe avec son deuxième titre La ballade d'Hester day, dans un genre tout à fait différent. Cette-fois ci, pas d'adolescents malades et en colère après Dieu, juste une jeune fille de presque dix-huit ans complètement paumée dans ses aspirations. Comme beaucoup d'adolescents, elle ne sait pas ce qu'elle veut, hormis qu'elle refuse la vie conformiste que lui destine sa mère: aller à l'Université, non pas pour être une femme libre indépendante et éduquée mais pour trouver un mari avec une bonne situation. Pas étonnant donc que pour la jeune femme bohème qu'est Hester, l'Université ne représente pas un idéal de vie.

Prise d'une envie soudaine d'avoir un enfant à élever, elle tente l'adoption mais se voit refuser par une fonctionnaire un peu sèche. La jeune fille s'embarque alors dans une aventure rocambolesque qui implique ses 18 ans et un mari en la personne d'un jeune poète un peu allumé qu'elle croise à la bibliothèque depuis plusieurs années.

J'ai juste adoré ce roman. C'est une colère d'adolescente bien différente de celle de Richard Casey. Hester Day est une jeune fille qui rêve d'évasion, d'imprévu et d'amour aussi, bien qu'elle ne se l'avoue pas vraiment. J'ai tout de suite aimé son personnage et sa façon de voir les choses alors même qu'elle est parfois une incroyable pisseuse. Son envie de liberté m'a émue tout comme sa démarche, complètement folle mais finalement très logique, en adéquation avec sa personnalité.
Fenton est plus dur à appréhender, on le comprend moins, sans doute parce que le roman est raconté par Hester à la première personne et que nous le découvrons à travers ses yeux. Il est borné, irascible, tout aussi pénible qu'Hester à certains moments, mais finalement on parvient sans peine à s'attacher à lui.
Quant à Jethro c'est un petit garçon qu'on a plaisir à suivre. Il a un petit côté T.S. Spivet avec sa passion pour l'astronomie et son désir de devenir cow-boy de l'espace.

C'est un road-trip marrant ou personne ne sait vraiment où il va ni ce qu'il va trouver à la fin du voyage mais ils parviennent tous à une meilleure compréhension d'eux même. Ils vont rencontrer plusieurs personnes le long du chemin, grandir au fur et à mesure que le voyage avance.
J'ai adoré me glisser dans cette caravane avec eux, de suivre leur périple et les relations humaines qui se nouent entre ces trois personnages que rien ne prédestinaient à se croiser de la sorte.

J'ai beaucoup aimé le style de Mercedes Helnwein, le ton qu'elle donne à Hester, l'humour aussi des personnages parce que ce road trip est allumé et complètement loufdingue plutôt qu'autre chose, rien n'est jamais tragique ou désespéré. Le but est véritablement, pour Hester Day, de trouver qui elle est et ce qu'elle veut dans la vie, de passer de l'adolescence à l'âge adulte. Si Richard Casey cri pour se faire entendre, Hester Day, elle, se fait la malle. D'étapes en étapes, de réflexions en réflexions, Hester grandit et le ton s'affirme. De drôle et un peu déséquilibrée, elle passe à posée et plus mûre.

Vous l'aurez compris, le style, les personnages, le road-trip et l'ambiance m'ont complètement emballée encore mieux qu'un paquet à Noël. J'y étais dans cette caravane je vous dis! Et d'autant plus que tout au long du roman s'égrènent des extraits de chansons folk des années 30. Pour un peu on se serait cru dans O'Brother. Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir la chanson du film en tête...vous savez, celle-là. Laaaaaaaaaaaa lalilala...Du coup je n'ai pas pu m'empêcher de noter les titres des musiques citées en tête de chapitre et d'en faire la playlist. vous la trouverez juste ci-dessous, histoire de vous mettre dans l'ambiance pendant la lecture.

Encore une belle réussite pour la Belle colère, ce deuxième titre a su m’enchanter et me transporter ailleurs, le temps de la lecture. Je repars avec Hester, Fenton et Jethro quand ils veulent!

