lundi 31 mars 2014

Dieu me déteste - Hollis Seamon


COUP DE CŒUR DE PERSEPHONE

Présentation de l'éditeur: New York, hôpital Hilltop. Richard Casey aura bientôt 18 ans. Comme tous les adolescents, il voudrait faire la fête, draguer, s’envoyer en l’air, tomber amoureux…La différence, c’est que Richard sait qu’il ne fêtera jamais ses 19 ans. Il est un peu plus pressé que les autres et, pour vivre fort, il lui faut déjouer les pièges de tous ceux qui préféreraient le voir vivre un peu plus longtemps. Heureusement, Richard a de la ressource, du courage et un solide sens de l’humour. Alors il va ruer dans les brancards. Et si Dieu le déteste, il est prêt à rendre coup pour coup.

Vous n’êtes pas près d’oublier Richard Casey, comment il mena une révolution contre le corps médical, se glissa dans les draps de la jolie fille de la 302, réussit une évasion périlleuse avec la complicité d’un oncle dysfonctionnel, évita de tomber sous les coups d’un père vengeur, et joua finalement son destin au poker, dans un des plus beaux bluffs jamais montés contre le sort.

Il est très difficile de parler de ce genre de livre parce que souvent vous vous retrouvez face à deux camps: le camps des déjà convaincus et celui des totalement réfractaires. Pas besoin de vendre le livre aux déjà convaincus donc, ils l'ont acheté et lu dans la foulée. Quant aux totalement réfractaires ce sont ceux qui hurlent avec horreur "un livre sur des adolescents en soin paliatif mon Dieu quelle horreur, non je n'en veux pas. Trouvez-moi quelque chose de plus léger." Ce sont les mêmes en général qui se précipitent ensuite sur le Kinderzimmer de Valentine Goby - avoir un enfant à Auchwitz - ou le Réparer les vivants de Maylis de Kerangal - transplantation cardiaque mon amour - dans le genre léger on repassera. Nous ne sommes jamais à une contradiction près. D'une façon générale, les enfants malades ce n'est jamais vendeur...et pourtant...


Non, Dieu me déteste n'est pas une vaine tentative d'explorer le filon de Nos étoiles contraires de John Green, vraiment pas. Tout simplement parce que, comme j'ai pu le lire parfois sur les blogs, Dieu me déteste n'est pas un roman young adult. C'est vraiment un roman pour adulte avec un narrateur adolescent, ce qui n'est pas du tout la même chose. Hollis Seamon a écrit ce roman après avoir passé beaucoup de temps en hôpital avec son fils malade. Elle a voulu rendre hommage à ses enfants en soin palliatifs qui se battent avec dignité.


Honnêtement je déteste à la base ce genre de roman où les gens meurent, où on parle de misère humaine parce que j'ai déjà les journaux et la télé pour ça. Seulement là, il y a quelque chose de tellement plus fort que je n'ai pas hésité une seconde et croyez-moi, arriver à me faire lire ça c'est déjà un exploit.


Dieu me déteste est un livre drôle. Oui drôle. Il y a, malgré le sujet, beaucoup d'humour et beaucoup d'occasions de rire, à commencer par une soirée d'Halloween mémorable.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n'y a jamais d'apitoiement dans le roman, jamais. Il n'y a pas de pathos. Le roman est émouvant, certains ont pleuré - pas moi - mais il n'est jamais volontairement tire-larme. La grande force de ce roman tient aussi dans la voix du narrateur. Richard est un vrai adolescent avec tout ce que cela comporte: langage cru, envie débordante de vivre et de faire des conneries, envie de draguer la jolie nana du 302 parce que Sylvie même sans cheveu, elle reste sublime.


Richard est bien en vie et n'a pas l'intention de se laisser partir sans réagir. Même s'il a une DMD, une Dieu me déteste, parce qu'à 17 ans on n'est pas censé connaître mieux les couloirs de l'hosto que celui de son lycée, il n'est pas "encore crevé" et il a envie d'en profiter à fond. J'ai d'emblée adoré ce personnage. Il est touchant de sincérité, c'est un p'tit con de 17 ans mais un p'tit con touchant parce que c'est un battant. Sylvie aussi dans son genre est incroyable. C'est une tête de mule, elle est parfois horriblement méchante mais tout comme Richard elle ne veut pas se laisser abattre et surtout, elle l'aime bien ce gars de la chambre d'en face.


Dieu me déteste, c'est l'histoire des adultes qui les entourent et qui souffrent au-delà des mots. La maman de Richard, mère-fille à 16 ans, qui depuis, vit uniquement pour son fils au point de cumuler plusieurs jobs et de dormir recroquevillée aux pieds de son lit. Une mère courage qui ne dort presque plus pour assurer à son petit garçon les meilleurs soins possibles. Sa grand-mère, elle aussi mère-fille fait partie de cette famille atypique. Jeune mamie de 50 ans, rock'n'roll, elle comprend parfaitement la colère de son petit-fils. Il y a aussi son oncle, pas toujours présent mais qui sait être là lorsqu'il y a une bêtise à faire. Les parents de Sylvie, le père qui boit un peu trop et qui hait viscéralement le jeune Richard qui tourne autour de sa fille. Les aides-soignants enfin, qui vivent jour après jour avec les épées de Damoclès au dessus de la tête mais qui savent faire face, sans jamais baisser les bras.


Les adultes sont aussi touchants que les deux adolescents que Hollis Seamon met en scène. Tout le monde souffre, chacun à sa façon. La nuance est une chose importante dans un roman pareil et l'auteure s'en sort à la perfection sachant manipuler les sentiments de chacun, les peurs, les doutes mais aussi les instants de grâce.


Dieu me déteste est un roman plein de vie, avec une fin que chacun interprétera à sa façon. J'ai été émue et bouleversée par cette histoire, une grosse révélation et un coup de cœur pour moi, d'autant plus important que je voudrais vous parler de la maison d'édition qui nous a permis d'avoir ce petit bijoux en France.


Dieu me déteste est publié dans la collection de La belle colère. La Belle Colère c'est une maison d'édition qui veut promouvoir les voix d'adolescents à destination des adultes. Pour retrouver le feu de L’attrape-coeur ou Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. "L’adolescence est un âge de bruit et de fureur, de violence et de sexe, d’exaltation et de dépression, d’amour et de colère. En bref, un âge éminemment littéraire." "La ligne éditoriale de « La belle colère » peut se résumer ainsi : des romans pour adultes dont les héros sont des adolescents. Des livres qui s’adressent aux adultes et se tendent, une fois refermés, aux plus jeunes, non pas parce qu’ils seraient adaptés à leur « niveau de lecture », mais simplement parce qu’ils nous ont profondément marqués." Une magnifique ligne éditoriale qui nous gratifiera de quatre romans par an.

