vendredi 31 janvier 2014

En ce moment en librairie : Episode 1



Nouvel article pour ce début d'année, dicté par mon emploi du temps personnel, eh oui Persie a plongé dans le grand bain, je suis désormais une heureuse libraire - bien que fourbue mais je ne me plains pas. Puisque je passe donc mes journées entourée de livres, je me suis dis que ce serait une bonne idée de faire de temps en temps le point sur l'actualité littéraire. Je m'excuse par avance pour les sorties en SF/Fantasy et Romances que je ne pourrais pas traiter tout de suite, j'essayerai de leur consacrer un article perso un peu plus tard. 

Voici quelques unes - je ne peux malheureusement pas parler de tout - des sorties des mois de décembre/janvier qui m'ont tapé dans l’œil ou dont on entend beaucoup parler. A terme j'aimerai bien tout lire! Nous verrons si je peux mener à bien cet exploit.

Littérature contemporaine

Le Chardonneret de Donna Tartt

Présentation de l'éditeur: Qui est Theo ? Que lui est-il arrivé à New York pour qu'il soit aujourd'hui, quatorze ans plus tard, cloîtré dans une chambre d'hôtel à Amsterdam comme une bête traquée ? Qu'est devenu le jeune garçon de treize ans qui visitait des musées avec sa mère et menait une vie de collégien ordinaire ? D'ou vient cette toile de maître, Le Chardonneret, qu'il transporte partout avec lui ?
Voila dix ans qu'on l'attend ce nouveau Donna Tartt. Après Le maître des illusions et le petit copain, elle sort enfin son troisième roman. Enfance volé, vie brisée, à mi-chemin entre le polar haletant et un voyage initiatique dickensien, Le Chardonneret promet une lecture que vous n'êtes pas prêt/e de lâcher. Oui, je VEUX le lire...

En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis (presque fini de lire)

Présentation de l'éditeur: "Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici."
En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

C'est le livre coup de poing de la rentrée 2014, non seulement parce que son auteur Édouard Louis a 21 ans - normalien et directeur d'une publication collective sur Pierre Bourdieu - mais aussi parce que le roman autobiographique est un choc dans le paysage de la littérature française. Assez dubitative au début, craignant le coup de pub et le rabâche nombriliste moderne, j'ai découvert un roman d'une rare violence et d'une rare force qui s'interroge autant sur la société française - celle de la campagne profonde et d'une misère crasse - que sur la question du genre. Comment devient-on ce qu'on est? Peut-on être ce que nous sommes, loin de ce que nous avons été ou de ce que les autres pensent que nous sommes? 
Ce petit garçon efféminé qui sera plus tard cet adolescent découvrant son homosexualité dans un milieu ou être un "sale pédé" (sic) est une hérésie, nous livre un roman poignant et riche, sublimé par un travail sur deux langues françaises si éloignée l'une de l'autre. Bluffée. A lire sans aucun doute.

En cas de forte chaleur de Maggie O'Farrell

Présentation de l'éditeur: Comme chaque matin depuis trente ans, Robert Riordan part acheter son journal. Mais en ce jour caniculaire de juillet 1976, Robert part et ne revient pas.
Dans leur maison londonienne, Gretta, sa femme, s'interroge : quelle mouche a bien pu le piquer ? Doit-elle prévenir les enfants ?
À peine réunis, ces derniers tentent de prendre la situation en main : les placards sont retournés, les tiroirs vidés, chaque pièce fouillée en quête d'indices.
Mais, alors que le mystère autour de leur père s'épaissit, les vieilles rancoeurs ressurgissent. L'aîné en a assez : pourquoi est-ce toujours à lui de prendre en charge sa famille ? Quant aux deux soeurs, jadis si proches, quel événement a brisé leur lien, si terrible que la cadette a décidé de mettre un océan entre elles ? Et Gretta, a-t-elle vraiment tout dit ?

Depuis que j'ai lu L'étrange disparition d'Esme Lenox, Maggie O'Farrell est entrée dans le panthéon de mes auteures chouchous. Avec une plume sobre et élégante, elle sublime le tragique et sait aussi bien parler des lieux que des êtres humains. Spécialiste des secrets de famille, ce nouvel opus s'annonce déjà comme un incontournable de l'auteure. D'un village irlandais à New York, le lecteur est transporté dans les tourments de cette famille désunie. Les tabous tomberont-ils? 

Le Bois du Rossignol de Stella Gibbons

Présentation de l'éditeur: Jeune veuve, Viola Wither est contrainte de quitter Londres pour emménager chez son austère belle-mère dans sa demeure de l’Essex. À vingt et un ans, elle y voit ses rêves romantiques s’évanouir et son caractère enjoué bridé par l’ennui et les conventions. Pourtant, au mépris des convenances, l’intrépide transgresse les codes : elle flirte avec Victor Spring, son amour de jeunesse, quand celui-ci est sur le point de se marier.
La bucolique campagne anglaise, les bals grandioses, les passions déraisonnables, la cruauté des rapports sociaux – Le Bois du rossignol est une savoureuse et féroce étude de mœurs, une comédie pétillante et poivrée, dans la lignée d’une Jane Austen qui aurait revisité Cendrillon.

Pour les amoureux et les amoureuses de l'Angleterre début de siècle façon Downton Abbey, ce roman est fait pour vous. Une plume vive, une critique acerbe mais drôle des mœurs anglaises, c'est le roman qu'il faut pour passer un bon après-midi pluvieux.

Les vies parallèles de Greta Wells de Andrew Sean Greer (En cours de lecture)

Présentation de l'éditeur: New York, Greenwich Village, 1985. Greta Wells, une photographe, est atteinte de dépression : son frère jumeau Felix est mort du sida, et son petit ami Nathan vient de la quitter. Elle entreprend un traitement par électrochocs.
Le lendemain matin Greta découvre qu'elle a changé d'époque - nous sommes maintenant en 1918. Felix est bien vivant, il est fiancé à la fille d'un sénateur et a une liaison secrète avec son avocat, Alan.
Mais la voilà à nouveau projetée dans le temps - en 1941, cette fois. Greta a épousé Nathan, avec qui elle a fondé une famille. Elle fréquente aussi Léo, un homme plus jeune qu'elle.
ces vertigineux allers-retours sont bien plus que des changements d'époque : ce sont des mondes différents que doit affronter Greta, des vies alternatives parmi lesquelles il lui faudra, si elle en est capable, choisir celle qui lui convient. Dans le dédale du temps, une femme cherche son chemin...

Roman un peu particulier dans la selection que je vous propose car il est loin d'avoir des critiques unanimes. Excellent pour les uns, horripilant et bavard pour les autres, le résumé m'attire sans que je puisse encore dire si c'est mérité ou non. Dans tous les cas, je me lance. Nous verrons bien à l'arrivée!

L'incroyable histoire de Wheeler Burden de Selden Edwards (en cours de lecture)

Présentation de l'éditeur: Wheeler Burden vit à San Francisco en 1988. Il a donc peu de raisons de se réveiller un beau matin à Vienne en 1897. C'est pourtant ce qui lui arrive, de façon totalement inexplicable. Totalement démuni, il décide d'aller consulter un jeune thérapeute viennois, Sigmund Freud. Tandis que celui-ci réfléchit à son cas, Wheeler fait connaissance avec la ville où Mahler et Klimt révolutionnent leurs arts respectifs. Alors qu'il tombe amoureux d'une jeune Américaine de passage dans la capitale autrichienne, il réalise ce qui est en jeu dans cette curieuse mésaventure : l'incroyable possibilité de changer le destin des siens et, peut-être plus encore, celui de l'humanité tout entière. À quelques kilomètres de Vienne, dans le village de Lambach, vit en effet un petit garçon âgé de 6 ans, nommé Adolf Hitler. Wheeler est néanmoins loin de se douter de tous les risques qu'il encourt et des dangers qu'il y a à vouloir modifier le cours des choses.