Playlist

17) Outlaw blues - Bob Dylan

lundi 12 mai 2014

Le diable à Westease - Vita Sackville-West


Présentation de l'éditeur: «Pourquoi avoir choisi Mr Gatacre comme victime ? Je suppose que vous n'avez rien à lui reprocher ? - En partie parce qu'il était petit, frêle, facile à endormir... Et je ne tenais pas à ce qu'il souffre.»
Westease, adorable village de la campagne anglaise, préservé des horreurs d'une guerre encore toute fraîche, est bien tranquille... trop, peut-être ?
Lorsque Roger Liddiard, jeune et brillant romancier, s'y arrête au volant de sa Jaguar, il en tombe amoureux et décide de s'y établir, non loin du Professeur, vieux gentleman solitaire, du peintre Wyldbore Ryan, et de Mary Gatacre, la fille du révérend.
Voici que Mr Gatacre est assassiné, sans raison ni indice évidents... Liddiard brûle de résoudre l'énigme. Sans savoir à quel point sa propre responsabilité pourrait être engagée.

Publié en 1947 et traduit - ENFIN - en français, Le Diable à Westease est un petit bijoux de roman policier. 

J'adore Vita Sackville-West. J'aime le personnage d'abord, un brin excentrique, membre du groupe de Bloomsbury, intime de Virginia Woolf - promis je m'attaquerai un jour à leur correspondance - et le regard qu'elle porte sur sa propre société. J'étais assez impatiente de découvrir ce que son écriture mordante pouvait donner dans une intrigue à la Dame Agatha.

Il faut bien l'admettre, Le diable à Westease, c'est un Agatha Christie déguisé! Il lui manque un Hercule Poirot ou une Miss Marple mais les amateurs du genre se sentiront immédiatement dans leurs charentaises préférées. L'intrigue se déroule intégralement dans un petit village anglais perdu dans une campagne idyllique où il ne semble jamais pleuvoir. Hormis le pasteur, sa femme et sa fille, notre héros, un écrivain, rencontre un vieux Professeur dans son manoir ainsi qu'un peintre célèbre établi dans la région pour le calme et les paysages. Se mêlent alors une intrigue policière à une histoire d'amour entre le héros et la fille du pasteur. 

Ce qui m'a le plus séduite dans ce court roman est incontestablement le style de Vita Sackville-West. Elle a le chic pour les descriptions, les dialogues sont piquants et le roman est traversé de cet humour bien particulier qui caractérise l'auteure. L'humour noir n'est jamais loin et dans un polar de ce style c'est presque inattendu. Agatha Christie sait elle-aussi être très drôle mais lorsqu'elle utilise plutôt le grotesque pour se moquer de ses personnages - Poirot le premier - Vita Sackville-West se fait beaucoup plus incisive. 
Les personnages sont intéressants aussi et bien tranchés. Le récit se faisant à la première personne, c'est évidemment Roger dont nous sommes les plus proches mais cela n'empêche pas d'apprécier - ou de détester - les autres. Le professeur était intéressant avec ses longs monologues, ses explications un peu alambiquées mais celui que j'ai préféré est de loin le peintre. Roger le déteste presque instinctivement, du coup nous sommes toujours partagés entre ce sentiment et son exact opposé. Il est à la fois terriblement attirant et complètement repoussant, c'est assez étrange comme impression. Le lecteur est donc perdu entre faire confiance à l'instinct de Roger et l'importance de ne pas se fier au apparences. 

En plus du style j'ai littéralement adoré la résolution du mystère. Le lecteur va de rebondissements en rebondissements et c'est une excellente idée. La fin, telle qu'elle est conçue, permet au roman d'être véritablement original, Vita Sackville-West noie le poisson avec brio.

Je regrette simplement une petite chose: chez Dame Agatha, lorsque l'action se passe dans un village, vous pouvez être sûr•e qu'à la fin du roman, vous pouvez vous le représenter dans ses moindres détails: rues comme habitants. Malheureusement ici, le récit est assez pauvre en "vie de village". Les personnages principaux sont assez concentrés, il n'y a pas vraiment d'intrigue secondaire puisque tout est resserré autour du meurtre du pasteur. Certes, elle évite les écueils des récits alambiqués mais on perd quand même un peu de ce qui fait le charme de ces petits "whodunnit" à l'anglaise. Cependant, il s'agit là d'une critique de chipoteuse, je l'ai englouti avec une rapidité qui m'étonne moi-même.