Avec Les douze tribus d'Hattie, Dieux me déteste figure dans mes révélations 2014. Ne passez pas à côté.

mardi 25 mars 2014

Douze minutes avant minuit - Christopher Edge


Présentation de l'éditeur: Londres, 1899.
Tous les soirs, douze minutes avant minuit, un phénomène inquiétant frappe un hôpital psychiatrique : les patients se mettent à écrire frénétiquement d’étranges messages sur des papiers, des murs, et même leur peau. Penelope Tredwell, propriétaire à treize ans du célèbre magazine
Le Frisson illustré, et auteur d’histoires terrifiantes, décide d’enquêter.
Bientôt prise au piège dans une véritable toile d’araignée, Penelope regarde d’un oeil angoissé les minutes s’écouler : chacune d’elles la rapproche du vénéneux complot qui se prépare…

Vous me connaissez, je suis incapable de résister à un roman policier jeunesse qui se passe à l'époque victorienne. J'entends déjà les mauvaises langues du fond "Persie est incapable de résister à la période victorienne". Oui bon d'accord je suis faible tout le monde le sait merci bien. Du coup, quand j'ai reçu le tome deux de la série de Christopher Edge, je me suis dis que c'était vraiment bête de passer à côté du tome un et c'est comme ça que j'ai ouvert Douze minutes avant minuit et son héroïne Penelope Tredwell.

Pour ceux et celles qui ont lu The Agency (Tome 1, Tome 2), je m'attendais, peu ou prou, au même "genre" d'intrigues mais en un peu plus simple, tout simplement parce que The Agency était à destination des grands ado/young adult, alors que Douze minutes avant minuit est plus destiné au pré-ado. Finalement après l'avoir lu, je me rends compte que l'intrigue de Douze minutes avant minuit est bien sombre et que cela pourra aussi plaire aux ados un peu plus vieux.

Tout commence comme une intrigue policière un peu flippante. À la veille du nouveau siècle, Montgommery Flinch, l'auteur à succès du Frisson illustré, est convoqué par le directeur de l’hôpital Bedlam - l'asile psychiatrique de Londres - pour régler un mystère insoluble.
C'est vrai qu'avoir une héroïne de treize ans, indépendante et aussi éveillée peut être un problème pour le lecteur qui aurait dépassé la puberté. Cela dit, ça passe plutôt bien car Penelope est vraiment attachante et se sert plus de son intellect que de ses muscles ce qui rend le personnage crédible. En cela, elle n'est pas si loin d'un Lemony Snickett, jeune détective de treize ans lui aussi. Le contraste entre ce petit bout de femme et le monde des adultes qui l'entoure est plutôt bien fait car on ne manque pas durant le roman de lui rappeler que non seulement elle est jeune mais qu'en plus, elle est une fille - tare suprême vous en conviendrez comme Cheshire.
L'intrigue policière est intéressante et la jeune fille ne manque pas d'intuition. J'ai vraiment aimé le personnage de Penelope. Elle est dégourdie, elle n'a pas sa langue dans sa poche et c'est une fille maligne. j'ai vraiment pris plaisir à la suivre dans ses aventures, le contact est assez naturel et on a vraiment envie qu'elle finisse par sauver les adultes de leurs propres bêtises. 

Ce qui différencie surtout Douze minutes avant minuit de la série Agency, c'est la dimension fantastique que Christopher Edge donne à son récit. En effet, si l'essentiel du roman tombe dans le genre du policier, on ne peut nier que l'auteur ait voulu pimenter son récit par de petites touches de fantastiques. Douze minutes avant minuit devient de ce fait, un récit beaucoup plus flippant et étrange qu'attendu. Je ne peux pas en dire beaucoup plus au risque de vous gâcher le suspense mais Christopher Edge maîtrise bien à la fois le récit fantastique et le polar qu'il met en place. Il n'hésite pas à dépeindre une Londres noire et dangereuses, sans oublier les personnages tout droit sortis d'une ruelle sombre de Dickens.

J'ai été vraiment étonnée par la tournure assez sombre du récit, j'avoue que j'attendais quelque chose de plus "gentillet" que ça. C'est une excellente surprise donc, un vrai roman policier victorien pour les ados qui ne les prend pas pour des quiches.
À découvrir.

mercredi 19 mars 2014

La fin du monde a du retard - J.M. Erre



COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

ATTENTION TRANCHES DE RIRE INSIDE

Présentation de l'éditeur: Construit sous la forme d'une course-poursuite, "La fin du monde a du retard" met en scène Alice et Julius, deux amnésiques qui s'évadent de la clinique psychiatrique où ils sont traités. En effet, Julius s'est donné pour mission de déjouer un terrible complot qui menace l'humanité. Poursuivis par la police, par des journalistes et par de mystérieux personnages de l'ombre, ils iront de péripétie en rebondissement jusqu'à l'incroyable révélation finale...

Dans la clinique Saint-Charles, "trois toqués au guide Dumachin", on trouve, à côté de Madame Bergougnoux, septuagénaire à gaine persuadée que les aliens sont prêts à débarquer pour l'emmener dans leur grand vaisseau, Alice et Julius. Julius est là pour amnésie, ou presque. Un peu parano, pas mal frappé du bulbe, il est surtout convaincu qu'un complot planétaire se trame, orchestré par un groupe appelé Tiresias et qu'il est le seul à pouvoir sauver le monde, même si celle-ci à du retard. Alice quant à elle est amnésique aussi depuis que tout son mariage a explosé, littéralement..."Le premier événement qui me vient à l’esprit, donc :
Lieu : la salle des fêtes de Chèvreville-les-Eaux.
Date : le jour de mon mariage.
Événement : j’ai tué deux cent soixante-deux personnes, en trois secondes.
Mon ressenti : à mon avis, on ne doit pas être loin
d’un record du monde. [...] En conclusion, j’ai été mariée deux heures et vingt-trois minutes. Là aussi je dois m’approcher d’un record du monde. Tiens, il faut que je vérifie." Autre particularité de la jeune femme, elle n'éprouve plus aucune émotion, ni peur, ni angoisse, ni bonheur, rien. "C’est vrai qu’en tant qu’être humain, je suis handicapée. En revanche, pour un légume, je suis remarquablement évoluée." En d'autres termes, elle va bien.



Armé de capsules de nespresso, (what else), qu'il sniffe pour se donner un coup de fouet, Julius, 1m55 au garrot, a préparé son évasion dans les moindres détails...mais il n'avait pas prévu les deux agents envoyés à ses trousses et il se retrouve, pour son plus grand plaisir - il faut dire qu'elle est plutôt mignonne la jeune Alice - embarqué avec la jeune femme dans une course poursuite éperdue à travers Paris pour semer leurs poursuivants et révéler "l’extraordinaire vérité cachée derrière notre triste et médiocre réalité".

J'étais déjà conquise par J.M. Erre avant même d'avoir ouvert La fin du monde a du retard, tout simplement parce que j'avais adoré Le mystère Sherlock et Série Z. J.M Erre est un ovni dans le paysage littéraire français. Ses récits sont loufoques - sans toutefois être dénués de logique - l'humour est omniprésent: calembours, jeux de mots, références etc. parcourent toutes les pages. La fin du monde a du retard ne fait pas exception à la règle.