Je ne pouvais pas passer à côté d'une histoire de voyage dans le temps, de la découverte de Vienne à la fin du XIXe siècle ainsi que d'une trame - certes qui semble convenue - sur la possibilité de voir Hitler enfant. Je viens de le commencer et si je dois admettre que le début est un peu décousu, l'ensemble est pour l'instant prenant. Racontée par la mère du héros, l'histoire de Wheeler Burden fait des va et vient entre son histoire personnelle - son enfance, sa personnalité - et la Vienne de 1897. Récit érudit sur la littérature et les arts de cette époque, on sent l'amour ou du moins l'intérêt que porte l'auteur à son sujet. Je vous en reparle bientôt.

Et toujours en vogue

L'Invention de nos vie de Karine Tuil

Présentation de l'éditeur: Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un « beau mariage »… Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c’était à refaire ?
À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c’est la déflagration…

« Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir » dit un proverbe qu’illustre ce roman d’une puissance et d’une habileté hors du commun, où la petite histoire d’un triangle amoureux percute avec violence la grande Histoire de notre début de siècle. 


Au revoir là haut de Pierre Lemaitre (Goncourt 2013) 


Présentation de l'éditeur: Sur les ruines du plus grand carnage du XXe siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.


Romans policiers 

Mauvaise étoile de R.J Ellory

Présentation de l'éditeur: Texas, 1960. Elliott et Clarence sont deux demi-frères nés sous une mauvaise étoile. Après l’assassinat de leur mère, ils ont passé le plus clair de leur adolescence dans des maisons de correction et autres établissements pénitentiaires pour mineurs. Le jour où Earl Sheridan, un psychopathe de la pire espèce, les prend en otages pour échapper à la prison et à la condamnation à mort, ils se retrouvent embarqués dans un périple douloureux et meurtrier. Alors que Sheridan, accompagné des deux adolescents, sème la terreur dans les petites villes américaines bien tranquilles qui jalonnent leur route, une sanglante et terrible partie se met en place entre les trois protagonistes. Loin de se douter de la complexité de celle-ci, la police, lancée à leurs trousses, et en particulier l’inspecteur Cassidy ne sont pas au bout de leurs surprises.

Un des maîtres du polar américain nous livre une fresque fascinante et très noire sur le parcours de deux frères que tout va opposer. Un récit prenant!

Dossier 64 de Jussi Alder Olsen (en cours de lecture) 

Présentation de l'éditeur: Copenhague. Une brutale agression dans les quartiers chauds de Vesterbro incite Rose à rouvrir un cold case sur la disparition inexpliquée d’une prostituée. Cédant à ses pressions, le Département V exhume une affaire macabre datant des années 50, dont les ravages dévoilent le visage d’une société danoise loin d’être exemplaire…

Quatrième opus de sa série, ce tome nous plonge dans le Danemark politiquement affreux. J'ai lu le premier tire et j'avoue que je suis partagée. Encore un énième polar nordique sur la montée de l'extrême droite et les violences faites aux femmes - répudiation sociale pour les prostitués, stérilisation forcée de femmes jugées inaptes à la procréation etc. Si la narration en alternance entre 2010 et 1987 semble intéressant, je suis moyennement convaincue. J'arrive à saturation je pense. Je préfère le ton de Camilla Läckberg qui s'attaque, un peu comme Agatha Christie, aux petits travers des gens en sachant être sombre sans jamais abuser. Bref...à voir.

Jeunesse

Big Easy de Ruta Sepetys

Présentation de l'éditeur: Années 50 à La Nouvelle-Orléans. Josie Moraine, 17 ans, n'a pas tiré le gros lot. Fille d'une prostituée qui n'a rien d'une mère attentionnée, elle grandit dans une maison close du Quartier français, celui de la mafia, des affaires louches et des gens sans avenir. Pourtant, Josie a un rêve : quitter cette ville, surnommée The Big Easy et pourtant si peu "easy", pour entrer à Smith, prestigieuse université du Massachusetts.
Impliquée dans une histoire de meurtre, dépouillée par sa mère et endettée, tout pousse la jeune fille à suivre, elle aussi, la voie de l'argent facile. Mais Jo vaut mieux que cela... et ceux qui l'aiment le savent bien.

La Nouvelle-Orléans, l'ascension sociale d'une jeune fille qui veut s'en sortir par ses propres moyens et son intelligence. Un livre à mettre entre les mains des ados. Il est sur ma pal. 




W.A.R.P. Tome 1, Assassin malgré lui d'Eoin Colfer

Présentation de l'éditeur: Riley, un orphelin de l'époque victorienne, se retrouve projeté dans le XXIe siècle, bientôt suivi par son maître, le diabolique Albert Garrick, illusioniste et tueur à gages, lancé sur ces traces et celles de Chevie Savano, la plus jeune et la plus intrépide des agents du FBI.
Une hallucinante course-poursuite à travers le temps. Riley et Chevie sortiront-ils vivants de cette traque implacable? Pourront-ils empêcher le redoutable Garrick de s'approprier les clés du programme WARP et de changer le cours de l'Histoire?

Après la super saga Artemis Fowl, Eoin Colfer revient avec un nouveau héros pour une course poursuite dans le temps. Les amateurs du style et de l'inventivité de Colfer seront ravis par cette nouvelle histoire. J'ai hâte de le commencer. 

Les fausses bonnes questions de Lemony Snicket "mais qui cela peut-il être à cette heure?" (Lu)

Présentation de l'éditeur: Le jeune Lemony Snicket vient d’être recruté comme stagiaire par S. Theodora Markson, pire détective de la région. Sa première mission le mène dans l’étrange ville de Salencres-sur-Mer. S. Theodora Markson, malgré ses méthodes catastrophiques, est chargée de retrouver une statue mystérieusement disparue…Qui l’aurait volée ? Mais est-ce vraiment la bonne question ? Or des questions, Lemony va s’en poser de plus en plus – hélas, jamais les bonnes…

Lu cette semaine c'est un super coup de cœur pour la nouvelle série de Lemony Snicket. L'auteur se met encore une fois en scène, cette fois ci durant son adolescence. Détective apprenti au service d'une société secrète, élève d'une professeure nulle, il ne devra compter que sur lui-même. Bourré d'humour et de références littéraires, ce nouveau volume est un petit bijoux! Je vous en reparle très bientôt!

Le passage du diable d'Anne Fine

Présentation de l'éditeur: Depuis son plus jeune âge, Daniel Cunningham a vécu enfermé, avec pour seule compagnie les livres et sa mère – qui l’a gardé reclus, à l’écart du monde extérieur, et qui n’a cessé de lui répéter qu’il était malade. Un jour, des coups frappés à la porte vont tout changer.

Des voisins ont découvert son existence, et résolu de libérer Daniel de l’emprise de sa mère. Pris en charge par le docteur Marlow et sa famille, il va découvrir peu à peu que tout ce qu’il tenait pour vrai jusque-là n’était qu’un tissu d’histoires racontées pour le protéger. Mais le protéger de quoi ?

De sa vie d’avant Daniel n’a gardé qu’une maison de poupée. Et pas n’importe quelle maison de poupée : c’est la réplique exacte de la maison natale de sa mère, une maison qui recèle de nombreux et sombres secrets. Jusqu’à quels vertiges ces secrets conduiront-ils Daniel ?

C'est un livre noir que nous propose Anna Fine, loin de son univers du chat assassin. Un roman policier noir et gothique qui recèle de nombreux secrets de famille. On en reparle bientôt! 

Ce que j'ai oublié de te dire de J.C. Oates

Présentation de l'éditeur: C’est la dernière année de lycée pour Merissa et Nadia. Les deux filles ont plus que jamais besoin de leur meilleure amie, la singulière, l’étrange et abrupte Tink qui s’est suicidée six mois plus tôt. Chacune est seule avec des secrets qu’elles ne pouvaient partager qu’avec Tink. Des secrets inavouables qui ont mis en péril leur amitié, mais qui les ont également mises en danger. Tink aussi avait un secret, un secret très lourd mais jamais elle ne leur a confié son tourment… Comment continuer à vivre avec ses silences quand la seule personne qui vous comprenait est morte ?

