vendredi 30 août 2013

Le tueur à la cravate - Marie-Aude Murail


Présentation de l'éditeur: Grâce à quelques clics et une adresse mail bidon, Ruth Cassel a pu s'inscrire sur le site perdu-de-vue.com et y déposer une vieille photo de classe en noir et blanc trouvée dans les affaires de son père. La manip n'a qu'un seul but : l'aider à différencier les deux blondes aux yeux noisette sur la photo, Marie-Ève et Ève-Marie, respectivement la mère de Ruth et sa soeur jumelle, décédées à vingt ans d'intervalle. Très vite, comme s'ils avaient attendu ce signal, des anciens de la terminale S3 se manifestent. L'ex-beau gosse de la classe, une prof de philo à la retraite, une copine des jumelles et, en prime, un grand-père dont Ruth ne soupçonnait pas l'existence, s'empressent de répondre. Tout pourrait s'arrêter là... Mais la photo de classe a réveillé de terribles souvenirs. Les e-mails évoquent un meurtre commis l'année de la terminale, celui d'Ève-Marie. Ils parlent d'un étrangleur récidiviste, le tueur à la cravate. Bien plus effrayant, ils mettent en cause l'une des personnes que Ruth aime le plus au monde, son propre père, Martin Cassel...

J'avais déjà lu les romans policiers de Marie-Aude Murail comme les deux premiers tomes de la série des Nils Hazard que j'adore (Dinky rouge sang et l'assassin est au collège). Je pensais trouver quelque chose un peu dans la même veine ici. On peut dire que je me suis gentiment plantée. L'humour et la légèreté de Nils Hazard a complètement disparu dans Le tueur à la cravate pour laisser la place à un récit implacable et presque froid. Dès les premières pages, le lecteur est saisi par l'atmosphère lourde qui se dégage des fameuses photos que déterre Ruth, la fille aînée de Martin Cassel. Ce roman, édité dans la collection médium de l’École des Loisirs, aurait très bien pu être un roman pour adulte bien que l'héroïne, qui nous fait vivre l'histoire à travers ses doutes et ses émotions, soit une ado un peu perdue de quatorze ans qui éprouve un amour sans borne pour sa petite sœur Bethsabée et des sentiments confus pour son père. Les thèmes (comme toujours avec Marie-Aude Murail, plusieurs thématiques s'entrecroisent jusqu'à former un tout) sont noirs et pesants et vous serrent souvent les tripes.

Au centre de ce roman, un meurtre et des passions vieilles de vingt ans qui vont refaire surfasse et bouleverser la vie de la famille Cassel. Au-delà de l'intrigue policière en soit (j'avais bel et bien trouvé le coupable dans le premier tiers du roman grâce à un petit détail, la faute à mes lectures policières à répétition?) qui est à mon sens secondaire, c'est surtout l'humain qui est à la fois glaçant et prenant dans Le Tueur à la cravate. Les personnages sont tous marquants, vraiment tous parce qu'ils sont à mon sens radicalement humains. Le "héros" n'est pas particulièrement attachant et le reste jusqu'au bout. Il n'y a pas de changement de personnalité, les secrets levés bougent des sentiments extrêmement profonds qui effleurent la surface que très légèrement. C'est une dimension que j'ai adoré. Marie-Aude Murail ne cherche pas à rendre les personnages attachants ni gentils, ils se contentent d'être, c'est tout. Dans un roman policier, cette technique est, je trouve, payante. Le côté froid et détaché du Tueur à la cravate lui donne un certain cachet au sein de la littérature policière pour la jeunesse. Comme d'habitude l'auteure ne prend pas ses lecteurs pour des incapables. Elle apporte une histoire difficile mais honnête, qui fait réfléchir. 
Ici il est surtout question d'amour, l'amour qui a conduit un homme jusqu'au meurtre mais aussi l'amour d'un père pour ses enfants, d'un grand-père pour ses petits-enfants (qui va jusqu'à mettre en sourdine ses propres sentiments de haine pour rester proches d'elles), de sœurs entre-elles. C'est la seconde dimension qui m'a véritablement fascinée. Ce roman entier tourne autour de l'amour de la version la plus pure à la version la plus pervertie. L'auteure évite tout le voyeurisme qu'un roman pour adulte aurait pu déverser, elle écrit avec tact mais sans périphrase inutile: un adolescent peut comprendre le propos, thank you very much

Au-delà du crime donc, des personnages. Martin Cassel tout d'abord, l'adolescent étrange, puis le médecin anesthésiste froid, celui dont tout le monde croit qu'il est un assassin. C'est un personnage qui tranche dans le panel de ce qu'offre d'habitude Marie-Aude Murail. Je ne sais pas vraiment si elle l'aime comme un héros/anti-héros où si elle le trouve elle-même étrange. Martin Cassel est un personnage à la Dreyfus, inatteignable de par son mutisme et sa froideur. Il n'est pas sympa, il a un humour absurde et décalé que les gens ne comprennent pas, il ne sourit jamais et surtout il éprouve une passion presque malsaine pour sa petite dernière Bethsabée, qui le lui rend bien. Complexe jusqu'à l'incompréhension, il s'est enfermé dans une bulle de chagrin impossible à percer.
Ruth, la fille aînée, l'invisible, celle que son papa n'aime pas, ou alors il le cache et ne le lui dit pas, celle qui ne se sent pas de place dans cette relation familiale étroite qui existe entre Bethsabée et Martin, celle enfin par qui tout commence et tout fini. C'est incontestablement, pour moi, la véritable héroïne de l'histoire. Pour une adolescente de quatorze ans, elle fait preuve d'un sang-froid et d'un courage inhumain. Elle ressemble beaucoup à Martin dans son caractère, elle encaisse, se relève et avance. L'amour qui se dégage d'elle envers sa petite sœur vous prend à la gorge. Comme dans le rêve de l'assassin, elle pourrait mourir pour Bethsabée. C'est un personnage que j'ai farouchement aimé dans Le Tueur à la cravate et pourtant nous sommes loin des ado farfelus et uniques que j'aime habituellement dans les romans de Marie-Aude Murail et Malika Ferdjoukh mais ici Ruth a su me toucher. Son abnégation, sa hargne sans doute. 
Bethsabée est adorable, c'est l'un de ses personnages de gamines muraillesque qui font tout le sel de ses romans et Bethsie n'échappe pas à la règle. C'est l'enfant/la nièce qu'on aimerait avoir, vive, drôle, maligne et mignonne un vrai rayon de soleil. 

René Lechemin est touchant à sa façon. Père éploré, qui a perdu le contact avec sa deuxième fille, celle qui avait eu l'audace d'épouser l'assassin de sa sœur jumelle, il est complètement partagé entre sa haine de Cassel et l'envie de retrouver à travers ses petites-filles, son Eve-Marie perdue. Là encore, il y a un charme désuet qui se dégage de ce personnage grâce à Suzanne Parmentier, la prof de philo qui veut sortir son vieux voisin de cette prison qu'il s'est construit, année après année. Lou Belhomme est une jeune femme authentique, pas très intelligente mais humaine avec ses bons et ses moins bons côtés comme Deborah, l'amie de Ruth. Lou, c'est une fille que l'on peut croiser tous les jours dans la rue et c'est peut-être le plus dur à supporter dans ce roman, c'est que tous ces gens peuvent exister que leurs histoires peuvent être racontées. Guy Dampierre, c'est le beau gosse du lycée que ne s'est jamais remis de la mort de celle qu'il aimait et qui vit bloqué dans le passé, incapable de tourner la page. Alice aussi, comme la quasi-totalité des adultes de ce roman, est bloquée dans le passé avec un désir de prendre sa revanche sur la vie, sur ce qu'elle aurait dû avoir. Elle est agaçante par sa gaieté complètement en décalage avec le contexte grave de la situation qui se créée autour d'elle.
Le lieutenant Kim enfin, un peu lente à la comprennette mais finalement perspicace et lucide. On finit par prendre son parti, c'est un bon flic à l'opposé du brigadier Dupuis, type qui n'a rien compris à la façon de mener une enquête.