La fin du monde a du retard est donc bourré d'humour, dès les premières phrases nous retrouvons avec un énorme plaisir le style et la décontraction de J.M. Erre. Il y beaucoup de Pennac et un peu de Queneau dans le style de l'auteur mais il sait être rester lui-même et apporter une petite touche personnelle qui me réjouie tout à fait. Je sais que les reproches qui sont parfois fait à J.M. Erre est justement cet humour omniprésent qui a lassé certains lecteurs. D'une façon purement personnelle, j'adhère à cet humour débridé et je trouverai dommage que J.M. Erre se réfrène. C'est ce qui le caractérise, ce qui m'incite à ouvrir chacun de ses livres en étant sûr de finir morte de rire, à glousser toute seule comme une andouille dans le métro. J.M - si tu me permets - ne t'arrête pas, nous avons désespérément besoin d'humour en ce moment je crois!

Bon on a compris Persie, c'est drôle mais what else? (non je ne suis pas du tout lourde avec cette blague). Et bien le reste c'est une histoire de complot montée un peu à l'envers. Les théories de Julius sont intéressantes car elles déconstruisent le complot traditionnel et place les auteurs et la "fictionnalisation" des gens comme le vrai complot. Il y a même des QCM à la fin de chapitre pour vérifier notre degré d'aveuglement. J'adore.
"Quiz de la Caverne – Calculez votre coefficient d’aveuglement
Question n° 1 :
   Qui gouverne le monde ?
A. Le lobby judéo-maçonnique ;
B. Le lobby extraterro-bolchevique ;
C. Le lobby luxembourgo-monégasque ;
D. Personne. D’ailleurs, c’est le bordel."

Les personnages sont encore une fois à la hauteur de nos espérances. Entre Julius, paranoïaque au dernier degré, doté de fort élan chevaleresque et amoureux, Alice aussi sensible qu'une betterave, Ours le pote geek à fond dans l'idée du complot, Gaboriau le commissaire de police à 4 jours de la retraire et son lieutenant Matozzi, ravi d'envoyer pépé dans les orties, on a de quoi faire. Il ne faudrait pas oublier l'abbé Saint-Freu - que l'on retrouve depuis Serie Z, cette fois avec presque toute sa tête. 

L'intrigue peut sembler simpliste, après tout il s'agit d'une histoire de course-poursuite et complots, rien de bien original vous me direz mais c'est largement compensé par une fin explosive, bourrée de rebondissements que pour ma part je n'avais pas vu venir. 
Mais oubliez tout ça, oubliez l'humour, oubliez les personnages hauts en couleurs et la reconstruction des complots parce que ce n'est rien à côté de la déconstruction narrative opérée par J.M Erre dans La fin du monde a du retard.  Nous avons notre Julius qui prend par le menu tous les points d'une aventure: "c'est un peu trop tôt pour un retournement de situation mais pas pour une péripétie", "c'est toujours à ce moment que le héros se voit confronté à un traitre" ou encore "il y a toujours un moment ou le héros doit se retrouver dans l'eau avant de renaître pour sa quête" (citations peu ou prou exactes). Il se joue complètement de tous les codes et clichés narratifs qui composent normalement une histoire et brise en quelque sorte le 4ème mur car Julius n'est pas le seul à commenter les péripéties qui lui arrive, le narrateur omniscient s'y met aussi et parle aux lecteurs•trices. Ainsi, il nous dit lorsqu'il est temps de mettre fin à un dialogue, de passer sur une intrigue parallèle ou de relancer l'action qui s'enlise et c'est ce que j'ai préféré. 
Non seulement, J.M. Erre s'amuse avec son intrigue mais il s'amuse aussi avec la littérature et les codes qui la régisse. 

Voila, vous avez compris, je suis absolument conquise et acquise à la cause de J.M. Erre - que j'aurai adoré avoir comme professeur. La fin du monde a du retard est un grand cru, à dévorer ABSOLUMENT.

Pour info, l'auteur passe demain à la grande librairie. J'ai hâte de le voir en vrai. Et si vous n'êtes toujours pas convaincu, vous pouvez allez ici sur le site de Buchet-Chastel, vous pourrez même lire le début du roman!

mardi 18 mars 2014

La femme au carnet rouge - Antoine Laurain

Résumé: Un vol à l'arraché, un sac abandonné dans une poubelle et un libraire. Voici le point de départ de La femme au carnet rouge d'Antoine Laurain. Propriétaire de la librairie Le carnet rouge, Laurent, notre héros se prend alors au jeu de retrouver la femme au sac mauve, celle qui porte un parfum lourd passé de mode, aux dires de sa charmante fille, écrit ses pensées les plus saugrenues dans un carnet rouge et possède un porte-clef avec des hiéroglyphes. Ce qui n'était qu'un jeu prend très vite une tournure moins badine lorsque Laurent se rend compte qu'il est en train de tomber amoureux de cette inconnue.

Après le chapeau de Mitterrand, c'est le sac de la femme au carnet rouge qui occupe Antoine Laurain, un objet comme fil conducteur de l'intrigue et lien ténu mais bien présent entre les personnages.

En baguenaudant sur internet, je me suis rendue compte que je suis une lectrice plus enthousiaste pour ce livre que les autres. Sans doute parce que je n'ai pas lu Le Chapeau de Mitterrand, dont on dit tant de bien pour sa drôlerie. Du coup, je n'attendais pas spécialement grand chose de ce roman à part un joli moment de détente et je dois admettre que je ne suis pas déçue le moins du monde. 

Il y a plusieurs raisons à cela: des personnages touchants et bien croqués, une histoire simple certes mais qui sait éviter les écueils du genre et une jolie écriture. Tous les éléments sont réunis pour une jolie histoire, parfaite pour vous délasser après une sale journée. 

J'admets que j'ai été touchée par les personnages, sans doute parce qu'ils sont peu nombreux et bien décrits. Tout d'abord il y a Laurent, quarante ans, libraire parisien, divorcé, père d'une ado survoltée, intelligente et profondément sympathique, un brin rêveur et qui entretient une relation avec une journaliste....antipathique (oui, je ne l'aime pas elle). De l'autre côté, Laure, quarante ans, veuve, orpheline, doreuse dans un atelier et avec pour seule famille son ami gay.
Laurent et Laure sont tous les deux des êtres qui ont besoin, et méritent, un peu d'amour et d'attention. En même temps qu'il examine le sac à main de Laure, on en apprend plus sur Laurent. Sa fille est super drôle et joue un rôle assez marrant dans l'intrigue. Je les ai trouvé émouvants tous les deux, ils sont pleins de failles, de doutes, ça n'est jamais parfait mais souvent très juste dans la description des émotions humaines. Il n'y a pas de premier amour mais une première rencontre à la faveur de plusieurs évènements particuliers.