J.C. Oates nous a habitué à des romans forts sur l'être humain, elle s'attaque également à la littérature jeunesse et propose dans la veine de ses romans adultes, un récit poignant sur les fêlures de l'adolescence. Secrets, humiliations et amitié sont au cœur de ce roman percutant servi par une superbe plume. Pour les amateurs/triches de Oates mais aussi pour ceux qui veulent découvrir son œuvre. 

Cœur brisé, tête coupée de Robyn Schneider


Présentation de l'éditeur: Ezra Faulkner, dix-sept ans, sportif, beau, brillant, appartient à la clique branchée du lycée d'Eastwoood High, en Californie. Mais un soir d'été un drame survient et sa vie bascule. Son année de terminale ne se passera pas comme prévu, Ezra ne sera plus le roi de la promo qu'on attendait...Brisé, il déjeune désormais à la table des losers. Parmi eux, il y a une nouvelle excentrique et fascinante : Cassidy Thorpe...

Pour celles et ceux qui aiment les romans de John Green, Coeur brisé, tête coupée, est un roman ado très fort. Amour, amitié et problèmes plus ou moins graves d'adolescence, ce roman plaira pour les destins qu'il met en place. Une belle découverte. 



Bandes dessinées

La princesse des glaces d'Olivier Bocquet et Léonie Bischoff adaptée du roman de Camilla Läckberg (Lue)

Présentation de l'éditeur: Erica Falck, trentenaire installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise où elle écrit des biographies, découvre le cadavre aux poignets tailladés d’une amie d’enfance dans une baignoire d’eau gelée. Impliquée malgré elle dans l’enquête, Erica est vite convaincue qu’il ne s’agit pas d’un suicide. Sur ce point l’inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint. Stimulée par cette flamme naissante, Erica se lance à la conquête de la vérité et met au jour, dans la petite société provinciale qu’elle croyait bien connaître, des secrets détestables.

Pour les amoureux du polar noir scandinave, cette BD est parfaite. Le dessin est beau, certaines planches, saisissantes, rendent parfaitement le contexte et le ton sombre du roman original.
On en reparle très bientôt en détail.

mardi 28 janvier 2014

Les secrets du IIIe Reich - François Kersaudy


Présentation de l'éditeur: Le but de cet ouvrage n'est pas de faire table rase de tout ce qui s'est écrit jusqu'à présent, ou d'apporter au lecteur des révélations aussi sensationnelles qu'invérifiables. Il est plutôt de revisiter certains épisodes mystérieux du IIIe Reich, en faisant à l'occasion de chaque récit la part de ce qui s'est avéré, de ce qui est douteux et de ce qui est purement fictif. 
Pourquoi Hitler a-t-il multiplié les efforts -et les cadavres- pour dissimuler ses origines? Quel est le secret de l'envoûtement exercé sur les foules par cet artiste peintre au physique ingrat et au discours haineux? Comment le régime national-socialiste a-t-il pu survivre pendant douze ans, alors que ces dirigeants ne cessaient de se combattre? Que s'est-il vraiment produit pendant la Nuit des longs couteaux? Quelle est la vérité sur l'affaire Rudolf Hess, qui a donné lieu à tant de publications fantaisistes? Quelle était la nature exacte des relations d'Hitler avec femmes? L'amiral Canaris était-il un traître ou un héros? Qu'y a-t-il de vrai dans les informations contradictoires publiées sur la santé d'Hitler, au vu des notes prises par ses médecins? 
Le pari fait par l'auteur est que, sur tous ces sujets, les lecteurs trouveront la réalité plus passionnante que n'importe quelle fiction. 

Changement de décors aujourd'hui puisque je vous emmène à la découverte d'un ouvrage d'Histoire sur le gouvernement du IIIe Reich et les hommes qui l'ont composé. 

Ne vous fiez pas à la couverture ni au titre tapageur. Les secrets du IIIe Reich n'est pas, comme on pourrait le penser à tord, un énième livre à succès pour voguer sur une vague qui a certes la cote mais qui se révèle indigeste à maints égards. François Kersaudy est un historien spécialiste de la période, ancien professeur à la Sorbonne et à Oxford et le détenteur de onze prix littéraires français et britanniques. Grand spécialiste de Churchill, il est le seul à avoir publié un ouvrage sur les relations entre de Gaulle et Churchill et a aussi écrit des biographies de Goering et Lord Mountbatten. Oui ça envoie plutôt du lourd.

Autant commencer par ce qui fâche, je trouve que la couverture et le titre ne vont pas du tout avec le contenu du livre. Si je n'avais pas su que l'auteur était François Kersaudy, j'aurai certainement passé mon chemin. Je préfère également mettre en garde le lecteur. Il ne s'agit pas ici de se pencher sur la seconde guère mondiale, mais bien sur le IIIe Reich, l'institution politique et ses membres. Kersaudy n'aborde donc jamais la question de la Shoah puisque ce n'est pas là son propos. Sur une critique publiée sur le net, l'auteure regrettait justement que la question de l'holocauste juif ne soit pas abordée et que Kersaudy s'intéresse beaucoup plus à la question militaire et politique or Kersaudy EST un spécialiste d'histoire militaire et politique. Ne soyez donc pas surpris. Si vous cherchez un livre sur la Shoah, il en existe plein d'autres faits par d'excellents spécialistes de la question. 
Il n'y a rien de sensationnel dans ce livre. Comme l'explique François Kersaudy dans sa préface - dont je conseille vivement la lecture - il n'est pas question d'assommer le lecteur avec des révélations sur les crimes de guerre des nazis ni sur la face cachée - si tant est qu'il existe une face cachée - des dirigeants du Reich. Ce qui m'a plu dans la démarche de l'historien c'est avant tout d'admettre que son livre n'est pas exhaustif, qu'il n'est pas non plus péremptoire - notamment dans le cas de l'affaire Hess puisque certaines archives sont tenues secrètes par les Archives nationales britanniques jusqu'en 2017 - mais qu'il est en fait, le fruit des recherches passées. Faire le point en 2013 sur nos connaissances sur les différentes questions dont il traite est ce qui intéresse le plus l'auteur. 

Le présent ouvrage aborde donc huit questions d'importance mais parfois méconnues sur le IIIe Reich. Sur Hitler, Kersaudy se penche sur le mystère de ses origines, son talent d'orateur, son rapport avec les femmes et sa santé. Il examine également les relations qu'entretenaient les membres du gouvernement et se penche plus avant sur le cas de Rudolf Hess et de l'Amiral Canaris. Enfin, Kersaudy aborde en détail les évènements qui ont conduit à la Nuit des longs couteaux et son déroulement. 

Si certains sujets abordés par Kersaudy sont connus, comme la Nuit des longs couteaux, d'autres au contraire font encore partis des mystères qui entourent le gouvernement Hitlerien. J'ai été particulièrement passionnée par le chapitre sur "Le panier de crabe" dans lequel on apprend que les dirigeants nazis ne pouvaient pas se supporter. Chacun avait des dossiers compromettants sur ses ennemis et même sur le führer, histoire de se prémunir des coups bas des autres ministres du Reich. Il est proprement hallucinant de voir que chacun avait des prérogatives, ministérielles ou de directions, qui recoupaient en fait celles de quelqu'un d'autre, de sorte qu'il y avait constamment une guerre entre services, au profit d'Hitler lui-même. On prend alors la mesure de l'horreur: alors que les dirigeants du IIIe Reich nous apparaissent comme puérils à franchement stupides en passant par cupides ou complètement névrosés - pédophiles, violeurs, escrocs etc la brochette est "belle" - ils ont réussi malgré tout à dominer l'Europe pendant quelques années et à orchestrer le plus grand génocide de l'Histoire. On se prend alors des sueurs froides à la pensée de ce qu'aurait pu être la Seconde Guerre mondiale s'ils avaient été de véritables stratèges....
Les relations d'Hitler avec les femmes est également un chapitre intéressant qui permet de mieux "comprendre" ce personnage tordu. 