Il y a cependant une chose qui m'a profondément perturbée à la lecture du Tueur à la cravate, même si je suppose que c'était voulu par Marie-Aude Murail. Je reste complètement glacée par la fascination que tous les personnages semblent éprouver pour Eve-Marie et Bethsabée (puisque la tante et la nièce se ressemblent). Je sais bien qu'elles sont solaires et joyeuses mais Marie-Eve et Ruth n'existent finalement que dans leurs ombres. Entre René qui avoue clairement que sa fille (comme s'il en n'avait qu'une) était Eve-Marie et Martin qui aime Bethsabée plus que tout au monde, je n'ai pu m'empêcher d'être complètement révoltée par le sort injuste qui frappe Ruth et d'une certaine façon Marie-Eve. J'avais vraiment envie de secouer tout le monde et leur dire: "Mais regardez Ruth! Voyez! Aimez-là, protégez-là bordel!" Le Tueur à la cravate c'est une bande d'adulte coincés dans leur passé, incapable d'ouvrir les yeux et de voir les trésors qu'ils ont autour d'eux, à commencer par Ruth qui si elle ne ressemble pas à sa tante, a néanmoins le droit d'exister et d'être aimé.

Enfin, ce qui m'a complètement fascinée dans Le Tueur à la cravate est le carnet de bord que Marie-Aude Murail a écrit sur une année, entre la fin de Malo, fils de voleur et la sortie du tueur à la cravate. Ce carnet est hallucinant, il nous en apprend finalement plus sur Marie-Aude Murail la femme que sur Marie-Aude Murail l'auteure. On voit les idées germer dans sa tête, ses informations, ses inspirations, ce qu'elle rejette, ses tâtonnements etc. On voit le roman prendre forme, on sent des inspirations mineures qui vont parcourir presque en silence le thriller. Ce carnet de bord nous donne la possibilité aussi de rencontrer Marie-Aude, d'une façon plus intime et plus franche qu'une interview. J'ai beaucoup aimé ses réflexions personnelles sur la société ou sa découverte presque hallucinée du monde d'internet, des blogs (tendance journaux intimes), et des codes cette société virtuelle. 
Elle engrange une impressionnante quantité d'informations sur le monde grec par exemple et fini par dire qu'elle ne retient rien au-delà de l'utile. Or, elle met dans son journal intime un nombre pharamineux de références culturelles (cinématographique et littéraire). Si Madame Murail, vous êtes cultivée. 

Le Tueur à la cravate est donc un excellent roman policier à mettre entre toutes les mains et pas seulement celles des adolescents. 

mercredi 28 août 2013

Elephants can remember - Poirot saison 13 épisode 1 (2013)


Résumé: Jamais une querelle, pas une seule incartade… Les Ravenscroft filaient le parfait amour. Si on ajoutait à cela une excellente réputation et une situation financière confortable, on pouvait en déduire qu’ils étaient de ceux qui meurent dans leur lit. Et non d’une balle dans la peau.Double suicide, a conclu la police, sans trop y croire. Une fin singulière pour un couple uni et paisible… Mais qu’envisager d’autre ? Un double assassinat ? Un meurtre suivi de suicide ? Guère plus plausible. Alors ?Alors, Hercule Poirot a horreur des histoires inachevées. Et même si le début de celle-ci remonte très loin dans le passé, il en connaîtra le fin mot… Comme d’habitude.
 
CASTING
David Suchet ............................................... Hercule Poirot
Zoë Wanamaker .......................................... Ariadne Oliver
Adrian Lukis ............................................... Général Ravenscroft
Annabel Mullion ......................................... Lady Ravenscroft
Greta Scacchi .............................................. Mrs Burton-Cox
Ian Glen ...................................................... Docteur Willoughby
Vincent Regan ............................................. Inspecteur Beale
Alexandra Dowling ..................................... Marie
Vanessa Kirby .............................................. Celia Ravenscroft
Caroline Blakiston ....................................... Julia Carstairs
Elsa Mollien ................................................. Zelie Rouxelle
Maxine Evans ............................................... Mrs Buckle
Hazel Douglas .............................................. Mrs Matcham
Jo-Anne Stockham ....................................... Mrs Willoughby
Ferdinand Kingsley ...................................... Desmond Burton-Cox
Danny Webb ................................................. Superintendent Garroway
Claire Cox .................................................... Dorothea Jarrow
Ruth Sheen ................................................... Mademoiselle Rosentelle

 

Une mémoire d'Elephant est l'un des romans d'Hercule Poirot que je préfère chez Agatha Christie. Je l'aime notamment parce qu'il s'agit, comme dans Cinq petits cochons, d'une enquête sur un meurtre vieux de plusieurs années. J'aime ce type d'histoire parce que chez Poirot, il n'y a aucune possibilité de faire intervenir des preuves matérielles, ADN, traces de pas, empreintes etc comme on peut trouver dans la série Cold Case notamment. Il n'est question ici que d'humain et décrypter la nature humaine est un thème fascinant chez Agatha Christie. Même si Miss Marple est mieux placée pour ce genre d'énigme, Hercule Poirot, en amoureux des détails va démêler le vrai du faux en entrecoupant tous les témoignages de l'entourage des Ravenscroft et sonde le passé jusqu'en Inde.

J'attendais beaucoup de l'adaptation de ce roman par la série Hercule Poirot avec David Suchet. Sans être ratée, je n'en suis pas moins extrêmement déçue par le traitement dont bénéficie (ou pas) cet épisode.

Tout d'abord et au contraire de ce qu'ils ont fait dans Cinq petits cochons, ils n'utilisent quasiment pas le jeu des flash-back. Je sais bien qu'il n'est pas question ici d'un évènement particulier vu du point de vue de plusieurs protagonistes présents au moment du meurtre, mais tout de même: On parle bien pourtant de scènes venues du passé, de la vie de deux sœurs, des jumelles et d'une vie dans les colonies en Inde. Non, pas de récit en flash back, juste quelques anecdotes et quelques scènes à la fin où l'on peut admirer Adrian Lukis (Wickham dans P&P 1995) émouvant dans le rôle du Général Ravenscroft. La quasi-absence des flash back m'a énormément gênée parce que c'est ce qui fait le sel des descriptions. Il ne faut pas oublier que l'on résout une énigme sur la parole et les souvenirs de témoins or là il manque quand même la personnification des protagonistes. Dans les Cinq petits cochons ces morceaux de flash back servaient aussi à prendre la mesure de qui étaient les Crane: la victime et la présumée coupable. Ici on s'appuie uniquement sur les mimiques de Poirot et d'Ariadne Oliver et il est même extrêmement difficile de se faire une idée de qui sont les Ravenscroft et la sœur jumelle de Mrs Ravenscroft.


Ce défaut tient aussi dans la création d'une intrigue secondaire, qui si elle permet de voir Ian Glen - encore dans un rôle peu sympathique - est pour moi totalement inutile. Elle rajoute certes un meurtre et une intrigue mais le roman n'en avait pas besoin. Ils sont pourtant fidèles à Agatha Christie mais ici ils ont sans doute voulu étoffer le récit en perdant au passage l'essence même de ce Hercule Poirot et de l'intérêt d'une enquête policière plusieurs années après le meurtre. Cette intrigue secondaire est intéressante néanmoins et bien inscrite dans l'histoire principale, elle ne tombe pas des nues comme ça out of the blue. On sent la tentative de raccrocher les morceaux même si pour moi c'était plus pour rajouter un rebondissement et de l'action supplémentaire à une intrigue qui franchement n'en avait pas besoin.