Si vous êtes à la recherche d'une lecture divertissante, légère mais qui sait piquer votre curiosité et ne jamais vous lâcher, pas de doute, Le diable à Westease est fait pour vous. Comme en plus il est traduit en français...il n'y a plus d'excuses à avoir. Allez, taisez-vous, je ne veux rien savoir!

samedi 10 mai 2014

Comment ma vie a changé après Stéphane ou La valse brillante - Caroline Gayet


DÉDICACE SPÉCIALE A CONSTANCE 

MA ROMANCE VINTAGE: LE COUP DE CŒUR 

Présentation de l'éditeur: Après huit ans passée en Espagne auprès d'une tante désormais décédée, Nathalie revient chez ses parents à Paris. Elle qui pensait être guérie succombe à la minute même où elle revoit le beau Stéphane, celui-là même pour lequel elle s'est exilée si longtemps. Si le temps à passé, les rancœurs maternelles ne semblent pas s'être estompées et la mère de Nathalie s'oppose encore farouchement à l'amour de deux jeunes gens. Pourquoi la baronne de Karani vouait-elle une haine tenace à Stéphane? C'est ce que les amoureux devront découvrir pour atteindre le bonheur.

C'est la croix et la bannière pour vous parler de ce roman sorti en 1959 chez Denoël car il n'est plus disponible nul part. Je sais, je sais, ce n'est pas sympa de vous parler d'un livre tip-top - surtout d'une romance cool - de vous la mettre sous le nez pour vous dire "ah bah non c'est introuvable, tant pis, repassez plus tard".  
Cheshire: Moi j'aime bien quand tu fais ça...
Persie: Ne soutiens pas surtout!
Il faut dire que j'ai une une excuse et une super valable. Je vous explique. Ayant réussi à me débarrasser de mon chafouin pour quatre jours d’affilée - Ô bonheur -  j'étais entièrement libre pour une retraite spirituelle auprès de mon maître Jedi personnel, oui je sais vous êtes jaloux. Toc. Je me suis donc envolée pour d'autres cieux où la bière est bonne et les saucisses abondantes, elles galopent joyeusement dans l'herbe c'est adorable.
Comme il convient lorsque je suis en présence de mon honorable maître, la discussion dérive toujours peu ou prou vers la romance. Après avoir parlé des premiers Barbara Cartland - Serena et La fille de Serena - nous en sommes venues à la question fondamentale de la romance française.

Oui je l'avoue, pour moi la romance old school s'arrêtait à Woodiwiss et honnêtement, après mon expérience du Loup et la colombe, je n'avais pas vraiment - euphémisme mon ami - envie d'y refoutre les pieds. Heureusement, mon maître Jedi était là pour me parler de Caroline Gayet. Caroline Gayet, c'est de la romance des années 50-60 publiée chez Denoël et republiée chez Tallandier dans les années 70. Mon Jedi me promettait une romance mimi, un héros crousti-fondant et une héroïne qui sait ce qu'elle veut. Je n'ai pas été déçue.

La valse brillante se passe durant le règne de Napoléon III et d'emblée, on voit que l'auteure connait sa période. Un petit détail qui a tout de même son importance: lorsqu'il y a des scènes à l'opéra, nous ne sommes jamais à l'opéra Garnier car bien que commandé par Napoléon III, il ne l'a jamais vu terminé. Difficile donc de se rendre à l'opéra Garnier lorsqu'il n'est pas construit. Ça peut paraître complètement idiot de s'attacher à des détails pareils mais vous me connaissez maintenant, les détails historiques c'est mon dada. Rien ne me fait plus horreur que les anachronismes parce qu'il en ressort toujours quelque chose de faux dans l'ambiance. Je suis une partisane du fait que l'Histoire peut être plus romanesque que le roman, ce n'est pas toujours la peine de piocher dans des idées folles pour faire une bonne histoire.

La valse brillante n'a pas un scénario d'une originalité folle: deux jeunes gens, séparés par une mère haineuse, vont tenter malgré tout de pouvoir vivre leur amour. J'ai très vite compris pourquoi la baronne ne voulait pas que Nathalie épouse Stéphane mais au fond on s'en tape!