Le portrait du libraire est extrêmement mignon et réaliste. On sent qu'Antoine Laurain connait des libraires et qu'il veut leur rendre hommage en décrivant ce métier exigeant mais indispensable - comment ça je prêche pour ma paroisse? .... oui peut-être. Portrait extrêmement touchant du libraire, de son métier, de ses passions et de son quotidien. Un joli clin d’œil à tous ceux et celles qui font vivre le livre aujourd'hui. Il faudrait aussi mentionner l'écrivain à la page blanche, clin d’œil sans doute à l'auteur lui-même, une petite pointe que j'ai trouvé assez drôle.

Ce que j'ai aussi apprécié dans La femme au carnet rouge, c'est qu'il s'agit d'une très jolie histoire d'amour, simple mais bien menée sans rebondissement inutile ou longueur superflue. Parce que c'est un livre ramassé et court, il est impossible de s'ennuyer et il évite les écueils. 

C'est vrai cela dit que La femme au carnet rouge est moins drôle et pétillant que Le chapeau de Mitterrand. C'est plutôt une histoire à déguster comme un petit bonbon à la fraise. La femme au carnet rouge, c'est une balade dans Paris au printemps, un petit rayon de soleil, une histoire d'amour à savourer le temps d'une pause bienvenue.

vendredi 14 mars 2014

Le Club de la Pluie au Pensionnat des Mystères - Malika Ferdjoukh


Présentation de l'éditeur: Quand Rose Dupin fait son entrée au collège à l’internat des Pierres-Noires, elle ne se doute pas de ce qui l’attend. Elle fait la connaissance de Nadget Mellaoui et de son sourire ravageur, ainsi que d’Ambroise, le fils des gardiens de l’internat, et de son chien Clipper. Il pleut ce jour-là sur Saint-Malo. Mais, depuis la tour de l’internat, ce sont des appels au secours qui pleuvent sous la forme de petits papiers. Qui peut bien envoyer de tels messages ? Un mystère que devront résoudre Rose, Nadget et Ambroise, réunis au sein du Club de la Pluie.

Malika Ferdjoukh est de retour et ce n'est jamais trop tôt! Cette fois-ci, l'auteure nous emporte à Saint-Malo dans l'internat du collège des Pierres-noires où les mystères s'accumulent. Une directrice absente, des objets volés, de mystérieux indices et une fine équipe...les intrigues se multiplient sous la pluie bretonne.

Je ne vais pas râler sur le fait qu'une fois encore, c'est un roman bien trop court que nous propose Malika - même si oui, c'est carrément über trop court en fait - parce que la suite ne saurait tarder...donc je vais passer l'éponge pour une fois. Autoritaire mais magnanime voyez-vous. 

Revenons à nos moutons, où plutôt à nos pensionnaires. Ils sont trois, Rose, Nadget et Ambroise et nous entraînent avec eux dans deux petites histoires, L’énigme de la tour et Le voleur de Saint-Malo, bien sympathiques. 

Comme toujours c'est un véritable régal de retrouver la plume de Malika Ferdjoukh et son don pour croquer les personnages qu'elle met en scène. Rose, Nadget et Ambroise sont très différents mais complémentaires et surtout très attachants. J'ai adoré d'emblée Rose et sa façon de parler très décontractée. On retrouve en elle un peu d'Enid Verdelaine, elle est très drôle et ses premiers échanges avec son père qui la conduit au pensionnat sont hilarants. Nadget quant à elle est complètement l'opposée de Rose un brin tomboy car elle est super jolie et super coquette, toujours avec un miroir à la main. Cependant, il ne faudrait pas croire que Nagdet est complètement idiote parce que féminine. Joli pied de nez à tout ce qu'on entend en ce moment, Nagdet est super intelligente et fait preuve de beaucoup de finesse, elle met Rose dans sa poche en quelques instants. Quant à Ambroise, c'est un bon petit gars, qui n'hésite pas à aider ses deux nouvelles amies.

J'ai beaucoup aimé que la première histoire soit racontée par Rose et la seconde par Nagdet car le changement de point de vue permet non seulement de mieux connaitre les protagonistes mais aussi de varier le ton et la plume. Bien que s'adressant aux 9-12 ans, il y a dans Le Club de la Pluie au pensionnat des mystères toute la verve de Malika Ferdjoukh qui plaira aux plus vieux. 

Les intrigues sont très simples et souvent résolues à la dernière minute par un coup de bol mais vu l'âge des héros, je trouve ça plutôt bien trouvé. Malika Ferdjoukh sait très bien se mettre à la portée de ses lecteurs sans les prendre pour des idiots.

Ce nouveau roman de Malika ne serait pas complet sans des allusions et références au cinéma américain! Rassurez-vous, Fred Astaire et Gene Kelly sont bien là! Nadget est une fan des comédies musicales américaines, avec un peu de chance cela déclenchera des vocations.
Enfin, elle n'oublie pas de nous parler de la Bretagne. Ce n'est pas pour rien que le pensionnat se trouve à Saint-Malo. Kouignamann, pluie et marée, j'ai l'impression de rentrer à la maison en lisant ses lignes. 

Sans surprise, j'ai adoré! Un roman intelligent et bien écrit, parfait pour tous les détectives en herbe...et les confirmés! J'ai hâte de retrouver notre petit groupe cet automne dans Le Club de la Pluie dans la tempête.

mercredi 12 mars 2014

La malédiction Grimm - Polly Shulman

COUP DE CŒUR DE PERSÉPHONE



Présentation de l'éditeur: Elizabeth  s’ennuie au lycée. Sur les conseils de son professeur préféré, elle se présente pour un emploi de bibliothécaire. Après un entretien étrange, la voilà engagée. Or, elle s’aperçoit que le Dépôt n’est pas une bibliothèque ordinaire : aucun livre à l’horizon, uniquement des objets Mais surtout plane un mystère autour d’une collection située au sous-sol : la mystérieuse Collection Grimm. Elle abrite des objets de contes de fées,  comme les bottes de sept lieues ou le miroir magique de la belle-mère de Blanche-Neige…

Des contes de fées! Et des bons! Après la grosse déception que fut La belle et la bête de Gans, j'avais besoin de retrouver un peu de cette magie frôlant parfois l'absurde qui émane des contes de fées populaires, que ce soit ceux de Perrault ou ceux des Grimm. Je dois admettre que la couverture m'a tout d'abord attiré l’œil, je l'ai trouvé très belle dans son genre foutoir. Heureusement, la quatrième de couverture annonçait une intrigue originale et je n'ai pas été déçue une seule seconde par ce que j'ai découvert en soulevant la couverture.