Cependant tout n'est pas perdu. La qualité de la mise en scène, des décors, costumes et la photographie est toujours bien présente et le scénario se tient malgré tout. Le casting est impeccable et fait la part belle à bon nombre d'acteurs britanniques de qualité à commencer par Zoë Wanamaker et David Suchet. On retrouve aussi Ian Glen, Greta Scacchi, Adrian Lukis et Alexandra Dowling qui m'a fait une excellente impression. Elle me fait penser à Natalie Dormer avec son petit nez retroussé et son air à la fois sage et taquin.

Enfin, la collaboration Ariadne Oliver - Hercule Poirot fonctionne très bien. Il tempère son côté excité en étant plus posé et réfléchi. Ariadne est un personnage que j'aime beaucoup et j'étais contente de retrouver Zoë dans ce rôle qui lui va si bien.

Une déception qui ne gênera cependant pas les gens n'ayant pas lu ou n'ayant plus de souvenir du roman original. Un épisode qui reste dans la veine des saisons précédentes même si pour moi les modifications scénaristiques et les choix de réalisations passent à côté de son travail d'adaptation.

lundi 26 août 2013

Silence à Hanover Close - Charlotte et Thomas Pitt - Anne Perry


Présentation de l'éditeur: Londres, 1887. L'inspecteur de Scotland Yard Thomas Pitt est chargé de reprendre l'enquête sur un cambriolage meurtrier commis trois ans plus tôt, au cœur du très chic quartier d'Hanover Close. Un parfum d'espionnage plane autour de l'affaire et Thomas aura une fois de plus besoin de l'aide de sa femme Charlotte et de sa belle-sœur Emily. Dans un milieu très fermé, leur enquête va s'avérer complexe mais aussi très dangereuse et les menaces de mort violente vont aller crescendo, y compris contre Thomas...

Tout comme un bon Agatha Christie ne nuit jamais, un bon Anne Perry ça vous remet sur les rails de la lecture. Un peu en panne je l'admets, je me suis tournée vers le neuvième tome des aventures de Charlotte et Thomas Pitt...et ça n'a pas pris. Mais pas du tout. Arthur (mon fidèle Kindle) me tombait des mains tant l'histoire semblait plate et longuette. 

Pourtant, au démarrage, l'intrigue avait tout pour me plaire: un cambriolage qui tourne mal et un fils de bonne famille qui trouve la mort, notre inspecteur Pitt doit enquêter pour savoir si sa veuve, sur le point de se remarier avec un collègue du Foreign Office de son défunt mari, est une femme bien sous tous rapports. J'adore les intrigues de cold case, les cas où l'on rouvre les vieux dossiers, où l'on recherche un meurtrier alors que des années ont passé ou que les protagonistes de l'affaire sont morts. Je trouve que c'est un éclairage différent mis sur une même affaire. Les protagonistes principaux Veronica York, la veuve, et Loretta York, la mère de la victime, sont vraiment intéressants parce qu'on sent que quelque chose cloche même s'il est horriblement difficile de mettre le doigt dessus.
Parallèlement à cette intrigue, Silence à Hanover Close, fait suite à la mort de George, le mari d'Emily qui termine sa période de veuvage. Anne Perry effleure dans ce roman ce qu'il advient d'une femme jeune après la mort de son mari. Emily se sent complètement isolée et inutile, elle ne peut plus participer à des soirées mondaines, ni porter autre chose que des couleurs de deuil et pour une jeune femme, le sentiment d'isolement est difficile à assumer. Du coup, lorsque Charlotte lui parle des York et du mystère que doit résoudre Thomas, Emily se met en tête de faire quelque chose de complètement...absurde!

C'est là qu'elle m'a perdu pour tout dire. Bien qu'il y ait un gros travail sur son intrigue et le monde des employés de maison au XIXe siècle, je n'ai pas cru une seconde à ce stratagème. Il m'a semblé tellement énorme et pas du tout dans le caractère d'Emily que je n'ai pas du tout compris Anne Perry. Elle qui prend soin des détails sur la vie au XIXe siècle, nous vend une ficelle complètement stupide. Le tout passe plutôt bien parce que l'écriture est soignée et qu'elle travaille quand même son contexte mais pour moi il y avait clairement un gros problème. 
Et puis l'intrigue était si lenteeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee à se mettre en place...

A force de me tomber des mains, je l'ai carrément laissé de côté. Pour le reprendre il y a 3 jours. La reprise a été un peu difficile, toujours à cause de l'intrigue d'Emily et puis...le miracle, l'épiphanie! 
La seconde partie du roman est du vrai bon Anne Perry comme on l'aime. L'intrigue et les rebondissements s'enchaînent, des questions sans réponse sont posées, les relations entre les personnages se construisent. J'ai été happée. 
Beaucoup de surprise dans cette seconde moitié de roman avec un rebondissement complètement inattendu qui permet d'exploiter une nouvelle thématique sur l'isolement des femmes dans la société. C'était extrêmement bien mené, notamment grâce au personnage de Caroline, la mère de Charlotte et Emily, qui donne un corps et une voix à la rumeur publique et au comportement et suspicions des voisins. 

Au niveau de l'enquête à proprement parlé, j'ai résolu l'une des énigmes justement à la moitié du tome et l'attente a été longue jusqu'au dénouement. Cela dit, même si j'avais résolu quelques éléments de l'intrigue policière, celle-ci s'est révélée particulièrement touffue et le dénouement, un peu à la Hercule Poirot était véritablement passionnant. 

Silence à Hanover Close m'a donc surprise à plus d'un titre. Après une première partie lente et passablement ennuyeuse, le récit prend son envol et nous offre un thriller historique impossible à lâcher jusqu'à la fin.

dimanche 25 août 2013

Dame Agatha Christie: de l'utilisation des petites cellules grises

Parce qu'elle est toujours à l'heure actuelle, l'une des plus grandes auteures de romans policiers que nous connaissons, j'ai décidé de lui consacrer une thématique littéraire à elle toute seule. Ladies and Gents: Dame Agatha Christie.

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Agatha Mary Clarissa Miller est née le 15 septembre 1890 à Torquay dans le Devon d'un père américain, Frederick Alvah Miller et d'une mère britannique Clarisse Margaret Boehmer. La jeune Agatha est la dernière née de la famille et est née dans la maison familiale "Ashfield" (détruite en 1962). Agatha Miller bénéficie d'une éducation à domicile très soignée ce qui lui donne le goût d'écrire très tôt des poèmes, des contes et des nouvelles. En 1902 elle est inscrite pour la première fois à l'école locale, la Miss Guyer's Girls School. A partir de 1906, sa mère l'emmène à Paris pour finir ses études, chez Mademoiselle Cabernet à Paris tout d'abord, aux Marronniers à Auteuil et enfin chez Miss Dryden. Elle rentre ensuite à Torquay, station balnéaire qui reçoit de nombreux réfugiés belges pendant la Première Guerre Mondiale d'où elle tirera plus tard le fameux personnage d'Hercule Poirot. 

En 1910 elle passe trois mois en Égypte puis rentre en Grande-Bretagne où elle participe à l'écriture et la réalisation de pièces de théâtre amateures. Tous ses premiers textes, écrits alors qu'elle est clouée au lit par une fièvre, sont rejetés. Toutefois, ils finiront, plus tard, après correction, par être publiés parfois sous de nouveaux titres. Ayant découvert Sherlock Holmes et Arsène Lupin grâce à sa sœur aînée, cette dernière lui lance le défi d'écrire un roman policier mais l'affaire se révèle laborieuse. En 1912, elle rencontre lors d'un bal, Archibald Christie, aviateur de la Royal Flying Corps. Alors qu'Archibald Christie est sur le point d'être mobilisé, ils se marient le 25 décembre 1914. Elle donne naissance à leur fille unique, Rosalind, le 5 avril 1919.  
Entre 1914 et 1918 elle s'engage dans un détache de Secours Volontaires comme infirmière bénévole puis comme assistante-chimiste et obtient son diplôme de pharmacienne en 1917, ce qui plus tard lui servira dans ses romans. Elle se familiarise avec les poisons et autres drogues qui apparaissent dans ses romans. C'est pendant la Grande guerre qu'elle écrit La mystérieuse affaires de Styles premier roman policier de l'auteure et qui marque la naissance du fameux détective belge un peu maniéré, Hercule Poirot. Après la guerre et la promotion de son mari au Ministère de l'Armée de l'Air, elle s'installe au 5 Northwick Terrace dans le quartier de St. John's Wood à Londres. Les finances du ménage ne sont pas florissantes mais elle trouve dans ses romans, un moyen d'augmenter les revenus du couple. 