PARCE QUE:

1) C'est bien écrit. J'ai eu l'impression de lire un Julia Quinn, l'humour en moins parce que l'auteure maîtrise sa plume. Très jolie, fluide avec de belles descriptions, on évite constamment les écueils classiques de l'écriture de la romance. Pas de gorge palpitante ni de membre turgescent, Caroline Gayet sait susciter l'émotion sans jamais tomber dans le cliché ou le vulgaire. Bien évidemment, comme le livre est publié en 1959, il ne faut pas s'attendre à trouver autre chose que de doux baisers mais l'ensemble est si joli et joliment écrit que c'est un régal.

2) Les héros sont très bien écrits. Là encore, pas de mystère, Caroline Gayet nous offre un duc magnifique, aussi beau physiquement que gentil. Il est amoureux, doux, attentionné. On est loin du mâle alpha dominateur ou du misogyne que l'on trouve chez Woodiwiss par exemple. Il n'est jamais paternaliste et sait que Nathalie est une grande personne, intelligente et capable de prendre des décisions par elle-même. S'il l'éloigne parfois pour mieux la protéger c'est surtout par amour. Oui Stéphane est une grande réussite et c'était extrêmement plaisant de retrouver ce rake repenti mais finalement amoureux fidèle.
Quant à Nathalie, à 25 ans c'est une femme au caractère affirmé qui revient en France. Ce n'est jamais une bécasse, elle est toujours dans le ton et concilie sa mère et son fiancé au mieux. En plus, elle a l'air parfaite mais n'agace jamais car elle ne se plaint pas, n'est pas bêcheuse pour deux sous. Bref, ce petit couple, j'ai adoré les découvrir et les voir surmonter les épreuves ensemble.

3) Même si on découvre vite le pot-aux-roses, l'histoire est très agréable. J'ai bien aimé les rebondissements, les personnages secondaires notamment le frère et la sœur de Nathalie qui sont adorables et l'ambiance de ce Paris du IInd Empire que finalement je connais bien mal en romance. Même la mère, insupportable parce que empêcheuse de tourner en rond, est quand même très bien car nous ne sommes jamais dans le too much. Il y a aussi un petit goût de Persuasion avec ces retrouvailles qui se font, je dois dire, en toute simplicité.

Alors voila, si jamais en fouillant dans le grenier des maisons de vacances de votre enfance, ou en lorgnant du côté des brocantes vous tombez sur La valse brillante, n'hésitez pas. Je vous garanti un très bon moment de lecture et un héros A-DO-RABLE.

Si jamais vous avez des éditions Denoël ou Tallandier à l'ancienne avec des auteures comme Caroline Gayet, Saint-avi, Concordia Merrel, ou Georgette Heyer surtout GARDEZ-LES. On ne les trouve plus nulle part et c'est bien dommage. Sinon, si vous voulez vous en défaire, pensez à votre Persie chérie, je suis toujours là pour accueillir les livres SDF.

Et vous, avez-vous aussi de très vieilles romances qui vous ont marqué? Dites moi tout!

vendredi 9 mai 2014

Les tribulations d'une cuisinière anglaise - Margaret Powell


UN VRAI RÉGAL!

Présentation de l'éditeur: Dans l'Angleterre du début des années 1920, la jeune Margaret rêve d'être institutrice, mais elle est issue d'un milieu modeste et doit "entrer en condition". De fille de cuisine, elle devient rapidement cuisinière, un titre envié parmi les gens de maison. Confinée au sous-sol de l'aube à la nuit, elle n'en est pas moins au service de ceux qu'on appelle "Eux", des patrons qui ne supporteraient pas de se voir remettre une lettre par un domestique autrement que sur un plateau d'argent.

Elle saura leur tenir tête et rendra souvent son tablier pour améliorer ses conditions de travail, jusqu'à ce qu'elle trouve enfin, sinon le prince charmant, du moins le mari qui l'emmènera loin des cuisines des maîtres.
 
Margaret Langsley, ce n'est pas un nom pour être en condition, c'est un nom pour faire du cinéma ça."
Cette petite phrase, c'est ce que s'entend dire la jeune Margaret par sa patronne, une Lady machine, qui trouve que son nom fait un peu vulgaire et tapageur. La jeune fille, qui vient de rentrer "en condition" comme on dit, va vite comprendre qu'entre "Eux", ceux d'en haut et elle, qui appartient à ceux d'en bas, il y a tout un monde.

