COUP DE COEUR DE PERSEPHONE
Alors qu'il rentre de mission et compte s'arrêter quelques jours à Istanbul, Hercule Poirot est rappelé d'urgence à Londres. On est en hiver et à cette époque de l'année, l'Orient Express roule habituellement quasiment à vide. Pourtant, sans l'aide du directeur de la compagnie, Hercule Poirot n'aurait pas trouvé de place à bord, comme si tous les voyageurs s'étaient donné rendez-vous dans ce train ! Dès la première nuit, un homme est assassiné. Le train est immobilisé par la neige qui empêche l'assassin de s'enfuir. Dans les wagons isolés du reste du monde, Hercule Poirot, au sommet de son art, mène l'enquête. Et ce ne sont pas les pistes qui manquent !
CASTING
David Suchet..................................................Hercule Poirot
Tristan Sherpherd...........................................Lieutenant Morris
Sam Crane......................................................Lieutenant Blanchflower
Toby Jones.....................................................Samuel Ratchett/Cassetti
Brian J. Smith.................................................Hector MacQueen
David Morrissey............................................John Arbuthnot (superbe Colonel Brandon dans Sense & Sensibility)
Jessica Chastain..............................................Mary Debenham
Serge Hazanavicius........................................Xavier Bouc
Eileen Atkins.................................................Princess Dragomiroff ( Robin Hood, Miss Marple, Gosford Park)
Susanne Lothar...............................................Hildegarde Schmidt
Denis Menochet..............................................Pierre Michel
Barbara Hershey.............................................Caroline Hubbard
Hugh Bonneville.............................................Edward Masterman (Downton abbey)
Marie-Josée Croze...........................................Greta Ohlsson (Française!)
Stanley Weber.................................................Count Andrenyi
Elena Satine.....................................................Countess Andrenyi
Joseph Mawle..................................................Antonio Foscarelli
Samuel West....................................................Dr. Constantine
Je suis encore sous le charme de cette sublime version du Crime de l'Orient Express. Et pourtant...il en existe des versions de ce roman ultra-célèbre d'Agatha Christie. Mais celle-ci se démarque des autres dès les premières mesures. La mission qui a conduit Poirot en Palestine a laissé des traces sur l'inébranlable détective qui se sent irrémédiablement usé et abusé par l'espèce humaine. Sans jamais rien dire de ce trouble, David Suchet fait passer cette lassitude par de minuscules gestes et postures. Les déambulations du héros dans les rues d'Istanbul alors qu'il est témoin d'une lapidation (Avis aux spectateurs sensibles, le premier quart d'heure est assez difficile) donne le ton. Rien ne sera gai dans l'Orient express, ni la compagnie, ni la neige, ni le froid, ni le meurtre. Car pour sordide qu'il soit, il n'en est pas moins le meurtre d'un meurtrier, assassin de plusieurs foyers et de la petite Daisy Armstrong.
Le roman d'Agatha Christie est parfaitement respecté dans les faits et pourtant la réalisation se permet des libertés d'interprétations qui offrent un vrai relief à cette adaptation et une réflexion sur la justice, le bien et le mal.
Cet Hercule Poirot est donc irrémédiablement sombre. Sombre dans les personnages, tous plus mystérieux et menteurs les uns que les autres, sombre dans l'atmosphère, cette neige d'une blancheur oppressante et enfin sombre dans les décors, reproduction fidèle du vrai Orient express (cf. pub Chanel - Audrey Tautou).
La religion a également une place très importante ici. Le catholicisme de Poirot est mis en balance avec l'évangélisme de Greta Ohlsson (joué par Marie-José Croze que je n'ai pas du tout reconnue! Elle change sa voix, prend un accent nordique...assez impressionnant). On voit Poirot prier, discuter religion avec les passager et surtout débattre de la justice.
Car oui, le sujet de Murder on the Orient Express est la justice. Qu'est-ce que la justice? Doit-on la placer au dessus de tout comme le fait Hercule Poirot? Lorsque la justice nous est refusé, sommes-nous alors en droit de la rendre nous-même? La vengeance est-elle une forme de justice? Cet Hercule Poirot m'a surprise par la profondeur de la réflexion qu'il apporte, car Poirot ne laisse pas filer le coupable si facilement, avec une gentille absolution. La passion intérieure de Poirot entre en conflit et l'on sent deux sentiments antagonistes se bousculer en lui.
J'ai été particulièrement impressionnée par la fin du film et notamment les dernières minutes. Car Poirot pleure, il pleure sur la justice bafouée deux fois, car s'il comprend les sentiments humains, il pleure de voir cette grande dame violée par une bestialité humaine. Il pleure aussi sur lui-même. On sent Poirot usé dans cette version. Moins caricatural que d'habitude, David Suchet donne de la profondeur au héros qu'il a porté pendant vingt-ans. C'est un voyage en lui-même qu'entreprend Poirot, dans son hypocrisie et celle des autres.