Sur les huit chapitres présentés par Kersaudy, deux font encore débats notamment parmi les historiens. Il s'agit du chapitre sur Rudolf Hess et l'organisation de son voyage secret en Angleterre en 1941 et celui sur l'Amiral Canaris présenté tour à tour comme un grand héros ou un traitre. Sur l'affaire Hess, Kersaudy lui-même nuance son propos, sachant que certains documents sont encore inaccessibles à ce jour. En ce qui concerne l'Amiral Canaris, c'est un chapitre qui m'a beaucoup plu, justement parce qu'il est tout en nuances. Il ne s'agit pas de faire l'hagiographie de l'Amiral directeur de l'Abwehr - les services secrets de la Wehrmacht - mais bien de montrer qui était cet homme, avec ses forces mais aussi ses faiblesses. 

J'ai lu sur le net une chronique affirmant que le style de Kersaudy est académique et pesant, personnellement j'ai trouvé l'ensemble fluide et souvent très drôle car il n'hésite pas à alléger son discours, lorsque c'est possible, par quelques remarques amusantes. C'est vrai qu'il cite souvent beaucoup de monde et qu'il n'y a pas de notice biographique sur chacun. C'est pourquoi je pense que si Les secrets du IIIe Reich est un livre grand public, il ne peut pas être abordé par des néophytes complets. Il faut connaitre un minimum les dirigeants nazis de l'époque.  Le livre est complété par de nombreuses notes de bas de pages, de notes en fin d'ouvrage ainsi que d'une bibliographie sélective très intéressante. Pas de sources primaires mais des ouvrages écrits à la portée du public. 

Pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur l'organisation politique du IIIe Reich ainsi que sur le personnage d'Hitler, je recommande absolument ce livre. Bonne lecture.

mercredi 22 janvier 2014

Et si on se mettait à la BD? Episode 6: Blacksad


COUP DE COEUR DE PERSEPHONE 



"Il y a des matins où l'on a du mal à digérer son petit-déjeuner. Surtout si on se retrouve devant le cadavre d'un ancien amour." Tout le cynisme et le calme de Blacksad dès l'ouverture de la BD. Aujourd'hui pour ce sixième numéro de "Et si on se mettait à la BD?" je vous propose de découvrir la série policière et animalière de Juan Diaz Canales et de Juanjo Guarnido. Bien que tous deux espagnols, Blacksad est avant tout une BD rédigée en français. Ouais, Cocorico. 

Il est assez peu étonnant que cette série soit un véritable carton. Il suffit de se pencher un peu sur la personnalité des deux auteurs pour se rendre compte que la qualité sera forcément au rendez-vous. Voyez-vous, ce qui fait la réussite de Blacksad est sans aucun doute le dessin animalier extrêmement expressif de Juanjo Guarnido - ma nouvelle idole. Juanjo Guarnido et Juan Diaz Canales sont tous deux issus du monde de l'animation. Ils se sont d'abord rencontrés chez Lapiz Azul, studio d'animation espagnol. Juanjo Guarnido travailla ensuite au Studio Walt Disney de Montreuil tandis que Juan Diaz Canales fonda sa propre société d'animation. Rien que ça...oui madame, oui monsieur. Les auteurs de Blacksad et l'animation c'est une longue histoire d'amour. 
 
Rien de plus facile dès lors, de comprendre pourquoi le dessin de Blacksad est d'une expressivité folle. On ressent parfaitement tout ce qui fait les prémices d'un grand dessin animé Disney. La Bête par exemple aurait tout à fait eu sa place dans la BD et ses expressions de colère ne sont pas sans rappeler celle du chat blasé. Vous l'aurez compris, avant même de découvrir les scénarii de Juan Diaz Canales, Guarnido m'avait totalement conquise par la beauté de ses dessins.
Le monde animalier représenté dans Blacksad est à couper le souffle. Non seulement le jeu sur les expressions est diversifié et particulièrement crédible, l'humanisation des personnages est, dès lors, extrême mais les animaux sont aussi choisi en fonction de la personnalité du personnage qu'ils représentent. Guardino et Canales tombent de fait, toujours justes. Smirnov, l'inspecteur de police calme mais efficace est un berger allemand, tandis que Weekly, journaleux à l'hygiène corporelle incertaine mais sympa au demeurant est une fouine. Ainsi, si le héros est un chat noir au museau blanc, ce n'est pas un hasard. John Blacksad, détective privé un rien blasé, correspond à la fois à l'archétype du privé américain des années 50 et au chat de gouttière qu'il est. D'un animal à l'autre se dégage un caractère propre que l'on ne retrouve pas forcément chez tous les membres d'une même espèce. Ainsi, deux chiens pourront véritablement être dissemblables tant physiquement que psychologiquement. Comme les humains, chaque animal de Blacksad est unique. Je me demande quel animal je serai si j'étais dans la BD du coup...



A côté des dessins, ce sont également les histoires qui ont su me captiver. Blacksad est une ode aux romans noirs des années 50, avec son détective en imper pourri, cynique et mal luné, riche en demoiselles sexy et aux gros bras qui n'ont pas des têtes de porte-bonheur. Cet aspect romans noirs est renforcé par l'utilisation de la voix-off, celle de John Blacksad, qui nous plonge immédiatement dans l'ambiance. Les réparties cinglantes au franc parlé que n'aurait pas renié Audiard, conjugué à la virulente critique de la société américaine d'époque, tout est là pour séduire le lecteur.
Chaque tome - la série en compte actuellement 5 - aborde un sujet précis, thème relié par les couvertures et les couleurs qui prédominent dans l'album. Femmes battues, racisme, jalousie, communisme et nazisme, Blacksad sait se renouveler à chaque tome.

Le personnage principal est également une source de réjouissance. J'adore son côté vilain matou un peu blasé, qui s'ennuie continuellement mais qui sait être efficace. Charmeur à ses heures perdues, il se détend au contact de Weekly, la fouine malodorante mais gentille qui lui file un coup de main sur ses enquêtes. Hormis quelques personnages que l'on retrouve d'un album à l'autre, les personnages secondaires changent et sont multiples ce qui permet aux auteurs de continuellement faire preuve d'inventivité.

Résumé du tome 1 Quelque part entre les ombres (BD Gest'): Par un moche matin couleur sépia, Blacksad, détective privé de son état - ou ''fouille-merde'' selon certains - est appelé par le flic Smirnov pour reconnaître un cadavre. Il reconnaît : c'est Natalia Wilford, une actrice avec qui il a vécu jadis la plus heureuse époque de sa vie. En bon flic, Smirnov lui conseille de garder le museau hors de cette affaire. En bon fouille-merde, Blacksad ne suit pas ce conseil avisé : un salaud a tué une femme et, par la même occasion, ses meilleurs souvenirs. Il va payer.

Ce premier tome nous introduit dans l'univers du détective privé. C'est sans doute celui qui ressemble le plus aux romans noirs américains. Il y a un petit côté Dahlia noir dans cette première enquête je trouve notamment parce que la victime est une célèbre actrice. Dans cet album nous faisons la connaissance de Smirnov et de Weekly, deux des personnages récurrents de la série. Si l'intrigue est simple, l'ensemble est efficace et prenant. Les dessins sont sublimes et le lecteur rentre immédiatement dans l'univers. Une introduction sobre mais parfaitement équilibrée qui ne peut que vous rendre accro. 

Le second tome Artic Nation traite, comme le sous-entend sa couverture blanche et noire de racisme. Balcksad, avec son corps noir et son museau blanc a étrangement un pied dans les deux univers. 