Publié en 1968, ce témoignage de Margaret Powell, nous régale des souvenirs d'une fille de cuisine puis de la cuisinière qu'elle est devenue dans les maisons huppées - ou moins huppées - du Londres des années 20-30. De la patronne qui veut que les lacets de chaussures soient impeccablement repassés tous les jours à celle qui demande qu'on lui cuisine des plats dignes de Buckingham avec trois fois rien, c'est toute la diversité d'un métier disparu que Margaret nous raconte. 

On entre dans Les tribulations d'une cuisinière anglaise comme on entre dans un roman. Dès la première page, on est saisi par le franc-parlé de Margaret et sa joie de vivre car croyez-moi, cette jeune fille sait où elle va! Pas question pour elle d'être malheureuse même si tous les jours n'ont pas été rose. C'est à la force de sa volonté qu'elle compte bien s'élever dans la société. Citadine d'une petite ville anglaise, Margaret voit le jour dans une maison où il y a trop d'enfants et où son père, pourtant travailleur loin des clichés du prolétaire du début du siècle, n'a pas de travail en hiver. Après un passage à la blanchisserie, elle se voit donc forcée d'"entrer en condition" ce qui la rebute. 

On s'attache très vite à cette femme qui écrit comme elle parle, qui n'hésite pas à parler de tous les tracas du quotidien: sexualité, fatigue, ennuie, amour, tout y passe avec un bon sens et un pragmatisme bien anglais. Elle s'étonne encore que ses patrons, démissionnaires au sujet du bien-être physique de leur employé/es, s'inquiètent constamment de leur morale. Comme elle le démontre si bien, lorsque l'on vient d'un milieu pauvre, entre la peur et l'ignorance, on sait que se retrouver enceinte, c'est la fin de tout.

J'ai vraiment aimé qu'elle commence son récit par son enfance, cela permet de mieux comprendre d'où elle vient et surtout ce qui la pousse à entreprendre un métier qu'elle déteste. C'est aussi une femme en avance sur son temps avec pas mal d'idées progressistes et féministes - même si je doute qu'elle se revendique comme telle - sur la place des femmes dans la société et les injustices qu'elles subissent. On sent également l'importance du mariage dans ce Londres de 1920/30 comme seul échappatoire possible à sa condition. C'est assez tragique de penser que seul ce biais là pouvait lui permettre de changer de statut social et de commencer une nouvelle carrière.

On découvre des choses aberrantes dans son récit, comme le maintient à tout prix d'une certaine classe sociale, peut importe ce que ça implique pour les employées: les mauvaises conditions de travail, les places dont on bouge parce que trop mal payées ou parce que la patronne est insupportable, les patrons qui aimeraient vous voir faire plus que cirer les parquets mais aussi les patrons humains qui prennent soin de leurs personnels.

Témoignage touchant tout autant qu'essai sociologique sur une société disparue, Les tribulations d'une cuisinière anglaise se dévore en une fois. Impossible de ne pas se prendre au piège et de continuer à lire alors même qu'il n'y a ni histoire ni suspense, autre que de savoir ce qu'est devenue Margaret Langley.

Ne craignons rien pour Meg, elle s'en est très bien sortie et on est ravi! Une plongée dans le monde "Upstairs Downstairs" qui nous laisse un petit goût de Downton Abbey.

mardi 6 mai 2014

L'exception - Auður Ava Ólafsdóttir


Présentation de l'éditeur: « Tu seras toujours la femme de ma vie. »
Dans le vacarme d’un réveillon de nouvel an, María n’entend pas ce que Floki, son mari, lui annonce : il la quitte pour son collègue, spécialiste comme lui de la théorie du chaos.
Heureusement, dans la nuit de l’hiver polaire, Perla est là, charitable voisine d’à peine un mètre vingt, co-auteur de romans policiers et conseillère conjugale, qui surgit à tout moment de son appartement de l’entresol pour secourir fort à propos la belle délaissée...
Ni Perla la naine surdouée, ni María l’épouse idéale démunie devant une orientation sexuelle désormais incompatible, ni les autres acteurs de cette comédie dramatique à l’islandaise – adorables bambins, belles-familles consternées ou complices, père génétique inattendu – ne détournent le lecteur d’une alerte cocasserie de ton, d’une sorte d’enjouement tendre, de brio ininterrompu qui font de l’Exception un grand roman de la déconstruction et de la reconstruction narcissique à la portée du commun des mortels.