Elizabeth est une héroïne qui n'est pas sans rappeler Cendrillon. En effet, sa maman chérie, celle qui lui lisait les contes de fée lorsqu'elle était enfant, est morte et son père - ce père si aimant - s'est remarié avec une femme ayant deux filles. Comme le conte bien nommé, les deux demi-sœurs sont affreuses, la belle-mère n'aime pas sa belle-fille et lui fait faire les corvées ménagères et le père sonne aux abonnés absents. Comble du malheur pour notre héroïne, pour payer les frais de scolarité des deux demi-sœurs, Elizabeth doit quitter son chic lycée privé et ses amis, pour intégrer le lycée public où elle demeure terriblement seule.
Pas d'inquiétude! Les similitudes avec Cendrillon s'arrêtent là. Polly Shulman sait rester subtile et c'est en brossant légèrement un portrait inspiré du conte, qu'elle nous offre une héroïne imparfaite et touchante. Bon démarrage donc...

Elizabeth a un grand cœur, elle n'hésite pas à donner ses tennis de sport à une SDF, est gentille et courageuse, passionnée par les contes de Grimm et surtout parfaitement normale. Ce n'est pas une super belle fille ou supra intelligente. Elle est un peu comme nous toute et j'apprécie de plus en plus le fait de pouvoir m'identifier facilement à un personnage principal. C'est sans doute idiot mais particulièrement dans un roman ado/young adult je rentre plus vite dans l'histoire.
Elizabeth est aussi entourée d'amis très différents : Marc Merrit, le beau gosse basketteur et star du lycée, un brin menteur mais qui a bon fond et son petit frère Andrea, Anjali la magnifique magasinière indienne et sa petite sœur Jaya, un brin sorcière sur les bords en plus d'être fouineuse mais marrante et Aaron Rosendron, le magasinier tatillon anti-Marc Merritt et amoureux d'Anjali. On trouve aussi le Dr Rust, sorte de Merlin de bibliothèque, Mrs Callenders qui appelle tout le monde "mon chou" et le Professeur Mauskopf qui a su repérer le vrai talent d'Elizabeth. J'ai beaucoup aimé toute cette petite bande, c'était vraiment sympa de suivre leurs aventures. Il y en a pour tous les goûts entre Marc qui est doué au baskett, Anjali douée en informatique et Aaron qui a du flair bien qu'il soit particulièrement agaçant pendant un long moment du roman. Si j'adore Elizabeth, c'est finalement Aaron qui reste le personnage que j'ai préféré, celui qu'on apprend le plus à connaître et que j'ai hâte de retrouver puisqu'il est le spécialiste du Leg Wells sur la science-fiction.

En plus de bons personnages, l'histoire est tout à fait originale. La malédiction Grimm n'est pas qu'une simple réécriture de conte comme c'est la mode en ce moment. Polly Shullman ne s'attarde pas sur les personnages de contes de fée mais bien sur ce qui fait toute leur singularité: les objets magiques. Qui n'a jamais rêvé d'utiliser les bottes de sept lieues ou le miroir de la belle-mère de Blanche-neige? C'est chose faite dans la Malédiction Grimm avec en prime une caution à déposer sous forme de morceaux de soi. Autre originalité, chaque personnage est capable de voir ou de ressentir la magie d'une façon qui lui est propre. Alors qu'Elizabeth sent littéralement la magie, Aaron la voit, Marc doit la toucher et Anjali l'entend. J'ai vraiment adoré toute cette partie de l'intrigue où on se laisse embarquer sans hésiter. C'est vraiment original et agréable de voir que l'on peut se renouveler avec des contes vieux de plusieurs siècles.

Le mélange de la magie et du monde "réel" se fait sans heurt ni explication confuse. Elle est là, elle est connue d'un petit nombre et c'est tout. Point de départ simple mais toujours efficace, l'auteure ne s'attarde jamais à nous décrypter son univers. On y rentre avec Elizabeth, on apprend et on doute de la sincérité de l'un ou l'autre des personnages tout en étant parfaitement à l'aise.

Les relations entre les personnages sont également intéressantes et finement menées. Mr Maukorpf fait figure de père sans pour autant jouer au père suppléant, se contentant de surveiller Elizabeth de loin, le Dr Rust dans son rôle de Merlin un peu distrait ouvre aux adolescents un monde nouveau et enchanteur tandis que les histoires d'amour et d'amitié entre nos quatre ados sont bien maîtrisées. Sans que cela soit surprenant au possible - avec un peu de flair on se doute de ce qui va arriver - j'ai trouvé leurs histoires croisées mignonnes et crédibles. J'ai aussi beaucoup aimé la diversité ethnique des personnages, souvent peu utilisée en littérature pour ado. Anjali est indienne, Marc est métisse alors qu'Aaron fait figure de prince de conte de fée européen avec ses cheveux noirs et sa fossette au menton. Un petit groupe hétérogène ou filles et garçons ont besoin les uns des autres.

Vous l'aurez compris, j'ai dévoré ce roman avec délectation. Une utilisation intelligente des contes de fées - dont l'un de mes préférés Jorinde et Joringel - des personnages sympathiques, une immersion totale...j'attends la suite: The Wells Legacy. J'ai hâte de découvrir comment Polly Shulman va s'attaquer à la science-fiction.

lundi 10 mars 2014

Parce que c'est toi - Chloé Duval

ROMANCE CHOUPI TROP CHOU INSIDE


Présentation de l'éditeur: Claire, Québécoise d’adoption et traductrice, passe beaucoup trop de temps à travailler, ce qui l’empêche de faire des rencontres. C’est du moins l’avis de son amie Magalie, bien décidée à forcer le destin en jouant les entremetteuses. Profitant d’une visite de Théo, un ami français, Magalie l’invite à un rallye géocaching en pleine nature, activité dont Claire est une habituée.

Théo est photographe, et un novice complet en géocaching. Suivant Claire de cache en cache et d’énigme en énigme, il va tomber sous le charme du paysage… mais aussi de sa co-équipière ! Malheureusement, il ne lui reste que deux nuits à passer au Québec. Peut-il s’autoriser à rêver d’une histoire avec elle ?

Un peu de douceur dans ce monde de brute mesdames et messieurs aujourd'hui avec une romance non seulement francophone mais aussi éditée par une maison d'édition de romances uniquement francophones (et en numérique) appelée Láska. Romance doudou aujourd'hui que je vous présente écrite par Chloé Duval, une copine française installée au Québec, un peu comme son héroïne Claire.

Je sais, je sais, on va m'accuser de copinage mais je vous promets que ce n'est pas le cas. Je ne parlerai pas de Parce que c'est toi de cette façon si je n'avais pas aimé...d'ailleurs je pense que je me serais abstenue d'un article plutôt que de mentir - il faut savoir conserver ses amis, quand on en a sans pour autant vous mentir, sinon y a plus de confiance ma p'tite dame et mon p'tit monsieur. Heureusement Parce que c'est toi est une réussite totale. Bien que courte, normal c'est une novella, c'est une première romance maîtrisée et adorable que nous a concocté Chloé. 