Résumé (BD Gest') : Oldsmill, le maître de la ville, est un tigre blanc. Karup, le chef de la police, un ours blanc. Huk, l'âme damnée de Karup, un renard blanc. Avec les autres animaux à pelage immaculé, ils forment la société WASP (W pour White, AS pour Anglo-Saxon, P pour Protestant). Tous les autres habitants, de la pie noire au renard brun-roux en passant par le chat tacheté et la biche châtain, ne sont que racaille. Et si la police n'est pas capable de maintenir l'ordre des blancs, les gros bras d'Arctic-Nation, le parti raciste, cagoulés et vêtus de robes blanches, s'en chargent sans états d'âme. Ils ont les cordes et les croix enflammées qu'il faut. Dans cette ambiance pas câline, câline, Blacksad, le chat détective privé, enquête sur la disparition d'une enfant de couleur. La mère de Kyle, Dinah, travaillait comme femme de ménage chez le même Karup et, selon quelques bonnes âmes, serait au mieux avec le fils Oldsmill. Un vrai noeud de vipères dans lequel Blacksad plonge les pattes et joue au justicier prompt à griffer si nécessaire. Son seul appui, le reporter d'un magazine à scandale Weekly. Un fouille-merde qui sera utile à John. Vaut mieux. Coups bas et coups tordus vont pleuvoir comme à Gravelotte.

Artic nation est l'album que j'ai sans doute le plus aimé de la série. De l'idée du racisme animalier - le blanc dominant encore les autres couleurs - à l'intrigue tout en rebondissement, tout m'a plu. Après une ouverture fracassante, on sent que l'album ira loin dans le questionnement sur l'Amérique du KKK, reproduction quasi exacte de notre propre Histoire.
John Blacksad apparait d'autant plus déterminé qu'il se bat pour retrouver une fillette disparue. Son engagement est touchant et l'on suit - parfois avec horreur - la progression du privé dans une ville gangrénée par la folie blanche. Loin de donner une impression de déjà vu ou d'une morale convenue, Artic nation étonne par ses rebondissements, jusqu'à la dernière planche. 
Le dessin est encore une fois l'une des grandes forces de la série, un soucis du détail qui ne manquera pas d'en impressionner plus d'un. 

Avec leur troisième opus, Âme rouge, Canales et Guarnido nous introduisent dans le Maccarthisme. L'occasion aussi pour John Blacksad, de découvrir le passé d'un de ses vieux amis et de vivre une histoire aussi belle qu'éphémère avec une belle intellectuelle.

Résumé (BD Gest'): John Blacksad s’ennuie dans son nouveau rôle de garde du corps d’un parvenu flambeur. Heureusement, on peut toujours compter sur le destin qui vous met dans les pattes de vieilles connaissances pour vous sortir du ronronnement du quotidien et de nouvelles rencontres pour éviter de vous empâter. En cette période de guerre froide, certains ont tendance à voir rouge et l’atome a des odeurs de soufre.   

J'ai aussi beaucoup aimé Âme rouge, non seulement à cause de l'époque qu'il évoque, la chasse des communistes aux Etats-Unis mais aussi les restes de la seconde guerre mondiale. Dans ce groupe d'intellectuels de gauche, les personnalités sont aussi complexes que fascinantes et ce n'est pas sans y perdre des plumes que John Balcksad se frottera à eux. L'histoire d'amour de Blacksad a aussi su m'émouvoir même si ce que j'ai préféré est bien sûr le contexte de l'intrigue. 
On ne manquera pas de reconnaitre également certains personnages historiques, ici animalisés, comme Hitler en chat - sans doute un clin d'oeil à Maus d'Art Spiegelman - ou MacCarthy lui-même en coq. 

L'enfer, le Silence, nous transporte dans la Nouvelle Orléans pour un album hommage à la ville et au jazz. 

Résumé; (BD Gest'): Le plus félin des détectives débarque à la Nouvelle Orléans. La faute à l'ami Weekly, qui, envoyé par le What's News faire un reportage sur le blues, lui a "dégoté" une affaire : retrouver la trace de Sebastian Fletcher, un pianiste de jazz surdoué mais héroïnomane, disparu en laissant derrière lui sa femme enceinte. Faust Lachapelle, son producteur et mécène, s'en inquiète, d'autant que, malade et voyant lui-même la mort approcher, il souhaite "tout laisser en ordre" avant le grand départ. Pour Weekly, c’est l'occasion de passer du bon temps à Big Easy. Pour Blacksad, c'est une sale affaire de plus qui commence, et les choses sont bien plus compliquées...

Changement de ton pour ce quatrième volume. L'action se déroule sur une nuit, une nuit sombre où Blacksad est transporté dans le monde du jazz et de la drogue dans une Nouvelle Orléans musicalement perturbée. Construit sur une succession de flashback et de scènes du présent, l'ensemble est original. Un album très sombre sur les secrets du passé qu'il faut lire d'une traite. 

Amarillo est le dernier opus en date. Plus léger que le précédent, John Blacksad nous emmène dans un road trip dans l'Amérique des beatnik. 

Résumé: (BD Gest'): Weekly doit quitter La Nouvelle-Orléans ; il y laisse John qui préfère rester pour chercher du travail sur place. Par chance, celui-ci croise justement un riche Texan qui lui propose de ramener sa voiture chez lui : un boulot simple et bien payé ! John accepte, mais, dans une station-service, il se fait voler la voiture par Chad Lowell et Abe Greenberg deux écrivains beatniks qui cherchent à rejoindre Amarillo, au Texas. Bientôt, une querelle entre les deux hommes, rivaux, vire au drame : Chad, poussé à bout, tire sur Abe qui meurt sur le coup. Obligé de fuir, Chad trouve refuge dans un cirque. John se lance à sa poursuite sur les routes américaines du Nouveau-Mexique, du Colorado, du Texas et de l'Illinois.

Album qu'il me reste encore à découvrir, je suis déjà fascinée par la couverture jaune, synonyme pour moi de plus d'humour et de légèreté que l'oppression de la Nouvelle Orléans et du vaudou.

Une excellente série au dessin sublime et à l'ambiance envoûtante à découvrir de toute urgence.

1. Quelque part entre les ombres 
2. Artic Nation
3. Âme rouge
4. L'enfer, le silence
5. Amarillo

Hors-série
Blacksad, les dessous de l'enquête (making off)
L'Histoire des aquarelles (Âme rouge)
L'Histoire des aquarelles (L'enfer, le silence)

dimanche 19 janvier 2014

Albator, corsaire de l'espace - Shinji Aramaki (2013)



Résumé: Il y a un siècle, une guerre terrible éclata. Les colonies humaines éparpillées dans l'espace étaient en train de mourir et les colons voulurent rentrer sur une Terre, trop petite pour tous les accueillir. Les humains pensaient mettre fin au conflit en se raccrochant aux enseignements de la coalition GAIA mais l'humanité ne survivra plus très longtemps. La coalition GAIA a fait de la Terre un sanctuaire inviolable. Albator, pirate de l'espace au commande du vaisseau fantôme l'Arcadia, se bat depuis un siècle contre la coalition. Voyageant à travers l'espace, il représente une menace pour GAIA qui envoie un agent infiltré pour l'assassiner. Que découvrira Yama sur l'Arcadia?

CASTING

Réalisation .................................................. Shinji Aramaki
Scénario ...................................................... Harutoshi Fukui et Kiyoto Takeuchi d'après l'oeuvre de Leiji Matsumoto
Animateur de l'infographie .......................... Semin Tho
Albator ......................................................... Shun Oguri / Mathieu Moreau
Miimé ........................................................... Yü Aoi / Marcha Van Boven
Yattaran ........................................................ Arata Furuta / Martin Spinhayer
Yama ............................................................. Haruma Miura / Pierra Lognay
Esra (Isora en VO) ........................................ Toshiyuki Morikawa / Michelangelo Marchese
Nami ............................................................. Mäya Sakamoto / Sophie Frisson
Kei Yûki ....................................................... Miyuki Sawashiro / Delphine Moriau
Narrateur ...................................................... vf. Richard Darbois


Albator c'est beau...et chiant. dixit La Dame. Amen!