Je suis passée à côté du raz-de-marée Rosa Candida lorsque celui-ci est sortie. Bien sûr j'en avais entendu parlé - même si de façon persistante je confonds encore ce livre avec Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé - mais je ne l'ai pas lu. Oui vous êtes habitués à ce genre de début d'article. Vous le savez bien maintenant, je suis toujours en retard sur les nouveautés mais je finis toujours par me rattraper.
Afin de combler mes lacunes - en retard peut-être mais bien élevée sûrement - j'ai décidé de lire son dernier roman L'exception pour voir de quoi il retournait.

Bien, bien, bien...
Oui merci Greggory
il est de ces livres qui vous tombent des mains. Sans être forcément mauvais, ils vous déçoivent simplement et/ou vous ennuient. L'exception est de ceux-là. Je pense que la quatrième de couverture et les éloges qui ont été faits sur le livre ont contribué à mon désappointement, néanmoins je ne m'attendais pas à l'abandonner en plein milieu à coup de soupirs désolés. Cheshire est témoin du phénomène..."Et croyez-moi, ce n'est pas drôle".

Lorsqu'on me propose un récit drôle, touchant, avec moult péripéties et une naine surprenante et que...rien...non vraiment, rien, il y a de quoi être déçue.
Pas de bol pour Olafsdottir, j'avais lu juste avant ou juste après - dans tous les cas la comparaison est défavorable - Miss Alabama et ses petits secrets où là aussi, un personnage est une naine mais cette fois-ci, tout à fait géniale! Du coup, à côté d'Hazel, Perla fait un peu pâle figure, d'autant plus qu'une fois sur deux je ne comprends absolument pas le baratin qui lui sort de la bouche. Ses longs monologues un peu loufoques censés remonter le moral de l'héroïne m'ont largement ennuyée et je n'ai pas accroché plus que ça.

Je disais donc que la quatrième de couverture me promettait un récit enjoué et moi naïvement je m'attendais à une histoire à l'anglaise pleine de rebondissements, de personnages loufoques et drôles. Finalement j'ai eu le droit à un roman très mou, longuet où les personnages m'ont fatiguée plus qu'autre chose. L'héroïne et son mari ne valent pas mieux l'un que l'autre - non mais sérieux...250 pages où on tourne en rond avec elle d'un côté qui pense qu'il va revenir et lui qui dit que non, il aime un autre homme et qu'il ne rentrera pas - et j'ai cru lire une retranscription de Toute une histoire, le soleil en moins puisqu'on est en Islande et qu'il fait jour entre 11h et 15h.
J'ai cru comprendre que Perla pouvait être la véritable héroïne du roman...moui...si on veut. Si on rajoute à tout ça, un père biologique qui revient et une adoption en cours, on obtient un livre qui essaye d'être à la fois drôle et tragique et ça ne fonctionne pas.

Non, non vraiment avec la meilleure volonté du monde, je n'ai pas pu! Le côté drôle du livre m'a laissée comme ça:

Je vous jure que l'image est animée
C'est clair que les personnages m'ont - légèrement - gonflée, là l'exception (héhé) de Bambi le petit garçon qui est effectivement très mignon. Il ne comprend pas bien ce qu'il se passe, reste collé dans les jupons de sa mère tout en voulant faire la fierté de son papa. Lui était touchant et c'est joli personnage de bébé qu'elle réussit à écrire.

Après ça, ce n'est pas tout à fait noir, il ne faut pas abuser non plus. Si l'histoire en soit ne casse pas trois pattes à un canard unijambiste, j'ai trouvé assez intéressante la forme narrative qu'utilise Olafsdottir. Le récit jongle, assez habilement, entre la première personne du singulier - Maria - et la troisième. Cela crée un contraste intelligent qui permet de renforcer notre rapport au personnage même si dans mon cas la sauce n'a pas prise pour d'autres raisons.

Alors non, on ne peut pas dire que je recommande franchement L’exception même si j'aurai bien aimé parce qu'à lire le résumé, l'ensemble était tentant. Dommage.