En 1920 elle trouve enfin un éditeur et publie La Mystérieuse Affaire de Styles. Elle prend comme agent Edmund Cork qui la suivra durant toute sa carrière littéraire et la fera publier chez William Collins, Sons. Le succès est là mais modeste. Il faut attendre 1926 et Le Meurtre de Roger Ackroyd (dont la résolution finale est toujours contestée), son septième roman, qu'elle connait un véritable succès en librairie. Grâce à ses personnages hauts en couleur elle devient enfin une figure respectée du roman policier. 

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Si Agatha Christie est désormais reconnue comme auteure, l'année 1926 marque aussi un tournant personnel. Alors que sa mère vient de mourir et que Archibald Christie, qui la trompe avec une dactylo, demande le divorce, Agatha disparait le 3 décembre 1926. On retrouva sa voiture abandonnée le lendemain matin. La presse britannique s'affole et échafaude de nombreuses thèses sur sa disparition: suicide? Meurtre? Enlèvement? Coup de pub? Elle est finalement retrouvée 12 jours plus tard au Swan Hydropathic Hotel à Harrogate où elle s'était enregistrée sous le nom de Mrs Teresa Neele, nom de la maîtresse de son mari. Elle prétendra n'avoir aucun souvenir de cette période et ne s'expliquera jamais sur les motifs de cette disparition.  

En 1928, le divorce est finalement prononcé car un an auparavant, lors d'une croisière au Moyen-Orient, elle avait rencontré l'archéologue Sir Max Mallowan dont elle tombe amoureuse. Ils se marient en 1930 mais reste discrets. En effet, Agatha, anglicane divorcée, et Max Mallowan, catholique converti à l'anglicanisme, se méfient de la presse depuis la disparition d'Agatha Christie en 1926. 
Agatha Christie meurt le 12 Janvier 1976 dans sa résidence de Wallignford, près d'Oxford. Elle suit de peu ses personnages fétiches, car Hercule Poirot meurt en août 1975 dans son dernier roman et la dernière nouvelle de Miss Marple sera publiée en 1976 de façon posthume.

Anecdote amusante, Agatha Christie, de peur de mourir pendant la Seconde Guerre mondiale, rédigea sa dernière enquête d'Hercule Poirot dans laquelle le petit détective belge décède. Le manuscrit devait être publié au cas où elle décèderait afin d'apporter des revenus à son mari et sa fille et d'empêcher d'autres écrivains d'utiliser son personnage. Elle gardera le roman dans un coffre fort pendant 35 ans et autorise sa publication en 1975.   

Agatha Christie est connue pour ses romans policiers mettant en scène Hercule Poirot, Miss Marple, Tuppence et Tommy Beresford mais aussi des romans policiers indépendants et sous pseudonyme, des romances. 

Allez, petit focus sur ses romans. Les titres en anglais, dans les listes suivantes, sont toujours les titres britanniques et non les titres américains. 


Hercule Poirot est sans aucun doute non seulement le personnage le plus connu d'Agatha Christie mais également avec Sherlock Holmes, l'un de plus grands détectives de la littérature (britannique). Tout le monde (j'espère) connait Hercule Poirot, au moins de nom (sinon je cogne...). Ce petit détective BELGE (oui c'est en capitales parce qu'il y tient), a occupé Agatha Christie de 1916 à 1975! C'est alors assez peu surprenant de voir qu'il bénéficie d'une biographie complète. 
Belge, catholique, Hercule Poirot est un retraité de la police du Royaume de Belgique, où il a été Chef de la Sûreté. Pendant la Première Guerre mondiale, alors que son pays est occupé par les forces allemandes, il se réfugie en Angleterre dans la petite ville de Styles St. Marie. C'est la première enquête du détective belge: La Mystérieuse Affaire de Styles.
A partir de cette enquête, Hercule Poirot s'installe à Londres où il devient détective privé. Il y a d'ailleurs de fortes incohérences de dates. Si pendant la Première Guerre mondiale, Hercule Poirot est un retraité de la police belge, il doit atteindre alors l'âge canonique de près de 120 ans lors de sa mort! La faute sans doute à la surprise causée par la popularité du détective belge.

Hercule Poirot est un homme de petite taille, avec une tête en forme d’œuf. Soigné à l'extrême, notamment sa petite moustache en croc soigneusement cirée, les cheveux teints, il a une allure de dandy maniéré. Si tout le monde se moque de ses moustaches, il en est particulièrement fier. Hercule Poirot se montre toujours poli et courtois, parfois jusqu'à l'obséquiosité et ne supporte pas la vulgarité et les mauvaises manières. Particulièrement intelligent, grâce à ses petites cellules grises, il se pense infaillible. Ses ennemis le trouvant ridicule font souvent l'erreur de le sous-estimer et ne manquent pas alors d'être surpris par le petit détective. Souffrant de TOC, il a besoin d'ordre, d'aligner les objets sur son bureau jusqu'à demander des oeufs de la même grosseur au petit-déjeuner, il compte sur son esprit pour résoudre les enquêtes et délègue aux autres les tâches d'enquête traditionnelles (les salissantes quoi...). La résolution des enquêtes se fait toujours de la même manière: par une mise en scène orchestrée par Poirot lui-même, il réunit dans une même pièce tous les acteurs du drame et révèle alors un à un, tous les secrets jusqu'à la désignation du coupable lui même.
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Poirot pénible? Non...
Sur toutes ses enquêtes, deux en particuliers se détachent du lot. Cinq petits cochons et Une mémoire d'éléphant mettent au défi Hercule Poirot de résoudre des crimes vieux de 20 ans. 

Hercule Poirot, Belge le plus célèbre d'Angleterre, bénéficie même - fait assez exceptionnel pour un personnage fictif - d'une nécrologie dans les colonnes du New York Time le 6 août 1975 qui commence comme ça: "Hercule Poirot, a Belgian detective who became internationally famous, has died in England. His age was unknown". Cette nécrologie accompagnait d'ailleurs la publication du dernier roman d'Hercule Poirot. 


Hercule Poirot n'est pas seul. Un peu comme Sherlock Holmes, il est entouré d'un petit groupe fidèle au rang desquels on compte l'inébranlable Miss Lemon. Secrétaire fidèle qui gère les humeurs et manies du petit homme en compagnie de George, le valet d'Hercule. Comme Sherlock a son Lestrade, notre Poirot a l'Inspecteur Japp. Limier de Scotland Yard pas toujours compétent, il a souvent besoin du détective pour arrêter le bon coupable. Le capitaine Arthur Hastings, ami proche du détective, l'aide dans quelques enquêtes. 

Il ne faudrait pas oublier Ariadne Oliver, écrivaine de roman policier célèbre, elle est l'amie d'Hercule et l'amuse par son côté fantasque. Il se moque gentiment de ses romans et de leur impossibilité matérielle. Personnellement j'adore Ariadne, non seulement parce que l'auteure se moque d'elle même à travers elle mais aussi parce qu'elle a une personnalité radicalement différente de celle d'Hercule et qu'il forme une équipe intéressante.

Romans mettant en scène Hercule Poirot par ordre chronologique de parution.