Ce qui rend cette chronique horrible à écrire....j'en ai marre!

Je ne suis pas une génération Albator. Je suis née un tout petit peu trop tard pour ça et étant l'aînée de ma fratrie, je n'ai pas eu la chance d'avoir un grand frère ou une grande sœur pour me guider dans les animés de la génération d'avant. Vous vous en doutez donc, je n'ai jamais vu l'animé Albator. Cependant, la bande-annonce du film poutrait grave - pardon pour le terme - et je ne pouvais décemment pas passer à côté. J'aurai adoré le voir en japonais mais il ne passait pas près de chez moi en VO, je l'ai donc vu en VF et je dois admettre qu'elle est tout à fait décente. Pas d'inquiétude donc, si vous voulez tenter l'aventure, niveau traduction d'animé je crois qu'on a eu pire. De plus, à une exception près, les noms des personnages et des navires ont été conservés dans leur version d'origine. Pour les fans de l'animé, ne vous étonnez donc pas si au lieu de votre cher Atlantis on vous parle de l'Arcadia. Avant d'aller au cinéma, je me suis quand même un peu renseignée sur le pitch de départ de la série, ses personnages etc. et en fait, on retrouve pas mal d'éléments de la série même si je ne sais pas trop comment ils les ont utilisé.
Appréciez le détail de la cicatrice
Je vais délibérément commencer par le positif, histoire que cette chronique ne soit pas que désolation. Graphiquement, Albator est magnifique. On retrouve un travail phénoménal sur les textures et l'ensemble si bien que certains personnages ont l'air d'être joués par de véritables acteurs. A l'exception de Kei et de ses seins de l'espace dans une scène complètement ridicule et sortie de nulle part - non sérieux je n'ai pas compris ce que ça foutait là, j'ai adhéré sans aucun soucis à l'esthétique du film. Les scènes de combats dans l'espace sont entraînantes et très belles à regarder. Albator a vraiment la classe et je dois admettre qu'il en impose. On retrouve un ensemble légèrement cyberpunk au niveau de l'Arcadia qui est l'une des grandes réussites du film. L'avant du bateau est somptueux et les effets réalisés sur la matière noire qui l'enveloppe sont proprement hallucinants. Les personnages ont l'air plus vrais que natures. On se fait plaisir à l'oeil et c'est déjà ça, croyez-moi.

Voila. On vient de faire le tour du côté sympa d'Albator, maintenant on va passer à la suite. Bon courage.

Parce qu'à part l'esthétique d'Albator il n'y a pas grand chose à sauver. Le scénario est décousu et parfois franchement incompréhensible. Les partis pris narratifs m'ont laissée pantoise sans compter le vide flagrant dans la construction des personnages.

Albator introduit l'intrigue via les yeux de Yama (ou John David mannequin pour slip de l'armée comme dirait La Dame, je suis désolée mais l'image est trop exacte pour que j'oublie) un jeune homme chargé d'infiltrer l'Arcadia et de tuer Albator. Dès le début on sent que Yama ne sera jamais un personnage crédible.
Physiquement, il aurait pu avoir écrit sur le front "kikoo c'est moi le nouveau Albator" pour aller un peu plus dans le "comment faire une fin prévisible et moisie". La mèche devant les yeux, la dégaine de poseur, tout sent le Albator mal digéré. De plus, c'est par ses yeux que nous sommes censés découvrir le véritable héros du film, le corsaire balafré, mais l'action se concentre tellement sur Yama et ses atermoiements de mes deux tentacules que le pirate au centre du récit fini par passer à la trappe.
A la limite, l'effacement d'Albator au profit de Yama aurait pu être acceptable si seulement ce dernier avait eu un peu de consistance. Seulement, le scénario ne lui donne jamais la place de le faire. Entre son frère, personnage de méchant en mousse, le triangle amoureux ridicule, les membres de l'Arcadia prêt à faire péter le monde parce qu'Albator le demande et ses QUATRE changements de camps en 1h40....rien à sauver je vous dis.

En conséquence, Albator a peut-être la classe mais à part des attitudes de poseurs, quelques grandes phrases déjà entendues mille fois et une chouette aptitude au combat, le personnage reste creux.
Le personnage d'Albator se résume à cette scène....ça claque mais ça ne fait pas un film.
Jamais on n'arrive à le comprendre, ni à percer le mystère du corsaire qui sillonne l'espace depuis 100 ans. Personne ne se pose vraiment LA question au sujet d'Albator.  

Réunion du comité de rédaction du scénario d'Albator:

"Heu dites les gars, dans la bande-annonce on dit qu'Albator est poursuivi par la confédération GAIA depuis 100 ans. Bon je sais qu'on est dans le futur mais ce n'est toujours pas une longévité naturelle quand même. Vous croyez qu'on devrait en reparler à un moment dans le film?"
" Mais tu crois vraiment que ça intéresse les gens? Non ce qu'on veut savoir c'est si les infographistes arriveront à faire la scène des boobs volants de Kei. De la texture, nous voulons de la texture!"
"Non mais j'me disais que Yama aurait pu se poser la question, comme ça...non?"

C'est tout de même un élément dont on entend parler dans la bande-annonce. Le côté pirate maudit ça a quand même son intérêt mais non. Personne ne se pose JAMAIS de questions sur Albator. Quand le mec que vous poursuivez depuis 100 ans n'est toujours pas mort de vieillesse, à mon avis, ça serait utile de s'interroger sec. Et ça vaut pour l'équipage de l'Arcadia. Espèce de république bananière va!

Il faut admettre que les personnages ne sont jamais aidés par le scénario. On l'a vu, en se concentrant sur Yama, le personnage d'Albator disparait et l'intrigue se concentre sur la lutte fratricide d'Ezra et de Yama plutôt que sur la question essentielle de la rédemption d'Albator. De son passé et de son futur.

Albator de Shinji Aramaki aurait pu bien fonctionner malgré tout s'il avait prit le parti pris d'en faire la naissance d'un mythe plutôt que d'essayer maladroitement de conjuguer deux histoires. C'est là que le bât blesse. Albator n'est jamais vraiment compris du spectateur et Yama est une tête à claque creuse. Dur, dur de faire une légende avec ça. Si on compte que non honnêtement je n'ai pas du tout compris son histoire de nœud du temps - cela dit, à part Albator et Mimei je crois que tout le monde était largué - ça vous donne deux tiers du film chiants et incompréhensibles.

Cerise sur le gâteau qui finit par achever cette idée comme quoi Albator, corsaire de l'espace, aurait pu être un film mettant en place le mythe Albator, c'est la fin. On le sentait venir depuis le début que Yama était un mini-Albator: les indices sur l’œil droit infecté par une caméra, la coupe de cheveux etc. Le combat entre lui et Ezra achève de le placer comme le successeur du capitaine de l'Arcadia. La même cicatrice, le même œil en moins... Okay les gars ont a compris merci! C'était un peu lourdingue, certes, mais ça passait.
Alors pourquoi vous faites ressusciter Albator et Mimei pour leur faire tenir les mêmes poses qu'au début du film bordeyl? 360° et nous revoila EXACTEMENT au même point qu'il y a 1h40....WHY oh WHY?

C'est le côté WTF des scénaristes qui ont décidé, après en gros 40 minutes de film, d'en n'avoir plus rien à faire de l'histoire qu'ils étaient en train de raconter.

"Tient Toto et si on terminait le film là où on l'a commencé? Hein, histoire de faire perdre leur temps aux spectateurs."
" Tu as raison Toto bis, faisons ça et allons manger. J'ai faim." 