L'histoire est simple mais elle fonctionne bien parce que les éléments sont bien dosés. Une bonne histoire, un brin d'humour et de passion, des personnages secondaires sympas et des personnages principaux comme on les aime. Impossible de ne pas aimer Claire. C'est une fille faussement simple, parce qu'en fait elle est géniale, mais elle n'est jamais énervante de "parfaititude". Comme toute bonne héroïne de romances qui se respecte elle se dévalue constamment mais j'ai beaucoup aimé qu'elle sache prendre les devants lorsque c'est nécessaire. Elle ne laisse pas toutes les initiatives à Théo et c'est super plaisant à lire. Oui elle est timide et plongée dans son boulot, oui elle pense qu'elle n'est pas super jolie mais lorsque l'opportunité se présente, elle sait la saisir et nous offrir un moment over couinant. 
Théo quant à lui est un vrai prince charmant, au cœur brisé comme il se doit mais qui lui aussi sait ne pas s'embourber dans de mauvaises décisions ou de faux choix par pur auto-flagellation. J'ai bien aimé un retournement de situation qui m'a fait pousser des hauts cris et tapoter frénétiquement sur mon clavier de téléphone pour envoyer un mail illico pronto à Chloé en mode "Non mais ce n'est pas possible!".

Les personnages secondaires sont attachants, le couple que forme Magalie et Alex est adorable et le point de départ plutôt sympathique à l'intrigue principale. Nicolas me reste plus obscur mais c'est normal. Avec son côté geek prononcé et son air renfrogné il m'intrigue. 

A côté de la romance, Chloé Duval nous faire partager son amour pour le géocatching, très peu connu en France et c'est carrément dommage vu comme ça à l'air chouette, et le Québec. C'est une véritable déclaration d'amour à son pays d'adoption qu'elle écrit dans les lignes de Parce que c'est toi. Si vous n'êtes pas convaincue d'aller au pire visiter le Québec et au mieux de vous y installer, c'est que vous avez un cœur de pierre. Entre les descriptions de paysages qui vous font regretter le béton parisien - pour ma part - et celles de Montréal, le Québec devient votre destination numéro 1 pour vos prochaines vacances. J'ai adoré me promener avec les personnages dans le Québec de Chloé Duval. Cette passion est presque plus contagieuse que la romance en elle-même et c'est un dépaysement total que vous propose Chloé Duval pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore ce beau pays.

J'ai également appris énormément sur le géocatching, sorte de chasse aux trésors en pleine nature avec toute une variante d'énigmes et de prix à faire voyager dans le monde. Une activité qui doit être passionnante de pratiquer et sur laquelle je vais me pencher un peu plus avant.

Parce que c'est toi est une romance doudou, un petit bonbon à savourer avec une tasse de thé et des cookies ou une tasse de chocolat chaud et des madeleines. J'ai hâte de lire l'histoire de Nicolas et Pénélope, héros du tome 2 qui sortira vite j'espère.

En attendant, si vous voulez découvrir Parce que c'est toi ou les éditions Láska, je ne peux que vous recommander de faire un tour sur le site des éditions et de penser à vous abonner à leur publication. Pour en savoir plus c'est par là.

En tout cas je félicite chaudement Chloé Duval et la princesse Chi-Chi pour le dessin de la couverture - eh oui! - je vous recommande cette romance doudou à souhait et je vous donne rendez-vous très bientôt pour une petite surprise spéciale Parce que c'est toi.

jeudi 6 mars 2014

En ce moment en librairie - épisode 3 - Du vieux et du neuf



Nous revoici pour un troisième épisode de "En ce moment en librairie". Cette semaine nous parlerons de littérature adulte, la jeunesse et les ado attendrons encore un tout petit peu mais les nouveautés ne manqueront pas je le promets. 

Aujourd'hui au programme, du roman fort, le retour attendu de deux auteurs connus, du polar et la redécouverte de deux grandes dames de la littérature britannique! Que du bon donc! 

Mais commençons tout d'abord par deux nouveautés (pas si nouvelles mais il faut me pardonner les délais), deux romans poignants ou les femmes sont au centre de toutes les attentions. 

Agaat de Marlene Van Niekerk

Présentation de l'éditeur: Milla est clouée sur son lit, paralysée. Seule sa domestique noire prend soin de cette femme abandonnée de tous. Quarante ans plus tôt, Milla régnait pourtant en maîtresse sur cette grande ferme près du Cap, et sa vie était pleine de promesses. Maintenant, la mort est proche, et sa mémoire passe en revue les souvenirs éparpillés d’une vie en morceaux : la décision d’adopter Agaat – une petite fille noire – quand son mariage avec Jak ne lui donne pas les enfants espérés, puis la naissance tardive d’un fils qui transforme Agaat en servante, et les conflits incessants avec son mari… 
Milla est condamnée au silence, mais en clignant des yeux, elle espère encore communiquer avec Agaat qui veille sur elle, malgré tout. Entre loyauté et vengeance, fierté et tendresse, un combat silencieux s'engage entre les deux femmes, pendant qu’à l’extérieur le monde de l’apartheid vit ses toutes dernières heures. 

Publié dans la collection "Du monde entier" de Gallimard, Marlène Van Niekerk aborde l'histoire de son pays et de l'apartheid à travers le regard de deux femmes qui s'affrontent dans une bataille silencieuse. Un récit qui promet d'être plein d'émotions et de contradiction. L'auteure est originaire du Cap et est de langue afrikaans. 


Présentation de l'éditeur: Gare de Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie en compagnie de sa mère et de ses sœurs pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l'énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants, douze tribus qui égrèneront leur parcours au fil de l’histoire américaine du XXe siècle. Cette famille se dévoile peu à peu à travers l'existence de ces fils et de ces filles marqués chacun à leur manière par le fort tempérament d'Hattie, sa froide combativité et ses secrètes failles.

C'est la découverte de la rentrée qui est publiée aux éditions Gallmeister. Un petit bijou sur une famille noire-américaine brisée par la vie à l'image de leur mère, l'incroyable Hattie Sherped. À travers ses quatorze personnages et son demi siècle américain, c'est la vie d'une femme hors normes, froide mais aimante que nous propose l'auteure. Du pays de Jim Crow à Philadelphie, c'est la destinée d'une famille et surtout de leur mère qui embarque le lecteur. Dur mais magnifique, ce premier roman est une vraie réussite. À lire absolument! 

Le Soldeur de Michel Field

Présentation de l'éditeur: Quoi de plus anodin que de se débarrasser de quelques livres superflus qui encombrent une bibliothèque pléthorique ? Qui croirait qu'une telle décision puisse changer le cours d'une vie ?Un homme, un jour, se décide à vendre quelques livres de sa bibliothèque. Chez le soldeur, il croise une jeune femme qui le subjugue. Il voudrait la revoir. Elle lui propose un pacte. Elle lancera un mot comme on lance un défi, et lui devra rassembler les livres autour de ce mot, les lui raconter et s'en défaire pour n'en garder qu'un. Pour elle.
Le trajet chez le soldeur devient un rite, bientôt une obsession, et il se sépare de tous les livres qui ont nourri sa vie. Pris dans une spirale vertigineuse, c'est par pans entiers qu'il va vider cette bibliothèque constituée depuis l'enfance et devenue au fil du temps le miroir de sa vie.