- La mystérieuse affaire de Styles (The Mysterious affair at Style) 1920 

- Le crime du Golf (Murder on the Links) 1923
- Les enquêtes d'Hercule Poirot (Poirot investigates) 1924
- Le meurtre de Roger Ackroyd (The murder of Roger Ackroyd) 1926
- Les quatre (The big Four) 1927
- Le train bleu (The mystery of the Blue Train) 1928
- La maison du péril (Peril at end House) 1932
- Le couteau sur la nuque (Lord Edgware Dies) 1933
- Le crime de l'Orient Express (Murder on the Orient Express) 1934
- Drame en Trois actes (Three-act Tragedy) 1935
- La mort dans les nuages (Death in the Clouds) 1935
- A.B.C contre Poirot (The ABC Murders) 1935
- Cartes sur table (Cards on table) 1936
- Meurtre en Mésopotamie (Murder in Mesopotamia) 1936
- Mort sur le Nil (Death on the Nile) 1937
- Témoin muet (Dumb witness) 1937
- Le miroir du mort ( Dead man's mirror) 1937
- Rendez-vous avec la mort ( Appointment with Death) 1938
- Le Noël d'Hercule Poirot (Hercule Poirot's Christmas) 1938
- Je ne suis pas coupable (Sad Cypress) 1940
- Un, deux, trois (One, two, Buckle my shoe) 1940
- Les vacances d'Hercule Poirot (Evil under the Sun) 1941
- Cinq petits cochons (Five little pigs) 1942  (mon préféré de la série)
- Le vallon (The Hollow) 1946
- Les travaux d'Hercule ( The labours of Hercules) 1947
- Le flux et le reflux (Taken at the Flood) 1948
- Mrs McGinty est morte (Mrs McGinty's dead) 1953
- Les indiscrétions d'Hercule Poirot (After the Funeral) 1953
- Pension Vanilos (Hickory, Dickory, Dock) 1955
- Poirot joue le jeu (Dead man's folly) 1956
- Le chat et les pigeons (Cat among the Pigeons) 1959
- Le retour d'Hercule Poirot et Christmas Pudding (The adventure of the Christmas Pudding and Other stories) 1959-1962
- Les pendules (The clocks) 1963
- La troisième fille (Third Girl) 1966
- Le crime d'Halloween, anciennement La fête du potiron (Hallowe'en Party) 1969
- Temoin à charge - nouvelles dont 5 mettent en scène Hercule Poirot
- Une mémoire d'éléphant (Elephants can remember) 1972
- Poirot's early case receuil britannique de nouvelles il correspond plus ou moins au Bal de la victoire 1974
- Poirot quitte la scène (Curtain: Hercule Poirot's Last Case) 1975

 Hercule Poirot sur le petit écran

Je ne peux pas commencer à parler des adaptations d'Hercule Poirot sans mentionner DAVID SUCHET.


Voila c'est dit, je suis partiale, pour moi David Suchet EST Hercule Poirot. Même si la série télévisée, commencée en 1989 et achevée en 2014 pour les derniers épisodes, est loin d'être sans défaut - je lui reproche parfois quelques modifications de scénarii fondamentalement inutiles - elle reste extrêmement fidèle aux romans et nouvelles d'Hercule Poirot. David Suchet arrive sans aucun soucis à conjuguer le côté pédant et maniéré d'Hercule tout en étant extrêmement sympathique et attachant. La VF est bien faite avec Roger Carel qui prête sa voix à Hercule mais en VO on sent que David Suchet a beaucoup travaillé le personnage. En effet, il parle avec un accent français prononcé et truffe ses phrases de mots français "non non mon ami" "oui mademoiselle" etc. qui rendent le personnage très intéressant avec ses manières de "continental".

Il faut noter que la série à ses débuts adapte essentiellement des nouvelles d'Hercule Poirot dans des épisodes courts de 50 min avec de temps en temps un épisode de 100 minutes qui adapte un roman. A partir de la saison 7, il n'y aura plus que des adaptations de romans en 100 minutes. A partir de la saison 9 le ton de la série change complètement, le logo et la musique sont modifiés, le générique est supprimé et la série prend alors un tournant plus "téléfilm" de 100min que série comme les premières saisons. Il faut d'ailleurs noter que de nombreux acteurs connus britanniques participent à ces épisodes comme JJ Field, Toby Stephens, Mark Gatiss, John Hannah, Emily Blunt etc. et surtout: Zoe Wannamaker dans le rôle d'Ariadne Oliver.

La 13ème et ultime saison de Poirot est en cours de diffusion sur ITV et ce jusqu'en 2014.
Vous trouverez ici la liste détaillée des épisodes de la série. De cette série, une de mes préférées, j'ai vu énormément d'épisodes. J'en ai déjà critiqué certains, je ne suis pas sûre de tous les chroniquer mais je mettrais la liste ci-dessous à jour:

- Les cinq petits cochons (2003)
- Je ne suis pas coupable (2003)
- Halloween Party (2010)
- Le crime de l'Orient express (2010) [selon moi la version la plus audacieuse et poussée de ce roman]
- Cartes sur table  (2005)

 
Voici une interview (9 parties) de David Suchet sur son rôle

Mais il n'y a pas que David Suchet qui a interprété le petit détective belge. Au rang des grands interprètes du détective belge, on trouve Albert Finney et Peter Ustinov.

Je ne suis pas sûre d'avoir vu une adaptation avec Peter Ustinov mais une chose est sûre: je n'aime pas du tout les versions avec Albert Finney qui est pour moi une caricature d'Hercule, là où Suchet arrive à lui donner une réalité. Depuis les années 30 jusqu'en 2001, Hercule Poirot a été vu de nombreuses fois au cinéma et à la télévision.

Films

- Alibi de Leslie S. Hiscott avec Austin Trevor (1931)
- Black Coffee de Leslie S. Hiscott avec Austin Trevor (1931)
- Lord Edgware dies de Henry Edwards avec Austin Trevor (1934)
- Le crime de l'Orient-Express de Sidney Lumet avec Albert Finney (1974)
- Mort sur le Nil de John Guillermin avec Peter Ustinov (1978)
- Meurtre au soleil de Guy Hamilton avec Peter Ustinov (1982)
- Rendez-vous avec la mort de Michael Winner avec Peter Ustinov (1988)
 

Téléfilms

- Le couteau sur la nuque de Lou Antonio avec Peter Ustinov (et David Suchet en Japp!) (1985)
- Meurtre en trois acters de Gary Nelson avec Peter Ustinov (1986)
-Poirot joue le jeu de Clive Donner avec Peter Ustinov (1986)
- Murder by the book de Lawrence Gordon Clark avec Ian Holm (1986)
- Le crime de l'Orient-express de Carl Schenkel avec Alfred Molina (2001) 



(ndl: j'avais déjà rédigé un article sur Miss Marple que je vais reprendre ici. Pour voir l'article original c'est là!)

Miss Marple est avant tout une observatrice aguerrie de la nature humaine et résout souvent ses enquêtes assise dans son fauteuil devant une tasse de thé fumante. Un peu moins célèbre que le distingué Poirot, Miss Marple est une détective hors norme qui séduit de nombreux lecteurs: moi la première.

Miss Jane Marple vit dans le petit village de St. Mary Mead dans la campagne anglaise. Bien qu'artificiellement stéréotypée dans le rôle de la vieille fille un peu commère du village, Miss Marple cache un esprit aiguisé et un don pour l'observation de la nature humaine. Elle adore en effet comparer les acteurs d'un drame avec les membres de son petit village pour une intuition qui fait mouche. Si elle est tout le temps en train de tricoter ou de s'occuper de son jardin, cela lui donne une apparence trompeuse. Souvent, la police méprise cette petite dame, mais ces inspecteurs du Yard finissent par se rendre compte que sous ses airs "fluffy" se cache une experte en matière de crime et que la vieille demoiselle n'en est pas à son coup d'essai ce qui lui vaut souvent le respect et l'amitié des inspecteurs.

La première apparition de Miss Marple se fait dans The murder at the Vicarage (L'affaire Prothero). Cette Miss Marple est bien différente de ses apparitions plus tardives. En effet dans ce premier roman Agatha Christie met en avant le côté commère de Miss Marple et bien que les gens de St Mary Mead l'apprécie, cette nature fouineuse les agace aussi. Au fil des romans, Miss Marple devient une femme plus posée qui même si elle multiplie les allusions aux ragots du village, n'en est pas moins une femme plus charmante, à l'image d'une Mamie gâteau.