For Suchet, the physical hardships and the moral dilemmas his character has to face make this tale “an investigation into Poirot, a journey into his own deepest self”. He says continuing to make these dramas is “serious fun” and still has a fierce dedication to his character. Before starting filming, he always sits down with his wife and watches “12, 15 hours” of previous Poirots.
Now just six books remain to be filmed, including Christie’s 1975 novel Curtain, which tells of Poirot’s own demise. Scripts are being developed for further adaptations, the first of which will be Dead Man’s Folly.
“I won’t have closure – that horrible word – until we film his death,” says Suchet. “After that I’ll probably be in Styles myself [the old people’s home where Poirot ends his days], watching all the reruns…”
Extrait d'une interview de David Suchet: http://i.telegraph.co.uk
Comme toujours le casting est impeccable - Dame Eileen Atkins, David Morrissey, Hugh Bonneville tous sont impeccables, profonds, durs ou touchants à leur façon. J'aime particulièrement la vivacité de David Morrissey qui s'illustre une fois encore en Colonel des armées britanniques, énergique et volontaire mais aussi Hugh Bonneville qui a un rôle très profond ici, assez différent de ceux que j'ai pu voir auparavant. Nul besoin de dire combien David Suchet est excellent, j'adore littéralement la résolution de l'énigme qui au lieu de se faire de façon tonitruante (comme dans le Train Bleu par exemple pour une situation similaire) se faire en chuchotant, comme si Poirot allait paisiblement s'endormir, épuisé par le crime.
La diversité des langues est aussi très appréciable pour ceux qui verront la version originale, les français et les belges sont joués par de vrais acteurs du cru, et plusieurs phrases sont dites en français/belge ou en allemand.
La photographie est impeccable et renforce une réalisation bien maîtrisée. Un des meilleurs Hercule Poirot jamais réalisé.
13 commentaires:
Est-ce bien la version de 1975? Car cette version est magnifique!
Non du tout, c'est la version de 2010 avec David Suchet. Celle dont tu parles c'est avec Lauren Bacall non?
C'est vrai que cette version est excellente mais celle de 2010 est vraiment différente. Tente le coup!
Dès que je met la main dessus, je regarde! ;)
Simplement vous signifier que Marie-Josée Croze est Québécoise et non Française...
Je m'excuse pour cette erreur, mais comme elle tourne beaucoup dans des films français j'ai pensé (à tord) qu'elle était française.
Je voullais savoir,donc
spoil
Hercule poirot fais ça justice ou la vraie
C'est 12 personne vont en prison?
Ou HC laisse partir ces monstres(12 personnes).
Je n'est pas compris la fin,vous pouvez expliquer?
Je vous explique volontiers (en lien avec ce que j'ai lu dans le livre). Hercule Poirot a trouvé qui sont les meurtriers mais il ne peut pas les mettre en accusation car de toute façon il n' a pas de preuve et il ne peut pas dire avec exactitude qui a porté le coup mortel. Ce que j'ai bien aimé dans cette mise en scène là, c'est que non seulement Hercule Poirot montre aux spectateurs que ces 12 personnes se sont substitués à la justice, ce qu'il ne supporte pas mais dans un second temps, il prend aussi conscience que la justice a failli et qu'il doit aussi réparer cette erreur et pour le coup, laissé faire.
donc oui Hercule Poirot laisse partir les 12 passagers.
J'ai très envie de le voir depuis un moment et ton article me confirme :)
et le casting a l'air sublime!
Tu l'as vu en dvd ou sur le net?
Si quelqu'un a un lien je suis preneuse :)
J'ai dû le voir à la télé mais je ne saurais te le confirmer... En tout cas je l'avais beaucoup aimé!
Sur amazon il y est en dvd a moins de 15 euros !
Oh, je viens de tomber sur ce bel article d'un de mes Poirot préférés. Je suis entièrement d'accord concernant l'axe qui a été choisi pour cette adaptation. Le parallèle avec le film de Lumet se fait naturellement, mais alors qu'Albert Finney fait maladif et bossu sans aucune raison apparente (mais non sans talent), David Suchet a vécu dans ce corps pendant vingt ans: il était presque obligatoire de faire porter à Poirot un poids plus dramatique sur un tel sujet. Les avis divergents sont légion sur la toile, mais tout de même quel fantastique épisode! Maintenant que la série a pris fin, j'ai envie de dire que c'est avec cet épisode que s'amorce le coucher de rideau pour ce vieux et fatigué détective qui porte un regard sur le monde de plus en plus noir.
@V. : merci pour ce beau commentaire. Tout comme toi je suis admirative du travail de David Suchet. Je reste ébahie devant cet épisode qui peut effectivement être vu comme un aboutissement.
Enregistrer un commentaire