Vous l'aurez compris, grosse déception pour ce film. Je déteste sortir du cinéma en ne sachant pas exactement ce que j'ai vu et pire, en n'ayant pas compris ce que j'ai vu. Je laisse le mot de la fin au narrateur d'Albator. 

"Albator, capitaine de l'Arcadia navigue à travers l'espace et nul ne sait pourquoi." Voila...

lundi 13 janvier 2014

Deception (Le chant de la sirène) - Amanda Quick


Présentation de l'éditeur: A vingt-cinq ans, Olympia Wingfield passe aux yeux de tous pour un bas-bleu. Membre de la vénérable Société des explorateurs, elle collectionne les récits de voyages, les cartes anciennes et se passionne pour les histoires de pirates et de flibustiers. Depuis des années, elle tente de mettre la main sur le journal intime de Claire Lightbourne, la femme du célèbre capitaine Jack. Un document codé qui recèle l'emplacement d'un fabuleux trésor ! Mais la ravissante Olympia n'est pas la seule à convoiter ce fameux journal : les descendants du capitaine Jack sont fermement décidés à récupérer ce qu'ils considèrent comme leur héritage... Lorsque, enfin, la jeune femme entre en possession du manuscrit, un homme étrange se présente chez elle. Avec ses cheveux longs et le bandeau de velours noir qui masque son oeil mort, Jared Chillhurst semble sortir tout droit des rêves les plus fous d'Olympia. Et ce qu'il lui propose est proprement stupéfiant ! 

Depuis Ravished - dont je ne me remets toujours pas tellement j'ai aimé - j'ai de très hautes attentes avec les romans d'Amanda Quick. Trop hautes peut-être? Deception n'en n'est pas une, loin de là, Amanda Quick sait utiliser un stylo c'est évident, seulement ce n'est pas le coup de cœur que j'attendais. Écrit en 1993, soit deux ans après Ravished, je n'ai pu m'empêcher de retrouver des similitudes entre les deux. Deception me fait penser à un Ravished, en moins bien. Du coup - dédicace à mon Shadock rouge - si vous n'avez pas aimé Ravished, peut-être que Deception vous plaira plus.

Ce n'était pas très compliqué de voir des liens entre les deux romans en même temps, vu les parallèles tracés entre les deux histoires. L'héroïne est jeune fille d'un petit village d'Angleterre, passionnée par de vieilles cartes marines et des légendes autochtones des Antilles, un gentil bas-bleu avec des neveux sur les bras. Immédiatement, j'ai pensé à ma chère Harriet avec ses fossiles, sa sœur et sa tante. Sa gouvernante est assez rude, est persuadée que le nouveau précepteur des enfants est un pirate venu spécialement pour corrompre sa maîtresse. Cela me rappelle, en moins énervante je l'admets, la servante d'Harriet qui hurlait à la bête dès qu'elle voyait Gideon. Un petit quiproquo sur les raisons qui poussent les héros à se rapprocher est là aussi, tout comme Olympia qui prend la défense de Jared. N'oublions pas le héros, sombre, réservé, avec un passé douloureux avec la gent féminine, un défaut physique apparent et un calme olympien. It rings a bell isn't it?

Malgré tout les deux histoires ne sont pas des copier-collés, soufflons les ami•e•s. En fait ce qui a été vraiment très intéressant avec ce livre, c'est qu'il est bourré de petits défauts et pourtant je l'ai lu avec un certain plaisir. Cela tient incontestablement à la plume d'Amanda Quick. Elle sait écrire, faire de bons dialogues et mener son histoire sans trop s'embourber dans des détails inutiles ou des surcharges de rebondissements superflus. 

Il n'y a que deux détails qui m'ont véritablement gênée sans pour autant gâcher complètement ma lecture. Tout d'abord le cliché sur le pirate. Bon d'accord Jared a un œil en moins et il cache sa cicatrice par un cache-oeil - sinon ce serait franchement creepy me direz-vous. Je sais que dans notre imaginaire collectif, ça fait très pirate mais était-ce pour autant obligé de le mentionner à chaque fois que quelqu'un rencontre Jared? Que l'héroïne pense à lui comme à un exotique pilleur des mers, que ça l'émoustille, je veux bien le concevoir. Après tout, elle est passionnée par les légendes des Antilles, les cartes marines et les coutumes des gens qui vivaient dans ces îles. Je comprends le mythe du pirate, d'autant que j'ai vu Albator le film il n'y a pas longtemps et d'accord, j'adhère au pirate sexy balafré avec un œil en moins. En revanche, j'ai du mal à imaginer que TOUT le monde dans le village le voit comme tel. A part l’œil en moins, il n'a rien d'un pirate - cela dit si j'en crois les romances sur les pirates que j'ai lues, même les capitaines de vaisseaux pirates peuvent n'en avoir que le nom...Facepalm. C'est un respectable commerçant en plus d'être un vicomte, il est bien habillé même s'il privilégie le confort à la mode, il est propre et sans jambe de bois. Oui je caricature mais les personnages du roman aussi. J'aimerais rappeler que l'action se déroule juste après les guerres napoléoniennes. Trafalgar et Lord Nelson ça dit quelque chose à quelqu'un? Le héros de la nation à qui il manquait un oeil et un bras? Non? Personne? Facepalm bis.
Je pense que si l'action s'était déroulée plus tard dans le XIXe siècle, la remarque sur le pirate aurait été mieux utilisée. Surtout que par moment j'ai eu l'impression qu'Amanda Quick laissait cette aspect de sa personne de côté. On en parle beaucoup au début et toujours sur le même ton pour ensuite ne quasiment plus aborder le sujet. 

Il n'y a pas que le côté "pirate" qui soit déséquilibré, la relation entre les deux protagonistes durant la première moitié du roman est assez...disons...étrange. Après une semaine seulement elle lui tombe dans les bras pour un baiser, sauf que nous n'assistons pas à la semaine écoulée, merci gentille ellipse narrative. Du coup, dès le chapitre 4 un baiser passionné et hop roule ma poule "j'appelle-mon-employeur-qui-ne-sait-pas-que-je-suis-vicomte-par-"ma sirène"", j'ai trouvé ça trop rapide et pas crédible. Surtout qu'ensuite ils reprennent leur relation "professionnelle" comme si de rien n'était, réputation de madame - entre-autre - oblige. On passe par une période assez maladroite de chaud et froid que je n'ai pas vraiment apprécié à sa juste mesure. La seconde moitié du roman en revanche est beaucoup plus maîtrisée et j'y ai plus cru. Leur relation s’épanouit plus naturellement.

Je sais que j'ai l'air sévère mais je vous promets que je n'ai pas détesté. Comme Amanda Quick écrit bien, ces défauts ne sont jamais insurmontables et je n'ai jamais eu envie de jeter mon livre par la fenêtre. En fait j'ai bien aimé les personnages principaux. Olympia est une jeune femme excentrique mais avec la tête sur les épaules. Elle est rafraîchissante mais pas trop naïve. Vers la fin, elle met au jour un twist assez sympa dans l'intrigue ce qui lui donne une plus grande maturité. J'aime beaucoup son attachement à ses neveux et la volonté de les protéger. Quant à Jared, s'il a moins de charisme que Gideon, son côté posé et calme est agréable. Il s'emporte en privé et seulement avec Olympia. Ce n'est pas non plus un rake, il est plutôt réservé et c'est un détail qui m'a plu. Pas de grands bouleversements, juste la bonne héroïne au bon moment. 

Quant à l'histoire et bien elle est plutôt sympa. Comme je le disais, pas de grands retournements de situations mais des moments de tensions bien désamorcés quand il fallait sans drame inutile. Les héros se parlent et même s'ils ne se comprennent pas toujours à 100%, aucun des deux n'est buté ou borné devant les arguments de l'autre. Leur relation coule même plutôt de source. Quant à l'intrigue du journal? Elle est finalement secondaire bien que présente comme un fil rouge continu. J'ai trouvé très intelligent la façon d'Amanda Quick de gérer les intrigues secondaires car elles apportent un petit plus au reste sans alourdir la narration principale. 