Miss Marple n'a jamais été mariée et n'a pas de parents proches. Dans The murder at the Vicarage,le lecteur fait la connaissance du neveu de Miss Marple, "le très célèbre auteur" Raymond West. Sa femme Joan (initialement appelée Joyce dans The Thirteen problems) est une artiste. Raymond a tendance a être très confiant et sûr de lui et sous-estime souvent les capacités de sa vieille tante. Dans The thirteen problems on apprend que Miss Marple a également une nièce Mabel, jeune femme un peu idiote que se retrouve mêlée à d'importunes rumeurs, suite à la mort subite de son mari Geoffrey Denham. Son ancienne housekeeper, the "faithful Florence" ayant pris sa retraite, Miss Marple emploie de nombreuses jeunes filles dont elle fait l'éducation dont la pauvre Gladys de A pocket full of Rye. A la fin de sa vie Miss Marple a auprès d'elle une compagne nommé Cherry Baker dont on fait la connaissance dans The Mirror Crack'd from side to side.

Grâce à ses dons d'observation et les analogies qu'elle pratique entre les gens du village et les crimes qu'elle résout, Miss Marple est un véritable enquêteur. Même si elle ressemble a une vieille femme frêle, elle n'est pas effrayée par les cadavres et n'est pas facilement intimidable. Très bien éduquée, elle vit en quasi indépendance même si Raymond West l'aide de temps en temps. Son éducation a été achevée en Europe ce qui prouve pour l'époque sa qualité de gentlewoman. Elle a étudié l'italien et c'est par ce biais qu'elle a rencontré deux sœurs américaines très fortunées Ruth Van Rydock and Caroline "Carrie" Louise Serrocold (They do it with mirrors).

La dernière nouvelle de Miss Marple fut écrite par Agatha Christie en 1940, mais celle-ci par peur de mourir du Blitz (bombardement allemand sur l'Angleterre entre 1940 et mai 1941) procède comme pour ses romans d'Hercule Poirot et enferme son manuscrit dans un coffre fort à la banque. Sleeping murder est publié en 1976 quelques temps après la mort d'Agatha Christie et quelques 36 ans après sa rédaction.

Romans mettant en scène Miss Jane Marple par ordre chronologique de parution.

- L'affaire Protheroe ( The Murder at the Vicarage) 1930
- Miss Marple au club du mardi - Le club du mardi continue (The thirteen Problems)1932
- Un cadavre dans la bibliothèque (The body in the library) 1942
- La plume empoissonnée (The moving finger) 1942  (Mon préféré de la série)
- Un meurtre sera commis le...(A murder is announced) 1942
- Jeux de glaces (They do it with mirrors) 1952
- Une poignée de seigle (A pocket full of Rye) 1953
- Le train de 16H50 (4:50 from paddington) 1953
- Le miroir se brisa (The Mirror Crack's from side to side) 1962
- Le major parlait trop (The Caribbean Mystery) 1964
- A l'hôtel Bertram (At Bertram's Hotel) 1965
- Nemesis (Nemesis) 1971
- La dernière énigme (Sleeping Murder) 1976

Miss Marple sur le petit écran

Comme son homologue Hercule Poirot, Miss Jane Marple a eu aussi le droit à ses interprètes et ses adaptations. La liste suivante n'est sans doute pas exhaustive. C'est à la télé que Miss Marple a connu le plus large succès.

Sur le petit écran, cinq actrices ont incarné la célèbre détective. En 1956 l'actrice Gracie Fields a incarné Miss Marple dans un épisode de la série télévisée américaine Goodyear Playhouse intitulé A Murder Is Announced.

Inge Langen, une actrice allemande, a elle aussi joué le rôle de Miss Marple dans un téléfilm allemand Mord im Pfarrhaus (l'affaire Protheroe) en 1970.

Helen Hayes joue dans deux téléfilms américains alors qu'elle est déjà très âgée. Elle a plus de 80 ans lorsqu'elle joue dans A Caribbean Mystery en 1983 et Jeux de glaces en 1985.

Mais ce qui a fait la popularité de Miss Marple sur le petit écran c'est bien sûr la série télévisée de la BBC de 1984-1992 portée par la délicate Joan Hickson. Une histoire raconte qu'Agatha Christie elle-même aurait écrit à Joan Hickson en lui disant qu'elle aimerait la voir dans le rôle de la vieille dame. La série comporte 12 épisodes, tous tirés des romans d'Agatha Christie mettant en scène Miss Marple (à l'exception des deux recueils de nouvelles). Considérés comme relativement fidèles aux œuvres d'origines, c'est sans doute la série la plus proche des romans d'Agatha. Vous trouverez la liste des épisodes ici.
A partir de 2004, ITV relance une série d'adaptation de Miss Marple avec dans le rôle titre, la malicieuse Geraldine McEwan! Personnellement, c'est par cette série que j'ai découvert les adaptations de Miss Marple et c'est donc évidemment celle que je préfère. Je connais très peu la version de Joan Hickson mais je vais y remédier. Miss Marple par ITV est beaucoup plus moderne, elle bénéficie de casting prestigieux à l'image de ce qui est fait pour Hercule Poirot dans la série TV à partir de 2009, les deux séries étant plus ou moins construites sur le même modèle. La popularité de la série engendre quelques bouleversements. Miss Marple n'ayant que 12 romans et 2 recueils de nouvelles, les producteurs décident d'adapter en plus d'autres romans policiers d'Agatha Christie dans lesquels Miss Marple ne figurent pas. On compte notamment un Tuppence et Tommy Beresford, Mon petit doigt m'a dit, ainsi que des romans sans détective comme Toward Zero, Ordeal by innocence, Why did they ask Evans etc. Ce sont sans aucun doute les adaptations les plus contestables car elles modifient parfois considérablement (Le secret de Chimney pour ne citer que lui) l'intrigue. Cette série doit donc être vue pour elle-même et peut-être moins comme une adaptation fidèle, elle n'hésite pas à modifier certaines intrigues de romans originaux de Miss Marple (Un cadavre dans la bibliothèque ou Nemesis par exemple.)
En 2009, Geraldine McEwan dédide de prendre sa retraite et c'est Julia McKenzie qui reprend le rôle titre. Très différente de Geraldine McEwan, elle représente un choix particulièrement audacieux que personnellement j'adore. Cela donne à la série une diversité assez intéressante et montre finalement qu'il y a plein de Miss Marple différente.

Sûrement plus contestable que la série de Joan Hickson, je l'adore quand même. J'aime la mise en scène et les acteurs et je les regarde toujours avec plaisir. Pour trouver la liste des épisodes disponibles, cliquez ici.


Voici ceux que j'ai chroniqué sur le blog:
- L'heure zéro
- Ordeal by innocence (Je signale la présence de Richard Armitage....moi j'dis ça j'dis rien)
- The Blue geranium (nouvelle)
- Le secret de Chimneys

Sur le grand écran on compte deux grandes actrices ayant prêté leurs traits à la détective en dentelle.

Margaret Rutherford a joué dans quatre films dont un seul est inspiré d'une enquête de Miss Marple.
Avant d'être Jessica B. Fletcher dans Murder, she wrote, Angela Lansbury a aussi joué Miss Marple dans Le miroir se brisa en 1981.

Enfin, Ita Ever a joué elle aussi la détective britannique dans un film russe Тайна «Чёрных дроздов» inspiré du roman Une poignée de seigle en 1983. 