Roman à destination des amoureux des livres et de la littérature, le produit de la rencontre de deux passionnés, une histoire d'amour sur fond de bibliophilie. Michel Field, journaliste mais aussi agrégé de philosophie, nous surprend avec un récit tendre doublé d'une réflexion sur l'importance de nos bibliothèque comme miroir de nos vies.

La fin du monde a du retard de Jean-Marcel Erre (en cours de lecture)

Il sera l'invité de la grande librairie, jeudi 20 mars 2014

Présentation de l'éditeur: Construit sous la forme d’une course poursuite, La Fin du monde a du retard met en scène Alice et Julius, deux amnésiques qui s’évadent de la clinique psychiatrique où ils sont traités. En effet, Julius s’est donné pour mission de déjouer un terrible complot qui menace l’humanité. Poursuivis par la police, par des journalistes et par de mystérieux personnages de l’ombre, ils iront de péripéties en rebondissements jusqu’à l’incroyable révélation finale.

J.M. Erre c'est un peu le Jasper Fforde français, mon auteur chouchou, ma petite bouffée d'oxygène et de fous rires décomplexés. Loufoque, terriblement drôle, chacun de ses romans est un petit bijou d'humour décalé. Professeur de français dans le Sud de la France, il y a dans son écriture une totale décontraction vis-à-vis de la langue. Il ne se prend pas au sérieux et joue avec les mots pour son simple plaisir. Si vous cherchez de quoi vous détendre après une journée bien pourrie, je ne peux que vous conseiller ses romans!

Expo 58 de Jonathan Coe

Présentation de l'éditeur: Londres, 1958. Thomas Foley dispose d’une certaine ancienneté au ministère de l’Information quand on vient lui proposer de participer à un événement historique, l’Exposition universelle, qui doit se tenir cette année-là à Bruxelles. Il devra y superviser la construction du Pavillon britannique et veiller à la bonne tenue d’un pub, Le Britannia, censé incarner la culture de son pays. Le jeune Foley, alors qu’il vient de devenir père, est séduit par cette proposition exotique, et Sylvia, son épouse, ne voit pas son départ d’un très bon œil. Elle fera toutefois bonne figure, et la correspondance qu’ils échangeront viendra entrecouper le récit des nombreuses péripéties qui attendent notre héros au pays du roi Baudouin, où il est très vite rejoint par de savoureux personnages : Chersky, un journaliste russe qui pose des questions à la manière du KGB, Tony, le scientifique anglais responsable d’une machine, la ZETA, qui pourrait faire avancer la technologie du nucléaire, Anneke, enfin, l’hôtesse belge qui va devenir sa garde rapprochée…

Jonathan Coe a de nouveau frappé! Après son analyse de la société britannique depuis les années 60 jusqu'aux années Blair, sans oublier l'ère Tatcher, l'auteur récidive avec un nouveau roman qui s'attaque cette fois à l'Angleterre et la Belgique. Toujours drôle et incisif, ce récit plaira aux amateurs de Coe et ne manquera pas, je pense, de séduire les néophytes.

Les O'Brien de Peter Behrens

Présentation de l'éditeur: Tout commence en 1887 au fond de l'arrière-pays canadien : à la disparition de son père, le jeune Joe O'Brien, brusquement chef de famille, met tout en œuvre pour assurer la subsistance des siens. Dur à la tâche, brillant, il comprend vite que rester enterré dans le Pontiac ne lui suffira jamais. Après la mort de leur mère, il organise avec l’aide d’un vieux jésuite le départ de la fratrie pour une nouvelle vie - les filles au couvent, un frère au séminaire, l’autre en Californie et Joe à l’assaut du continent !
Sa rencontre avec l’indépendante Iseult Wilkins donne subitement un sens à sa quête de réussite : de Venice Beach à Montréal en passant par la Colombie-Britannique, Joe ne cessera dès lors d’œuvrer à l’établissement de son clan.

Une grande saga familiale qui mèle découverte du Canada et récit iniatique, Les O'Brien est fait pour séduire celles et ceux qui aiment les histoires de clan. Dans ce début de XXe siècle, la famille O'Brien devra affronter bien plus des obstacles physiques. La Première guerre mondiale, les années folles, la crise de 29 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, c'est l'histoire des États-Unis et des mentalités que nous dépeint Peter Behrens. 

Une famille délicieuse de Willa Marsh

Présentation de l'éditeur: La vie tranquille de Mina et Nest à Ottercombe House est troublée par la visite de leur grande soeur Georgie, qui perd la tête, le temps que sa fille Helena trouve un endroit pour la placer. Mais Georgie prétend vouloir révéler des secrets de famille et leur nièce Lyddie se réfugie chez elles.

Dans la lignée de ces récits de famille, où secrets et fausses confidences se mêlent, Willa Marsh nous sert un récit où s'entremêle souvenirs et nostalgie d'un temps ancien et histoires d'amour contemporaines. L'auteure de Meurtre entre sœurs récidive avec une nouvelle histoire de fratrie. Ce roman est sans aucun doute sur ma liste.

La femme au carnet rouge d'Antoine Laurain (lu et approuvé)

Présentation de l'éditeur: Un soir à Paris, une jeune femme se fait voler son sac à main. Il est retrouvé par Laurent Lettelier, libraire de profession, qui ne trouve pour seuls indices sur sa propriétaire que quelques effets personnels (un ticket de pressing, un roman, une pince à cheveux, un carnet...). S'ensuit un jeu de piste romanesque.

Point de départ de ce nouveau roman d'Antoine Laurain, l'auteur du Chapeau de Mitterand, un autre objet: un sac à main mauve. Ce sac et son contenu sont les seules choses qui relient Laure et Laurent que rien n'aurait vraiment rapproché autrement. Ce très joli roman, qui a le mérite d'être ramassé sur lui-même et qui ne se perd jamais en rebondissements inutiles, offre au lecteur une romance par procuration. De l'étude du sac jusqu'à tomber amoureux de sa propriétaire, Laurent le libraire attachant, se prend à son propre jeu. C'est également un très joli clin d’œil au métier de libraire et aux auteurs qui se rêvent en Proust. Délicieux!

Au royaume du polar et de l'espionnage

Solo de William Boyd

Présentation de l'éditeur: 1969. Espion chevronné, membre surdoué des services secrets de Sa Majesté, James Bond célèbre ses quarante-cinq ans avec une mission peu ordinaire : mettre un terme à la guerre civile qui déchire le Zanzarim, petit pays d’Afrique occidentale. Aidé par la ravissante Grâce mais piégé par les forces rebelles, il est grièvement blessé. Dès lors, il ignore les ordres de M, son énigmatique patron. Poussé par un désir téméraire de vengeance, il s’engage en solitaire dans une folle aventure, qui l’emmène à Washington. Il y découvre un réseau d’intrigues géopolitiques et devient le témoin d’autres atrocités.007 tient sa revanche. Mais aura-t-il vraiment raison de son ennemi, l’homme aux deux visages ?