Alors voila, Deception n'est pas un coup de cœur mais ce n'est pas une horrible romance non plus. L'ensemble est sympathique sans être époustouflant. Si vous voulez une romance légère, sans prise de tête, je dirais que Deception est ce qu'il vous faut. Sinon, vous avez toujours Ravished!

vendredi 10 janvier 2014

Le mystérieux cercle Benedict - Trenton Lee Stewart



Suite à la parution de cette intrigante annonce dans le journal, des dizaines d’enfants se sont portés volontaires pour passer une série de tests aussi insolites que difficiles. En fin de compte, seuls quatre candidats très spéciaux parviendront à les réussir. Mais déjà un autre défi les attend : une mission secrète que ne peuvent accomplir que des enfants d’une intelligence et d’une débrouillardise hors du commun. Pour la mener à bien, ils devront entrer incognito à la Très Originale Pension Scolaire, où l’unique règle est qu’il n’y a pas de règle.

Confrontés à des périls physiques et psychologiques plus effrayants que tout ce qu’ils auraient pu imaginer, nos héros n’auront d’autre choix que de se serrer les coudes. Mais cette amitié toute neuve sera-t-elle assez forte au moment d’affronter la plus terrible des épreuves ?(source)

Le mystérieux cercle Benedict est une série de romans jeunesses écrite par Trenton Lee Stewart et qui comprend dans sa version originale déjà trois volumes et une novella. En France, vous pouvez dores et déjà vous procurer les deux premiers tomes, le troisième sera disponible quant à lui au printemps 2014.

Ce roman m'a fait de l’œil dès sa sortie anglaise. Je le croisais partout à Cambridge dans les librairies et j'étais vraiment attirée par sa couverture. Le dessin, dans un style qui me plait beaucoup, a pu me faire penser qu'il s'agissait d'une histoire se déroulant dans une maison alors qu'en fait pas du tout. Quoi qu'il en soit, j'ai attendu, attendu, attendu et finalement, c'est grâce au rer parisien que j'ai décidé de craquer. Oui deux heures c'est beaucoup trop long comme temps de transport et il me fallait un bon livre pour décompresser. En plus, ma libraire jeunesse n'arrêtait pas de me le vanter et vu que nous avions toutes deux aimés Vango et Tobie Lolness, j'ai décidé de lui faire confiance. Merci Anne!

Si Le mystérieux cercle Benedict n'est pas le coup de coeur que je m'attendais à avoir, il n'en reste pas moins que c'est un roman extrêmement sympathique qui plaira au plus grand nombre. 

J'ai tout de suite aimé les parti pris de narration puisque nous commençons le récit par la découverte de Reynie et c'est son point de vue que l'on adopte. Cependant, ce point de vue est vite nuancé lorsque l'on rencontre les autres personnages. C'est intéressant parce que du coup, bien que l'on soit souvent plus proche de Reynie, cela n'empêche pas de bien comprendre qui sont les autres enfants du cercle Benedict et ce qu'ils ressentent. Il est toujours difficile de bien caractériser des personnages multiples et encore plus les membres d'un groupe mais ici, Trenton Lee Stewart s'en sort bien. C'est même très agréable de découvrir quatre enfants radicalement différents les uns des autres mais aussi des autres enfants que l'on croise à la Très Originale Pension Scolaire (TOPS).

L'intrigue se fait en deux temps. C'était plutôt sympathique de commencer par le recrutement de l'équipe. Les épreuves sont assez loufoques, on découvre les enfants un par un et leurs particularités ne manquent pas de nous sauter aux yeux. L'ensemble est peut-être un peu long à se mettre en place mais j'ai apprécié cette entrée en matière en douceur, notamment parce que la suite se révèle beaucoup plus punchy et que par la même occasion, ce sont d'autres capacités et d'autres relations entre les enfants que le roman met en avant. 
Dans un second temps, nous retrouvons notre super équipe à TOPS. J'ai adoré la description de la pension, les autres élèves et l'ambiance étrange qui y règne. D'habitude, les pensions font rêver. Comme Hogwards tout le monde a envie d'y être mais TOPS est légèrement différente. C'était extrêmement drôle de voir Reynie et les autres relever toutes les contradictions dans les non-règle établies par Monsieur Curtain, le directeur. Le personnage en soit est aussi excellent. Sur son fauteuil, son air faussement aimable ne trompe pas les enfants une seule seconde. Cette deuxième partie est aussi plus dynamique et entraînante quoique parfois un peu longue.
C'est sans doute le défaut majeur du roman à mon sens. Le rythme n'est pas toujours bien gérer et on passe d'une période un peu lente à une période plus dynamique sans parfois voir où cela va nous mener. C'est sans aucun doute le fait que le récit débute lentement, prenne son temps pour se poser, tandis que certains événements à la pension rendent le récit un peu plus vif. Ce n'est pas non plus un énorme problème soyons d'accord. Le livre ne vous tombera pas des mains et il se lit bien. Je regrette peut-être juste un peu qu'il ne se soit pas révélé être un super page-turner pour moi. 

Cependant, il y a deux points que j'ai particulièrement aimé dans Le Mystérieux cercle Benedict et qui font que je recommande cette lecture aux enfants à partir de 8 ans mais aussi aux ado.

Les personnages et notamment ceux des quatre enfants sur géniaux. Pourquoi? Tout simplement parce que l'auteur réussi à présenter quatre personnalités bien distinctes avec des défauts et des qualités qui empêchent toute hiérarchisation au sein même du groupe. En n'oubliant pas non plus la parité, deux garçons, deux filles, et la diversité, Trenton Lee Stewart permet la création d'un groupe hétérogène mais équilibré. Si Sticky est indubitablement le plus intelligent de la bande - il possède une mémoire eidétique qui lui permet de retenir absolument tout ce qu'il voit - il est peureux et a besoin des autres pour l'aider à avancer dans les épreuves. Reynie est un garçon intelligent doté d'un esprit d'analyse et d'une logique implacables. Les deux garçons se complètent bien d'ailleurs sur ce point. Bien que vif et leader naturel, Reynie est quelqu'un qui doute et qui aura besoin de ses amis pour surmonter ses peurs. Kate est une gamine débrouillarde et agile qui n'est pas dénuée d'intelligence même si elle ne se montre pas sous la même forme que celle de ses deux camarades. Quant à Constance, c'est un personnage très mystérieux mais sans aucun doute le plus réussi et le plus surprenant du lot. J'ai vraiment aimé ces quatre gamins parce qu'ils montrent tous des qualités différentes mais valables pour chacun d'entre eux. L'intelligence de Sticky n'est pas valorisée par rapport à l'habileté de Kate et c'est un message que je trouve particulièrement intéressant pour les enfants. Finalement, l'union fait la force et c'est le message positif que j'ai aimé retenir du roman.

A côté de ses personnages sympathiques, le roman est bourré d'énigmes et de devinettes. Il y a un petit goût des Désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire dans Le mystérieux cercle Benedict avec ses enfants débrouillards qui doivent s'adapter, répondre à des énigmes, trouver des solutions à des situations désespérées et enfin, sauver le monde. J'adore les romans qui non seulement offrent des modèles positifs et diversifiés aux enfants mais qui sont aussi capables de les mettre au défi intellectuellement. Ils pourront toujours développer leur imagination avec les membres du cercle Benedict mais les énigmes et challenges sont pour moi un petit plus non négligeable. 

Un groupe d'enfants très sympas, des énigmes, un Mr Benedict mystérieux et attachant, un excellent moment de lecture. Je lirai la suite sans aucun doute!
N'oubliez pas de jeter un œil sur le site internet dédié aux livres. Vous trouverez même des quizz et des petits jeux pour accompagner la lecture! Amusez-vous bien.