Je n'ai pas pu résister...
Les Beresford sont un couple "d'enquêteurs" à qui Agatha Christie consacre 4 romans et un recueil de nouvelles. Tommy et Tuppence sont un peu à part, étant donné qu'il s'agit d'un couple et que les différents romans les voient vieillir. Les deux protagonistes se rencontrent pendant la Première Guerre mondiale et leur amitié évolue pour voir le couple marié. Après leur mariage, Tommy Beresford, fonctionnaire intelligent mais sans imagination, travaille pour le gouvernement britannique tandis que Tuppence (qui s'appelle en réalité Prudence) s'ennuie un peu à la maison. Parents de deux enfants, ils se retrouvent souvent dans des enquêtes farfelues. Le roman N ou M? est d'ailleurs un des rares romans d'Agatha Christie parlant directement de la Seconde Guerre mondiale.

Prudence est un personnage énergique et volontaire et c'est souvent elle qui flaire le crime. Je les trouve drôles et franchement différents d'Hercule Poirot et de Miss Marple pour que ce soit appréciable.

- Mr Brown (The secret adversary) 1922
- Le crime est notre affaire (Partners in Crime) 1929 [publication française en 2 tomes: Associés contre le crime et Le crime est notre affaire]
- N ou M (N or M?) 1941
- Mon petit doigt m'a dit (By the Pricking of my Thumb) 1968
- Le cheval à bascule (Postern of Fate) 1973
 

Tommy et Tuppence ont aussi eu le droit à leurs adaptations télé et ciné!

- Le crime est notre affaire, série télévisée entre 1983-1984 avec James Warwick et Francesca Annis
 

André Dussollier et Catherine Frot ont eux aussi interprété le couple d'enquêteur dans trois films de Pascal Thomas. Tommy est rebaptisé Bélisaire et Tuppence est appelé par son vrai nom Prudence.
- Mon petit doigt m'a dit en 2005
- Le Crime est notre affaire en 2008 qui reprend en fait l'intrigue du roman Le train de 16h50 qui est à l'origine un Miss Marple.
- Associés contre le crime...en 2012.


 
 Bande Annonce de Le crime est notre affaire

 La bande annonce d'Associés contre le crime

 Dans la série Miss Marple (2004-...) Mon petit doigt m'a dit met en scène Anthony Andrews et Greta Scacchi. 


Agatha a aussi écrit de très bon romans qui n'ont pas de détective connu. Parmi ces romans on trouve le fameux Dix petits nègres (non je ne sais pas le nouveau titre veuillez m'excusez!) que tout le monde connait. Certains de ces romans, peut-être moins connus que ceux d'Hercule Poirot sont néanmoins excellents. Je vous les recommande.

- L'homme au complet marron (The Man in the Brown Suit) 1924
- Le secret de Chimneys (The Secret of Chimneys) 1925
- Les sept cadrans (The Seven Dials Mystery) constituant une sorte de suite au Secret de Chimneys 1929
- Cinq Heures vingt-cinq (The Sittaford Mystery) 1931
- Pourquoi pas Evans? (Why didn't they ask Evans? ) 1934
- Un meurtre est-il facile? (Murder is Easy) 1939
- Dix petits nègres (Ten Little Niggers) 1939
- L'heure zéro (Towards Zero) 1944
- La mort n'est pas un fin (Death comes as the End), roman policier situé dans l'Egypte antique, 1945
- Meutre au champagne (Sparkling Cyanide) 1945
- La maison biscornue (Crooked House) 1949
- Rendez-vous à Bagdad (They came to Baghdad) 1951
- Destination inconnue (Destination Unknown) 1954
- Témoin indésirable (Ordeal by Innocence) 1958
- Le cheval pâle (The Pale Horse) 1961
- La nuit qui ne finit pas (Endless night) 1967
- Passager pour Francfort (Passenger to Frankfurt) 1970

Et les chroniques sur les adaptations:
- L'heure zéro ITV (Miss Marple)

- L'heure zéro - français
- Ordeal by innoncence (Miss Marple)
- Le secret de Chimneys (Miss Marple)



Si tout le monde connait Agatha Christie comme reine du polar britannique, combien d'entre vous savent que Dame Agatha a publié un certain nombre de romans beaucoup plus personnels sous le pseudonyme de Mary Westmaccott? Ces romans, écrits entre 1930 et 1956 parlent volontiers d'amour et sont traduits en français. Je n'en ai lu aucun, mais j'aimerai bien voir ce que ça donne.

- Musique barbare (Giant's Bread) 1930
- Portrait inachevé (Unfinished Portrait) 1934
- Loin de vous ce printemps (Absent in the Spring) 1944
- L'if et la rose (The Rose and the Yew Tree) 1948
- Ainsi vont les filles (A daughter's a Daughter) 1952
- Le Poids de l'amour (The Burden) 1956



Je ne pouvais pas finir cet article sans parler des Petits meurtres d'Agatha Christie, une série française d'adaptation d'Agatha Christie. Commencée au départ par l'épisode télé de 90min Petit meurtre en famille (2006) avec Robert Hossein, Gregori Dérangère, Elza Zylbestein et Frédérique Biel, inspiré du roman Le Noël d'Hercule Poirot. Il s'agit d'ailleurs d'une excellente adaptation mettant déjà en scène le commissaire Jean Larosière et l'inspecteur Emile Lampion.
Cependant la série diffusée depuis 2009, qui reprend les mêmes personnages et les mêmes concepts (adaptation de roman d'Agatha) ne peut être considérée comme la suite de ce téléfilm (je vous laisse découvrir pourquoi). Bien qu'adaptation libre (et parfois très libre) des aventures d'Hercule Poirot, le duo Larosière-Lampion fonctionne très bien et j'ai énormément d'affection pour cette série. Depuis 2013, un nouveau couple a pris la place de Larosière et Lampion: la journaliste Alice Avril et le Commissaire Swan Laurence.

 
Pour vous donner envie, voici le générique du premier couple

Et ici, celui du second

Voila, cette thématique Agatha Christie touche à sa fin. J'espère que vous connaissez déjà la grande dame du crime ou que cette thématique vous a donné envie de la découvrir ou redécouvrir.

Quant à moi je file, j'ai une chronique d'Hercule Poirot sur le feu!

 

mercredi 21 août 2013

Battlestar Galactica - Mini série 2003


Présentation: « L'Homme créa les Cylons.
Ils furent créés pour faciliter la vie dans les Douze Colonies.
Puis le jour vint où les Cylons décidèrent de tuer leurs maîtres.
Après une longue lutte sanglante, un armistice fut déclaré.
Les Cylons partirent pour un autre monde qui leur appartiendrait.
Une station spatiale éloignée fut construite où...
Cylons et Humains pourraient entretenir des relations diplomatiques.
Chaque année, les Coloniaux envoient un officier.
Les Cylons n'envoient personne.
Personne n'a plus aucune nouvelle d'eux depuis 40 ans. »

Vous excuserez le peu d'images de la série présentes dans l'article, j'ai vraiment trop peur de me spoiler sur les quatre saisons suivantes en en cherchant sur le net.

(un peu trop spoilant à mon goût mais il n'y a rien de catastrophique non plus)

(images du pilote jusqu'à 0:36, après c'est du spoiler)

CASTING

Edward James Olmos ..................................................... Commandant Adama
Mary McDonnell ............................................................ Laura Roslin
Katee Sackhoff ............................................................... Kara "Starbuck" Thrace
Jamie Bamber ................................................................. Lee "Apollo" Adama
James Callis .................................................................... Gaius Baltar
Tricia Helfer .................................................................... Numéro Six
Callum Keith Rennie ....................................................... Leoben Conoy
Grace Park ....................................................................... Lt. Sharon "Boomer" Valerii
Michael Hogan ................................................................ Colonel Saul Tigh
Matthew Bennett ............................................................. Doral
Paul Campbell ................................................................. Billy Keikeya
Aaron Douglas ................................................................ Chef Galen Tyrol
Nicky Clyne .................................................................... Spécialiste Cally
Tahmoh Penikett ............................................................. Lieutenant Karl "Helo" Agathon
Kandyse McClure ...................................................... Sous-Officier Anastasia "Dee" Dualla
Alessandro Juliani ........................................................... Lieutenant Felix Gaeta

Quand j'ai dit à mon amoureux que je n'avais jamais vu Battlestar Galactica, il a commencé par faire ça:


Ensuite il m'a secoué en disant: "MAIS IL FAUT QUE TU VOIS CA" (Je n'ai pas trop râlé étant donné que j'ai fait pareil avec Doctor Who...oui on est secoué!).