James Bond revient enfin! Après Ian Fleming, le pape du fameux agent 007, c'est au tour de William Boyd de s'attaquer à ce monstre de la littérature d'espionnage britannique. Dépoussiérer la saga et lui redonner un nouveau souffle en littérature, voila le paris osé de Boyd. C'est donc un James Bond moins oldschool qui est offert au lecteur, moins raciste et sexiste que d'habitude mais qui aime toujours les martinis. Ouf, l'honneur est sauf. 

Le Duel de Arnaldur Indridason (lu et approuvé)

Présentation de l'éditeur: Pendant l’été 1972, Reykjavík est envahi par les touristes venus assister au championnat du monde d’échecs qui oppose l’Américain Fischer et le Russe Spassky. L’Américain se conduit comme un enfant capricieux et a de multiples exigences, le Russe est accueilli en triomphe par le parti communiste islandais, le tout sur fond de guerre froide.
Au même moment un jeune homme sans histoire est poignardé dans une salle de cinéma, le magnétophone dont il ne se séparait jamais a disparu. L’atmosphère de la ville est tendue, électrique. Le commissaire Marion Briem est chargé de l’enquête au cours de laquelle certains éléments vont faire ressurgir son enfance marquée par la tuberculose, les séjours en sanatorium et la violence de certains traitements de cette maladie, endémique à l’époque dans tout le pays. L’affaire tourne au roman d’espionnage et Marion, personnage complexe et ambigu, futur mentor d’Erlendur, est bien décidé à trouver le sens du duel entre la vie et la mort qui se joue là. 


Pour les fans de la série policière d'Arnaldur Indridason, ce tome doit faire parti de votre collection. Dans un contexte de guerre froide qui se joue aussi bien sur un échiquier qu'en dehors, où les hommes sont tels les pions noirs et blancs, Marion Brem se bat pour trouver le responsable de la mort d'un garçon innocent. Sur fond d'histoire islandaise, d'épidémie de tuberculose, la tenacité de Marion Briem nous entraîne dans une intrigue qui va droit au but. Chose remarquable, nous sommes incapables, une fois le livre refermé, de savoir si Marion est un homme ou une femme (le prénom Marion était apparemment assez rare en Islande). Une prouesse d'écriture qui mérite d'être relevée, bravo également au traducteur. 

Luther l'alerte de Neil Cross

Présentation de l'éditeur: Sur la corde raide qui s'étend entre le Bien et le Mal se tient John Luther, inspecteur à la crim' londonienne. Redoutablement intelligent, intuitif et obsessionnel, le Samaritain est aussi dangereux. Pour lui, pour ceux qui l'entourent et pour les sadiques qu'il traque. Mais après seize ans de service, cette nouvelle enquête pourrait bien devenir son pire cauchemar.
Tous ses collègues s'accordent à le dire : John Luther est un excellent flic. Un homme impressionnant, par son physique, ses principes ; un détective intuitif, admiré pour ses résultats.
Mais la réalité est plus sombre. Insomnie, dépression, accès de violence, à force de côtoyer le mal, Luther est en train de perdre pied.
Une situation qui inquiète. À commencer par son épouse, impuissante à apaiser cet homme lancé dans une guerre personnelle contre le crime. Et l'enquête qui s'annonce ne va rien arranger : face à un tueur d'enfants qui joue avec ses nerfs, combien de temps encore Luther parviendra-t-il à contrôler ses démons et à rester du bon côté de la loi ?


Pour les fans de la série Luther, voici le prequel de la série de Neil Cross enfin sorti en poche. Plus aucune raison de passer à côté de cet inspecteur sur la brèche. 

Les nouvelles traductions

Le diable a Westease de Vita Sackville-West 

Présentation de l'éditeur: Westease, adorable village de la campagne anglaise, préservé des horreurs d'une guerre encore toute fraîche, est bien tranquille... trop, peut-être ?
Lorsque Roger Liddiard, jeune et brillant romancier, s'y arrête au volant de sa Jaguar, il en tombe amoureux et décide de s'y établir, non loin du Professeur, vieux gentleman solitaire, du peintre Wyldbore Ryan, et de Mary Gatacre, la fille du révérend.
Voici que Mr Gatacre est assassiné, sans raison ni indice évidents... Liddiard brûle de résoudre l'énigme. Sans savoir à quel point sa propre responsabilité pourrait être engagée.


Nouvelle traduction de ce roman de Vita Sackville-West, c'est la plume de la romancière scandaleuse en son temps que l'on découvre. Membre du groupe de Bloomsbury, amante de Virginia Woolf, incisive et acide, cette lady britannique ne manquera pas de plaire aux passionnées de littérature édouardienne. 

Oyé oyé! Elizabeth Gaskell revient sur les tables des libraires. L'auteure de Nord et Sud et Femmes et filles se voit gratifiée de deux nouvelles traductions de deux œuvres très différentes: un récit de femme bafouée d'une part et un travail beaucoup plus social de l'autre. Un régal!

Ruth Elizabeth Gaskell

Présentation de l'éditeur: Publié en 1853, Ruth est un des romans majeurs d’Elizabeth Gaskell. Traduit partiellement au XIXe siècle, l’édition d’aujourd’hui est la première à paraître dans son intégralité.
Avec Ruth, Elizabeth Gaskell trace le portrait d’une jeune femme qui émeut, sinon bouleverse, une orpheline naïve que la vie n’a pas épargnée, sans cesse victime de l’hypocrisie de la société victorienne toujours sûre de son bon droit et de la viabilité de ses préjugés. Et pourtant, en dépit de la tragédie, toujours la lumière s’immisce dans sa vie… par la magie d’un instant, la bonté de certains êtres.


Dans la veine des romans des soeurs Brontë, c'est la noirceur du monde mais aussi sa beauté que nous offre Elizabeth Gaskell.

Mary Barton Elizabeth Gaskell

Présentation de l'éditeur: Angleterre, 1839. Les ouvriers des filatures de Manchester, durement éprouvés par la misère et la maladie, se mettent en grève. La jeune et jolie Mary Barton, apprentie couturière, vit seule avec son père, syndicaliste aux positions radicales. Courtisée à la fois par Jem Wilson, le fils de l’ami de son père, et par Harry Carson,  le fils du patron des filatures, elle va devoir choisir.

Premier roman d'Elizabeth Gaskell, publié anonymement mais qui déclencha la polémique lorsqu'on apprit qu'il était l'oeuvre d'une femme, c'est un peu de Nord et Sud que l'on sent ici. Les thèmes de prédilection de l'auteure (amour, condition ouvrière) sont servis par une langue superbe et un récit habile. 

Voila pour ce nouvel épisode de "En ce moment en librairie". Il me resterait pour finir de vous parler des prix d'Angoulême 2014 que je recommande chaudement: Come Prima, La propriété (dont nous reparlerons) et Mauvais genre. Découvrez la BD et bonne lecture à vous tous.