Voila, c'est donc officiel j'ai commencé Battlestar Galactica et première impression: Ça poutre! Je dirais même plus: It's fracking good! (si vous avez compris cette phrase, félicitations - non vous ne parlez pas anglais, vous connaissez juste Battlestar).
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Battlestar Galactica dont je vais vous parler, est une réinvention d'une série américaine d'ABC de 1978-1979 appelée Galactica de 24 épisodes. Comme vous le supposez bien, il s'agit d'une série de science-fiction, un mélange entre Space Opera et Hard Science.
Cette mini-série est en fait le pilote de Battlestar. Il est en 2 parties et fait près de 3h! Honnêtement un pilote qui fait la taille d'un film de James Cameron, j'étais vraiment vraiment étonnée. Heureusement qu'il reste quelques producteurs un peu barges pour produire ce genre d'épisodes. Cela dit, vu la richesse de la série, j'aurais tendance à dire que trois heures c'était la bonne longueur pour entamer l'intrigue. 

L'action commence donc 40 ans après la grande guerre qui a opposé les Cylons d'un côté et les humains de l'autre. Le Battlestar Galactica, un des derniers vaisseaux Battlestar ayant vécu la guerre des Cylons, est sur le point d'être transformé en musée lorsque les Cylons, qui peuvent dorénavant prendre apparence humaine, attaquent les douze colonies. Désormais, il ne reste qu'une poignée d'humains et quelques vaisseaux pour lutter contre les cylons et sauvegarder l'espèce humaine.

Dis comme ça, ça a l'air extrêmement simpliste. Des "robots" d'un côté, des humains de l'autre, une résistance dans l'espace et quelques combats. Oui mais....non.
Pour faire une comparaison qui va peut-être vous paraitre capillotractée (mais je promets qu'elle ne l'est pas) Battlestar Galactica c'est le Game of Thrones version SF.


Si si je m'explique! Game of Thrones ce n'est pas "juste" une histoire de guerre. Même si les luttes entre les clans, factions politiques, régions sous-tendent le récit, il y a aussi des motivations morales (pas besoin de vous parler de Ned Stark si? non sérieux n'insistez pas...ça me fait mal) ou au contraire très peu éthiques voire complètement dégeux (non on ne va pas en parler non plus), financières, religieuses etc. En plus de toutes ses motivations il faut ajouter une collection impressionnante de personnages qui ont eux-même une personnalité et des ambitions propres. Cela commence à faire beaucoup de sujets à aborder.  
Battlestar c'est pareil: au-delà de l'action purement Space Opera, il y a de nombreux thèmes que l'on sent affleurer dès cette mini-série.  Vu que l'on suit majoritairement des personnages de militaires embarqués à bord du Battlestar, la tactique et leurs points de vue sont extrêmement important. Parallèlement aux militaires il y a bien évidemment le pouvoir politique avec ses propres buts et atermoiements. On sent tout de suite que ces deux pouvoirs vont être en opposition et qu'une infinité de thématiques vont être déployées. C'est un élément qui m'a énormément plu dans ce pilote. D'un côté les militaires qui sont toujours en guerre contre les Cylons et de l'autre les politiciens qui sont déjà du côté des vaincus et de la reconstruction et survie de la population. C'est une dichotomie très bien exploitée, notamment grâce aux personnages du Commandant Adama et de Laura Roslin qui arrivent à faire passer leur point de vue et leurs coups de force sans élever la voix. J'aime beaucoup ces anti-clichés. Adama est certes un militaire mais moins simpliste que certaines caricatures que l'on a souvent à la télé. De son côté Laura Roslin n'est pas une manipulatrice, une politicienne froide. On sent que ces deux personnages, sur qui l'avenir de l'humanité repose, vont avoir de très lourds choix à faire. Peut-il encore y avoir une démocratie en des temps apocalyptiques? Je pense que les quatre saisons suivantes vont poser de nombreuses questions terriblement dures pour répondre à cette question initiale.

A côté de cette (ces) question(s) majeure(s), il y a un autre problème: les cylons (oui parce que bon à la base ce sont eux qui viennent foutre le bordel, ce serait logique qu'on en recause). Les cylons eux aussi vont poser beaucoup de questions de morales et d'éthiques parce qu'ils ont pu se modifier et ressembler parfaitement à des humains. Jusqu'à quel point? Ont-ils eux aussi des sentiments? Peuvent-ils se reproduire (ce qui réduirait sérieusement la thèse du robot)? Là où les humains ont une religion de type polythéistes grecques - ils vouent un culte aux Kobol - les Cylons eux sont monothéistes. Je pense que là aussi, la série va se montrer intéressante.


Et puis...et puis...la série nous tient en haleine, parce qu'il y a un mystère à résoudre. Enfin des mystères. (Quand je vous disais que cette série poutre!).
En effet, il y a 12 modèles de Cylons, à la fin du pilote on en connait 4,et ils posent dès le début de la saison 1 de nouvelles interrogations. Il nous reste donc 8 cylons à découvrir et je peux m'armer de patience parce qu'il faudra attendre la fin de la saison 4 pour tout comprendre.  

Battlestar Galactica, en plus d'avoir un scénario très bien ficelé et prometteur, c'est aussi une réalisation que je trouve très intéressante: une photographie superbe, des combats dans l'espace qui ne font pas rougir la série - les effets spéciaux sont vraiment fantastiques pour une série télé - et une ambiance pas du tout cheap. Au contraire, je n'ai eu aucun soucis à entrer dans l'intrigue parce que les costumes et les décors sont bien pensés. Rien n'est jamais too much, l'ensemble fait finalement très réaliste. J'ai eu également un coup de cœur pour la musique, très sobre, souvent en décalage avec les images choisies - j'aime assez l'idée d'une musique douce au lieu d'un thème martial un peu pompeux - que je trouve original.

Je ne peux pas finir mon article sans parler des personnages parce qu'il y a là-dedans des perles: à commencer par Gaius Baltar. SPOILER FREE.
Gaius Baltar je sens que je vais souvent me mettre en colère contre lui et lui pardonner juste après. Il est arrogant, misogyne mais terriblement intelligent. Il est grave dans la semoule aussi et j'ai vraiment hâte de voir comment il va s'en sortir. J'aime bien le commandant Adama, il est posé et réfléchi ce qui en fait un bon chef militaire, capable de prendre de lourdes décisions et de les assumer. Le Colonel Tigh c'est un peu l'anti-Adama mais leur "couple" fonctionne bien et je veux voir ce que cela va donner. Laura Roslin va sûrement me courir sur le haricot à un moment ou à un autre mais comme Adama je pense qu'il s'agit d'un personnage qui n'a pas une tâche facile. Je ne suis pas particulièrement fan de Starbuck, je lui préfère Apollo et Boomer pour qui j'ai beaucoup d'empathie. Je suis très mitigée envers Numéro Six, je ne sais pas trop encore si j'ai envie de lui mettre mon poing dans la face où si je l'aime bien. Quant à Helo, il est lui aussi grave dans la semoule et je sens qu'il va pas mal me faire trembler dans la saison 1!

Inutile de vous dire qu'à la fin du pilote j'avais très envie de secouer mon amoureux en mode Loki:


Mais je me suis retenue.


Alors bien évidemment j'ai enchaîné tout de suite sur la saison 1 parce que bon...j'ai quelques idées sur certains personnages qui pourraient être des cylons et JE VEUX SAVOIR! Sur ce je vous laisse, je reçois un message du Battlestar. Live long and prosper...
Ah non ça c'est Spock. Sorry!